Un homme au prénom musulman a été mis à mort après une revue militaire en présence de la nouvelle présidente, à Bangui.
La scène a duré de longues minutes pendant lesquelles des soldats de l'armée régulière, certains en uniforme, ont lynché à coups de pieds, de briques, de barres de fer l'un des leurs, accusé d'être un ancien Séléka, la rébellion à majorité musulmane. L'assassinat, mercredi en plein jour et en public, a engendré une fureur et un plaisir effarant dans la troupe. La vue du corps démembré a fait l'effet d'une fête.
Ce massacre d'un homme mercredi à Bangui n'était pas un simple massacre de plus dans une ville qui en a déjà connu beaucoup. C'est le symbole d'un pays qui ne parvient pas à calmer ses esprits, à juguler les vengeances. «C'est un drame, un mauvais signal. Je ne comprends même pas comment on peut être aussi bête et aussi méchant», assure, affligé, un officier français.
Car la haine a surgi quelques minutes à peine après une longue et belle cérémonie. Dans le matin, 3 000 à 4 000 soldats de l'armée nationale (Faca) avaient été convoqués pour retrouver leur rôle après avoir été défaits par la Séléka. La présidenteCatherine Samba-Panza avait longuement passé en revue ces hommes qui, pour beaucoup, avaient passé des mois terrés, redoutant d'être repérés par la Séléka. «Je suis fière de vous», leur a lancé la chef de d'État avant de leur promettre «l'aide de la France et de la communauté internationale» pour les réarmer. La présence à ses côtés des chefs de la Misca, la force africaine, et de «Sangaris» donnait corps à ses paroles. Tous semblaient convaincus.