Source : Camerpress.net
12 Novembre 2009
Ces fonds étaient domiciliés à la
Commercial Bank Centrafrique.
L’ex-chef d’Etat centrafricain, qui vient de solliciter l’arbitrage du président
Paul Biya, réclame dix milliards Fcfa à la multinationale camerounaise.
Le groupe Fotso traverse
manifestement une mauvaise passe. Si son actualité était jusqu’ici meublée par l’interminable feuilleton judiciaire à l’issue incertaine mettant en scène son président, M. Yves Michel Fotso, une nouvelle parenthèse s’est ouverte en fin de semaine dernière avec la mise sous administration Cobac de son pool banquier constitué de la
Commercial Bank Cameroon (CBC), la Commercial Bank Centrafrique (CBCA) et la Commercial Bank Tchad (CBT).
Et voici que, maintenant, et sans ambages, M. Ange Félix Patassé l’accuse d’abus de confiance. « Le groupe Fotso à travers
la banque CBCA/Bangui a détourné mes fonds déposés dans cette banque », écrit l’ancien chef d’Etat centrafricain au président camerounais. Comme si l’affaire était gênante pour lui-même,
le propriétaire et actionnaire principal des sociétés Colombe Forêt, Colombe Mines et Colombe Cademi reste muet sur les sommes querellées.
Dans son entourage immédiat, l’on confie que le litige porte sur un montant de
cinq milliards de F CFA constituant les dépôts des trois entreprises, auxquels lui-même a greffé cinq milliards de F CFA représentant les intérêts. M. Patassé privilégie pour le moment le dialogue et la médiation. En même temps que mandat a été donné à une proche pour prendre attache avec le groupe Fotso en vue d’une tentative de règlement à l’amiable, celui qui a mis fin à son exil togolais en retournant en RCA a sollicité les bons offices de son
« très cher frère » Paul Biya. Pour sauver les relations
particulières que le Cameroun et la RCA entretiennent, le candidat annoncé à l’élection présidentielle prévue en 2010 a chargé son émissaire de recueillir au préalable «conseil et suggestion» auprès du chef d’Etat camerounais avant d’envisager toute action en justice. Car,
prévient-il, « en cas d’impasse, je me réserve le droit par tous moyens de récupérer mes fonds abusivement
utilisés par la CBCA ».
Contacté plus d’une fois, le groupe Fotso donne des explications évasives : « Allez voir ce problème avec la CBCA
qui est une institution autonome. La responsabilité du groupe Fotso, dont on n’est pas sûr qu’il a une existence juridique, ne saurait donc être engagée dans ce cas. » En toile de fond,
notre interlocuteur à la division de la communication du groupe Fotso n’est pas loin de déduire qu’il s’agit non pas d’une affaire, mais d’une
manipulation de plus. L’ancien président centrafricain assure pourtant ne pas se tromper d’interlocuteur même s’il semble lui-même ne pas dire toute la vérité. A la vérité, selon des sources à
Bangui, M. Patassé n’était pas seulement un client de la Commercial Bank Centrafrique (CBCA), c’était aussi et surtout, au regard du poids économique
que lui conférait sa qualité de propriétaire de sociétés, un «actionnaire» de la
banque.
Ce qui explique les relations privilégiées qu’il entretenait avec M. Yves Michel Fotso. A preuve, en 2002, sur un site situé à presque 100 mètres de la présidence de la République centrafricaine, a été organisée en grande pompe,
en présence de MM. Patassé et Fotso, la cérémonie de pose de la première pierre du futur siège de la
CBCA. Pendant plusieurs jours, la télévision nationale centrafricaine a diffusé en boucle des émissions vantant la fortune du groupe Fotso. Le
contrôle technique des travaux de construction du nouvel édifice de sept étages, d’un coût évalué entre quatre et sept milliards de F CFA, devait être assuré par le cabinet Apave, la
climatisation par une entreprise camerounaise, le génie civil par une société ivoirienne et l’électricité par une entreprise tchadienne. Mais jusqu’à ce jour, ce chantier attend toujours d’être
lancé.