N'DJAMENA (AFP) - 21.10.2013 14:10 - Dix pays d'Afrique centrale tiennent lundi à N'Djamena un nouveau sommet extraordinaire consacré essentiellement au renforcement de la force africaine en Centrafrique, dont la population, livrée aux exactions de bandes armées, vit "une tragédie" selon l'ONU.
Réunissant les 10 pays membres de la Communauté économique des Etats d'Afrique centrale (CEEAC), cette rencontre a été convoquée par le chef d'Etat tchadien Idriss Déby Itno, président en exercice de la CEEAC et dont le pays, principal soutien du régime de Bangui, joue un rôle politique et militaire majeur chez son voisin centrafricain.
"Nous exhortons la Misca à poursuivre sa mission de neutraliser, désarmer et éloigner tous les éléments armés étrangers qui sèment le trouble et la désolation", a déclaré M. Déby en ouvrant les travaux, en présence du président centrafricain de transition, Michel Djotodia.
"Nous invitons les USA, la Russie, la Chine et la Grande-Bretagne à soutenir les efforts de la CEEAC en lui apportant un appui financier et matériel pour la réalisation de la paix en RCA", a-t-il poursuivi, avant de saluer "l'action diplomatique et militaire" de la France dans ce dossier.
Depuis le renversement du président François Bozizé le 24 mars par la coalition rebelle Séléka dirigée par Michel Djotodia, la population du pays "vit une tragédie", a rappelé samedi une mission d'urgence des agences d'aide de l'ONU, en insistant sur le rétablissement de la sécurité dans le pays, dont 10% des cinq millions d'habitants ont été déplacés par le conflit.
La force africaine - qui compte actuellement 2.500 homes sur un total prévu de 3.600 - tente d'y rétablir la sécurité et de désarmer les combattants qui sèment la terreur. Mais son action est limitée par des difficultés logistiques et financières.
Sous pression internationale, le président Djotodia a lui dissout la Séléka et cherche depuis à neutraliser les chefs des bandes armées qui en faisaient partie et qui ont multiplié les exactions.
Plus de troupes
En réclamant des moyens conséquents pour la Misca, les pays d'Afrique centrale se placent sur le même terrain que la France, l'ancienne puissance coloniale qui est montée en première ligne au Conseil de sécurité de l'ONU afin d'obtenir un renforcement du mandat de la force et se dit prête à augmenter le nombre de ses troupes dans le pays. Paris a un détachement de 400 soldats qui contrôlent l'aéroport de Bangui mais ne participent pas aux opérations de la Misca.
Les exactions sans fin d'ex-rebelles ont provoqué des violences inter-communautaires qui menacent désormais de prendre un tour religieux entre chrétiens, qui constituent la grande majorité de la population, et musulmans. Les combattants qui formaient les rangs de l'ex-rébellion se revendiquent de confession musulmane et M. Djotodia est le premier président musulman de l'histoire du pays.
Elles ont également provoqué une très grave crise humanitaire dans une population déjà éprouvée par des années de troubles et de rébellions.
A cet égard, les chefs d'Etat se pencheront également sur "la question de lancer un appel à la communauté internationale pour mobiliser les ressources promises" mais pas encore débloquées, "pour aider la RCA à s'en sortir et à respecter la période de transition" devant aboutir à des élections générales dans moins d'un an et demi, selon des sources diplomatiques tchadiennes.
La CEEAC regroupe 10 Etats, dont la Centrafrique et, à l'exception du Soudan, tous ses voisins: Tchad, Cameroun, Congo, République démocratique du Congo. Le Burundi, qui a proposé en juillet de fournir des troupes à la force africaine, est également membre, tout comme le Gabon, qui a un contingent de 600 hommes dans la Misca.
Les autres membres sont l'Angola, la Guinée équatoriale et l'archipel de Sao Tomé et Principe.
© 2013 AFP
Tchad: Ndjamena accueille un nouveau sommet de la Ceeac
Par AFP - 21/10/2013
A l'initiative du président Déby, président en exercice de la CEEAC et dont le pays joue un rôle politique et militaire majeur chez le voisin centrafricain
La CEEAC qui regroupe 10 Etats, dont la Centrafrique et tous ses voisins, à l'exception du Soudan, a annoncé qu'elle tiendra ce lundi dans la capitale tchadienne un sommet extraordinaire dédié entièrement à la Centrafrique. Une initiative prise par le chef d'Etat tchadien Idriss Déby Itno, président en exercice de la CEEAC et dont le pays joue un rôle politique et militaire majeur chez son voisin centrafricain. Selon le secrétariat général, «la Centrafrique est le principal objet du sommet de N'Djamena et c'est le cinquième sommet extraordinaire de la CEEAC» consacré à la situation en Centrafrique depuis le début de la crise qui a abouti au renversement du régime du président François Bozizé le 24 mars par la coalition rebelle Séléka dirigée par Michel Djotodia, investi président de transition le 18 août.
Une force africaine (Misca), devant à terme compter 3.600 hommes, est en cours de déploiement dans le pays pour tenter d'y rétablir la sécurité et de désarmer les combattants incontrôlés qui sèment la terreur. De son côté, la France, l'ancienne puissance coloniale, a un contingent de 400 soldats qui contrôle l'aéroport de Bangui. Paris est également monté en première ligne au Conseil de sécurité de l'ONU pour obtenir un renforcement du mandat de la force africaine et se dit prêt à augmenter le nombre de ses troupes dans le pays.
Une tragédie
Depuis le coup d'Etat, la population du pays est livrée aux exactions de bandes armées et à des violences intercommunautaires. Près de 10% des habitants ont été déplacés. «La situation humanitaire s'est une fois de plus dégradée (...) C'est une tragédie que vit le peuple centrafricain. On ne peut la laisser perdurer», a déclaré au cours d'une conférence de presse de presse à Bangui, un des responsables de cette mission, John King, à l'issue d'une visite de 48 heures. «D'abord il faut qu'il y ait la sécurité pour les civils afin qu'ils puissent rentrer chez eux. Nous devons tous être réalistes: les problèmes sont plus graves que ceux des années précédentes», a ajouté M. King, en référence aux crises, troubles et coups d’État qui ont secoué le pays depuis son indépendance en 1960. Arrivée jeudi 17 octobre à Bangui, la mission onusienne s'est rendue notamment vendredi à Bossangoa (250 km au nord-ouest de Bangui), où des affrontements entre combattants de l'ex-rébellion Séléka et des groupes d'autodéfense ont fait plus de 100 morts en septembre et des dizaines de milliers de déplacés.