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7 février 2014 5 07 /02 /février /2014 00:05

 

 

 

 

 

 

http://www.aed-france.org/   Le 6 février 2014

 

 

Dieudonné est un jeune prêtre du diocèse d’Alindao. En mars 2013, les rebelles de la Séléka ont attaqué sa paroisse. Menacé de mort, il a été obligé de s’enfuir dans une pirogue, comme d’ailleurs la majorité de ses paroissiens. Ils ont traversé le fleuve Mbomou, débarqué sur l’autre rive en République démocratique du Congo et comptent parmi les plus de 80 000 Centrafricains obligés de fuir dans les pays voisins. 600 000 autres habitants du pays sont déplacés à l’intérieur même de la Centrafrique. Une quantité inouïe, vu que la population totale de la République centrafricaine atteint à peine 4,5 millions d’habitants.

 

Quelques mois plus tard, le Père Dieudonné a pu retourner dans sa paroisse. Le 5 décembre a marqué le début des attaques contre Bangui, qui ont coûté la vie à plus de 500 personnes en trois jours. Le 8 décembre, le Père Dieudonné se trouvait chez ses parents lorsqu’il vit un grand groupe d’hommes excités qui voulaient attaquer les magasins de commerçants musulmans. Sans hésiter, il a téléphoné au chef du quartier et ensemble, ils ont tenté de calmer les jeunes gens et de les empêcher d’agresser des musulmans. Plusieurs chrétiens se sont postés devant les maisons et les magasins des musulmans afin de les protéger. Depuis des semaines, le Père Dieudonné prêche durant la messe pour calmer les esprits et rappeler aux chrétiens que la violence et la haine sont absolument contraires à l’Évangile. Avec son confrère ils ont organisé dans la paroisse deux journées de réconciliation pour les chrétiens et les musulmans. Il désigne une affiche sur le tableau noir de sa paroisse, portant la devise : « Chrétiens et musulmans : le même sang, la même langue, le même pays ».

 

Musulman, protestant et catholique : chemin vers la paix

 

Le Père Dieudonné n’est pas le seul à agir. Le musulman Oumar Kobine Layama est imam et président de la communauté islamique de Centrafrique. Conjointement avec lui, l’archevêque catholique Mgr Dieudonné Nzapalainga et lepasteur Nicolas Guérékoyame-Gbangou, leader religieux protestant, ont créé début janvier un groupe interconfessionnel pour la paix. Lorsque la moitié du pays était occupée par les rebelles de la Séléka, les trois hommes ont mené des missions pour la paix. À l’intérieur du pays, ils ont agi comme médiateurs entre les différentes parties pour éviter que les conflits n’engendrent une guerre ouverte.

 

Menacé de mort pour promouvoir la réconciliation

 

Quand les rebelles de la Séléka ont occupé Bangui et se sont emparés du pouvoir, l’imam Layama s’est retrouvé dans une situation personnelle difficile : de nombreux musulmans centrafricains ont voulu prendre le pouvoir, et ont ouvertement coopéré avec les rebelles de la Séléka. Or Oumar Kobine Layama est convaincu que musulmans et chrétiens doivent vivre en paix et dans le respect réciproque. Pour les rebelles de la Séléka, l’imam est devenu gênant, lui qui affirme dans ses prêches : « Ce que vous faites – voler, tuer, violer des femmes et terroriser les gens – est totalement contraire à ce que Dieu exige de nous dans le Coran ». En août 2013, il a reçu un appel téléphonique dans son bureau, émanant du général Noureddine Adam, le redouté numéro deux de la Séléka, qui l’a averti : « Arrête de prendre parti pour les chrétiens et de nous critiquer. Sinon, il te faudra vivre avec les conséquences. » Lorsque la violence a submergé Bangui le 5 décembre 2013, et causé la mort de 500 personnes en trois jours, l’imam Layama s’est réfugié chez son ami l’archevêque. Les extrémistes des deux partis avaient menacé de le tuer. Depuis, il n’a de cesse d’appeler au calme et à la réconciliation. Oumar Kobine Layama a invité ses frères musulmans à remettre les armes s’ils en possédaient. Beaucoup d’entre eux n’ont pas compris son point de vue.

 

Le conflit en Centrafrique n’a pas de motivation religieuse, mais constitue un affrontement social et politique. La violence et la haine sont attisées par ceux qui souhaitent le déclenchement d’hostilités entre les musulmans et les chrétiens ; ces circonstances ne cessent d’engendrer des situations critiques pour les citoyens du pays. L’archevêque, le pasteur et l’imam sont trois voix courageuses qui exhortent infatigablement à la paix ; ce faisant, les trois hommes courent de grands risques. Nul doute que les centaines de personnes qui ont perdu la vie à Bangui ces derniers jours, auraient été bien plus nombreuses encore s’il n’existait pas des hommes courageux comme ces trois dignitaires ou comme le jeune abbé Dieudonné.

CENTRAFRIQUE : « Chrétiens et musulmans, même sang, même langue, même pays … »
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Published by Centrafrique-Presse.com