Le gouvernement a annoncé l'envoi de 400 soldats supplémentaires en République centrafricaine pour épauler les 1 600 hommes de l'opération Sangaris.
Par Francetv info avec AFP et Reuters
Mis à jour le 14/02/2014 | 21:20 , publié le 14/02/2014 | 16:59
La France a décidé d'accroître son contingent en Centrafrique. Paris va envoyer 400 hommes supplémentaires, a indiqué l'Elysée, vendredi 14 février, à l'issue d'un conseil restreint de défense autour de François Hollande. Les forces de l'opération Sangaris passeront donc "temporairement" de 1 600 à 2 000 hommes.
Début janvier, le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian avait pourtant assuré qu'il n'y avait, "dans l'état actuel des choses", "pas de raisons particulières" d'envoyer des renforts. Et son collègue des Affaires étrangères, ainsi que Laurent Fabius, avait même juré qu'il "n'y aurait pas d'engrenage", affirmant : "En RCA, nous tiendrons nos engagements, comme nous l'avons fait au Mali". Pourquoi ce revirement ? Explications.
Parce que la crise centrafricaine s'aggrave
A Bangui, les règlements de comptes sont quotidiens. Et des exactions massives ont lieu dans les autres régions du pays. Le territoire centrafricain est écumé par des groupes armés et des pillards qui multiplient les exactions. La haine confessionnelle déchire le pays. L'Etat ne contrôle plus rien. La menace d'une partition plane.
Après avoir mis le pays en coupe réglée pendant dix mois, les ex-rebelles musulmans de la Séléka, livrés à eux-mêmes depuis le départ de certains chefs et la démission de Michel Djotodia, sillonnent le pays et terrorisent les chrétiens, répandant un peu plus la haine. En représailles, la nébuleuse de milices d'autodéfense à majorité chrétienne "anti-balaka" sèment le chaos. Amnesty International affirme que le pays est en proie au"nettoyage ethnique".
Près d'un million de déplacés et de réfugiés ont été jetés sur les routes, sur une population de 4,6 millions d'habitants. Le haut commissaire aux réfugiés, Antonio Guterres, parle d'une catastrophe humanitaire "indescriptible".
Deux mois après son déclenchement, le 5 décembre, l'opération militaire française ne parvient pas à mettre fin aux violences. Le drame se poursuit, malgré la présence de quelque 7 000 soldats étrangers (1 600 Français et 5 400 militaires de la Misca, la force de l'Union africaine), mandatés début décembre par l'ONU pour restaurer l'ordre et la sécurité, et en dépit aussi des millions d'euros promis par les pays donateurs pour sortir la Centrafrique du gouffre.
Parce que les pays européens n'envoient pas de renforts
Communauté internationale, gouvernement de transition centrafricain, ONG... Face au chaos, tous les protagonistes s'accordent sur un point : il faut plus de militaires et de policiers sur le terrain pour rétablir l'ordre et la sécurité, avant de reconstruire un semblant d'Etat et d'administration.
"Il y a un manque cruel de troupes. Dès le départ, nous avons dit, l'ONU a dit, qu'il fallait au moins 9 000 à 10 000 hommes", rappelle Geneviève Garrigos, la présidente d'Amnesty France. Problème : "tout le monde veut se passer la patate chaude de la Centrafrique", résume abruptement Thierry Vircoulon, spécialiste de l'Afrique centrale à l'International Crisis Group (ICG).
Centrafrique : Sangaris entre dans sa seconde phase
Écrit par Driss Jaydane http://www.luxeradio.ma/
La France peut-elle gagner la bataille de la paix retrouvée, en Centrafrique… Et peut-elle la gagner seule… Souvenons-nous, à son lancement, l'opération « Sangaris » avait pour objectif unique la pacification de Bangui et la neutralisation des combattants de la Séléka. Mais aujourd’hui…
Aujourd’hui, Sangaris II n’est-elle pas plutôt devenu cette opération visant à éviter une purification ethnique, à éviter, vingt ans après le génocide du Rwanda, cette horreur qui fit près de 300.000 morts par mois… Et ce, alors qu’une présidente intérimaire vient de se voir confier ce qui reste de pouvoir unificateur, dans ce pays où, aujourd’hui, les musulmans sont la proie de milices que l’on dit chrétiennes, en ce pays qu’une langue commune, et c’est là une chance, n’a pas réussit à unir…
Alors, la France, avec son armée, dont les effectifs sont insuffisants, la France venue seule, comme pour conjurer un sort qui, au regard de l’Histoire – bien sûr, les intérêts économiques, miniers, stratégiques, bien sûr les restes de Françafrique, la France dont les officiers, sur place, ne cessent de rappeler la position difficile – faut-il aider ce pays à retrouver un ordre qui passe par l’évitement de la partition, faut-il devenir une sorte de force de sécurité au service de la présidence intérimaire, - et que dire de l’idée d’une armée qui, si elle ne fait pas la guerre d’abord, contre les milices découpeuses d’enfants, pourrait bien, à terme, passer pour une armée complice de meurtre de masses…