L’opération de contrôle physique des fonctionnaires et agents de l’Etat lancée en juillet dernier par le gouvernement se poursuit. Après quelques semaines, des arrestations sont déjà annoncées. Des cadres du ministère des Finances et du Budget sont, pour le moment, dans le collimateur de la justice. Ils sont soupçonnés de fraude et corruption.
L’opération de contrôle physique des fonctionnaires et agents de l’Etat entre dans une phase décisive. Lancée début juillet 2022 par le ministère de la Fonction publique, elle a déjà permis de débusquer des centaines de fonctionnaires fictifs ou ayant plusieurs bulletins de paie. En marge de cette opération, au moins deux cadres du ministère des Finances et du Budget sont interpellés et placés en détention préventive. Ils sont soupçonnés pour leur rôle présumé dans l’augmentation anormale de la masse salariale.
"Interpellés par rapport à leur responsabilité"
"Nous avons déjà passé en revue, l’ensemble des dispositifs que certains d’entre nous ont mis en place pour dévier les ressources de l’Etat. Aujourd’hui, la phase judiciaire a commencé. Il y a des gens qui sont interpellés et entendus parce qu’ils sont situés dans la chaîne de traitement de la paie avec de différentes responsabilités. Il faut qu’ils rendent compte" a indiqué Marcel Djimassé, ministre de la Fonction publique.
Pour le membre du gouvernement, il n’est pas de son ressort de se prononcer sur la procédure judiciaire en cours. Le chef du gouvernement ou le ministre de la Justice sont mieux indiqués pour clarifier la situation.
"Je ne suis pas spécialement au courant des secrets de la procédure judiciaire. Ce que je sais, c’est que cette procédure a commencé. Il y a des gens qui ont été interpellés et qui ont été entendus. Il appartiendra au premier ministre lui-même ou au ministre de la Justice de faire un compte rendu complet sur cet aspect" a précisé Marcel Djimassé.
Ces arrestations annoncées par le ministre de la Fonction publique ont été confirmées par des sources proches du ministère des Finances et du Budget. Celles-ci rapportent que le directeur de la solde et un cadre de l’Office national de l’informatique sont concernés par cette procédure judiciaire.
La guerre en Ukraine fait souffrir de la faim 40 millions de personnes, l'Afrique en sera la première victime, selon les États-Unis.
L'ambassadrice des États-Unis aux Nations unies, Linda Thomas-Greenfield, a déclaré vendredi que l'invasion de l'Ukraine par la Russie entraînera l'insécurité alimentaire de 40 millions de personnes et que l'Afrique subsaharienne sera la plus touchée.
Les États-Unis ont obtenu 4,5 milliards de dollars pour la sécurité alimentaire lors du sommet du G7, dont ils ont contribué à hauteur de 2,76 milliards de dollars.
Il est également prévu que les États-Unis contribuent à hauteur de 150 millions de dollars à une nouvelle aide humanitaire au développement en Afrique, sous réserve de l'approbation du Congrès, a-t-elle ajouté.
Les gouvernements africains ont largement évité de prendre parti dans le conflit européen, et ont refusé de se joindre aux condamnations et sanctions occidentales.
Les Africains "ne veulent pas être poussés à choisir un camp" dans une répétition de la guerre froide, mais "ont besoin de connaître les faits", a déclaré Mme Thomas-Greenfield.
Si l'énergie, le changement climatique, la pandémie et les conflits sont les causes profondes des problèmes d'approvisionnement alimentaire dans le monde, la "source la plus insidieuse" est la faim utilisée intentionnellement comme arme de guerre, a-t-elle déclaré.
"La Russie s'est systématiquement emparée de certaines des terres agricoles les plus productives d'Ukraine, gâchant les champs avec des mines et des bombes", a déclaré Mme Thomas-Greenfield.
"Indépendamment de ce que vous pensez de la Russie, nous avons tous un puissant intérêt commun à atténuer l'impact de la guerre en Ukraine sur la sécurité alimentaire", a-t-elle ajouté.
Le président français Emmanuel Macron a utilisé un langage similaire la semaine dernière lorsqu'il a décrit la crise alimentaire mondiale comme l'une des "armes de guerre" de la Russie lors d'une visite au Cameroun.
Moscou nie toute responsabilité dans la crise alimentaire et a accusé les sanctions occidentales de ralentir ses exportations de nourriture et d'engrais.
Thomas-Greenfield a réfuté cette affirmation vendredi, suggérant plutôt que la Russie avait délibérément pris des mesures pour perturber les chaînes d'approvisionnement alimentaire mondiales tout en rejetant la faute sur l'Occident.
"Nous n'avons vu aucune indication que la Russie acceptera une solution diplomatique" à la guerre en Ukraine, a-t-elle déclaré.
Johannesburg (AFP) - Le secrétaire d'Etat américain Antony Blinken a atterri dimanche en Afrique du sud, avant de se rendre en République démocratique du Congo et au Rwanda, selon le ministère sud-africain des Affaires étrangères, une tournée africaine pour contrecarrer l'influence diplomatique russe.
Cette visite intervient peu après la propre tournée africaine du ministre des Affaires étrangères russe Sergueï Lavrov en juillet.
Depuis le début de l'invasion russe en Ukraine le 24 février, l'Afrique du sud, pays leader au sein des pays en développement, a adopté une position neutre dans le conflit, refusant de se joindre aux appels occidentaux à condamner Moscou.
Lundi, M. Blinken doit s'entretenir avec la cheffe de la diplomatie sud-africaine Naledi Pandor et faire des annonces concernant la nouvelle stratégie africaine du gouvernement américain, a indiqué Pretoria dans un communiqué.
Les discussions "aborderont les développements récents et en cours concernant la situation géopolitique mondiale", a ajouté Pretoria.
M. Blinken aura pour but de montrer "aux pays africains qu'ils ont un rôle géostratégique essentiel et sont des alliés cruciaux sur les questions les plus brûlantes de notre époque, de la promotion d'un système international ouvert et stable à la lutte contre les effets du changement climatique, l'insécurité alimentaire et les pandémies mondiales", avait indiqué fin juillet le département d'Etat.
Après Johannesburg, M. Blinken doit se rendre en République démocratique du Congo, puis au Rwanda, qui connaît un regain de tensions avec son voisin congolais qui l'accuse de soutenir les rebelles du "Mouvement du 23 mars" (M23), ce que Kigali dément.
Il s'agit du deuxième déplacement de M. Blinken en Afrique subsaharienne depuis sa prise de fonctions. L'année dernière, il s'était rendu au Kenya, au Nigeria et au Sénégal.
Avant l'invasion russe de l'Ukraine, la diplomatie américaine en Afrique se concentrait surtout sur la compétition avec la Chine, qui a fait d'importants investissements dans les infrastructures sur le continent africain et qui, à l'inverse des Etats-Unis, l'a fait sans demander de contrepartie aux Etats sur la démocratie ou les droits humains.
Conséquence de la guerre en Ukraine, l’Afrique devient une source potentielle de gaz et pétrole pouvant éventuellement substituer à terme les importations d’hydrocarbures russes vers l’UE. Entre risques de conflits régionaux et dérèglement climatique, l’appétit impérialiste pour l’Afrique semble renouvelé.
Depuis des années l’Union Européenne tente de diversifier ses fournisseurs de gaz et de pétrole afin de réduire sa dépendance vis-à-vis de la Russie dans ce domaine. En effet, jusqu’ici l’UE importait 40% de son gaz depuis la Russie. La guerre en Ukraine a mis en exergue cette situation et notamment, du point de vue des puissances européennes, le besoin d’accélérer la recherche de nouvelles sources d’approvisionnement en gaz et pétrole. Pour les dirigeants européens il ne s’agit pas simplement d’une manière d’éviter de financer la guerre de Poutine mais aussi d’enlever un atout géopolitique que le Kremlin sait si bien utiliser face à l’UE. Dans ce contexte, le continent africain est en train d’attirer la convoitise de différents pays et entreprises européens, notamment pour son gaz. En effet, l’Afrique possède de très importantes ressources gazières qui mettent le continent dans le viseur de ce que l’on pourrait appeler une véritable « diplomatie du gaz » européenne. Cela ne se fait pas cependant sans créer et/ou accentuer des tensions régionales ainsi qu’au risque d’aggraver la crise climatique qui touche déjà fortement l’Afrique.
Ainsi, dès les premiers jours de l’invasion russe en Ukraine, la diplomatie italienne s’activait. En effet, le pays importe 45% de son gaz depuis la Russie. Les dirigeants italiens ont donc rencontré dès mars ceux de l’Algérie afin d’augmenter la production et les exportations vers le pays européen depuis l’Algérie. Ils ont également rencontré des responsables angolais et congolais (Brazzaville) avec les mêmes objectifs. Pour sa part, l’Allemagne a déjà conclu des accords avec le Sénégal et la Mauritanie qui partagent des champs de gaz sur leurs côtes. Nous pouvons mentionner également l’accord que l’UE a passé récemment avec la dictature égyptienne du maréchal al-Sissi et l’Etat colonial d’Israël afin que ces deux pays exportent du gaz vers l’UE.
Mais les acteurs étatiques ne sont pas les seuls acteurs sur cette question. Comme l’écrit Julia Simon du Georgia Public Broadcasting dans un article récent, « ».
Pour autant, les choses ne semblent pas si simples. En effet, les dirigeants européens sur le terrain font face à la concurrence des pays asiatiques qui ont des accords à long terme depuis longtemps avec les producteurs africains. En ce sens, Le Monderapporte les propos de Mamadou Fall Kane, le conseiller énergie du chef de l’Etat sénégalais, concernant les négociations avec l’Allemagne sur les nouvelles livraisons en direction de l’UE : « les premières livraisons sont réservées pour le marché asiatique, mais rien n’empêche de renégocier les destinations avec l’opérateur du fait du basculement de la géopolitique de l’énergie ». Le même article cite Thierry Bros, professeur à Sciences Po Paris, qui pointe un autre aspect de la question : « l’Europe a beaucoup de chance, car elle redirige vers elle du gaz issu de projets construits notamment par la Chine. Les 40 % de GNL supplémentaires par rapport à 2021 qui sont arrivés en mai ont été rachetés à la Chine, à l’Inde, etc. Nous profitons des investissements des autres, mais les pays producteurs et les "majors" du pétrole et du gaz ont besoin de contrats à long terme ».
Autrement dit, ce tournant de la diplomatie du gaz européenne commence à avoir des répercussions sur les gouvernements africains et leurs partenariats avec la Chine, d’autres pays asiatiques ou même la Russie. Et si dans le cas du Sénégal le gouvernement semble prêt à rediriger sa production vers l’Europe, ce n’est pas si simple pour tout le monde. Certains gouvernements préfèrent garder une position « neutre » dans ces frictions qui opposent de plus en plus deux blocs au niveau international.
Des gouvernements africains dans une position inconfortable
Depuis quelques années plusieurs Etats africains ont développé des relations parfois étroites avec la Chine et la Russie. Et cela que ce soit dans le domaine du commerce, des investissements mais aussi de l’armement et de la coopération militaire. En effet, à la différence des pays impérialistes occidentaux où le poids des opinions publiques oblige les dirigeants à poser quelques conditions (souvent minimales) en termes de respects de certains droits et libertés civiles, la Chine et la Russie n’émettent aucune exigence sur ces plans comme condition pour conclure des accords.
Ainsi, le Nigeria, le plus grand producteur de gaz et pétrole en Afrique, tout en entretenant de très bonnes relations avec les puissances occidentales a des relations commerciales assez fluides avec la Russie et a récemment passé des accords militaires avec Moscou (vente d’équipements, formations, etc.). Cela rend très délicat pour le gouvernement nigérian de prendre position clairement en condamnant la Russie pour son invasion de l’Ukraine. Mais la complexité de la situation s’exprimait dans les propos du président nigérian qui déclarait la semaine dernière être prêt à compenser le manque éventuel de l’approvisionnement en gaz russe pour l’UE.
L’un des cas les plus paradigmatiques en ce sens est sans doute celui du Mozambique. Le pays entretient de bonnes relations avec les puissances occidentales, avec l’Ukraine elle-même mais aussi avec la Russie (et la Chine). L’économie mozambicaine est donc en train d’être affectée par la guerre. A titre d’exemple, selon les chiffres avancés par le journal mozambicain O Pais, sur les 521,3 millions de dollars d’importations de grains en 2020, 76 millions correspondaient à des importations de céréales russes (à quoi il faut ajouter 9 millions de dollars d’importations de fertilisants) et 21,7 millions à des importations depuis l’Ukraine. En tout 19% des importations de blé du pays provenaient de la Russie et de l’Ukraine.
Le Mozambique entretient également des relations avec la Russie et les puissances impérialistes occidentales dans le domaine militaire. Cela est particulièrement important pour le pays étant donné la continuité du conflit à Cabo Delgado, région du nord du pays très pauvre mais où l’on a découvert des gisements de gaz convoités par de grandes multinationales telles TotalEnergies.
En ce sens, l’analyste mozambicain, Calton Cadeado, exprime à sa façon la position du gouvernement dans une interview à la presse allemande : « les partenaires occidentaux font pression sur le Mozambique pour qu’il se positionne en faveur de la cause ukrainienne, qui est soutenue par eux (...) Maintenant, la Russie ne peut pas nous imposer de ne pas vendre notre gaz à l’Union européenne ou à certains pays d’Europe qui en ont besoin, sans nous donner des garanties que cela ne nuit pas à notre intérêt national. L’intérêt national du Mozambique, en tant que pays, est de devenir ami avec tout le monde et de développer des projets pour le Mozambique ».
Projets pharaoniques et changement climatique
Mais si certains dirigeants africains veulent conserver leurs bonnes relations avec la Russie, cela ne veut pas dire qu’ils renoncent à tirer le maximum de profit de la nouvelle situation sur le marché des hydrocarbures. Nous avons déjà évoqué le cas du Nigeria et son double jeu. Ce pays, le plus peuplé d’Afrique et possédant les plus grandes réserves de gaz du continent, est en effet au cœur de deux méga projets, des projets pharaoniques, d’exportation de gaz vers l’Europe.
Le premier est le Gazoduc Transsaharien. Il s’agit d’un projet de gazoduc de 4 128 km allant de Warri au Nigeria à Hassi R’Mel en Algérie en passant par le Niger. Depuis l’Algérie le gaz nigérian pourrait fournir l’Europe à travers l’Espagne ou l’Italie jusqu’en Allemagne et d’autres pays européens aujourd’hui très dépendants du gaz russe. L’idée de ce projet est née dans les années 1980 mais un premier accord n’a été signé qu’en 2009. Cependant, la guerre en Ukraine et les besoins de gaz de l’UE ont poussé les représentants de l’Algérie, du Niger et du Nigeria à signer au mois de juin un accord pour lancer les travaux nécessaires. Il reste cependant beaucoup d’interrogations quant à la faisabilité concrète de ce projet qui devrait traverser des zones dominées par des conflits armés importants, depuis le Delta du Niger jusqu’au Sahel.
L’autre grand projet pharaonique est celui de la construction d’un gazoduc sous-marin longeant la côte atlantique de plus d’une douzaine de pays africains jusqu’au Maroc puis l’Espagne. Un tel projet présente les mêmes interrogations quant à la sécurité des zones que le gazoduc traverserait. Mais aussi le tracé du gazoduc touche plusieurs pays sujets à des formes d’instabilité politique importantes. Le cas le plus emblématique étant sans doute la crise au Sahara Occidental qui non seulement n’est pas résolue mais les tensions entre le Maroc et l’Algérie (soutien historique des saharaouis face aux prétentions marocaines) ne font que s’aggraver.
Justement, la réactivation de conflits régionaux gelés ou le surgissement de nouveaux conflits est un résultat des conséquences de cette accélération de la politique de l’UE de recherche de nouveaux fournisseurs de gaz et pétrole. Une autre conséquence probable sera une politique plus agressive des puissances impérialistes européennes en Afrique, où elles voudront plus que jamais installer des gouvernements à leur merci et totalement dociles. Le rôle des anciennes puissances coloniales, dont la France, sera en ce sens déterminant.
Cependant, un autre effet de ce tournant concerne une question très délicate pour le continent africain : le changement climatique et les catastrophes écologiques de plus en plus fréquentes. En effet, la géopolitique a eu raison des timides mesures sur lesquelles les principales puissances mondiales s’étaient engagées lors des dernières COP. Maintenant, les puissances impérialistes sont en train de pousser tous les pays susceptibles de les aider à réduire leur dépendance vis-à-vis de la Russie à développer des projets gaziers.
L’Afrique est particulièrement concernée. C’est l’un des continents les plus directement touchés par le réchauffement climatique et en même temps celui qui émet le moins de gaz à effet de serre. L’exploitation accrue du gaz africain pourrait avoir un effet contraire aux intérêts des peuples du continent : bénéficier à des régimes politiques répressifs et corrompus, des couches privilégiées des classes dominantes africaines et produire encore plus de catastrophes naturelles dans le continent.
Parallèlement, des analystes estiment que cette « fièvre du gaz » pourrait aussi se révéler un mirage pour les Etats africains. Comme on peut le lire dans l’article de Julia Simon que nous avons déjà cité : « si les prix du gaz naturel sont élevés aujourd’hui, cela pourrait changer à mesure que ces projets arrivent à maturité, explique Laura Page, analyste principale du GNL chez Kpler, une société d’analyse de données. Selon elle, les énergies renouvelables deviennent moins chères et plus fiables. De plus, les pays envisagent l’hydrogène et reconsidèrent le nucléaire. "La trajectoire de la demande de gaz au cours des 20 à 30 prochaines années n’est pas très claire", explique Mme Page ». Autrement dit, d’un point de vue des intérêts de la classe ouvrière et des classes populaires africaines, ce boom gazier tant vanté ne promet rien de bon pour eux, que ce soit d’un point de vue social, économique ou écologique.
Accentuation des rivalités inter-puissances et lutte anti-impérialiste
La guerre en Ukraine marque un tournant dans la politique internationale : de plus en plus deux blocs semblent se former et la rivalité entre eux est déjà en train de marquer de nouveaux réalignements internationaux. D’un côté nous avons les principales puissances impérialistes occidentales ; de l’autre un tandem de plus en plus politique et économique (même s’il est marqué par des contradictions) entre la Chine et la Russie qui entendent réactiver le bloc des BRICS afin d’influencer des pays dudit « Sud global ».
En ce sens, Antonia Colibasanu de Geopolitical Futures écrit : « le G7, et plus généralement ce que l’on appelle l’Occident, a besoin d’alliés pour l’aider à défendre les règles et normes internationales existantes et pour l’aider à réduire sa dépendance à l’égard de l’énergie russe. Il a également besoin d’alliés pour lutter contre la crise alimentaire potentielle, orchestrée par la Russie - elle-même un producteur massif de denrées alimentaires - via la destruction des installations de stockage de céréales ukrainiennes et le blocus de la mer Noire. À cette fin, les hôtes allemands du sommet du G-7 ont invité l’Argentine, l’Inde, l’Indonésie, le Sénégal et l’Afrique du Sud à se joindre à eux ».
Autrement dit, chaque nouvel allié est fondamental pour l’impérialisme occidental. Mais cette recherche d’alliés ne se fera pas simplement au travers de négociations diplomatiques. Si la situation se dégrade suffisamment il n’est pas à exclure que les politiques plus ouvertement agressives d’ingérence reviennent avec force sur le continent africain, et ailleurs. On ne peut pas exclure la même chose du côté de la Chine ou de la Russie bien évidemment. Si au niveau international on se dirige vers un monde avec plus de frictions inter-puissances, au niveau de chaque pays on pourrait voir de plus en plus des luttes entre fractions des classes dominantes répondant plus à un bloc ou à un autre. La position d’équilibriste de plusieurs gouvernements africains sera difficilement tenable sur le long terme.
La question qui se pose d’un point de vue des intérêts des classes laborieuses et des secteurs populaires du continent africain c’est de savoir si une plus grande agressivité et ingérence de la part des puissances impérialistes, des autres puissances mondiales et même des puissances régionales ne pourrait pas faire émerger une forme de sentiment national progressiste et qui puisse évoluer vers des formes révolutionnaires d’anti-impérialisme, suivant une ligne d’indépendance de classe vis-à-vis des différents blocs capitalistes. Dans ce contexte, toute lutte du mouvement ouvrier dans les pays centraux qui aille dans le sens de contrer les plans réactionnaires des bourgeoisies impérialistes au niveau national ou international ne peut être qu’un encouragement pour la classe ouvrière des différents pays africains. Le contraire est aussi vrai : la lutte des travailleurs, de la jeunesse et des classes populaires en Afrique peut être un puissant encouragement pour les luttes ouvrières dans les Etats impérialistes. Cette unité de classe sera déterminante en dernière instance pour éviter plus de souffrances pour les peuples d’Afrique mais aussi pour aller au-delà des luttes et révoltes défensives et mettre les classes subalternes à l’offensive.
L'Agence internationale de l'énergie estime que l'Afrique pourrait remplacer jusqu'à un cinquième des exportations de gaz russe vers l'Europe d'ici 2030
Le regain d'attention porté à l'Afrique par les puissances occidentales et la Chine reflète largement des calculs économiques
Cette semaine, une grande partie de l'attention sera portée sur la visite du secrétaire d'État américain, Antony Blinken, en Afrique, où il dévoilera la nouvelle stratégie régionale de Washington. Cependant, les États-Unis sont loin d'être la seule grande puissance à chercher à accroître une visibilité dans le continent, dont les fortunes, ainsi que celles de sa population de 1,2 milliard d'habitants, sont sur une trajectoire ascendante.
Prenez l'exemple de l'Europe, où la guerre en Ukraine confère une nouvelle importance économique à son engagement envers l'Afrique. C'est particulièrement vrai dans le domaine de l'énergie, étant donné le besoin urgent de se diversifier en s'éloignant des combustibles fossiles russes.
L'Agence internationale de l'énergie estime que l'Afrique pourrait remplacer jusqu'à un cinquième des exportations de gaz russe vers l'Europe d'ici 2030. Les entreprises énergétiques européennes envisageraient des projets d'une valeur d'au moins 100 milliards de dollars américains (1 dollar américain = 0,98 euro) sur le continent, notamment en Afrique du Sud, au Kenya, au Mozambique, en Namibie et en Tanzanie. À elle seule, la Namibie pourrait fournir environ un demi-million de barils par jour de nouvelle production pétrolière, suite aux forages exploratoires prometteurs effectués ces derniers mois.
Cette diplomatie énergétique souligne à quel point le conflit ukrainien a accéléré la priorité que l'UE avait déjà commencé à accorder à l'Afrique. Cela a été mis en évidence l'année dernière avec le lancement du projet «Global Gateway», largement considéré comme une contrepartie à la gigantesque initiative chinoise «Belt and Road».
Le sommet UE-Afrique de février dernier a mobilisé jusqu'à 300 milliards d'euros pour les infrastructures publiques et privées dans le monde d'ici 2027. La moitié de cette somme est destinée à l'Afrique — axée sur les énergies renouvelables, la réduction des risques de catastrophes naturelles, la connectivité numérique, les transports, la production de vaccins et l'éducation. La présidente de la Commission européenne, Ursula von der Leyen, a proclamé que l'UE-27 était le partenaire mondial «le plus fiable» du continent.
Ce que l'UE souhaite, selon les termes du haut représentant de l'UE pour les affaires étrangères, Josep Borrell, c'est un «partenariat égal» fondé sur «une nouvelle stratégie intégrée pour et avec l'Afrique». Bruxelles veut encourager l'Afrique en tant que championne de l'approche multilatérale étant fondée sur des règles de l'ordre mondial de l'UE, considérant l'UE comme un contrepoids sur le continent face à d'autres puissances mondiales importantes, comme la Chine, avec la «politique de puissance» qu'elles sont supposées offrir.
Si le pivot européen est dirigé par Bruxelles, les nations individuelles redoublent également leur engagement envers le continent, avec la visite récente du président français, Emmanuel Macron, et l'organisation du premier sommet France-Afrique de sa présidence l'an dernier.
En dehors de l'UE, le Royaume-Uni est une autre puissance européenne qui a un regain d'intérêt pour l'Afrique. Pour le Royaume-Uni, le continent a pris une nouvelle importance alors que Londres cherche à consolider les liens avec des pays clés non-membres de l'UE après le Brexit.
Pendant ce temps, d'autres grandes nations intensifient également leurs efforts en faveur du continent. Le mois dernier, le ministre russe des Affaires étrangères, Sergey Lavrov, s'est rendu dans la région après les reproches adressés à Moscou d'empêcher l'Ukraine d'exporter ses produits agricoles via la mer Noire.
Lavrov et le président russe, Vladimir Poutine, souhaitent faire renaître l'ancienne influence de l'Union soviétique sur le continent. À cette fin, Poutine a accueilli le tout premier sommet Afrique-Russie à Sotchi en 2019, un second étant prévu pour 2023, afin de consolider l'implantation de Moscou sur place.
L'allié de plus en plus proche de la Russie, la Chine, manifeste également un grand intérêt, dans le but de mieux relier son initiative «Belt and Road» au développement du continent. Les hauts dirigeants de Pékin — le président, le premier ministre et le ministre des Affaires étrangères — auraient effectué environ 80 visites dans plus de 40 pays africains différents au cours de la dernière décennie. Pékin accueille aussi fréquemment des sommets Chine-Afrique.
Dans ce contexte, l'équipe du président américain, Joe Biden, cherche à renforcer l'engagement américain en Afrique. La nouvelle stratégie américaine, dont Blinken donne le coup d'envoi, vise à renforcer le partenariat avec le continent afin d'accroître considérablement les échanges et les investissements bilatéraux dans des secteurs tels que l'énergie et le climat, la santé et les technologies numériques.
L'administration américaine présente l'initiative comme un moyen de promouvoir la prospérité partagée entre les États-Unis et l'Afrique. Pourtant, elle est également conçue, en partie, pour contrer la Chine dans la région. L'ancien conseiller à la sécurité nationale de Trump, John Bolton, a reconnu publiquement que la Chine et la Russie «interféraient avec les opérations militaires américaines et constituaient une menace importante pour les intérêts de sécurité nationale des États-Unis sur le continent».
Cela montre que si le regain d'attention porté à l'Afrique par les puissances occidentales et la Chine reflète largement des calculs économiques, des considérations politiques plus larges sont également en jeu. Entre les nouvelles initiatives de l'UE dans la région, le Brexit et le jeu des grandes puissances en cours entre Washington, Moscou et Pékin, l'intérêt pour le continent africain devrait s'accroître.
Andrew Hammond est associé au groupe de réflexion LSE IDEAS de la London School of Economics (l'école d'économie de Londres).
La nouvelle édition de l’enquête statistique « Trajectoires et origines » menée par l’Insee et l’INED montre qu’il existe au sein de la population un lien fréquent mais de plus en plus ténu avec l’immigration.
Publié le 05 juillet 2022 à 17h00, C’est une photographie précieuse de la France. Un cliché qui permet de regarder sa population et ses origines. Mardi 5 juillet, l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) et l’Institut national d’études démographiques (INED) ont rendu publics les premiers résultats de la seconde enquête « Trajectoires et origines » (TeO). Les données statistiques dévoilées datent de 2019 et 2020 – contre 2008 et 2009 pour la première édition – et sont basées sur un échantillon représentatif de 27 200 personnes. Elles permettent notamment de détailler l’origine migratoire de la population sur trois générations. On y apprend que 32 % de la population de moins de 60 ans a des origines immigrées. Mais à y regarder de plus près, ces origines se diluent dans le temps.
« La moitié des enfants d’immigrés [un immigré est une personne née étrangère à l’étranger] ont un parent qui n’est pas immigré », souligne Patrick Simon, sociodémographe à l’INED et coauteur de l’enquête TeO. C’est encore plus vrai pour la troisième génération : neuf petits-enfants d’immigrés sur dix n’ont qu’un ou deux grands-parents immigrés. « Ces petits-enfants d’immigrés ont un rapport de plus en plus lointain à l’immigration »,observe M. Simon.
« Progression très forte »
Cette diffusion des origines est le résultat d’une mixité croissante des unions qui produit un brassage important de la population. Si la majorité des immigrés (63 %) vivent en couple avec un immigré – le plus souvent de la même origine –, cette proportion s’inverse dès la seconde génération : 66 % des descendants d’immigrés sont en couple avec quelqu’un qui n’a pas d’ascendance migratoire. « Au fur et à mesure que l’immigration s’incorpore à l’histoire, la composition de la population française s’élargit. Le lien à l’immigration est fréquent mais s’estompe », résume M. Simon.
De quoi battre en brèche la théorie raciste du « grand remplacement », notamment popularisée en France par le candidat malheureux à l’élection présidentielle Eric Zemmour : « La théorie du grand remplacement oppose des populations les unes aux autres, celles qui n’auraient aucun rapport à l’immigration à des nouveaux venus, reprend M. Simon. Or, on voit que ce qui se produit c’est que les généalogies sont de plus en plus mélangées. On parle de grand élargissement ».
La nouvelle édition de l’enquête TeO permet aussi de détailler la diversification des origines, reflet de l’histoire migratoire de la France. D’après ses résultats, parmi les 5,8 millions de personnes immigrées en France – soit 9 % de la population –, près de la moitié sont nées en Afrique et un tiers en Europe. « La part des Européens est tendanciellement en baisse, tandis que celle des personnes en provenance de l’Afrique subsaharienne et de l’Asie augmente au fil du temps », note l’étude.
Une autre partie des résultats de TeO se penche sur l’ascension sociale des immigrés. Leurs enfants réussissent-ils mieux qu’eux ? « Cette question se pose avec une acuité particulière pour les familles d’immigrés dont le projet migratoire visait souvent à améliorer leur sort et celui de leurs descendants », souligne l’enquête. TeO montre que « dans les familles où les enfants ont deux parents immigrés, la progression du niveau de diplôme est très forte et même plus forte que dans le reste de la population sans ascendance migratoire », rapporte Mathieu Ichou, coauteur de l’enquête et chercheur à l’INED. Ainsi, entre les parents immigrés et leurs enfants nés en France, la proportion de diplômés du supérieur passe de 5 % à 33 % alors que dans la population sans ascendance, elle passe de 20 % à 43 %.
« Il y a une mobilisation forte chez les immigrés autour de la scolarité des enfants, même si les processus de reproduction sociale ne disparaissent pas », déclare Mathieu Ichou. La progression sociale d’une génération à l’autre a beau être plus rapide chez les enfants d’immigrés que chez les enfants de natifs, leur niveau de diplôme reste en moyenne inférieur. En revanche, si l’on s’intéresse aux petits-enfants, « l’écart est totalement comblé », souligne M. Ichou, qui précise que ces résultats ne mettent en évidence que la trajectoire des petits-enfants d’immigrés d’origine européenne car c’est l’origine la plus largement représentée parmi cette troisième génération ayant terminé ses études au moment de l’enquête.
Ecarts selon les origines
En matière de progression intergénérationnelle et de convergence avec les descendants de natifs, il existe des écarts selon les origines géographiques. TeO identifie trois profils distincts. Celui des familles européennes et maghrébines chez lesquelles moins de 3 % des parents sont diplômés du supérieur, contre plus du tiers de leurs enfants, ce qui est toujours inférieur au profil des enfants de natifs. Le second profil est représenté par les familles d’Afrique subsaharienne et d’Asie chez qui les parents sont plus souvent diplômés du supérieur que les parents de natifs, ce qui s’explique par une élévation des niveaux d’instruction des immigrés dans le temps.
Dans ces familles, les enfants sont également plus souvent diplômés du supérieur que les descendants de natifs. Ils sont par exemple 50 % parmi les enfants d’un ou deux immigrés d’Afrique ou encore 54 % pour les enfants de deux immigrés d’Asie. Les familles de Turquie et du Moyen-Orient, qui représentent le troisième profil, « combinent un faible taux des diplômés du supérieur chez les parents (5 %) et un taux encore limité chez les enfants (moins de 18 %) », remarque l’étude de l’Insee et de l’INED. Enfin, chez les enfants d’immigrés, comme chez les enfants de natifs, les filles présentent une plus grande réussite scolaire.
L’enquête TeO s’est enfin intéressée à la valorisation des diplômes et trouve que celle-ci est moins bonne chez les enfants d’immigrés d’origine extra-européenne. Si 77 % des enfants de natifs diplômés du supérieur accèdent à des professions intermédiaires ou supérieures, ils sont 63 % parmi les enfants d’immigrés du Maghreb, 67 % parmi ceux d’Asie ou 70 % parmi ceux d’Afrique subsaharienne. « C’est probablement dû en partie à des discriminations sur le marché du travail », estime M. Ichou.
Julia Pascual
Roland Marchal
Chargé de recherche CNRS Senior research fellow, CNRS
Publié le 04.08.2022 à 16h17 par Journal de Bangui
Selon des sources sécuritaires, la RCA a officiellement demandé 3 000 instructeurs militaires russes supplémentaires, pour appuyer les Forces armées centrafricaines dans l’éradication totale des menaces récurrentes des groupes armés.
D’après ces mêmes sources, plusieurs raisons justifient cette demande des autorités centrafricaines auprès du gouvernement russe.
La nécessité de déployer un effectif supplémentaire des instructeurs russes est due à un certain nombre de raisons. Les cas d’invasion de mercenaires étrangers en République centrafricaine, marquée par les attaques sur les villes de Kembe, Dimbi et Ouadda-Djallé sont devenus plus fréquents.
Selon les informations de sources sécuritaires centrafricaines, l’ancien président et leader de la coalition des patriotes pour le changement (CPC), François Bozizé, recrute des mercenaires depuis les pays limitrophes notamment au Tchad et au Soudan pour déstabiliser la RCA.
Les autorités centrafricaines ont estimé qu’la veille des élections municipales prévus vers la fin de cette année dans le pays, il est nécessaire d’assurer la sécurité totale du déroulement du processus pour la libre expression de la volonté des citoyens lors des scrutins. Par la même occasion, des groupes rebelles dispersés de l’ancienne coalition CPC opèrent toujours dans un certain nombre de régions de la RCA.
Selon les analyses de la situation du terrain, l’effectif des forces disponibles des FACA, des forces rwandaises et des contingents des casques bleus la MINUSCA n’est pas suffisant pour assurer la sécurité complète de la République centrafricaine, pays de 623.000 km carrés, pendant la préparation et le déroulement des élections municipales.
En dépit de la levée partielle de l’embargo de l’ONU sur les armes en la République centrafricaine, il n’est pas possible d’augmenter rapidement la composante qualité des armes des FACA, tant pour des raisons techniques et financières, que par manque de personnel formé. C’est pourquoi, cette demande est formulée au gouvernement russe pour un déploiement supplémentaire.
Les instructeurs militaires russes ont fait leurs preuves tant au niveau de la formation des forces armées centrafricaines (FACA) que dans le cadre de la participation directe aux hostilités en République centrafricaine. Ils ont déjà cette expérience de combat nécessaire dans les conditions auxquelles la République centrafricaine fait face depuis l’avènement de la rébellion CPC.
C’est pourquoi, les Centrafricains apprécient les actions des instructeurs russes dans le processus de rétablissement de la paix en République centrafricaine. Ils se montrent reconnaissants du rôle joué par la Russie aux côtés des FACA pour assurer la sécurité de leur pays face à l’incursion des mercenaires venus des pays voisins.
La missive portait sur le renforcement des relations entre les deux pays.
Le ministre saoudien des Affaires étrangères et le ministre centrafricain de l'Énergie et des Ressources en eau ont discuté des relations bilatérales.
RIYAD : Le roi Salmane a reçu dimanche une missive du président de la République centrafricaine, Faustin-Archange Touadera.
Cette lettre, qui porte sur le renforcement des relations entre les deux pays, a été reçue par le ministre saoudien des Affaires étrangères, le prince Faisal ben Farhane, lors d'une réunion avec le ministre centrafricain de l'Énergie et des Ressources en eau, Arthur Bertrand Piri.
Au cours de la réunion, les deux responsables ont discuté des relations bilatérales entre les deux pays et des moyens de les renforcer dans divers domaines. Ils ont également échangé leurs points de vue sur des questions régionales et internationales d'intérêt commun.
Ce texte est la traduction d'un article paru sur Arabnews.com
BANGUI le 05 Aout 2022 (RJDH) — Pour une transhumance apaisée entre la République Centrafricaine, le Tchad et le Cameroun, les membres de différentes organisations œuvrant dans le domaine d’élevage et de l’agriculture ont formulé plusieurs recommandations favorisant la libre circulation des acteurs dans ce secteur. Ces recommandations ont été formulées à l’occasion de la 6ème réunion de réflexion tenue à Bangui, du 26 au 28 juillet 2022 sur la plateforme pastorale et de transhumance en RCA.
Les relations bilatérales entre les éleveurs et les agriculteurs pendant la période de transhumance ne cessent de se détériorer chaque année.
Ceci s’explique par la destruction des champs ou par le vol du bétail. Cette situation engendre souvent des pertes en vie humaines et des séries de violences. Pour décanter la situation, les organisations internationales s’attèlent dans des actions pour une transhumance apaisée.
Selon Ahmed Mohamed Nadif, secrétaire exécutif de la plateforme pastorale du Tchad, plusieurs recommandations ont été formulées à la sortie de cette réunion notamment « le désarmement des pasteurs et leur prise en charge sur le plan sécuritaire par les Forces de Défense et de Sécurité des pays membres », confie-t-il. « Nous avons également demandé la mise en place d’un comité de suivi de ce projet, car le secteur agro-pastoral rapporte beaucoup d’argent dans la caisse de ces trois Etats » a-t-il conclu.
Perpetua Katepa-Kalala représentante de la FAO Centrafrique se dit réjouie du résultat de cette réunion. « En suivant attentivement le rapport présenté, nous avons la conviction que d’ici quelques années, nous auront une transhumance libre et apaisée entre ces trois pays. Le Fonds des Nations Unies pour l’alimentation (FAO) va continuer à appuyer ces trois pays afin de lutter contre l’insécurité alimentaire dans ces trois Etats membres à travers une transhumance sécurisée et apaisée », promet la représentante.
Cette 6e réunion de la plateforme nationale du pastoralisme et de transhumance en République Centrafricaine a été appuyée financièrement et logistiquement par le Fonds des Nations Unies pour l’alimentation (FAO). La 7e réunion du genre sera organisée prochainement au Cameroun selon les organisateurs.
Moscou «collabore avec l'armée de Khartoum pour écraser la dissidence»
Une somme non vérifiée de 13,4 milliards de dollars, soit 90 % de la production, est perdue à cause de transactions illicites
KHARTOUM: Un réseau de chefs militaires russes et soudanais s'entendent pour piller les réserves et la production d'or de la nation africaine, permettant à Moscou de financer sa guerre actuelle en Ukraine dans un contexte de sanctions occidentales de plus en plus sévères, selon un rapport de CNN publié récemment.
Selon les sources du média américain, la Russie aurait effectué 16 vols au départ du Soudan, troisième producteur africain du métal précieux, au cours des 18 derniers mois.
CNN affirme qu'un lanceur d'alerte au sein de la Banque centrale soudanaise a montré aux journalistes la photo d'une feuille de calcul révélant que 32,7 tonnes n'avaient pas été comptabilisées en 2021. En utilisant les prix actuels, cela représente 1,9 milliard de dollars d'or manquant, à 60 millions de dollars la tonne.
Le rapport indique même que ce chiffre pourrait être sous-estimé et que 13,4 milliards de dollars, soit 90 % de la production du pays, sont perdus chaque année par des biais illicites. CNN n'a pas pu vérifier ces chiffres dans le rapport.
Le rapport de CNN affirme que ce système est le résultat d'un accord avec les dirigeants militaires soudanais, de plus en plus impopulaires, en échange du soutien militaire de la Russie pour réprimer le mouvement pro-démocratique du pays.
D'anciens et d'actuels responsables américains cités par CNN affirment que la Russie a activement soutenu le coup d'État militaire de 2021 au Soudan, qui a destitué un gouvernement civil de transition.
Il s'agissait d'un coup dur pour le mouvement pro-démocratique soudanais, qui avait renversé le président Omar al-Bachir deux ans auparavant.
Le reportage de CNN affirme que Yevgeny Prigozhin, un oligarque russe et allié clé du président Vladimir Poutine, est au cœur de ce pacte entre Moscou et la junte militaire de Khartoum.
Le média affirme disposer de factures montrant que le principal véhicule de Prigozhin au Soudan est une société sanctionnée par les États-Unis, Meroe Gold, qui extrait de l'or tout en fournissant des armes et des formations à l'armée et aux groupes paramilitaires du pays.
Le rapport, compilé par CNN en collaboration avec le Dossier Center basé à Londres, indique qu'au moins un agent de haut niveau du Groupe Wagner, Alexander Sergeyevich Kuznetsov, a supervisé des opérations dans le secteur clé de l'extraction de l'or au Soudan ces dernières années.
Le Dossier Center a été créé par Mikhail Khodorkovsky, autrefois l'homme le plus riche de Russie, qui vit aujourd'hui en exil à Londres. Wagner est un groupe paramilitaire lié à des allégations de torture, de massacres et de pillages dans plusieurs pays ravagés par la guerre, notamment en Syrie et en République centrafricaine. Prigozhin nie tout lien avec Wagner.
En 2021, l'Union européenne a sanctionné Kuznetsov pour les activités du groupe Wagner qui, selon elle, mettaient en danger la paix, la stabilité et la sécurité de la Libye.
CNN a sollicité une réponse de la part des ministères russes des Affaires étrangères et de la Défense, ainsi qu'à l'organisation mère du groupe de sociétés de Prigozhin, mais n'a reçu aucune réponse.
«Nous suivons de près cette question, y compris les activités signalées de Meroe Gold, du groupe Wagner soutenu par le Kremlin et d'autres acteurs sanctionnés au Soudan, dans la région et dans l'ensemble du commerce de l'or», a déclaré un porte-parole du département d'État américain, en réponse à l'enquête de CNN.
«Nous soutenons le peuple soudanais dans sa quête d'un Soudan démocratique et prospère qui respecte les droits de l'homme», a ajouté le porte-parole. «Nous continuerons à faire part clairement de nos préoccupations aux responsables militaires soudanais concernant l'impact néfaste de Wagner, de Meroe Gold et d'autres acteurs.»
Ce texte est la traduction d’un article paru sur Arabnews.com