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14 mai 2014 3 14 /05 /mai /2014 12:20

 

 

 

 

 

14/05/14 (Le Pays ) du Burkina

 

Le président tchadien, Idriss Deby, on se rappelle, visiblement agacé et remonté contre les accusations d’exactions dont son armée se serait rendue coupable en RCA vis-à-vis des populations civiles, avait pris la décision de retirer de ce pays ses soldats. A cet acte de dépit de Deby vient s’ajouter un autre de la même nature, qui illustre parfaitement le fait que l’homme fort de N’Djamena ne décolère pas face à ce qui s’apparente à ses yeux, à une campagne d’intoxication et de désinformation de l’ONU.

 

Deby n’a jamais fait mystère de sa volonté de punir la RCA suite aux accusations En ordonnant la fermeture de la frontière entre son pays et la Centrafrique, le vendredi 9 mai dernier, le président tchadien semble avoir décidé de traduire en actes sa colère noire à l’endroit des autorités de transition centrafricaines et de l’ONU. D’ailleurs, Deby n’a jamais fait mystère de sa volonté de punir la RCA suite à ces accusations.

 

L’on se souvient que par la voix de son ministre des Affaires étrangères, le pouvoir tchadien avait fait la promesse ferme que les actes de violence perpétrés contre les citoyens tchadiens qui résidaient en RCA et les Centrafricains d’origine tchadienne, ne resteraient pas impunis. L’annonce de la fermeture de sa frontière avec la RCA, longue de plus de 1 000 km, prise de façon unilatérale, sonne comme une mise en exécution de cette menace.

 

Le président tchadien a beau justifier cette fermeture en invoquant des raisons de sécurité lors de sa tournée dans le sud tchadien, entamée depuis le 8 mai dernier, l’on peut avoir des raisons de croire que Deby est à la recherche d’un alibi. La réalité est que l’homme fort de N’Djamena est en train de mettre en œuvre sa volonté non dissimulée de se venger de tous ceux qui ont eu le culot de traîner dans la boue son armée, venue à ses yeux en RCA, pour contribuer au retour de la paix. Idriss Deby estime donc, peut-on dire, qu’il a été payé en monnaie de singe pour son œuvre de pacification de la RCA.

 

Lorsque l’on observe bien les choses, l’on peut se rendre vite compte que la décision de fermeture de la frontière Tchad/RCA ne profite qu’au Tchad. Idriss Deby, par cette mesure, pourrait contribuer à apporter de l’eau au moulin des anti-balaka La Centrafrique, dans le contexte actuel marqué par le délitement de l’Etat et l’effondrement de l’armée, n’a aucun moyen de contrôler l’effectivité de la mesure prise par le gouvernement de Deby.

 

N’Djamena qui a conscience de cette réalité, donne l’impression, en fermant sa frontière avec ce pays où la chienlit prospère, de vouloir y faire le ménage, comme d’ailleurs il en a l’habitude, en se donnant tous les moyens de le réussir. La fermeture unilatérale de sa frontière participe de cette stratégie car elle n’empêchera aucunement le Tchad de faire des expéditions punitives en RCA contre les anti-balaka, quand il le veut et comme il le veut. Cette décision cache donc mal sa volonté de corriger, pourrait-on dire, les anti-balaka dont les sentiments anti-tchadiens sont bien connus.

 

Cette hypothèse est d’autant plus plausible que la prise de cette décision de fermeture intervient au moment où tous les détachements militaires de la Séléka, connue pour être un instrument de N’Djamena, étaient réunis à Ndélé pour leur congrès. Lequel congrès a permis de renouveler tout le commandement de la Séléka. Cela dit, Idriss Deby, par cette mesure et au regard de son soutien à la Séléka, même s’il s’en défend, pourrait contribuer à apporter de l’eau au moulin des anti-balaka, dans leur volonté d’exterminer les populations musulmanes tchadiennes, soupçonnées d’être de connivence, à leurs yeux, avec la Séléka et le Tchad.

 

C’est dans ce contexte marqué par une vive tension entre la RCA et le Tchad et par un retour en force de la Séléka, que Bangui a annoncé un réaménagement de l’équipe gouvernementale. Ce qui peut justifier ce remaniement, est peut-être la volonté de Catherine Samba-Panza de débarrasser son gouvernement des éléments de la Séléka et des anti-balaka, dont les comportements sont aux antipodes de la paix et de la cohésion nationale pour la réalisation desquelles elle avait accepté de prendre la tête de la transition.

 

Un remaniement qui ne s’inscrirait pas dans cette perspective n’aurait pas sa raison d’être et serait un véritable gâchis pour la RCA, qui a plus que jamais besoin de poser les bases durables d’un vivre-ensemble, indispensable à toute vie démocratique et à tout développement.

 

Pousdem PICKOU — Le Pays du Burkina

Lu pour vous : Fermeture de la frontière Tchad/RCA: Deby met en œuvre sa vengeance
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Published by Centrafrique-Presse.com