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2 mars 2014 7 02 /03 /mars /2014 02:37

 

 

 

 

 

http://www.humanite.fr/  le 28 Février 2014

 

 

Envoyé spécial. Ces éleveurs « transfrontaliers », nomades à l’origine, ne peuvent plus vendre leurs bêtes ni se rendre à Bangui. 

 

El Hadi Daudoulou Aliou est là assis devant sa maison, sur une chaise en bois où son corps se love avec souplesse. Malgré la finesse des doigts, les mains trahissent son âge alors que le visage cuivré est lisse. On dirait de lui un beau vieillard dans un roman français du XIXe siècle. Dans sa large gandoura d’un bleu ciel tranchant avec la rouge latérite, immobile, il scrute tout ce qui passe, tous ceux qui passent. Vous, lorsque vous arrivez devant lui !

 

El Hadi est le maire de la commune d’élevage, celle qui, à Bria, regroupe les Peuls. Ils seraient plus de 5 000. Le même nombre que les têtes de bétail, principalement des zébus, qu’ils possèdent. Les Peuls sont ces nomades éleveurs, « transfrontaliers » dont beaucoup, au vue des difficultés régionales, se sont sédentarisés. Comme l’ont fait, il y a vingt-cinq ans, ceux qui vivent ici. « En arrivant, nous avons apporté la richesse», souligne El Hadi sans détour.

 

Une visite au parc où sont vendues les bêtes corrobore les dires du maire. Peu de monde, peu de ventes. En cause, les événements qui frappent la Centrafrique. « Maintenant, nous avons beaucoup de difficultés. Il n’y a pas de commerçants pour acheter nos bêtes. » Auparavant, ils prenaient même la route jusqu’à Bangui. Un voyage d’un mois, au gré de la marche des troupeaux. Président de la fédération des éleveurs de la Haute-Kotto, Bobiri Amath Aliou énumère les problèmes. « Nous n’avons pas de produits vétérinaires. Or il y a la mouche tsé-tsé et énormément de tiques.» Par manque d’argent, les éleveurs ne peuvent plus acheter le sel nécessaire aux zébus pour éviter la déshydratation. Et puis, musulmans, ils redoutent les anti-balakas qui ne font pas de quartier et les coupeurs de route, avides de viande et de marchandises précieuses. Conscient des enjeux, Bobiri siège au comité de sensibilisation pour la paix entre les communautés chrétienne et musulmane (lire page 4). Philosophe, il dit : « Quand la barbe de ton voisin prend feu, tu dois te raser au plus vite.»

 

Pierre Barbancey

Lu pour vous : Centrafrique : Le calvaire des Peuls
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Published by Centrafrique-Presse.com