21/08/14 (AFP)
Cinq personnes dont un volontaire de la Croix-Rouge centrafricaine ont été tuées et une trentaine d'autres blessées dans les heurts survenus à Bangui depuis mardi entre soldats français de la force européenne Eufor et des hommes armés, a-t-on appris de source hospitalière jeudi.
"On a enregistré cinq corps (...) En plus d'un travailleur humanitaire touché à la tête et qui a succombé à ses blessures, quatre autres personnes sont décédées dans ces évènements et leurs corps ont été déposés à la morgue", a affirmé à l'AFP Maurice Banda, membre du personnel de l'Hôpital communautaire, principal établissement de la capitale.
"C'est un bilan provisoire, puisque certaines personnes affirment qu'il y a eu des musulmans fauchés par balle dont on ne connait pas l'état", selon M. Banda.
"Près de quarante" blessés ont également été évacués vers l'hôpital, dont "certains sont des cas graves", a-t-il dit.
Le volontaire de la Croix-Rouge centrafricaine a été tué "par une balle alors qu'il procédait à l'évacuation de blessés dans le secteur du Km 5" (PK5), dernière enclave musulmane de la capitale, a indiqué mercredi soir le Comité international de la Croix-Rouge (CICR).
Des heurts avaient éclaté mardi soir à Bangui entre soldats français de l'Eufor et des "individus armés" et se sont poursuivis mercredi matin, selon des sources concordantes dans la capitale centrafricaine. Les soldats ont été attaqués lors d'une patrouille au PK5 et ont riposté "vigoureusement", selon une source proche de l'Eufor.
Le calme était revenu jeudi, notamment dans le quartier PK5, a constaté un correspondant de l'AFP.
Ces violences sont survenues alors que Bangui, ravagée depuis plus d'un an par de terribles affrontements, exactions et pillages, et vidée de la plupart de ses habitants musulmans traqués par les milices anti-balaka, retrouvait un semblant de normalité depuis plusieurs semaines.
Fin juillet, les protagonistes de la crise centrafricaine avaient signé à Brazzaville, sous forte pression internationale, un fragile accord de cessez-le-feu, plusieurs fois violé depuis.
Depuis la prise du pouvoir en mars 2013 par la Séléka, contrainte de l'abandonner en janvier 2014, la Centrafrique vit une crise sans précédent. Les exactions des groupes armés contre les civils ont fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés.
A partir du 15 septembre, la Minusca (Mission des Nations unies pour la stabilisation en RCA) doit se substituer progressivement aux forces internationales (française, européenne et africaine) déployées depuis fin 2013. La force de l'ONU doit compter 12.000 hommes à effectif plein.
Centrafrique : Eufor et jeunes armés s'affrontent à Bangui
21/08/14 (Afrique Actualité)
Nouvelle tension au quartier km 5 dans le 3e arrondissement de Bangui. Des tirs à l'arme lourde et légère ont été entendus dans la nuit de mardi à mercredi et se sont poursuivis toute la matinée du mercredi dans le secteur. Le bilan provisoire fait état de 1 mort et de 33 blessés, selon la Croix-rouge centrafricaine. Une situation qui a provoqué le mécontentement des habitants du km 5.
« Le 19 août 2014 à 23h43, une patrouille des forces internationales européennes a ouvert le feu sur la position des jeunes d'auto-défense au niveau du pont Yakité faisant un mort et deux blessés graves par balles... Malheureusement, alerté par les détonations, tout le PK5 s'est réveillé et la population en colère s'est mise à caillasser leurs véhicules », explique un communiqué de presse de la Coordination des Organisations musulmanes de Centrafrique (COMUC), une plate-forme de la société civile.
L'information est confirmée par Ousmane Abakar, porte-parole de la communauté musulmane du km5.
« Cette situation s'est poursuivie jusqu'au matin du 20 août où les passages de ces forces internationales ont été pris à partie par la foule en colère », poursuit le communiqué qui déplore cet incident malheureux « tendant à attiser le feu de la haine entre Centrafricains et à relancer les affrontements intercommunautaires ».
Marche de protestation
Les habitants du Km5, en colère, ont improvisé une marche de protestation ce matin devant le siège de la MINUSCA (Mission internationale des Nations-Unies pour le Soutien à la Centrafrique) situé sur l'avenue Barthelemy Boganda.
Les manifestants ont déposé le corps de la victime devant le siège de l'institution onusienne. « Ce sont les forces françaises. Elles ont attaqué nos frères, en tuant l'un de nos cadets. On ne sait pas ce qu'ils veulent. On lance un message au général de l'Eufor, à la Misca, à la Minusca et à tous les organismes internationaux qu'à partir de là, on ne veut plus de la présence de la force Sangaris au Km5 », déclare un des jeunes manifestants devant la représentation onusienne à Bangui.
L'Eufor dément
Dans un communiqué de presse publié ce mercredi matin par Eufor RCA, l'Eufor informe qu' « un groupe d'hommes a agressé verbalement d'abord puis en ouvrant le feu sur un élément de leurs forces qui patrouillaient le 3ème arrondissement à hauteur du pont Yakité. C'est alors que l'Eufor a riposté. »
Toujours dans le message, l'Eufor dit qu'elle va « continuer d'assurer sa présence continuelle jour et nuit dans le secteur. Elle s'engage avec détermination et impartialité dans le retour à la vie normale dans la ville de Bangui. »
A la mi-journée, les forces de l'Eufor qui ont pris le contrôle de la zone, ont fait usage d'armes lourdes, dont les détonations ont été entendues aux quatre coins de la capitale Bangui et ses environs, plongeant une bonne partie de la population dans la psychose.
La Croix-rouge prise pour cible
Un personnel de la Croix-rouge centrafricaine a été blessé par une balle tirée par les manifestants, alors qu'il tentait avec son équipe de secourir les blessés. « De retour de l'hôpital, des assaillants dans la rue ont demandé à l'un de nos véhicules de s'arrêter. Lorsqu'il s'est arrêté pour ramasser un blessé, quelqu'un dans la foule a tiré sur le chauffeur. Au moment où je vous parle, son état clinique est inquiétant, » a expliqué Antoine Mbao-Bogo, président de la Croix-Rouge centrafricaine.
« Nos volontaires sont tous démoralisés. Il s'agit là d'un choc qu'on n'a jamais connu depuis les différentes crises qu'a connues ce pays. Je lance un appel à tous de respecter les humanitaires, surtout aux volontaires de la Croix-rouge. S'attaquer à ces volontaires, c'est s'attaquer à quelque chose de grandiose pour ce pays car nos sommes très très importants, » a déploré Antoine Mbao-Bogo.
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