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5 août 2022 5 05 /08 /août /2022 12:35
Projet de force anti-putsch en Afrique : une avancée démocratique ?

 

Lu pour vous

 

par Jean-Michel Lavoizard | 4 août 2022

 

 Ce 28 juillet 2022, à l’occasion de la visite du président Macron en Afrique de l’ouest(1), le président de la Guinée Bissau, Mokhtar Sissoco Embaló, également président en exercice de la Communauté économique des États d’Afrique de l’ouest (CEDEAO), a annoncé la création d’une force anti-putsch(2). « Cette entité va permettre à tout le monde de comprendre que nous sommes au XXIe siècle et qu’il est inadmissible et inacceptable de faire des coups d’État », a‑t-il déclaré. Ce projet régional, présenté comme « déjà sur la table », s’il se réalise, sera une première mondiale dans le multivers politique des régimes dits démocratiques.

Saluant cette initiative, le président de la France a déclaré que « c’est un instrument extrêmement efficace pour lutter contre les déstabilisations qu’on a vues fléchir dans la région où des groupes militaires ont exploité, parfois, l’affaiblissement de l’État pour prendre le Pouvoir. Voilà ce qui est attendu de la CEDEAO ». Diantre ! le vibrionnant activiste mondialo-progressiste connaitrait-il des exemples inconnus de l’ignorant vulgum pecus, de forces anti-putsch qui, de surcroit, auraient démontré leur « extrême efficacité » ? Aurait-il, seul, le présage d’une force annoncée dont on ne connait pas encore le statut ni les objectifs, les modalités ni les moyens ? « attendu de la CEDEAO » : S’exprime-t-il à titre personnel, national, ou au nom de l’Union européenne, qu’il ne préside plus ?

La France réaffirme son rôle dans la région « au service d’États souverains légitimes. Car nous considérons que notre rôle est d’aider à réussir cette bataille contre le terrorisme et à permettre le développement stable et la formation de la jeunesse dans cette partie du continent africain ». Quel amalgame confus et réducteur entre des termes dont le lien de corrélation n’atteste aucunement celui de leur causalité, mais dont on comprend que le mot clé, sacré, est « stabilité ». Coûte que coûte, pourrait-on ajouter, habitués aux contraintes de vie et aux privations de liberté que le providentialisme d’État nous impose au nom de situations exceptionnelles présentées comme des guerres, pour justifier des régimes d’exception qui deviennent la règle.

Ce modèle autoritaire ne peut que plaire à des dirigeants africains en quête permanente de mécanismes d’imposition de leur autorité contestée, bases légales de pouvoirs croissants et absolus face à des sociétés civiles et à des acteurs extérieurs qu’ils ne maitrisent plus. Car, à quelles réalités africaines répond ce besoin d’une nouvelle « force de l’ordre » à l’échelle régionale ?

Le phénomène visé est le putsch (« action de pousser », en allemand), renversement brutal de l’intérieur et confiscation du Pouvoir par une junte militaire. L’Histoire africaine moderne est émaillée de putschs sanglants issus d’ambitions rivales, parfois fomentés et soutenus politiquement et matériellement par des puissances étrangères. Or, les renversements récents en Afrique de l’ouest, au Mali (août 2020), en Guinée Conakry (septembre 2021), au Burkina Faso (janvier 2022), se distinguent par des motivations endogènes liées à la mauvaise gouvernance publique (défaillance, prédation) ; par leur exécution pratique (préparation, dégâts et nombre de victimes limités, responsables épargnés) ; par le soutien massif de populations désespérées (corruption endémique, incompétence systémique) ; par leur projet alternatif (transition politique, relance économique). Ces renversements sont considérés comme la voie ultime de recours pour mettre fin à une situation intolérable, sans issue légale.

Il ne s’agit pas ici d’approuver des insurrections, mais d’en expliquer les causes pour en envisager les modes de prévention. Pour que les gouvernements concernés et leurs partenaires étrangers, dont la France, prennent davantage en compte la situation réelle des populations et des forces armées qui en sont issues. Celles-ci considèrent également « qu’au XXIe siècle, il y a des choses inadmissibles et inacceptables » de la part d’États redevables. Au risque, en désespoir de cause, de provoquer des coups d’éclat et de susciter des « forces anti mauvaise gouvernance » spontanées.

Pour que la force anti-putsch envisagée ne soit pas perçue comme un instrument insupportable de répression, à effet boomerang contreproductif. Car, ce qui donne sa force à un régime politique, ce n’est pas tant sa légitimité électorale, que la réalisation de son contrat social.

Jean-Michel Lavoizard

(1) Tournées française et russe en Afrique, un ballet peu diplomatique aux enjeux stratégiques
 Notre illustration à la une : Emmanuel Macron avec son homologue bissau-guinéen Umaro Sissoco Embaló (Crédits : Élysée)
(2) La Cédéao annonce un projet de force anti-putsch dans la région ouest-africaine

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Centrafrique-Presse.com
5 août 2022 5 05 /08 /août /2022 12:34
Tchad: le rebelle centrafricain Abdoulaye Miskine restera en prison le temps de son procès

 

 

https://www.rfi.fr/ 03/08/2022 - 04:59

Le chef et fondateur du groupe armé Front démocratique du peuple centrafricain (FDPC) et ses trois compagnons resteront en prison jusqu’à la clôture de leur procès. Ils ont été interpellés en octobre 2019 et n’ont jamais été extradés vers la Centrafrique.

Avec notre correspondante à Ndjamena, Aurélie Bazzara-Kibangula

Dans la salle d’audience, le box des accusés était vide. Abdoulaye Miskine et ses trois compagnons, détenus à la prison de Klessoum, n’ont pas été conduits au tribunal. « Encore un problème de procédure », pointe maître Mog-Nan Kembetiade, l’un de leurs avocats. Le délibéré a donc été lu en leur absence.

Et le tribunal a rejeté leur demande de mise en liberté. La requête avait été faite par leurs avocats lors de la première audience du procès qui s’était déroulée il y a quatre jours. « D’après les textes de loi, rien ne justifie leur maintient en prison », explique maître Mog-Nan Kembetiade.  

Les juges ont donc préféré suivre le parquet général qui s’était opposé à une mise en liberté d’Abdoulaye Miskine et de ses trois compagnons, évoquant de possibles trouble à l’ordre public en cas de libération de ces rebelles centrafricains. 

La prochaine audience est prévue le 16 août. Cette fois, les questions de fond seront abordées, notamment les chefs d’accusations. 

Abdoulaye Miskine et ses trois compagnons sont poursuivis pour création d’un mouvement insurrectionnel, viol, assassinat, torture ou encore séquestration. Ils ont été arrêtés à Ndjamena en novembre 2019. Selon des sources sécuritaires, le Tchad veut rendre justice à certains de ses ressortissants qui auraient été victimes du mouvement rebelle d’Abdoulaye Miskine pendant la crise centrafricaine. 

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5 août 2022 5 05 /08 /août /2022 12:27
Nouvelles nationales sur RNL
Nouvelles nationales sur RNL

 

Centrafrique : nouvelle annonce d’arrivée de produits pétroliers à Bangui

https://www.radiondekeluka.org/ mercredi 3 août 2022 13:59

Pendant que la crise d’hydrocarbures continue de paralyser la République centrafricaine, le gouvernement a annoncé l’arrivée d’une nouvelle cargaison de produits pétroliers. Selon le ministère de l’Energie, trois barges contenant de l’essence et du gasoil en provenance du Congo, sont arrivées ce dimanche 31 juillet 2022 au port de Bangui. Le contenu de la cargaison est en dépotage à la Société centrafricaine de stockage des produits pétroliers.

Le dépotage de ces produits pétroliers a démarré ce lundi, 1er août 2022 avec 750.000 litres de gasoil et 1.750.000 litres de super. Selon les responsables du ministère de l’Energie et de l’Hydraulique, ces produits destinés à la société Total, pourraient dans quelques jours alléger la peine des usagers.

"Là, nous sommes en train de dépoter les produits contenus dans des barges qui viennent d’arriver. Si tout va bien, d’ici mercredi voire jeudi prochain, vous allez vous rendre compte que toutes les stations Total seront desservies en produits pétroliers" a fait savoir Alain Fidèle Kolongato, directeur de cabinet au ministère de l’Energie et de l’Hydraulique.

Depuis le lancement en juillet dernier de la campagne fleuve, c’est pour la deuxième fois que Bangui reçoit des cargaisons d’hydrocarbures. S’agissant de la distribution des produits, les autorités indiquent que des mécanismes sont prévus.

"Total pourrait faire session aux autres"

"Les 1ères barges qui sont arrivées en juillet dernier, étaient une cargaison du groupe Tristar. Dans le mécanisme de gestion des produits pétroliers, il y a des sessions. C’est-à-dire, un mécanisme de compensation entre les différents marqueteurs. Lequel, nous gérons. Ainsi, Total pourrait faire session aux autres" a précisé, Alain Fidèle Kolongato.

A en croire les autorités centrafricaines, plusieurs distributeurs d’hydrocarbures ont positionné leurs produits en République démocratique du Congo en vue de les acheminer à Bangui.

Cette annonce intervient après celle faite en juillet dernier par le ministre de l’Energie et de l’Hydraulique, Arthur Bertrand Piri. Le membre du gouvernement avait fait savoir que ces produits étaient destinés aux stations-services. Cependant, quelques jours plus tard, d’autres sources affirmaient que qu’ils appartenaient à la Minusca, la mission de l’Onu pour le maintien de la paix en République centrafricaine.   

 

 

Centrafrique : l’armée a évalué son plan d’action à Bouar dans le Nord-ouest

https://www.radiondekeluka.org/ mercredi 3 août 2022 15:25

Dans sa politique de redéploiement à l’intérieur du pays, l’armée nationale a passé en revue son plan d’action. Une mission d’évaluation du haut-commandement militaire s’est rendue, le 27 juillet 2022, à Bouar dans la Nana-Mambéré. L’objectif, selon les cadres de l’armée, est celui de passer en une armée de garnison.

Les cadres de l’armée centrafricaine ont évalué durant quatre (4) jours les actions déjà réalisées et celles qui restent à faire. Cette évaluation faite à Bouar, chef-lieu de la Nana Mambéré, est basée sur le plan national de défense, initié en 2016 par le gouvernement. Selon le haut-commandement militaire, ce plan a permis de réhabiliter les casernes, d’équiper et de déployer les soldats dans les différentes zones de défense du pays.

Par ailleurs, ces officiers ont souligné que le nombre d’infrastructures militaires reste encore insignifiant et les garnisons n’ont, jusqu’alors, qu’un seul bataillon au lieu de deux.

"L’objectif est de passer en une armée de garnison"

"Le plus grand objectif du plan national de défense, c’est le changement de l’armée de projection en une armée de garnison. Hier, s’il se passait quelque chose à Bocaranga par exemple, le renfort doit être déployé de Bangui. Le temps d’arriver, l’ennemi est parti. Raison pour laquelle, le gouvernement a pensé mettre en place cette vision afin que l’armée soit auprès de la population" a fait savoir le général de brigade Arcadius Bétibangui, sous-chef d’Etat-major, chargé de la planification.

Quelques aspects sont pris en compte dans ce concept de garnison, notamment, le regroupement familial.

"Le militaire sera accompagné de sa famille"

"Il est désormais question d’affecter les militaires dans les zones de défense comme les fonctionnaires et les autres corps habillés. Lors de ces affectations, le militaire sera accompagné de sa famille. Ce qui revient à dire que lorsque le militaire part en garnison, sa famille doit être logée. Ses enfants doivent aussi bénéficier d’une bonne scolarité" a précisé le colonel Ghislaine-Léa Yangongo, responsable du service de conditions militaires.

Ces hauts responsables de l’armée nationale encouragent la population à coopérer avec les soldats déployés sur le terrain. Par ailleurs, ils invitent à la dénonciation de  tous actes de violence exercés par un militaire sur un civil.

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5 août 2022 5 05 /08 /août /2022 12:23
Le Rwanda accusé d’ingérence en Centrafrique

Lu pour vous

 

dw.com1d Par Jean-Fernand Koena | Afrique | 03.08.2022

La Constitution en vigueur lui interdit mais un projet de loi visant à réformer celle-ci est en cours d’examen à l’Assemblée nationale.

Dans ce dossier, le Rwanda, un allié du pouvoir centrafricain, est soupçonné de vouloir aider le président Touadéra dans cette tentative. C'est du moins l’accusation portée par le G16, un groupe de responsables politiques et de la société civile.

Cette accusation est soutenue par une partie de l’opposition rwandaise en exil mais démentie par les gouvernements rwandais et centrafricain.   

L'axe Bangui-Kigali 

L’axe de coopération Bangui-Kigali s’est renforcé ces dernières années et beaucoup d’investisseurs rwandais s’installent désormais en Centrafrique. Mais derrière cette coopération, l’opposition voit la volonté du président rwandais Paul Kagamé de s’ingérer dans la politique intérieure, notamment en finançant le projet de son homologue centrafricain qui serait de rester au pouvoir.

Ben Wilson Ngassan, secrétaire national et porte-parole de la plateforme G16, est formel au sujet de l’implication de Paul Kagamé dans la politique intérieure centrafricaine : 

"Le président rwandais reçoit depuis quelque temps les plus hautes autorités de la République centrafricaine et il a été question de traiter du changement de la Constitution en République centrafricaine. J’ai fait mes études au Rwanda et j’ai des informations qui me proviennent de là-bas et nous ne pouvons pas nous hasarder de faire une déclaration en portant des accusations aussi graves envers un pays frère. Aujourd’hui, on ne peut pas tolérer qu’un pays frère comme le Rwanda, aussi généreux soit-il, puisse s’ingérer dans les affaires intérieures de la République centrafricaine."

"Colonisation" 

Une mise en garde relayée par l’opposition rwandaise en exil qui dit redouter les conséquences du rapprochement entre Bangui et Kigali. C’est ce qu’a indiqué Thomas Maïmana, un opposant qui vit en France.  

"La Centrafrique est un pays très intéressant pour Paul Kagamé et son équipe. Le pays regorge de ressources et ce qu’il veut faire c’est embrigader vos responsables, les décideurs centrafricains qui perdront leur liberté. Ils ont signé des accords miniers et avec Kagamé, cela commence toujours comme ça… Ce n’est pas une ingérence, c’est une colonisation."  

Le gouvernement rwandais réfute  

Yolande Mokolo, porte-parole du gouvernement, a communiqué à la DW une réaction du ministre des Affaires étrangères rwandais, Vincent Biruta.   

Celui-ci affirme que "l’intervention du Rwanda en République centrafricaine est destinée au gouvernement et à ses institutions, et non à un individu. Le Rwanda ne peut en aucun cas être impliqué dans la politique intérieure de la RCA, encore moins dans le projet de modification de la Constitution de ce pays."

Paul Kagame aurait des visées sur les ressources naturelles en Centrafrique

Même son de cloche côté centrafricain qui estime que la société civile fait un faux procès au Rwanda. Marcel Djimassé, ministre de la Fonction publique : 

"La coopération classique que nous avons avec d’autres pays qui ont des relations historiques avec nous n’a pas donné de résultats du point de vue sécuritaire. Aujourd’hui, avec la présence de l’allié rwandais et de l’allié russe, nous avançons vers une meilleure sécurisation du territoire et de nos citoyens. Mais ce n’est pas le Rwanda qui va imposer qu’on change la Constitution."  

Le G16 projette une manifestation dans les jours à venir devant l’ambassade du Rwanda en France pour dénoncer non seulement l’ingérence mais aussi l’invasion du pays qui ferait craindre le spectre congolais.  

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5 août 2022 5 05 /08 /août /2022 12:19
RCA : Regain de violences, embargo sur les armes

 

Regain de violences, embargo sur les armes, nouvelle Constitution... le point sur la situation en Centrafrique

30 JUIL 2022 Mise à jour 30.07.2022 à 19:36 par Alicia Mihami AFP

Le Conseil de sécurité de l'ONU  vient de prolonger de 12 mois l'embargo sur les armes visant la Centrafrique, avec une dérogation majeure : ces mesures ne s’appliquent pas aux forces armées régulières. Cet assouplissement attendu de longue date par les autorités centrafricaines, doit aider les autorités à repousser les milices armées, qui continuent de déstabiliser le pays depuis la réélection du président Touadéra, en décembre 2020. Le point sur la situation en Centrafrique aujourd’hui.

C’est une victoire pour le gouvernement de Faustin-Archange Touadéra. Les forces armées de Centrafrique (FACA) ne sont plus concernées par l’embargo sur les armes. Cet embargo était en place depuis 2013 au lendemain de la chute du président François Bozizé et du déclenchement d'une guerre civile.  Les membres du Conseil s’inquiètent toutefois de la situation sur placeCelle-ci "continue de constituer une menace pour la paix internationale et la sécurité régionale".

Les combats se poursuivent partout dans le pays, entre les FACA et les milices armées, dont la Coalition des Patriotes pour le changement. Début juillet, Yao Agbetse, l'expert indépendant de l'ONU sur les droits de l'homme en Centrafrique, s’inquiétait sur RFI de la résurgence des attaques de groupes armés, menant à une augmentation des violations des droits humains. La Minusca, la mission de l’ONU en Centrafrique, rapporte 436 “incidents” entre janvier et juin 2022 qui auraient fait plus de 1300 morts. Valentine Rugwabiza, la cheffe de la Minusca, déplorait en juin dernier “la persistance de violations du cessez-le-feu par toutes les parties qui poursuivent leurs opérations et actes de belligérances qui exposent les populations civiles à la violence”. 

Les violences à l’encontre de la population restent un point d'inquiétude majeur pour l'ONU. Celle-ci ne sont pas seulement le fait des groupes armés. L'ONU a accusé les forces armées centrafricaines d'avoir entraîné et armé les miliciens responsablles de l'attaque du village de Boyo en décembre 2021. Au moins 20 personnes avaient été tuées et des centaines de maisons incendiées, forçant plus d’un millier de villageois à fuir la violence. 

Montée en puissance du groupe Wagner  

Ces exactions se multiplient, portées par l’emprise grandissante du groupe paramilitaire russe Wagner dans le pays. Les mercenaires russes sont au cœur de la stratégie militaire centrafricaine et bénéficient de la faveur du président Touadéra, dont ils assurent notamment la protection rapprochée. C’est en partie grâce à eux que les groupes armés ont été repoussés d'une majorité des deux tiers du territoire qu'ils occupaient encore en 2020 : de quoi obtenir le soutien d’une partie de la population, dans un contexte de dégradation des relations entre la Centrafrique et ses partenaires occidentaux.   
 

Mais le soutien des FACA par les mercenaires russes a un prix. L’ONG Human Rights Watch (HRW), l’ONU ou encore l’Union européenne accusent le groupe Wagner de commettre des crimes de guerre. "Des preuves convaincantes montrent que des forces identifiées comme russes soutenant le gouvernement centrafricain ont commis de graves abus à l’encontre de civils en totale impunité", résume Ida Sawyer, directrice de la division Crises et conflits à HRW, en conclusion d'un rapport de 13 pages basé sur les témoignages de dizaines de victimes, proches et témoins et publié en mai dernier. 

La communauté internationale dénonce également l’indulgence du président Touadéra, qui  laisserait les mercenaires agir en toute impunité et piller les ressources du pays, riche en mine d’or et de diamants, en échange de leur soutien militaire. Des accusations qui n’ont que peu de portée dans le pays, où Wagner est également soupçonné de mener des opérations de désinformation, notamment en finançant des associations anti-françaises.

La situation reste instable

L’assouplissement de l’embargo sur les armes, proposé par la France, est un signal positif envoyé par le Conseil de sécurité. Mais il ne suffira sans doute pas à contrebalancer la montée du sentiment anti-occidental dans le pays, ni à faire oublier que l’UE, le Fonds monétaire international et la Banque mondiale, principaux partenaires financiers de la Centrafrique, ont gelé le versement de leur aide budgétaire - soit environ 5% du PIB du pays. 

Une décision motivée par le manque de transparence de la Centrafrique notamment concernant les dépenses dans le secteur de la sécurité, mais qui pourrait avoir des conséquences désastreuses sur la population, qui subit déjà l’une des plus graves crises humanitaires au monde : sur les cinq millions d’habitants que compte le pays, plus d’1,2 millions sont déplacés, et plus de 3 millions de personnes ont besoin d’une aide humanitaire selon l’ONU

Malgré des progrès, comme l’abolition de la peine de mort le 1er juin dernier, et la tenue d’un “dialogue de réconciliation nationale” voulu par le président en mars, la situation en Centrafrique reste volatile. Et le projet de nouvelle Constitution, qui ouvrirait la voie à un troisième mandat pour Faustin-Archange Touadéra, risque de raviver les braises d’un conflit jamais vraiment éteint depuis 2013. 

Alicia Mihami AFP

 

 

 

Centrafrique : comment Bangui a obtenu l’assouplissement de l’embargo de l’ONU sur les armes

 

L’armée centrafricaine n’est désormais plus visée par les sanctions de l’ONU concernant les livraisons de matériel militaire. Le résultat d’un intense travail diplomatique, de Bangui à New York.

1 août 2022 à 17:39  Par Mathieu Olivier Jeune Afrique

Ce 29 juillet, le Conseil de sécurité des Nations unis a voté en faveur d’une prolongation de douze mois de l’embargo sur les armes en Centrafrique. Par dix voix pour contre cinq abstentions, celles de la Chine, de la Russie, du Kenya, du Gabon et du Ghana, l’instance a toutefois décidé que celui-ci ne s’appliquerait plus « aux livraisons d’armes et de munitions, de véhicules et de matériels militaires, destinées aux forces de sécurité centrafricaines ».

Bangui, qui réclamait un allègement du dispositif depuis des années, a donc obtenu gain de cause, même si les autorités centrafricaines demeurent soumises, avant tout achat d’armement, à une obligation de notification au Conseil de sécurité. « Le plus important a été obtenu », se réjouit la ministre centrafricaine des Affaires étrangères Sylvie Baïpo Temon, contactée par Jeune Afrique. « L’ancienne forme de l’embargo faisait que notre armée était moins bien équipée que les groupes rebelles », rappelle-t-elle également.

Dix jours de négociations

Selon nos informations, l’affaire était pourtant initialement mal embarquée pour Bangui. Dans la première version de la résolution, communiquée à la diplomatie centrafricaine dès le 20 juillet, la France – leader dans ce dossier au sein du Conseil de sécurité – avait en effet proposé de renouveler l’embargo, sans modification et sans exception pour les forces armées centrafricaines.

Paris comptait ainsi maintenir la pression sur le président Faustin-Archange Touadéra pour qu’il accélère la réforme de son système sécuritaire, mais aussi pour qu’il mette un frein à la relation préférentielle qu’il entretient toujours avec la Russie et ses supplétifs privés du groupe Wagner. La diplomatie française pouvait compter sur l’appui des Américains, des Britanniques ou encore des Irlandais et des Norvégiens.

S’est alors ouvert un intense jeu diplomatique pour convaincre les États indécis du Conseil de sécurité et parvenir à arracher un compromis. Entre le 20 et le 27 juillet, Sylvie Baïpo Temon s’est ainsi entretenue avec plusieurs de ses homologues, notamment l’Indien Subrahmanyam Jaishankar et l’Émirati Abdallah ben Zayed Al Nahyane. Étaient également visés le Brésil et le Mexique, ainsi que les trois actuels membres africains du Conseil de sécurité que sont le Ghana, le Kenya et le Gabon – dont les représentants se sont entretenus en visioconférence avec la diplomate centrafricaine.

Front africain à New York

Selon nos sources, le sujet de l’allègement de l’embargo onusien a également été abordé lors du dernier sommet de la Communauté économique des États d’Afrique centrale (CEEAC), le 25 juillet à Kinshasa, où Faustin-Archange Touadéra était présent. Il l’avait également été les 14 et 15 juillet à Lusaka, en Zambie, lors d’une réunion du Conseil exécutif de l’Union africaine. La CEEAC et l’UA se sont toutes deux rangées aux arguments de la Centrafrique et ont demandé aux diplomaties ghanéenne, gabonaise et kényane de soutenir les efforts de Bangui à New York.

Les démarches ont visiblement porté leurs fruits puisque, si l’embargo a officiellement été prolongé d’un an, il ne touche désormais plus les forces armées centrafricaines. Prévu le 27 juillet, le vote concernant la résolution a été reporté au 28 puis au 29, en raison des débats en cours au sein du Conseil de sécurité. Le jour du vote, des représentants rwandais, équato-guinéens ou encore camerounais étaient présents dans la salle du conseil afin d’appuyer les arguments centrafricains et d’illustrer l’unité africaine sur ce dossier.

Les autorités centrafricaines sont donc désormais libres d’équiper leur armée, dans la limite de leurs moyens financiers et d’une déclaration préalable auprès des Nations unies. Selon nos sources, les besoins identifiés par les ministères de la Défense, de la Sécurité publique et des Finances – qui gèrent les douanes – comprennent en priorité du matériel de déminage, des mortiers de calibre supérieur ou encore des drones de reconnaissance.

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5 août 2022 5 05 /08 /août /2022 12:13
Centrafrique : un ancien chef rebelle recherché par la CPI
Centrafrique : un ancien chef rebelle recherché par la CPI

 

Centrafrique: mandat d'arrêt de la CPI contre Noureddine Adam, ancien numéro 2 de la Seleka

https://www.rfi.fr/ 28/07/2022 - 17:03 Avec notre correspondante à La Haye, Stéphanie Maupas

La Cour pénale internationale a rendu public un mandat d’arrêt visant Noureddine Adam. L’ex-numéro 2 de la Seleka est poursuivi pour des crimes contre l’humanité et des crimes de guerre commis entre avril et novembre 2013 en Centrafrique. Le mandat avait été émis en janvier 2019, mais était depuis conservé sous-scellé dans l’espoir d’optimiser les chances de l’arrêter.

Ex-policier devenu rebelle, puis ministre et aujourd’hui fugitif. Noureddine Adam court toujours malgré ce mandat d’arrêt émis secrètement contre lui, il y a trois ans et demi. Malgré aussi les sanctions des Nations unies l’empêchant théoriquement de voyager. Ou encore la notice rouge d’Interpol.

Selon le mandat d’arrêt de la CPI, il aurait commis et ordonné des actes de torture, de persécution, des traitements cruels. Autant de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité commis après la prise de Bangui par la Seleka en mars 2013 et la chute de François Bozizé. 

Sous les ordres de Noureddine Adam, devenu ministre du gouvernement de Michel Djotodia, plusieurs hommes ont été détenus de force dans les locaux de l’Office central de répression du banditisme à Bangui. Selon le procureur de la CPI, ils auraient été ciblés en raison de leur soutien supposé à l’ex-président Bozizé, en raison aussi de leur ethnie et de leur religion. 

Parmi ceux qui auraient exécuté ses ordres figure Mahamat Saïd. Lui est incarcéré dans la prison de la CPI et son procès doit débuter en septembre. Noureddine Adam est le cinquième responsable centrafricain poursuivi publiquement par la Cour depuis le début de son enquête.   

 

 

Centrafrique : un ancien chef rebelle recherché par la CPI

 

Léa Ramsamy le 29/07/2022 à 18:36

La Cour pénale internationale a annoncé jeudi 28 juillet avoir émis un mandat d’arrêt contre Noureddine Adam, ex-chef rebelle de la coalition Séléka, pour de présumés « crimes de guerre » et « crimes contre l’humanité ». Il est l’une des figures du renversement du président François Bozizé en 2013.

La Cour pénale internationale (CPI) a annoncé jeudi 28 juillet avoir émis un mandat d’arrêt contre l’ancien chef rebelle centrafricain Noureddine Adam. Il est recherché pour « des crimes de guerre » et « des crimes contre l’humanité » qui auraient été commis alors qu’il était ministre de la sécurité après le renversement en 2013 de l’ancien président centrafricain François Bozizé. Noureddine Adam est suspecté entre autres de tortures, persécution et disparition forcée dans des centres de détention dirigés par le régime en place à l’époque.

Un chef de guerre

Fils d’imam, il a été formé comme policier en Égypte et a fait partie d’un service d’ordre aux Émirats arabes unis (EAU). En 2012, il s’engage dans la rébellion de la Séléka, coalition de groupes armés essentiellement composée de musulmans, qui renverse le président François Bozizé en mars 2013. Après le coup d’État, la Centrafrique bascule dans la guerre civile. « Noureddine Adam est devenu au fil du temps un chef de guerre qui a instauré une économie de guerre », explique Francis Laloupo, journaliste, enseignant en géopolitique spécialiste de l’Afrique et chercheur associé à l’Iris.

La Centrafrique acclame une loi abolissant la peine de mort

Ministre de la sécurité publique dans le premier gouvernement de Michel Djotodia après le coup d’État, il reprend la lutte dans le but d’instaurer véritablement une économie de guerre dans le pays. « Noureddine Adam fait partie de cette galaxie en Centrafrique des mouvements armés non étatiques », commente le spécialiste de l’Afrique.

En 2019, « il se retrouve à Khartoum, la capitale du Soudan, pour signer un accord de paix très controversé » entre 14 groupes armés et le gouvernement centrafricain (RCA), poursuit Francis Laloupo. Mais Noureddine Adam ne s’est pas inséré dans la vie nationale en Centrafrique, préférant la lutte armée. Avec ce mandat d’arrêt de la CPI, « il est passé d’une forme d’intégration dans le jeu politique national à ce statut d’accusé », ajoute le chercheur.

Noureddine Adam dirige aujourd’hui le Front populaire pour la renaissance de la Centrafrique (FPRC), un groupe armé membre de la Coalition des patriotes pour le changement. « En janvier 2022, ce groupe armé a tenté un coup de force contre le pouvoir en place », explique Francis Laloupo.

« Figure du chaos en Centrafrique »

Noureddine Adam serait aujourd’hui au Soudan, « pays qui a toujours été une de ses bases arrière », selon Francis Laloupo, mais « il ne sera pas la première personnalité à être sous le coup d’un mandat d’arrêt de la CPI tout en étant libre de ses mouvements ».

En Centrafrique, le lancement raté de la Cour pénale spéciale

Ce mandat d’arrêt devrait contribuer à la lutte contre l’impunité en Centrafrique, mais l’œuvre est gigantesque. « Noureddine Adam est une figure du chaos centrafricain », ajoute l’enseignant en géopolitique. Le pays est aujourd’hui toujours occupé aux deux tiers par des groupes armés. L’autorité du pouvoir en place se réduit à la capitale Bangui. Pour Francis Laloupo, « la Centrafrique est l’exemple même du non-État, c’est un néant politique, économique et social ». Noureddine Adam a prospéré dans cette absence d’État.

Léa Ramsamy

 

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8 juillet 2022 5 08 /07 /juillet /2022 17:43
Burkina Faso: la question de la justice plane sur le retour de Blaise Compaoré
Burkina Faso: la question de la justice plane sur le retour de Blaise Compaoré
Burkina Faso: la question de la justice plane sur le retour de Blaise Compaoré

 

 

https://www.rfi.fr/ 07/07/2022 - 22:41

Blaise Compaoré est arrivé à Ouagadougou jeudi 7 juillet en début d'après-midi dans un vol privé affrété par les autorités ivoiriennes. Un retour rendu possible par la junte au pouvoir, officiellement, pour des entretiens avec le président de la transition, le lieutenant-colonel Damiba, et les anciens présidents du pays. Mais Blaise Comaporé a été condamné, en avril, à la prison à vie, pour son rôle dans l'assassinat de Thomas Sankara. Après près de 8 années d'exil, son retour sans être écroué fait donc polémique.

Quand Blaise Compaoré s'enfuit en octobre 2014, chassé par une insurrection populaire et lâché par l'armée, c'est en Côte d'Ivoire qu'il atterrit. Un an plus tard, la justice militaire burkinabè lance un mandat d'arrêt international contre lui pour son implication dans la mort de Thomas Sankara, assassiné en 1987 lors du coup d'État qui porte Blaise Compaoré au pouvoir.

En 2016, il obtient la nationalité ivoirienne, ce qui complique toute possibilité d'extradition. Il y a trois ans, alors que le pays est en proie aux attaques terroristes, Blaise Compaoré écrit une lettre au président en place, Roch Marc Christian Kaboré.

Il y exprime sa « disponibilité » à soutenir toutes les initiatives en vue de la promotion de la paix. Des discussions pour un éventuel retour sont entamées. L'an dernier, le ministre burkinabè de la Réconciliation nationale, Zéphirin Diabré, se rend à Abidjan pour le rencontrer.

Mais le 6 avril dernier, Blaise Comparé est condamné à distance à la perpétuité par la justice de son pays pour son rôle dans l'assassinat de Thomas Sankara.

Face à ce retour de l'ancien chef d'État, les ayants droits des victimes du coup d'État de 1987 demandent que « les autorités judiciaires prennent toutes leurs responsabilités. » Maître Ambroise Farama, avocat des parties civiles dans le procès des assassins de Thomas Sankara, décrit même une situation de « pure illégalité ». Pour les conseils des ayants droits des victimes, la loi est claire : l’arrêt qui condamne Blaise Compaoré à la perpétuité dans l’affaire Sankara vaut mandat d’arrêt. Ainsi, dès qu'il foule le territoire burkinabè, l'ancien président doit être arrêté.

C’est un scénario pitoyable auquel nous sommes en train d'assister, qui remet en cause tout ce qu’on a construit depuis huit ans pour faire en sorte que l’État de droit prenne racine au Burkina Faso. Désormais, la justice est discréditée. La réconciliation ne se décrète pas, elle ne s’impose pas.

Souleymane Ouédraogo, membre de la coordination nationale du Balai citoyen

Gaëlle Laleix

C'est pourtant libre qu'il a quitté l'aéroport de Ouagadougou jeudi et qu'il se rendra ce vendredi à une réunion avec d'autres anciens chefs d'État burkinabè. Dans un communiqué, la présidence a toutefois assuré que « cette rencontre n'entrave pas les poursuites judiciaires engagées contre certains. » Tandis que la présidence ivoirienne, elle, affirmait avoir obtenu tous les gages d'assurance que Blaise Compaoré ne risquerait pas l'emprisonnement.

Pour Pierre-Olivier Sur, avocat de Blaise Compaoré, le « Burkina est en train d'écrire sa grande histoire et le droit suivra. » Le conseil table notamment sur une amnistie ou une grâce présidentielle. Une issue qui serait « malvenue » selon maître Ambroise Farama, d'autant que Blaise Compaoré a refusé d'affronter la justice burkinabè.

Ce n’est pas la décision de justice qui compte, c’est le moment de réconciliation qui, au contraire, s’impose. Et bien évidemment, le droit suivra. Ce sera soit une amnistie, soit je ne sais quel texte qui scellera par le retour au pays dans la cadre de la réconciliation, une impunité maintenant.

Pierre-Olivier Sur, avocat de Blaise Compaoré

Gaëlle Laleix

Depuis son arrivée, plusieurs organisations de la société civile et formations publiques se mobilisent pour demander la mise en œuvre du mandat d’arrêt, rapporte notre correspondant à Ouagadougou, Yaya Boudani. Les syndicats des magistrats invitent le président du Faso, garant constitutionnel de l’indépendance du pouvoir judiciaire, à œuvrer sans condition et sans délais en sorte que le caractère sacré des décisions de justice soit scrupuleusement respecté.

Tout en demandant l’arrestation immédiate et sans conditions de Blaise Compaoré, un front patriotique, formé de plusieurs organisations de la société civile et des formations politiques, appellent au boycott de la rencontre par les ex chefs d’état, Yacouba Isaac Zida, Michel Kafando et Roch Marc  Christian Kaboré. « Vous devez prendre la décision courageuse et historique de rejoindre  le peuple burkinabè dans le camp de la justice et  non celui de l’impunité », interpelle ce front dans sa déclaration. 

 

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8 juillet 2022 5 08 /07 /juillet /2022 17:31
Angola: l'ancien président José Eduardo dos Santos, le «parrain», est mort

 

José Eduardo dos Santos avait régné pendant trente-sept ans sur l’Angola avant de finalement mettre fin, en 2018, à 76 ans, à sa longue carrière politique. Il est décédé dans la clinique de Barcelone où il était hospitalisé depuis un arrêt cardiaque le 23 juin 2022, a annoncé le gouvernement sur sa page Facebook.

L'ex-dignitaire angolais était malade depuis de longues années, mais ces derniers mois sa santé s'était beaucoup dégradée. En juin, un quotidien portugais le disait « entre la vie et la mort ».  Il est finalement décédé à Barcelone ce vendredi 8 juillet 2022.

« Le gouvernement angolais rapporte avec un sentiment de grande douleur et de consternation le décès » de M. dos Santos, affirme un court message publié par le gouvernement sur les réseaux sociaux, précisant que le décès est intervenu en fin de matinée.

 « Zedu » comme on l’appelait, était parti de rien. Fils de maçon, José Eduardo dos Santos a grandi dans le « barrio » de Sanbizanga, un bidonville de la capitale Luanda. Militant contre les colons portugais, il s’engage à seulement 19 ans dans le MPLA, avant de rejoindre la lutte armée.

À l’indépendance, en 1975, « Zedu » siège déjà au comité central du MPLA. Puis il intègre le gouvernement, devient Premier ministre et enfin président en 1979, à la mort d’Agostinho Neto. Fin stratège, « Zedu » conservera, sans jamais être élu, les rênes du pouvoir pendant presque quatre décennies.

 

https://www.rfi.fr/  

L'ancien président angolais, José Eduardo dos Santos, est mort ce vendredi 8 juillet 2022 en Espagne, à l'âge de 79 ans. « Le parrain », comme on le surnommait, a marqué l'Histoire de l'Angola depuis plusieurs décennies.

 « Il veut l'honneur, mais ne rend pas l'honneur. » Dans son dernier message public, sur son compte Instagram, sous une photographie où il se montre tête baissée, les lèvres serrées, l’air déçu et songeur, l'ex-président angolais José Eduardo dos Santos a ces quelques mots énigmatiques. Sans autre commentaire. Et surtout, José Eduardo dos Santos laisse un faux doute planer sur ce « il » qui veut « l'honneur, mais ne rend pas l'honneur ». Ce « il », c’est bien sûr João Lourenço qui, depuis 2017, s’est lancé tambour battant dans une lutte contre la fraude et le blanchiment d’argent. João Lourenço, comme une boule lancée dans un jeu de quilles qui s’appelle le clan dos Santos.

Dans la famille dos Santos, la plus fortunée des femmes africaines, corrompue et corruptrice à l’œuvre dans les secteurs pétrolier et diamantifère, la fille : Isabel, surnommée par les Angolais « la Princesse ». Le fils : José Filomeno, BCBG, qui porte bien un sourire affable, est aux manettes du fonds souverain.

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Les « Luanda Leaks »

Une fuite de très nombreux documents confidentiels analysés par le Consortium international des journalistes d’investigation (ICIJ) dont RFI fait partie, a permis, fin janvier 2020, une plongée dans la gestion des affaires d’Isabel dos Santos et Sindika Dokolo, son époux. « Au total, il s’agit de plus de 715 000 fichiers, pour la plupart confidentiels. Ils détaillent le fonctionnement interne de plus de 400 entreprises et filiales, établies pour les plus anciennes depuis 1992 et disséminées dans 41 pays, dans lesquelles le couple détient des parts. Ce sont des échanges de courriels, avec toutes sortes de pièces attachées, contrats, procès-verbaux de réunions de conseils d’administration, organigrammes, rapports de gestion, conventions de prêts ou même des documents personnels, issus de boîtes email d’employés de Fidequity, une de leurs sociétés de gestion basée au Portugal et de plusieurs autres compagnies ou prestataires de services. [...] Les "Luanda Leaks" permettent d’éclairer le rôle de ces petites mains, gestionnaires, avocats, notaires, banquiers, comptables et autres cabinets d’audit qui, au fil des ans, ont posé très peu de questions sur cette mainmise de la famille dos Santos sur l’économie angolaise, les montants astronomiques des transactions financières ou immobilières, moins encore sur l’origine de leur fortune. Même si Mme dos Santos et M. Dokolo se plaignent des restrictions qui leur sont imposées, les États qui abritent leurs investissements sont eux-mêmes presque absents de la conversation. Des millions en liquide sont transférés du Luxembourg au Portugal ; des millions en diamants vont de Suisse vers la France, sans que la question la plus évidente soit posée », écrivait notre consœur Sonia Rolley, qui a enquêté sur le dossier.

Voilà deux grands acteurs de « la compagnie dos Santos », les enfants. Au-dessus de leur tête, de toutes les têtes, le « parrain » : José Eduardo lui-même. Le « parrain », un des multiples surnoms de l’ancien président, auquel on peut ajouter le « Sphinx », le « chef de tribu », le « Prince de Luanda », « Machiavel », etc. En exil à Barcelone, sa communication laisse savamment filtrer une image : le grand-père retraité jouant avec ses petits-enfants. Une image idyllique de sérénité trompeuse, qui cache mal une retraite amère, très mal digérée.

José Eduardo dos Santos, incontournable

Qu’est-ce qui a préparé le petit José Eduardo à un tel destin, à imprimer pendant plusieurs décennies son empreinte sur l’Histoire du pays ? Son nom est lié aux premières années d’indépendance, à l’histoire du MPLA et de la révolution angolaise, à l’entrée dans le XXIe siècle du géant africain... José Eduardo, fils d’Avelino, maçon et paveur de son état, et de Jacinta, a la chance rare de faire des études. En 1961, à 19 ans, il rejoint le MPLA, alors organisation clandestine. Un mois plus tard, il rejoint l’antenne du mouvement de Léopoldville (actuelle Kinshasa).

Là, le machiavel s’épanouit. José Eduardo dos Santos gravit les échelons du MPLA. Ses compétences sont reconnues : il est désigné vice-président de la Jeunesse du mouvement. Le fin stratège est envoyé en 1963 à Bakou, en URSS, où il passe le diplôme d’ingénieur de pétrole et de télécommunications. Guerre froide oblige, tout homme politique ambitieux doit passer par la case Moscou. L’irrésistible ascension de dos Santos se poursuit et, en 1975, il entre de plain-pied au comité central et au bureau politique du MPLA, chargé de la gestion du Cabinda. Une emprise sur un dossier sensible, sur les plans politique et économique – le Cabinda, « poumon pétrolier » –, pour le pays. L'indépendance acquise cette année-là, il est propulsé ministre des Relations extérieures. Puis gagne des galons : il devient vice-Premier ministre et ministre du Plan, jusqu’au 10 septembre 1979.

Ce jour-là, Agostinho Neto, le premier président de l’Angola, meurt à Moscou. Dos Santos, logiquement, s’impose et lui succède. Il prend la main sur le MPLA et sur l’État angolais. Au pouvoir, une autre lutte s’engage, contre Jonas Savimbi et l’Unita, entre 1975 et 2002, date à laquelle prend fin la guerre civile. Vingt-sept ans de guerre civile. Caméléon politique, dos Santos le marxiste négocie des accords commerciaux avec les États-Unis et conforte son pouvoir en sapant l’attrait que pouvait exercer Savimbi à l’international, historiquement proche de certains milieux américains, israéliens, sud-africains et français. Maquis contre armée régulière, la guerre civile ravage le pays, plongé dans une déstabilisation chronique. Jonas Savimbi tombe sous les balles de l’armée le 22 février 2002. Une page d’Histoire est tournée. La guerre a fait officiellement 500 000 morts et un million de déplacés.

De Sambizanga à la Cidade Alta...

Son parcours pourrait aussi se résumer ainsi : de Sambizanga à la Cidade Alta. Sambizanga est le quartier pauvre de la capitale où le futur président fait ses premiers pas et ses premières... armes. Étudiant, il intègre les réseaux qui sont à la manœuvre clandestine pour anéantir la domination coloniale portugaise. La Cidade Alta symbolise l’aboutissement d’un parcours politique d’un homme qui a atteint le « haut du panier ». La Cidade Alta est une colline perchée sur les hauteurs de Luanda. Le quartier présidentiel. Riche par excellence. Propre. Ici, pas de trottoirs défoncés, de papiers et de détritus par terre, de bruits, de chaos. Ici, l’ordre et le silence règnent entre les pelouses bien vertes et les bâtiments roses et blancs et les colonnades coloniales. Le palais présidentiel est un bunker où, pour y pénétrer, il faut montrer patte blanche tous les cent mètres, sous la très haute surveillance de gardes d’élite triés sur le volet.

La vie après le pouvoir. Depuis son exil barcelonais, José Eduardo dos Santos mène un combat pour son clan. Le « parrain » tente une résistance face à la croisade anti-corruption de João Lourenço, qui se résume pour l’essentiel à abattre la fortunée Isabel (sa fortune est évaluée à au moins trois milliards de dollars) et José Filomeno, né lui aussi avec une cuillère d’argent dans la bouche. La justice portugaise donne un coup de main à la présidence angolaise. En janvier, elle ouvre une enquête sur la milliardaire Isabel dos Santos pour blanchiment d’argent.

L’étau se resserre : l’origine des fonds investis par la « Princesse » est jugée douteuse. Luanda a aussi gelé les comptes bancaires et des actifs d’Isabel. Pour José Eduardo, on ne touche pas à la famille. La contre-attaque publique a été organisée : interviews d’Isabel, communiqués, tweets, dénonciation des « mensonges », « fake news »... Pendant ces très longs mois de combat, José Eduardo dos Santos n’a plus ce sourire énigmatique qu’on lui connaît. Avec sa disparition, João Lourenço a les mains libres. Le « parrain » n’est plus.

 

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8 juillet 2022 5 08 /07 /juillet /2022 16:47
Un ministre centrafricain visé par une enquête en Corée du Sud

 

 

7 juillet 2022 à 5h36 par AFP

 

Le ministre centrafricain de la Jeunesse et des Sports, Aristide Briand Reboas, fait l'objet d'une enquête de la police sud-coréenne pour des allégations de fraude, ont indiqué jeudi les autorités à Séoul.

Le ministre se trouve en Corée du Sud à l'invitation de l'International Youth Fellowship, une organisation chrétienne de jeunesse, selon le ministère sud-coréen des Affaires étrangères. Un responsable de la police nationale sud-coréenne a indiqué à l'AFP que M. Reboas avait été interrogé samedi dans un commissariat de Gwangju, à environ 30 km au sud-est de Séoul, pour cette fraude présumée dont la victime serait un ressortissant sud-coréen. Aucune précision n'a été fournie sur les faits.

Le ministre a pu quitter le commissariat le même jour, mais sera interrogé à nouveau, a ajouté le responsable. Plusieurs médias en Centrafrique ont affirmé que M. Reboas est recherché pour des dettes et des factures impayées d'un montant total d'environ 500.000 dollars. Les autorités sud-coréennes ont refusé de dire si l'enquête en cours avait trait à ces allégations. Mais elles ont précisé que M. Reboas était fiché par les services d'immigration sur une liste de personnes dont l'arrivée dans le pays est immédiatement notifiée à la police.

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8 juillet 2022 5 08 /07 /juillet /2022 16:26
Nouvelles nationales sur RNL
Nouvelles nationales sur RNL

 

Centrafrique : reprise des activités à Ouanda-Djallé après des violences armées

https://www.radiondekeluka.org/  jeudi 7 juillet 2022 12:11

Après sa reprise, le 26 juin dernier par les forces armées centrafricaines et la Minusca, la ville de Ouanda-Djallé dans la Vakaga renoue avec ses activités. La présence des forces légales a permis aux habitants, qui avaient fui les violences, de regagner leurs domiciles et vaquer à leurs occupations.

Selon des témoignages recueillis ce mercredi, 06 juillet 2022 avant la coupure du réseau téléphonique dans la ville, les activités commerciales, champêtres et même minières ont repris à Ouanda-Djallé. Ceci après la libération de la ville des mains des rebelles de la Coalition des patriotes pour le changement (CPC), le 26 juin dernier par l’armée nationale, appuyée par la Minusca. Les mêmes sources indiquent que, des habitants qui avaient quitté leurs domiciles pour se mettre à l’abri sont, pour la plupart, revenus. L’administration est opérationnelle et la sécurité est assurée par des éléments des Forces armées centrafricaines et des soldats du contingent zambien de la Minusca.

Les autorités militaires saluent la bravoure des forces nationales

En plus de la reprise du contrôle de la ville de Ouanda-Djallé dans la Vakaga, avec un appui conséquent de la Minusca, les Forces armées centrafricaines ont repoussé une violente attaque de la CPC à Dimbi, dans la préfecture de la Basse-Kotto, le dimanche 03 juillet. Cette attaque est intervenue plus d’une semaine après celle de Bakouma repoussée également par l’armée nationale.

Dans un communiqué de presse publié le mardi 5 juillet, le ministère de la Défense nationale a salué la bravoure des Forces armées centrafricaines, notamment leur engagement et détermination. Lesquels, selon lui, leur ont permis de mettre en déroute les rebelles dans les villes de Bakouma et Dimbi.

 

Centrafrique : la pénurie de carburant affecte durement les ménages

https://www.radiondekeluka.org/ mardi 5 juillet 2022 08:06

Cinq mois après, la pénurie de carburant continue de frapper la République centrafricaine. Cette rareté n’est pas sans conséquences sur le quotidien des ménages. A Bangui par exemple, les prix de transport et denrées alimentaires ont considérablement flambé. Ce qui est parfois à l’origine de disputes entre commerçants et clients sur le marché. Illustration dans ce reportage au marché Gobongo dans le 4e arr. de Bangui. 

Comme à l’accoutumée, le marché Gobongo dans le 8ème arrondissement de Bangui grouille de monde. Le mouvement de vas-et vient entre les étals, cache l’exaspération des commerçants et de leurs clients. Pour ceux qui n’arrivent pas à joindre les deux bouts, c’est le questionnement.

"Où allons-nous avec cette histoire"

"Moi par exemple, l’argent du marché qu’on me donne est peu. Pendant ce temps, les aliments sont chers. Aujourd’hui, personne n’est en mesure de nous dire ce qu’il se passe avec la crise du carburant. Où allons-nous avec cette histoire" s’alarme Clarisse, une femme au foyer.

Du côté des commerçants, l’on se défend et renvoie la balle à la source. Pour eux, cette augmentation leur est imposée.

"La faute ne nous revient pas"

"Au Pk 12 où on achète la viande, c’est devenu très cher. Auparavant, on payait une botte à 40.000 francs CFA pour pouvoir gagner quelque chose. Mais pour le moment, c’est à 60.000 francs. Il est vrai que les clients aussi se plaignent. Mais la faute ne nous appartient pas" défend Patricia, une vendeuse de gibiers.

A l’intérieur du marché, c’est la même préoccupation. Cependant, certains vendeurs déplorent, eux, les tarifs du transport en commun.

"Les clients ne nous comprennent toujours pas"

"Nous demandons au gouvernement de pallier ce problème de carburant pour faciliter nos activités. Parce que les clients ne comprennent toujours pas lorsque nous augmentons les prix. Quand je quitte le Pk12 pour ici, je dois débourser au moins 500 au lieu de 250 francs auparavant" souligne Mama Mokonzi, une vendeuse d’épices.

Dans les ménages de la capitale centrafricaine, les plaintes fusent de partout. La pénurie du carburant est venue encore aggraver la hausse des prix de denrées alimentaires que connaît le pays depuis le début de l’année. Selon certaines sources, le gouvernement serait en train de mettre en place un plan de ravitaillement du pays pour contrer cette crise.

 

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