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8 août 2022 1 08 /08 /août /2022 14:19
Afrique : extension du domaine du djihad
Afrique : extension du domaine du djihad

 

Lu pour vous

 

La zone traditionnelle des groupes armés terroristes a progressé vers le sud.

https://atlantico.fr/ Par Emmanuel Dupuy

Atlantico : La pauvreté et le changement climatique ont fourni un terrain fertile aux criminels et aux extrémistes en Afrique. Le Nord du Bénin est au centre d'une crise sécuritaire qui s'est déplacée vers le Sud depuis le Sahel. Comment expliquer l’extension de la menace de ces groupes djihadistes ?

Emmanuel Dupuy : Cette réalité perdure depuis plusieurs années maintenant. L’élasticité géographique des groupes armés terroristes s’est concrétisée à travers leurs déplacements vers les pays du Golfe de Guinée : en témoigne la mise en place de l’état d’urgence depuis le mois de juin au Togo ou bien encore avec des attaques de plus en plus régulières au Nord-Ouest du Bénin ou au Nord-Est de la Côte d’Ivoire et à l’Ouest du Sénégal. La zone traditionnelle des groupes armés terroristes s’est étendue sous l’égide de la création de l’Etat islamique dans le Grand Sahara (EIGS) en 2015 et du Groupe de soutien à l’islam et aux musulmans (GSIM) sous l’égide de Iyad Ag Ghali. Le Mali, le Niger et le Burkina Faso restent l’épicentre du plus grand nombre d’attaques et évoquent 900 attaques pour la seule année 2021. Ces attaques touchent désormais les pays voisins qui jusqu’à présent s’étaient montrés solidaires des pays sahéliens mais sans participer à leurs côtés aux opérations de contre-terrorisme. Cette réalité est désormais dépassée. Le G5-Sahel, créé en 2014, a désormais besoin de s’étendre à d’autres pays.

Cette extension géographique est également visible au-delà de la seule menace djihadiste sahélienne, à l’instar de la menace résiduelle depuis 2009 autour du lac Tchad, aux frontières du Nigeria, du Niger et du Cameroun.

Il y a désormais, comme en attestait le déplacement d’Emmanuel Macron en Guinée-Bissau, au Bénin et au Cameroun, une extension de la menace ciblant les pays riverains du Golfe de Guinée, sans oublier la continuation de la menace en Afrique du Nord, au Maghreb, où le risque d’attentats reste élevé et permanent comme en témoignent les nombreuses  tentatives d’attentats qui ont été avortées, récemment au Maroc.

Qu’est-ce qui explique qu’il y ait cette extension progressive ? Ces pays n’ont-ils pas suffisamment de résistance ?

Il y a plusieurs raisons. La faiblesse institutionnelle des Etats est l’une des explications à cette situation. Les Etats du Sahel n’ont pas su ni résister, ni marginaliser seuls les groupes armés terroristes. De facto, ces groupes se sont étendus dans différents Etats, depuis l’Algérie vers le Mali, du Mali vers le Niger et le Burkina Faso et désormais en direction du Bénin, du Togo, du Ghana, de la Côte d’Ivoire et du Sénégal.

25% du territoire burkinabé échappe désormais à la souveraineté sécuritaire de Ouagadougou. Cela est aussi vrai pour une vaste étendue de la partie Nord et Est du Mali dans ce qu’il convient d’appeler la boucle du fleuve Niger, ainsi qu’à la frontière entre le Mali, le Niger et le Burkina Faso, dans la région dite des trois frontières.

Les Etats du Sahel ne sont plus en mesure d’assurer leur propre sécurité sur leur propre territoire. Cela a donc permis aux groupes terroristes de progresser inexorablement. Depuis une semaine, la ville de Bamako est encerclée par des combattants du GSIM. La menace s’étend de plus en plus dans des zones qui jusqu’ici étaient peu ou prou contrôlables. Les Etats en question, le Bénin, le Ghana, le Togo, le Cameroun, la Côte d’Ivoire, la Guinée et le Sénégal, n’étaient pas, a priori, des pays qui étaient des cibles prioritaires pour les groupes terroristes. Ils le sont devenus par le fait que ces pays sont des partenaires des Etats qui luttent contre les groupes armés ainsi que des alliés des pays occidentaux qui participent aux opérations de contre-terrorisme et de lutte contre le terrorisme, comme c’est le cas avec la France à travers l’opération Barkhane ou les Nations Unies avec la MINUSMA ou encore les opérations EUTM vis-à-vis de l’Union européenne. Des pays comme le Bénin, le Togo, le Rwanda, le Sénégal et le Tchad ont décidé ou sont sur le point de rapatrier une partie des contingents qu’ils avaient fournis à la MINUSMA qui devait aider à la sécurisation du Mali. L’on comprend aisément que ces pays cherchent désormais à sécuriser leur propre territoire.   

Est-ce que le Bénin est devenu la nouvelle ligne de front pour les djihadistes ? Ou est-ce un peu excessif ?            

La nouvelle ligne de front des djihadistes est le Burkina Faso. Il s’agit du pays le plus affaibli actuellement. S’il ne reçoit pas d’aide rapidement, il ne pourra résister longtemps à la pression des GAT (groupes armés terroristes). La situation sécuritaire actuellement à Ouagadougou ressemble à celle de la fin 2012 et du début de l’année 2013 au cours de laquelle les groupes armés terroristes avaient progressé très rapidement sur le territoire malien. Cela avait occasionné le déclenchement de l’opération Serval, le 9 janvier 2013. Au-delà du Burkina Faso, la situation au Bénin s’est aggravée ces dernières années comme en témoigne les incursions de djihadistes dans le parc de Pendjari au Bénin : l’on se souvient que deux ressortissants français avaient été pris en otages puis libérés en mai 2019. Le Nord-Ouest et le Nord-Est du Togo sont également concernés tout comme les régions du Nord-Ouest du Cameroun qui sont déjà des lignes de front de longue date. Le Cameroun fait face au phénomène djihadiste de Boko Haram depuis 2009 déjà, tout comme ses voisins nigérians et nigériens et tchadiens.

Un communiqué du gouvernement burkinabé a précisé qu’ils avaient ouvert le dialogue avec les membres de groupes armés. Est-ce le signe que la situation est vraiment critique ?

La position de la junte militaire au Burkina Faso n’est pas totalement partagée par l’ensemble des pays confrontés à la menace terroriste. Le président Mohamed Bazoum du Niger n’est pas tout à fait sur la même position que le président du régime de transition au Burkina Faso, Paul-Henri Sandaogo Damiba, ni sur la même ligne que le Premier ministre Choguel Kokalla Maïga au Mali. Tout le monde n’ouvre ainsi pas le dialogue avec le même entrain avec les djihadistes. L’idée d’un dialogue avec les djihadistes progresse néanmoins ou de nombreuses voix sur la nécessité des échanges au niveau local avec ces insurgés. Le précédent président du Burkina Faso, Roch Marc Christian Kaboré, avait lui-même initié un début de dialogue avec des intermédiaires de ces groupes djihadistes. Le dialogue existe également au Mali, au cercle de Niono, sur la base d’accords locaux avec la Katiba Macina. Cette stratégie n’est pas le signe d’une faiblesse de la part des Etats. Il s’agit plutôt d’une opportunité face à une situation complexe : les forces françaises se redéploient, la MINUSMA est interrogée sur sa pérennité, le G5 Sahel n’existe quasiment plus suite au choix du Mali de ne plus en faire partie… Les pays touchés par le terrorisme essayent donc d’inventer de nouvelles formes de coopérations régionales, incluant des processus de réconciliation et de réintégration (DDR, démobilisation, démilitarisation, réintégration). Le président Bazoum a lui-même lancé un appel pour une forme de coalition régionale élargie au-delà des cinq pays du Sahel. Le  président de la Guinée-Bissau, Umaro Sissoco Embaló, qui a désormais pris la tête de la présidence tournante de la CEDEAO a lancé l’idée d’une force anti-putsch sur la base des forces africaines en attente. Cette force existe du reste déjà depuis le début des années 1990 à travers l’ECOMOG (Economic Community of West African States Cease-fire Monitoring Group, autrement appelée Brigade de surveillance du cessez-le-feu de la CEDEAO) qui est intervenue au Libéria, au Sierra Leone et en Guinée-Bissau. Le cadre de la CEDEAO est donc privilégié pour essayer de juguler un phénomène désormais bien plus large que la simple région Sahélo-Saharienne. La question du terrorisme est désormais corrélée avec celle de la lutte contre les grandes criminalités, notamment concernant les interconnexions avec le trafic de drogue. Le président de Guinée-Bissau, ancien militaire lui-même et désormais à la tête de la CEDEAO, a lancé l’idée d’une plus forte vigilance contre les trafiquants de drogue qui de facto financent les groupes armés. La sécurité maritime était aussi au cœur du déplacement du président Emmanuel Macron lorsqu’il s’est rendu en Guinée-Bissau, au Bénin et au Cameroun. C’est en juin 2013 que les 19 pays du Golfe de Guinée ont lancé l’initiative des accords de Yaoundé en évoquant le fait que la piraterie maritime peut s’apparenter à une forme de terrorisme en mer. 95 % des prises d’otages et des kidnappings sur des équipages à travers le monde se déroulent dans le Golfe de Guinée.

Avec la volonté pour l’Europe d’être moins dépendant du gaz et du pétrole russe, il y aura, inévitablement, une accélération de la manière dont les pays européens vont dialoguer avec des pays qui sont déjà de grands distributeurs et des pays prometteurs de réserves d’hydrocarbures, comme le Nigeria qui produit 2 à 4 millions de barils / jour. Des gisements ont été récemment découverts au large de la Côte d’Ivoire ainsi qu’au Sénégal. Il y a ainsi une intensification du trafic maritime le long des côtes ouest-africaines. La mise en place de stratégies intégrées pour lutter contre les insécurités se doit d’être le pendant sur mer de ce qui a été fait jusqu’à présent sur Terre.

Quelle est la position française dans le cadre du redéploiement militaire en Afrique et la manière dont elle envisage cette évolution ?

La France envisage un « redéploiement » sous la forme d’un « saupoudrage » de ses hommes. Ces troupes ne seront pas concentrées dans des bases positionnées dans les pays qui désormais font face à la menace terroriste (Bénin et Togo). Du reste, les trois bases françaises au Tchad ainsi que celles du Niger vont rester. Il n’y aura en revanche plus de bases militaires françaises au Mali après la fermeture de celle Gao d’ici la fin de l’année. Les forces françaises seront ainsi repositionnées. Il y aura 2.500 militaires français qui continueront à lutter contre le terrorisme au Sahel. Celles-ci se feront plus discrètes et plus adaptées aux besoins des pays menacés.

Les forces françaises de l’opération licorne resteront en Côte d’Ivoire. Les forces françaises du Sénégal seront également maintenues. Le président du Bénin, Patrice Talon, a aussi appelé à une intensification de la coopération avec la France sous la forme de prêts de matériel, d’échanges de renseignements, et de coopération plus active de formation entre les armées béninoises et les forces armées françaises. En résumé, la France ne quitte pas la région du Sahel. Elle s’adapte à la menace. La France, comprenant la « complexité » de cette menace, envisage désormais sa présence de manière plus intégrée aux besoins exprimés par ses partenaires ouest-africains. C’est du moins l’esprit de la réforme de l’offre sécuritaire française en Afrique que le président Emmanuel Macron est venu présenter à ses trois homologues béninois, camerounais et bissau-guinéen il y a quelques jours. 

 

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Centrafrique-Presse.com
8 août 2022 1 08 /08 /août /2022 14:13
La France révise sa stratégie en Afrique de l'Ouest pour faire face au djihadisme
La France révise sa stratégie en Afrique de l'Ouest pour faire face au djihadisme
La France révise sa stratégie en Afrique de l'Ouest pour faire face au djihadisme

 

Lu pour vous

 

https://www.slate.fr/ Pierre Coudurier — Édité par Natacha Zimmermann — 8 août 2022 à 9h44

Depuis son départ du Mali, en février, la France a perdu le centre névralgique de son dispositif militaire. Paris cherche désormais à consolider les liens avec le Niger et les pays du golfe de Guinée, où Bénin et Togo subissent de plus en plus d'attaques djihadistes.

De la présence française au Mali, il ne reste plus grand-chose. Huit années de déploiement militaire, mobilisant plus des deux tiers des troupes françaises déployées à l'étranger, auront coûté 880 millions d'euros rien que pour l'année 2020.

Il est néanmoins certain que la France dispose toujours d'un enracinement au Sahel. Mais si l'ancienne puissance coloniale garde des bases aériennes à Niamey, au Niger, et à N'Djaména, au Tchad, ces dernières années, le centre névralgique du dispositif militaire a bien été le Mali. Et plus précisément le nord du pays.

La Russie plutôt que la France

Échappant au contrôle de l'État central, c'est de là qu'est partie l'insurrection de groupes armés qui visait, en 2013, à faire tomber le gouvernement. Si la France a bien réussi à stopper net cette avancée, elle s'est ensuite enlisée en tentant vainement de combattre des djihadistes insaisissables, rompus aux techniques de guérilla, dont les effectifs sont sans cesse renouvelés et qui se dissimulent dans l'immense zone dite «des trois frontières»: Mali, Burkina Faso, Niger.

«Une guerre contre une insurrection ne peut être remportée qu'avec une volonté nationale, comme cela a été le cas en Mauritanie [le pays n'a pas connu d'attaques djihadistes depuis 2011, ndlr]», estime Pascal*, un officier supérieur déployé à plusieurs reprises dans le pays.

Enfin, deux coups d'État perpétrés en moins d'un an, en 2021, ont porté au pouvoir une junte militaire hostile à Paris, qui a décidé de faire appel à Moscou et à la société paramilitaire Wagner, sonnant le glas de l'opération Barkhane, officialisé en février 2022. Accueillie en libératrice en 2013, la France est mise dehors, et contrainte de repenser son logiciel. Cet engrenage est comparable à ce qui s'est produit en République centrafricaine, où après l'opération militaire française Sangaris (2013-2016), le pouvoir a là aussi décidé de se lier à la Russie.

Faire revivre l'esprit «Takuba»

Ce changement de paradigme fragilise la force conjointe du G5 Sahel (Mauritanie, Mali, Burkina Faso, Niger et Tchad), créée en 2014, et qui rassemblait 5.000 hommes jusqu'au départ du Mali le 15 mai dernier. Aujourd'hui, le Tchad et le Niger tentent de revitaliser la force avec le soutien de la France et de fonds européens.

La deuxième victime collatérale de la fin de l'opération Barkhane est la task force «Takuba», une agrégation de forces spéciales européennes créée en mars 2020. Toutefois, «la France a la volonté de faire perdurer l'esprit “Takuba”, afin de faire avancer dans le même temps la défense européenne», décrit Pascal, lui-même chargé d'opérations de logistique lors de l'implantation de la force à Gao, au Mali.

«L'objectif pour des pays comme l'Estonie ou le Danemark est d'effectuer un baptême du feu, afin d'éviter d'être des armées sociales comme on en voit dans 80% des pays européens. Les forces ont eu des bons retours d'expérience et la réflexion continue pour faire renaître l'esprit “Takuba”.»

Le Niger, un allié important

Le dispositif français se repositionne donc, notamment au Niger, pays encerclé par les groupes terroristes, et devenu le meilleur allié de la France dans la région. «Le président nigérien, Mohamed Bazoum, est très déterminé et compétent, contrairement à Ibrahim Boubacar Keïta, l'ancien chef d'État malien renversé par la junte [en août 2020, ndlr]», affirme Nicolas Normand, ancien ambassadeur de France au Mali, au Sénégal ou encore en Gambie.

Sur la base militaire de Ouallam, au Niger, non loin de la frontière malienne, des légionnaires français en képi blanc travaillent ainsi avec les soldats nigériens. Toutefois, seul le drapeau orange, blanc et vert nigérien trône au dessus de la base, selon l'Agence France-Presse.

Un partenariat discret donc, en dépit des déclarations du président nigérien Mohamed Bazoum, pourtant partisan d'une coopération «totalement décomplexée» avec Paris. «Bazoum est très francophile et il sait que la France est en capacité de l'aider de façon importante, mais il n'est pas tout puissant, et le Niger est le pays de tous les dangers car gangrené par l'islamisme, la pauvreté et une démographie incontrôlable

Ce nouveau partenaire central peut aussi compter sur la pièce maîtresse de la lutte antiterroriste, qui permet de neutraliser 40% des combattants djihadistes: les drones américains Reaper, déployés sur la base militaire d'Agadez, deuxième plus grande base des États-Unis en Afrique après Djibouti, où la France est elle aussi présente.

 «Toujours est-il que le concept de la présence militaire française au Sahel doit évoluer dans le sens de la discrétion», renchérit Nicolas Normand. «Les autorités locales doivent communiquer seules, tandis que les forces françaises restent en deuxième ligne.» Les drones font partie intégrante de cette stratégie.

Faire face aux menaces

Depuis 2015, les forces djihadistes se sont étendues progressivement dans les pays du golfe de Guinée, situés à la limite de la zone sahélienne, notamment dans des parcs nationaux et zones rurales peuplées de populations musulmanes. Le Bénin et le Togo font l'objet d'attaques de plus en plus fréquentes et meurtrières. Elles sont attribuées à Jamāʿat nuṣrat al-islām wal-muslimīn (JNIM), un groupe armé lié à Al-Qaïda et formé au Mali.

La France, qui a toujours des éléments déployés au Sénégal, au Gabon et en Côte d'Ivoire, veut intensifier sa coopération dans la sous-région, comme en témoigne la visite d'Emmanuel Macron à Cotonou, au Bénin, le 27 juillet dernier. «Ce que nous voulons faire, c'est bâtir ensemble de manière très concrète la rénovation de la présence française et de ce partenariat en appui, en soutien: formation, équipement et accompagnement», a déclaré le président français.

En outre, un nouvel instrument européen intitulé «facilité européenne pour la paix» va l'aider dans cette tâche. Il permet de financer les aides bilatérales directes et ainsi de financer les salaires, achats d'armes et munitions. «C'est une révolution institutionnelle très importante», affirme Nicolas Normand. «Le mécanisme devrait être appliqué en Afrique de l'Ouest pour renforcer, grâce à des fonds européens, les armées du Burkina Faso, de la Côte d'Ivoire ou encore du Bénin.»

Emmanuel Macron doit, en outre, participer en octobre à une réunion de l'Initiative d'Accra, qui réunit les pays du golfe de Guinée ainsi que le Burkina Faso. Une volonté de coordination pour faire face aux menaces donc, et pour la France une manière de réinventer sa stratégie militaire et politique en Afrique de l'Ouest.

*Le nom a été changé.

 

 

Wagner au Mali. Emmanuel Macron règle ses comptes avec Vladimir Poutine à Cotonou, et avertit l’Afrique.

 

 La tournée africaine de Emmanuel Macron se poursuit ce mercredi 27 juillet 2022. Le Président français, est à Cotonou.    Après les échanges à huis clos avec le président du Bénin Patrice Talon,   Emmanuel Macron a répondu aux questions des médias locaux et étrangers.   Interpellé sur le nouveau redéploiement militaire de la France en Afrique, et une possible coupure imminente du gaz russe, Macron s’est prononcé sur la guerre en Ukraine, et les agissements de Wagner au Mali. Pour lui, Poutine a commencé une « nouvelle guerre mondiale hybride ».

Emmanuel Macron soutient à Cotonou, que la Russie a déclenché un nouveau type de guerre mondiale hybride. « La Russie a décidé que l’information, l’énergie, et l’alimentation étaient des instruments militaires, mis au service d’une guerre impérialiste continentale contre l’Ukraine ». Pour lui, l’offensive en Ukraine est une guerre que l’Europe ne pouvait imaginer. ‘’C’est une guerre du début du 19ème  voire du 20ème siècle’’ . Emmanuel Macron peint alors la  Russie comme la  dernière  puissance  coloniale,  qui décide d’envahir un pays voisin pour y défendre ses intérêts. Le président français avertit donc l’Afrique, en insinuant que les russes tiennent un autre discours devant leurs partenaires (Ndl).

Par ailleurs, Macron accuse la Russie d’organiser également des campagnes de désinformation, à travers des tournées diplomatiques  et les médias . La Russie utilise RT et Spoutnik comme  des outils de propagande. Le président français, affirme que les journalistes russes ne sont pas libres de leur opinion. Ils sont au service  d’un régime et  payés. Emmanuel Macron confie que les russes font du chantage sur l’alimentation, en bloquant les céréales en Ukraine, et en fixant les prix selon leur bon vouloir. « Ils font pareil pour l’énergie avec les Européens ». Il espère cependant , que la Russie retrouvera bientôt le sens de la raison et de la responsabilité.

Pour finir, il a  évoqué la présence de Wagner au Mali qui constitue l’une des raisons du départ des troupes  françaises de ce territoire. Le cadre de l’action des forces françaises à Mali n’existait plus. La junte au pouvoir a changé de priorité et opère avec la complicité de Wagner, a clarifié Emmanuel Macron

 

 

Mali : le redéploiement à marche forcée de l’opération Barkhane

Par Bertrand Gallicher Franceinfo

Paris soigne ses relations avec ses partenaires de la région du Mali, face à l’hostilité de la junte malienne. Les derniers militaires français auront quitté le Mali à la fin de l’été.

Le nouveau commandant de la force Barkhane, le général Bruno Baratz, est venu mardi 2 août remercier le président du Niger pour le soutien qu’il apporte à l’armée française dans son retrait du Mali.

Le Nigérien Mohamed Bazoum est un allié précieux de la France, dans cette dernière phase de retrait des militaires français du Mali, une manœuvre logistique sensible. Le nouveau patron de Barkhane en a conscience, lorsqu’il remercie chaleureusement le dirigeant nigérien pour son appui. Plusieurs milliers de conteneurs français doivent encore transiter par l’ouest du Niger, afin d’évacuer les derniers matériels de la base de Gao, au Mali.
Le déplacement de convois militaires au Sahel est toujours risqué. En novembre 2021 – en sens inverse – des véhicules militaires partis d’Abidjan pour Gao avaient été bloqués par des manifestants. Trois d’entre eux avaient trouvé la mort lors de tirs d’origine indéterminée. Les convois militaires, qui peuvent atteindre en ce moment 10 km de long, perturbent la circulation au Niger comme au Burkina Faso.

Un retrait français du Mali à la fin de l’été

Tout est mis en œuvre pour que le dernier soldat français ait quitté le Mali dans les semaines qui viennent. Le but étant aussi de réduire de moitié la présence française dans la région, désormais limitée à 2 500 hommes répartis entre le Niger et des pays du golfe de Guinée.

La France n’a d’ailleurs pas d’autre choix, compte tenu des relations exécrables entre Paris et Bamako. Il y a trois jours encore, la junte au pouvoir au Mali s’en est pris directement à Emmanuel Macron pour "exiger du président français qu’il abandonne sa posture néocoloniale, paternaliste et condescendante". En réalité, le gouvernement malien se retrouve aujourd’hui dans une impasse politique, sécuritaire et diplomatique, après avoir poussé dehors les militaires français. Le nationalisme attisé par la junte contre la présence française ne suffit plus à fédérer la population malienne, qui commence à s’inquiéter de l’avenir du pays après le départ des soldats français, et à en comprendre les conséquences.

Le groupe de mercenaires russes Wagner appelé en renfort par le Mali est accusé d’exactions en tous genres, et l’armée malienne ne parvient pas à freiner l’avancée des jihadistes. Sur le plan international, les putschistes au pouvoir à Bamako sont largement isolés. Dimanche 31 juillet, l’Algérie à son tour les appelait à organiser des élections dans les meilleurs délais.

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8 août 2022 1 08 /08 /août /2022 14:05
Le Tchad et les rebelles signent un accord de paix au Qatar avant le dialogue national
Le Tchad et les rebelles signent un accord de paix au Qatar avant le dialogue national
Le Tchad et les rebelles signent un accord de paix au Qatar avant le dialogue national
Le Tchad et les rebelles signent un accord de paix au Qatar avant le dialogue national
Le Tchad et les rebelles signent un accord de paix au Qatar avant le dialogue national

 

Tchad : un "dialogue national" lancé en l'absence d'importants groupes rebelles 

Par Euronews  avec AFP  •  Mise à jour: 08/08/2022 - 14:12

Mettre fin à des décennies de troubles et d'instabilité, c'est l'ambition de l'accord signé ce lundi entre les autorités tchadiennes et une quarantaine de factions rebelles. L'arrangement a été validé à Doha au Qatar, après cinq mois de négociations sous l'égide de l'émirat. Il doit ouvrir la voie à la tenue d'un dialogue national pour la paix prévu à N'Djamena le 20 août.

"un moment clé pour le peuple tchadien"

Si le chef de l'ONU, Antonio Guterres, a salué "un moment clé pour le peuple tchadien". L'accord souffre de l'absence de deux des principaux groupes rebelles du pays qui ont refusé d'y prendre part. Parmi eux, le Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT), un groupe à l'origine de l'attaque ayant en avril 2021 tué le maréchal Idriss Déby, qui dirigeait le pays d'une main de fer depuis 30 ans.

Depuis c'est son fils Mahamat Idriss Déby Itno qui a repris le pouvoir à la tête d'une junte militaire. Aux chefs rebelles qui ont signé l'accord, le pouvoir propose un cessez-le-feu et des garanties de sécurité. Le dialogue national à N'Djamena doit mener à l'organisation d'une élection présidentielle prévue en octobre.

Le général Mahamat Idriss Déby Itno laisse planer le doute sur un report de ce scrutin de 18 mois mais Paris, l'Union africaine et l'Union européenne poussent pour qu'il ne touche pas à ce délai.

Le Tchad, membre du G5 Sahel, est considéré comme un partenaire clé dans la lutte antijihadiste des Occidentaux, à commencer par la France, en Afrique centrale et de l'Ouest.

 

 

Le Tchad et les rebelles signent un accord de paix au Qatar avant le dialogue national

Zone Bourse

Les autorités de transition du Tchad et les groupes rebelles ont signé un accord de paix à Doha lundi, en amont d'un vaste dialogue de réconciliation nationale qui doit avoir lieu dans le courant du mois.

Une cérémonie de signature de l'accord, au cours de laquelle les parties ont accepté de prendre part à un dialogue national et inclusif, a été suivie par plus de 30 groupes rebelles et a fait suite à des mois de pourparlers dans la capitale qatarie.

Les détails, tels que la façon dont l'accord sera mis en oeuvre et comment le respect de l'accord sera contrôlé, n'ont pas été immédiatement publiés.

Une source familière avec l'accord a déclaré que ceux qui l'avaient signé avaient accepté un cessez-le-feu permanent et de travailler au désarmement des civils.

Le gouvernement militaire intérimaire du Tchad s'était également engagé à ne pas lancer d'opérations militaires ou policières dans les pays voisins contre les groupes qui avaient signé l'accord, a déclaré la source, sous couvert d'anonymat.

Le gouvernement militaire intérimaire est dirigé par Mahamat Idriss Deby, qui a pris le pouvoir l'année dernière à la suite du décès de son père.

M. Deby s'est déclaré à la tête d'un Conseil militaire de transition en avril 2021 après que son père, Idriss Deby, dirigeant de longue date, ait été tué alors qu'il rendait visite aux troupes combattant l'insurrection rebelle dans le nord.

Initialement, son conseil a déclaré qu'il superviserait une transition de 18 mois vers un régime démocratique, mais il a montré peu de signes d'organisation d'élections à l'approche de cette échéance.

Le dialogue national, qui est censé inclure un large éventail de groupes et de partis ainsi que le gouvernement et les rebelles, doit actuellement commencer le 20 août.

Le ministre des affaires étrangères du Qatar, Sheikh Mohammed bin Abdulrahman Al-Thani, s'exprimant lors de la signature, a appelé les groupes qui n'avaient pas signé à se joindre à l'accord.

Le riche État du Golfe, le Qatar, allié des États-Unis, a facilité les négociations.

 

 

Tchad: la junte lance un dialogue national en l'absence d'importants groupes rebelles

afp le 08/08/2022 à 01:11 Mis à jour le 08/08/2022 à 13:09

Le chef de la junte au Tchad, Mahamat Idriss Déby Itno, a signé lundi au Qatar un accord avec une quarantaine de factions rebelles sur l'ouverture d'un dialogue national pour la paix le 20 août à N'Djamena, mais deux des principaux ont refusé d'y prendre part.

L'arrangement, qui prévoit notamment un "cessez-le-feu général" entre les autorités et les groupes signataires, censé ouvrir la voie au retour à un pouvoir civil, a été qualifié de "moment clé pour le peuple tchadien" par le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres, qui s'est exprimé dans une vidéo diffusée lors de la cérémonie officielle à Doha.

Le chef de l'ONU a néanmoins insisté sur la nécessité d'un dialogue "inclusif" pour que celui-ci puisse réussir.

Après des négociations qu'il a qualifiées d'"ardues", le président de la Commission de l'Union africaine, le Tchadien Moussa Faki Mahamat, a vanté des discussions pour "transcender des divisions devenues anachroniques".

Depuis cinq mois, différents acteurs tchadiens négocient sous l'égide de l'émirat du Golfe pour mettre fin à des décennies de troubles et d'instabilité dans ce pays de 16 millions d'habitants qui a connu plusieurs coups d'Etat.

Le Tchad, membre du G5 Sahel, est considéré comme un partenaire clé dans la lutte antijihadiste des Occidentaux, à commencer par la France, en Afrique centrale et de l'Ouest.

La junte tchadienne s'engage dans l'accord à assurer la sécurité des membres des groupes rebelles pour qu'ils participent au dialogue national.

Au lendemain de la mort du président Idriss Déby Itno, tué au front contre des rebelles en avril 2021, son fils, le jeune général Mahamat Idriss Déby Itno, avait été proclamé président à la tête d'un Conseil militaire de transition de 15 généraux.

Il avait aussitôt promis des élections libres et démocratiques dans un délai de 18 mois, après un "dialogue national inclusif" avec l'opposition politique et les innombrables mouvements rebelles.

- "Accord historique" -

Les négociations à Doha, avec une quarantaine de groupes armés, préalable au futur dialogue national de N'Djamena, ont abouti à la signature de l'accord de lundi.

"C'est un accord historique", s'est félicité auprès de l'AFP le ministre de la Communication et porte-parole du gouvernement, Abderaman Koulamallah. "Notre porte reste ouverte pour les groupes qui n'ont pas signé".

Si le général Mahamat Idriss Déby Itno a exceptionnellement accepté de se rendre à Doha, Mahamat Mahdi Ali, le chef du Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT) est resté dans le désert libyen.

Le FACT, un des principaux groupes rebelles et qui est à l'origine de l'attaque ayant conduit à la mort le 19 avril 2021 du maréchal Idriss Déby Itno, qui dirigeait d'une main de fer le Tchad depuis 30 ans, a finalement décidé de ne pas signer l'accord. Dans un communiqué, le FACT a affirmé que ce "rejet est concomitant à la non prise en compte de nos revendications", comme la libération des prisonniers. Le FACT a également affirmé qu'il "reste disponible au dialogue partout et toujours".

"La guerre ne résout rien, nous voulons un règlement pacifique et politique, mais lorsque nous serons contraints à nous défendre, nous allons nous défendre", a déclaré à l'AFP Mahamat Mahdi Ali, leader du FACT, critiquant "un dialogue biaisé d'avance".

"C'est un accord qui ne résout pas la question de l'opposition armée, puisque certains des principaux groupes n'ont pas signé", a déclaré à l'AFP Jérome Tubiana, chercheur français spécialiste du Tchad et de ses groupes rebelles. "Mais ce scénario était écrit d'avance, puisque que le gouvernement avait fait le choix de diluer le poids des quatre ou cinq principaux groupes au milieu d'une représentation beaucoup plus large".

Le Conseil de commandement militaire pour le salut de la République (CCMSR), un autre important groupe rebelle, a annoncé ne pas vouloir signer l'accord, affirmant que les "principes pour lesquels nous nous battons ne nous permettent pas de faire partie d'un dialogue dont nous ne connaissons pas les objectifs".

- "Bon départ" -

Quelque 42 des 47 groupes représentés à Doha ont apposé leur signature lundi, aux côtés du pouvoir.

Ils s'engagent ainsi à participer au dialogue national prévu à N'Djamena le 20 août en présence, selon les autorités, de plus de 1.300 représentants rebelles, issus de la société civile, des syndicats, de l'opposition et du pouvoir.

"Avoir autant de groupes signataires est un bon départ pour le dialogue national", estime le chef d'un groupe signataire sous couvert d'anonymat, soulignant que l'accord serait toutefois "plus fructueux" si le FACT en avait été également partie.

Le ministre des Affaires étrangères du Qatar, Mohammed ben Abderrahmane al-Thani, a déclaré lundi que l'accord vise à instaurer "une paix qui remplacera les troubles et les conflits que le pays a connus depuis de trop longues années".

Le général Mahamat Idriss Déby Itno laisse planer le doute sur un report de l'élection présidentielle, prévue en octobre si la transition n'est pas prolongée, mais Paris, l'Union africaine et l'Union européenne poussent pour qu'il ne touche pas à ce délai.

 

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7 août 2022 7 07 /08 /août /2022 13:57
Sale temps pour la France en Afrique

 

Lu pour vous

 

https://www.afrik.com/ Par Abubakr Diallo Publié le 30 juillet 2022 à 20h54

Après l’expulsion de l’Ambassadeur de l’Hexagone au Mali et le retrait prochain de la force française Barkhane, au Burkina Faso, le départ de la France dans le pays est exigé dans un contexte de tension. En Centrafrique aussi, le ciel n’est pas dégagé pour l’ancienne puissance coloniale.

En Afrique, il semble que seuls les pays dits francophones ont des problèmes avec leur «nation mère». Il est certes brandi une campagne de désinformation russe, mais une question mérite d’être posée : où était la France au moment où la Russie mettait en place son système d’information capable de battre celui de la France sur le continent ? Qu’est-ce qui a manqué à la France, le premier arrivé dans ces pays, pour qu’elle perde la bataille de la communication ? Une guerre de communication que visiblement l’Hexagone commence à perdre et de façon dangereuse. On a même vu des pays comme le Gabon rejoindre le Commonwealth. Par convenance ? Il faut toutefois se demander où-est-ce que le France a péché ?

Oui, la France a péché quelque part et lourdement même. Car aujourd’hui, il se pose un véritable problème de confiance entre l’ancienne puissance coloniale et ses anciennes colonies. Il semble que sur le continent africain, les dirigeants ont aujourd’hui peur d’avoir la France à leurs côtés. A juste raison ? Si on prend l’exemple des pays où les Présidents en exercice ont été tués, sans autre forme de procès, ils sont tous francophones et ont pour noms Tchad et Haïti. Sans compter Madagascar où le Président a indiqué avoir échappé à un attentat, avec deux Français impliqués. Une conspiration contre la France ?

Rien n’est moins sûr. Ce qui est sûr et certain c’est que l’Hexagone a perdu son lustre d’antan et perd du galon auprès de ses anciennes colonies. La Centrafrique tend à se débarrasser du franc CFA et le Président Touadéra a choisi des Russes, fussent-ils des mercenaires, pour assurer sa sécurité. Du fait de la «jurisprudence» du Tchad et d’Haïti ? Il y a une saignée qui semble s’amplifier avec la nouvelle manifestation initiée au Burkina Faso où la France, qui est accusée d’être le «parrain du terrorisme», est appelée à dégager à travers des pancartes brandies par les manifestants. Ils étaient plusieurs dizaines de personnes rassemblées, ce samedi 30 juillet 2022, à Ouagadougou, pour protester contre la présence de la France au Burkina Faso.

Une nouvelle génération qui a pris conscience de son histoire

Un rassemblement qui s’est déroulé devant le mémorial Thomas Sankara. Ce dernier, est l’ex-Président du Burkina Faso, assassiné lors d’un coup d’Etat perpétré en 1987 par Blaise Compaoré, «proche de la France», emporté par un mouvement populaire, en 2014. Selon VOA, les protestataires de ce jour ont brandi des pancartes avec les inscriptions : «France, parrain du terrorisme, dégage», «Tous ensemble pour la libération du Burkina Faso», «France impériale, tyran, sangsue, dégage», «Non aux accords de coopération avec la France». Des slogans les uns aussi hostiles que les autres.

Monique Yeli Kam, présidente d’une nouvelle coalition d’organisations rassemblées au sein du M30 Naaba Wobgo, du nom d’un ancien empereur mossi qui s’était opposé à la France au XIXème siècle, rappelle le journal, déplore que la France «s’agrippe de façon misérable à son ancien empire colonial africain dont elle pille, exploite à souhait les ressources, allume des foyers de terrorisme et alimente des guerres et des génocides». Sayouba Kindo, elle aussi membre du M30, confie que «nous sommes une nouvelle génération et nous avons pris conscience de notre histoire et sommes déterminés à nous assumer et mériter notre indépendance à travers plus de liberté et de vérité».

Une France qui semble trop viser ses intérêts

Il faut reconnaître que la position de la France sur le continent africain est difficilement compréhensible. N’est-ce pas la France qui a vivement dénoncé le troisième mandat du Guinéen Alpha Condé, tout aussi anticonstitutionnel que celui de l’Ivoirien Alassane Dramane Ouattara, pourtant reçu avec tous les honneurs par le Président français Emmanuel Macron, au Palais de l’Elysée, à la veille du scrutin controversé. De surcroît, au plus haut de la pandémie de Coronavirus où la distanciation physique était le maître-mot. Se passer de la visioconférence pour se dire quoi ? C’est aussi la France qui ferme les yeux sur le coup d’Etat au Tchad où le Président Idriss Déby tué «au front» a été remplacé par son fils Mahamat Déby. A travers ce qui est sans conteste un coup d’Etat constitutionnel.

Cette même France qui dénonce des putschs au Mali, en Guinée et au Burkina Faso où les dirigeants sont pourtant en vie. Au Tchad, la question du délai de la transmission du pouvoir aux civils n’est pas à l’ordre du jour. Du moins pour le «parrain» qu’est la France, alors qu’ailleurs, c’est une pression exercée sur les putschistes dont le pouvoir n’est pas reconnu par l’Hexagone. Difficile dans ces conditions de faire confiance à la France dont le comportement apparait de plus en plus étrange aux yeux des populations africaines. Une France qui semble trop viser ses intérêts. A tout prix ? Au risque de perdre du terrain sur le continent ? En tout cas, le temps est grisâtre pour l’Hexagone sur le continent. Est-il trop tard pour rectifier le tir ?

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7 août 2022 7 07 /08 /août /2022 13:32
La Suisse ouvre un bureau de coopération en Centrafrique

 

 

ATS  02.08.2022, 09h28

La Confédération fait désormais partie du cercle très restreint de gouvernements occidentaux disposant d’une représentation dans le pays en crise.

La Suisse a ouvert lundi un bureau de coopération en République centrafricaine. Avec une présence dans ce pays en crise, la Confédération veut pouvoir mieux utiliser les moyens de la coopération internationale de la Suisse.

Le nouveau bureau de la Direction du développement et de la coopération (DDC) se trouve dans la capitale Bangui, selon un tweet publié mardi sur Twitter. Jusqu’à présent, les activités de la DDC en République centrafricaine étaient coordonnées depuis les pays voisins, d’abord le Tchad puis le Cameroun.

La République centrafricaine est l’un des pays les plus pauvres du monde. L’ancienne colonie française, qui compte environ 4,7 millions d’habitants, dispose de riches gisements de minerai, mais reste néanmoins pauvre. Le pays est secoué depuis des années par des conflits. Plus des deux tiers du pays sont contrôlés par des milices. Plus de 60% de la population, soit environ trois millions de personnes, sont tributaires de l’aide humanitaire.

Protection des civils et droits humains

La Suisse est engagée en République centrafricaine principalement à travers son aide humanitaire. Elle appartient désormais au cercle très restreint des pays occidentaux disposant d’une représentation sur place. La Suisse fait en outre partie des dix principaux donateurs humanitaires dans le pays. En 2021, elle a alloué 9,41 millions de francs. Pour 2022, 8,63 millions sont prévus.

L’engagement de la Suisse se concentre en particulier sur les secteurs de la protection des civils, le respect du droit international humanitaire et des droits humains. Au travers de la fondation Hirondelle, la DDC soutient par exemple depuis plusieurs années la radio locale indépendante «Ndeke Luka», qui est l’une des seules à émettre à travers tout le pays, même en temps de crise.

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7 août 2022 7 07 /08 /août /2022 13:11
RCA : un millier de manifestants dans la rue pour un troisième mandat du président Touadéra
RCA : un millier de manifestants dans la rue pour un troisième mandat du président Touadéra

 

 

06 AOÛT 2022 Mise à jour 06.08.2022 à 17:52 par TV5MONDE avec AFP

Plus d'un millier de manifestants ont exigé samedi 6 août à Bangui la tenue d'un référendum pour modifier la Constitution en Centrafrique et permettre au président Touadéra de briguer un troisième mandat. Le projet est dénoncé par l’opposition.

Les manifestants, en tee-shirts rouge ou bleu, couleurs du Front républicain, organisateur de la manifestation et proche du pouvoir, ont scandé l'hymne national et brandi des banderoles affirmant "Pour un avenir meilleur, le peuple demande une nouvelle constitution" ou "Touadéra doit continuer".

"Je suis là pour soutenir la volonté populaire, notre pays est trop en retard", a expliqué André Zongo-kette, un manifestant. Hippolyte Ngate, secrétaire du Front républicain, y a remis au Premier ministre Félix Moloua, présent avec d'autres membres du gouvernement, une demande officielle pour la tenue d'un référendum.

Ce rassemblement a duré toute la matinée pour se terminer à la mi-journée devant le Monument des Martyrs, au centre de la capitale où des dizaines de manifestants ont été rémunérés 15.000 francs CFA (23 euros) par le Front républicain pour avoir participé à la mobilisation. Début juillet, déjà, des centaines de manifestants avaient exigé une nouvelle Constitution.

Officiellement, les manifestants dénoncent notamment le fait que la constitution actuelle empêche les jeunes de moins de 35 ans d'être candidat à la présidentielle, et ne demandent pas ouvertement la possibilité pour le président de faire un troisième mandat.

Le gouvernement s'est déjà déclaré favorable à une nouvelle constitution ou à une modification de cette dernière. Or, une proposition de réforme constitutionnelle déposée à l'Assemblée nationale fin mai par un groupe de députés de la majorité fait sauter le verrou du plafond de deux mandats, selon l'opposition, et ses promoteurs pressent le président Touadéra de la faire adopter par référendum. Une révision de la Constitution par l'Assemblée doit, elle, recueillir une majorité qualifiée des deux tiers des députés.

Faustin-Archange Touadéra avait été réélu fin décembre 2020 avec 53,16 % des suffrages à l'issue d'un scrutin controversé, moins d'un électeur sur trois ayant eu la possibilité d'aller voter en raison de l'insécurité dans un pays en proie à une guerre civile très meurtrière depuis 2013.

 

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7 août 2022 7 07 /08 /août /2022 12:07
RCA : le Conseil de sécurité proroge d’un an l’embargo sur les armes avec une dérogation pour les forces de sécurité

 

République centrafricaine: le Conseil de sécurité proroge d’un an l’embargo sur les armes avec une dérogation pour les forces de sécurité

9105E SÉANCE – APRÈS-MIDI

CS/14991

29 JUILLET 2022

Le Conseil de sécurité a renouvelé, cet après-midi, jusqu’au 31 juillet 2023, l’embargo sur les armes imposé à la République centrafricaine tout en précisant que ces mesures ne s’appliquent pas aux livraisons d’armes et de munitions, de véhicules et de matériels militaires destinées aux forces de sécurité centrafricaines.

En adoptant par 10 voix pour et 5 abstentions (Chine, Fédération de Russie, Gabon, Ghana et Kenya) la résolution 2648 (2022), le Conseil a également prorogé jusqu’au 31 août 2023 le mandat du Groupe d’experts. 

Le Conseil a par ailleurs condamné fermement les attaques commises par des groupes armés de la Coalition des patriotes pour le changement et demande au Groupe d’experts d’envisager de proposer de nouveaux exposés des motifs afin qu’ils puissent être ajoutés à la Liste, si nécessaire.

Par ce texte, le Conseil se déclare en outre particulièrement préoccupé par les informations selon lesquelles des réseaux transnationaux de trafiquants continuent de financer et d’approvisionner les groupes armés en République centrafricaine, et demande au Groupe d’experts de prêter une attention particulière à l’analyse de ces réseaux et des menaces liées aux engins explosifs, notant l’emploi de plus en plus fréquent de ces derniers.

Porte-plume de la résolution, la France a déclaré qu’en adoptant ce texte, le Conseil de sécurité a fait le choix de faciliter encore davantage les démarches pour permettre aux forces centrafricaines d’obtenir tout type d’armes et de munitions.  « Ceci est un message fort en direction de la République centrafricaine, dont l’implication accrue est nécessaire dans la lutte contre la dissémination des armes livrées et pour le respect par les forces de défense et de sécurité des droits de l’homme et du droit international humanitaire », a insisté le représentant.

La délégation française a également exhorté les membres du Conseil à permettre au Groupe d’experts de travailler dans les meilleures conditions, en permettant sa nomination rapide.  Au cours de l’année passée, le blocage du Groupe pendant plus de huit mois a contribué à passer sous silence des faits graves, tels que ceux survenus à Boyo en décembre 2021, ou encore à Aigbando en janvier, a-t-elle notamment fait observer.

Si l’adoption de cette résolution a été globalement saluée, le Kenya évoquant notamment une « victoire » pour la République centrafricaine, la Chine a toutefois relevé que malgré l’assouplissement de l’embargo, il reste plusieurs points difficiles qui risquent de présenter des obstacles à l’amélioration de la situation.  La délégation chinoise a également estimé que les progrès observés dans le processus politique sont incompatibles avec un embargo complet sur les armes, arguant que celui-ci empêche le Gouvernement d’acquérir les armes nécessaires à sa sécurité, alors que les groupes armés illégaux continuent de s’armer. 

On ne peut pas lutter contre les groupes armés si le rapport de force sur le terrain reste à leur avantage, a renchérit le Gabon qui a regretté que cette résolution ne prenne pas en compte la demande de levée d’embargo formulée le 25 juillet par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA). 

Tout en se félicitant que la résolution facilite l’équipement des forces centrafricaines, la Ministre des affaires étrangères de la République centrafricaine a elle aussi souligné que l’embargo ne se justifie plus, fustigeant son inefficacité et exigeant sa levée.

LA SITUATION EN RÉPUBLIQUE CENTRAFRICAINE (S/2022/489 ET S/2022/527)

Texte du projet de résolution (S/2022/579)

Le Conseil de sécurité,

Rappelant toutes ses résolutions antérieures, les déclarations de sa présidence et les déclarations à la presse sur la situation en République centrafricaine,

Se félicitant des efforts faits par les autorités centrafricaines, en coordination avec leurs partenaires régionaux et internationaux, pour faire avancer la réforme du secteur de la sécurité, notamment le déploiement en cours des forces de défense et de sécurité centrafricaines, les encourageant à poursuivre et à renforcer l’application de leur plan national de défense, le concept d’emploi des forces et la politique nationale de sécurité, et reconnaissant que les autorités centrafricaines ont besoin de former et d’équiper de toute urgence leurs forces de défense et de sécurité pour être en mesure d’apporter une réponse proportionnée aux menaces contre la sécurité de l’ensemble des citoyens de la République centrafricaine et pour protéger et promouvoir les droits de l’homme et prévenir les violations et les atteintes,

Réaffirmant que l’application de l’Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine (« l’Accord de paix ») demeure le seul mécanisme en vue de parvenir à une paix et une stabilité durables en République centrafricaine, se félicitant de la réunion de revue stratégique qui s’est tenue à Bangui le 4 juin 2022 sur la mise en œuvre de la feuille de route adoptée par la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs à Luanda le 16 septembre 2021 sous la direction de l’Angola et du Rwanda (« la feuille de route ») visant à revitaliser l’application de l’Accord de paix, rappelant l’annonce d’un cessez-le-feu par le Président de la République centrafricaine, Faustin Archange Touadera, le 15 octobre 2021, et exhortant toutes les parties à le respecter, constatant avec inquiétude que certains signataires de l’Accord de paix ne respectent toujours pas leurs engagements, exhortant tous les signataires à appliquer l’Accord de paix de bonne foi et sans délai, invitant instamment toutes les parties prenantes en République centrafricaine à engager un dialogue afin de poursuivre les progrès accomplis en vue de parvenir à la paix, à la sécurité, à la justice, à la réconciliation, à l’inclusion et au développement, et soulignant la nécessité pour les partenaires internationaux d’épauler l’application de l’Accord de paix par la voie de la feuille de route et de continuer à coordonner leur action avec celle du Gouvernement centrafricain en vue de l’instauration d’une paix et d’une stabilité durables en République centrafricaine,

Condamnant les activités criminelles transfrontières, telles que le trafic d’armes, le commerce illicite, l’exploitation illégale et le trafic de ressources naturelles, notamment de l’or, des diamants et du bois d’œuvre, et le trafic d’espèces sauvages, ainsi que le transfert illicite, l’accumulation déstabilisatrice et le détournement d’armes légères et de petit calibre, qui menacent la paix et la stabilité de la République centrafricaine, condamnant l’utilisation de mercenaires et les violations du droit international humanitaire et des droits humains et les atteintes à ces droits commises par ces derniers, demandant au Gouvernement centrafricain de renforcer la collaboration établie avec les pays voisins pour sécuriser ses frontières et les autres points d’entrée et empêcher ainsi l’entrée sur son territoire de combattants armés, d’armes et de minerais provenant de zones de conflit, soulignant qu’il importe que les autorités centrafricaines achèvent et appliquent, en coopération avec les partenaires concernés, une stratégie de lutte contre l’exploitation illégale et le trafic des ressources naturelles, et demandant au Gouvernement centrafricain et aux pays voisins de travailler ensemble pour sécuriser leurs frontières,

Prenant note de la demande de levée de l’embargo sur les armes formulée par les autorités centrafricaines dans leurs lettres datées du 8 juin 2022 et du 19 juillet 2022 et prenant acte des positions exprimées par les organisations régionales et sous-régionales africaines dans le cadre de leur soutien au processus de paix,

Rappelant que le Comité du Conseil de sécurité créé par la résolution 2127 (2013) concernant la République centrafricaine (« le Comité ») a approuvé toutes les demandes de dérogation présentées par les autorités centrafricaines dans le cadre de l’embargo sur les armes,

Encourageant les autorités centrafricaines à poursuivre leurs efforts pour atteindre les objectifs de référence en vue du réexamen des mesures d’embargo sur les armes, qui ont été définis dans la déclaration de son Président datée du 9 avril 2019 (S/PRST/2019/3) (« les objectifs de référence »), insistant sur le fait que tous les embargos sur les armes par lui décrétés sont adaptés à un contexte particulier et qu’il les réexamine régulièrement et soulignant qu’il se tient prêt à réexaminer les mesures d’embargo sur les armes, notamment par leur suspension ou leur levée progressive, affirmant que les objectifs de référence constituent un cadre de coopération solide sur la réforme du secteur de la sécurité, le processus de désarmement, de démobilisation, de réintégration et de rapatriement et la gestion des armes et des munitions en République centrafricaine et réaffirmant la nécessité pour les autorités centrafricaines de continuer d’améliorer la protection physique, le contrôle, la gestion et la traçabilité des armes, des munitions et du matériel militaire placés sous son contrôle, et de rendre des comptes à leur sujet,

Se félicitant de la détermination dont font preuve les autorités centrafricaines et leurs partenaires régionaux et internationaux en vue d’atteindre les objectifs de référence, et des avancées réalisées dans cette perspective, notant en particulier les progrès accomplis par la Commission nationale de lutte contre la prolifération des armes légères et de petit calibre, ainsi que les progrès vers un accord sur la forme que prendra le marquage des armes à l’échelle nationale et encourageant le prochain lancement d’un projet pilote de marquage, avec l’aide de l’Office des Nations Unies contre la drogue et le crime (ONUDC),

Encourageant les autorités centrafricaines à poursuivre leurs efforts visant à réformer leurs forces de sécurité, à mettre en œuvre le processus de désarmement, de démobilisation, de réintégration et de rapatriement, conformément à l’Accord de paix, par la voie de la feuille de route, et à opérer un système efficace de gestion des armes et des munitions, demandant aux autorités centrafricaines et à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) de continuer de renforcer leur coordination, et demandant également aux autorités centrafricaines de prendre toutes les mesures appropriées pour renforcer la sûreté et la sécurité du personnel et du matériel des Nations Unies,

Se félicitant de tous les efforts faits par les autorités centrafricaines pour atteindre les objectifs de référence afin de concourir à faire avancer le processus de réforme du secteur de la sécurité, le processus de désarmement, de démobilisation, de réintégration et de rapatriement et les réformes nécessaires en matière de gestion des armes et des munitions, encourageant les autorités centrafricaines à poursuivre leurs progrès à cet égard, demandant aux partenaires régionaux et internationaux d’appuyer de manière coordonnée les efforts déployés par les autorités centrafricaines à ces fins, notant à cet égard le rôle de la MINUSCA, conformément à son mandat, de la mission militaire de formation de l’Union européenne en République centrafricaine et de la Mission d’observation de l’Union africaine en République centrafricaine, ainsi que celui des commissions bilatérales conjointes, et appelant l’attention sur la nécessité pour les autorités centrafricaines de faciliter au Groupe d’experts et à la MINUSCA l’accès aux armes et au matériel connexe exportés en République centrafricaine conformément à l’embargo sur les armes, d’établir un protocole pour l’enregistrement et la gestion des armes et de lancer le processus de marquage et de traçage des armes,

Saluant le travail d’enquête réalisé par le Groupe d’experts sur les violations de l’embargo sur les armes, et déclarant son intention d’amener les auteurs de ces violations à rendre des comptes,

Soulignant que les livraisons d’armes, de munitions et de matériel militaire et la fourniture d’une formation ou d’une assistance technique aux forces de sécurité centrafricaines et exclusivement destinées à soutenir le processus de réforme du secteur de la sécurité en République centrafricaine ou à être utilisées dans le cadre de celui-ci, de la part des États Membres et des organisations internationales, régionales et sous-régionales devront être affectées uniquement à l’usage indiqué dans les notifications pertinentes et soulignant leur contribution au renforcement des institutions du secteur de la sécurité centrafricaines, à la réponse aux besoins spécifiques des forces de défense et de sécurité centrafricaines et à l’appui à l’extension progressive de l’autorité de l’État et insistant sur l’importance d’une formation au bon maniement de ces armes, munitions et matériel militaire, afin de réduire les risques pour les civils,

Soulignant que les mesures imposées par la présente résolution n’ont pas pour objet d’avoir des conséquences humanitaires négatives pour la population civile de la République centrafricaine,

Rappelant la nécessité pour les États Membres de faire en sorte que toutes les mesures prises pour mettre en œuvre la présente résolution soient conformes aux obligations que leur impose le droit international, y compris le droit international humanitaire, le droit international des droits de l’homme et le droit international des réfugiés, selon qu’il convient,

Se félicitant du rapport du Secrétaire général du 16 juin 2022 (S/2022/491), présenté en application de la résolution 2605 (2021),

Prenant note de la lettre datée du 14 juin 2022, adressée à son président par le Secrétaire général (S/2022/489) en application du paragraphe 13 de la résolution 2588 (2021) et du rapport des autorités centrafricaines, présenté au Comité le 16 juin 2022 conformément au paragraphe 12 de la résolution 2588 (2021),

Prenant acte du rapport final (S/2022/527) du Groupe d’experts sur la République centrafricaine créé en application de la résolution 2127 (2013) (« le Groupe d’experts »), dont le mandat a été élargi par la résolution 2134 (2014) et prorogé en application de la résolution 2588 (2021), et prenant note des recommandations du Groupe d’experts,

Constatant que la situation en République centrafricaine continue de menacer la paix et la sécurité internationales dans la région,

Agissant en vertu du Chapitre VII de la Charte des Nations Unies,

1.    Décide que, jusqu’au 31 juillet 2023, tous les États Membres devront continuer de prendre les mesures nécessaires pour empêcher la fourniture, la vente ou le transfert directs ou indirects à la République centrafricaine, à partir de leur territoire ou à travers leur territoire ou par leurs nationaux, ou au moyen de navires battant leur pavillon ou d’aéronefs immatriculés chez eux, d’armements et de matériel connexe de tous types, y compris les armes et les munitions, les véhicules et les matériels militaires, les équipements paramilitaires et les pièces détachées correspondantes, ainsi que de toute assistance technique ou formation et de toute aide financière ou autre en rapport avec les activités militaires ou la fourniture, l’entretien ou l’utilisation de tous armements et matériel connexe, y compris la mise à disposition de mercenaires armés venant ou non de leur territoire, et décide également que ces mesures ne s’appliquent pas:

a)    aux fournitures destinées exclusivement à l’appui ou à l’usage de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) et aux missions de formation de l’Union européenne déployées en République centrafricaine, aux forces françaises dans les conditions prévues au paragraphe 56 de la résolution 2605 (2021) et aux forces d’autres États Membres qui assurent une formation ou prêtent assistance sur notification conformément à l’alinéa b) du paragraphe 1 ci-après;

b)    aux livraisons de matériel non létal et à la fourniture d’une assistance, y compris les activités de formation opérationnelle et non opérationnelle dispensée aux forces de sécurité centrafricaines, dont les services publics civils chargés du maintien de l’ordre, exclusivement destinés à soutenir le processus de réforme du secteur de la sécurité en République centrafricaine, ou à être utilisés dans le cadre de celui-ci, en coordination avec la MINUSCA, et sur notification au Comité, et demande à la MINUSCA de lui faire rapport sur la contribution de cette dérogation au processus de réforme du secteur de la sécurité, dans le cadre des rapports périodiques qu’elle lui soumet;

c)    aux fournitures apportées en République centrafricaine par les forces soudanaises ou tchadiennes pour leur usage exclusif dans le cadre des patrouilles internationales de la force tripartite créée le 23 mai 2011 à Khartoum par la République centrafricaine, le Soudan et le Tchad, pour renforcer la sécurité dans leurs zones frontalières communes, en coopération avec la MINUSCA, sur notification au Comité;

d)    aux livraisons de matériel militaire non létal destiné exclusivement à un usage humanitaire ou de protection et à l’assistance technique ou à la formation connexes, sur notification au Comité;

e)    aux vêtements de protection, dont les gilets pare-balles et les casques militaires, temporairement exportés en République centrafricaine, pour leur usage personnel uniquement, par le personnel des Nations Unies, les représentants des médias, les agents humanitaires et d’aide au développement et le personnel associé;

f)    aux livraisons d’armes légères et autre matériel connexe destinés exclusivement à être utilisés dans le cadre des patrouilles internationales qui assurent la sécurité dans l’aire protégée du Trinational de la Sangha et par les gardes forestiers armés du Projet Chinko et du Parc national de Bamingui-Bangoran afin de lutter contre le braconnage, la contrebande d’ivoire et d’armes, et d’autres activités contraires au droit interne de la République centrafricaine ou aux obligations que lui impose le droit international, dont le Comité aura reçu notification;

g)    aux livraisons d’armes et de munitions, de véhicules et de matériels militaires et à la fourniture d’une assistance connexe, destinées aux forces de sécurité centrafricaines, dont les services publics civils chargés du maintien de l’ordre, et devant être utilisés exclusivement aux fins de la réforme du secteur de la sécurité en République centrafricaine ou de l’appui à celle-ci, dont le Comité aura reçu notification;

h)    aux autres ventes ou livraisons d’armes et de matériel connexe, ou à la fourniture d’une assistance ou de personnel, sous réserve de l’approbation préalable du Comité;

2.    Décide qu’il incombe au premier chef à l’État Membre fournisseur ou à l’organisation internationale, régionale ou sous-régionale fournisseuse de notifier le Comité et que cette notification doit être donnée préalablement à la livraison de tout article ou à la fourniture de toute assistance;

3.    Décide de reconduire jusqu’au 31 juillet 2023 les mesures et les dispositions énoncées aux paragraphes 4 et 5 de la résolution 2488 (2019) et au paragraphe 2 de la résolution 2399 (2018), et rappelle les paragraphes 8 et 9 de la résolution 2488 (2019);

4.    Décide également de reconduire jusqu’au 31 juillet 2023 les mesures et les dispositions énoncées aux paragraphes 9, 14 et 16 à 19 de la résolution 2399 (2018) et prorogées par le paragraphe 4 de la résolution 2536 (2020), et rappelle les paragraphes 10 à 13 et 15 de la résolution 2399 (2018);

5.    Réaffirme que les mesures énoncées aux paragraphes 9 et 16 de la résolution 2399 (2018) s’appliquent aux personnes et entités désignées par le Comité, conformément aux dispositions des paragraphes 20 à 22 de la résolution 2399 (2018), prorogées par le paragraphe 5 de la résolution 2588 (2021), notamment pour le fait de préparer, de donner l’ordre de commettre, de financer ou de commettre, en République centrafricaine, des actes contraires au droit international humanitaire, notamment les attaques contre le personnel médical ou humanitaire;

6.    Décide de proroger jusqu’au 31 août 2023 le mandat du Groupe d’experts, tel qu’il l’a énoncé aux paragraphes 30 à 39 de la résolution 2399 (2018) et reconduit au paragraphe 6 de la résolution 2588 (2021)exprime son intention de réexaminer le mandat et de faire le nécessaire concernant sa nouvelle reconduction le 31 juillet 2023 au plus tard, et prie le Secrétaire général de prendre dès que possible les dispositions administratives voulues pour permettre au Groupe d’experts de poursuivre ses travaux sans interruption, en consultation avec le Comité, en faisant au besoin appel aux compétences des membres actuels du Groupe d’experts;

7.    Prie le Groupe d’experts de lui remettre, après concertation avec le Comité, un rapport à mi-parcours d’ici au 31 janvier 2023, et un rapport final d’ici au 30 mai 2023, et de lui adresser au besoin des rapports d’étape;

8.    Condamne fermement les attaques commises par des groupes armés de la Coalition des patriotes pour le changement et demande au Groupe d’experts, dans le cadre de l’exécution de son mandat, d’envisager de proposer de nouveaux exposés des motifs ou de les actualiser afin qu’ils puissent être ajoutés à la Liste, si nécessaire, conformément aux paragraphes 20 et 21 de la résolution 2399 (2018);

9.    Se déclare particulièrement préoccupé par les informations selon lesquelles des réseaux transnationaux de trafiquants continuent de financer et d’approvisionner les groupes armés en République centrafricaine, note en particulier l’emploi de plus en plus fréquent d’engins explosifs, notamment les engins explosifs improvisés et les mines terrestres, qui occasionnent un nombre croissant de victimes civiles et de destructions de biens civils et continuent d’entraver l’accès humanitaire, et demande au Groupe d’experts de prêter une attention particulière à l’analyse de ces réseaux et des menaces liées aux engins explosifs, dans le cadre de l’exécution de son mandat, en coopération, selon que de besoin, avec les autres groupes d’experts qu’il a créés;

10.   Exhorte toutes les parties et tous les États Membres, ainsi que les organisations internationales, régionales et sous-régionales, à coopérer avec le Groupe d’experts et à assurer la sécurité de ses membres;

11.   Exhorte tous les États Membres et tous les organismes compétents des Nations Unies à permettre au Groupe d’experts de consulter toutes personnes et d’accéder sans entrave à tous documents et sites, afin qu’il puisse s’acquitter de son mandat, et rappelle qu’il est utile que la MINUSCA et le Groupe d’experts mettent en commun les informations dont ils disposent;

12.   Réaffirme les dispositions relatives au Comité et les dispositions concernant la présentation de rapports et la révision des mesures prises énoncées dans la résolution 2399 (2018) et prorogées par la résolution 2588 (2021);

13.   Prie les autorités centrafricaines de faire rapport au Comité, d’ici au 15 mai 2023, sur les progrès accomplis dans la réforme du secteur de la sécurité, le processus de désarmement, de démobilisation, de réintégration et de rapatriement, conformément à l’Accord de paix par la voie de la feuille de route et la gestion des armes et des munitions;

14.   Prie le Secrétaire général, en étroite consultation avec la MINUSCA, y compris le Service de la lutte antimines, et le Groupe d’experts, de rendre compte, au plus tard le 15 mai 2023, des progrès accomplis par les autorités centrafricaines quant aux objectifs de référence;

15.   Affirme qu’il continuera de suivre l’évolution de la situation en République centrafricaine et se tiendra prêt à réexaminer l’opportunité des mesures énoncées dans la présente résolution, à tout moment selon les besoins, à la lumière de l’évolution de l’état de la sécurité dans le pays, des progrès réalisés quant au processus de réforme du secteur de la sécurité, au processus de désarmement, de démobilisation, de réintégration et de rapatriement, conformément à l’Accord de paix, par la voie de la feuille de route, et la gestion des armes et des munitions, en particulier la gestion et le traçage d’armes et d’autre matériel connexe ayant fait l’objet de notifications et de dérogations, notamment en ce qui concerne les rapports demandés aux paragraphes 13 et 14 de la présente résolution, et du respect de la présente résolution;

16.   Décide de rester activement saisi de la question.

Déclarations et explications de vote après le vote

Mme SYLVIE VALÉRIE BAIPO TEMON, Ministre des affaires étrangères de la République centrafricaine, a souligné l’inefficacité de l’embargo sur les armes gouvernementales et demandé sa levée.  Elle a salué la constance des positions de la Chine et de la Russie sur ce sujet.  Il ne s’agit pas d’un dossier centrafricain mais d’un dossier africain, a dit la Ministre, mentionnant l’emplacement de son pays au cœur du continent.  « Quand le cœur va mal, le reste du corps ne peut pas aller bien. »  Elle a salué la solidarité des membres africains du Conseil avec son pays et rappelé que la « Charte africaine » rejette les sanctions injustes qui frappent les pays africains.  Elle a salué le soutien apporté au « plaidoyer de la République centrafricaine » avant de se féliciter que la résolution facilite l’équipement des forces centrafricaines, notant qu’il s’agit là d’un sujet majeur pour son pays.  Elle a déploré que la voix de la République centrafricaine soit souvent rendue inaudible en raison de la censure et de la désinformation, avant de dénoncer l’injustice qui frappe les cinq millions de Centrafricains non seulement depuis 2013 et l’apparition de la Séléka, mais depuis des décennies et des siècles.  Cet embargo ne se justifie plus, il est inefficace, a tranché la Ministre, qui a réclamé sa levée totale.

M. WADID BENAABOU (France) s’est félicité de l’adoption de cette résolution, qui renouvelle pour un an le mandat du Groupe d’experts avant d’exhorter les membres du Conseil à permettre au « panel » de travailler dans les meilleures conditions, en permettant sa nomination rapide.  « Au cours de l’année passée, le blocage du panel pendant plus de huit mois a contribué à passer sous silence des faits graves, tels que ceux survenus à Boyo en décembre 2021, ou encore à Aigbando en janvier », a dit le représentant avant de rappeler que le respect des droits de l’homme et du droit international humanitaire est une condition essentielle au soutien apporté aux Forces armées centrafricaines (FACA) par la MINUSCA.  S’agissant de l’embargo sur les armes, qui vise la réduction de la menace des groupes armés en République centrafricaine, il a indiqué qu’il n’empêche pas les forces armées du pays de s’équiper, puisqu’elles ont reçu 20 000 armes et 29 millions de munitions ces dernières années.

Le représentant a expliqué que le Conseil de sécurité a fait aujourd’hui le choix d’aller plus loin, en facilitant encore davantage les démarches pour permettre aux forces centrafricaines d’obtenir tout type d’armes et de munitions.  « Ceci est un message fort en direction de la République centrafricaine, dont l’implication accrue est nécessaire dans la lutte contre la dissémination des armes livrées et pour le respect par les forces de défense et de sécurité des droits de l’homme et du droit international humanitaire », a insisté le représentant en soulignant que la France suivra avec vigilance la mise en œuvre des « benchmarks », dont le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine vient de souligner l’importance.  Enfin, il a dit que l’accord de paix et la feuille de route de Luanda sont le seul espoir pour une réconciliation durable avant d’exhorter toutes les parties à s’engager pleinement dans le processus de paix.

M. DAI BING (Chine) a expliqué s’être abstenu sur cette résolution parce que malgré l’assouplissement de l’embargo, il reste plusieurs points difficiles qui risquent de présenter des obstacles à l’amélioration de la situation.  Il a estimé que les progrès observés dans le processus politique sont incompatibles avec un embargo complet sur les armes, arguant que celui-ci empêche le Gouvernement d’acquérir les armes nécessaires à sa sécurité, alors que les groupes armés illégaux continuent de s’armer.  Il a précisé que la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) a demandé la levée de l’embargo sur les armes avant d’appeler le Gouvernement de la République centrafricaine à exploiter l’opportunité de cette résolution pour renforcer ses capacités de sécurité.  Face à la multiplication de mécanismes de sanctions du Conseil de sécurité, qui semble avoir des incidences délétères sur la qualité de vie des populations concernées, le représentant de la Chine a demandé un examen complet de tous les mécanismes de sanctions qui existent pour évaluer leur pertinence, dans le but de supprimer ceux qui ne répondent plus aux besoins et n’apportent pas d’amélioration sur le terrain.

M. MARTIN KIMANI (Kenya) a salué la « victoire » aujourd’hui de la République centrafricaine au Conseil de sécurité avec l’adoption de cette résolution.  Il a expliqué s’être abstenu car la résolution ne va pas dans le sens de la levée de l’embargo comme le veut l’Union africaine et d’autres organisations régionales.  La Conseil de sécurité devrait écouter ces organisations régionales qui connaissent mieux que quiconque la réalité sur le terrain, a-t-il conseillé.  Il a relevé que le régime de sanctions n’empêche pas les groupes armés de s’armer, mais empêche le Gouvernement d’armer ses armées.  Lever l’exigence de notifications n’est pas suffisant, a insisté le représentant qui a appelé à mettre en œuvre la feuille de route de Luanda.

M. DMITRY A. POLYANSKIY (Fédération de Russie), précisant qu’il s’était abstenu lors du vote, a salué les efforts de la France pour rapprocher les positions des membres du Conseil qui, a-t-il estimé, devraient accéder aux demandes de la République centrafricaine, notant que les mesures restrictives compliquent la vie à Bangui.

Il a déploré que la voix des pays africains ait été négligée en dépit des promesses faites, affirmant être préoccupé de la tendance de refuser d’accéder aux demandes des membres africains du Conseil de sécurité.  Il s’est aussi inscrit en faux contre la volonté des pays occidentaux de préserver leurs intérêts en maintenant les régimes de sanctions, se félicitant en revanche que les instructeurs russes forment les armées africaines sur le terrain.  Il a également accusé les pays occidentaux d’opposer les pays africains et la Russie.  Il a ensuite appelé le Conseil de sécurité à lever toutes les sanctions qui empêchent la République centrafricaine d’assumer sa sécurité nationale. 

Mme MEENA ASIYA SYED (Norvège) a reconnu que le texte d’aujourd’hui est le résultat de multiples négociations.  Elle a déclaré qu’un assouplissement graduel des sanctions applicables à la République centrafricaine est envisageable à l’avenir.

M. ARIAN SPASSE (Albanie) a considéré ce texte comme le fruit d’un compromis, considérant qu’il ouvre la voie à une République centrafricaine plus sûre.  Il a estimé que la notification au Comité est un moyen approprié de surveiller la mise en œuvre des sanctions, avant de se dire ouvert à des ajustements supplémentaires au régime des sanctions en fonction de l’évolution de la situation.

Mme ALICE JACOBS (Royaume-Uni) a estimé que l’embargo sur les armes demeure un outil important au service de la paix dans le pays, en mettant en garde contre l’effet déstabilisateur de la dissémination d’armes.  Elle a déploré les atrocités commises non seulement par les groupes armés, mais aussi par les forces armées étatiques.  Nous continuerons de suivre de près la situation, a-t-elle assuré.

M. DONAL KENNEALLY (Irlande) a estimé que des progrès doivent encore être faits s’agissant du processus de désarmement, démobilisation et réintégration en République centrafricaine.  Il a condamné les atrocités du fait des groupes armés comme des forces étatiques et jugé capital, dans ce contexte, qu’il y ait un contrôle sur les armements.  Il a enfin appelé à remédier aux violations des droits humains.

Mme LILLY STELLA NGYEMA NDONG (Gabon) a estimé que l’adoption de cette résolution qui permet de remplacer l’embargo sur les armes par un régime de notification représente un grand accomplissement pour le peuple centrafricain.  Tout en reconnaissant une avancée, la représentante a regretté que cette résolution ne prenne pas en compte la demande de levée d’embargo formulée le 25 juillet par le Conseil de paix et de sécurité de l’Union africaine (UA) afin de permettre aux forces de sécurité de s’acquitter de leur mandat constitutionnel de défense des citoyens et de leur pays.  Elle a relevé que cet appel de l’UA a été appuyé par la Conférence internationale sur la région des Grands Lacs (CIRGL) et la Communauté économique des États de l’Afrique centrale (CEEAC).  Elle a estimé qu’il n’y avait plus aucune raison d’imposer un embargo sur les armes à un pays qui dispose d’un gouvernement élu démocratiquement.  Elle a prévenu qu’on ne peut lutter contre les groupes armés si le rapport de force sur le terrain reste à leur avantage. 

M. FELIX OSEI BOATENG (Ghana) s’est félicité de l’adoption d’une résolution qu’il a qualifiée de « bon résultat » avant d’exhorter le Gouvernement de la République centrafricaine à saisir l’opportunité de ce texte pour poursuivre la réforme du secteur de la sécurité.  Après avoir souligné l’importance des programmes de désarmement et démobilisation, le représentant a encouragé les autorités de la République centrafricaine à mettre en œuvre des mesures pour la protection des populations sans discrimination de façon à promouvoir la réconciliation nationale. 

Mme AMEIRAH OBAID MOHAMED OBAID ALHEFEITI (Émirats arabes unis) a noté l’évolution de la résolution sur l’embargo sur les armes en République centrafricaine.  Elle a demandé de soutenir ce pays dans ses efforts de réforme du secteur de la sécurité, dans le cadre la mise en œuvre de la feuille de route de Luanda.  La question de l’embargo est une question africaine, a estimé la représentante pour qui le Conseil devrait trouver des moyens efficaces pour inclure les positions des pays africains.  Elle a informé que sa délégation a voté en faveur de la résolution. 

M. JEFFREY DELAURENTIS (États-Unis) a salué la prorogation du mandat du Groupe d’experts sur la République centrafricaine et le renouvellement de l’interdiction des déplacements et du gel des avoirs pour 12 mois supplémentaires.  L’objectif est de promouvoir la paix et la stabilité dans ce pays et dans la région, a-t-il expliqué arguant que ces mesures permettront au Groupe d’experts de continuer de présenter des rapports qui aideront le Gouvernement et le Conseil à mettre en lumière les questions qui les préoccupent.  L’embargo peut faire taire les armes s’il est mis en œuvre avec efficacité, a estimé le délégué.  Il a donc prôné une application efficace de ces mesures qui passe par des exigences en termes de notifications.  Il a aussi appelé les autorités centrafricaines à améliorer la sécurité des armes.  Le délégué a été d’avis que l’assouplissement de l’embargo sur les armes ne doit pas aboutir à mettre en danger les Centrafricains, les civils, le personnel humanitaire et autres.  Une réponse uniquement sur le plan militaire ne peut pas permettre de faire face aux crises en République centrafricaine, a-t-il dit en espérant que la paix puisse se construire sur une bonne gouvernance, une réelle réforme du secteur de sécurité, la transparence, le dialogue, la justice et la reddition de comptes.

M. JOÃO GENÉSIO DE ALMEIDA FILHO (Brésil) a estimé que la résolution répond, même partiellement, aux souhaits de la République centrafricaine et de l’Union africaine et souligné l’importance de ne pas laisser des considérations politiques interférer avec l’examen d’une situation à l’ordre du jour. 

Mme BAIPO TEMON, Ministre des affaires étrangères de la République centrafricaine, a repris la parole pour réitérer la volonté de son pays à assurer l’intégrité de son territoire et à protéger sa population.  Elle a demandé que les efforts des autorités liés aux droits humains soient dûment pris en compte, évoquant notamment la mise en place d’un ministère dédié.  Elle a insisté sur l’importance de l’impartialité et estimé que toutes les violations ne sont pas recensées, notamment lorsque la MINUSCA s’est rapprochée de moins de 100 mètres du domicile du Président centrafricain.  Elle a rappelé qu’il a été mis fin aux fonctions d’un contingent gabonais de la MINUSCA en raison d’allégations erronées.  Elle a aussi affirmé que le récent incident avec le Tchad s’est déroulé sur le sol de la République centrafricaine.  Elle a mentionné l’arrestation de quatre légionnaires qui avaient des armes non conformes à celles de le MINUSCA et ne vivaient pas dans l’une de ses bases.  Elle a enfin appelé à combattre « les forces du mal » que sont les groupes armés qui sévissent en République centrafricaine et à soutenir les efforts du pays et de la sous-région.

 

 

Centrafrique. Moscou apprécie l’atténuation de l’embargo sur les armes de la République centrafricaine

31/07/2022

C’est ce qu’a signalé Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, dans un commentaire diffusé samedi. "Nous attachons une grande importance à la solidarité accrue des pays d’Afrique, qui ont presque unanimement défendu la position de la République centrafricaine, compte tenu des intérêts de la sécurité régionale", a noté la

C’est ce qu’a signalé Maria Zakharova, porte-parole du ministère russe des Affaires étrangères, dans un commentaire diffusé samedi.

"Nous attachons une grande importance à la solidarité accrue des pays d’Afrique, qui ont presque unanimement défendu la position de la République centrafricaine, compte tenu des intérêts de la sécurité régionale", a noté la diplomate.

Selon la nouvelle résolution, les livraisons de biens à destination militaire au gouvernement et aux structures de force centrafricains ne nécessitent désormais qu'une notification préalable.

En octobre dernier, le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra avait réitéré les demandes de son gouvernement afin que le Conseil de sécurité des Nations unies lève l’embargo sur les livraisons d’armes et d’équipement militaire pour la défense et les forces de l’ordre de la république, ces restrictions empêchant la lutte contre les formations armées illégales.

Les sanctions, effectives depuis 2014, ont été de nouveau prolongées d’un an ce vendredi. La Russie s’est abstenue lors de ce vote.

TASS

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7 août 2022 7 07 /08 /août /2022 11:29
Cryptomonnaie : la RCA capte 820 millions de FCF via le Sango Coin
Cryptomonnaie : la RCA capte 820 millions de FCF via le Sango Coin

 

PRESIDENT DE LA REPUBLIQUE PR FAUSTIN ARCHANGE TOUADERA, EN VISITE DE TRAVAIL A DUBAÏ, A RENCONTRE CE VENDREDI 05 AOÛT 2022 LE PDG DE BINANCE CHANGPENG ZHAO. 

 

Quelques jours après son lancement comme la deuxième monnaie légale de la République Centrafricaine, le Président de la République Pr Faustin Archange TOUADERA est toujours dans sa dynamique de recherche d’un partenariat fiable avec des Investisseurs et Entrepreneurs techniques crédibles de haut niveau disponibles d’accompagner la RCA dans la bonne marche de sa crypto-monnaie le SANGO COIN.

C’est à ce titre que le Président de la République Pr Faustin Archange TOUADERA a rencontré, ici à Dubaï dans les Emirats Arabes Unis M. CHANGPENG ZHAO Président Directeur général de BINANCE la plus grande bourse de crypto-monnaie au monde.  Expert en blockchain et en système de négociation, M. CHANGPENG ZHAO a réussi à faire de son entreprise BINANCE le principal écosystème de la crypto-monnaie avec ses différentes composantes à savoir le système de transaction en crypto-monnaie et l’aspect technique de son fonctionnement.

Au cours d’une séance de travail qui a duré plus d’une heure, le Président Directeur général de BINANCE a pris l’engagement d’accompagner la RCA, le tout premier pays d’Afrique à avoir officialisé le bitcoin,  dans l’utilisation de son SANGO coin, dans le cadre de sa  règlementation, dans le domaine de conseil en tokenisation qui est un protocole de paiement sur internet, de l’acquisition de la liquidité financière pour la réalisation des grands projets de développement mais surtout la formation des Jeunes dans une parfaite maîtrise de la crypto-monnaie. 

Notons que le Président de la République Pr Faustin Archange TOUADERA rencontrera aussi d’autres investisseurs intéressés par les secteurs des mines, de l’Education, de la Santé, de l’Agriculture et de la construction des infrastructures.

 

 

Cryptomonnaie : la RCA capte 820 millions de FCF via le Sango Coin

 

Les investisseurs adoptent timidement le Sango Coin. Une semaine après l’ouverture de la vente au public, seulement 6% des jetons de la cryptomonnaie centrafricaine émis ont été vendus.

 

Le 25 juillet dernier, la République centrafricaine (RCA) a officiellement mis en vente les premiers jetons de Sango Coin, la cryptomonnaie nationale centrafricaine. Ils sont accessibles sur le site officiel dédié. Cette vente devrait se dérouler en 13 cycles et pour la première phase qui s’étendra sur un mois, le pays a émis 210 millions de jetons. Le vendredi 29 juillet 2022, soit cinq jours après l’émission, seulement 6% des jetons ont été vendus ce qui a permis à l’Etat d’obtenir la somme de 1,27 million de dollars soit 817 millions de FCFA. Un lancement timide, jugent les experts qui estiment néanmoins qu’il est encore trop tôt pour déclarer l’échec de cette cryptomonnaie. « Alors que tout est encore à construire et que rien ne permet encore de savoir si Sango connaîtra un succès ou un échec, il convient de reconnaître le caractère inédit de cette initiative, qui plus est venant d’un gouvernement » explique un expert en Bitcoin.

À l’issue des 13 cycles, le Sango Coin devrait s’écouler à 4,2 milliards d’unités et chacun des cycles imposera de bloquer les jetons pendant un an. Les fonds ainsi levés auprès des investisseurs permettront au pays d’investir dans divers projets pour le développement du pays. Par exemple, dès la prochaine phase, il sera possible d’utiliser ses jetons pour acquérir la citoyenneté du pays. Cela coûtera 60 000 dollars de Sango Coin, qui seront verrouillés pendant cinq ans. Un passeport centrafricain sera délivré et les investisseurs bénéficieront d’une exonération d’impôts sur leurs revenus en cryptomonnaies. Un programme de « résidence électronique » est également à venir en bloquant 6 000 dollars pendant 3 ans. Si la « e-Résidence » ne confère pas la citoyenneté, elle offre néanmoins, elle aussi, la fiscalité avantageuse et permet de simplifier les démarches administratives pour les acteurs souhaitant s’impliquer dans le projet Sango. Dans la même lignée, 10 000 dollars d’investissements, verrouillés durant 10 ans, permettront l’acquisition de 250 mètres carrés de terrain dans le futur quartier dédié aux cryptos de Bangui, la capitale du pays.

Ce projet prend corps au moment où la Beac, à la demande de la RCA, a consenti à mettre en place un cadre normatif pour les cryptomonnaies dans la Cemac. Pourtant, au moment de son adoption en avril dernier, la loi crypto en RCA avait provoqué l’ire des autres Etats membres ainsi que des institutions sous régionales. Mais aujourd’hui la situation est abordée avec beaucoup plus de calme. Réunis en session extraordinaire le 20 juillet dernier à Douala, les membres du conseil d’administration de la Beac (composé de deux administrateurs pour chaque État de la Cemac et de deux pour la France) ont d’ailleurs prescrit à l’institut d’émission d’engager « des réflexions visant à créer sa propre monnaie numérique ». Les monnaies numériques sont directement émises par les banques centrales et mises à la disposition des ménages et des entreprises sans intermédiaire. L’idée sous- jacente ici, pensent certains, est de contrecarrer la montée du modèle centrafricain

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7 août 2022 7 07 /08 /août /2022 11:23
RCA : L’Expert indépendant de l’ONU appelle les groupes armés à déposer les armes

 

Centrafrique : L’Expert indépendant de l’ONU appelle les groupes armés à déposer les armes et à s’engager dans un dialogue politique

BANGUI, le 06 Aout 2022(RJDH)—« Les groupes armés en République centrafricaine (RCA) doivent déposer les armes et s’engager dans un dialogue politique », a déclaré vendredi 05 Aout 2022, Yao Agbetse, l’expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en République centrafricaine (RCA), exhortant la communauté internationale à renforcer les efforts visant à restaurer l’autorité de l’État et à mettre fin à l’impunité dans le pays.

« Je condamne avec véhémence l’obstination de la Coalition des patriotes pour le changement et d’autres groupes armés qui continuent de semer la terreur, l’insécurité et la souffrance parmi la population civile et les victimes de violations et d’abus », a déclaré Yao Agbetse, l’expert indépendant des Nations Unies sur la situation des droits de l’homme en République centrafricaine (RCA).

S’engager dans le dialogue politique et le processus de paix et de réconciliation

À l’issue de sa visite officielle de dix jours en RCA, M. Agbetse s’est dit consterné par les rapports des habitants de la ville de Bria, chef-lieu de la préfecture de la Haute-Kotto, qui s’inquiètent de la mobilité et des connexions des groupes armés avec le Soudan voisin.

Appelant les groupes armés à déposer les armes dans l’intérêt supérieur de la population centrafricaine, l’expert de l’ONU a exhorté ces groupes à s’engager dans le dialogue politique et le processus de paix et de réconciliation mené par la Commission Vérité, Justice, Réparation et Réconciliation (CVJRR).

Des exactions « inacceptables » à Boyo

Faisant référence à l’attaque brutale et organisée du village de Boyo en décembre 2021, l’expert a déclaré que les violations des droits de l’homme commises par l’armée nationale centrafricaine (FACA) et les forces de sécurité intérieure (FSI) et leurs auxiliaires étaient « inacceptables ». 

Les alliés russes et les FACA auraient apporté leur soutien et leur appui à la milice « Anti-Balaka » qui a commis des atrocités à Boyo, notamment des décapitations et des violences sexuelles, et a contraint des milliers d’habitants à fuir.

« La gravité de ces faits exige des réponses appropriées des autorités nationales envers les victimes », a déclaré M. Agbetse.

« Je recommande à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) de mettre en place un système d’alerte plus réactif et des opérations conjointes régulières avec les FACA pour prévenir des tragédies comme celle de Boyo », a-t-il ajouté.

L’expert de l’ONU a également demandé que les mercenaires russes du groupe de sécurité Wagner s’abstiennent d’entraver la collaboration et les opérations conjointes entre les FACA, les FSI et les soldats de la paix de l’ONU affectés à la MINUSCA.

« Le groupe Wagner ne doit pas empêcher le déploiement des opérations de protection de la MINUSCA et faire obstacle aux enquêtes sur les violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire », a déclaré M. Agbetse.

Donner aux victimes accès à la justice

A l’issue de sa visite en RCA, M. Agbetse a recommandé que toutes les allégations de violations des droits de l’homme et du droit international humanitaire fassent l’objet d’une enquête systématique et approfondie par les autorités centrafricaines.

Les règlements à l’amiable dans les cas de violences sexuelles liées au conflit sont injustes pour les victimes et doivent cesser.

« Ces enquêtes doivent être suivies d’actions concrètes pour que les victimes aient accès à la justice », a-t-il souligné. L’expert a déclaré que la création d’un fonds de réparation était également fondamentale pour garantir la justice aux victimes.

Il a vivement recommandé la tenue des sessions judiciaires extraordinaires pour faire face à la lourde charge de travail que représentent les crimes de violences sexuelles liées au conflit. Les règlements à l’amiable dans les cas de violences sexuelles liées au conflit sont injustes pour les victimes et doivent cesser, a déclaré M. Agbetse.

L’expert a noté que plusieurs témoignages et rapports indiquaient un manque de contrôle et de responsabilité au sein de l’appareil d’État, y compris le système judiciaire, la police et la gendarmerie, et la fonction publique en général. Il a également appelé les autorités à s’attaquer à la question des discours de haine et d’incitation à la violence.

M. Agbetse a appelé la communauté internationale à renforcer son soutien à la RCA afin que la restauration de l’autorité de l’État soit effective.

RJDH

 

Le rapport du bureau des Nations Unies est-il un moyen de dissimuler le fait que la MINUSCA coopère avec l’UPC en Centrafrique ?

 AFRIQUE MEDIA Publié le: 29 juillet 2022 

L’Office des Nations Unies a publié un rapport le lundi 25 juillet 2022 accusant les forces de la République centrafricaine d’avoir commis des violations dans le village de Boyo  dans la préfecture d’Ouaka.

Ce rapport est intervenu juste après la mort de général de l’Unité pour la paix en Centrafrique (UPC), Ousman Abakar alias Sisankeri, le 3 juillet dernier à Dimbi, dans la Basse-Koto des suites de ses blessures au combat contre des éléments des Forces armées centrafricaines (FACA).  Ousman Abakar alias Sisankeri était le bras droit du mercenaire tchado-nigérien Ali Darassa de l’UPC.

Ce qui est intéressant, c’est que Sisankeri a été impliqué dans l’affaire du massacre de Boyo  le 2 décembre 2021, selon des documents retrouvés lors de la perquisition du domicile du général Sisankeri, menée par la gendarmerie dans le cadre de l’enquête à Boyo, le 8 septembre 2021.

Plus important encore, des informations et des sources locales ont indiqué la coopération de Sisankeri et son groupe (UPC) avec l’unité népalaise de la MINUSCA située à Boyo. Selon le rapport, des preuves ont été trouvées que l’unité népalaise de la MINUSCA a fourni des armes et des munitions, 2 500 cartouches ont été livrées aux criminels de groupe (UPC).

Peu de temps après l’annonce de la mort du commandant de l’UPC, un rapport des Nations Unies a été publié accusant le gouvernement d’être impliqué dans des violations commises dans le village de Boyo. La question importante demeure, si cela est vrai, pourquoi n’a-t-il pas été annoncé avant ? Pourquoi les habitants de Boyo n’ont-ils pas révélé l’affaire ? au contraire, ils ont exigé la présence d’un plus grand nombre de forces de FACA pour les protéger des groupes armés.

La mort du criminel de guerre Ousman Abakar alias Sisankeri, semble être dans l’intérêt des Nations Unies et de la MINUSCA, car il est décédé et ne pouvait plus témoigner sur la coopération avec la MINUSCA. Accusant faussement le gouvernement, c’est comme ça que l’ONU cache la coopération de ses unités avec les militants, il existe une énorme quantité de preuves de coopération entre la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine et Sisankeri. Un fait que les Nations Unies ne peuvent cacher, mais ne font que détourner l’opinion publique du sujet.

 

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7 août 2022 7 07 /08 /août /2022 11:21
RCA: l’inexécution de mandats d’arrêt visant des chefs de guerre inquiète des ONG

 

 

https://www.rfi.fr/   06/08/2022 - 22:39

Les organisations de défense des droits de l'homme s'inquiètent des lenteurs judiciaires et l'inexécution des mandats d'arrêts émis à l'encontre de différents chefs de guerre. Pour l'Observatoire des droits de l'homme et la Ligue des droits de l'homme, la responsabilité repose sur les autorités centrafricaines et la non-exécution de ses mandats d'arrêts constitue un obstacle majeur à la lutte contre l'impunité.

Dans leur rapport, l'OCDH et la LCDH mettent avant tout l'accent sur les importantes avancées en Centrafrique. Notamment la création de la CPS, la Cour pénale spéciale, le bon fonctionnement également des tribunaux pour juger les crimes de guerre, enfin les poursuites engagées par la Cour pénale internationale.

Les organisations indiquent se réjouir, mais s'inquiète par contre des lenteurs des autorités pour exécuter les mandats d'arrêts locaux comme internationaux. Deux chefs de guerre sont cités : Idriss Ibrahim Issa qui a été arrêté, mais les défenseurs des droits de l'homme rappellent que le mandat d'arrêt n'a été exécuté qu'au bout de deux années. Le deuxième cas est jugé plus inquiétant : un mandat d'arrêt international a été délivré en 2019 par la CPI à l'encontre de Mahamat Noureddine Adam, mais le numéro 2 de la coalition rebelle Seleka est toujours libre.

« L'inexécution de ses mandats est un obstacle majeur à la lutte contre l'impunité, les crimes et les graves violations des droits humains », indiquent les organisations dans leur rapport. Organisations qui estiment également que cette coopération sélective et lacunaire encourage les personnes visées à poursuivre leurs activités criminelles. 

L'Observatoire et la ligue des droits de l'homme estime essentiel que les autorités centrafricaines respectent leurs obligations pour que la justice soit rendue « aux milliers de victimes dans l'attente. »

Nous avons des inquiétudes de ce côté parce que des crimes sont encore commis et nous constatons que les auteurs de ces crimes sont autour de nous, parfois nous les voyons circuler et nous savons où ils se trouvent. (…) Nous ne comprenons pas pourquoi ces criminels ne sont pas appréhendés et déférés devant la Cour pénale internationale.

Joseph Bindoumi, représentant de la Ligue centrafricaine des droits de l'homme

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