Centrafrique : Félix Moloua nommé Premier ministre après la démission d’Henri-Marie Dondra
https://www.radiondekeluka.org/ mardi 8 février 2022 09:02
Après plusieurs jours de tergiversations et de rumeurs autour d’une éventuelle démission du Premier ministre Henri-Marie Dondra, le chef de l’Etat est sorti, ce lundi 07 février 2021, de sa réserve. Faustin-Archange Touadéra, après avoir accepté sa lettre de démission, a aussitôt nommé par décret Félix Moloua à la primature.
La nouvelle est tombée ce lundi aux environs de midi ; même si celle-ci, au départ, était considérée comme rumeur. Après quelques jours d’ambiguïté, le président de la République Faustin-Archange Touadéra a finalement approuvé la lettre de démission d’Henri-Marie Dondra. Dans cette foulée, le chef de l’exécutif a fait appel au ministre d’Economie et du plan Félix Moloua, un proche et cadre de son parti, pour lui succéder.
Crise de confiance ou ambition politique ?
Difficile de le dire avec exactitude, puisque cette démission pourrait servir de moyen pour M. Dondra d'avoir plus de Touadéra que ce qu'il a aujourd'hui. En mai 2021, alors qu'il était encore ministre des Finances, Henri-Marie Dondra avait siégé à l'Assemblée nationale avant d'être nommé chef du gouvernement. En outre, ses relations avec son parti le Mouvement cœurs unis (MCU) n'étaient pas, ces derniers mois, au beau fixe. Il a même subi des attaques de certains partisans du MCU sur les réseaux sociaux.
Un proche et fidèle du président à la primature
Ministre d’Etat au Plan, à l’Economie et à la Coopération depuis 2016, ordonnateur national du Fonds européen de développement (FED), gouverneur de la Banque mondiale pour la République centrafricaine et gouverneur de la Banque africaine de développement pour la RCA, Félix Moloua est un démographe. Sa nomination à la tête du gouvernement intervient neuf mois après celle de son prédécesseur.
Centrafrique: le Premier ministre remplacé dans un contexte de tensions persistantes
7 février 2022 AFP
Premier ministre centrafricain Henri-Marie Dondra Le Premier ministre centrafricain Henri-Marie Dondra a été "démis" de ses fonctions par le président Faustin Archange Touadéra et remplacé par le ministre de l'Economie Félix Moloua, dans un contexte de tensions nourries par les lutte d'influences, franco-russes notamment, et huit ans de guerre civile.
"Le Premier ministre a été démis", le président "a décidé de clarifier la situation, de mettre fin aux élucubrations et à la confusion en signant un décret qui met fin à sa mission avant de signer un second décret nommant Félix Moloua", a déclaré lundi à l'AFP Albert Yaloké Mokpeme, le porte-parole de la présidence centrafricaine.
"J'ai démissionné de mon poste de Premier ministre", a assuré pour sa part à l'AFP M. Dondra, huit mois après avoir été nommé chef du gouvernement.
Le site d'information en ligne Africa Intelligence avait assuré vendredi qu'il avait "remis sa démission" à M. Touadéra, qui se trouvait alors à Addis Abeba au sommet de l'Union africaine (UA). Mais ni M. Dondra, ni la présidence contactés par l'AFP, n'avaient souhaité confirmer ou infirmer.
- Tensions franco-russes -
Ces dissonances au sommet illustrent la détérioration du climat entre différents camps au sein du pouvoir et, par répercussion, entre les deux têtes de l'exécutif, ce dont les médias locaux s'étaient fait l'écho. Notamment dans le contexte des luttes d'influence entre la France, l'ex-puissance coloniale, et la Russie, qui a pris énormément de poids depuis quatre ans dans une Centrafrique classée deuxième pays le moins développé du Monde par l'ONU.
M. Dondra, ancien Ministre des Finances, avait été nommé le 11 juin 2021 quelques jours après que la France eut gelé son aide budgétaire à Bangui, que Paris juge "complice" d'une "campagne de désinformation" anti-française orchestrée par la Russie.
La nomination de M. Dondra, considéré comme plus "bienveillant" à l'égard de la France que son prédécesseur Firmin Ngrebada, jugé plutôt pro-russes, avait été perçue alors comme un geste d'apaisement à destination de Paris.
Depuis, l'influence de la Russie, par intermédiaire notamment de "mercenaires" de la compagnie de sécurité privée Wagner selon l'ONU et Paris, a considérablement progressé.
M. Touadéra, à la tête de la Centrafrique depuis 2016, avait été réélu le 27 décembre 2020 dans un scrutin très contesté par l'opposition, un électeur sur trois n'ayant pas eu la possibilité de se rendre aux urnes dans un pays alors aux deux tiers sous la coupe de groupes armés.
Une coalition rebelle venait de lancer une offensive sur Bangui pour le renverser. Après sa réélection, le chef de l'Etat menacé avait fait appel à Moscou, qui entretenait depuis trois ans déjà de nombreux "instructeurs militaires" auprès de son armée et des conseillers très influents à la présidence et à la Défense.
Des centaines de paramilitaires ont alors débarqué en Centrafrique, "des instructeurs non armés" selon Moscou, des combattants de Wagner selon l'ONU et Paris.
- Lutte de clans -
Grâce à eux et des soldats rwandais dépêchés aussi par Kigali à la rescousse de l'armée démunie et mal formée de M. Touadéra, les rebelles ont rapidement été repoussés, et Bangui a même récupéré le contrôle de la grande majorité du pays.
Mais l'ONU accuse les soldats centrafricains et Wagner --tout comme les rebelles-- de "violation des droits humains".
Les Nations unies, Paris et des ONG internationales affirment également que Wagner et d'autres sociétés russes se sont, en contrepartie, assuré la mainmise sur les ressources du pays, notamment minières.
Félix Moloua, 64 ans, est considéré comme un fidèle du président mais surtout "un bon technocrate qui n'a pas un profil politique", analyse pour l'AFP une source diplomatique qui a requis l'anonymat. Démographe de formation, il a été six ans directeur de cabinet au ministère de l'Economie et du Plan avant d'hériter de ce portefeuille en 2016, une fois M. Touadéra élu président.
"Touadéra avait nommé Dondra il y a 8 mois car il était proche des donateurs internationaux et il avait de bonnes relations avec la France. Mais il avait très peu de contrôle sur certains ministres, notamment de la Défense et des Affaires étrangères", ainsi que sur l'influent président de l'Assemblée nationale, Simplice Sarandji, "proche des Russes", renchérit Roland Marchal, spécialiste notamment de l'Afrique centrale au Centre de recherches internationales (Ceri) de Sciences Po Paris.
Centrafrique: Touadéra met fin aux fonctions de son premier ministre
https://www.financialafrik.com/ Par RODRIGUE FÉNÉLON MASSALA 7 FÉVRIER, 2022
Aussitôt rentrée d’Addis-Abeba où il a pris part au sommet de l’Union Africaine, le Président Faustin Archange Touadera a mis fin aux fonctions de son Premier ministre qu’il avait nommé en juin 2021.
Le premier ministre centrafricain Henri-Marie Dondra «a été démis» et remplacé par le ministre de l’Économie Félix Moloua, a annoncé lundi 7 février aux médias le porte-parole de la Présidence de la République, Albert Yaloké Mokpeme.
De son côté, le premier Ministre qui était à l’aéroport pour accueillir le chef de l’Etat qui rentrait d’Addis Abeba a assuré avoir démissionné de son poste de premier ministre, selon le message qui nous a été transmis par un de ses plus proches collaborateurs requérant l’anonymat.
Henri-Marie Dondra aura passé huit mois à la tête du gouvernement. Son départ serait la conséquence d’un désaccord entre le président Touadera et son désormais ex premier ministre.
Une rumeur avait circulé le vendredi 4 février faisant état de la démission d’Henri-Marie Dondra pendant que le chef de l’État se trouvait à Addis Abeba.
Du côté du palais de la présidence, l’on précise que «le premier ministre a été démis de ses fonctions et il a été à cet effet remplacé Félix Moloua qui assurera désormais les fonctions de premier ministre», a déclaré Albert Yaloké Mokpeme le porte-parole de la présidence.
Et d’ajouter: «le président de la République a décidé de clarifier la situation, de mettre fin aux élucubrations et à la confusion en signant un décret qui met fin à la mission de l’ancien Premier ministre avant de signer un second décret nommant Félix Moloua» Premier Ministre.
L’affaire du double-télécommande serait-elle à l’origine de ce divorce ? C’est du moins ce que pense les observateurs avertis du microcosme politique centrafricain.
Rodrigue Fenelon Massala
Centrafrique : pourquoi le Premier ministre Henri-Marie Dondra a démissionné
7 février 2022 à 18:26 Par Jeune Afrique Mis à jour le 7 février 2022 à 18:26
Accusé de malversations et sous pression après s’être mis à dos le cercle très fermé du président Faustin Archange Touadéra, le désormais ancien chef du gouvernement a tenté un coup de poker en décidant de quitter son poste. Explications.
Félix Moloua, ministre de l’Économie et du Plan depuis 2016, a été nommé Premier ministre ce 7 février par Faustin-Archange Touadéra
(FAT). Membre de tous les gouvernements du chef de l’État depuis 2016, il avait déjà été pressenti à ce poste après la présidentielle de 2020, mais avait finalement été maintenu dans ses fonctions.
En !n de semaine dernière, son prédécesseur, Henri-Marie Dondra, avait remis sa lettre de démission à la présidence, tandis que FAT se trouvait à Addis-Abeba pour assister au sommet de l’Union africaine. Selon nos informations, l’ex-chef du gouvernement souhaitait ainsi taper du poing sur la table, étant visé par de discrètes enquêtes sur sa gestion du ministère des Finances, qu’il dirigeait auparavant. Des malversations ont en effet été mises à jour par son successeur, Hervé Ndoba, un proche de Touadéra.
Tirs croisés
Des membres du premier cercle présidentiel le soupçonnent d’être le propriétaire d’une quarantaine de parcelles dans Bangui, sur lesquelles des chantiers de construction immobilière ont été lancés depuis sa nomination à la tête du ministère des Finances. Des détournements de plus de 100 milliards de francs CFA auraient ainsi été mis à jour, et le député Auguste Boukanga a demandé à ce qu’un audit soit diligenté à ce sujet.
Suite à ces révélations, les adversaires de Henri-Marie Dondra n’ont pas manqué de l’épingler. Surtout que l’homme nourrit des ambitions pour la future présidentielle, qui se profile déjà. Attaqué, il s’en est lui-même pris à Simplice Mathieu Sarandji, le président de l’Assemblée nationale et patron du parti au pouvoir, ainsi qu’à Firmin Ngrebada, son prédécesseur, qu’il accuse d’utiliser les réseaux sociaux pour s’en prendre à lui.
En posant sa démission, Dondra souhaitait inciter FAT à le soutenir, au moment où il s’est mis à dos l’entourage de ce dernier. Dans l’affaire du Ledger Plaza Hôtel tout d’abord, qui voit un bras de fer l’opposer à l’homme d’affaires Sani Yalo. Ce conseiller de l’ombre de FAT est proche de l’ancienne équipe dirigeante de cet établissement (dont la gestion est disputée entre deux camps où !gurent à la fois des Libyens et des Centrafricains) et de son ex-directeur général, Ziad al-Zarzour. Dondra a fait venir la nouvelle équipe et les représentants de la diplomatie libyenne.
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Enfin, l’ex-Premier ministre s’est ouvertement opposé à Sylvie Baïpo Témon, la ministre des Affaires étrangères, après la sortie médiatique de cette dernière contre les propos de son homologue français, Jean-Yves Le Drian, au sujet de la présence russe dans les cercles du pouvoir. Alors qu’Henri-Marie Dondra présentait sa démission, la cheffe de la diplomatie était d’ailleurs au côté de Touadéra à Addis-Abeba. De retour d’Éthiopie, le président s’est longuement entretenu avec lui mais le divorce était déjà consommé.