APA Bangui (Centrafrique) 15/05/14 - Le Premier ministre centrafricain, André Nzapayéké, s’est recueilli ce jeudi sur la dépouille mortelle de la photojournaliste Camille Lepage, exposée sous une chapelle ardente montée au quartier général des troupes françaises de l’opération Sangaris au Camp Mpoko à Bangui.
Le gouvernement centrafricain lui a rendu un dernier hommage avant le transfert ce jeudi de sa dépouille mortelle sur Paris en France. Le chef du gouvernement centrafricain, représentant la président de la transition était accompagné de quelques de ses ministres parmi lesquels la ministre de la communication Antoinette Montaigne et la ministre de l'éducation nationale Gisèle Bédan, porte-parole du gouvernement.
« Je constate avec grande émotion qu'une partie du gouvernement centrafricain est venue à cette cérémonie d'obsèques, très simple et très émouvante. La France est extrêmement sensible à ce geste » s'est réjoui l'ambassadeur de France à Bangui, Charles Malinas. Face à recrudescence des graves violations des droits de l'homme, le diplomate français a lancé un appel à l'arrêt des violences et à la cohésion sociale.
«L'appel que je lance c'est pour l'arrêt de la violence intolérable, l'arrêt de violence contre les journalistes parce que les journalistes sont ceux qui portent l'information, qui portent l'image et qui donc jouent un rôle essentiel pour l'information du monde » a-t-il précisé.
« Elle aurait sûrement nous amener de très belles images qui nous auraient édifiés sur la situation dans l'arrière-pays » a regretté la Ministre Gisèle Bédan, porte-parole du gouvernement La journaliste reporter Camille Lepage a été tuée le 13 mai dernier à Bouar, chef-lieu de la Préfecture de la Nana Mambéré, une localité située à 450 km au nord-ouest de Bangui.
Sa dépouille mortelle est arrivée le lendemain dans la capitale centrafricaine. Deux journalistes centrafricains, Désiré Sayenga et René Padou, ont été tués au début de ce mois de mai.
Derniers hommages à Camille Lepage en Centrafrique
15/05/14(RFI )
Le corps de Camille Lepage doit quitter la Centrafrique ce jeudi 15 mai dans l’après-midi, pour arriver vendredi matin en France. Ceux qui veulent lui rendre un dernier hommage pourront s’incliner dans la matinée devant son cercueil au camp Mpoko. Pour les journalistes ce nouveau drame rappelle la difficulté de travailler en Centrafrique.
Ce sera le dernier hommage de ceux qui l’ont connue ou qui ont travaillé avec elle en Centrafrique. L’ambassade de France a annoncé qu’une chapelle ardente serait ouverte aujourd’hui dans la matinée de 9h30 à 10h30 au camp Mpoko, la base de la force Sangaris à Bangui. Puis le corps de Camille Lepage s’envolera vers la France aux environs de 16h00, à bord d’un vol cargo.
Après avoir passé la nuit dans la localité de Bouar, la dépouille mortelle de notre consoeur est arrivée mercredi matin dans la capitale centrafricaine, transportée par un avion Casa de l’armée française. Elle a été accueillie sur la piste du camp par le commandant de la force Sangaris, l’ambassadeur de France, Charles Malinas, et la ministre centrafricaine de la Communication, Antoinette Montaigne. Puis il a été déposé sous l’une des tentes de l’infirmerie du camp pour des expertises destinées à établir l’acte de décès.
L’enquête, par ailleurs, a commencé en Centrafrique avec l’audition des dix miliciens anti-balaka qui transportaient le corps de Camille dans leur pick-up. Arrêtés dans les environs de Bouar, ces miliciens ont été transférés sur Bangui. Selon la force africaine Misca qui procède à leur interrogatoire avec des gendarmes français, les miliciens doivent à nouveau être entendus aujourd’hui.
Série noire pour les journalistes
La mort de Camille Lepage marque une série noire pour les journalistes en Centrafrique. Après deux journalistes centrafricains, Désiré Sayenga et René Padou, c'est donc une jeune journaliste étrangère qui a été victime de l'insécurité en RCA, dans l'exercice de son métier.
À la Maison de la presse, qui sert de lieu de rencontre et de siège social pour différentes organisations de journalistes, il n'y avait pas foule mercredi en début d'après-midi. Peu de monde et d'une humeur sombre. Eddie Stéphane Douali travaille au quotidien Le Citoyen. Camille, dit-il, fait partie de ceux qui ont permis au monde d’ouvrir les yeux sur son pays. « Je me sens vraiment touché, très touché par le décès de cette consoeur, témoigne-t-il. Elle ne méritait pas ça. C’est grâce au travail des journalistes que la communauté internationale a pu se rendre compte de la gravité de cette crise. »
C'est tout simplement inhumain...
Des journalistes fragiles face aux hommes armés
Pour Cyrus Emmanuel Sandy, président du Groupement des éditeurs de la presse privée (Geppic), la mort de Camille Lepage vient rappeler à quel point les journalistes centrafricains eux-mêmes peuvent être fragiles face aux hommes armés. « À l’intérieur du pays, explique-t-il, un journaliste ne peut pas écrire ce qu’il veut, uniquement parce que le simple fait de dire la vérité va gêner ceux qui agissent mal. Qu’il s’agisse des ex-Seleka ou des anti-balaka. Et du coup, le risque d’être ciblé, d’être assassiné, est réel.»
Hier mercredi, le Geppic a publié un communiqué dans lequel il condamne l’assassinat de Camille Lepage, et appelle les forces internationales à accélérer le désarmement des groupes en Centrafrique.
http://www.rfi.fr/afrique/20140515-derniers-hommages-camille...