PARIS (AFP) - 12.09.2011 10:45 - La fracassante sortie de Robert Bourgi accusant la présidence Chirac d'avoir été inondée d'argent occulte africain a suscité lundi une onde de choc et bien des interrogations: si ce système a existé, a-t-il commencé avant 1995 et s'est-il poursuivi après 2005 ?
La fracassante sortie de Robert Bourgi accusant la présidence Chirac d'avoir été inondée d'argent occulte africain a suscité lundi une onde de choc et bien des interrogations: si ce système a existé, a-t-il commencé avant 1995 et s'est-il poursuivi après 2005 ?
Sorti de l'ombre par une interview fleuve au Journal du Dimanche, l'avocat franco-libanais, contre lequel des plaintes en justice ont été annoncées par Jacques Chirac et Dominique de Villepin, s'est démené lundi sur les radios (Europe 1, RFI, RMC), multipliant les détails croustillants sur ce qu'il appelle le "côté obscur de la Françafrique".
Une face sombre qu'il dit avoir prise en charge après la mort en 1997 de son "maître" Jacques Foccart, père fondateur, sous de Gaulle, de ce système de relations troubles maintenues entre Paris et ses anciennes colonies africaines.
Se qualifiant de "repenti", terme à connotation tant religieuse que mafieuse, l'avocat de 66 ans a évalué à "20 millions de dollars" les sommes qu'il a personnellement remises au président Chirac et à celui qui fut son secrétaire général à l'Elysée.
Outre les billets, sa besace était pleine de cadeaux, raconte-t-il, notamment pour le grand amateur d'épopée napoléonienne qu'est M. de Villepin. "Bustes de l'empereur, pièces rares qui concernent l'empereur..."
"Il y a deux ans, il me semble que Dominique de Villepin a fait procéder à une vente", a dit l'avocat.
Il admet n'avoir aucune preuve de ses accusations: "Dans ce domaine-là, il n'y a aucune trace".
M. Bourgi a étendu son réquisitoire aux prédécesseurs de Jacques Chirac, "Pompidou, Giscard d'Estaing, Mitterrand".
Accusations réfutées pour ce dernier avec prudence par Laurent Fabius. M. Mitterrand a-t-il touché de l'argent africain ? "A ma connaissance, non", a répondu son ancien Premier ministre socialiste.
Jugeant que tout cela "pue", Manuel Valls, candidat à la primaire PS, veut une enquête parlementaire sur "cette relation très particulière entre le pouvoir des gens de droite - mais ça a touché aussi la gauche il y a quelques années - et l'Afrique".
Alors que M. Bourgi s'emploie à exonérer l'actuel locataire de l'Elysée, qui lui a remis la Légion d'honneur en septembre 2007, de ces circuits d'argent occulte, M. Fabius a fait observer que Claude Guéant avait admis des conversations sur les financements chiraquiens entre l'avocat et Nicolas Sarkozy.
Un proche de M. Sarkozy, qui prend ses distances avec Bourgi, a assuré à l'AFP que cet avocat n'avait "jamais été conseiller officiel du président" et "traitait surtout avec Guéant plus qu'avec le président". Pour ce proche, M. Bourgi "apparaît plus motivé par sa rupture avec Villepin qu'autre chose".
L'ex-chiraquien Jean-François Probst conteste cette version. "Bourgi s'est dépensé sans compter pour Sarkozy auprès de nombreux chefs d'Etats africains lors de la présidentielle de 2007", a-t-il accusé dans Le Parisien. Il "a refait un deal avec Omar Bongo, qui lui aurait donné - dit-on - 1 milliard de francs CFA" (environ 1,5 million d'euros), a encore dit M. Probst, grand habitué, comme M. Bourgi, des capitales africaines.
Autre question soulevée par la confession de l'avocat: pourquoi parler aujourd'hui après des décennies dans l'ombre ? D'autant plus surprenant, relève son confrère du barreau l'ancien ministre UMP Patrick Devedjian, qu'en dévoilant ainsi les turpitudes auxquelles il dit avoir participé, M. Bourgi s'expose à des sanctions pénales.
Serait-ce, comme accuse M. de Villepin, pour torpiller sa future candidature ? Mais était-ce nécessaire pour barrer la route à ce candidat "qui n'a pas beaucoup d'espérance" ? s'interroge M. Devedjian.
M. Bourgi a sa propre explication: il a vu "trop de choses ignobles" et veut désormais "une France propre".
© 2011 AFP
L’argent de la Françafrique aurait aussi financé Nicolas Sarkozy
(Rue 89 12/09/2011)
(De nos archives) Jacques Chirac et Dominique de Villepin vont porter plainte pour diffamation contre l'avocat Robert Bourgi qui raconte dans Le JDD avoir convoyé des dizaines de millions d'euros provenant des régimes africains pour financer les campagnes de Jacques Chirac.
Le 29 décembre dernier, des câbles révélés par WikiLeaks parlaient de 28 millions d'euros détournés par Omar Bongo pour financer les activités politiques de Jacques Chirac mais aussi de Nicolas Sarkozy.
(La présidence gabonaise a fait savoir « ne pas être concernée » par les déclarations de l'avocat français. « Notre présidence date de 2009, on répond des faits à partir de là », a dit un proche d'Ali
Bongo, l'actuel président du Gabon et successeur de son père Omar Bongo.)
Selon le quotidien espagnol El País qui publie ce mercredi soir plusieurs notes diplomatiques américaines, près de 28 millions d'euros
auraient été détournés de la Banque des Etats d'Afrique centrale (BEAC) par le président gabonais Omar Bongo. Cet argent aurait profité à
des partis politiques français, et plus précisément à Nicolas Sarkozy.
Au début du mois de juin 2009, alors qu'un juge parisien venait d'admettre la plainte déposée contre Bongo par Transparency International, l'autocrate gabonais s'éteignait dans une clinique de Barcelone.
Quatre jours après la mort du dictateur, soit le 12 juin 2009, un haut fonctionnaire de la BEAC se confiait à un diplomate de l'ambassade américaine de Yaoundé, au Cameroun (siège de la Banque). Selon lui :
« Les dirigeants gabonais ont utilisé les fonds détournés pour leur enrichissement personnel et, suivant les instructions de Bongo, ont remis une partie de l'argent à des partis politiques français, y compris en soutien au président Nicolas Sarkozy. »
« La meilleure manière de voler de l'argent à une banque »
L'argent aurait profité « aux deux camps, mais surtout à droite, en particulier à [l'ancien président français Jacques] Chirac mais aussi Sarkozy. Bongo était le président africain préféré de la France », indiquent les câbles.
Des informations en ce sens circulent depuis des années. Dans « Affaires africaines », le journaliste Pierre Péan racontait déjà comment Omar Bongo avait financé, en 1981, les campagnes de Valéry Giscard d'Estaing et de François Mitterrand.
Le document confidentiel remis par l'ambassadrice américaine au Cameroun Janet Garvey à la secrétaire d'Etat Hillary Clinton décrit en détail « la meilleure manière de voler une banque » africaine, contrôlée par le clan du président gabonais.
La BEAC regroupe les réserves des Etats membres de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale :
•le Gabon (qui en désigne le gouverneur),
•le Cameroun (où est situé le siège),
•la République du Congo,
•la République centrafricaine,
•le Tchad,
•la Guinée Equatoriale.
L'ambassade, pas en mesure de vérifier l'accusation
Selon le câble datant de juillet 2009, le gouverneur de la BEAC, le Gabonais Philibert Andzembe, avait placé en secret 500 millions d'euros dans un investissement à haut risque de la banque française Société générale.
Un audit de la BEAC a été mené et aurait révélé des malversations encore plus larges et plus audacieuses, liées à la hiérarchie des officiels gabonais.
« L'enquête interne a montré que 36 millions de dollars [environ 28 millions d'euros, ndlr] ont été détournés via des chèques à des hauts responsables du Gabon. »
« Cette ambassade n'est pas en mesure de vérifier la véracité de l'accusation selon laquelle des hommes politiques français ont bénéficié du détournement de fonds », conclut le télégramme signé de l'ambassadrice Janet Garvey.
Le président Omar Bongo est mort à la clinique Quiron de Barcelone, le 8 juin 2009, après 42 ans de règne sans partage sur un petit pays riche en pétrole. Son fils Ali l'a remplacé à la tête du pays en août de la même année.
Par Blandine Grosjean | Rue89 | 11/09/2011
© Copyright Rue 89
Fonds occultes: « Rien ne s’est arrêté avec Sarkozy » selon Probst
(ConnectionIvoirienne.net 12/09/2011)
Spécialiste reconnu de l’Afrique, Jean-François Probst a longtemps été collaborateur de Jacques Chirac au RPR et à la
mairie de Paris avant de prendre ses distances et de devenir consultant international. Dans une interview au «Parisien» – «Aujourd’hui en France», il dresse un portrait peu flatteur de
Robert Bourgi et des pratiques de la Françafrique.
J’ai connu Robert Bourgi avec Jérôme Monod à Grand Bassam en Côte d’Ivoire en 1982. C’était déjà un
opportuniste et un affairiste », souligne Jean-François Probst, qui — en excellent connaisseur des nombreux réseaux de ce
qu’on a appelé la Françafrique — a la dent dure à l’encontre de cet avocat d’affaires qui « a intrigué toute
sa vie et a voulu se faire passer pour le successeur de Jacques Foccart, qui pourtant le détestait ». Toutes ces révélations supposées mélangent, selon lui, « des tas de choses vraies, des invraisemblances et des mensonges ». Elles « ne sont dictées, explique-t-il,
que par la mythomanie et une soif de vengeance à l’encontre de Jacques Chirac, mais surtout de Dominique de Villepin, avec lequel il règle ses comptes à la veille du verdict dans l’affaire Clearstream ».
« La grande erreur de Villepin, tellement désireux de devenir le chef de la Françafrique, c’est de s’être appuyé sur Bourgi, dont il croyait se faire un ami. Puis Villepin a compris un jour que tout cela sentait le soufre et a dit à Bourgi : Il ne faut plus qu’on se voit. Vexé, Bourgi en a fait une maladie, a traversé la rue — pour passer de l’Elysée à la Place Beauvau — pour se jeter dans les bras de Nicolas Sarkozy qui était alors ministre de l’Intérieur et qui lui a dit : Viens chez moi. »
Toutefois, toutes ces pratiques de « valises de billets » entre l’Afrique et la France se sont-elles arrêtées avec l’arrivée de Nicolas Sarkozy à l’Elysée en 2007, comme le laisse entendre Bourgi? « Ce n’est pas crédible. C’est même le plus gros mensonge de sa vie. Rien ne s’est arrêté avec Sarkozy, qui avait pourtant prôné la rupture », réplique aussitôt Probst. Il rappelle que « Bourgi s’est dépensé sans compter pour Sarkozy auprès de nombreux chefs d’Etat africains lors de la présidentielle de 2007 » et que ce dernier « a filé à Libreville dès juillet 2007 et refait un deal avec Omar Bongo, qui lui aurait donné — dit-on — 1 milliard de francs CFA (NDLR : 1,5 M€) ». Le président gabonais, aujourd’hui décédé, « a utilisé Bourgi », assure Probst en rappelant une évidence : « Omar Bongo était un réaliste, pas un philanthrope. Certes, il arrosait tout le monde dans les campagnes électorales, mais il voulait surtout jouer le bon cheval. »
« Tout cela a existé. Le dernier interlocuteur de Bourgi à l’Elysée, c’était Claude Guéant, alors secrétaire général de la présidence », précise Probst, bien qu’il reconnaisse qu’« à l’Elysée comme au Quai d’Orsay, depuis le retour d’Alain Juppé, Bourgi est aujourd’hui persona non grata ». En effet, dit-il, « Bourgi a commencé à déplaire après le deuxième grand voyage de Sarkozy en Afrique — qui l’avait mené de Kinshasa à Brazzaville et Niamey en mars 2009 —, puis il a été écarté en douceur sous une montagne de fleurs et de couronnes. Sarkozy l’avait d’ailleurs décoré de la Légion d’honneur à l’Elysée dès septembre 2007. » Avant de conclure sans hésitation : « Après l’avoir pressé comme un citron, Sarkozy et Guéant vont le jeter… S’il a fait tout ce qu’il a fait et tout ce qu’il a dit, il mérite la prison! »
Le Parisien
Mis en ligne par Connectionivoirienne.net La Rédaction · 12 septembre, 2011 a 12:44 PROPOS RECUEILLIS PAR BRUNO
FANUCCHI
© Copyright ConnectionIvoirienne.ne
Chirac, De Villepin et Sarkozy accusés d’avoir reçu des fonds occultes africains: La droite française au cœur du scandale
(Liberté 12/09/2011)
L’avocat français d'origine libanaise Robert Bourgi décrit avec force détails des remises de fonds d'Afrique, d'un montant “incalculable”, à des hommes forts de la droite française, notamment Chirac et De Villepin, mais épargnant Sarkozy, lequel est accusé par un ancien conseiller Afrique de Jacques Chirac d’en avoir lui aussi largement bénéficié.
Au fur et à mesure que l’élection présidentielle française, prévue en mai 2012, approche, des scandales secouent la classe politique de l’Hexagone. Après la gauche, qui a été ébranlée par l’affaire Dominique Strauss-Kahn, c’est au tour de la droite d’être ciblée avec les révélations de l'avocat d'origine libanaise Robert Bourgi, 66 ans, et celles de l’ancien conseiller Afrique de Jacques Chirac, Michel de Bonnecorse.
Dans ses déclarations parues dans l’édition d’hier, du “Journal du Dimanche”, il décrit avec un grand luxe de détails des remises de fonds d'Afrique, s’élevant à un montant “incalculable”, qu'il aurait opérées personnellement auprès de l'ex-président et l'ex-Premier ministre français entre 1997 et 2005. S’il a pris le soin d’exonérer l’actuel chef de l’Etat français, Nicolas Sarkozy, ce dernier est impliqué dans l’affaire par un ancien conseiller Afrique de Jacques Chirac, Michel de Bonnecorse. Celui-ci accuse Robert Bourgi d'en avoir également apporté à Nicolas Sarkozy, dans un livre de Pierre Péan à paraître cette semaine. En effet, alors que Robert Bourgi, qui est devenu un conseiller influent de Nicolas Sarkozy sur l'Afrique après avoir œuvré dans l'entourage de Jacques Chirac et Dominique de Villepin, affirme que “ni Omar Bongo ni aucun autre chef d'Etat africain, par mon intermédiaire, n'a remis d'argent ni à Nicolas Sarkozy ni à Claude Guéant”, son plus proche collaborateur, l'ex-Monsieur Afrique de Jacques Chirac, Michel de Bonnecorse, affirme dans un entretien accordé en février 2011 à Pierre Péan et reproduit dans son livre “La République des mallettes” que quand “il semblait évident qu'il y aurait deux candidats à droite (ndlr: pour la présidentielle de 2007 lorsque Dominique de Villepin, alors Premier ministre, et Nicolas Sarkozy étaient en concurrence), Robert Bourgi estima qu'il était temps de tendre la sébile pour les deux”. Il précise que Robert Bourgi “obtient de Denis Sassou Nguesso et d'Omar Bongo (ndlr: les présidents congolais et gabonais) des sommes conséquentes”, sans donner de détail sur les montants des fonds allégués ni sur leur utilisation.
Poursuivant, il ajoutera que quand il rentre à Paris, “Dominique de Villepin est à terre, après l'échec retentissant du CPE en avril 2006”, et “tout logiquement, Bourgi estime que désormais la route est dégagée pour Sarkozy. Villepin est cuit... Et au lieu de distribuer une mallette à chacun, il n'en fait qu'une, plus grosse, et la dépose aux pieds du ministre de l'Intérieur” de l'époque, Nicolas Sarkozy, affirme Michel de Bonnecorse. Il argumentera son accusation en soulignant que “le retour sur investissement a été immédiat après l'élection de Nicolas Sarkozy : Bongo a été un des tout premiers, sinon le premier chef d'Etat appelé par le nouveau président” après son élection, poursuit le diplomate.
Par ailleurs, le président gabonais “Bongo obtint alors un prêt pour l'Etat gabonais de 40 millions que Jacques Chirac lui refusait”. Ceci étant, Dominique de Villepin a qualifié hier d'“indignes” et “mensongères” les accusations de financement occulte des campagnes de Jacques Chirac, assurant que “tout cela n'est pas un hasard”. “Ces allégations sont mensongères et indignes”, a déclaré sur la télévision publique France 3 l'ancien Premier ministre. “On voit l'acharnement, la volonté de salir la présidence de Jacques Chirac”, déclare celui qui fut son secrétaire général à l'Elysée, son ministre et son Premier ministre. Saisissant au vol l’opportunité, François Hollande, candidat à la primaire socialiste en vue de la présidentielle de 2012, a demandé hier l'ouverture “d'une procédure judiciaire”. “Je demande que le garde des Sceaux puisse demander au parquet d'ouvrir immédiatement une procédure judiciaire, parce qu'on doit savoir ce qui s'est passé pendant toutes ces années, parce que ce sont de graves infractions à la législation sur le financement des campagnes électorales et peut-être même davantage”, a déclaré l'ancien patron du parti socialiste sur la chaîne privée Canal +.
Par : Merzak Tigrine
© Copyright Liberté