Par Jerome Delay et Krista Larson The Associated Press 11 février 2014 | 15:15
BANGUI, République centrafricaine – Les miliciens chrétiens qui ont pris les armes pour répliquer aux rebelles musulmans qui sévissaient en République centrafricaine ont été pris à partie mardi, l’ONU les accusant de contribuer à un climat d’impunité totale après que l’armée française les eut qualifiés d’ennemis de la paix.
Témoignant de la détermination de la France à désarmer ces miliciens, les soldats français ont saisi mardi un arsenal important dans un quartier chrétien de Bangui. Des mines antichar, plus d’une centaine d’obus de mortier, des explosifs plastiques et des munitions ont notamment été confisqués.
Pendant ce temps, des milliers de civils musulmans qui ont été incapables de fuir la capitale à bord de camions à destination du Tchad, la semaine dernière, ont trouvé refuge dans des mosquées et attendent que des groupes armés puissent les escorter hors de la ville.
Quelque 3500 musulmans se terraient mardi dans une mosquée du quartier PK12. Ils s’étaient munis d’arcs et de flèches pour tenter de se protéger.
Un porte-parole du Haut-Commissariat aux droits de l’homme de l’ONU, Rupert Colville, a prévenu mardi que les leaders des milices et d’autres groupes armés seraient tenus personnellement responsables des crimes contre les droits de la personne commis par ceux qu’ils commandent.
«Le climat d’impunité totale qui règne dans le pays est particulièrement inquiétant, tel qu’illustré par les commentaires publics des éléments antirebelles qui revendiquent publiquement les crimes et les meurtres qu’ils ont commis, a dit M. Colville. Des admissions aussi audacieuses renforcent la culture d’impunité et encouragent d’autres personnes à avoir recours à la violence.»
Un leader des miliciens, Patrice Édouard Ngaissona, a défendu ses hommes en les présentant comme «de jeunes Centrafricains qui se sont soulevés et ont sacrifié leur vie pour le peuple quand aucune armée n’existait pour protéger la nation». Il a ajouté que des actes de violence isolés étaient parfois commis par des individus inconnus assoiffés de vengeance.
Lundi, le chef de la mission militaire française avait lui aussi critiqué les milices chrétiennes. Le général Francisco Soriano a déclaré que ces milices sont des «ennemies de la République centrafricaine et de la paix», selon l’enregistrement audio réalisé lors d’une conférence de presse.
Les musulmans reprochent aux soldats de la France et de l’Union africaine de ne pas avoir désarmé les milices en même temps qu’ils désarmaient les rebelles. Le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, a demandé au ministre français des Affaires étrangères ce qui pourrait être fait pour rehausser la sécurité dans le pays.
Par ailleurs, deux groupes qui surveillent les activités de l’Armée de résistance du Seigneur préviennent que son leader, le chef de guerre ougandais Joseph Kony, pourrait profiter du chaos en République centrafricaine pour piller l’est du pays et ravitailler ses forces.