par RFI 10-05-2014 à 23:19
Interdictions de voyager, gels des avoirs, trois personnalités centrafricaines font l'objet de sanctions ciblées du Conseil de sécurité de l'ONU. François Bozizé, Nourredine Adam et Levy Yakété. Pourquoi cette liste ne comporte-t-elle que trois noms ? Et pourquoi ceux-là ? L'ancien président François, Bozizé est dans le collimateur de la communauté internationale depuis longtemps, accusé de financer les anti-balaka qu'il tenterait de fédérer. Moins exposé, Nourredine Adam, est l'un des fondateurs de la Seleka et l'un des principaux artisans de la chute du régime Bozizé. Lui pourrait être gêné par l'interdiction de voyager. Ces derniers mois Nourredine Adam a beaucoup pris l'avion.
On l'a vu au Bénin, au Cameroun. Et selon le comité des sanctions de l'ONU, il a sillonné les pays du Golfe pour obtenir des fonds en faveur de la Seleka. « Sans sa participation, la Seleka aurait été vraisemblablement incapable d'arracher le pouvoir à François Bozizé », indique le texte onusien. A son actif encore, le Comité extraordinaire de la défense des acquis démocratiques (Cedad), sa police politique personnelle qui s'est rendue coupable d'exactions multiples sous le régime Djotodia.
Mais si celui qui était considéré comme le numéro 2 du régime Seleka fait l'objet de sanctions, ce n'est pas le cas du numéro 1. Michel Djotodia s'est assuré de pouvoir couler des jours paisibles au Bénin avant de rendre le pouvoir en janvier dernier. Levy Yakété, l'ancien conseiller Enfin, côté anti-balaka, le sanctionné s'appelle Levy Yakété. Cet ancien conseiller de Bozizé, réfugié en France depuis des mois, a été très actif juste avant la prise de Bangui.
En décembre 2012, il avait créé la Coalition citoyenne d’opposition aux rébellions armées (Cocora), une milice de jeunes qui voulaient protéger le régime contre l'avancée de la Seleka. Milice qu'il pourrait avoir réactivée pour renforcer les anti-balaka ; les anti-balaka dont le coordinateur général Edouard Patrice Ngaissona ne figure pas parmi les sanctionnés. Levy Yaketé, a réagi ce samedi, au micro de RFI, sur le choix de la liste.
« Je n’ai aucun avoir, ni ici en France, ni ailleurs et encore moins en République centrafricaine. Je suis plus qu’un rat d’église. […] C’est l’injustice qui est aujourd’hui élevée au niveau su système des Nations unies et encouragée par le gouvernement français. […] Je n’ai jamais appelé à tuer un citoyen centrafricain ou un citoyen étranger. Depuis le départ de Djotodia, le 10 janvier 2014, j’ai enterré ma hache de guerre et je me suis inscrit dans la logique de la réconciliation et de la paix. […] Ils ont la volonté de nous isoler parce que nous sommes populaires, parce que le peuple centrafricain fonde son espoir sur nous […] nous allons nous battre jusqu’à ce que la vérité triomphe ».
Levy Yakété, ancien conseiller de François Bozizé 10/05/2014 - par Pierre Pinto RFI écouter
Cette liste proposée par la France était beaucoup plus longue au départ, explique une source diplomatique. Elle a fait l'objet de négociations entre pays. Mais le comité des sanctions va poursuivre son travail et elle va probablement s'allonger à nouveau.
Lévi Yakété juché sur une estrade au PK 0 aux côtés de son mentor Bozizé entouré de soldats)