Le Point.fr - Publié le Par JEAN GUISNEL
Décidée à déployer en RCA de 500 à 1 100 soldats européens, l'UE attend que les États s'engagent. Une nouvelle conférence se tient mardi à Bruxelles.
Alors que deux soldats tchadiens de la mission militaire africaine Misca ont été tués ce lundi à Bangui dans un quartier à majorité chrétienne, le prochain déploiement de 90 gendarmes français en République centrafricaine se précise, mais pas encore son intégration dans le futur dispositif militaire européen qui viendra compléter les contingents déployés au sein de Sangaris et de la Misca. Logiquement, cette composante française pourrait représenter tout ou partie de la contribution de Paris à la nouvelle force Eufor-RCA, qui se met en place sous l'égide de l'état-major de l'Union européenne.
À ce stade, les évaluations des diverses participations évoquées (Pologne, Lettonie, Portugal, Espagne, Roumanie, Estonie, Suède, Luxembourg, Belgique - liste non limitative), pour un total compris en 500 et 1 000 hommes, demeurent subordonnées à plusieurs éléments. Tout d'abord, les autorités politiques doivent confirmer leurs propositions, le plus souvent soumises à l'accord de leur Parlement. Pour atteindre les 1 100 hommes espérés par l'Union européenne, il faudra aussi que de nouveaux contributeurs apparaissent.
Génération de forces
Cela devrait se faire lors de la deuxième conférence de Génération de forces, qui doit se tenir le mardi 25 février à Bruxelles, avec deux jours d'avance sur le calendrier initialement prévu. L'Union européenne souhaite que le déploiement commencer à se réaliser dès le mois de mars, mais il est encore trop tôt pour savoir si ce calendrier sera tenu. Le problème viendrait notamment de la nature des forces proposées par les États européens : les propositions de contributions portent actuellement sur des unités de combat d'infanterie "classiques", réunies sans trop de difficultés apparentes. Ce qui n'est pas le cas pour des moyens tout aussi indispensables, mais plus spécialisés, s'agissant notamment d'unités de renseignement, de logistique, de commandement et de contrôle. Les armées disposant de telles capacités opérationnelles ne sont pas légion : le Royaume-Uni et l'Allemagne en font partie, qui ont déjà fait part de leur refus de s'engager en Centrafrique. Les Français aussi, mais leurs moyens sont déjà mobilisés, pour l'essentiel.
Deux généraux français pour l'Eufor
Selon l'architecture générale de l'Eufor-RCA présentée le 13 février à Bruxelles, le commandement de la mission sera assuré par le général français Philippe Pontiès depuis un état-major situé non loin de la base aérienne grecque de Larissa, près de la mer Égée. Le général Pontiès commande actuellement l'EMF3 (état-major de force n° 3), de Marseille.
La curiosité de ce positionnement géographique n'est qu'apparente : la Grèce a dédié cet équipement à des opérations de l'Union européenne, tout comme l'Allemagne l'a fait avec l'état-major de Potsdam. La France a procédé de même avec l'état-major du Mont-Valérien, d'où avait notamment été dirigée l'opération Eufor-Tchad/RCA en 2008 et 2009.
L'état-major de Larissa comptera 120 officiers européens, tandis qu'un second quartier général sera installé sur le sol centrafricain. Bien que cette nomination ne soit pas encore confirmée officiellement, tout indique que cet état-major "africain" sera commandé par un général français actuellement affecté à l'état-major de force de Besançon, Thierry Lion, comme l'indiquait notre confrère Nicolas Gros-Verheyde sur son blog Bruxelles 2, le 13 février.