Une correspondance particulière du mardi 31 mai
2011
Le début de la crise
Après la découverte des cadavres vers 7 heures du matin, la tension a seulement monté d’un cran. Mais après
l’intervention des forces de l’ordre qui ont fait des tirs sporadiques et des tirs de gaz lacrymogènes, les échauffourées commencent par des scènes de violence.
A 11h, c’est le statut quo, malgré la présence des forces de l’ordre. Au niveau de Kokoro 2, plus précisément au niveau
du bar Canari où se trouve le domicile de celui qui aurait tué les 2 enfants, la route était totalement barricadée. 2 véhicules et une remorque du présumé assassin ont été incendiés ainsi que le
domicile du présumé criminel complètement mis à sac par la population sur-énervée.
Le bilan de la matinée
Outre la mort de ces deux enfants, 2 autres personnes ont été tuées dans des circonstances qu’on ignore pour le moment.
Pendant que nous nous trouvons encore sur le terrain, 2 jeunes hommes couverts de sang et de plaies, apparemment des blessés par couteaux et flèches ont été transportés de Kina pour
l’hôpital.
A midi, un homme qui serait de la même origine que le présumé et qui cherche à s’échapper a été appréhendé par les
jeunes de la localité de Magalé, puis exécuté.
Le décor de l'évènement
Le décor à 12h40mn ressemble à une véritable scène de guerre. Il laisse voir d’un côté et de l’autre les belligérants au
milieu desquels les forces l’ordre. Les jeunes des deux côtés sont munis d’armes blanches, de bâtons et de cailloux, prêts à la vengeance. Bref, un véritable va-et-vient sur un rayon de deux km
et où chrétiens et musulmans se contrôlent leurs mouvements.
Un autre décor de ce matin, ce sont les jeunes qui sortent du fond du quartier avec pleins d’objets en main, ce qui
laisse supposer des actes de pillages.
Il y a lieu de signaler que les forces de l’ordre présentes sur les lieux contrôlent beaucoup plus la grande artère,
alors que les choses sérieuses se poursuivent dans le quartier. Depuis 7h, le début des clashes, c’est seulement à 13h15 mn que les premiers véhicules commencent à franchir les routes
barricadées. Un calme règne jusqu'à 15h30 mais un calme précaire. La tension sur place fait penser à un nouveau retour de violence.
Un civil tué par l'armée
A 16h15mn, la tension est remontée. Les forces de l'ordre sont de nouveau déployées mais comme d'habitude elles tirent à
l'aveuglette et une balle perdue a atteint une femme, mère de 4 enfants, au quartier Fatima alors qu'elle préparait ses beignets devant sa maison.
Le souhait de la population banguissoise ce soir est de ne pas voir le conflit se poursuivre dans la nuit, pour risque
d'arriver à un bain de sang.
Réaffirmer une commune volonté de vie commune
Radio Ndéké Luka Mercredi, 01 Juin 2011 13:55
Arrêter l’escalade. Laisser la justice suivre son cours. Revenir au cours normal des choses et surtout s’interdire de
toute indexation d’une communauté par ou contre une autre.
Voilà les actions et attitudes majeures qui interpellent actuellement tous les centrafricains à propos de la
situation qui prévaut actuellement à Bangui la capitale. Une situation provoquée par le meurtre de deux garçons dans le 3ième arrondissement de Bangui au quartier
Kina. Les corps ont été découverts tôt dans la matinée du mardi 31 mai.
Ce mercredi encore, il y a eu des échauffourées. On note toujours une tension dans plusieurs secteurs de la ville ;
Les autorités elles, s’emploient à ramener le calme. Le ministre de l’administration du territoire a rencontré les Imams du 3ème Arrondissement. Ceux-ci ont lancé un
appel au calme. Il faut dire que la Communauté musulmane est particulièrement visée par les représailles. Les présumés auteurs du meurtre des deux enfants, étant musulmans, selon certaines
sources, l’indexation de cette communauté a commencé et la passion aidant, des velléités de vengeance se sont exacerbées.
La rumeur s’en est aussi mêlée. C’est ainsi que Radio Ndeke Luka, dont un des reporters sur place, a pu
démentir l’information relative aux incendies des églises catholiques de Saint Michel et de Saint Mathias.
En revanche, la mosquée du quartier Yapélé dans le deuxième arrondissement de la ville de Bangui a été
incendiée par des jeunes venus du quartier Fatima. Ces derniers avaient justement prétexté les incendies des églises catholiques précitées, pour justifier leur
acte.
Ce mercredi comme au premier jour des manifestations, la quasi-totalité des magasins sont restés fermés au
KM 5. Ils restent d’ailleurs sous la protection des forces de l’ordre déployées dans le secteur, pour empêcher les pillages et assurer la sécurité des biens et des
personnes. Il faut ajouter que certaines écoles n’ont pas fonctionné ce mercredi pour des raisons de sécurité.
Dans le 4e arrondissement de Bangui au quartier Boy-Rabe, de jeunes ont tenté d’incendier
des commerces de la communauté musulmane de la localité. Même situation dans le quartier Gobongo toujours dans le 4e.
Peu avant dans la matinée, un magasin dont le propriétaire serait proche de l’auteur du double meurtre a échappé
d’incendie au croisement Sica-Benz-vi, grâce à l’interposition des éléments du Commando d’intervention rapide. Des manifestations ont été aussi enregistrées au quartier
Miskine dans le 5e arrondissement de Bangui.
Dans la soirée de mardi, le procureur de la République Arnauld Djoubaye ABAZEN a invité la population
au calme. Il a par ailleurs révélé que les présumés coupables de l’assassinat des deux enfants sont entre les mains de la justice. Il aussi révélé que le bilan de cet incident est de sept
morts.
Suite à la situation qui prévaut, un couvre-feu a été instauré depuis hier de 19h à 6h, par le ministre de la
sécurité, de l’émigration et immigration et de l’ordre publique, Claude Richard GOUANDJIA. Ce couvre-feu est valable jusqu’à nouvel ordre dans le 3ème, 5ème
et 6ème arrondissement de Bangui.
La Chine invite ses ressortissants à la prudence
Mercredi, 01 Juin 2011 09:21
Le ministère chinois des Affaires étrangères chinois a appelé hier mardi 31 mai 2011, les Chinois qui habitent en
République centrafricaine et ceux qui projettent d'y aller de faire attention à leur sécurité. L’information est rapportée ce matin par Radio Chine
Internationale.
Ces derniers jours, plusieurs Chinois ont été la cible de pillages à Bangui. Certains ont même été
tués, toujours selon radio Chine Internationale qui ajoute que l'ambassade de Chine a demandé au gouvernement de République centrafricaine de prendre des mesures efficaces pour
assurer la sécurité de ses ressortissants.