Le neveu de François Bozizé, dont les comptes en France ont été gelés, a porté plainte contre le ministre des Finances pour faux et usage de faux, révèle France Info.
«Qu'aujourd'hui je puisse être sur une liste de terroristes en pure gratuité, je voudrais comprendre pourquoi. J'ai été traité comme un voyou et je ne l'accepte pas», proteste Ange Ouefio Goningai. Ce neveu de l'ancien président centrafricain François Bozizéa porté plainte, devant la Cour de justice de la République, contre le ministre des Finances Michel Sapin pour faux et usage de faux, révèle France Info. Soupçonné de participer à la déstabilisation de la Centrafrique et de soutenir les actions terroristes des milices anti-musulmanes, Ange Ouefio Goningai a vu Bercy geler ses avoirs. Un sort comparable à celui de son oncle.
Ange Ouefio Goningai, qui possède la double nationalité, réfute toutes les accusations qui sont portées contre lui. D'abord footballeur dans l'équipe réserve du PSG avant de se lancer en politique en Centrafrique comme conseiller spécial du président François Bozizé, Ange Ouefio Goningai est revenu dans l'Hexagone lorsque la guerre civile a éclaté en RCA en 2013. Il est resté en lien avec la diplomatie française jusqu'à la fin de l'année dernière. Puis son nom apparaît sur liste, établie par Bercy, de personnes impliquées dans le financement des anti-Balaka, les milices anti-musulmanes.
Expulsé de son appartement
Incapable d'accéder au moindre argent et donc de payer son loyer, Ange Ouefio Goningai que a été expulsé de son appartement et dort au cabinet de son avocat. Le gel des avoirs ne repose sur aucune décision de justice, rappelle France Info. Ange Ouefio Goningai ne peut contester la mesure administrative, décidée par Bercy sur la base des directives de l'Union européenne et de l'ONU. Une situation incompréhensible pour le neveu de François Bozizé qui souligne n'avoir jamais été mis en cause par la justice. Sa plainte sera examinée par une commission des requêtes de la Cour de justice de la République.
La Centrafrique, dont l'histoire est jalonnée de coups d'Etat, a sombré dans le chaos et les violences intercommunautaires, lorsque l'ex-rébellion Séléka à dominante musulmane a pris le pouvoir entre mars 2013 et janvier 2014 et a multiplié les exactions dans un pays composé à 80% de chrétiens. Des milices chrétiennes, dites anti-Balaka, hostiles aux Séléka et plus généralement aux musulmans se sont formées, semant elles aussi la terreur parmi les civils.
Chassé du pouvoir en mars 2013, François Bozizé qui s'est réfugié en Ouganda, est «assez actif» et «essaye d'organiser les Anti-Balaka à son profit», constatait début 2014 une source diplomatique. Cette nébuleuse des Anti-Balaka, difficile à cerner, compte en son sein de nombreux partisans du président déchu. En mai 2014, l'ex-chef d'Etat, le coordinateur des milices chrétiennes anti-Balaka Levy Yakété et le numéro deux de l'ex-coalition rebelle Séléka Nourredine Adam ont été visés par des sanctions de l'ONU: gel des avoirs et interdictions de voyager. Selon les services de renseignement, la famille Bozizé aurait réparti au moins 156 millions d'euros sur des comptes en Afrique du Sud, en Suisse, au Luxembourg et dans les îles anglo-normandes.
Une plainte contre Michel Sapin pour faux et usage de faux
C'est Ange OuefioGoningai, le neveu de l'ancien président centrafricain, qui a annoncé avoir déposé une plainte pour faux et usage de faux contre le ministre de l'économie pour le gel de ses avoirs car il est soupçonné de terrorisme.
Ange Ouefio Goningai a donc annoncé avoir déposé une plainte contre Michel Sapin pour l'avoir, à tort, placé sur une liste de terroristes présumés et gelé ses avoirs.
Des accusations infondées selon l’intéressé
Afin de justifier sa plainte, il déclare : "qu'aujourd'hui je puisse être sur une liste de terroristes en pure gratuité, je voudrais comprendre pourquoi. J'ai été traité comme un voyou et je ne l'accepte pas". Le gel des avoirs de Ange Ouefio Goningai ne repose sur aucune décision de justice mais sur une directive européenne.
Maître Baduel, son avocat, dénonce des faux qui auraient permis de geler ses avoirs. Selon son avocat : "la vérité est que mon client n’est ni un terroriste ni un agitateur et donc le fait de qualifier cet homme avec le travestissement de textes du conseil de l’Union européenne constitue un faux. C’est une atteinte monumentale aux libertés individuelles".
La plainte de l'ex conseiller de l'ancien président centrafricain a été déposée hier soir à la cour de justice de la République. Elle devrait être examinée sous peu par la commission des requêtes.
Qui est Ange Ouefio Goningai ?
Ange Ouefio Goningai est un ancien footballeur réserviste du PSG. Il est aussi neveu de François Bozizé, l'ancien président de Centrafrique. Après sa carrière de footballeur, il était entré en politique et était devenu conseiller spécial du président Bozizé. Il dispose de la double nationalité et, suite au déclenchement de la guerre civile en Centrafrique, il a rejoint la France.
Interlocuteur pour la diplomatie française lorsque son oncle est président, il apprend en novembre, par un ami, que son nom figure sur une liste de Bercy où sont listées les personnes soupçonnées de financer le terrorisme en Centrafrique et par là même soupçonné de terrorisme. C'est ce soupçon qui fera déclencher le gel de ses avoirs. Privés de ressources et ne pouvant plus payer son loyer, il vit pour le moment dans le cabinet de son avocat.
Après plusieurs reports, le forum de réconciliation centrafricain a abouti à pléthore de recommandations. De notre envoyée spéciale.
C’était le Forum de tous les dangers et le Forum de tous les espoirs. "La rencontre de la dernière chance", a martelé la présidente de transition Catherine Samba-Panza. Après 30 mois de conflits entre les milices majoritairement musulmanes ex-Seleka et groupes d’auto-défense chrétiens anti-Balaka, qui ont plongé le pays dans un chaos sans nom, mettre les belligérants autour de la table n’avait rien d’évident.
L’enjeu ? Amorcer un processus de réconciliation nationale et préparer le terrain à des élections présidentielles, en rassemblant les représentants des principales forces politiques présentes dans le pays. Contrairement aux Cassandre qui prédisaient un échec retentissant, il a finalement eu lieu, sans morts ni blessés, ce qui est en soi une victoire. Reporté à plusieurs reprises, accouché dans la douleur, ce forum a rassemblé, sous la surveillance étroite des représentants des principales grandes instances internationales, plus de 500 personnes du 7 au 11 mai au cœur de Bangui. Les quatre ateliers "paix et sécurité", "justice et réconciliation", "gouvernance" et "développement économique et social", ont abouti à pléthore de recommandations.
Deux accords essentiels signés
Les débats ont été animés. Il y a eu des coups de gueules, et même quelques coups de poing. Des palabres cathartiques, suivies des recommandations un peu étranges. Lundi, à la clôture du Forum, une poignée d’anti-Balaka et d'ex-Seleka, pour une fois d’accord, ont érigé des barrages et tiré quelques coups de feu devant l’Assemblée nationale, générant un regain de tension dans la capitale globalement apaisée. N’empêche : La plupart des observateurs n’y ont guère vu plus qu’un baroud d’honneur.
Seconde victoire : la plupart des groupes armés majoritairement musulmans ex-Seleka, les milices chrétiennes Anti-Balakas étaient représentés. Certes, les deux ex-dirigeants François Bozize, et de Michel Djotodia, ont été écarté des débats, mais faut-il le regretter ? "Ils ont eu le bon goût de ne pas venir", tranche un bon connaisseur du pays. Considérés comme principaux responsables des crimes horribles qui ont eu lieu dans le pays, les deux ex-leaders pourraient bientôt être traduits devant le tribunal de justice international de la Haye. Comment diable auraient-ils pu participer à ces débats sans les entacher ?
Troisième motif de satisfaction : deux accords essentiels ont été signés. Le premier porte sur la création d’une cour pénale spéciale, mêlant magistrats nationaux et étrangers, qui vise à mettre fin à une longue tradition d’impunité. Le second, signé entre le gouvernement provisoire et les représentants des principaux groupes armés, porte sur un désarmement général, considéré par la plupart des observateurs internationaux comme la pierre angulaire essentielle sans laquelle aucune reconstruction ou la mise en route d’un processus démocratique n’est possible.
C’est une réelle réussite, à laquelle on ne croyait initialement qu’à moitié", se réjouit un diplomate européen, plutôt optimiste.
"Grâce aux consultations populaires menées sur le terrain, plus de 20.000 personnes ont été représentées, des préfectures et des sous-préfectures, des gens de l’arrière-pays qui n’avaient jamais été entendus."
Le message qu’ils ont fait passer, selon lui, est clair "La population en a assez des violences, assez de l’impunité, elle aspire à vivre normalement". C’est selon lui, la leçon numéro un de ce Forum. Il veut y croire : Selon toute vraisemblance il y aura selon lui des élections d’ici la fin de l’année.
Un pays sous perfusion des financements internationaux
Mais d’autres, ici à Bangui, refusent de se réjouir trop vite. De crise en crise, le pays n’a connu, depuis toujours, l’alternance que par les armes. Des forums de réconciliation, il y a tant eu, déjà. Une véritable tradition nationale. Les derniers en date, en 2003 puis en 2008 ont également été suivis de protocole de sortie : "Mais aucun n’a jamais été mis en œuvre", souligne un homme d’affaire, très bon connaisseur de la vie politique locale. Pour lui, cette fois encore, aucun processus d’application n’a été mis en place. Résultat :
Le processus de désarmement à toutes les chances de rester lettre morte..."
A l’écouter, les racines du mal, très profondes, restent entières. "Sept jours de palabres ne peuvent en venir à bout".
Dans ce contexte, la pression de la communauté internationale, qui appelle à la tenue d’élection à tout prix, le plus rapidement possible, lui semble risquée : "Trop de groupes dans ce pays, n’y ont aucun intérêt". Ceux qui sont aujourd’hui au pouvoir, dans et autour du gouvernement provisoire d’abord, qui savent qu’ils n’ont aucune chance d’être réélus. Les groupes armés qui exercent un contrôle mafieux sur de nombreux axes commerciaux ensuite. "Les seuls qui souhaitent réellement la mise en place d’un processus démocratique sont les représentants de la société civile, les religieux. Mais ils ne pèsent pas très lourd".
Dans ces conditions, mettre en place des élections à marche forcée lui semble périlleux. En outre, remarque-t-il, les caisses sont vides. Qui va payer ? Dans ce pays exsangue, sous perfusion des financements internationaux, européens pour la plupart, nul ne sait, pour l’instant, comment financer la reconstruction. L’administration n’existe plus, l’éducation nationale est à plat, tout est à reconstruire. "Il y a 60 millions de dollars à mettre sur la table", reconnaît un diplomate. Une paille pour la communauté internationale : à elle seule, l’opération Sangaris engagée par le gouvernement français pour enrayer la guerre civile, coûte officiellement 800.000 euros par jour. Encore faut-il les trouver.
INFO FRANCE INFO par Elodie Guéguen vendredi 15 mai 2015 17:24, mis à jour le vendredi 15 mai 2015 à 17h30
C’est une information France Info. Une plainte contre ministre Michel Sapin pour faux et usage de faux a été déposée vendredi devant la Cour de justice de la République par le neveu de l’ancien président centrafricain François Bozizé. La raison : le gel de ses avoirs par Bercy. Elodie Guéguen l’a rencontré.
Ange Ouefio Goningai vit en France, mais privé de ressources, Bercy ayant décidé de geler ses avoirs. Le neveu de l’ancien président centrafricain François Bozizé est soupçonné d’"œuvrer à la déstabilisation en Centrafrique" d’être susceptible de commettre des actes terroristes. Des accusations infondées selon l’intéressé, qui parle de situation inacceptable.
C'est donc un homme souriant mais affecté que nous rencontrons. Ange Ouefio Goningai se dit très attaché à la France. Il possède d'ailleurs la double nationalité. Il a commencé une carrière de footballeur dans l'équipe réserve du PSG avant de se lancer en politique en Centrafrique comme conseiller spécial du président François Bozizé.
Lorsque la guerre civile éclate, il revient en France. Il affirme être resté un interlocuteur pour la diplomatie française, jusqu'en novembre dernier, où un ami lui apprend qu'il figure sur une liste publiée par Bercy. Une liste des personnes soupçonnées de financer le terrorisme en Centrafrique, de financer en fait les anti-balaka.
Ouefio Goningai dénonce une cabale
Ouefio Goningai apprend aussi que ses avoirs sont gelés. Lui qui possèderait une petite fortune sur des comptes, il ne peut plus toucher à cet argent. Expulsé de son logement faute de pouvoir payer un loyer, il squatte aujourd’hui le cabinet de son avocat. Son père a tenté de lui faire un virement de 200 euros, mais la banque a refusé.
Le neveu de l’ancien président centrafricain rejette les accusations de la France et dénonce une cabale. Il n’a jamais été condamné par un tribunal. On le prive de toutes ressources sur la base de simples suspicions, sans même qu’il puisse se défendre, affirme-t-il.
Ouefio Goningai dit ne pas comprendre pourquoi il figure sur cette liste. Propos recueillis par Elodie Guéguen
Une procédure administrative non contradictoire
Bercy s’appuie sur des directives de l’Europe et de l’ONU qui ciblent des militants politiques susceptibles de déstabiliser leur pays d’origine ou de commettre des actes terroristes. Il faut savoir que le gel des avoirs de ces potentiels terroristes ne repose sur aucune décision de justice. C'est une procédure administrative qui n'est pas contradictoire.
Une procédure choquante, estime maître Baduel, l'avocat Ouefio Goningai. Il a décidé de déposer plainte contre le ministre des Finances pour faux et usage de faux.
Maître Baduel dénonce "le travestissement" de textes de l'Union européenne. Propos recueillis par Elodie Guéguen
La plainte a été déposée ce vendredi soir à la Cour de justice de la République. Elle sera examinée par une commission des requêtes.
par Elodie Guéguen vendredi 15 mai 2015 17:24, mis à jour le vendredi 15 mai 2015 à 17h30
Le représentant des chefs traditionnels Peulhs au Conseil national de transition (CNT), M. Issa bin Mohamidou, a appelé les groupes armés peulhs à respecter leur engagement à déposer les armes et à abandonner les violences contre la population civile.Dans une déclaration, jeudi à Bangui, Issa bin Mohamidou a estimé que le forum national de réconciliation, qui s’est achevé, le 11 avril dernier à Bangui, avait posé les bases de la réconciliation nationale en Centrafrique.
Toutes les communautés doivent se saisir de cette opportunité pour que le pays retrouve la cohésion, a-t-il dit, demandant à la justice de sévir contre tous ceux qui n’auront pas déposé les armes et continueront d’arracher la vie des citoyens centrafricains.
Avant le forum national de réconciliation, de nombreux cas de violences ont été imputés aux éleveurs Peulhs. Dans leur quête de bons pâturages, ceux-ci détruisent les plantations occasionnant des violences intercommunautaires.
Les minorités Peulhs sont assimilées aux ex-rebelles de la Sélékas même si elles sont parfois en conflit avec les autres branches de cette rébellion, notamment dans certaines localités o๠elles se disputent le contrôle de la police et des douanes abandonnés par les forces de l’ordre.
Le Pape François a reçu vendredi matin au Vatican l’ensemble des membres de la Conférence épiscopale centrafricaine en visite ad limina. Ils étaient conduits par l’Archevêque de Bangui et président de la Conférence épiscopale, Mgr Dieudonné Nzapalainga. Les premiers mots du Pape ont été des mots de réconfort à l’endroit du peuple centrafricain : « Je voudrais que vous transmettiez au peuple de Centrafrique tout entier l’assurance de ma proximité. Je sais les souffrances qu’il a vécues et qu’il vit encore, ainsi que les innombrables témoignages de foi et de fidélité que les chrétiens ont rendu au Christ ressuscité en de multiples occasions. Je suis particulièrement sensible à tout ce que vos communautés ont fait en faveur des personnes victimes des violences et des réfugiés ».
Puis le Pape François a invité à la difficile mais incontournable mission de l’Eglise à rassurer, panser et guérir les plaies de la division, dans le contexte de violences qui a marqué la vie des centrafricains ces derniers mois. « C’est lorsque le mal et la mort semblent triompher que l’espérance d’un renouveau fondé sur le Christ se fait jour. C’est quand la haine et la violence se déchaînent, que nous sommes appelés à répondre par le pardon et l’amour. Si, hélas, il n’en a pas toujours été ainsi dans les évènements récents que vous avez connu, c’est bien le signe que l’Évangile n’a pas encore partout pénétré profondément le cœur du peuple de Dieu, au point d’en changer les réflexes et les comportements. »
Puiser son courage dans la foi ; assurer une formation authentique aux valeurs et rester des guides intrépides puisant dans la force de l’Evangile : le Pape a recommandé aux Evêques de Centrafrique de rester des témoins du dialogue, de paix et de concorde.
« Vous êtes appelés à former la conscience des fidèles ; et même celle du peuple tout entier car votre voix est écoutée et respectée de tous. C’est de cette manière qu’il convient de tenir la place qui vous revient dans les évolutions actuelles, évitant d’entrer directement dans les querelles politiciennes. Mais, en formant et en encourageant des laïcs, convaincus dans la foi et solidement formés à la Doctrine Sociale de l’Église, à s’engager dans le débat politique et à prendre des responsabilités – et c’est leur rôle –, vous transformerez peu à peu la société selon l’Évangile et préparerez un avenir heureux à votre peuple »
Le Pape a enfin demandé aux Evêques de Centrafrique de rester proches de leurs prêtres, de les soutenir tout en veillant à ce qu’ils ne dévient pas de leur mission sans hésiter à sanctionner quand cela est nécessaire. Le Pape a aussi appelé à une pastorale qui soutienne les familles centrafricaines, lieu privilégié de l’annonce de la foi et berceau des vocations mais « qui sont les premières victimes des violences et qui sont trop souvent déstabilisées ou détruites en raison de l’éloignement d’un membre, d’un deuil, de la pauvreté, de discordes, de séparations. Je leur exprime ma proximité et mon affection », a conclu le Pape qui a imparti sa bénédiction à la nation centrafricaine tout entière.
La Centrafrique doit prendre le temps de la réconciliation
(RV) Entretien - En Centrafrique, le forum de réconciliation a préconisé cette semaine le report de l’élection présidentielle. Selon la présidente de transition, Catherine Samba Panza, « ces élections devraient se tenir au plus tard d’ici la fin de l’année 2015 ».
Mais pour le père Elysée Guedjandé, directeur de la Caritas Centrafrique, ce report serait une« aubaine » pour le pays, l’occasion pour les « belligérants de se réunir en un seul peuple pour tourner » la page de la crise.
Avec compassion, le Pape a reçu les évêques de Centrafrique
(RV) « Je sais les souffrances que le peuple de Centrafrique a vécu et qu’il vit encore ». Le Pape assure les Centrafricains de sa proximité. François a reçu ce vendredi matin les évêques de ce petit pays d’Afrique centrale qui sont en visite ad limina à Rome. La Centrafrique, un pays marqué par de terribles massacres, puis des violences chroniques depuis la chute en mars 2013 du président François Bozizé.
Sensible à tout ce que ces derniers ont fait en faveur des victimes des violences et des réfugiés, le Pape a reconnu que la tâche sur place était difficile et son discours adressé aux évêques est un encouragement.
« C’est lorsque le mal et la mort semblent triompher que l’espérance d’un renouveau fondé sur le Christ se fait jour. C’est quand la haine et la violence se déchaînent, que nous sommes appelés à répondre par le pardon et l’amour. Et si, hélas, cela n’a pas toujours été le cas, c’est bien le signe, poursuit François, que l’Évangile n’a pas encore partout pénétré profondément le cœur du peuple de Dieu, au point d’en changer les réflexes et les comportements ».
Ainsi le Pape invite ainsi les évêques centrafricains, pris dans « la tempête », à trouver dans leur possible découragement la source d’un enthousiasme et d’un dynamisme renouvelés pour poursuivre le travail d’évangélisation. Leur mission première : la formation chrétienne et l’approfondissement de la foi.
Les évêques ont « un rôle prophétique irremplaçable ». Témoignant des valeurs telles que la justice, la vérité et la probité, promouvant le dialogue et la cohabitation, ce qu’apprécie le Pape, ils sont appelés à prendre soin et à fortifier leurs prêtres, mais aussi, car leur voix est « écoutée et respectée de tous » à former la conscience des fidèles pour qu’ils s’engagent dans le débat politique et prennent des responsabilités. La société sera ainsi transformée selon l’Évangile. Le peuple aura un avenir heureux. Mais pour cela « il est capital que la famille soit protégée et défendue ». Premières victimes des violences et trop souvent déstabilisées ou détruites en raison de l’éloignement d’un membre, d’un deuil, de la pauvreté, de discordes, de séparations, le Pape leur exprime ici sa proximité et son affection.
Le pape encourage les évêques centrafricains à jouer un rôle « dans le processus de transition institutionnelle »
Pour le pape François, qui les recevait dans le cadre des visites Ad Limina, « les événements récents » sont « le signe que l’Évangile n’a pas encore partout pénétré profondément le cœur du peuple de Dieu ».
Le pape a rencontré vendredi 15 mai les évêques centrafricains au terme de leur visite Ad Limina. Dans le discours qu’il leur a remis, il exprime d’abord au peuple du Centrafrique tout entier l’assurance de sa proximité : « Je sais les souffrances qu’il a vécues et qu’il vit encore, ainsi que les innombrables témoignages de foi et de fidélité que les chrétiens ont rendus au Christ ressuscité en de multiples occasions. Je suis particulièrement sensible à tout ce que vos communautés ont fait en faveur des personnes victimes des violences et des réfugiés ». S’adressant ensuite aux évêques, il reconnaît la difficulté d’une tâche qui « touche au mystère même de Jésus-Christ mort et ressuscité. C’est lorsque le mal et la mort semblent triompher que l’espérance d’un renouveau fondé sur le Christ se fait jour. C’est quand la haine et la violence se déchaînent, que nous sommes appelés à répondre par le pardon et l’amour ».
« Vos Églises sont d’évangélisation récente »
« Si, hélas, il n’en a pas toujours été ainsi dans les événements récents en Centrafrique, c’est bien le signe que l’Évangile n’a pas encore partout pénétré profondément le cœur du peuple de Dieu, au point d’en changer les réflexes et les comportements, poursuit le pape. Vos Églises sont d’évangélisation récente, et c’est votre principale mission que de poursuivre l’œuvre à peine commencée. Vous ne devez donc pas vous sentir découragés dans la tempête que vous traversez, mais au contraire y trouver, dans la foi et l’espérance, la source d’un enthousiasme et d’un dynamisme nouveau ».
« La formation chrétienne et l’approfondissement de la foi à tous les niveaux sont donc pour vous des objectifs prioritaires, afin que l’Évangile imprègne en vérité la vie des baptisés, pour le bien, non seulement des communautés chrétiennes, mais de la société centrafricaine tout entière », a aussi encouragé le pape, rappelant que les évêques ont un rôle à jouer « dans le processus de transition institutionnelle, un rôle prophétique irremplaçable ». Il a appelé les évêques à témoigner « des valeurs fondamentales de justice, de vérité, de probité qui sont à la base de tout renouveau » et à diffuser « le dialogue et la cohabitation pacifique entre les membres des différentes religions et ethnies, favorisant ainsi la réconciliation et la cohésion sociale qui est une clé pour l’avenir ». « Vous êtes appelés à former la conscience des fidèles comme celle du peuple tout entier car votre voix est écoutée et respectée, a-t-il ajouté. C’est de cette manière qu’il convient de tenir la place qui vous revient dans les évolutions actuelles, évitant d’entrer directement dans les querelles politiciennes. Mais, en formant et en encourageant des laïcs, convaincus dans la foi et solidement formés à la doctrine sociale de l’Église, à s’engager dans le débat politique et à prendre des responsabilités » afin de préparer un avenir heureux au peuple.
La famille, « lieu privilégié de l’annonce de la foi et de la pratique des vertus chrétiennes »
Le pape a également abordé la question du clergé et des vocations, ainsi que la formation des fidèles, avant de se pencher sur les familles, « qui sont les premières victimes des violences et qui sont trop souvent déstabilisées ou détruites en raison de l’éloignement d’un membre, d’un deuil, de la pauvreté, de discordes et de séparations ». « Lieu privilégié de l’annonce de la foi et de la pratique des vertus chrétiennes, le berceau de nombreuses vocations sacerdotales et religieuses », les familles « sont aussi le lieu propice pour l’apprentissage et la pratique de la culture du pardon, de la paix et d’une réconciliation dont le Centrafrique a tant besoin ». « Il est capital que la famille soit protégée et défendue pour qu’elle rende à la société le service qu’elle attend d’elle, c’est-à-dire lui donner des hommes et des femmes capables d’édifier un tissu social de paix et d’harmonie », a conclu le pape, encourageant les évêques « à prêter à la pastorale du mariage toute l’attention qu’elle mérite, et à ne pas (se) décourager devant les résistances provoquées par les traditions culturelles, la faiblesse humaine ou les colonisations idéologiques nouvelles qui se répandent partout ».
Par Anthony Fouchard (Bambari, Centrafrique, Contributeur au Monde Afrique)
LE MONDE
Jean Nestor, un des chefs anti-Balaka de la ville Bambari, au centre de la Centrafrique, progresse au milieu de la brousse. Après une courte marche, des dizaines d’enfants soldats grimés de peinture noire et kaki, en tenue de camouflage, apparaissent. Ils brandissent des armes artisanales.
Sur ordre du « comzone » (commandant local), les enfants lâchent comme un seul homme arcs, pistolets et machettes avant d’enlever les morceaux de verdure qui camouflent leurs visages. « La guerre est finie, annonce Jean Nestor.Tous les enfants de Centrafrique sont des anti-Balaka, des révolutionnaires pour notre pays. Mais maintenant, avec la déclaration signée pendant le forum de Bangui, nous voulons tous être désarmés et nous avons décidé de relâcher les enfants. »
En marge du forum sur la réconciliation nationale de Bangui, qui s’est achevé le 11 mai, l’Unicef a réussi à faire signer aux dix plus importants chefs de guerre du pays un document dans lequel ils s’engagent à démobiliser les enfants de leurs rangs. Souvent traumatisés, séparés de leurs parents pendant de long mois, quelquefois orphelins, leur redonner un cadre et des repères stables est une des tâches des professionnels de la protection de l’enfance.
De 8 à 18 ans
Dans ce groupe d’anti-Balaka, certains ont à peine 8 ans, les plus vieux sont juste majeurs. Quand les plus petits servaient de main-d’œuvre gratuite, d’espions ou de messagers, les plus âgés ont combattu, tenu les check-points, parfois tué. « Certains ont utilisé les grenades, la machette ou la kalachnikov. Ils ont fait ça comme dans un état d’ivresse, mais une fois que nous les récupérons, il est très difficile de les faire revenir à un état normal », détaille Désiré Mohindo, en charge de la démobilisation-réinsertion pour l’Unicef. Les anti-Balaka sont les opposants de la Séléka, ces rebelles majoritairement musulmans qui avaient renversé le président François Bozizé en 2013.
Maoussa est une jeune fille de 16 ans, elle s’est engagée « volontairement » dans la coalition des ex-rebelles Séléka. Aujourd’hui, elle fait partie des 67 jeunes ex-Séléka démobilisés. « Quand tu as un ennemi qui vient devant, tu dois l’abattre. Tu n’as pas d’autre choix que de l’abattre. C’est pour ça qu’on l’a fait. Pour défendre notre pays. »
Au total, 357 enfants ont recouvré la liberté. Pour eux, la prochaine étape, c’est la réinsertion. L’Unicef a mis en place un processus de réunification familiale, à partir de familles d’accueil et de centres de transit, pour faciliter le retour à une vie normale. Car l’objectif, c’est que ces enfants ne « retournent jamais dans les groupes armés », insiste Benoit Daoundo en charge de la protection de l’enfance.
Aucun psychologue
Les écueils après la démobilisation sont nombreux, notamment sur le plan psychologique. En Centrafrique, il n’y a aucun psychologue professionnel. Impossible de mettre en place un suivi dans la durée. Sitôt sortis des étapes transitoires, les enfants sont livrés à eux-mêmes. L’Unicef compose avec les bonnes volontés. Notamment des familles d’accueil qui, l’espace de quelques mois, servent de sas de transition pour ces gamins en perdition.
Maurice Wapoutou est l’un de ces hommes. Déjà à la tête d’une famille de sept enfants, il n’a pas hésité à accueillir Ramsès, 17 ans. « Je lui ai redonné un cadre, des repères. Je lui donne les bons conseils. Je l’ai vraiment considéré comme un fils », explique-t-il. Ramsès, habillé d’un t-shirt rouge déchiré, fait plus vieux que l’âge qu’il se donne. « J’ai servi pendant quelques mois quand j’ai été séparé de mes parents durant une attaque des Séléka. Les anti-Balaka m’ont récupéré », détaille-t-il.
Dans l’école de la ville de Boali, qui accueille des enfants démobilisés, le directeur Julien Bini explique que plusieurs enfants n’ont pas « tenu longtemps » sur les bancs en bois. Un personnel de l’établissement témoigne anonymement : « Un des garçons a menacé une fille de venir faire exploser une grenade chez elle », car celle-ci ne répondait pas favorablement à ses avances. Ces cas, rares, ne peuvent pas être pris en charge correctement par manque de moyens humains et financiers. La prise en charge complète d’un enfant coûte entre 2 000 et 2 500 dollars.
A Bambari, les enfants ont tiré un trait sur leur vie de soldat, sur ordre du « comzone » dans une mise en scène parfaitement calculée. Mais le grand chantier des autorités centrafricaines reste le désarmement des adultes qui, eux, ne sont pas vraiment décidés à abandonner les armes.
Anthony Fouchard Bambari, Centrafrique, Contributeur au Monde Afrique
LE MONDE | 14.05.2015 à 11h29 • Mis à jour le 14.05.2015 à 12h11 | Par Cyril Bensimon (Bangui, envoyé spécial), Nathalie Guibert, Simon Piel et Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondance)
A Paris, trois juges d’instruction sont saisis, depuis le 7 mai, d’une information« contre personne non dénommée des chefs de viols sur mineurs de 15 ans par personnes abusant de l’autorité conférée par leurs fonctions et complicité de crime ». En cause : de possibles agressions sexuelles commises sur des enfants centrafricains par des militaires français. Les faits, révélés dans un document de l’ONU rendu public par le quotidien britannique The Guardian le 29 avril, se seraient déroulés entre décembre 2013 et juin 2014, autour de l’aéroport de Bangui.
Deux mille soldats français avaient été progressivement déployés à partir du 5 décembre 2013, dans le cadre de l’opération « Sangaris », avec pour mission d’enrayer les violences dans la capitale centrafricaine. Bangui était livrée aux massacres et aux tueries intercommunautaires commis par les milices Séléka (les rebelles majoritairement musulmans qui avaient renversé le président François Bozizé en 2013) et les anti-balaka (opposants de la Séléka).
Face aux faits allégués, d’une exceptionnelle gravité, le ministre de la défense, Jean-Yves Le Drian, a promis « la transparence et la vérité ». Mais l’enquête s’annonce très difficile.
Des accusations multiples
Les premières accusations sont contenues dans une note confidentielle de six pages émanant de la section des droits de l’homme de l’ONU, qui est parvenue, le 27 juillet 2014, en deux exemplaires, au ministre de la défense français et au chef d’état-major des armées. Elle rapporte les témoignages de six enfants, âgés de 9 à 13 ans, quatre victimes et deux témoins, auditionnés par un agent de l’ONU et un membre de l’Unicef, en compagnie, pour certains, de leurs parents.
Tels que recueillis, ces témoignages impliquent treize soldats français, trois tchadiens et deux équato-guinéens de la Misca, la force, sous conduite africaine, déployée en République centrafricaine (RCA) : autour du site de l’aéroport de Bangui-M’Poko, transformé en vaste camp de déplacés où s’entassaient alors plus de 100 000 personnes, des enfants auraient dû pratiquer des fellations pour obtenir des rations alimentaires et de l’argent. Sont mentionnés des prénoms de soldats, des surnoms, des caractéristiques physiques précises (taches sur la peau, tatouages). L’un des enfants, X, raconte qu’un militaire blanc lui a demandé une fellation et que, « comme il avait des amis qui l’avaient déjà fait [X mentionne T., M., M., et S.], il savait ce qu’il devait faire ». Les récits sont détaillés, circonstanciés, mais, selon un cadre du ministère de la défense, qui ne se dit « sûr de rien », ils comportent des « éléments qui sont trop identiques ».
Le Monde a rencontré, début mai, à proximité de l’aéroport de Bangui-M’Poko, un groupe d’enfants, principalement des « godobés », ces enfants des rues qui survivent dans l’indifférence, meurent, chapardent et pourraient également mentir contre quelques billets. Le camp de déplacés de M’Poko, où sont encore installées 18 000 personnes, jouxte les lieux. Les guérites où auraient été commis certains viols ne sont qu’à quelques mètres. Quatre enfants du groupe affirment avoir été abusés sexuellement par des militaires français, mais aussi géorgiens. Les accusations fusent de toutes parts, parfois sur un ton rigolard. Rodrigue (tous les prénoms ont été modifiés) dit avoir déjà parlé devant des enquêteurs des Nations unies, mais ne veut pas en dire plus. En revanche, François, un orphelin de 10 ans qui, lui, n’a pas été entendu, raconte timidement avoir dû « s…un militaire qui s’appelait David. C’était un Eufor français [la force européenne déployée à partir du printemps 2014]. Il gardait le checkpoint à l’entrée de l’aéroport. C’était le soir. Après ça, il m’a donné deux boîtes de ration. Je ne l’ai fait qu’une fois. C’était parce que j’avais faim ».
L’un des enfants raconte qu’un militaire blanc lui a demandé une fellation et que, « comme il avait des amis qui l’avaient déjà fait, il savait ce qu’il devait faire »
« C’était il y a plusieurs mois », ajoute Georges, 13 ans, qui triture ses doigts avec anxiété. « Une fois, je passais vers midi derrière le bâtiment de l’armée de l’air quand un “Sangaris” m’a dit : “Qu’est ce que tu veux ?” J’ai dit : une ration. J’avais faim. Il m’a dit : alors tu n’as qu’à s… mon “bangala” [un pénis en sango, la langue nationale]. Il s’appelait Francis, il était blanc, jeune. Je n’en ai pas parlé après, mais maintenant, je suis prêt à aller devant la police, car c’est mauvais ce qu’il a fait. »
Un des enfants, désigné dans la note de l’ONU par un ami comme ayant été abusé à plusieurs reprises par un soldat français surnommé « Batman », assure n’avoir jamais été violé.« Ils ont voulu me droguer pour me sodomiser, mais comme j’ai refusé, ils m’ont frappé avec un bâton », affirme l’adolescent, un poignard de fer-blanc posé sur les genoux.
La plus grande prudence s’impose sur ces témoignages. Impossible de les balayer d’un revers de la main comme d’en attester la véracité. A Paris, certaines sources proches du dossier indiquent que des enfants cités par l’ONU ont été formellement reconnus par le renseignement militaire comme les boucliers humains des groupes d’anti-balaka qui avaient pris à partie les troupes françaises dans Bangui. Une information qui, si elle est avérée, laisse entendre que des enfants auraient pu être manipulés, mais qui suggère également que l’armée française dispose de leur identité visuelle.
Les zones d’ombre d’une révélation
Selon toutes les sources du ministère de la défense, aucune information n’est parvenue aux armées avant l’arrivée du rapport onusien, à Paris, le 27 juillet 2014. D’après elles, aucune alerte, qu’elle vienne d’une source interne ou d’une ONG, n’a été adressée sur place à la force « Sangaris ». Ni le major de la direction de la protection du secret-défense (DPSD) ni les prévôts (la police militaire) intégrés dans la force n’auraient détecté de problème. La justice pénale française a pourtant été saisie par la hiérarchie militaire de deux autres affaires graves impliquant « Sangaris ». La première concerne des lieutenants de l’aviation légère de l’armée de terre qui avaient lancé des grenades fumigènes dans la tente de camarades, provoquant d’importants dégâts matériels. Une deuxième affaire, des faits de prostitution impliquant des soldats et des jeunes femmes, a donné lieu à une saisine de la justice par la hiérarchie, mais le parquet n’a pas donné suite.
Une source onusienne, qui a travaillé sur l’enquête, affirme n’avoir « aucun doute sur les faits ». « Fin avril 2014, nous avons commencé à recevoir par des ONG des informations faisant état d’abus sexuels sur des enfants, commis par des soldats français », dit-elle sous le couvert de l’anonymat. « Une enquêtrice du bureau des droits de l’homme de l’ONU a recueilli des premiers témoignages », mais, précise cette source, « l’enquête était potentiellement explosive et il ne fallait pas jeter en pâture [le nom d’] un pays, d’autant que nous étions dans un contexte de transition de la Misca [la force africaine] à la Minusca [la force onusienne]. Nous avions besoin de troupes et en particulier des Français, et tous les contingents ont commis des abus sexuels. »
Notre interlocuteur poursuit : « Nous avons donc décidé de rédiger un rapport sur l’ensemble des violations des droits de l’homme commises par les forces internationales. » Ce document de neuf pages était finalisé fin juillet. « Il revient sur les viols perpétrés sur des mineurs et implique quatorze soldats français en se basant sur plus de vingt témoignages d’enfants victimes présumées ou témoins, sur des abus sexuels commis par des militaires marocains qui gardaient les enclaves de l’ONU ou par des Equato-Guinéens, sur des exécutions sommaires commises par des soldats congolais à Boali [à 90 km au nord-ouest de Bangui], et sur des crimes des Tchadiens au PK12 [poste kilométrique 12, la sortie nord de Bangui]. »
Le premier à avoir recueilli ces témoignages est Alexis Nguitte, le dirigeant d’un centre d’accueil d’urgence pour enfants des rues au camp de M’Poko. « Je ne suis qu’un témoin, je n’ai jamais porté d’accusations contre personne », précise d’emblée cet enseignant. Sous une grande tente bâchée où une quinzaine de matelas sont disposés et où la salle de classe est réduite à un tableau noir, M. Nguitte explique qu’entre février et mars 2014, son association a rencontré 300 enfants pour aider les plus vulnérables. « Certains nous ont fait part de sévices sexuels. Quand nous avons eu cette information, nous l’avons fait remonter à l’ONG Première Urgence-Aide médicale internationale, qui avait la gestion du camp. » Ce petit-fils de tirailleur assure ne pas vouloir jeter l’anathème « sur cette armée française qui est venue à notre rescousse ». Selon le parquet de Paris, il a aussi servi de traducteur lors du recueil ultérieur de la parole des enfants par l’enquêtrice de l’ONU, ce que l’intéressé dément. Auditionné le 3 et le 5 août 2014 par les gendarmes de la prévôté, il dit que les enquêteurs venus de Paris lui ont demandé d’entendre les enfants, mais que « les parents ont refusé, notamment pour des raisons culturelles ».
« Une enquêtrice du bureau des droits de l’homme de l’ONU a recueilli des premiers témoignages », mais, précise une source onusienne, « l’enquête était potentiellement explosive et il ne fallait pas jeter en pâture [le nom d’] un pays »
Parmi les déplacés de M’Poko, il ne faut guère de temps aujourd’hui pour trouver des « témoins » racontant avoir vu des « Sangaris » violer des petits garçons. Aucune rumeur de ce genre n’avait pourtant circulé jusque-là en ville. Eddy affirme s’être rendu à la barrière du point de contrôle pour protester contre le comportement des soldats. « Ils m’ont dit : va-t’en ! Fous le camp ! J’en ai également parlé à mon ami David, un soldat qui venait de Chambéry. Lui aussi n’aimait pas ce que les autres faisaient », raconte ce chauffeur de taxi.
Le bureau des enquêtes internes de l’ONU, basé à New York, a ouvert une enquête sur Anders Kompass, le directeur des opérations de terrain du Haut-Commissariat aux droits de l’homme, qui a alerté les autorités françaises en leur transmettant la note confidentielle. Il a été suspendu de ses fonctions, le 17 avril, pour avoir violé les procédures onusiennes en faisant fuiter un document aux autorités françaises, puis vers le Guardian, alors qu’il comportait l’identité de témoins et de victimes déclarés. M. Kompass a été réintégré. Une source proche du dossier indique que le bureau des enquêtes comme le haut-commissaire aux droits de l’homme à Genève n’ont été mis au courant que très récemment de l’enquête sur les viols en RCA. Le travail des fonctionnaires des Nations unies à Bangui avait commencé le 5 mai 2014, et M. Kompass l’a reçu mi-juillet de la même année.
A la réception du rapport partiel de l’ONU, le 29 juillet, le ministre français de la défense a saisi le parquet, qui a ouvert une enquête préliminaire. De son côté, en concertation avec le ministre de la défense, le chef d’état-major des armées, le général Pierre de Villiers, a aussitôt diligenté une enquête de commandement.
Des résultats d’enquêtes encore partiels
L’enquête de commandement, qui se réfère au respect du règlement militaire, a été menée du 1er au 6 août 2014 par l’inspecteur des armées, Patrick Lefebvre, simultanément aux premiers actes conduits par la gendarmerie prévôtale et la section de recherche de la gendarmerie de Paris sur réquisition du procureur. L’inspecteur, un général de l’armée de l’air, avait un mandat étroit : vérifier l’existence de failles dans l’organisation de la force et de la chaîne hiérarchique. « Son rapport a conclu que la chaîne fonctionnait, depuis les sergents jusqu’au commandement, et que rien ne laisse supposer que des faits puissent avoir été cachés », assure une source militaire de haut niveau. Le général Francisco Soriano, commandant de l’opération « Sangaris » durant cette période, a indiqué à sa hiérarchie qu’il n’avait été informé d’aucun soupçon.
Le travail des officiers de police judiciaire a été conduit à Bangui sans audition d’enfants. En annonçant l’ouverture d’une information judiciaire le 7 mai, le procureur de Paris a expliqué avoir « d’abord souhaité pouvoir entendre la fonctionnaire de l’ONU rédactrice du rapport, qui a recueilli le témoignage des six enfants ». Cette enquêtrice aurait été prête à répondre, mais sa hiérarchie s’y est opposée et a refusé de lever son immunité. Selon la procédure, qui comporte des délais légaux, un questionnaire a donc été adressé par écrit à la fonctionnaire le 19 janvier 2015 ; les réponses ont été retournées au parquet le jour même de la révélation de l’affaire dans le Guardian, le 29 avril. Les sources judiciaires précisent que l’enquête sera difficile, les faits de fellation ne pouvant être attestés par des expertises médico-légales. De plus, le parquet n’a engrangé aucun témoignage direct d’adultes.
A Bangui, le procureur de la République centrafricaine, Ghislain Grésenguet, outré d’avoir pris connaissance de « cette scandaleuse affaire » sur les ondes de RFI, le 29 avril, a ouvert une enquête préliminaire dès le lendemainA Bangui, le procureur de la République centrafricaine, Ghislain Grésenguet, outré d’avoir pris connaissance de « cette scandaleuse affaire » sur les ondes de Radio France internationale, le 29 avril, a ouvert une enquête préliminaire dès le lendemain. Le magistrat indique que, si des enquêteurs français viennent dans le cadre d’une commission rogatoire, les investigations se feront « inévitablement avec notre assistance » lors d’interrogatoires conjoints. Quatorze gendarmes centrafricains se sont rendus à plusieurs reprises au camp de M’Poko, actuellement en voie de fermeture. Selon nos informations, le 13 mai au matin, la section de recherche et d’investigation centrafricaine avait identifié quinze mineurs : « Cinq victimes présumées ont déjà été entendues avec leurs parents ou leur tuteur pour les orphelins et ont confirmé les faits, indique une source proche de cette enquête. Des plaintes ont été déposées contre cinq à six militaires français et, d’après les auditions, quelques cas de viol se sont produits après juin 2014. » Des témoins et des représentants de plusieurs ONG ont également été auditionnés.
L’enquête judiciaire française va se poursuivre dans les unités déployées successivement en RCA. Au lancement de « Sangaris », des compagnies venues de toutes les bases françaises en Afrique avaient été envoyées, suivies de nombreuses unités venues de France. Dans Bangui et sur l’aéroport, les premières semaines, au moins douze régiments étaient représentés. Des sources militaires estiment que rien ne corrobore pour l’heure les révélations des enfants, mais que les descriptions physiques des auteurs présumés sont « aisément vérifiables ».
Marie Bourreau (New York, Nations unies, correspondance) Journaliste au Monde
Cyril Bensimon (Bangui, envoyé spécial) Journaliste au Monde
Le MLCJ (Mouvement des Libérateurs Centrafricains pour la Justice), signataire de l’accord de Brazzaville du 23 Juillet 2014, constate avec regret et amertume le manque de volonté politique de Catherine Samba-Panza et de son gouvernement à résoudre la crise Centrafricaine par la tenue d’un Forum inclusif comme a souhaité la population civile Centrafricaine, les groupes armés ainsi que la communauté internationale et La France.
Le MLCJ a constaté de nombreux dérapages et irrégularité ces derniers jours dans le déroulement de ce forum national, l’arrestation arbitraire de certains hommes politiques Centrafricains, le dysfonctionnement, l’absence de la motivation et le bilan néfaste de soi-disant forum national qui n’a accouché rien de particulier à part la répartition des postes, distribution des primes et l’arrestation arbitraire à Bangui de certains hommes politiques. Le MLCJ considère comme un fiasco total ce forum national taillé sur mesure dans le seul but est de regrouper les pauvres et immatures hommes politiques Centrafricains afin de proroger la transition de Samba-Panza et son gouvernement.
Madame Catherine Samba-Panza reste raide et sourde aux nombreux conseils de ses compatriotes, du Médiateur de la crise Centrafricaine en la personne de son Excellence, Monsieur Dénis SASSOU-NGUESSO, Président de la République du Congo et du Président en exercice du CEAC, son Excellence Idriss DEBY ITNO Président de la République du Tchad.
C’est dans cette optique que le MLCJ crie haut et très fort qu’il ne se reconnait pas dans cet accord de DDR signé lors de ce forum exclusif à Bangui et ne participera pas au programme de désarmement car il n’est signataire d’aucun document au cours de ce forum.
Le MLCJ ne reconnait plus et remet en question la légitimité de cette transition car le délai normal de cette transition est dépassé selon les accords de Libreville.
Par ailleurs, le MLCJ réaffirme son ferme attachement à la sécurité, à la stabilité, la paix, à la démocratie et au respect de droit de l’homme. Cependant il ne se retrouve pas dans la conclusion de ce forum du moins tous accords sortis de ce forum et refuse catégoriquement à ce que ses éléments soient désarmés dû au fait à la non-participation de MLCJ au forum et la non prise en compte de ses préoccupations avant le forum national du 4 Mai au 11 Mai 2014 à Bangui.
le MLCJ par la voix de son Président Abakar Sabone tient à prendre à témoin l’opinion nationale et internationale des conséquences des actes ignobles posés par Samba et son gouvernement d’une dictature camouflée dirigée de loin par l’homme de l’ombre Jean-Jacques DEMAFOUTH qui pourront entraver dans les jours à venir une hostilité de grande envergure. Les Centrafricains ont souhaité trouvé une solution définitive à travers ce forum pour une paix durable qui est gage d’un avenir prospère mais dommage le retour à la case du départ semble imminent.
Le monde entier sera témoin
Fait à Kabo le 14 Mai 2015
Président du MLCJ
Abakar Sabone
MOUVEMENT POUR LA REFONDATION DEMOCRATIQUE ET LE PROGRES (MRDP)
Sécurité- Travail- Progrès
COMMUNIQUE DE PRESSE N°02/MRDP/05/15/KB
Après avoir constaté avec indignation le déroulement des travaux du Forum de Bangui (tenu du 04- 11 Mai 2015), nous, membre du MOUVEMENT POUR LA REFONDATION DEMOCRATIQUE ET LE PROGRES (MRDP), venons par cette présente marquer notre désapprobation des résultats dudit Forum, tenons à témoin tant la communauté nationale et internationale des conséquences qui peuvent y découlées et considérons Catherine SAMBA-PANZA (Présidente de la Transition) et son gouvernement comme seuls responsables de ces probables conséquences.
En effet, depuis le début de la crise en République Centrafricaine (décembre 2013), le MRDP a toujours milité pour un retour rapide de la paix et de la concorde nationale sur toute létendue du territoire. Mais, hélas la Présidente de la Transition et son gouvernement nont rien fait pour restaurer lautorité de lEtat, ramener la paix sur toute létendue du territoire, travailler pour le retour des exilés et déplacés etc. (missions telles quelles définies par la feuille de route).
Enfin de compte celle-ci sest révélée comme une transition dénuée de vision politique, animée par une ambition effrénée de détournements des deniers publics et denrichissement personnel, de corruption à grande échelle, darrogance et le clanisme. Celle-ci a failli à tous les niveaux et à, par la même occasion, révélée à la Communauté Internationale (qui nous porte à bout de bras depuis plusieurs années) notre incapacité à se ressembler et sentendre pour la refondation de notre Etat-nation.
Par ailleurs, nous avons pensés à tort que le Forum de Bangui sera une occasion où les centrafricains se rencontrent, se parlent et se pardonnent (cest-à dire de faire le diagnostique de la crise actuelle), font des recommandations pour létablissement dun nouveau contrat social capable de ramener la sécurité, le concorde civile et la paix sur toute létendue du territoire, adoptent un mode dadministration efficient et viable, adoptent un mode de relance économique, de stratégies de retour des déplacés et de rapatriement des exilés, de stratégies dassistance aux victimes de la crise etc.. Mais, dommage Catherine SAMBA-PANZA et son gouvernement nous ont présenté un Forum taillé sur mesure où plutôt un Forum de rencontres et dalliances politiques (des partis politiques et des politico-militaires) où les profiteurs et les éternels fossoyeurs de la démocratie et de la république sallient afin de parvenir au maintien dune personne incompétente (CSP) à la tête dune Transition sans fin.
Pour atteindre cet objectif, celle-ci, en tant quexperte en manipulations et dadoptions des mesures dilatoires, avait placés les hommes/femmes qui peuvent servir sa besogne et les collabos (dont elle avait achetée la conscience à coups de billets de banques) à tous les niveaux dorganisation et dencadrement du Forum. Ce qui nest rien dautre quun véritable coup de force (hold-up) contre la volonté du peuple centrafricain afin de réaliser un positionnement politique des uns à la solde du système CSP dont une partie des non-membres du system sont totalement mis hors-circuit. Ce jeu de positionnement, sil fait les affaires de certaines personnes bien moulées dans lenvironnement de la Présidente de Transition, est loin de ramener la paix et concorde nationale aux Centrafricains.
Ainsi, nous, membres du MRDP, réunis ce jour, estimons que :
- Face aux scandales de détournement des deniers publics et aux records denrichissement ahurissant de la Cheffe de Transition et de son gouvernement et de leurs proches parents
- Face à la volonté effrénée de CSP séterniser au pouvoir qui est axé sur une gestion opaque, clanique et familiale,
- Face à labsence de consensus dans les prises de décision (alors que la Charte de transition consacre ce principe de gestion consensuelle) et lexclusion politique,
- Face à limpossibilité dorganiser des élections dans les délais initialement fixé,
- Face au fait que les déplacés/exilés vivent dans le dénie dhumanisme, souffrent de faims et de misères pendant que le gouvernement brille par larrogance et lindifférence totale,
- Face au fait que nos enfants / nos cadets sont abusés sexuellement sans que le gouvernement nen condamne dune manière la plus ferme.
Considérant que tous ces ingrédients risquent de mettre à mal destin de la République Centrafricaine toute entière, pour ce faire nous avons décidés souverainement de prendre nos responsabilités. Par conséquent, nous demandons à toutes forces combattantes ou non-combattantes, à toutes les forces vives de la nation (Partis politiques, Organisations/ Associations Politiques et/ou Sociales ) et à toutes les Organisations Religieuses ou Caritatives de se joindre à nous afin de déterminer une forme de gouvernance inclusive pouvant permettre dexiger le départ pur et simple de Catherine SAMBA-PANZA et dexercer le pouvoir qui permettra dapaiser le pays et de conduire sereinement aux élections.
Pour ce faire, nous mettons en garde les actuelles autorités Centrafricaines de la Transition des les risques sécuritaires que peuvent découler de la politique discriminatoire et des jeux dintérêts égoïstes entachés derrière ce forum de Bangui. Le peuple Centrafricain avili et manipulé sera le seul juge le moment venu prendra ses responsabilités.
Bangui 14/05/2015 18:10:09 - (AFP) Plus de 350 enfants-soldats centrafricains, dont plusieurs âgés de moins de 12 ans, ont été libérés jeudi par des groupes armés, conformément à un accord signé avec l'Unicef la semaine dernière, une première dans ce pays.
"Après deux ans d'intenses combats, la libération des enfants par ces groupes - le même jour - est un véritable pas vers la paix", s'est réjoui le représentant à Bangui du Fonds des Nations unies pour l'Enfance (Unicef), Mohamed Malick Fall.
"La violence et la souffrance peuvent maintenant céder la place à un avenir meilleur pour les enfants", a-t-il ajouté.
Les enfants libérés ont subi des examens médicaux et ont pu s'entretenir avec des travailleurs sociaux.
"Lorsque les conditions de sécurité le permettront, les enfants qui ont des parents dans la région seront réunis avec leurs familles tandis que d'autres seront placés dans des structures d'accueil jusqu'à ce qu'on retrouve leurs familles", affirme l'Unicef.
Au cours de cérémonies distinctes, 357 enfants ont été libérés dans la région de Bambari (Centre) par l'ex-rébellion Séléka - majoritairement musulmane - et les milices - principalement chrétiennes - anti-balaka, principaux belligérants de la crise qui a ravagé la Centrafrique depuis plus de deux ans.
Il s'agit de la plus importante libération d'enfants-soldats centrafricains depuis que les violences ont éclaté fin 2012.
Pour M. Fall, c'est "le début d'un processus qui, nous l'espérons, va aboutir à la libération de milliers d'enfants associés aux groupes armés en République centrafricaine".
"Chacun d'entre eux aura besoin d'un large soutien et de protection afin qu'ils puissent reconstruire leur vie et reprendre leur enfance", a-t-il dit.
La semaine dernière, les chefs de huit groupes armés centrafricains s'étaient engagés à relâcher plusieurs milliers d'enfants-soldats ainsi qu'à cesser tout recrutement d'enfants, en marge du Forum de Bangui, qui a réuni près de 600 participants pour la réconciliation nationale et discuter de l'avenir du pays.
Au fil d'une histoire marquée par les troubles, les rébellions et les coups d'État, de nombreux groupes armés - parfois divisés en factions rivales - se sont formés dans le pays où ils ont créé leurs propres fiefs. Une quinzaine de ces mouvements sévissent encore aujourd'hui en République centrafricaine.
L'Unicef et ses partenaires avaient déjà permis la libération de plus de 2.800 enfants, dont 646 filles, en 2014 et de plus 500 en 2013.
Mais un engagement de cette ampleur, avec un nombre aussi important de groupes armés et d'enfants, est inédit.
- Besoin de fonds supplémentaires -
De 6.000 à 10.000 enfants seraient intégrés dans les différents groupes armés et rébellions qui sévissent depuis des années en Centrafrique.
Ce chiffre "inclut les combattants, mais aussi ceux qui sont abusés d'une autre façon, à des fins sexuelles, des cuisiniers, des messagers", précise l'Unicef.
Les dirigeants des groupes armés ont également convenu de donner à l'Unicef et ses partenaires "un accès immédiat et sans restriction aux zones sous leur contrôle" afin de pouvoir "identifier et vérifier le nombre d'enfants", selon l'organisation onusienne.
Aucun calendrier n'a toutefois été communiqué pour la libération de milliers d'autres enfants concernés.
La Centrafrique s'est retrouvée en plein chaos après le renversement en mars 2013 du président François Bozizé par Michel Djotodia, à la tête d'une rébellion à dominante musulmane, la Séléka.
Les exactions commises par la Séléka dès son arrivée au pouvoir contre les populations majoritairement chrétiennes ont ensuite débouché sur la création de milices d'autodéfense, les anti-balaka, qui s'en sont alors pris aux civils musulmans, plongeant le pays dans une grave crise, sans précédent. Des violences contre les civils qui ont entraîné l'opération Sangaris des forces françaises en décembre 2013, toujours présentes dans le pays ainsi que la force onusienne Minusca.
Plus de la moitié des 4,6 millions de Centrafricains vit dans une extrême pauvreté et près de 900.000 personnes ont été déplacées dans le pays depuis décembre 2013.
L'Unicef prévient que des fonds supplémentaires seront nécessaires pour poursuivre le processus de libération et de réinsertion des enfants, déplorant n'avoir reçu au 30 avril que 17 millions de dollars (14,9 millions d'euros) sur les 73,9 millions prévus en 2015 pour répondre à l'urgence humanitaire.
La secrétaire générale de la Francophonie, Michaëlle Jean, s’est réjouie du bon déroulement du forum de réconciliation nationale en République centrafricaine, qui s’est tenu du 4 au 11 à Bangui, la capitale.
Dans un communiqué, Michaëlle Jean a apprécié « l’esprit de dialogue et de dépassement qui ont prévalu tout au long de ce Forum, ainsi que la mobilisation de toutes les couches de la population, notamment des femmes, qui ont contribué de façon significative à sa réussite ». Elle s’est félicitée de l’adoption du Pacte républicain pour la paix, la réconciliation nationale et la reconstruction en République centrafricaine, ainsi que de la signature d’un accord sur les principes de Désarmement, démobilisation, réintégration et rapatriement (DDR-R) entre le gouvernement de transition et les groupes armés.
Afin de préserver la paix dans ce pays, la secrétaire générale de la Francophonie a invité les acteurs concernés « à tout mettre en œuvre pour l’application intégrale et rapide de ces textes consensuels dont dépend la reconstruction démocratique et socio-économique du pays. Elle appelle l’ensemble des parties à faire preuve de responsabilités et à tout faire pour éviter la violence et la confrontation ».
Loin de s’adresser seulement aux acteurs Centrafricains, Michaëlle a aussi encouragé la communauté internationale « à soutenir pleinement la mise en œuvre des conclusions du Forum national de Bangui ». La secrétaire générale a réitéré l’engagement de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF) à poursuivre, au-delà de son appui au Forum, l’accompagnement du processus de transition en cours.
Signalons que Louis Michel, envoyé spécial de la Francophonie pour la Centrafrique avait participé au Forum de Bangui.