(Xinhua) le 27 mars, 2012 -
Le circuit de vente du ciment fabriqué au Tchad, lancée officiellement par le Premier ministre Emmanuel Nadingar la semaine dernière, est jugé long et pénible par les consommateurs, mais sécurisé par le gouvernement qui veut éviter la spéculation.
Et la quantité produite par la cimenterie locale est loin de satisfaire la demande nationale.
Pour acheter le ciment importé du Nigeria, du Cameroun, le consommateur tchadien peut se rendre à la quincaillerie d’à
côté et débourser 11.500 ou 12.000 francs CFA pour obtenir le sac de 50 kg. Mais pour le ciment fabriqué à Baoré, dans la région du Mayo- Kebbi ouest frontalière avec le Cameroun, et vendu à
6.500 francs CFA le sac de 50 kg, le circuit est plus long.
Le client doit se rendre au siège de la Société nationale de ciment (SONACIM), dans le VIIIème arrondissement de la
capitale. Avec son numéro dans l’ordre d’arrivée, il se présente à la direction commerciale de la société où on lui remet un bordereau d’achat. Il s’acquitte ensuite du montant indiqué dans le
bordereau au guichet de l’agence la Commercial bank, installée au sein de la SONACIM.
Le nouveau bordereau de paiement et la facture lui permettent d’obtenir, à la direction commerciale de la SONACIM, un
bordereau de livraison définitive. Avec ce dernier document, il se présente à un des dépôts de la cimenterie pour retirer le nombre de sacs qu’il a achetés.
A N’Djaména, la SONACIM a retenu trois sites pour stocker le ciment. Mais seul le dépôt de Chagoua, dans le VIIème
arrondissement, est opérationnel. La direction générale de la cimenterie promet ouvrir « très prochainement » les deux dépôts restants de la capitale quatre autres dans les
provinces.
« La lenteur que les
consommateurs constateront avec le système actuel de vente, instauré pour sécuriser la destination sociale du ciment, s’améliorera progressivement », a averti le Premier
ministre tchadien, Emmanuel Nadingar, en lançant officiellement la vente du ciment local le week-end dernier.
Au sein de la SONACIM, de longues rangées se font tous les jours. L’attente est longue, mais certains consommateurs
réussissent à obtenir quelques sacs de ciment. D’autres, peu chanceux, repartent parfois bredouilles chez eux. « J’ai passé quatre heures ici, mais je n’ai pas réussi à obtenir les quinze sacs de ciment que je voulais », se plaint Ahmat Hassan. Il craint que le système instauré ne fasse les affaires des « gens haut placés ».
« Avec cette démarche, les
riches viendront prendre de centaines de sac et nous les pauvres n’aurons plus rien », ajoute-t-il.
« C’est pour permettre à la
population d’avoir accès directement au ciment, sans intermédiaire, que nous avons mis en place ce système. Le chef de l’Etat a subventionné le ciment pour les plus pauvres, mais pas pour les
plus nantis. Nous voulons que le sac de ciment aille directement sur le chantier, pas au marché », déclare Kebba Wouado
Evariste, directeur général adjoint de la SONACIM. Ainsi, toute commande d’achat du ciment local ne peut pas dépasser 20 sacs.
La première cimenterie du Tchad, construite par l’entreprise chinoise CAMCE et sur un prêt contracté auprès d’Eximbank
de Chine, a été inaugurée le 16 février 2012 par le président Déby Itno. Elle peut produire 200.000 tonnes de ciment par an. Le besoin total
du Tchad, lui, est estimé entre 600.000 à 700.000 tonnes par an. La différence est comblée par le ciment du Nigeria, du Cameroun et même parfois de l’Egypte.
« Pour le ciment importé,
c’est le jeu de l’offre et la demande qui déterminera le prix de vente », rappelle M. Kebba Wouado Evariste. Sur le
marché national, le ciment Dangote, venu du Nigeria, vaut 12.000 francs CFA le sac de 50 kg.
Pour sa première année, la cimenterie locale ne peut tourner qu’à 60% de sa capacité réelle. « Nous produisons et nous faisons également des stocks pour pallier toute éventuelle rupture. Pour cela, il faut
équilibrer la balance en calculant le stock », explique le directeur général adjoint de la SONACIM.
M. Kebba Wouado Evariste sait que la cimenterie peut rencontrer
des difficultés d’acheminement de la production vers les points de vente pendant la saison des pluies (la voie qui relie la zone de production à la route nationale sud n’est pas encore bitumée).
Une rupture dans l’importation du Maroc du gypse, utilisé à hauteur de 5% dans le procédé chimique du ciment, ou une panne des machines pourront bien intervenir. « Dans tous les cas, nous pouvons fournir le ciment aux Tchadiens pendant deux ou trois semaines, mais pas au-delà
d’un mois », prévient le directeur général adjoint de la SONACIM.
NDLR : Après sa raffinerie de pétrole, le Tchad voisin possède maintenant sa propre cimenterie. A quand les
premiers sacs de ciment de la prétendue cimenterie de Nzila dont Bozizé a posé la première pierre de la construction depuis belle lurette ? Jusqu'à quand la RCA va-t-elle continuer à dépendre de
ses voisins ? Tant que les pseudos dirigeants qui sont à la tête du pays n'auront aucune vision du développement et passent leur temps à voler, le pays fera du surplace voire régressera
indéfiniment.