Paris - AFP / 12 novembre 2015 13h29 - La présidente de transition en Centrafrique, Catherine Samba-Panza, a souhaité jeudi que le pape François maintienne sa visite fin novembre dans ce pays malgré le défi sécuritaire que cela représente.
J'ai reçu le nonce apostolique qui m'a demandé +Madame la Présidente si vous pensez que le pape ne doit pas venir, dites-le nous+. J'ai dit que le pape doit venir, a raconté Mme Samba Panza à la radio RTL.
L'arrivée du pape sera une grande bénédiction. Je tiens à ce que le pape vienne. Quel que soit le destin qui nous sera réservé. Et je crois que par la grâce de Dieu, le pape viendra et il n'y aura rien, a-t-elle ajouté.
Le ministère français de la Défense, qui compte 900 soldats en Centrafrique, a mis en garde les services de sécurité du pape contre les risques d'une telle visite dans un pays qui reste en proie aux violences interconfessionnelles et luttes de clans.
Si des inquiétudes ont été exprimées, aucune recommandation officielle n'a en revanche été adressée au Vatican, que ce soit pour annuler la visite, prévue les 29 et 30 novembre, ou en réduire le format.
Nous n'avons pas à exprimer de recommandations relatives aux déplacements d'un chef d'État dans un État tiers, a souligné le porte-parole du Quai d'Orsay, Romain Nadal, dans un point de presse.
Outre la sécurité du pape elle-même va se poser celle des dizaines ou centaines de milliers de pélerins qui afflueront vers Bangui, la capitale, y compris de pays voisins.
La force française Sangaris n'aura pas suffisamment de capacités pour s'engager au-delà de ce qu'elle fait d'habitude en soutien de la Minusca (mission de l'Onu, 12.000 hommes), a-t-on noté mercredi dans l'entourage du ministre français de la Défense Jean-Yves La Drian.
Sangaris assurera la protection de l'aéroport et fournira une capacité d'évacuation médicale des autorités en cas de nécessité mais ne pourra pas aller plus loin, a-t-on souligné.
La Minusca, en première ligne dans la sécurisation du pays, qui reste confronté à une multitude de bandes armées issues de diverses rébellions, est en discussion avec les services de sécurité du pape concernant la visite.
Le Vatican a maintenu cette visite malgré les violences interconfessionnelles qui ont fait une soixantaine de morts fin septembre.
Pour nous, la visite du pape en Centrafrique demeure au programme. C'est le grand désir de François de s'y rendre, a souligné le père Ciro Benedettini, porte-parole adjoint pour la presse au Vatican, le 2 novembre. Pour son premier voyage en Afrique, le pape François doit aussi se rendre au Kenya et en Ouganda.
La Centrafrique connaît un regain de tensions à l'approche des élections - référendum constitutionnel le 13 décembre, législatives et présidentielles le 27 - certains acteurs cherchant à faire dérailler le processus, selon Paris.
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Le Vatican maintient « sauf imprévu » la visite du pape en Centrafrique
http://www.la-croix.com/ 12/11/15 - 15 H 56
Le ministère français de la défense a fait savoir qu’il ne pouvait pas assurer la sécurité de la visite du pape en Centrafrique, où le Saint-Siège a sollicité davantage de moyens.
Au Vatican, de hauts responsables seraient également favorables à une annulation.
Aller en Centrafrique, le pape François l’évoque publiquement depuis le début de l’année. L’étape à Bangui, prévue les 29 et 30 novembre, restait bien programmée jeudi 12 novembre, par le Vatican. « Nous continuons de nous organiser pour le voyage, d’aller dans cette direction, sauf imprévu », a confirmé à La Croix le porte-parole du Saint-Siège, le P. Federico Lombardi, ajoutant : « Nous sommes bien conscients de la situation en Centrafrique. »
FRANCE ET NATIONS UNIES EN DISCUSSION AVEC LE VATICAN
Cette situation, le ministère français de la défense la juge trop périlleuse pour accueillir un tel événement. « On a fait savoir que c’était une visite à risque », a indiqué l’entourage du ministre Jean-Yves Le Drian, cité par l’AFP. L’armée française déployée en Centrafrique (force Sangaris, 900 hommes) ne dispose pas des capacités pour assurer la sécurité de la visite papale au-delà de l’aéroport de Bangui.
D’une source proche du Saint-Siège, la gendarmerie vaticane aurait sollicité cette semaine la France pour un renfort d’aides logistique, sanitaire et militaire, comme un hôpital de campagne et des hélicoptères de surveillance. En vain. De son côté, la force des Nations unies sur place, Minusca (12 000 hommes), est aussi en discussion avec le Vatican.
CRAINTE D’UN ATTENTAT DES CHEBABS
En interne, le Saint-Siège apparaît, à ce stade, partagé sur le maintien ou non de la visite. Son numéro deux, le cardinal Pietro Parolin, est réputé favorable à une annulation alors que le pape François aurait du mal à se laisser convaincre d’y renoncer. Il a toutefois préparé les esprits à cette éventualité en déclarant, à la Toussaint, après l’angélus place Saint-Pierre, qu’il « espérait » pouvoir accomplir son voyage en Centrafrique. « C’est une grande responsabilité d’organiser des grands rassemblements », reconnaissait-il devant la presse, le 19 janvier, à propos de ce futur déplacement, mais en évoquant alors le risque de contamination du virus Ebola, qui a retardé ce voyage.
Pour cette première visite en Afrique, l’Ouganda est incontestablement le plus stable des trois pays au programme (avec la Centrafrique et le Kenya). Un militaire de haut rang, et très proche du président Museveni, a été chargé de la sécurité du voyage. Les sites sont d’ores et déjà sécurisés par des militaires et des policiers présents en nombre. Au Kenya, 10 000 officiers de sécurité sont mobilisés, auxquels s’ajoutent 10 000 volontaires. Le campus de l’université de Nairobi, où le pape doit célébrer la messe, a également été placé sous bonne garde. Le quartier populaire de la capitale, où il doit se rendre, n’est plus celui initialement choisi. Les autorités craignent toutefois, plus que tout, un attentat des chebabs, ces terroristes qui sévissent surtout dans l’est du pays.
Sébastien Maillard à Rome (avec Loup Besmond, à Nairobi)