LE MONDE | 08.08.2014 à 16h44 |Par Cyril Bensimon
L’accord obtenu le 23 juillet à Brazzaville vient de démontrer sa fragilité. Sous forte pression extérieure, des représentants des deux factions qui déchirent la République centrafricaine s’étaient engagés à cesser les hostilités mais l’encre du paraphe était à peine séchée que déjà des officiers de l’ex-Séléka en dénonçaient la signature.
Un premier accroc suivi d’une première confrontation. Une semaine après les promesses de paix, des miliciens anti-balaka lancent une attaque sur Batangafo, à environ 380 km au nord de Bangui. L’offensive est repoussée par les ex-Séléka, mais la riposte est sanglante. Plus de vingt morts, essentiellement civils. Deux soldats de la Misca, la force panafricaine, sont également tués. La population tente d’échapper aux exactions des hommes du général Al-Khatim, le même qui avait affronté en mai les militaires français dans la localité de Boguila.
Lundi 4 août, des légionnaires du 2e REP et des chasseurs alpins de « Sangaris » montent vers Batangafo pour « ramener le calme », raconte un officier français. Des coups de feu éclatent dans la matinée à l’entrée sud de la ville. Ex-Séléka et Sangaris se rejettent la responsabilité du premier tir mais les combats qui s’ensuivent sont violents.
DEUX RAFALE MOBILISÉS
Face aux pick-up surmontés de mitrailleuses et aux voltigeurs à moto, Sangaris engage, selon l’état-major des armées, « une riposte ferme et proportionnée ». Deux Rafale et deux hélicoptères sont tout de même mobilisés. Les combats au sol et les bombardements aériens, qui ont notamment décimé une colonne venue en renfort, cessent en fin d’après-midi mais reprennent mardi soir dans le centre-ville, où se sont déployés les soldats français. Deux d’entre eux sont blessés, mais « leurs jours ne sont pas en danger », assure l’état-major. Du côté des ex-Séléka, le colonel Moussa dit avoir perdu quatre hommes mais prétend qu’« une trentaine de civils musulmans ont été tués ». L’information n’est pas confirmée de source indépendante mais des interlocuteurs parlent de dizaine de morts parmi les ex-Séléka. Dans les deux hôpitaux que Médecins sans frontières gère dans la région, on n’a reçu que dix blessés, dont un combattant décédé après son admission. Jeudi après-midi, un calme relatif était revenu après des négociations.
Ces violences interviennent alors que le paysage politique se recompose. Le premier ministre, André Nzapayéké, dont les relations avec la présidente de transition et la communauté internationale s’étaient dégradées, a démissionné. Les tractations sont engagées pour former un nouvel exécutif. Les groupes armés, minés par des divisions internes, s’accordent sur un point : ne pas être oubliés dans le partage des postes.
Journaliste au Monde