GuineeConakry.info 13.02.2014 00:28
Il était temps ! Serait-on tenté de dire, à propos de la décision des nouvelles autorités centrafricaines et de la communauté internationale de dire enfin, stop aux milices anti-balaka. En effet, depuis que la violence s’est à la fois généralisée et systématisée dans la crise en RCA, ce groupe d’hommes armés hétéroclites, a commis trop de crimes et autres types de violation des droits humains; mais en face, ils n’avaient trouvé aucune résistance. Particulièrement hostile à Michel Djotodia pour son incapacité à faire valoir son autorité parmi ses propres hommes, tout le monde indexait davantage les ex-Séléka comme principaux responsables du mal centrafricain de ces derniers mois. Peut-être, sans nécessairement le vouloir, la communauté internationale notamment, par cette attitude, confortait les anti-balaka dans leur argument, selon lequel leur existence se justifiait par la défense des populations (chrétiennes), soumises aux sévices et exactions de la part de la rébellion de Djotodia. Mais avec le temps, on se rend compte que le remède qu’ils se voulaient être, est pire que le mal lui-même ! D’où cette dernière levée de bouclier à leur encontre..
Ceci étant, une mise en garde avait été lancée quand il fallait. Dans son approche qui a consisté à désarmer tout d’abord les rebelles ex-Séléka, l’opération Sangaris avait péché.
La communauté musulmane du pays et certains analystes avaient estimé que cette démarche relevait d’un parti pris, dont les conséquences pouvaient se révéler extrêmement dangereuses. Mais ils n’avaient point été écoutés. N’empêche, mieux vaut tard que jamais ! On peut se réjouir de l’unanimité qui caractérise la prise de position des principales parties prenantes dans la crise centrafricaine, au sujet des anti-balaka. Ne pas le faire aurait certainement signifié se rendre complice d’une situation d’autant plus calamiteuse qu’elle pourrait déboucher sur un génocide.
En effet, ces derniers temps, s’autoproclamant de fait maîtres du pays, les miliciens anti-balaka ciblaient systématiquement les populations musulmanes et leurs biens. Ceux d’entre les Centrafricains se réclamant de la religion de Mahomet, qui n’avaient pas réussi encore à fuir au Cameroun, au Tchad ou dans l’extrême nord du pays, étaient traqués comme des bêtes sauvages. A leurs trousses, il y avait des hommes arborant des tenues aussi tarabiscotées que colorées, armés de machettes, fusils de chasse ou de PMAK. Ceux qui avaient le malheur de se faire prendre étaient littéralement découpés par leurs bourreaux. Quelque fois, les cadavres étaient laissés sur place et s’y décomposaient. D’autre fois, les auteurs poussaient leur barbarie jusqu’à jeter le corps dans un brasier allumé avec les biens de ces mêmes musulmans que les badauds et autres pilleurs n’avaient pas pu emporter. Horrible.
Quasiment le même sort était administré aux personnalités qui osaient ouvertement dénoncer le climat de terreur ainsi instauré. A ce rythme, il n’y avait que deux issues : la disparition de la communauté musulmane ou la partition de facto du pays. Et c’est conscientes du caractère inacceptable d’aucune de ces issues que les autorités centrafricaines et la communauté internationale ont décidé de dire à l’unisson que "TROP C’EST TROP !".
Sauf qu’il faudra certainement aller au-delà du simple discours. En effet, entre temps, certaines factions des ex-Séléka ont eu le temps de prendre confiance. Ces éléments, se croyant désormais invincibles, n’entendent pas plier aussi facilement. Ils préfèrent se soumettre à l’épreuve de force que les troupes étrangères brandissent.
Au-delà d’une confiance ordinaire, on serait bien avisé de chercher à comprendre les raisons profondes d’une telle lucidité de la part de membres d’une milice formée sur le tas et à la hâte. En tout cas, la dimension nationaliste du mouvement, ne doit pas en être l’unique raison. D’aucuns y voient la main cachée du général Bozizé. A tort ou à raison ?
Boubacar Sanso Barry pour GuineeConakry.info