STRASBOURG, 11 déc 2013 (AFP) - Les critiques de responsables politiques français de l'absence d'implication des Européens en Centrafrique sont infondées car Paris ne leur a pas demandé de participer à l'intervention, a estimé mercredi le député européen Arnaud Danjean, spécialiste des questions de défense.
"Il ne faut pas que les Français critiquent l'Europe sur la Centrafrique parce que Paris ne l'a pas sollicitée pour déployer des troupes", a déclaré à la presse M. Danjean, membre de l'UMP (droite, opposition) et président de la sous-commission Défense du Parlement européen.
Mettre sur pied une action commune "prend du temps", or "il y avait urgence à intervenir" à Bangui, a-t-il expliqué.
M. Danjean a toutefois insisté sur l'importance du soutien que s'apprêtent à apporter individuellement plusieurs pays, comme la Belgique, l'Allemagne et le Royaume-Uni, au niveau du transport des troupes et du fret. "Lors de l'intervention au Mali, 66% des rotations logistiques ont été réalisées par des alliés", la France manquant d'avions de transport, a-t-il rappelé.
Selon lui, les Français qui critiquent les autres pays européens oublient que la plupart d'entre eux "sont toujours engagés en Afghanistan, contrairement à la France, et que cela pèse très lourd en termes de troupes et de coûts".
Pour le député européen allemand Michael Gahler, spécialiste de la défense, il est toutefois nécessaire que les Européens "reconsidèrent leur approche vis-à-vis de la sécurité en Afrique", où ils "se sont habitués à ce que la France intervienne seule".
Les députés socialistes français avaient dénoncé mardi une "UE aux abonnés absents" en Centrafrique, tandis que le Premier ministre, Jean-Marc Ayrault, mettait en exergue les limites de la politique européenne de défense.
M. Danjean, un ancien agent de la DGSE (services secrets français), s'est dit "très inquiet" quant aux suites de l'opération Sangaris, qui sera "plus délicate" à réaliser que celle au Mali. "Elles sont de nature totalement différentes. Au Mali, il s'agissait d'une contre-offensive contre des groupes armés identifiés sur un terrain qui s'y prêtait assez bien. Tandis que celle en Centrafrique ressemble davantage à une opération de police, visant à désarmer des milices dans un milieu urbain dense, pour laquelle l'armée est moins bien préparée", selon l'eurodéputé, qui a approuvé le principe de l'intervention.