31 MARS 2014 |
CENTRAFRIQUE : TUTELLE MILITAIRE ET POLITIQUE
A QUEL JEU JOUENT LES FORCES FRANÇAISES ET AFRICAINES, SANGARIS ET MISCA, EN CENTRAFRIQUE ?
Hallucinant ! La Présidente de Transition d’un pays souverain et indépendant, Madame Catherine Samba-Panza, souhaite- ce qui est légitime - équiper son armée nationale, la FACA (Force Armée Centrafricaine) pour qu’elle participe aux efforts de paix aux côtés des pays amis venus au secours de la R.C.A. La France répond niet. Pourquoi opposer un tel refus ? Si elle pense que les Centrafricains, obsédés par les pronunciamientos, tentent un coup d’état dès qu’ils ont un fusil en main, c’est une analyse méprisante à leur égard. En outre, elle accrédite la thèse selon laquelle ils sont toujours plongés dans les ténèbres et qu’ils ont encore pour maîtres les vieux démons de leurs guerres tribales et ethniques.
LE MANDAT: DÉSARMER LES BANDES ET PROTÉGER LA POPULATION
SANGARIS et MISCA sont venus en Centrafrique avec un mandat de l’U.A. et de l’O.N.U. : il s’agissait de protéger toute la population centrafricaine qui était en train de s’entretuer - et non de s’occuper de politique. Un an après, le chaos est toujours là. Des armes lourdes continuent à tonner dans Bangui. Le 30 mars, au P.K.12, les forces tchadiennes déguisées en MISCA ont tiré sur la foule en colère : 24 morts. Idriss Déby Itno et sa légion étrangère, encore une fois, s’en sont pris à des Centrafricains. Est-ce qu’il n’est pas temps d’écarter l’armée tchadienne de la MISCA ? La France s’y refuse, arguant des services rendus par Déby au Mali. Ce jeu d’ombres, sinistre, augmente le désarroi des Centrafricains. Quelles messes basses se trament sur leur dos, alors que, déjà, il n’y a plus rien à y brouter ? Pourquoi l’armada française (5ème puissance du monde) et les forces africaines n’arrivent-elles pas à désarmer des bandes qui, au départ, n’étaient armées que de machettes et de gris-gris ? On a laissé ces hordes sanguinaires s’organiser. Aujourd’hui, elles disposent d’un véritable commandement militaire, animé par des officies factieux de la F.A.C.A.
Ces soldats de fortune sont les bras armés de l’instabilité et des complots futurs. Les vrais ANTIBALAKAS étaient de jeunes patriotes centrafricains, entrée en résistance pour chasser les barbares de la SELEKA qui se livraient à des massacres. Mission accomplie. Il n’y a plus vraiment de SELEKA à Bangui. Ces jeunes patriotes doivent, maintenant, déposer les armes, œuvrer pour la paix et la réconciliation avec le Gouvernement de Transition. Seulement, on a laissé la SELEKA se retirer avec armes et bagages au nord du pays. Et, aujourd’hui, elle ose envisager la partition de la RCA, elle ose réclamer la sécession des territoires du nord ! C’est un parjure, une trahison ! Il faut dénoncer ces fils du pays qui sont en perdition et il faudra les châtier le moment venu. Mais qui sont donc les marionnettistes diaboliques du sinistre Guignol centrafricain ? Madame Samba-Panza, la Dame de fer de Bangui, est-elle suffisamment informée ? A-t-elle vraiment les mains libres ? N’est-elle pas, en fait, à la merci des comploteurs de l’ombre ? Des prédateurs qui entretiennent le chaos pour faire main basse sur les richesses du sous-sol centrafricain ? Des marchands d’armes dont personne n’évoque les sombres desseins mercantiles ? Le stock d’armes qui ont été saisies à Bangui ferait pâlir d’envie Al-Qaïda – et serait bien utile pour équiper l’armée nationale, la F.A.C.A.
Ces questions récurrentes doivent être posées. Les Centrafricains ont besoin de savoir ce qui se passe réellement dans leur pays. Comme tout gouvernement, celui de la Dame de Fer de Bangui n’est certes pas parfait. Mais l’urgence alimentaire, la nécessité de la réconciliation, la quête du pardon entre les Centrafricains obligent tous les patriotes à soutenir le Gouvernement de transition, sans forcément être d’accord à cent pour cent avec la Présidente. C’est peut-être la dernière carte d’espoir pour le Centrafrique et son peuple. Si on veut aboutir à une réconciliation nationale, alors il faut en terminer avec les calomnies et les aigreurs des politicards professionnels, qui, depuis 60 ans, n’ont pas cessé de piller leur pays. Le chaos d’aujourd’hui a surgi parce que la population en avait assez de la gabegie. Les ANTIBALAKAS sont des jeunes désœuvrés qui n’ont plus voulu se laisser faire. Il s’agit là d’une vraie prise de conscience politique. Désormais, il faudra faire avec. Rien ne sera plus comme avant. L’histoire de ce pays est, malheureusement, en train de s’écrire dans le sang. Faisons en sorte que cela soit le dernier chaos, celui qui laissera place à la reconstruction. C’est pourquoi il faut rester uni. Musulmans, catholiques, protestants, animistes : toutes les Centrafricaines et tous les Centrafricains sont les filles et les fils du berceau des Bantous.
BONGANDA, LE PATRIOTE MODÈLE
29 mars 2014 : anniversaire de la mort du Fondateur de la République Centrafricaine. Revisitons les cinq préceptes qu’il nous a laissés, afin qu’ils guident les pas des Centrafricains vers un horizon harmonieux : « Vêtir, Loger, Nourrir, Instruire, Soigner. » « ZO KWE ZO » : un homme est un homme - qu’il soit chrétien, musulman protestant ou animiste. Il est, d’abord et avant tout, Centrafricain.
A. DE KITIKI
(31 mars 2014)