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17 juin 2014 2 17 /06 /juin /2014 18:24

 

 

 

 

17/06/14 (Le Huffington Post)

 

Deux spectres hantent les interventions de maintien de la paix sur le continent africain. Le premier est le génocide rwandais de 1994, face auquel la communauté internationale a réagi, mais trop tard, par l'opération Turquoise. À cet égard, ce fut l'honneur de la France de s'interposer dans la guerre civile centrafricaine, qui menaçait de devenir à son tour un génocide.

 

Cependant, le second spectre est celui de la première bataille de Mogadiscio, en 1993. Deux cents hommes de l'opération Restore Hope, essentiellement américains, furent engagés dans des combats acharnés contre des miliciens somaliens trente fois plus nombreux. En mai 2014, deux mille soldats français tentent, aux côtés des forces africaines, de désarmer vingt mille rebelles de la Seleka et soixante-dix mille des anti-Balakas. Donc, en examinant lucidement les rapports de forces en présence - et même si chaque conflit possède sa logique propre -, nos troupes risquent à tout moment de subir un nouveau Mogadiscio pour avoir voulu éviter un Rwanda.

 

La comparaison de la crise centrafricaine avec celle de la Sierra Leone, dans les années quatre-vingt-dix, est pertinente mais cruelle : les Britanniques intervinrent, mais avec cinq mille hommes et non pas deux mille. L'opération Sangaris, elle, se fait avec moins de la moitié de ces effectifs pour un territoire dix fois plus étendu, ayant qui plus est pour voisines des zones de crise parmi les plus instables au monde. Pour des raisons de coût, aucun avion de chasse français, à l'instar du Rafale, n'a été engagé. Or, l'attaque du 5 mai a démontré le caractère indispensable d'un soutien aérien. Il vint alors du Tchad, qui depuis a retiré ses troupes. En outre, les témoignages de familles de soldats de Sangaris sont édifiants, et font écho au récent débat sur le risque de nouvelles coupes dans le budget de la Défense. Les soldats français sont, par exemple, "obligés de mettre des gilets pare-balles au niveau des portes du véhicule, sinon elles [les balles] les traversent."

 

De fait, le général Vincent Desportes, ancien directeur de l'Ecole de guerre, juge irresponsable de prolonger Sangaris "sans renforcer les troupes et sans poser la condition suivante à la communauté internationale : nous envoyons plus de soldats jusqu'à cet été mais au-delà, il faudra nous aider. Sinon, nous serons contraints d'abandonner la Centrafrique à son sort au mois d'août." Nous partageons son analyse, à l'heure où la France manque clairement de soutien en RCA.

 

Le contingent de l'opération européenne Eufor-Centrafrique est en effet limité et sa mission circonscrite à quelques zones. De plus, force est de constater que les capacités opérationnelles des troupes africaines de la MISCA sont réduites, en raison de difficultés structurelles comme l'absence de certains moyens logistiques ou de commandement. Seule l'ONU possède aujourd'hui l'intégralité des instruments de gestion de crise pour proposer une réponse globale, coordonnée et cohérente à ce conflit complexe. Aussi, nous appelons à une accélération de la transformation de la MISCA en une opération de maintien de la paix (MINUSCA), qui doit permettre le déploiement de 12 000 hommes pour septembre, comme prévu par la résolution 2149 du Conseil de sécurité.

 

C'est le métier et l'honneur de nos troupes de s'exposer au danger, mais pas à un degré tel qu'au moindre embrasement grave de très lourdes pertes sont probables. À cet égard, il est nécessaire de rappeler au gouvernement que la guerre est affaire grave, la plus grave de toutes. Dans le cadre de l'opération Sangaris, la France démontre qu'elle tient à assumer ses responsabilités mais elle ne peut tout faire. La communauté internationale doit aussi prendre sa part de responsabilité dans ce processus de stabilisation, et vite ! Sans ces renforts, la France n'aurait plus d'autre choix que de partir.

..

par Chantal JOUANNO, coordinatrice du contre-gouvernement de l'UDI, et Jean-Marie BOCKEL, contre-ministre UDI en charge de l'Afrique et de la francophonie, sénateurs, anciens ministres.

 

http://www.huffingtonpost.fr/chantal-jouanno/sangaris-centra...

 

Lu pour vous : Sangaris, Centrafrique: si la France n'obtient pas d'urgence des renforts, elle doit partir
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Published by Centrafrique-Presse.com