08/10/14 (AFP)
Au moins cinq personnes ont été tuées et plusieurs autres blessées dans de nouvelles violences intercommunautaires qui ont éclaté mardi soir et se sont poursuivies mercredi à Bangui, ont indiqué des sources concordantes.
Selon un officier de la force des Nations Unies Minusca, "un sujet musulman conducteur d'une moto a attaqué cette nuit (...) des individus se trouvant au bord de la voie par des jets de grenade qui ont fait plusieurs blessés. Il a été poursuivi, attrapé et tué par des hommes non encore identifiés".
"Ce matin (mercredi), il y a eu une vive tension au (quartier) KM5 où un jeune homme, conducteur de taxi, a été tué par les musulmans qui ont incendié de nombreuses maisons", a ajouté la même source.
"Il y a eu des tirs de part et d'autre. Tout cela a provoqué un mouvement de panique. Les habitants se sont mis à fuir jusqu'au centre-ville à un moment donné, avant que la vie ne reprenne son cours normal", a poursuivi l'officier de la Minusca, notant que des musulmans armés tentant de se diriger vers les quartiers nord de la capitale ont été arrêtés par la force européenne Eufor-RCA.
Selon une source au sein de la gendarmerie, ces heurts ont fait au moins cinq morts: le motard, le conducteur du taxi et trois personnes dont les corps ont été retrouvés dans la rue tôt mercredi matin.
Japhet Ngbanguédi, un habitant, a accusé la présidente de la transition centrafricaine, Catherine Samba Panza. "Elle ne peut pas ordonner que les groupuscules d'individus armés opérant dans les quartiers nord soient désarmés. Et à chaque fois qu'ils commettent des crimes dans leurs zones, des représailles contre les non-musulmans, même innocents, sont menées par les musulmans", a-t-il dit à l'AFP.
La Centrafrique, ancienne colonie française riche en diamants et en uranium, a plongé dans un chaos sans précédent début 2013 avec l'arrivée au pouvoir de la Séléka, une coalition de rebelles à majorité musulmane, qui a pillé et placé le pays en coupe réglée jusqu'à son départ en janvier 2014. Mais les troubles intercommunautaires se sont poursuivis, des milices majoritairement chrétiennes persécutant à leur tour les musulmans.
Les violences agitent toujours régulièrement les quartiers nord de Bangui, où a été déployée l'Eufor-RCA.
Centrafrique : manifestations et violences, cinq morts à Bangui
08/10/2014 à 12:23 Par Vincent Duhem Mis à jour à 17 heures 20
De violentes manifestations et des pillages ont eu lieu mercredi matin à Bangui alors qu'une partie des anti-balaka demande la démission de la présidente de la transition, Catherine Samba-Panza.
Détonations, manifestations et pillages… Bangui sent le soufre ce mercredi 8 octobre. En début de matinée, des détonations d'armes lourdes ont été signalées dans plusieurs quartiers de la capitale centrafricaine, PK4 et PK5.
Dans le même temps, une manifestation hostile était organisée devant le siège de la Minusca (Mission intégrée multidimensionnelle de stabilisation des Nations unies en République centrafricaine). Des jeunes musulmans, certains armés, souhaitant dénoncer le lynchage de l'un des leurs mardi dans le quartier de Gobongo (4e arrondissement) ont pillé et détruit les commerces avoisinants. La Minusca est intervenue, dispersant la foule à coup de gaz lacrymogènes.
Selon un officier de la force des Nations Unies cité par l'AFP, "un sujet musulman conducteur d'une moto a attaqué cette nuit (...) des individus se trouvant au bord de la voie par des jets de grenade qui ont fait plusieurs blessés. Il a été poursuivi, attrapé et tué par des hommes non encore identifiés".
Bangui est depuis ce matin paralysée, situation aggravée par la grève menée par les conducteurs de taxis à la suite de l'assassinat de l'un d'entre eux. "La corporation est durement touchée par l'assassinat de notre collègue. (...) L'arrêt de travail est immédiat. Les autorités de la transition doivent prendre leurs responsabilités pour arrêter et juger les auteurs de ces crimes qui se perpétuent", a déclaré le secrétaire général du syndicat des conducteurs des taxis et bus, René Pierre Sokambi Kandja.
Ces heurts ont fait au moins cinq morts : le motard, le conducteur du taxi et trois personnes dont les corps ont été retrouvés dans la rue tôt mercredi matin.
Contexte politique tendu
Ces tensions interviennent dans un contexte politique particulièrement brûlant. Lundi, le leader d'une des deux franges des anti-balaka, Patrice-Édouard Ngaissona, a publié un communiqué appelant à la démission de Catherine Samba-Panza et donnant 48 heures aux ministres affiliés à sa milice pour quitter le gouvernement. Ces derniers devraient déposer leur démission aujourd'hui.
Rentrée la semaine dernière des États-Unis, la présidente de la transition se trouve placée dans une situation délicate. Elle s'est exprimée mardi devant les membres du Conseil national de transition, revenant notamment sur la gestion des fonds donnés par l'Angola.
"Cet argent a été utilisé pour assurer la sécurité du pays et la défense de la politique du chef de l'État, comme dans tous les pays du monde, a-t-elle déclaré. Le moment venu, je donnerai les éléments de réponse. Beaucoup seront surpris de la longue liste des bénéficiaires, dont ceux qui crient aujourd'hui au voleur, a assuré mardi la présidente, qui a déjà nié toute malversation dans cette affaire."
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Par Vincent DUHEM
Un Séléka lynché à mort par une foule en plein Bangui
APA-Bangui (Centrafrique) 08/10/14- Un membre des Séléka a été tué par une foule en colère sur laquelle il avait jeté une grenade, blessant quelques personnes, ont rapporté à APA plusieurs témoins de la scène qui s’est déroulée mardi soir à Gobongo dans un quartier du 4-ème arrondissement de la capitale centrafricaine.
‘'A bord d'un taxi pris en otage, le Séléka est sorti devant une foule rassemblée dans la nuit tombante au niveau du marché central de Gobongo. Il a dégoupillé sa grenade et une femme de crier +grenade !+ pour que la foule se disperse'', a raconté à APA Barbara, une habitante rencontrée sur les lieux du drame.
''La grenade lancée a fait plusieurs blessés'', a-t-elle ajouté, précisant que le kamikaze a été par la suite maîtrisé par la foule.
Selon un témoin ayant requis l'anonymat, l'individu a été ‘'passé à tabac'' et ‘' brûlé vif''.
Selon les informations recueillies sur les lieux, des troupes de la Minusca y ont été déployées pour ramener le calme et rétablir l'ordre dans cette localité.
Ce mercredi matin, en représailles à l'assassinat d'un des leur tué, les musulmans armés et retranchés dans le quartier KM5 dans le 3è arrondissement se sont livrés à des tirs à l'arme automatique et lourde, tuant un taximan et faisant plusieurs blessés.
‘'La circulation a été temporairement interrompue et les commerces fermés'', a indiqué une vendeuse en s'enfuyant pour trouver un refuge.