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19 avril 2012 4 19 /04 /avril /2012 23:59

 

 

 

 

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www.quotidien.mutations-multimedia.com Jeudi 19 avril 2012 19:28

Les candidats de la droite et de la gauche jurent de bousculer l’ordre établi, avec pour le premier un bilan colorié de désillusions.

Que cherche Laurent Fabius sur le continent africain ? Entre décembre 2011 et février dernier, révèle l’hebdomadaire panafricain Jeune Afrique (J.A), l’ancien Premier ministre français s’est rendu au Bénin, au Togo et au Gabon où il a rencontré les trois chefs d’Etat de ces pays. Ces visites successives (l’on annonce une autre en Côte d’Ivoire) qui interviennent en pleine campagne électorale en vue de la présidentielle 2012 en France ne sont certainement pas fortuites. En effet, ainsi que l’indique l’association « Survie », très active dans la lutte pour la mise à mort de la Françafrique, «si Laurent Fabius n’est pas officiellement dans l’organigramme de campagne du candidat socialiste, il a néanmoins été missionné pour préparer le programme des «cent jours» de gouvernement de François Hollande», au cas où ce dernier est déclaré élu le 6 mai prochain.

Le changement ne semble donc pas être pour maintenant, voire pour demain dans la relation franco-africaine. Même si, le choc de mots et le poids des idées du favori des sondages, François Hollande, peuvent laisser entrevoir un électrochoc. En effet, dans son discours d’investiture le 22 octobre dernier à la Halle Freyssinet, l’ancien premier secrétaire du PS affirmait: «Notre République portera également, c’est son honneur comme son intérêt, une nouvelle politique à l’égard de l’Afrique. Ce continent, est en passe de jouer un rôle décisif. La France répudiera sans regret les miasmes de ce qu’on appelle la Françafrique. Elle jouera la carte du co-développement, comme le commandent avec autant de force le cœur et la raison».

Plus tôt, François Hollande, qui a pour conseiller Afrique l’ancien secrétaire d’Etat français Koffi Yamgnane (d’origine togolaise), s'engageait aussi à ne pas tenir « de discours comme ceux, profondément blessants, sur l'Homme africain de Nicolas Sarkozy ». En tout état de cause, le principal axe de ce qui pourrait être la politique africaine de la France sous l’ère Hollande est contenu dans ces propos de Thomas Mélonio, responsable de l'Afrique au Parti socialiste, propos tirés de son essai paru en juin 2011 et titré « Quelle politique africaine pour la France en 2012 ?» : «Sur le plan de la démocratie et des droits humains, la France doit être capable de repenser son rôle d'accompagnement des mouvements de démocratisation sans pour autant renouer avec les ingérences coupables du passé. La France a trop souvent pris acte de coups d'Etat ou failli à manifester ses réserves quant aux régimes en place. Le respect des droits de l'Homme et l'existence d'un Etat de droit doivent devenir des préalables indispensables à toute intervention. Pour continuer d'aider les populations des pays dont nous questionnons la gouvernance, il serait utile de développer la coopération avec les organisations non gouvernementales. Leur savoir-faire, leur connaissance du terrain et leur réactivité méritent qu'on leur accorde un plus grand rôle dans les dispositifs d'aide au développement dès lors que leur légitimité est avérée. Les fondations politiques pourraient quant à elle se voir apporter un soutien plus grand des pouvoirs publics français dans leur démarche d'aide à la démocratisation ».

Cet économiste, spécialiste de l’Afrique et des questions de développement précise, dans l’ouvrage sus évoqué, que «les politiques françaises développées en Afrique méritent également d'être reconsidérées, notamment leur versant militaire : il est nécessaire d'intégrer de plus en plus ces dispositifs dans les cadres de l'Union européenne, non seulement pour mutualiser les coûts qu'ils impliquent, mais aussi afin de diminuer le caractère sensible des interventions militaires françaises dans d'anciennes colonies. La coopération traditionnelle doit, enfin, laisser place à des formes de partenariats plus modernes et plus lisibles. Les objectifs assignés doivent être clarifiés et les canaux de l'aide plus transparents, la relation de partenariat technique doit évoluer dans sa formulation et répondre à une exigence de gestion plus collective des politiques de coopération internationale ».

Promesses

Quant à Nicolas Sarkozy, il a assuré en janvier dernier avoir mis fin à l'utilisation de «réseaux occultes» et d' «intermédiaires douteux» entre la France et l'Afrique, dans une interview accordée à la revue « Politique internationale ». Un bilan que lui conteste nombre d’observateurs, français ou non. Jean François Bayart, directeur de recherche en France, percevait ainsi, sous Sarkozy, en septembre 2010 dans la revue « Sciences politiques comparées», une « régression de la politique africaine de la France à des relations clientélistes avec des capitales subsahariennes, relations dont l’asymétrie n’est pas toujours celle à laquelle on pense spontanément».

Diffusé en décembre 2010, le documentaire de Patrick Benquet, «La Françafrique», est venu rappeler que la «rupture» proclamée par Nicolas Sarkozy en 2007 n’était qu’un slogan. On y a notamment vu comment l’Elysée a manœuvré pour imposer Ali Bongo comme président du Gabon, au détriment de Mba Obame, au terme d’une élection fort disputée. Le dernier livre du journaliste d’investigation Charles Onana, intitulé « Côte d’Ivoire, le coup d’Etat », qui met gravement en cause le président Sarkozy dans la chute de Laurent Gbagbo, a achevé de démontrer que le bilan africain du candidat de l’Ump n’est pas flamboyant.  De quoi affirmer avec le journaliste suisse Gilles Labarthe, dans son ouvrage «Sarko l’africain», paru en 2011, que Nicolas Sarkozy s’est contenté depuis 2007 « de réchauffer une vieille soupe de la « France-à-fric » en rallongeant juste le manche de la casserole par peur des éclaboussures ».

L’association « Survie » renchérit que «tous les pires régimes d’Afrique ont été reçus ou visités par l’Elysée depuis mai 2007 : Omar puis Ali Bongo (Gabon), Denis Sassou Nguesso (Congo-B), Paul Biya (Cameroun), François Bozizé (Centrafrique), Ismaël Omar Guelleh (Djibouti), Faure Gnassingbé (Togo), Mouammar Kadhafi (Libye), Abdelaziz Bouteflika (Algérie), Ben Ali (Tunisie), etc. A chacune de ces visites officielles, les atteintes aux droits de l’Homme ont été systématiquement reléguées au second plan ou passées sous silence (…) Lors de la visite officielle de Paul Biya en juillet 2009, pas un mot sur la modification de la Constitution au Cameroun, sur les nombreuses atteintes aux droits de l’Homme dans ce pays, en particulier les massacres de février 2008 ». C’est donc dire que les promesses de campagne n’engagent que ceux qui y croient…

Georges Alain Boyomo

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4 avril 2012 3 04 /04 /avril /2012 20:00

 

 

 

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             Ministère français des affaires étrangères dit "Quai d'Orsay"

 

Serge MUCETTI rejoint Bangui

Nommé le 1er mars ambassadeur de France en Centrafrique, Serge Mucetti, 55 ans, a beaucoup travaillé sur la thématique des Français établis hors de France au cours des dix dernières années. D’abord au sein de l’administration centrale du Quai d’Orsay (1999 – 2002) puis, après avoir occupé le poste de consul à Bruxelles, comme directeur de cabinet du secrétaire d’Etat chargé des Français de l’étranger, David Douillet, et de son successeur à ce poste, Edouard Courtial. Auparavant, ce conseiller des affaires étrangères hors classe, diplômé en droit et ancien élève des Instituts régionaux d’administration (IRA), était en poste à Rabat comme premier secrétaire de l’ambassade de France (1996 – 1999), puis comme consul (1999 – 2002). Sa nomination à Bangui constitue son premier poste d’ambassadeur. Pas le plus facile… Il succède à Jean-Pierre Vidon, nommé en 2008.

Source : Lettre du Continent n° 631 du 15 mars 2012

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3 avril 2012 2 03 /04 /avril /2012 00:02

 

 

 

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Survie France 2 avril 2012 rédigé le 1er février 2012 par Lena Yello

Un an après le tollé provoqué par les déclarations de Michèle Alliot-Marie sur la Tunisie, que reste-t-il de cette soudaine et tardive prise de conscience des députés de l’opposition ?

Cette question se pose avec d’autant plus d’acuité à l’heure où, à trois mois d’échéances électorales majeures, aucun parti ne semble vouloir mettre les questions du « domaine réservé » et de la présence militaire en Afrique au centre du débat public.

L’usage imposé par le général de Gaulle, et jamais remis en cause depuis, veut que les décisions militaires relèvent d’un « domaine réservé », selon l’expression inventée en 1959 par Jacques Chaban-Delmas, mais qui ne repose sur aucune base juridique. La Constitution de 1958, en imposant dans son article 35 que « la déclaration de guerre [soit] autorisée par le Parlement », offrait un flou propice pour toutes les autres opérations militaires, en affirmant seulement les rôles de « Chef des armées » du Président (art. 15) et de « responsable de la défense nationale » du Premier ministre (art. 21). C’est ce flou qui a toujours permis au gouvernement, qui « dispose (...) de la force armée » selon la Constitution (art. 20), et surtout à l’Elysée, de déclencher des opérations extérieures (Opex) sans se soucier de l’avis du Parlement. Une « exception culturelle française » puisqu’en Allemagne, en Italie ou au Royaume-Uni, par exemple, il ne pourrait être question de fonctionner autrement que par le vote régulier devant le Parlement pour tout engagement mili­taire extérieur.

Consultations sur les opérations, mais pas sur les bases

Dans le cadre de la réforme consti­tutionnelle obtenue par Nicolas Sarkozy le 23 juillet 2008, une nouvelle procédure d’information et de consultation du Parlement a été instaurée, en ajoutant à l’article 35 que « le Gouvernement informe le Parlement de sa décision de faire intervenir les forces armées à l’étranger, au plus tard trois jours après le début de l’intervention. Il précise les objectifs poursuivis. Cette information peut donner lieu à un débat qui n’est suivi d’aucun vote. Lorsque la durée de l’intervention excède quatre mois, le Gouvernement soumet sa prolongation à l’autorisation du Parlement. Il peut demander à l’Assemblée nationale de décider en dernier ressort. Si le Parlement n’est pas en session à l’expiration du délai de quatre mois, il se prononce à l’ouverture de la session suivante. »

Un progrès démocratique ? On pourrait le croire, puisque le Parlement est consulté dès septembre 2008 à propos de l’Afghanistan et, en janvier 2009, cinq opérations choisies par le gouvernement font l’objet d’une demande d’autorisation de prolongation : les opérations FINUL au Liban, ONUCI en Côte d’Ivoire, KFOR au Kosovo, Épervier au Tchad, et Boali en Centrafrique. Un choix qu’interroge le député Serge Janquin (PS), qui fait alors remarquer l’absence de « la plus récente de ces opérations, qui a plus de quatre mois, puisqu’elle a commencé en juin 2008, celle du soutien apporté aux troupes de la République de Djibouti, déployées sur la frontière de l’Érythrée ? ». Une question peut-être gênante, à l’heure où les négociations étaient en cours pour un nouvel accord de défense avec Djibouti.

Mais la grande absence dans cette consultation, qui s’est renouvelée en juillet dernier à propos de la Libye, est qu’elle omet les bases militaires permanentes en Afrique, en considérant que les soldats n’y sont pas en « opération ». Un artifice auquel il est urgent de mettre fin, en prenant au mot le député Jean-Paul Lecoq (PC), qui demandait, à l’occasion de ce débat parlementaire de janvier 2009, « la fin de l’ingérence militaire et la fin du domaine réservé de l’Élysée », et lors du débat à l’Assemblée du 2 mars 2011 sur les rapports entre la France et le continent africain qu’« il est indispensable que le Parlement s’investisse toujours plus dans la politique extérieure de la France. Domaine réservé (...) ne veut pas dire domaine hors du champ démocratique ».

De même, cette consultation se fait sans tenir compte du cadre fixé par les accords qui peuvent lier la France au pays d’intervention, et fournir ainsi un cadre légal (mais pas pour autant légitime) à l’opération. Ainsi, lors des débats, Bernard Cazeneuve (PS) s’est plaint que le Parlement soit laissé ignorant du contenu des accords de coopération et de défense pour lesquels les opérations ont été engagées : « Certes, le Président de la République a indiqué, dans son discours du Cap, en février 2008, qu’il entendait que la liste des accords de défense et de coopération soit rendue publique, mais jamais vous ne vous êtes engagés à porter à la connaissance du Parlement, en particulier des commissions, le contenu desdits accords, qui constitue le fondement juridique de notre engagement sur certains théâtres d’opérations extérieures sans lequel nous ne pouvons exercer pleinement le pouvoir de contrôle que vous dites vouloir nous reconnaître. »

Eviter le débat global

Des sénateurs de l’opposition ont aussi demandé, à plusieurs reprises, que soient envisagées les questions plus vastes de géostratégie qui amenaient le gouvernement à proposer la renégociation de ces accords ainsi que la prolongation des Opex, afin qu’ils puissent juger de leur portée et voter en toute connaissance de cause (notamment Daniel Reiner (PS) en commission des Affaires étrangères le 7 juillet 2010 ; Didier Boulaud (PS) et Michel Billout (PC) le 1er mars 2010). Insatisfaits de ce débat restreint, le PCF, EELV ainsi que le PG votèrent contre les accords de défense qui leur ont été soumis, tandis que le PS s’est abstenu.

Hélas, on peut craindre que ce choix fut une fois de plus guidé par un raisonnement sur la forme (contestant que la méthode de consultation ne leur permette pas d’appréhender pleinement le sujet et donc d’affirmer leur pouvoir parlementaire) que par une opposition sur le fond à ce type d’accord et d’ingérence.

De son côté, en précipitant le vote des accords avec le moins possible de débat, le gouvernement a évité une éventuelle discussion approfondie sur sa politique avec les pays concernés mais également sur l’ensemble des engagements militaires français sur les autres terrains que ceux concernés par chaque vote (par exemple les opérations contre la piraterie dans l’océan Indien et le golfe de Guinée, ou le redéploiement militaire dans le Sahel...).

Il faut reconnaître au sénateur communiste Michel Billout d’avoir souligné en séance le 1er mars 2010, cet aspect occulté lors du débat, et au député communiste Jean-Jacques Candelier, secrétaire de la commission Défense, d’avoir rappelé le 7 avril 2011 que « la création d’une base [militaire] à Abou Dhabi », non discutée, s’insère aussi dans la stratégie française.

L’un des arguments de la « rupture » mise en avant par le gouvernement est le renoncement de l’objectif d’appui au maintien de l’ordre dans les nouveaux accords. Mais le député PS Gaëtan Gorce (devenu depuis sénateur) rappelait le 5 avril dernier, lors du débat sur ce partenariat de défense nouvelle formule avec le Cameroun, le Togo et la Centrafrique, que certains articles « pourrai[en]t faire douter de la réalité de l’abrogation des clauses relatives au maintien de l’ordre », et s’interrogeait légitimement : « Le Parlement pourra-t-il contrôler que ces textes respectent bien les principes des accords [examinés] ? ».

Rien n’est moins sûr, en effet. Car, tout comme la consultation sur la prolongation des Opex, le vote du Parlement des accords de Défense renégociés a au moins un objectif clair : que rien ne change. C’est clairement ce qu’exposait Laurent Wauquiez, alors ministre chargé des Affaires européennes, qui rappelait sans complexe, le 7 avril, lors de la discussion à l’Assemblée du projet de loi autorisant la ratification du traité instituant un partenariat de défense avec le Gabon, le Cameroun, le Togo, et la Centrafrique, « que la signature de cet accord ne modifie pas le dispositif des forces françaises présentes au Gabon ». Nous voilà rassurés !

C’est reparti pour 50 ans ?

Pour autant, le vote des lois autorisant la ratification de ces accords n’a pas provoqué de tollé, et l’on n’a guère entendu l’opposition dénoncer le main­tien de cette politique néocoloniale. La signature des accords avait certes eu lieu, en partie, avant la prétendue prise de conscience provoquée par les déclarations d’Alliot-Marie [1] : 13 mars 2009 pour le Togo, 24 février 2010 pour le Gabon, 8 avril 2010 pour la Centrafrique, 21 mai 2010 pour le Cameroun... Mais la loi sur leur ratification lui est bien postérieure.

Et, bien évidemment, les négociations et signatures se poursuivent : 27 septembre 2011 avec les Comores, 21 décembre 2011 à Djibouti (en pleine répression de mouvements sociaux sur place !), et ce 26 janvier 2012 avec la Côte d’Ivoire, à l’occasion de la visite à Paris d’Alassane Ouattara, officialisant ainsi le maintien en permanence de 250 à 300 soldats français dans le pays. Reste le Sénégal, avec lequel les discussions sont en cours, mais qui pourraient bien achopper sur le célèbre appétit d’Abdoulaye Wade en termes de contreparties financières, et rendues inopportunes par le contexte électoral actuel ; et enfin le Tchad, avec lequel il est question de signer un accord de défense alors qu’il n’y en a jamais eu, mais où les négociations n’auraient officiellement pas commencé avec Idriss Deby qui s’est fendu, pour la circonstance, de quelques déclarations hostiles au maintien de l’armée française, à laquelle il doit pourtant son siège de dictateur...

La renégociation de ces accords ne répond qu’à ce que les auteurs du Livre Blanc sur la Défense traduisent par un « enjeu de l’image », et est attendue comme un signe de coopération de la France vis-à-vis des Etats-Unis et des pays de l’Union Européenne. Mais, à l’instar de la prolongation des Opex, elle n’est nullement devenue un enjeu de politique extérieure pour les partis d’opposition, qui se sont jusqu’ici limités à quelques prises de position plutôt motivées par une défense des prérogatives du Parlement que par la contestation du néo-colonialisme militaire français en Afrique. Cette frilosité, voire ce consensus implicite, rappellent la nécessité et l’urgence d’un débat public sur ces enjeux.

[1] MAM expliquait aux députés, à propos de la révolution en cours en Tunisie, que la France pourrait proposer son savoir-faire en matière de maintien de l’ordre.

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6 mars 2012 2 06 /03 /mars /2012 18:15

 

 

 

 

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www.lesinrocks.com06/03/2012 09H44

Dans un entretien récent au Parisien, le député-maire de Levallois-Perret laissait percer une certaine fierté à endosser le rôle de “Monsieur Afrique”. Mais à y regarder de plus près, ses escapades et son influence africaines ne sont que poudre aux yeux.

Il y a des filles qui, depuis toutes petites, surveillent leur tour de taille, en espérant devenir miss France. Il y a des hommes qui, depuis l'enfance, remplissent compulsivement leur carnet d'adresses en rêvant secrètement d'obtenir le titre de "Monsieur Afrique". Celui qui a l'oreille du pouvoir, qui détient les bons réseaux, conclut de grands contrats, agit discrètement sous les ors des palais. Pour partir à l'assaut du continent africain, Patrick Balkany, député-maire de Levallois, semblait surtout posséder la première qualité : celle d'être "l'ami de Nicolas". Durant le quinquennat sarkozyste, on l'aura vu accompagner le président français en Libye, soutenir un putschiste en Mauritanie, accueillir l'ambassade du Tchad dans des locaux municipaux ou encore se vanter d'avoir palabré uranium au Congo.

Dans Le Parisien du 7 février, celui que certains surnomment désormais le "Foccart de Levallois" concède une interview dite exclusive. Serein, presque jovial, il assure avoir apporté sa modeste pierre à la conclusion d'un contrat aussi titanesque que chaotique.

"Balkany n'avait pas de rôle dans cette affaire"

En juin 2007, Areva annonçait le rachat de la start-up canadienne Uramin qui dispose de permis miniers en Afrique (Namibie, Centrafrique et Afrique du Sud). Coût de l'acquisition : 1,82 milliard d'euros. Mais, rapidement, les ressources en uranium se révèlent moins importantes qu'escomptées. De plus, il y a un os : le gouvernement centrafricain conteste la licence d'exploitation du site de Bakouma. En avril 2008, Balkany passe alors par Bangui, capitale de la République centrafricaine. S'il dit n'avoir "eu aucun rôle" dans les négociations, il affirme pourtant avoir fait "en sorte que les deux parties [Areva et le gouvernement local - ndlr] puissent se rencontrer et parler". Balkany explique alors que son "ami" Georges Forrest, un homme d'affaires belge controversé* à la tête d'un groupe minier international, lui a demandé de l'accompagner car, en tant que député-maire de Levallois, il "connaî[t] très bien François Bozizé", le président de la République centrafricaine.

Joint à Kinshasa, capitale de la république démocratique du Congo (RDC), Georges Forrest rigole quand nous évoquons son "ami" :

- "C'est une connaissance, nous corrige d'entrée l'ancien consul honoraire de France en RDC (son fils vient de le remplacer). Balkany n'avait pas de rôle dans cette affaire. Pour Uramin, on m'avait demandé de faciliter la chose car il y avait beaucoup de problèmes, je l'ai réglée seul et à l'amiable.

- Vous n'avez pas eu besoin de Patrick Balkany ?

 - (rires) Certainement pas. Ça, je peux vous le confirmer car ici, nous sommes la quatrième génération à vivre en Afrique. (rires bis)

 - Il survendrait son rôle alors ?

- Peut-être qu'il aime bien se mettre en valeur..."

Il y a deux ans, la direction d'Areva ne disait pas autre chose au Canard enchaîné: "Patrick Balkany s'est poussé du col, pas besoin de lui pour faire notre travail. En revanche, nous avons discuté avec Forrest..."

L'ami de Nicolas aurait-il une fâcheuse tendance à bomber le torse devant les journalistes français ? Théoriquement, quand on est à la fois aspirant Monsieur Afrique et déjà condamné à deux ans d'inéligibilité pour avoir confondu employés municipaux et employés de maison, on cherche plutôt l'ombre.

"Il n'a aucune légitimité africaine"

"Dans le trio infernal de la Françafrique sarkozienne, entre Guéant, Bourgi et Balkany, cherchez l'erreur de casting", ironise Vincent Hugeux, journaliste à L'Express et auteur de L'Afrique en face. Qu'est-ce qui vaut à Balkany, à ma grande stupéfaction, de jouer un rôle sur certains grands dossiers ? C'est uniquement sa proximité avec Nicolas Sarkozy. Il n'a aucune légitimité africaine."

Un universitaire français spécialiste des réseaux africains dégrade encore l'image du griot des Hauts-de-Seine.

"Il avait des relais dès l'instant qu'il rappelait à tout le monde que son ami était président. Mais aujourd'hui en Afrique, le président français est 'fatigué' comme on dit. L'influence africaine de Balkany c'est de la poudre de perlimpinpin. A part peut-être du côté de Wade au Sénégal et de Camara en Guinée."

En 2009, quelques jours avant l'élection présidentielle mauritanienne, un avion Challenger Bombardier 550 - appartenant au peu démocratique gouvernement du Kazakhstan - s'envole vers l'Afrique de l'Ouest. Destination Nouakchott, capitale de la Mauritanie. On trouve à son bord l'intermédiaire tunisien et lobbyiste Lyès Ben Chédli, des représentants d'un grand groupe minier et Patrick Balkany. Après un "excellent déjeuner dans la demeure personnelle du Premier ministre", nous assure Lyès Ben Chédli, le jet décolle pour Nouadhibou, capitale économique du pays. Là, Balkany rencontre pendant une heure, en tête à tête, le général Mohamed Ould Abdel Aziz qui, un an plus tôt, a pris le pouvoir par un putsch.

Quelques jours plus tard, le général sera élu président dans des conditions douteuses. "Un coup d'Etat électoral", s'époumonera l'opposition.

Le député français ne s'embarrasse pas de ces détails. "Bien sûr, la présence de monsieur Balkany était une marque de soutien au candidat Aziz", nous confirme Lyès Ben Chédli. Benoîtement, nous demandons pourquoi le maire d'une commune des Hauts-de-Seine tient ce rôle d'émissaire.

- "C'est un élu du peuple français. Il est maire et député.

 - Justement, il n'est pas ministre des Affaires étrangères...

 - Si la France n'était représentée que par le MAF, elle n'avancerait pas beaucoup. Un ministre ne peut pas se diviser en dix."

En réaction à ces propos, un membre du Quai d'Orsay nous rappelle que son institution diplomatique "ne peut être tenue responsable des actions de tout le monde". Même en off, il ne voudra pas préciser davantage son sentiment. Nous interrogeons donc des collègues de l'Assemblée nationale sur l'implication de Patrick Balkany dans la commission des Affaires étrangères de l'Assemblée nationale. "Il est peu présent lors des auditions, nous glisse un député UMP expert de l'Afrique. Et monsieur Balkany n'est pas plus spécialiste de l'Afrique qu'un autre."

Le journaliste Vincent Hugeux confirme : "Sa vision de l'Afrique est extrêmement sommaire, pour rester charitable. Du continent, Balkany ne connaît guère que des chefs d'Etat, des hommes d'affaires et quelques palaces."

Le maire de Levallois ne perd jamais une occasion d'entretenir des liens étroits avec son réseau africain. Le 19 août 2008, sa commune signe avec la République du Tchad un contrat de 5,7 millions d'euros. Il s'agit de réhabiliter l'ambassade du Tchad en France et de l'accueillir entre-temps dans des locaux municipaux. Quand la Chambre régionale des comptes en est informée, elle dénonce cet arrangement dans un rapport : "Quoique lucrative, cette opération est critiquable car elle ne présente pas de liens avec le champ de compétences de la Ville de Levallois-Perret, qui est limité par l'intérêt communal."

"Ne vaudrait-il pas mieux qu'il s'occupe d'autre chose que l'Afrique ?"

Autre lien municipal avec l'Afrique : le Comité d'échanges et de relations internationales. L'opposition locale demande plus de transparence sur le fonctionnement de cette association qui touche 80 000 euros de subventions annuelles. D'après la conseillère municipale socialiste Anne-Eugénie Faure, les rapports d'activité annuels se sont limités "en 2007, 2008 et 2009 [à] un vulgaire copié-collé, mot à mot, de deux pages". Après avoir dénoncé cette utilisation abusive du carbone, le rapport de 2010 a été "plus fourni et reformulé. Mais il n'est toujours pas réellement précis sur l'utilisation de la subvention", se désole Anne-Eugénie Faure.

Le sens politique africain de M. Balkany va se manifester lors d'un ultime épisode : la Guinée. Le 17 septembre 2009, le député-maire recevait un ministre de la junte guinéenne. Il affirme à l'occasion que le ministère des Affaires étrangères français est "à côté de la plaque". Pour lui, la "candidature de Moussa Dadis Camara ne pose pas de problème. C'est un citoyen guinéen comme les autres". Onze jours plus tard, Camara fait tirer sur la foule, entraînant plus de cent cinquante morts. Sur ce coup-là, son ami Nicolas piquera une grosse gueulante.

Patrick Balkany a refusé de répondre à nos sollicitations. Nous avons donc demandé à Jean-François Probst, ancien collaborateur de Jacques Chirac et fin connaisseur de l'Afrique, quelle question il aurait eu envie de poser à monsieur Balkany. Il marque une pause puis lâche : "Ne vaudrait-il pas mieux que ce trublion, ou turlupin comme vous voulez, s'occupe d'autre chose que de l'Afrique?"

Geoffrey Le Guilcher

*Epinglé en 2002 dans un rapport d'experts de l'ONU pour avoir alimenté la région des Grands Lacs en armes légères, Georges Forrest a été blanchi par le Sénat belge.

 

 

 

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14 février 2012 2 14 /02 /février /2012 03:24

 

 

 

anne-lauvergeon-en-mars-2010-

 

Mines  Uranium : Pékin, chevalier blanc du minerai jaune


13/02/2012 à 16h:14 Par Michael Pauron Jeune Afrique

Avec un programme de 27 réacteurs nucléaires, la Chine permet au secteur de ne pas déprimer. Si bien que, malgré la catastrophe de Fukushima, les experts prévoient une hausse de la demande en uranium.

Où va la filière uranium ? Certes, l'accident de Fukushima, en mars 2011, au Japon, et la fin programmée du nucléaire en Allemagne - notamment - ont fait chuter les prix du minerai de 70 dollars la livre avant la catastrophe à 50 dollars en fin d'année. Certes, le français Areva, empêtré dans le scandale du rachat d'Uramin, a décidé de suspendre ses projets en Namibie et en Centrafrique pour au moins deux ans. Certes, sa mine d'Imouraren, au Niger, l'une des plus importantes du monde, pourrait par ailleurs ne pas démarrer avant 2016...

Pénurie

Areva empêtré avec Uramin

Le secteur a eu son drame avec Fukushima, et son scandale avec Areva : en rachetant en 2007, pour 1,8 milliard d'euros, la société canadienne Uramin, propriétaire de trois sites en Afrique du Sud, en Centrafrique et en Namibie, le groupe français a fait la plus mauvaise affaire de son histoire. Surévaluées, les mines se révèlent décevantes et chères à développer. Un rapport de 2010 établissait déjà clairement qu'il s'agissait d'une « opération douteuse » et « potentiellement frauduleuse ». L'ancienne patronne, la charismatique Anne Lauvergeon, est-elle coupable ? Une nouvelle enquête devrait déterminer la chaîne des responsabilités. M.P.

Mais, à y regarder de plus près, il y a des signes encourageants. Et l'un des plus significatifs vient de Chine. Le géant asiatique prévoit la construction de 27 réacteurs nucléaires, et d'aucuns prédisent même une pénurie de combustible à moyen terme. Pour Steve Kidd, directeur général adjoint de l'Association mondiale du nucléaire, « l'impact sur l'approvisionnement se fera sentir dans cinq ans ». La production d'énergie nucléaire devrait ainsi atteindre 777,8 millions de tonnes équivalent pétrole (tep) en 2020 et plus de 1 milliard de tep en 2030. Selon le groupe pétrolier BP, « la plus grande part de la croissance de la production d'énergie nucléaire viendra de la région Asie-Pacifique ».

Patience

Avec le plus grand programme nucléaire mondial, la Chine cherche à sécuriser ses approvisionnements. Chargée de ce plan, la firme publique China Guangdong Nuclear Power Corporation (CGNPC) a ainsi finalisé en décembre, après presque un an de tractations, le rachat de Kalahari Minerals (basé et coté à Londres), pour 989 millions de dollars (près de 750 millions d'euros). La patience du groupe chinois a payé : avant Fukushima, CGNPC avait fait une proposition de 1,23 milliard de dollars... Surtout, Pékin s'offre, à travers cette acquisition, 42,5 % d'Extract Resources, une société australienne qui développe la mine d'uranium namibienne de Husab et dont l'autre actionnaire principal n'est autre que Rio Tinto, avec 14 %. Faute d'expérience dans les mines (il est davantage un producteur d'énergie), il est fort probable que CGNPC désigne Rio Tinto comme opérateur.

Extract Resources a peut-être eu de la chance en voyant arriver les Chinois. Ces derniers pourraient bien être, en cette période d'incertitude, les seuls à vouloir encore investir sur le long terme. Jonathan Leslie, patron de la société australienne, ne cachait d'ailleurs pas son pessimisme au lendemain de la catastrophe japonaise : « Les nouveaux projets auront du mal à trouver des financements », disait-il. C'était compter sans l'empire du Milieu.



Areva : nouveaux éléments sur Uramin

Europe1.fr  13 février 2012 à à 22h04

A la veille de la remise d'un rapport sur "les conditions d’acquisition et d’exploitation" de la société minière Uramin, deux documents sèment le trouble à la direction d'Areva, rapporte Le Parisien.

Réalisés en mai 2007 par des ingénieurs d'Areva, les deux rapports portent sur les qualités des trois gisements d'Uramin, en Namibie, Centrafrique et Afrique du Sud. Or, la deuxième version, "est beaucoup plus engageante dans la perspective d'une acquisition" note le quotidien.

Et le journal de poser la question : l'ancienne direction d'Areva aurait-elle "caviardé" les informations transmises à l'Etat afin de pousser au rachat de la société Uramin ?

 

Matthieu Pelloli et Elisabeth Fleury Le Parisien 13.02.2012, 18h07

L’ancienne direction d’Areva a-t-elle «caviardé» les informations transmises à l’Etat, en mai 2007, afin de pousser au rachat de la société UraMin, indispensable aux yeux des dirigeants de l’époque, pour sécuriser l’approvisionnement du groupe en uranium? A la veille de la remise du rapport de son comité spécial sur «les conditions d’acquisition et d’exploitation» de cette société minière canadienne, la question taraude les dirigeants actuels d’Areva.

Deux documents, remis il y a quinze jours au comité spécial d’Areva et que le Parisien a pu consulter, sèment le trouble. Tous deux synthétisent des études techniques, réalisées en mai 2007 par des ingénieurs d’Areva, sur les trois sites d’UraMin : Trekkopje (Namibie), Bakouma (Centrafrique) et Ryst Kuil (Afrique du Sud).  Dans une première version, des réserves sont émises sur la valeur et les conditions d’exploitations des gisements. Une deuxième version, expurgée d’un certain nombre de commentaires négatifs, est beaucoup plus engageante dans la perspective d’une acquisition.

C’est cette version, «présentée par Anne Lauvergeon en conseil de surveillance le 16 mai 2007 et en comité stratégique le 22 mai 2007», affirme-t-on chez Areva, qui a été transmise à l’Agence des participations de l’Etat (APE). En juin 2007, cette dernière donnait son feu vert à l’acquisition des trois sites, pour un montant d’1,8 milliard d’euros. 

DES COMMENTAIRES NEGATIFS SUPPRIMES

A propos du management d’UraMin. La version 1 relève un «manque d’expérience dans le domaine de l’uranium» et une «planification des projets [qui] paraît optimiste notamment sur Bakouma et dans une moindre mesure sur Ryst Kuil ». Autant d’éléments qui ne figurent pas dans la version 2.

A propos du gisement de Bakouma. La version 1 insiste : «On est au début de l’étude de faisabilité ; seule une étude conceptuelle sur la méthode minière est disponible, il y a donc peu de données fiables». La version 2 est beaucoup moins précise : «On est au début de la nouvelle étude de faisabilité». De même, les réserves de la version 1 à propos de l’«absence d’infrastructures et du contexte politique du pays» ne figurent plus dans la version 2.
A propos du gisement de Ryst Kuil. La version 1 évoque un «calendrier du projet [qui] reste flou». Une mise en garde qui ne figure plus dans la version 2.


LE SENS D’UNE PHRASE MODIFIE

A propos du site de Trekkopje, la version 1 évoque une «incertitude sur le taux de récupération par la méthode lixiviation en tas alcaline (NDLR : un procédé de collecte de l’uranium) non encore testée en production industrielle». La version 2 dit l’inverse : «Les tests ont permis de conforter la méthode de récupération par lixiviation en tas alcaline».

«L’Etat actionnaire a été floué», déplore une source proche d’Areva. Une version fermement contestée par l’ex-présidente du géant nucléaire. «Ces deux documents ne sont que les présentations résumées de travaux, analyses et documents de haute technicité. Or toute la vraie documentation technique brute a été fournie à l’APE qui a pu s’en faire expliquer les contenus par les ingénieurs d’Areva», minimise Me Versini-Campinchi, l’avocat d’Anne Lauvergeon.

Le Parisien

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8 février 2012 3 08 /02 /février /2012 14:35

 

 

 

 

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7 février 2012 2 07 /02 /février /2012 17:06

 

 

 

 

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Affaire UraMin : quand Balkany jouait les intermédiaires en Afrique

Matthieu Pelloli le 07.02.2012, 08h08

Patrick Balkany, député-maire (UMP) de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), a servi d’intermédiaire, en 2008, lors de l’achat par Areva des mines d’uranium africaines d’UraMin. Il nous livre sa version des faits.

De Levallois-Perret (Hauts-de-Seine), les mines d’uranium de Bakouma, en Centrafrique, peuvent sembler bien lointaines. C’est pourtant Patrick Balkany, député-maire (UMP) de la ville, qui a contribué à remettre sur les rails une affaire mal engagée. Une source proche de François Bozizé, le président centrafricain, affirme au « Parisien » - « Aujourd’hui en France » l’avoir vu sur place.

Le scandale de l’achat, par Arevaen 2007, de la société Uramin n’en finit pas de révéler les rebondissements de son incroyable scénario.

Après le fiasco financier (près de 2 Mds € partis en fumée), les revers industriels en Namibie (gisement à faible teneur), il apparaît que le groupe nucléaire a failli ne jamais obtenir la licence d’exploitation de son site de Bakouma, le gouvernement contestant le transfert des droits. Après plusieurs mois de tractations infructueuses entre Areva et les autorités, le dialogue est rompu. C’est à ce moment, en avril 2008, qu’intervient Patrick Balkany, qui remet les deux parties à la table des négociations. Le Foccart de Levallois — un surnom qu’il récuse — connaît bien le continent et personnellement plusieurs chefs d’Etat. Il a découvert l’Afrique au tournant des années 1990, dans le sillage de Charles Pasqua. Aujourd’hui, il n’y jouerait plus aucun rôle. « Patrick Balkany n’existe pas dans notre organigramme, insiste-t-on au Quai d’Orsay. La Françafrique, c’est terminé! »

Il y multiplie les escapades

Il reste que, « depuis 2007, l’ex-Pasqua boy sillonne l’Afrique avec pour tout viatique son statut, volontiers brandi, d’intime de Nicolas. Ce qui vaut bien davantage que le maroquin de ministre ou la dignité d’ambassadeur », insiste Vincent Hugeux, auteur de « l’Afrique en face »*. Le député-maire de Levallois multiplie les escapades, joue les touristes au Katanga chez son « ami » Georges Forrest, les intermédiaires pour Areva en Centrafrique chez son « ami » le président François Bozizé. Lequel l’invite, en 2010, pour lui remettre la médaille de commandeur dans l’ordre du Mérite. « Je suis un ami de l’Afrique », commente sobrement l’intéressé. Jean-François Probst, consultant international, reste sceptique : « Balkany est un money maker, il ne travaille pas uniquement pour la gloire de la France. »

(*) « L’Afrique en face. Dix clichés à l’épreuve des faits ». Editions Armand Colin, 2010, 192 p., 16 €.

Le Parisien

 

Centrafrique: Balkany intermédiaire pour Areva?

Par Europe1.fr

Patrick Balkany serait intervenu en Centrafrique pour relancer le dialogue entre Areva et les autorités du pays au sujet de l'exploitation des mines d'uranium de Bakouma, indique mardi Le Parisien. Le député UMP de Levallois-Perret a été vu en avril 2008 dans le pays, affirme une source proche du président centrafricain François Bozizé.

Ces révélations interviennent alors que "le scandale de l’achat, par Areva en 2007, de la société Uramin n’en finit pas de révéler les rebondissements de son incroyable scénario", relève le quotidien. Au Quai d'Orsay, on insiste sur le fait que Patrick Balkany ne joue aujourd'hui plus aucun rôle en Afrique.

 

« En Centrafrique, les gens d’Areva sont arrivés en pays conquis » PATRICK BALKANY député-maire de Levallois-Perret

Le Parisien 07.02.2012, 08h07

Le député-maire UMP de Levallois-Perret (Hauts-de-Seine) s’explique sur son rôle en Afrique.

Etiez-vous à Bangui, au printemps 2008, dans le cadre de négociations entre Areva et le gouvernementcentrafricain ?


PATRICK BALKANY. Oui. J’effectuais mon travail de parlementaire, membre de la commission des Affaires étrangères, c’est-à-dire l’entretien de relations amicales avec d’autres pays, et notamment ceux d’Afrique où les grandes sociétés nationales ont des intérêts.

Parce que le problème, c’est que François Bozizé ne voulait pas recevoir les gens d’Areva! J’ai dû passer une journée là-bas, je ne suis même pas sûr d’y avoir passé la nuit.

Pourquoi ce blocage entre Areva et l’Etat centrafricain ?

Areva avait seulement oublié une chose en rachetant UraMin! La licence d’exploitation de Bakouma, qui stipulait qu’en cas de cession l’autorisation du ministère des Mines centrafricain était obligatoire. Les gens d’Areva sont arrivés en pays conquis et les autorités centrafricaines ont été très vexées. La France se retrouvait avec une exploitation dont elle risquait de se faire dessaisir pour non-respect du contrat. Tout ce que j’ai fait, c’est faire en sorte que les deux parties puissent se rencontrer et parler.

Un proche du président Bozizé affirme pourtant vous avoir rencontré lors de ces négociations ?

Sans doute m’a-t-il rencontré lors du déjeuner avec le président. Quand on vous reçoit là-bas, on ne vous accueille pas entre deux portes. Donc Bozizé réunit son cabinet, ses ministres, et on fait un repas amical.

François Bozizé vous a forcément parlé d’Areva. Qu’avez-vous dit ?

Je lui ai dit qu’il n’avait aucun intérêt à être en conflit avec une société nationale française. Bozizé sait qu’il a besoin de notre pays et je crois que je suis dans mon rôle quand je lui dis ça.

Au final, le gouvernement centrafricain obtient 30,5 M€ et 12% des bénéfices de la future production de Bakouma…

Tant mieux pour la Centrafrique et pour la France! Mais je n’ai eu aucun rôle, je ne suis ni cadre chez Areva ni mandaté par le gouvernement pour m’occuper d’Areva.

Est-ce vrai que George Forrest, un homme d’affaires belge, a servi de facilitateur lors des négociations ?

Oui, j’étais avec lui à Bangui. Areva, qui avait besoin d’aide, l’avait trouvé car les mines, c’est son métier. Forrest m’a demandé de l’accompagner parce que je connais très bien Bozizé. Forrest est effectivement intervenu officiellement dans les négociations, comme « facilitateur ». Moi, je le répète, je suis resté totalement extérieur à tout ça…

Avez-vous joué le rôle d’émissaire officieux du président en Afrique ?

Jamais! Il y a à l’Elysée des diplomates du Quai d’Orsay chargés des relations officielles de la France. Il m’arrive de me déplacer en Afrique, mais ce sont des visites de courtoisie, pas de la diplomatie parallèle.

 

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23 janvier 2012 1 23 /01 /janvier /2012 22:00

 

 

 

François Hollande au Bourget

 

 

PARIS (Reuters) - Par un discours aux accents "mitterrandiens" ancré à gauche, ciblé contre la finance et saupoudré de touches personnelles, François Hollande a fait entrer dimanche la campagne présidentielle française dans une phase nouvelle.

Pour les analystes interrogés par Reuters, le candidat socialiste attendu au tournant a bien négocié ce premier virage d'où il ressort doté d'une stature qui restait à démontrer.

Les sondages devraient bientôt mesurer le bénéfice qu'aura su tirer le député de Corrèze d'un premier acte à même de bousculer le quatuor de tête qu'il formait jusqu'ici avec un Nicolas Sarkozy pas encore candidat, la présidente du Front national Marine Le Pen et le centriste François Bayrou.

"Tout le monde se demandait s'il allait sortir du flou, certains craignaient qu'il ne soit pas à la hauteur de la fonction présidentielle", rappelle Mariette Sineau, chercheur au Centre national de recherche scientifique.

"Force est de constater que ce fut réussi tant sur la forme que sur le fond, avec un discours qui avait du souffle, où on retrouvait une rhétorique 'mitterrandienne' avec des effets de répétition, la même gestuelle", ajoute cette spécialiste de l'histoire de la gauche.

De l'amour des gens au mépris de l'argent, Le Monde recense ainsi les mimétismes entre François Hollande et l'ancien président François Mitterrand, à l'origine de l'entrée en politique du candidat PS, né dans un milieu plutôt conservateur.

Mariette Sineau fait un parallèle entre le discours du Bourget et "le tournant historique" de celui qui avait installé, le 14 janvier 2007 porte de Versailles, Nicolas Sarkozy en tête de l'opinion jusqu'à la victoire finale.

"IL A SU SURPRENDRE"

Jean-Daniel Lévy, de l'institut Harris Interactive, a noté dans les propos prononcés devant 20.000 personnes enthousiastes "une tonalité plutôt positive".

"On entrevoit peu de faiblesses. L'UMP était d'ailleurs en difficulté pour trouver un angle d'attaque", dit-il, tandis que Mariette Sineau juge "un peu à côté de la plaque" les critiques du ministre de l'Intérieur Claude Guéant sur le "discours d'incantation" du candidat, et le "gigantesque numéro de démagogie" pointé par le secrétaire général de l'UMP Jean-François Copé.

Jérôme Sainte-Marie, directeur du département opinion de CSA, salue une "prestation risquée" de la part d'un candidat qui, étant donné ses bons scores dans les sondages, où il fait la course en tête, "avait plus à perdre qu'à gagner".

"Il a su surprendre, j'ai moi-même été surpris, ce qui n'était pas évident pour un exercice aussi attendu", dit-il.

Le politologue reconnaît que le candidat a su éviter l'écueil d'une "'balladurisation' de sa campagne", c'est-à-dire la tentation d'une non-campagne à la manière de l'ex-Premier ministre Edouard Balladur en 1995 et "le risque de 'jospinisation'" - coller au centre-gauche en oubliant ses électeurs du premier tour, une posture qui avait éliminé Lionel Jospin du second tour au profit du Front national en 2002.

Concentré sur le bilan du président sortant ces dernières semaines, François Hollande a ouvert au Bourget, près de Paris, un chapitre actif en dévoilant 80% du projet dont il donnera derniers détails et chiffrage jeudi à Paris.

"C'était un discours à gauche mais pas trop, car il a quand même rappelé la nécessité d'un retour à l'équilibre des finances d'ici la fin du quinquennat", souligne Mariette Sineau.

"Et il a surpris tout son monde en dévoilant des mesures nombreuses sur l'école, la laïcité, la justice, l'impôt, le logement social ou encore le salaire du président".

LA FINANCE COMME CIBLE

Prononcé à 38 reprises, comme s'est amusé à compter Le Parisien, le mot "égalité" pourrait selon elle toucher "les fragiles qui vivent la crise dans leur chair, pour qui ce discours va probablement faire date et avoir un écho".

Reste à savoir s'il saura convaincre les électeurs du Front national ou du Front de gauche, qui totalisent à eux deux près de 30% des intentions de vote.

Jean-Daniel Lévy remarque que "François Hollande n'est pas allé directement sur le terrain de Nicolas Sarkozy" de la gestion de la crise "en se présentant comme le meilleur pour défendre la République, la Nation, l'égalité, un terrain sur lequel les enquêtes d'opinion disent qu'il est plus fort".

Sans jamais citer le nom du président sortant, le candidat PS a fait du monde de la finance son principal adversaire.

Un discours qui a convaincu Christophe Nijdam, analyste chez Alphavalue.

"Bien que n'étant pas de son bord politique, je suis plutôt en phase avec M. Hollande sur la séparation banque de détail/banque d'investissement, l'interdiction des activités des banques dans les paradis fiscaux et une taxe 'Tobin' généralisée", dit cet ancien dirigeant bancaire. "Cette fois-ci je serais plutôt enclin à voter 'citoyen', estimant que la finance doit servir l'économie et non l'inverse".

Un analyste londonien ayant requis l'anonymat est plus catégorique : "C'est tellement caricatural et populiste qu'on se demande si ce genre de déclaration rend son programme plus crédible", dit-il. "De toute façon on sait que pendant cette campagne, les banques ne seront pas logées à la bonne enseigne".

Avec Emmanuel Jarry et Matthieu Protard, édité par Yves Clarisse

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23 janvier 2012 1 23 /01 /janvier /2012 01:13

 

 

 

 

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Mes chers amis, vous qui êtes ici, vous qui me regardez de loin, de plus loin même, je suis venu vous parler de la France, et donc de la République. Je suis venu vous parler de la France qui souffre, mais aussi de la France qui espère. Je suis venu vous parler de la France d’aujourd'hui – une page est en train de s’effacer – et de la France de demain – nous sommes en train de l’écrire. Je suis venu vous parler de la France que nous allons construire le 6 mai. Je le fais ici en Seine-Saint-Denis, ce département aux multiples couleurs, le plus jeune de France, qui accumule tant de difficultés, et qui en même temps recèle tant d’atouts.

Chacune, chacun, ici, plus loin, en métropole, en Outre-mer a son histoire, ses racines, son parcours, ses préférences, sa singularité. Mais nous appartenons à la même Nation, avec ses valeurs, ses principes, sa culture, sa langue, ses institutions et nous aspirons donc au même avenir. L’enjeu de cette campagne qui commence, n’allez pas le chercher dans un affrontement partisan. L’enjeu de cette campagne va bien au-delà de nous, de la Gauche. L’enjeu de cette campagne, à trois mois du premier tour, c’est la France. C’est la France, toujours.

Devant vous rassemblés, foule nombreuse, des milliers, je ressens une profonde émotion, celle d’exprimer votre conviction, votre volonté, votre espérance. Je mesure la fierté d’avoir été désigné par des primaires citoyennes comme candidat à l’élection présidentielle. J’ai conscience de la tâche qui est la mienne : incarner le changement, faire gagner la Gauche et redonner confiance à la France.

Nous sommes ici, mes chers amis, pour changer le destin de notre pays. Je suis prêt à assumer cette responsabilité et donc à vous dire quelle est ma conception de la présidence de la République, et ce qui justifie que je me présente aujourd'hui. Quelle est la plus grande mission que de présider la République française ?

Présider la République, c’est se dévouer à l’intérêt général, dont toute décision doit procéder. C’est éprouver la France par sa raison et dans son cœur. C’est prolonger l’histoire de notre pays, qui vient de loin, avant la République, avec la République, et qui a souvent, si souvent éclairé l’histoire du monde. C’est se situer à cette hauteur. C’est s’en montrer digne, partout, en tout lieu et dans tous les actes qu’exige la fonction présidentielle.

Présider la République, c’est préserver l’Etat, sa neutralité, son intégrité, face aux puissances d’argent, face aux clientèles, face au communautarisme. Présider la République, c’est être viscéralement attaché à la laïcité, car c’est une valeur qui libère et qui protège. Et c’est pourquoi j’inscrirai la loi de 1905, celle qui sépare les Eglises de l’Etat, dans la Constitution.

Présider la République, c’est refuser que tout procède d’un seul homme, d’un seul raisonnement, d’un seul parti, qui risque d’ailleurs de devenir un clan. Présider la République, c’est élargir les droits du Parlement. C’est reconnaître les collectivités locales dans leur liberté. C’est engager un nouvel acte de la décentralisation. C’est promouvoir les partenaires sociaux. C’est reconnaître leur rôle dans la Constitution. C’est faire participer les citoyens aux grands débats qui les concernent, et le premier sera l’avenir de l’énergie en France.

Présider la République, c’est choisir les femmes, les hommes qui gouverneront la France en respectant leurs compétences, et d’abord celles du Premier ministre. Présider la République, c’est accepter de partager le pouvoir de nomination aux plus hautes fonctions. C’est aussi ne pas nommer le président ou les présidents des chaînes ou des radios du service public audiovisuel et laisser cette mission à une autorité indépendante.

Présider la République, c’est démocratiser les institutions. Et j’introduirai le non-cumul des mandats pour les Parlementaires, une part de proportionnelle à l’Assemblée nationale, la parité dans l’exercice des responsabilités et le droit de vote des étrangers aux élections locales, sans rien craindre pour notre citoyenneté, pour la cohésion du pays, en mettant de côté les peurs, les frilosités et les conservatismes.

Présider la République, c’est faire respecter les lois pour tous, partout, sans faveur pour les proches, sans faiblesse pour les puissants, en garantissant l’indépendance de la justice, en écartant toute intervention du pouvoir sur les affaires, en préservant la liberté de la presse, en protégeant ses sources d’information, en n’utilisant pas le renseignement ou la police à des fins personnelles ou politiques. Présider la République, c’est être impitoyable à l’égard de la corruption. Et malheur aux élus qui y succomberont ! Présider la République, c’est rassembler, c’est réconcilier, c’est unir, sans jamais rien perdre de la direction à suivre. C’est écarter la stigmatisation, la division, la suspicion, les oppositions entre Français, ceux qui seraient là depuis toujours, ceux qui seraient là depuis moins longtemps.

Présider la République, c’est élever et ne jamais abaisser. Présider la République, c’est être ferme, ferme y compris à l’égard de l’immigration clandestine et de ceux qui l’exploitent. Mais c’est traiter dignement les étrangers en situation régulière et ceux qui ont vocation à l’être sur la base de critères objectifs. C’est accueillir les étudiants étrangers qui veulent apprendre dans notre pays pour enrichir le leur et qui font rayonner la France. Et aucune circulaire ne doit empêcher de circuler les étudiants, les savants, les artistes qui viennent ici pour donner le meilleur d’eux-mêmes.

Présider la République, c’est porter les valeurs de la France dans le monde. C’est considérer les autres peuples pour qu’ils nous estiment en retour. C’est s’abstenir de faire la leçon, y compris sur leur place dans l’histoire. C’est ne jamais transiger avec les fondements du génie français, qui sont l’esprit de liberté, la défense des droits de l’homme, l’attachement à la diversité culturelle et à la francophonie, la belle langue de France parlée par d’autres que des Français. Présider la République, c’est ne pas inviter les dictateurs en grand appareil à Paris. Présider la République, c’est utiliser notre siège au Conseil de sécurité des Nations-Unies pour acter le départ de ceux qui écrasent leur peuple, comme Bachar el-Assad en Syrie. C’est inlassablement contribuer à la paix au Proche-Orient.

Mais Présider la République, c’est savoir aussi prendre des décisions difficiles, pas simplement à la suite d’un drame. Je pense à nos morts en Afghanistan, auxquels je veux rendre hommage ici, avec émotion, avec dignité, avec respect, comme aux blessés qui souffrent dans leur chair. Je pense à leurs familles dans la peine. Je les ai écoutées. Je pense à leurs proches qui s’interrogent. Ces hommes assassinés faisaient leur devoir. Leur sacrifice suscite le respect de la Nation toute entière. Mais il faut aussi avoir la lucidité d’affirmer, au-delà du dévouement des hommes là-bas pour leur pays, que notre mission est terminée. Elle avait été engagée il y a plus de dix ans par Lionel Jospin et Jacques Chirac dans un but précis, qui était de répondre à l’attaque terroriste sur les Etats-Unis. Je l’avais pleinement approuvée. Et bien aujourd'hui, cette mission est achevée. Il est donc temps de décider le retrait qui s’impose, et je l’ai décidé de longue date. J’en assumerai donc, si les Français m’en donnent mandat, toute la responsabilité. J’en préviendrai nos alliés et je ferai en sorte que ce retrait se fasse en bon ordre, sans en aucune façon menacer la vie de nos soldats.

Présider la République enfin, c’est donner le meilleur de soi-même, sans jamais attendre en retour récompense ni même reconnaissance. C’est être ambitieux pour son pays et humble pour soi-même. C’est se donner pleinement, entièrement à la cause que l’on a choisie, la seule cause qui vaille : servir la France. Présider la République, c’est mettre toute la puissance de l’Etat au service des citoyens. C’est donner l’exemple, y compris dans son comportement et pour sa propre rémunération. Et je ne dis pas cela par facilité ou par commodité ou pour plaire, mais tout simplement parce que ce doit être un principe. Je réduirai de 30 % les indemnités du Président et des membres du gouvernement, tout simplement pour donner l’exemple au moment où, précisément, des efforts sont demandés à nos concitoyens.

Présider la République, c’est à cette fonction que je me suis préparé. J’en sais la grandeur, la dureté. Je veux le faire en étant digne de votre confiance et en restant fidèle à moi-même. Tout dans ma vie m’a préparé à cette échéance : mes engagements, mes responsabilités, mes réussites, mes épreuves. J’ai toujours suivi la ligne que je m’étais fixée.

Je suis socialiste. La Gauche, je ne l’ai pas reçue en héritage. Il m’a fallu décider lucidement d’aller vers elle. J’ai grandi en Normandie dans une famille plutôt conservatrice. Mais cette famille m’a donné la liberté de choisir, par son éducation. Je remercie mes parents. Mon père, parce qu’il avait des idées contraires aux miennes et qu’il m’a aidé à affirmer mes convictions. Ma mère, parce qu’elle avait l’âme généreuse et qu’elle m’a transmis ce qu’il est de plus beau : l’ambition d’être utile.

La Gauche, je l’ai choisie, je l’ai aimée, je l’ai rêvée avec François Mitterrand dans la conquête. La Gauche, je l’ai défendue fermement dans ses réalisations : celles de 1981, celles de 1988. La Gauche, je l’ai servie comme élu de la République, comme député. La Gauche, je l’ai dirigée avec Lionel Jospin, quand nous gouvernions ensemble le pays avec honneur et j’en revendique les avancées. Aujourd'hui, c’est moi qui vous représente. C’est moi qui porte votre espoir. C’est moi qui porte l’obligation de gagner. C’est moi qui vais dans ce combat vous conduire à la victoire, celle que vous attendez depuis trop longtemps, dix ans déjà. Dix ans qu’une droite s’est installée au pouvoir et qu’elle a défait ce que nous avons construit.

Chers amis, laissez-moi vous en dire davantage. Je suis un élu de la France rurale où les agriculteurs démontrent l’excellence de leur travail sans en recevoir le revenu qu’ils méritent. Je suis de ce Limousin, de cette Corrèze où j’ai tant appris. J’ai été maire de Tulle, une ville petite par la taille, à peine 17 000 habitants, mais grande par l’histoire. Tulle a été une cité de la Résistance. Elle a souffert le martyre : 99 pendus, 200 déportés le 9 juin 1944, emportés par la barbarie nazie. Chaque année, ce 9 juin, un cortège s’ébranle dans les rues de ma ville pour rappeler la mémoire des suppliciés. Une guirlande est accrochée au balcon, là où un corps sans vie se balançait lentement. J’ai leur nom dans la tête. Ce sont mes héros. Je ne les oublierai jamais. Ils me font avancer. Ils me rappellent à chaque moment la belle leçon d’humanité de ceux qui ont sacrifié leur vie, leur vie pour notre liberté. Ces résistants n’ont pas eu de célébrité, pas de récompense, pas de médaille. Ils ne cherchaient rien, ils ne demandaient pas des bonus ou des stocks-options pour leurs actions. Ils étaient des hommes, des femmes fiers. Ce n’était pas l’ambition ou la cupidité qui les animaient. Ceux-là ont sauvé notre honneur parce qu’ils croyaient d’abord dans les valeurs de la France. Et bien c’est leur lutte qui m’éclaire aujourd'hui.

Je suis président d’un Conseil général, celui de la Corrèze. Un département célèbre pour ses personnalités politiques, mais qui est exigeant. Celui qui réussit à obtenir son soutien a au moins des qualités de cœur, même s’il n’a pas toujours raison. Rien ne m’a été donné. Ce que j’ai arraché, je l’ai conquis et je l’ai fait fructifier. J’ai déclaré ma candidature à l’élection présidentielle il y a presque un an. J’ai réussi à convaincre les électeurs des primaires citoyennes, quand bien peu imaginaient mon succès à l’origine. J’ai veillé, au lendemain de cette consultation, à rassembler tous ceux qui s’y étaient présentés, et je les salue avec affection, comme je salue Martine Aubry qui nous a permis de nous retrouver tous ensemble, et Jean-Michel Baylet qui nous apporte aussi les Radicaux de gauche.

Chers amis, si j’en suis là, c’est le fruit de cette obstination. Le hasard n’y est pour rien. C’est un aboutissement. Vous me connaissez, certains, depuis longtemps, trente ans. C’est un bail qui récompense, pour les uns et pour les autres, une fidélité et une ténacité. C’est vrai que je ne m’exhibe pas, je reste moi-même, c’est ma force. Ce que vous voyez ici, c’est ce que je suis. Je veux conquérir le pouvoir, mais je ne suis pas un vorace, je veux simplement le mettre au service des Français. Le pouvoir, j’en sais la nécessité, l’utilité, et j’en connais les dérives. Je suis placide avec ces choses, j’ai fait de l’engagement ma vie entière. J’ai sacrifié beaucoup. J’ai donné, j’ai reçu du temps, du travail, des coups, mais j’ai une cohérence, je m’y tiens, je suis constant dans mes choix. Je n’ai pas besoin de changer en permanence pour être moi-même. J’ai conscience que l’Etat, pour être efficace, appelle une direction sûre à sa tête, mais qu’il n’y a pas de réussite possible si celui qui est à la tête du pays, précisément, n’associe pas les autres, ne mobilise pas les intelligences, ne gagne pas le meilleur de ce qu’il y a dans chacun d’entre nous, ne fait pas entendre la voix du rassemblement, de la réconciliation et de l’apaisement. Je n’aime pas les honneurs, les protocoles et les palais. Je revendique une simplicité qui n’est pas une retenue, mais la marque de l’authentique autorité.

Je vais vous confier mon secret, ce secret que j’ai gardé depuis longtemps mais que vous avez sans doute découvert : j’aime les gens, quand d’autres sont fascinés par l’argent. Je prends chaque regard comme une attente, chaque visage comme une curiosité, chaque poignée de main comme une rencontre, chaque sourire comme une chance.

Je connais l’Etat pour en être issu et pour l’avoir servi de multiples façons. Certains me reprochent de n’avoir jamais été ministre. Quand je vois ceux qui le sont aujourd’hui, cela me rassure ! Ce sont les mêmes qui reprochaient en son temps à François Mitterrand de l’avoir été onze fois ! Et dois-je rappeler, en gardant la comparaison, que Georges Clémenceau ne devint ministre et président du Conseil qu’à 65 ans ? Mais je n’attendrai pas jusque-là, je vous le promets ! Je sais aussi que l’Histoire peut être tragique, que rien n’est jamais acquis, que tout ce que l’on croit irréversible, inaltérable, inattaquable peut être à tout moment atteint en son cœur. La crise, le fanatisme, le terrorisme, sans oublier les catastrophes naturelles : nous ne sommes jamais en paix. Le cours de l’Humanité n’est pas tranquille. Il connaît d’inexplicables assèchements, et parfois d’impensables débordements. L’homme d’Etat doit se préparer à tout, c’est-à-dire au pire, et toujours rester vigilant, poursuivre inlassablement le combat qui est le sien pour le progrès, pour la dignité humaine, pour la démocratie, ne pas se laisser détourner pas les mouvements d’humeur, par les modes, par les contournements de l’Histoire, tenir son cap. Je suis un optimiste de la volonté. Je crois que le meilleur est possible, qu’un peuple réuni autour d’un projet commun construit sa propre histoire. Je suis convaincu que les Français attendent aujourd’hui une direction forte, un rassemblement sur l’essentiel, et surtout de la part de celui qui doit les conduire, une considération, un apaisement, un respect, une confiance.

La confiance est un mot qui ne figure pas dans les lois ou dans les règlements, qui ne coûte rien mais qui peut rapporter beaucoup. Elle commande beaucoup de choses. Elle ne résout rien par elle-même, mais elle autorise tout si on sait la saisir. Et c’est pourquoi je veux redonner confiance aux Français.

Deux grandes dates ont marqué ma vie politique, l’une violente, le 21 avril 2002, une blessure que je porte encore sur moi, j’en ai la trace, ce soir terrible ou l’extrême droite, faute de vigilance et de lucidité face à la menace, face à la dispersion, met la Gauche hors-jeu et permet à la Droite de s’installer pour dix ans. J’en ai tiré toutes les leçons. Moi, je ne laisserai pas faire, je ne laisserai pas les ouvriers, les employés, aller vers une famille politique qui n’a jamais rien fait pour servir les intérêts de ces classes-là. Je ne laisserai pas un parti caricaturer les problèmes sans jamais apporter la moindre solution crédible. Je ne laisserai pas une formation politique se présenter comme la voix du peuple alors qu’elle veut simplement se servir de lui. Je ne laisserai pas s’éloigner au nom de la France des citoyens, nos amis, qui peuvent penser que l’ennemi est ici, qu’il a une couleur et une religion, ce qui serait contraire aux principes mêmes de notre République. Je ne laisserai pas utiliser la colère et la détresse pour mettre en cause la République, la construction européenne et les droits de l’homme. Je ne laisserai pas une formation politique réclamer le rétablissement de la peine de mort. Je me battrai, je me battrai jusqu’à mon dernier souffle pour conjurer ce risque et pour éviter que l’élection présidentielle soit tronquée. Parce que ce qu’attendent une grande majorité de nos concitoyens, c’est finalement le choix entre la Gauche et le Droite, c’est-à-dire le choix le plus clair pour permettre à notre pays de faire véritablement la décision.

L’autre date qui reste gravée dans ma mémoire est plus heureuse, c’est le 10 mai 1981. J’avais 26 ans. Je sais ce qu’elle a représenté pour tous ceux qui avaient attenu pendant des décennies, si longtemps donc, ce moment, l’alternance enfin, le bonheur de la victoire. Il y a eu bien sûr d’autres succès pour la Gauche : 1988, 1997, mais ils ne pouvaient pas avoir la même portée. Et pour autant, je ne veux pas verser dans la nostalgie. L’épopée de la Gauche ne peut pas se réduire à des moments exceptionnels : 1936, 1981. Moi, je veux installer la Gauche dans la durée, et si je suis candidat, c’est pour renouer le fil, pour poursuivre la marche, pour mettre en accord la Gauche avec la France. Je veux, amis ici et au-delà, voir votre bonheur le 6 mai, la joie, je veux voir la joie de la conquête, l’enthousiasme de l’audace, et en même temps les débordements de la liberté. Je veux gagner avec vous le droit de présider la France.

Je connais bien notre pays, je l’ai parcouru, sillonné tant de fois, sans jamais me lasser de le découvrir. Je connais ses villes qui changent, qui créent, qui entreprennent, ses espaces façonnés par le travail patient de nos agriculteurs, son espace maritime travaillé par les pêcheurs, ses lieux de production où l’intelligence des salariés se conjugue avec la compétence des ingénieurs. Je n’ignore rien non plus de nos villages où le silence s’est fait et où la vie s’est retirée, je n’ignore rien de ces quartiers de relégation où se mêlent la colère, le désespoir et malgré tout le talent et la volonté de réussir. C’est cette France que je veux avec vous servir.

Comme vous, je connais la gravité de l’heure que nous vivons. Une crise financière déstabilise les Etats, des dettes publiques énormes donnent aux marchés tous les droits. L’Europe se révèle incapable de protéger sa monnaie de la spéculation. Notre propre pays est confronté à un chômage record et s’enfonce dans la récession autant que dans l’austérité. Le doute s’est installé. Je le mesure chaque jour. Il se charge en défiance envers l’Europe et même envers la démocratie. Il se transforme en indignation devant l’injustice d’un système, l’impuissance d’une politique, l’indécence des nantis. Il dégénère en violence privée, familiale, sociale, urbaine, avec cette terrible idée qui s’est installée, qui se diffuse dans notre conscience collective : la marche vers le progrès se serait arrêtée, nos enfants seraient condamnés à vivre moins bien que nous. Eh bien, c’est contre cette idée-là que je me bats. Voilà pourquoi je suis candidat à l’élection présidentielle. Je veux redonner confiance aux Français dans leur vie : la France a traversé dans son histoire bien des épreuves, bien des crises, des guerres, des révolutions, elle les a toujours surmontées, toujours en refusant l’abaissement, la résiliation, le repli, jamais en succombant au conformisme, à la peur, à la loi du plus fort, mais en restant fidèle aux valeurs de la République, en allant puiser en elle-même le courage pour accomplir les efforts, pour défendre son modèle social, pour garder sa fierté en redressant la tête, en regardant lucidement le défi à affronter, en débattant librement et en faisant les choix qui s’imposent.

Il n’y a jamais, je dis bien jamais, une seule politique possible, quelle que soit la gravité de la situation. L’Histoire n’est pas l’addition de fatalités successives, elle nous enseigne qu’il y a toujours plusieurs chemins. La voie que je vous propose, c’est le redressement dans la justice, c’est l’espérance dans la promesse républicaine.

Mais avant d’évoquer mon projet, je vais vous confier une chose. Dans cette bataille qui s’engage, je vais vous dire qui est mon adversaire, mon véritable adversaire. Il n’a pas de nom, pas de visage, pas de parti, il ne présentera jamais sa candidature, il ne sera donc pas élu, et pourtant il gouverne. Cet adversaire, c’est le monde de la finance. Sous nos yeux, en vingt ans, la finance a pris le contrôle de l’économie, de la société et même de nos vies. Désormais, il est possible en une fraction de seconde de déplacer des sommes d’argent vertigineuses, de menacer des Etats.

Cette emprise est devenue un empire. Et la crise qui sévit depuis le 15 septembre 2008, loin de l’affaiblir, l’a encore renforcée. Face à elle, à cette finance, les promesses de régulation, les incantations du « plus jamais ça » sont restées lettre morte. Les G20 se sont succédés sans résultat tangible. En Europe, 16 sommets de la dernière chance ont été convoqués pour reporter au suivant la résolution définitive du problème. Les banques, sauvées par les Etats, mangent désormais la main qui les a nourries. Les agences de notation, décriées à juste raison pour n’avoir rien vu de la crise des subprimes, décident du sort des dettes souveraines des principaux pays, justifiant ainsi des plans de rigueur de plus en plus douloureux. Quant aux fonds spéculatifs, loin d’avoir disparu, ils sont encore les vecteurs de la déstabilisation qui nous vise. Ainsi, la finance s’est affranchie de toute règle, de toute morale, de tout contrôle.

Disant cela, je ne montre pour autant aucune indulgence sur le quinquennat qui arrive à son terme. Mais là n’est déjà plus la question. Les jugements sont faits. Commencé dans la virevolte, ce quinquennat finit dans la tourmente. Plombé par des cadeaux fiscaux destinés aux plus fortunés, il s’achève par des hausses de prélèvements imposées à tous les Français. Inauguré par une promesse de retour au plein emploi, il se termine par un chômage record. Et que dire des déficits, de la dette, de la désindustrialisation, de la démolition des services publics, notamment de l’école ?

Un seul mot résume cette présidence : la dégradation. Tout s’est dégradé. Je ne parle pas d’une note. Je ne parle même pas des comptes publics. Je parle des conditions de vie, des comportements, tout simplement de la situation du pays. A l’injustice dans les choix, l’incohérence des décisions se sont ajoutés l’accaparement du pouvoir et la connivence avec les puissants, avec ce paradoxe ultime que la volonté d’omnipotence débouche sur un aveu d’impuissance. Voilà pourquoi le changement n’est pas seulement celui d’un président, d’un gouvernement ou d’une majorité. Il faut aller bien plus loin : c’est un changement de politique, de perspective, de dimension qu’il faut offrir à notre pays le 22 avril et le 6 mai.

Si la finance est l’adversaire, alors il faut l’affronter avec nos moyens et d’abord chez nous, sans faiblesse mais sans irréalisme, en pensant que ce sera un long combat, une dure épreuve mais que nous devrons montrer nos armes. Maîtriser la finance commencera ici par le vote d’une loi sur les banques qui les obligera à séparer leurs activités de crédit de leurs opérations spéculatives. Aucune banque française ne pourra avoir de présence dans les paradis fiscaux.

Les produits financiers toxiques, c’est-à-dire sans lien avec les nécessités de l’économie réelle seront purement et simplement interdits. Les stocks options seront supprimées. Et les bonus encadrés Enfin, je proposerai une taxe sur toutes les transactions financières, non pas le rétablissement de l’impôt de bourse, ce qui va être fait et qui a été supprimé il y a quelques mois – c’est vous dire la cohérence ! Non, je proposerai une véritable taxe sur les transactions financières, avec ceux en Europe qui voudront la mettre en œuvre avec nous. Je proposerai aussi, si l’on veut éviter d’être jugés par des agences de notation dont nous contestons la légitimité, de mettre en place au niveau européen une agence publique de notation.

L’autre point par rapport à la finance est européen. La zone euro se défait sous nos yeux. La France doit retrouver l’ambition de changer l’orientation de l’Europe. Elle imposera de savoir convaincre et entraîner nos partenaires. On me demande souvent : « mais comment allez vous faire pour faire venir vos alliés dans cette Europe, sur les positions que vous défendez, puisque le Président sortant n’y est pas arrivé » ? Mais ce qui va changer, c’est le vote des Français, qui sera notre levier pour convaincre. Les destins de l’Europe et de la France sont liés, la grandeur de la France ne peut pas être séparée de la force de l’Europe. Nous avons besoin d’Europe, elle doit nous aider à sortir de la crise mais pas imposer une austérité sans fin qui peut nous entraîner dans la spirale de la dépression. Les disciplines sont nécessaires, des engagements, devront être pris pour le désendettement et être respectés. Mais c’est la croissance qui nous permettra d’y parvenir le plus sûrement. C’est pourquoi je proposerai à nos partenaires un pacte de responsabilité, de gouvernance et de croissance. Je renégocierai le traité européen issu de l’accord du 9 décembre pour lui apporter la dimension qui lui manque, c’est-à-dire la coordination des politiques économiques, des projets industriels, la relance de grands travaux dans le domaine de l’énergie et puis les instruments pour dominer la spéculation, un fonds européen qui puisse avoir les moyens d’agir sur les marchés avec l’intervention de la Banque centrale européenne qui devrait être, finalement, au service de la lutte contre la spéculation. J’agirai en faveur de la création d’euro-obligations afin de mutualiser une partie des dettes souveraines, de financer les grands projets. Je défendrai, parce que c’est le sens du projet européen, une démocratie qui associera les parlements nationaux et européens aux décisions qui devraient concerner les Etats. Je proposerai une nouvelle politique commerciale en Europe qui fera obstacle à la concurrence déloyale, qui fixera des règles strictes en matière sociale, en matière environnementale, de réciprocité. Une contribution écologique sera installée aux frontières de l’Europe pour venir compléter ce dispositif. Je continuerai à agir pour une parité juste de l’euro vis-à-vis du dollar américain. Je n’accepterai pas que la monnaie chinoise soit encore inconvertible alors que cette première puissance commerciale finit par être excédentaire sans que sa monnaie, jamais, ne soit réévaluée.

L’Europe a bien des défauts, je les connais. Mais en même temps elle est notre bien commun. Défendons-la, elle en a besoin, elle le mérite ! Ce qui manque à l’Europe, c’est du mouvement – et c’est un Européen de cœur qui le dit – mais pas dans n’importe quelle Europe : le mouvement vers une Europe de croissance, vers une Europe de solidarité, vers une Europe de protection. C’est la vocation de l’a France que de la construire avec l’Allemagne et avec les pays qui voudront nous accompagner.

Aucun des grands défis de l’Europe ne peut se résoudre sans le pacte d’amitié, dans l’égalité, que Français et Allemands ont noué au lendemain de la guerre. Je proposerai donc à nos amis allemands une nouvelle relation de vérité et d’égalité. De leur côté, ils devront faire preuve de solidarité. L’Allemagne ne restera pas forte dans une Europe faible. Elle ne restera pas riche dans une Europe appauvrie, voilà la vérité. Je sais que beaucoup en Allemagne le comprennent. Mais du nôtre, nous devons faire aussi des efforts, efforts de compétitivité, de justice fiscale. Voilà le pacte qu’il va falloir nouer et ouvrir un nouveau cycle en Europe, celui d’une coopération économique, industrielle, énergétique entre nos deux pays. Voilà pourquoi, en janvier 2013 – c’est tout proche, ce sera quelques mois après le rendez-vous du 6 mai –, si les Français m’en donnent mandat, je proposerai à la chancelière d’Allemagne l’élaboration d’un nouveau traité franco-allemand, traité de l’Elysée un demi-siècle après l’acte fondateur de De Gaulle et d’Adenauer qui engagea une dynamique pour nos deux pays.

Chers amis, je veux redonner confiance à la France dans l’Europe. Je veux maintenant vous dire ce que je veux pour le redressement de notre pays. Ce qui est en cause n’est plus la souveraineté d’hier, quand notre territoire était menacé. Ce qui est en cause, c’est la souveraineté de la République face aux marchés et à la mondialisation. Voilà pourquoi je veux redresser la France, la redresser financièrement, la redresser économiquement, la redresser industriellement. Notre pays a abandonné depuis trop longtemps son industrie, aveuglé par la chimère d’une économie sans usine, sans machine, comme si l’immatériel pouvait remplacer le travail de l’ouvrier, du contremaître, de l’ingénieur et de son savoir-faire. La réindustrialisation de la France sera ma priorité. Je créerai une banque publique d’investissement qui, en complément des fonds régionaux, accompagnera le développement des entreprises stratégiques. Je favoriserai la production en France en orientant les financements et les allégements fiscaux vers les entreprises qui investissent sur notre territoire, qui y localisent leurs activités, qui y mettent leurs emplois et qui sont en plus offensives à l’exportation. Je mobiliserai l’épargne des Français en créant un livret d’épargne dont le produit sera entièrement dédié au financement des PME et des entreprises innovantes.

J’exigerai des entreprises qui se délocalisent qu’elles remboursent immédiatement les aides publiques reçues. Je donnerai priorité aux PME : ce sont elles qui embauchent, ce sont elles qui doivent être aidées avant tout, c’est pour elles que nous élargirons le crédit impôt recherche, que nous abaisserons l’impôt sur les sociétés, que nous créerons une agence pour les PME. Je soutiendrai l’économie numérique en organisant avec les collectivités locales et les industriels la couverture intégrale de la France en très haut débit d’ici 10 ans.

Le retour de la croissance passe aussi par la transition énergétique. Je me suis engagé à ce que la part du nucléaire dans la production d’électricité soit réduite de 75 % à 50 % d’ici 2025. Nous avons besoin d’une industrie nucléaire forte, inventant les technologies, les progrès de demain, mais nous avons besoin aussi d’énergies renouvelables, nous avons besoin aussi d’un plan d’économies d’énergie parce que ce sont ces trois actions – le nucléaire, les énergies renouvelables et les économies d’énergie – qui nous permettront d’avoir une perspective industrielle. Les économies d’énergie, nous les mettrons en œuvre par un plan de grands travaux : un million de logements neufs et anciens bénéficieront d’une isolation thermique de qualité. Nous créerons des dizaines de milliers d’emplois en améliorant en plus le pouvoir d’achat des ménages, par rapport à leurs frais de chauffage. Enfin, il n’y aura pas de retour à la croissance, pas d’industrie forte sans un effort de recherche et d’innovation. C’est tout notre avenir de nation industrielle qui se joue là. J’ai confiance dans la science, dans le progrès, dans la recherche, dans la capacité des inventeurs à nous donner les produits de demain sans avoir pour autant la crainte pour notre environnement. Parce que la recherche est aussi au service de l’écologie et de l’environnement.

Redresser l’économie, redresser l’industrie, mais aussi redresser les finances. Le niveau de la dette publique n’a jamais été aussi élevé. La dette publique a doublé depuis 2002. 10 ans de droite auront coûté aussi cher que tous les gouvernements réunis de la Ve République. Je n’ai ici pas compté tous les présidents qui se sont succédé mais, quels que soient leurs mérites ou leurs défauts, aucun n’avait été capable de mettre la dette publique à ce niveau-là. Il a fallu attendre 2002 pour avoir cette dérive. Pour maîtriser la dette, je rétablirai l’équilibre budgétaire en fin du mandat qui me sera confié. Pour atteindre cet objectif, je reviendrai sur les cadeaux fiscaux et les multiples niches fiscales accordées depuis une décennie aux ménages les plus aisés et aux plus grosses entreprises. Cette réforme permettra de dégager près de 30 milliards de recettes supplémentaires. Mais dans le même temps, les dépenses de l’Etat seront maîtrisées. Toute nouvelle dépense sera financée par des économies, le nombre total de fonctionnaires n’augmentera pas, mais il sera mis fin à la règle aveugle du non remplacement d’un fonctionnaire sur deux partant à la retraite.

Ce redressement, mes amis, est indispensable. Mais il ne sera possible que dans la justice. Chaque nation a une âme. L’âme de la France, c’est l’égalité. C’est pour l’égalité que la France a fait sa révolution et a aboli les privilèges dans la nuit du 4 août 1789. C’est pour l’égalité que le peuple s’est soulevé en juin 1848. C’est pour l’égalité que la IIIe République a instauré l’école obligatoire et l’impôt citoyen sur le revenu. C’est pour l’égalité que le Front populaire a œuvré en 1936. C’est pour l’égalité que le gouvernement du général de Gaulle a institué la sécurité sociale en 1945. C’est pour l’égalité que François Mitterrand a été élu en 1981. C’est pour l’égalité que nous avons fait, avec Lionel Jospin, la couverture maladie universelle et l’allocation personnelle à l’autonomie. C’est pour l’égalité que nous aurons aussi à combattre et à proposer aux Français le changement.

L’égalité, c’est ce qui a permis à un enfant orphelin de père élevé par une mère pauvre, sourde et illettrée, de devenir prix Nobel de littérature. Il s’appelait Albert Camus et, après avoir reçu son prix, il écrivit en ces termes à son vieil instituteur : « ma première pensée, après ma mère, a été pour vous. Sans vous, sans cette main affectueuse que vous avez tendue au petit enfant pauvre que j’étais, sans votre enseignement, sans votre exemple, rien de tout cela ne me serait arrivé. » C’est pour l’égalité que nous devons agir parce que, depuis 10 ans, l’égalité recule partout. Partout, des privilèges apparaissent à mesure qu’une nouvelle aristocratie – j’emploie le mot à dessein – arrogante et cupide s’installe et prospère. 1 % des Français privilégiés se séparent du reste de la société. Ils vivent à côté de nous mais ils ne vivent déjà plus avec nous. Parfois, ils ne vivent même pas chez nous. Une véritable sécession sociale a vu le jour ces dernières années : des quartiers relégués, abandonnés et de l’autre des quartiers protégés, sécurisés pour que nul ne vienne déranger. Je serai le Président de la fin des privilèges parce que je ne peux pas admettre que, pendant ce temps-là, pendant que certains s’enrichissent sans limite, la précarité s’étende, la pauvreté s’aggrave et 8 millions de personnes vivent en dessous du seuil de pauvreté, dont beaucoup trop d’enfants.

Qu’on m’entende bien, l’égalité, ce n’est pas l’égalitarisme, c’est la justice. L’égalité, ce n’est pas l’assistanat, c’est la solidarité. Les Français n’ont rien à craindre de l’égalité, rien à craindre de la justice, rien à craindre de la redistribution. Les Français doivent savoir que, s’ils m’élisent, je ne poserai comme président qu’une seule question : avant tout effort supplémentaire, avant toute réforme, avant toute décision, avant toute loi, avant tout décret, je ne me poserai qu’une seule question : est-ce que ce que l’on me propose est juste ? Si c’est juste, je le prends, si ce n’est pas juste, je l’écarte. Seule la justice doit guider notre action.

C’est pourquoi j’engagerai avec le Parlement la réforme fiscale dont notre pays a besoin. C’est pour la justice que je reviendrai sur les allègements de l’impôt sur la fortune, c’est pour la justice que je veux que les revenus du capital soient taxés comme ceux du travail. Qui peut trouver normal qu’on gagne plus d’argent en dormant qu’en travaillant ? C’est pour la justice que je veux fusionner, après les avoir rapprochés, l’impôt sur le revenu et la contribution sociale généralisée, dans le cadre d’un prélèvement progressif sur le revenu. C’est pour la justice que je porterai la tranche supérieure à 45 % de l’impôt sur le revenu pour ceux qui touchent plus de 150 000 euros. Et on ne me fera pas croire qu’avec 150 000 euros, ce sont les classes moyennes qui seront concernées ! C’est pour la justice que je veux que nul ne puisse tirer avantage de niches fiscales au-delà d’une somme de 10 000 euros de diminution d’impôts par an.

Je sais que le combat sera rude, qu’on cherchera à faire peur, qu’on inquiètera… Si demain nous sommes en responsabilité, ceux à qui l’on prendra feront davantage entendre leur voix que ceux à qui l’on donnera. Je sais qu’il n’y aura pas de manifestation pour nous soutenir. C’est rare, c’est exceptionnel. Mais il peut y en avoir pour nous contester. Je sais que certains chercheront à nous faire peur et à effrayer les classes moyennes alors qu’elles ne trouveront qu’avantage dans la réforme que nous présenterons, prétendre que les grandes fortunes quitteront notre territoire. Mais est-ce que le bouclier fiscal a fait revenir les grandes fortunes en France ? Non ! Est-ce que le bouclier fiscal les a enrichies plus encore ? Oui ! Est-ce que les impôts de la plupart des Français ont baissé ? Non, ils ont augmenté ! Est-ce que ceux des plus favorisés ont diminué depuis 5 ans ? Oui ! Est-ce que la TVA n’est pas plus inquiétante dès lors qu’elle concernera tous les Français, mille fois oui, elle est plus inquiétante que ce que nous proposons !

Ce n’est pas seulement la réforme fiscale. L’égalité doit concerner tous les domaines de la vie en société. L’égalité doit commencer à faire partir à la retraite ceux qui ont commencé à travailler tôt, exercé les métiers les plus pénibles. Et c’est pourquoi, tout en ayant le souci de maîtriser les comptes et en ouvrant une négociation sur la réforme des retraites indispensable — puisque celle qui a été votée est non seulement injuste mais pas financée -, eh bien sans attendre l’ouverture de cette négociation, tous ceux qui ont 60 ans et qui auront cotisé 41 années retrouveront le droit à partir à la retraite à taux plein. La négociation, elle, portera sur la pénibilité, les décotes, le montant des pensions, l’âge légal, l’évolution des recettes, indispensable, et la pérennité de notre système par répartition.

L’égalité, c’est aussi le meilleur accès pour tous au logement. Nous manquons de logements en France. Ils atteignent des prix insupportables, et pas simplement dans les grandes villes. Il faut donc plus de logements. C’est pourquoi je prendrai une décision : l’Etat montrera l’exemple, il mettra immédiatement à la disposition des collectivités locales tous ses terrains disponibles pour leur permettre de construire de nouveaux logements dans un délai de cinq ans. Plus de logements, plus de logements sociaux, et c’est pourquoi le Livret A — qui sert à collecter une épargne précieuse pour le logement social-, eh bien le livret A verra son plafond doubler, afin que tous les Français, par leur épargne, puissent financer le logement social.

Il faut plus de logements, plus de logements sociaux, et des logements moins chers. Je sais que cela prendra du temps, mais pour éviter les abus, j’encadrerai les loyers là où les prix sont manifestement excessifs. Il faut des villes plus équilibrées. Et je multiplierai par cinq les sanctions qui pèsent sur les communes qui bafouent la loi de solidarité urbaine.

L’égalité, l’égalité toujours, l’égalité pour la santé ! Nos professions de santé sont d’une qualité remarquable. J’en fais à chaque fois l’expérience. Leur métier est l’un des plus difficiles qui soient. Sans elles, le système se serait déjà effondré et, en même temps, trop de Français doivent renoncer à se soigner, pour des raisons financières ou pour des raisons de domicile. Les dépassements d’honoraires seront donc encadrés. Nous combattrons les déserts médicaux. Et par un nouveau système de tarification, qui fera la part entre l’activité et le service public, l’hôpital public sera conforté dans ses tâches et dans ses missions. Et je prends l’engagement que personne, je dis bien personne dans notre pays, ne soit à plus d’une demi-heure de transport d’un lieu de traitement des urgences médicales.

L’égalité, l’égalité encore, c’est le même accès pour tous à l’eau, au chauffage, à l’électricité. Il n’est pas, quand même, normal qu’une famille modeste paie l’eau au même prix, quand elle boit cette eau, que ceux qui la déversent sans compter ! Je créerai donc un tarif progressif de l’eau, comme du gaz et de l’électricité, qui garantira, au moins pour un certain volume, un prix stable et juste.

L’égalité, c’est le même salaire quand on a les mêmes compétences et les mêmes responsabilités. Comment la France, comment la République peut-elle accepter que les femmes soient moins bien payées que les hommes ? Les exonérations de cotisations sociales aux entreprises qui ne respectent pas cette règle seront purement et simplement supprimées.

L’égalité, toujours l’égalité, c’est aider les territoires qui en ont le plus besoin et notamment, et je parle ici en Seine Saint-Denis, nos banlieues. Cela veut dire qu’il faudra cesser d’aider de la même façon le quartier difficile d’une ville riche et le quartier difficile d’une ville qui n’a que des quartiers difficiles. Je compte sur tous les élus locaux pour m’accompagner dans ce mouvement. Il n’est pas nécessaire d’être de gauche pour être sensible à la terrible injustice que représente pour des millions de Français la vie dans des immeubles indignes ou dans des cités dégradées.

L’égalité, l’égalité c’est aussi la sécurité pour tous. Vivre dans la peur est insupportable ! L’insécurité est une injustice sociale intolérable. Elle touche les plus modestes, les plus âgés, les plus jeunes, les plus fragiles. La sécurité est un droit et je le ferai respecter en créant des zones de sécurité prioritaires là où il y a les taux de délinquance les plus élevés, en mettant des postes supplémentaires, 1 000 chaque année, dans la Justice, dans la Police, dans la Gendarmerie, en rapprochant les Forces de l’ordre des citoyens. Et je lutterai contre tous les trafics, toutes les mafias. Pas plus que je n’accepte la délinquance financière, la fraude fiscale, pas plus je ne tolère qu’un petit caïd avec sa bande mette une cité en coupe réglée et fasse vivre à ses habitants un enfer. Tous ceux-là, les délinquants financiers, les fraudeurs, les petits caïds, je les avertis : ceux qui ont pu croire que la loi ne les concernait pas, le prochain président les prévient, la République, oui, la République vous rattrapera !

L’égalité, l’égalité toujours, l’égalité ce sont les mêmes droits pour tous, quels que soient son sexe et son orientation, c’est le droit de pouvoir se marier, d’adopter, pour les couples qui en décident ainsi. C’est le droit, pour les personnes handicapées, de vivre la vie la plus normale possible. Et je veillerai à ce que chaque loi comprenne un volet handicap.

L’égalité, c’est aussi l’accès à ce qui est le plus précieux, y compris quand on n’a plus rien, l’émancipation, l’enrichissement, la culture. La culture, Baudelaire l’évoquait : « le meilleur témoignage que nous puissions donner de notre dignité, c’est la culture ». Et là encore, nous devons agir. L’éducation artistique sera généralisée, l’aménagement culturel de la France sera une priorité. Il intégrera les territoires oubliés, les zones abandonnées, les quartiers dégradés de nos grandes villes. Et c’est pourquoi nous ouvrirons, là encore, une nouvelle étape de la décentralisation culturelle.

Quant à la loi Hadopi, inapplicable, elle sera remplacée – remplacée je dis bien, car il faut un cadre pour fixer les droits de chacun – par une grande loi signant l’acte 2 de l’exception culturelle, qui défendra à la fois les droits des créateurs, parce que nous avons besoin de créateurs et de production, et un accès aux œuvres par Internet. Nous ne devons pas opposer les créateurs et leurs publics. Le public et les créateurs sont dans le même mouvement pour l’émancipation, pour la découverte, pour la qualité, pour l’exception culturelle française.

Chers amis, je veux citer Pierre Mendès France, qui nous disait que « la vérité doit forcément guider nos pas ». Je vous dois donc la vérité. Je connais les contraintes financières, l’ampleur de nos déficits, la gravité de notre dette, la faiblesse de la croissance en 2012, la lourdeur de l’héritage qui nous sera légué. Je ne promettrai donc que ce que je suis capable de tenir. Je dois maîtriser sans rien renoncer les choses et d’abord le temps.

Le quinquennat s’ouvrira donc sur des réformes de structure, celles qui constitueront un redressement dans la justice, le redressement économique, la réforme fiscale, le pacte éducatif, la décentralisation. Nous traiterons aussi les urgences, l’emploi, et notamment l’emploi des jeunes, le logement, la santé. Mais c’est ensuite que nous pourrons redistribuer ce que nous aurons créé, ce que nous aurons fabriqué, ce que nous aurons engagé, ce que le pays aura pu, par son redressement, favoriser. Voilà les temps qui doivent être proposés.

Mais je ne perdrai pas un seul instant, pas un seul instant, du mandat qui me sera confié.

Sur le plan international, avec le sommet de l’Otan prévu à la fin du mois de mai 2012, nous engagerons le retrait de nos troupes d’Afghanistan. Sur le plan européen, si les Français m’en donnent mandat, mon premier déplacement sera pour rencontrer la Chancelière d’Allemagne et pour lui dire que nous devons ensemble changer l’orientation de l’Europe vers la croissance et dans le lancement de grands travaux.

Ici dans notre pays, sans même attendre le renouvellement de l’Assemblée nationale, j’engagerai, avec les nouveaux ministres et le nouveau gouvernement, les premières mesures contre la finance et pour la réforme bancaire. Pas un instant, nous ne resterons inactifs. Le quinquennat ne sera pas une volte-face, un zigzag, une contradiction. D’ores et déjà, nous savons où nous voulons aller. Nous connaissons les temps, les périodes, les rythmes. Nous avons fixé aux Français l’objectif, mais également les moyens. Nous savons que nous avons des moyens limités, mais que nous avons la volonté ! C’est cette démarche qui convaincra. Et ce n’est pas en improvisant en fin de mandat des mesures politiques, économiques, sociales qui ont tant manqué depuis cinq ans, que les Français pourront être sérieusement convaincus que le changement se fera, pour les cinq ans qui viennent, de ce côté-là.

Je veux vous parler, pour terminer, de notre avenir. L’idée républicaine, c’est une promesse. Une belle promesse, qui est celle de vivre mieux de génération en génération. La promesse républicaine, c’est que chaque génération vivra mieux que la précédente. Et aujourd’hui, cette promesse est trahie. Notre jeunesse est sacrifiée, abandonnée, reléguée. Chômage, précarité, dévalorisation des diplômes, désespérance, perte d’autonomie, accès au logement difficile. Sans compter ce que nous lui laissons, à cette jeunesse, un environnement dégradé, des retraites non financées, une dette considérable. Et pourtant, la jeunesse c’est notre chance ! Comment peut-on accepter que cette chance devienne une charge ? J’ai beaucoup réfléchi, depuis plusieurs mois même, à ce que pouvait être l’enjeu de l’élection présidentielle, au-delà de la crise, du redressement à accomplir, de la justice à réaliser. J’en suis arrivé à cette conclusion simple : c’est pour la jeunesse de notre pays que je veux présider la France. Je veux redonner confiance à la jeunesse ! Et c’est la raison pour laquelle je veux faire de l’éducation une grande cause nationale. J’ai proposé de créer 60 000 postes supplémentaires dans l’éducation, pas seulement de professeurs, mais de surveillants, d’infirmières, d’assistantes sociales, de tous ceux qui contribuent à l’accueil, à l’accompagnement, à la réussite des jeunes. On me dit « c’est trop ». Non, je dis « ce n’est peut-être pas assez » ! C’est terrible de mener une bataille contre l’échec scolaire, qui fait chaque année plus de 150 000 victimes, 150 000 qui sortent sans diplôme, sans qualification, de l’école. La priorité ira aux écoles maternelles et primaires parce que c’est là que beaucoup se joue et que les premiers retards se précisent. Les rythmes scolaires qui n’ont aucun équivalent en Europe seront revus. Au collège et au lycée, les élèves les plus en difficulté bénéficieront d’un accompagnement personnalisé, pour qu’à la fin du quinquennat, je dis bien à la fin du quinquennat, le nombre de jeunes qui sortent sans qualification du système scolaire soit divisé par deux. Aucun jeune, aucun jeune de 16 à 18 ans – et je sais ce qu’est la déscolarisation dans beaucoup de nos villes et dans beaucoup de familles -, aucun jeune de 16 à 18 ans ne restera sans solution de formation, d’emploi ou même de service civique. Personne ne sera laissé là, de côté, abandonné, oublié ! C’est pour notre jeunesse que nous devons faire de l’emploi une priorité et créer progressivement 150 000 emplois d’avenir réservés aux jeunes, en particulier ceux issus des quartiers difficiles.

C’est pour les jeunes mais aussi les seniors que j’ai porté cette belle idée du contrat de génération, pour permettre l’embauche de jeunes en contrat à durée indéterminée dès lors qu’ils sont accompagnés par un salarié plus expérimenté, qui lui-même est maintenu dans l’emploi jusqu’à son départ à la retraite. C’est la réconciliation des âges, c’est la solidarité entre les générations ! Partout où je vais dans les usines, deux sortes de travailleurs viennent me voir. Les plus anciens, qui me posent une seule question : quand est-ce que nous allons partir ? Et les plus jeunes, qui me posent une seule question : quand est-ce que nous allons pouvoir entrer ? Et je leur dis « mais si vous les seniors, vous accompagnez les jeunes, vous leur donnez votre savoir-faire, votre expérience, votre compétence, est-ce que ce n’est pas finalement la plus belle mission qui peut vous être confiée avant d’attendre le départ à la retraite ? Et vous, les jeunes, si vous entrez enfin dans l’emploi avec un contrat à durée indéterminée, vous pouvez retrouver l’autonomie que vous attendez depuis si longtemps ». Je pense aussi aux jeunes qui sont étudiants et dont les familles sont modestes. Ceux-là recevront aussi une allocation d’études sous conditions de ressources pour leur permettre d’avoir l’autonomie.

C’est cela, le projet : faire tout pour que la jeunesse réussisse, non pas pour elle-même, non pas parce qu’elle serait une catégorie, non pas parce que je voudrais la flatter, mais parce que c’est ce qui permet à ceux qui sont parents, grands-parents, de retrouver eux-mêmes espoir dans l’avenir, fierté dans la réussite, de se dire « mais qu’allons-nous laisser, laisser après nous, quelle société voulons-nous transmettre à nos enfants, à nos petits-enfants ? ». Une société du chômage, de la précarité, de l’angoisse, de la dislocation ou, au contraire, une société où les chances soient attribuées, où les conditions de réussite soient posées et où l’on se dise : je vais bientôt partir, que ce soit à la retraite ou pour le grand voyage, je vais bientôt partir mais au moins, je sais que ce qui a été transmis sera finalement, pour la génération qui arrive, la réussite possible que je n’ai même pas eue pour moi-même.

Et moi, moi qui suis devant vous candidat à l’élection présidentielle, si je reçois le mandat du pays d’être le prochain président, je ne veux être jugé que sur un seul objectif : est-ce qu’au terme du mandat qui me sera, si les Français le veulent, confié, est-ce que les jeunes vivront mieux en 2017 qu’en 2012 ? Je demande à être évalué sur ce seul engagement, sur cette seule vérité, sur cette seule promesse ! Changer leur vie serait pour moi la plus grande des fiertés. Ce n’est pas un engagement à la légère que je prends. C’est pour mobiliser toute la Nation par rapport à cet enjeu.

Chers amis, j’ai parlé du Rêve français. Oui, le beau rêve, le rêve que tout au long des siècles, depuis la Révolution française, les citoyens ont caressé, ont porté. Ce rêve de vivre mieux, ce rêve de laisser un monde meilleur, ce rêve du progrès, ce rêve de pouvoir franchir à chaque fois les étapes de l’humanité, ce rêve ne nous appartient pas qu’en propre, mais il se trouve que c’est nous, la France, qui avons inventé la République. C’est nous qui avons porté cet idéal qu’une société, si elle s’organisait, si elle se donnait les moyens, si elle faisait de l’égalité, de la liberté et de la fraternité son mode de vie, pouvait être l’émancipation pour chacun.

C’est ce rêve-là que j’ai voulu de nouveau ré-enchanter – et aussitôt, la Droite s’est gaussée. Comment, comment serait-il possible de parler de rêve en cette période ? C’est vrai, ce n’est pas un rêve que nous vivons… Comment serait-il possible de parler de rêve au moment où la crise condamnerait toute ambition ? Ce serait une chimère. Mais moi, je ne vous appelle pas à mettre votre tête dans les étoiles. Je vous appelle à retrouver le récit républicain, celui qui nous a fait avancer pendant des décennies, le récit de la Révolution française, de ces hommes, de ces femmes aussi, qui ont voulu avancer dans une histoire inconnue qui s’ouvrait sous leur yeux, qui était l’histoire de l’égalité humaine.

Oui, ce récit républicain qui s’est poursuivi avec les républiques, avec la IIIe République, avec, aussi, la Libération, le Conseil national de la résistance, ce rêve, ce récit républicain que mai 68 a aussi, d’une certaine façon, fait ressurgir ! Et puis, mai 1981 et tant d’autres étapes. C’est cela, le récit de la République. Il n’appartient pas qu’à la Gauche. Tous ceux qui se sont succédé pendant des décennies à la tête du pays ont porté le récit républicain. A chaque fois, et quels que fussent les reproches que nos prédécesseurs aient pu leur adresser, c’était, finalement, leur ambition aussi, faire avancer la France. Alors le rêve, surtout, portons-le !

Et je me permettrai de citer Shakespeare, qui rappelait cette loi pourtant universelle : « ils ont échoué parce qu’ils n’ont pas commencé par le rêve ». Eh bien nous réussirons parce que nous commencerons par évoquer le rêve ! Le rêve français, c’est la confiance dans la démocratie, la démocratie qui sera plus forte que les marchés, plus forte que l’argent, plus forte que les croyances, plus forte que les religions ! Le rêve français, c’est l’achèvement de la promesse républicaine autour de l’école, de la laïcité, de la dignité humaine, de l’intérêt général.

Le rêve français, c’est le creuset qui permet à toutes les couleurs de peau d’être à égalité de droits et de devoirs. Le rêve français, c’est l’affirmation des valeurs universelles qui vont bien au-delà des frontières, qui vont bien au-delà de la Nation. Ce n’est pas un espace limité, mais qui est proclamé à tous, à la face du monde. Le rêve français, c’est notre histoire, c’est notre projet ! Le rêve français, c’est une force, c’est le projet que je vous propose, parce qu’il nous ressemble, parce qu’il nous rassemble !

Je veux, je veux que nous allions ensemble vers la France de demain ! Une France du travail, du mérite, de l’effort, de l’initiative, de l’entreprise, où le droit de chacun s’appuiera sur l’égalité de tous. Une France de la justice, où l’argent sera remis à sa place, qui est celle d’un serviteur et non d’un maître. Une France de la solidarité, où aucun des enfants de la Nation ne sera laissé de côté. Une France du civisme, où chacun demandera non pas ce que la République peut faire pour lui, mais ce que lui, peut faire pour la République ! Une France de la diversité où chacun apportera sa différence, mais dans l’unité de la République, où les Outre-mers nous ouvrent à tous les horizons du monde et où les enfants d’immigrés doivent être fiers, fiers d’entre Français, Français, parce que c’est le plus beau nom qu’on puisse donner à un citoyen du monde, à une France de l’exemple, où le pays se retrouve dans ce qui l’élève, dans ce qui le réunit, le dépasse, une France de la confiance où toutes les forces qui la constituent se mobilisent pour l’avenir !

La France, la France n’est pas un problème. La France est la solution !

Voilà le choix, chers amis, voilà le choix qui vous attend. Toujours le même, toujours celui, depuis que la démocratie existe, entre la peur et l’espoir, entre la résignation et le sursaut, entre l’agitation et le changement. Eh bien le changement, le changement, c’est maintenant ! Le redressement, c’est maintenant ! La justice, c’est maintenant ! L’espérance, c’est maintenant ! La République c’est maintenant !

Mobilisons-nous, rassemblons-nous et dans trois mois, dans trois mois, nous ferons gagner la Gauche, avancer la France et nous réussirons le changement ! Le changement, j’y suis prêt !

Vive la République ! Et vive la France !

 

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12 janvier 2012 4 12 /01 /janvier /2012 00:01

 

 

 

Anne Lauvergeon

PARIS AFP / 11 janvier 2012 21h54 - L'ex-patronne d'Areva Anne Lauvergeon a assigné le groupe nucléaire en référé devant le tribunal de commerce de Paris le 3 février pour qu'il lui verse 1,5 million d'euros d'indemnités de départ, a annoncé à l'AFP son avocat.

Nous avons assigné Areva devant le juge des référés du tribunal de commerce de Paris pour le 3 février. L'objet de cette demande, sous astreinte, est que le président du directoire d'Areva formalise l'accord qui avait été arrêté sur les indemnités de départ, a déclaré Me Jean-Pierre Versini-Campinchi, évaluant ce montant à 1,5 million d'euros.

Après l'éviction par le gouvernement en juin 2011 de Mme Lauvergeon de la direction Areva, il y a eu un accord irrévocable auquel il manque la formalisation par la signature d'Areva, a poursuivi l'avocat.

En l'état, l'accord n'a pas pu être transmis au ministre de l'Economie et des Finances et Mme Lauvergeon n'est pas en mesure de recevoir ses indemnités, composées de 1 million d'euros d'indemnités de départ et de 500.000 euros au titre d'une clause de non-concurrence, a dit Me Versini-Campinchi.

Après plus de 10 ans à la tête du groupe nucléaire français, le mandat d'Atomic Anne était arrivé à échéance à la fin juin. Sa candidature à un troisième mandat n'avait pas été retenue par le chef de l'Etat Nicolas Sarkozy. Elle a été remplacée à la présidence du directoire par l'ancien numéro deux du groupe, Luc Oursel.

La semaine dernière, Mme Lauvergeon a été entendue par la police suite à sa plainte visant indirectement Areva pour des écoutes illégales présumées à l'encontre de son mari, Olivier Fric.

Mme Lauvergeon et M. Fric, consultant dans le secteur énergétique, pensent avoir été illégalement écoutés par des enquêteurs privés, en arrière-plan d'un rachat en 2007 par le groupe nucléaire d'une société d'extraction d'uranium, UraMin.

Selon les conclusions du rapport d'enquête visant le couple, révélées par le Canard enchaîné, les recherches préliminaires menées sur M. Fric n'ont pas permis de démontrer qu'il avait pu bénéficier de manière illégitime du rachat d'UraMin par Areva.

Après la plainte de Mme Lauvergeon et de M. Fric, le parquet de Paris avait ouvert le 21 décembre une enquête préliminaire pour complicité et recel de violation de secret professionnel.

AREVA


(©)

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