Areva adopte sa cure d'austérité, la France pourrait ne pas être épargnée
PARIS AFP / 12 décembre 2011 11h25 - Areva doit adopter lundi son plan d'action stratégique destiné à mettre un terme aux lourdes pertes du fleuron nucléaire public, une cure d'austérité post-Fukushima incluant d'importantes réductions d'effectifs, qui pourraient finalement ne pas épargner la France.
Le conseil de surveillance d'Areva se réunit lundi matin au siège du groupe à Paris pour valider le projet préparé depuis des
mois par l'état-major du nouveau président du directoire Luc Oursel, un comité de groupe avec les syndicats étant également prévu dans l'après-midi.
Si le projet de suppression de 1.700 emplois aux Etats-Unis, en Belgique mais surtout en Allemagne (1.300 personnes) avec
l'arrêt de l'atome civil outre-Rhin apparaît acté, l'incertitude demeure sur les intentions exactes du groupe en France.
Selon le quotidien économique La Tribune de ce lundi, Areva compte bien réduire ses effectifs français via un gel des embauches, qui se traduirait par 1.000 à 1.200 départs non remplacés chaque année, malgré des engagements de ne pas viser les 28.000 employés dans l'Hexagone. Interrogé, Areva n'a pas souhaité faire de commentaire.
Le brûlant volet social français avait occupé le devant de la scène le mois dernier lorsque l'AFP avait révélé qu'Areva prévoyait 1.000 à 1.200 réductions d'effectifs dans les fonctions non industrielles.
Convoqué par le gouvernement malgré les démentis du groupe, M. Oursel s'était engagé à ce qu'il n'y ait aucune suppression de postes, aucun plan de départ volontaire et aucun impact sur les sites français, selon le ministre de l'Economie François Baroin.
Le plan doit aussi solder les comptes de l'ère Lauvergeon, avec une provision de un à deux milliards d'euros,
qui inclus notamment une forte dépréciation de la valeur des mines africaines d'uranium d'Uramin, acquises en 2007 lorsque les cours du minerai étaient au plus haut.
Plombés par Uramin, les difficultés du chantier du réacteur EPR d'Areva en Finlande et les conséquences industrielles de la
catastrophe de Fukushima, les comptes du groupe vont passer nettement dans le rouge cette année, pour la première fois depuis sa création il y a dix ans, avec la fusion entre Cogema et
Framatome.
C'est ce qu'a confirmé le ministre de l'Energie Eric Besson dimanche, en laissant à Luc Oursel la tâche d'en révéler le montant exact. Areva avait déjà subi une perte opérationnelle de 423 millions d'euros en 2010, mais le résultat net était resté positif grâce à la cession de sa rentable division de lignes électriques (T&D).
L'Etat, actionnaire à 87% d'Areva, avait demandé dès son arrivée en juin à l'ancien numéro 2 d'Anne Lauvergeon
de redresser les comptes en constante dégradation, et de s'adapter à la disparition de commandes de combustible d'uranium du Japon et de l'Allemagne après Fukushima.
Selon un document interne obtenu par l'AFP le mois dernier, le plan vise à diminuer les coûts d'Areva de 750 millions d'euros
d'ici 2015, dont 500 millions à atteindre en 2013.
Devraient s'y s'ajouter une coupe de 40% des investissements sur la même période (qui tomberont autour de 7 milliards d'euros
contre 12 actuellement), et des cessions d'actifs, comme la participation de 26% dans le groupe minier français Eramet, que M. Oursel s'est dit prêt à céder en cas de feu vert de
l'Etat.
Malgré l'engagement sur l'emploi en France, les salariés ont fait monter la pression sur la direction ces derniers jours, avec une manifestation mercredi d'un demi-millier de salariés devant le siège parisien du groupe.
A la Bourse de Paris, la cotation d'Areva a été suspendue lundi à la demande du groupe nucléaire français.
AREVA ERAMET
(©)
Areva : une provision de 1,65 Md d'€
AFP 12/12/2011 à 15:02
Areva va passer une provision de 1,5 milliard d'euros sur la valeur des mines africaines de la société UraMin acquise en 2007, ainsi que 150 millions d'euros supplémentaires sur le réacteur EPR en Finlande, indique l'AFP citant une source proche du dossier, confirmant une information du Monde.
La très lourde provision sur UraMin ramène à zéro la valeur au cours actuel des gisements acquis il y a quatre ans en Namibie, en Centrafrique et en Afrique du Sud pour 2,5 milliards de dollars (1,8 milliard d'euros), qui avaient déjà subi une dépréciation d'actifs l'an passé. Une source interrogée par l'AFP n'a pas été en mesure de préciser si ces provisions sont les seules passées par Areva dans ses comptes.
Adoption du plan stratégique
Le conseil de surveillance d'Areva s'est réuni ce matin pour adopter le plan d'action stratégique préparé depuis de longs mois par l'état-major du nouveau président du directoire Luc Oursel. Ce plan, qui doit notamment comprendre des suppressions d'emplois, est destiné à assainir les comptes après la fin de l'ère d'Anne Lauvergeon, patronne historique du groupe débarquée au printemps, et à prendre en compte l'impact de la catastrophe de Fukushima.
Selon Le Monde, le montant total des dépréciations d'actifs va dépasser les 2 milliards d'euros, ce qui devrait entraîner une perte nette "très supérieure à 1 milliard d'euros" en 2011, soit la plus lourde jamais subie par Areva. Plombé par de nombreux retards et dérapages de coûts, le chantier de l'EPR d'Olkiluoto, en Finlande, a déjà contraint Areva à passer 2,6 milliard d'euros de provisions, ce qui porte le total à près de 2,8 milliards en incluant la nouvelle provision, soit presque le prix du réacteur vendu 3 milliards en 2004.
UraMin, la pépite minière d’Areva qui a viré à la débâcle financière
PARIS AFP / 12 décembre 2011 11h28 - Les lourdes pertes que le groupe nucléaire français
Areva s'apprête à annoncer devraient être liées en grande partie au rachat de la société minière UraMin, acquise à prix d'or en 2007 mais qui ne vaut plus aujourd'hui qu'une fraction de la mise
de départ.
En 2007, Areva avait déboursé pas moins de 2,5 milliards de dollars, soit environ 1,8 milliard d'euros pour s'offrir cette petite société canadienne.
Le groupe, alors dirigé par Anne Lauvergeon, mettait ainsi la main sur les projets de mines d'uranium de cette jeune société créée seulement en 2005, qui ambitionnait d'exploiter des gisements dans plusieurs pays africains (Namibie, Afrique du Sud et Centrafrique).
Le groupe nucléaire public, qui était alors confronté à une flambée des cours de l'uranium, cherchait ainsi à sécuriser ses approvisionnements en combustible nucléaire, conformément à la stratégie dite intégrée chère à Anne Lauvergeon, qui consiste à maîtriser l'ensemble des étapes du cycle de production de l'énergie atomique, de la mine au réacteur.
Les gisements identifiés par UraMin en Afrique devraient conduire à une production de plus de 7.000 tonnes d’uranium par an après 2012, annonçait fièrement à l'époque Areva, ce qui lui aurait permis de porter sa production totale à 19.000 tonnes à cette échéance.
Mais quatre ans plus tard, la pépite s'est transformée en gouffre financier, les gisements chèrement acquis ne produisant pratiquement pas compte tenu du prix de revient trop élevé. L'an dernier, le groupe a passé 426 millions d'euros de provisions dans ses comptes pour refléter la chute de la valeur de ses activités minières, et depuis, la catastrophe de Fukushima, qui a réduit les besoins de combustible nucléaire, notamment en Allemagne et au Japon, a fait chuter les cours de l'uranium.
Dès juillet, le groupe avait averti que son plan stratégique, qui sera adopté ce lundi par son conseil de surveillance,
inclurait des dépréciations d'actifs, notamment au sein des activités minières.
En octobre, un rapport de la commission des Finances a tiré la sonnette d'alarme. Son auteur, le député socialiste Marc
Goua, avait prévenu que des provisions relativement conséquentes devront certainement encore être faites sur les mines pour faire face au recul des prix, mais également aux révisions en
cours sur les volumes escomptés.
Enfin, le mois dernier, Areva a annoncé avoir repoussé de un à deux ans les travaux de mise en exploitation de sa mine de Bakouma en Centrafrique, qui appartenait à UraMin.
AREVA
(©)
Areva : le gouvernement responsable d’acquisitions onéreuses
PARIS AFP / 11 décembre 2011 19h35- Le président PS de la commission des Finances de l'Assemblée nationale, Jérôme Cahuzac, a estimé dimanche que si des comptes doivent être demandés sur les pertes d'Areva c'est certainement à Anne Lauvergeon son ex-PDG mais certainement aussi aux responsables politiques.
Invité du Grand Jury RTL/LCI/Le Figaro, M. Cahuzac a fait référence à l'achat par le groupe nucléaire public,
des mines d'uranium UraMin en Namibie. Areva a passé comme provision plus de 1,5 milliard d'euros en constatant que l'achat effectué en 2007 avec l'accord du gouvernement actuel d'UraMin ne
valait plus rien aujourd'hui, a résumé M. Cahuzac.
Si des comptes doivent être demandés, c'est certainement à Anne Lauvergeon mais certainement aussi aux
responsables politiques qui à l'époque ont donné leur accord pour un investissement très onéreux, payé dans un paradis fiscal et dont on s'aperçoit aujourd'hui qu'il ne vaut rien a lancé M.
Cahuzac, en rappelant que Christine Lagarde était à l'époque ministre de l'Economie.
Le ministre de l'Industrie, Eric Besson, a déclaré dimanche, au Forum de Radio J, que le conseil de surveillance d'Areva veut se doter d'un comité spécial pour faire toute la lumière sur cette acquisition qui date de 2007 et qui a été achetée à un très haut niveau qui correspondait probablement au très haut niveau des prix de l'uranium à l'époque.
J'ai demandé moi-même à mes services une étude sur les conditions de cette acquisition pour essayer de comprendre ce qui s'était exactement passé et pourquoi la dépréciation de cet actif, a ajouté M. Besson qui a toutefois assuré qu'il ne croyait pas qu'il y ait eu des zones d'ombre dans l'achat d'UraMin en Namibie.
AREVA
(©)
Areva prévoit une perte de 1,5 Md d'€
AFP 12/12/2011 à 16:36
Le groupe nucléaire public Areva a annoncé aujourd'hui un vaste plan d'économies qui vise à réduire de lourdes de pertes, sans préciser l'impact qu'il aurait sur ses effectifs, la catastrophe de Fukushima l'ayant contraint à revoir à la baisse ses perspectives.
Le plan stratégique "Action 2016" adopté aujourd'hui par le conseil de surveillance d'Areva vise à réaliser un milliard
d'économies annuelles d'ici 2015, ainsi que 1,2 milliard d'euros de cessions, a précisé Areva dans un communiqué, sans donner de détails sur
l'emploi.
Forte réduction des investissements
Le groupe annonce également qu'il réduira d'un tiers ses investissements d'ici 2016, à 7,7 milliards d'euros. Le groupe a ajouté qu'il s'attendait à subir une lourde perte cette année, proche d'1,5 milliard d'euros, en raison d'une provision exceptionnelle colossale, liée surtout à la dépréciation de la valeur de ses actifs miniers.
Dans le détail, Areva va enregistrer dans ses comptes 2011 une provision supplémentaire de 2,36 milliards, dont 1,46 milliard liés à l'acquisition de la société minière UraMin en 2007, et le groupe s'attend à une perte opérationnelle comprise entre 1,4 et 1,6 milliard d'euros, selon le communiqué.
Joly: Areva doit se reconvertir
AFP 12/12/2011 à 16:40
La candidate écologiste à la présidentielle, Eva Joly, a estimé aujourd'hui qu'Areva qui adopte son "plan d'action stratégique" destiné à mettre un terme aux lourdes pertes du fleuron nucléaire public, "a besoin d'un plan de reconversion, pas d'un plan d'austérité". Pour Mme Joly, "le déclin du nucléaire français est une tendance lourde que le président Nicolas Sarkozy, VRP de luxe de l'atome, n'a pas réussi à enrayer. Allons-nous faire les mêmes erreurs que par le passé avec l'industrie minière ou les chantiers navals?", demande l'eurodéputée Europe Ecologie Les Verts (EELV).
"Alors que le marché des énergies renouvelables est en plein développement, celui du nucléaire doit, après Fukushima, après Tchernobyl, faire face à l'explosion des coûts : investir dans le nucléaire français coûte 3,4 fois plus cher maintenant qu'il y a 25 ans. Avec l'EPR de Flamanville, il faut s'attendre à près de cinq fois plus", affirme-t-elle.
"La renaissance du nucléaire en question"
"Résultat : de nombreuses installations du groupe Areva sont en surcapacité chronique. C'est bien la stratégie globale de l'entreprise qui a voulu croire à une renaissance du nucléaire qui est aujourd'hui en question", dénonce-t-elle. Pour la candidate, "il est temps d'organiser une sortie de crise par le haut pour les salariés du nucléaire".
"Je veux engager la transition énergétique, créatrice de 600.000 emplois dans les économies d'énergie et les énergies renouvelables. Ce sont les marchés d'avenir, tout comme le démantèlement et la gestion des déchets. Areva, grâce au savoir-faire de ses salariés, doit tirer son épingle de la nouvelle donne énergétique", conclut-elle.