Son Altesse Jean Francis Bozizé 1er, Prince de
Bézambé
L’arrestation, la détention arbitraire pendant dix jours puis son placement sous mandat de dépôt à la prison de
Ngaragba de Faustin Bambou, journaliste et directeur de publication de l’organe de presse « Les Collines de Bas-Oubangui » sur instigation du désormais prince Francis Bozizé en dépit de
la loi portant dépénalisation des délits de presse votée par l’assemblée nationale et promulguée par Bozizé lui-même, suscite un véritable tollé d’indignation et de condamnation dans le monde.
Après le Comité de protection des journalistes dont le siège est à New York, c’est le tour de Reporters Sans Frontières de monter au créneau pour aussi exiger la libération inconditionnelle de ce
journaliste qui considère qu’il fait simplement l’objet de tracasseries extrajudiciaires. Il y a quelques jours, le MLPC avait aussi dénoncé fermement l’arbitraire dont il fait l’objet et exigé
sa libération immédiate. Cette situation révèle s’il en était encore besoin la nature autocratique, népotiste et rétrograde du régime actuel de Bangui sous la houlette de François Bozizé qui est
une dictature d’un autre âge. Quand l'UE demande un signal fort à Bozizé et son premier ministre Faustin Touadéra pour dégeler la situation politique du pays après leur hold-up électoral, voilà
ce qu'il offre, l'embastillement d'un journaliste !
Rédaction C.A.P
Communiqué de presse du Committee to Protect Journalists (New York)
New York 7 juin 2011 — Les autorités de la République centrafricaine ont inculpé Faustin
Bambou, directeur de publication de l'hebdomadaire indépendant The Hills of Bangui, d'incitation à la haine et au désordre parmi les forces militaires et
d'outrage au gouvernement, a dit au CPJ le journaliste. M. Bambou a été directement transféré à la prison de Ngaragba à Bangui, la capitale. Il a été arrêté par quatre gendarmes
à son bureau le 27 mai dernier et détenu sans chef d'accusation pendant dix jours à la Section de recherches et d'investigations (SRI) de la gendarmerie nationale, selon des journalistes
locaux.
Entre avril et mai 2011, M. Bambou avait écrit quatre articles au sujet du ministre centrafricain de la Défense, Francis
Bozize, alléguant que ce dernier avait détourné des fonds octroyés par l'Union européenne. Ces fonds étaient destinés au paiement des pensions des militaires et gendarmes retraités,
selon un communiqué conjoint publié par l'Union des journalistes centrafricains et l'Observatoire des médias centrafricains. Le ministre Bozize, qui est aussi le fils du
président centrafricain, est soupçonné d'avoir ordonné l'arrestation de M. Bambou, a dit ce dernier au CPJ. La République centrafricaine a dépénalisé les délits de presse en
2005: il n'existe donc aucun fondement juridique pour justifier la détention de M. Bambou.
Le 17 mai dernier, le porte-parole du gouvernement Alain-Georges Ngatoua avait critiqué sur les ondes de la
radio nationale The Hills of Bangui ainsi que deux autres publications indépendantes, les accusant de mener une « campagne de dénigrement » contre le ministre de la Défense, selon des médias
locaux.
«L'emprisonnement de Faustin Bambou défie les propres lois de la République centrafricaine, qui a dépénalisé les délits de
presse il ya six ans », a déclaré Tom Rhodes, consultant du CPJ pour l'Afrique de l'Est. «Les autorités doivent immédiatement accorder la liberté sous caution à M. Bambou », a-t-il
martelé.
Il convient de rappeler que M. Bambou avait été condamné à six mois de prison en janvier 2008 par le tribunal correctionnel de
Bangui pour incitation à la révolte, outrage et diffamation. Le journaliste avait prétendument diffamé le ministre centrafricain des Mines (actuellement ministre des Affaires étrangères) dans un
article alléguant qu'il avait détourné des fonds. Cependant, M. Bambou a été gracié par le président le mois suivant.
République centrafricaine : Faustin Bambou, accusé
BANGUI, République Centrafricaine, 9 juin 2011/African Press Organization (APO)/ -- Reporters sans frontières dénonce
l'incarcération et les récentes accusations portées par le parquet de Bangui, contre Faustin Bambou, directeur de publication de l'hebdomadaire indépendant Les Collines de
l'Oubangui. Il est inculpé pour "incitation à la violence et à la haine", en raison d'articles écrits entre le 28 février et le 25 mars. Ces articles, écrits suite à
plusieurs manifestations d'anciens militaires, dénonçaient une affaire de détournement de fonds octroyés par l'Union européenne, dans laquelle le ministre délégué à la Présidence chargé de la
Défense nationale, des Anciens Combattants, des Victimes de guerre, du Désarmement et de la Restructuration de l'Armée, Jean-Francis Bozizé, pourrait être impliqué. Arrêté le 27
mai, Faustin Bambou a été illégalement détenu pendant 10 jours par la Section de Recherches et d'Investigations (SRI) de la gendarmerie nationale, sans aucun mandat d'arrêt. Il a
été transféré le 6 juin à la maison d'arrêt centrale de Ngaragba à Bangui. Les raisons exactes de l'inculpation demeurent incertaines.
"Nous condamnons l'incarcération de Faustin Bambou qui a simplement fait son travail en relayant une information
d'intérêt public. Les conditions de son arrestation, dépassant la durée légale de la garde-à-vue, représentent déjà une violation manifeste de la loi. En outre, si depuis 2005, aucun journaliste
ne peut être arrêté pour diffamation grâce à la dépénalisation de ce délit de presse, nous déplorons que cela soit encore permis dans les cas d'incitation à la violence. Devant le caractère
abusif de ce chef d'inculpation, nous demandons au procureur de revenir sur ces accusations, de mettre un terme immédiatement à ces procédures judiciaires et de relâcher le
journaliste" a déclaré Reporters sans frontières.
Entendu le 27 mai par le commandant de la gendarmerie de Bangui en qualité de témoin, Faustin Bambou a été
immédiatement placé en détention, avant d'avoir été auditionné le 6 juin, et inculpé par le premier substitut du procureur, M. Djoubaye. Lors de sa convocation, le procureur
aurait fait un lien périlleux et contestable, à nos yeux, entre les articles écrits par le journaliste et les manifestations de militaires retraités réclamant leur solde. Contacté par Reporters
sans frontières par l'intermédiaire de ses avocats, Faustin Bambou a affirmé que le procureur souhaitait également lui faire porter le chapeau d'articles dérangeants écrits par
d'autres journalistes. Dans ses articles, Faustin Bambou demandait à Jean-Francis Bozizé d'expliquer la disparition d'environ, selon son estimation,
"3 778 000 000 FCFA (5 150 000 euros) octroyés par l'Union Européenne pour ces militaires retraités" à travers une convention de financement pour soutenir le processus
de la Réforme du Secteur de Sécurité (RSS).
A ce jour, le dossier n'a toujours pas été présenté à la défense. Pour le procureur, les articles écrits par Faustin
Bambou relayant la série de manifestations, commencée le 28 février dernier, des 812 militaires retraités en 2007, auraient "incité à la violence et à la
haine", un crime puni par le Code pénal. Bien que l'origine de ces poursuites judiciaires ne soit pas confirmé, il semblerait que le Ministre délégué à la Défense nationale
Jean-Francis Bozizé ait porté plainte contre le journaliste. Il est en effet étonnant que le ministre n'ait pas fait valoir son droit de réponse au journal Les Collines de
l'Oubangui.
Reporters sans frontières a appris que les journalistes Sandy Cyrus, directeur des publications de Média Plus,
et M. Kongbo, journaliste pour On dit quoi, seraient eux aussi poursuivis pour les mêmes motifs et forcés de vivre en semi clandestinité. Ils travaillent pour des médias
critiqués par Alain-George Ngatoua, chargé de mission en communication du ministère, sur la radio nationale le 17 mai dernier. A cette occasion, M. Ngatoua avait
dénoncé une "véritable campagne de dénigrement" contre Jean-Francis Bozizé, Ministre délégué à la Défense et fils du président François
Bozizé.
Reporters sans frontières rappelle que Faustin Bambou avait déjà été condamné à 6 mois de prison ferme pour
"incitation à la révolte" le 28 janvier 2008. Il avait bénéficié d'une grâce présidentielle le 23 février de la même année.
La République centrafricaine occupe la 69e place sur 175 pays, du classement mondial 2010 de la liberté de la presse établi par
Reporters sans frontières.
Plus d'informations sur Faustin Bambou :
http://fr.rsf.org/republique-centrafricaine-le-directeur-des-collines-de-l-25-02-2008,25228.html