YAOUNDE--(Xinhuanet
18/03/2010) - 3.205 milliards de francs CFA ( environ 6,41 milliards de dollars US) sont nécessaires pour compléter le bitumage de l'ensemble des liaisons routières inter- capitales des pays
membres de la Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale (CEEAC), a estimé mardi le directeur du bureau sous-régional de la Commission économique des Nations Unies, Mamadou Hachim
Koumaré, lors d'une rencontre à N'Djamena au Tchad.
En janvier 2004, ces pays avaient adopté un plan de développement des infrastructures de transport intitulé "Plan directeur consensuel des transports en Afrique centrale" (PDCT-AC) ayant pour
objectif de doter cette région africaine d' infrastructures de transport sûres, fiables, efficaces et offrant des services à des coûts abordables.
Ce plan inclut les besoins collectifs de cet espace géographique et couvre tous
les modes de transport : routier, ferroviaire, aérien, maritime et par vois d'eaux intérieures. Mais, à l'instar des autres régions du continent (Afrique du Nord, Afrique de l'Ouest, Afrique de
l'Est et Afrique australe), le transport routier est prédominant.
En Afrique centrale particulièrement, la performance du transport ferroviaire,
aérien et fluvial est jugée faible. Par conséquent, plus de 80% du transport de marchandises et 90% du transport de personnes sont assurés par la route, selon la Commission économique des Nations
Unies pour l'Afrique (CEA).
Réunis en sommet à Brazzaville au Congo, les chefs d'Etat et de gouvernement de
la CEEAC et de la Communauté économique et monétaire de l'Afrique centrale (CEMAC) avaient alors retenu en janvier 2004 comme objectif à court terme du plan directeur consensuel des transports la
liaison de toutes les capitales de la région par une route entièrement bitumée à l'horizon 2010.
A l'échéance fixée, cet objectif est loin d'être atteint, a souligné mardi dans
la capitale tchadienne à l'ouverture d'une réunion ad hoc de deux jours relative à l'évaluation de ce processus, M. Koumaré, citant une étude de la CEA d'où il ressort "un taux de réalisation de
seulement 51% dudit objectif, avec deux liaisons inter-capitales sur les 14 identifiées".
"Il s'agit des liaisons Yaoundé-Libreville et Yaoundé-Bat, avec là aussi
quelques tronçons dégradés. Une troisième liaison Yaoundé- N'Djamena devrait s'y ajouter à moyen terme, à l'achèvement des travaux en cours", a-t-il précisé dans une allocution dont Xinhua a
obtenu copie mercredi à Yaoundé.
Pourtant, a expliqué le responsable onusien, "les liaisons inter-capitales
constituent une étape minimale, indispensable pour la crédibilité du projet d'édification d'un espace économique intégré et performant" dans la région.
Et de recommander, en vue d'atteindre l'objectif fixé, "la création d'un fonds
spécial de développement des infrastructures qui serait financé, entre autres sources, par les surliquidités des banques de la sous-région et une partie des surplus de recettes pétrolières des
Etats membres".
Parmi ces pays, pour la plupart enclavés d'ailleurs, quatre ( Guinée équatoriale, Centrafrique, Sao Tome & Principe et Tchad) dépendent essentiellement de la route pour accéder au marché
international et pour la circulation de leurs populations au sein de l'espace communautaire.
Globalement, indiquent en outre les études, seuls 15% du réseau routier de cette région sont bitumés. Au point que les coûts du transport en transit inter-Etats se trouvent élevés, atteignant
jusqu'à 70% du prix de revient des marchandises.
Ces facteurs affectent négativement la performance de leurs économies et rendent
encore plus difficile la réalisation des Objectifs du millénaire pour le développement (OMD), déplore Mamadou Hachim Koumaré.
Une étude récente de la Banque mondiale sur les prix et le coût du transport en
Afrique a mentionné que le prix du transport d'une tonne de marchandise sur 1 km le long du corridor Douala-N'Djamena est trois plus élevé qu'au Brésil et plus de 5 fois supérieur à celui
pratiqué au Pakistan.
Dix pays sont concernés par le PDCT-AC : Angola, Burundi, Cameroun,
Centrafrique, Congo, République démocratique du Congo ( RDC), Gabon, Guinée équatoriale, Sao Tomé et Principe puis Tchad.
L'état des lieux dressé par le bureau sous-régional de la Commission économique
des Nations Unies révèle que l'Angola a un réseau routier principal de 73.000 km dont 5.244 km bitumés, soit un taux de bitumage de 7%.
Parmi les tronçons du réseau routier consensuel, 3.897 km sont situés en
territoire angolais dont 1.480 km bitumés, soit un taux de bitumage de 38%. 1.034 km sont en cours de bitumage dans le cadre d'un vaste programme d'urgence mis en place pour la réhabilitation des
infrastructures détruites pendant la guerre civile qu'a connue le pays.
Au Burundi, le réseau routier est évalué à environ 5.000 km, avec 1.230 km de
routes revêtues, autrement dit un taux de bitumage de 25%. Les 246 km du réseau consensuel situé sur le territoire national sont entièrement bitumés.
D'une longueur totale de 24.884 km, le réseau routier principal camerounais se
compose de 16.797 km de réseau prioritaire et 8.087 km de réseau non prioritaire. Le premier est constitué de tronçons bitumés et de tronçons en terre faisant l'objet d'un entretien courant.
Tandis, sans entretien régulier, que le second est en très mauvais état.
5.196 km de ce réseau principal sont bitumés, ce qui fait un taux de bitumage de
21%. 2.802 km sont bitumés sur les 6.882 km du réseau consensuel, soit un taux de bitumage de 40%. 706 km sont en cours de bitumage.
En Centrafrique, 882 km sont bitumés sur les 9.307 km du réseau principal, en
d'autres termes un taux de bitumage de 9%. Egalement 882 km sont bitumés parmi les 4.288 km du réseau consensuel, ce qui représente un taux de bitumage de 21%. 155 km sont en cours de
bitumage.
Pour sa part, le Congo présente un réseau routier principal de 5.450 km (soit 1.815 km de routes nationales et 3.575 km de routes préfectorales) dont 1.262 km sont bitumés, soit un taux de
bitumage de 23%. Avec 509 km bitumés sur les 3.092 km, le taux de bitumage du réseau consensuel s'établit à 16%. 597 km sont en cours de bitumage.
En RDC, sur les 58.129 km du réseau routier principal, 3.000 km seulement sont
bitumés, soit un taux de bitumage de 5%. C'est le taux le plus bas de la région. Le réseau bitumé est principalement situé sur l'axe océan
Atlantique-Kinshasa-Lubumbashi-Zambie.
S'agissant du réseau consensuel long de 9.470 km, il est bitumé sur 2.021 km,
c'est-à-dire un taux de bitumage de 21%.
Parmi ses 9.107 km du réseau routier national, le Gabon en a pu bitumer 1.245
km, soit un taux de bitumage de 14%. Le réseau consensuel distant de 3.116 km est bitumé à 1.026 km, ce qui représente un taux de bitumage de 33%. 304 km sont en cours de
bitumage.
Faisant office de meilleur élève, la Guinée équatoriale ne compte que 2.700 km
de réseau routier principal dont 1.616 km sont bitumés, pour un taux de bitumage de 60%. 287 km sur les 427 km du réseau consensuel sont également bitumés. Les 140 km restants sont en cours de
bitumage.
A Sao Tomé et Principe, 233 km des 1.100 km du réseau routier national sont
bitumés, soit un taux de bitumage de 21%. Du fait de son état d'insularité, aucun projet routier de Sao Tomé et Principe n'a été recensé parmi les projets intégrateurs du PDCT-AC. Mais il est
envisagé d'inscrire ses besoins dans les actions de ce plan.
Au Tchad, 990 km des 6.200 km du réseau routier principal sont bitumés, ce qui
signifie un taux de bitumage de 16%. Les routes bitumées font partie du réseau consensuel estimé à 3.072 km. 511 km sont en cours de bitumage.
Au total, les 10 pays affichent une longueur de 10.243 km de routes bitumées sur
les 34.490 km du réseau consensuel. Alors que 3.447 km sont déclarés en cours de bitumage, 20.800 km sont non bitumés.
Par Raphaël MVOGO
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