Par Sébastien Le Belzic (chroniqueur Le Monde Afrique, Hongkong)
LE MONDE •
La Chine vieillit. Moins d’ouvriers dans ses usines, des salaires en hausse et une compétitivité en baisse : c’est la fin de l’âge d’or pour l’atelier du monde. « Cette situation représente une opportunité exceptionnelle pour l’Afrique », explique le chercheur américain David Dollar, du Brookings Institute. Pour cet ex-directeur de la Banque mondiale en Chine de 2009 à 2013, et ancien représentant du Trésor américain à Pékin, le continent africain pourrait tirer parti du rééquilibrage de l’économie chinoise.
« L’Afrique pourrait devenir l’usine de la Chine. Mais il faut rester réaliste. Dans un premier temps, la Chine ira sous-traiter certaines de ses productions au Vietnam ou au Bangladesh. Ensuite, elle pourrait regarder vers l’Afrique. Notamment pour servir de pont vers l’Europe et le Moyen-Orient, mais aussi servir la classe moyenne africaine qui consomme de plus en plus », précise le chercheur.
Développer l’industrie du textile
Une vingtaine d’usines chinoises dans les domaines du textile et de l’électronique est déjà en activité dans les zones économiques spéciales qui entourent Addis-Abeba. L’Ethiopie a ainsi inauguré cet été son plus grand parc industriel. Un millier de kilomètres carrés construits par la Chine à Hawassa, à 300 km de la capitale. Le Hawassa Industrial Park sera essentiellement destiné à développer l’industrie du textile et de l’habillement. Un secteur qui ne représente encore que 5 % du produit intérieur brut 5PIB) éthiopien, mais qui ne cesse de prendre de l’importance.
« On voit de plus en plus d’industriels chinois regarder vers l’Afrique pour y délocaliser certaines de leur production, analyse David Dollar. L’histoire de la Chinafrique est en train de changer. On passe petit à petit d’un modèle fondé sur l’exploitation des matières premières à un modèle reposant sur l’utilisation des ressources humaines. »
A ce titre, l’expert américain voit dans la crise une expérience salutaire. « Le ralentissement de la demande chinoise en matières premières va se poursuivre et même s’accélérer. L’économie chinoise est en train de changer et de se recentrer sur la consommation intérieure. Un cycle se termine. Les économies africaines doivent se diversifier et surtout investir dans les ressources humaines pour permettre aux usines chinoises de produire directement sur le continent et être une alternative aux centres industriels asiatiques. »
Un secteur privé en pointe
Autre leçon de cette crise : les investissements du secteur privé sont plus stables et pérennes quand le secteur public tend à quitter le navire au moment du naufrage. « On voit bien qu’en RDC ou en Angola, les investissements publics chinois ne fonctionnent pas très bien. Ce sont des investissements à court terme qui ne visent que le profit immédiat. A l’inverse, une entreprise comme Huawei, le géant chinois des télécoms, crée des emplois en Afrique. La prochaine étape pour Huawei serait de produire directement en Afrique certains de ses composants ou de ses téléphones portables », détaille David Dollar.
Le secteur privé est également en pointe dans les financements. « Il y a de plus en plus de banques qui investissement en Afrique, constate le chercheur américain. Pendant longtemps, les projets étaient uniquement financés par la banque chinoise d’import-export Exim ou la Banque chinoise de développement (CDC). Mais, actuellement, on estime que l’équivalent de 10 milliards de dollars de projets sont financés directement par des banques et par le secteur privé chinois. »
Là encore, les résultats sont très divers. Quand l’Ouganda s’en sort bien et attire de nouveaux capitaux privés, l’Angola est proche du défaut de paiement et fait peur aux investisseurs. « Tout dépend de la gouvernance locale, de la corruption, voire de l’existence ou non d’un système démocratique. On voit que cela fonctionne mieux en Afrique du Sud, en Tanzanie ou en Ouganda qu’en Angola ou au Nigeria », conclut le chercheur.
Dans son rapport, David Dollar plaide donc pour des économies africaines qui passeraient des ressources naturelles aux ressources humaines. Il appelle à une vision décomplexée de cette Chinafrique. « Je crois aux partenariats tripartites, explique l’ancien fonctionnaire de la Banque mondiale. Quand l’Ouganda travaille avec la Chine, elle ne ferme pas la porte aux pays occidentaux. Personne ne doit choisir entre la Chine et l’Occident, et surtout pas les pays africains, qui doivent aujourd’hui construire leur propre modèle de développement. »
Sébastien Le Belzic chroniqueur Le Monde Afrique, Hongkong
Par Jean Copans, anthropologue et sociologue, ancien professeur des universités (Amiens et Paris-Descartes)
Auteur et codirecteur de plus d’une trentaine d’ouvrages, signataire d’un grand nombre d’articles, particulièrement dans « Le Monde des livres », où il a tenu une chronique régulière pendant une dizaine d’années (contributions réunies en partie dans Du social par temps incertain, PUF, 2013), ainsi que de commentaires, d’entretiens sur près de soixante-dix ans d’écriture, Georges Balandier, mort le 5 octobre à l’âge de 95 ans, a occupé toutes les positions institutionnelles dans le champ français de la recherche en sciences sociales au cours de la seconde moitié du XXe siècle.
Il a été le directeur de près de 200 doctorats en tout genre (dont celui d’AbolhassanBani Sadr, président iranien de février 1980 à juin 1981), un professeur d’université et un enseignant charismatique, le directeur de plusieurs centres d’études africaines et, surtout, l’animateur de nombreux comités ou commissions de recrutement et de programmation scientifique au cours des années 1950-1980. Il fut aussi le responsable éditorial de plusieurs revues comme les Cahiers internationaux de sociologie, dont Georges Gurvitch lui confia la direction dans les années 1950, et de collections d’ouvrages de sciences sociales, notamment aux PUF.
Pensée foisonnante
Georges Balandier a d’abord été l’analyste original d’une double conjoncture : celle de la situation coloniale, de sa contestation et, par la suite, de la décolonisation. Sa pensée foisonnante, libre de toute ascendance ou cooptation, tout en s’affirmant engagée, restait prudente dans ses prises de position politiques ou sociétales.
Sa science sociale, tout à la fois anthropologique et sociologique, a cherché par la suite, au cours d’une seconde carrière après son départ à la retraite en 1985, à affronter les « turbulences » du temps présent, les innovations de la« sur-modernité », ce qui l’a conduit à devenir l’explorateur des « nouveaux Nouveaux Mondes » (expressions forgées initialement par ses soins). Ces Nouveaux Mondes (des biotechnologies, des réseaux numériques, de la mondialisation, mais aussi de la dissolution du lien social et politique et d’un individualisme extrême) ne pouvaient être repérés que par le recours au Détour (sous-titré « Pouvoir et modernité », 1985), un détour aux vertus proprement anthropologiques tant sur les plans conceptuels que méthodologiques.
Pédagogue hors pair
Valorisant une écriture fluide et riche (il s’est parfois qualifié lui-même d’écrivain), manifestant une performance orale et pédagogique hors pair, ce qui explique la force et la permanence de sa réputation d’enseignant, il a personnifié l’image d’un bâtisseur d’empire, bienveillant, imaginatif mais, d’une certaine façon, solitaire, puisqu’il n’a jamais cherché à fonder une école théorique ou méthodologique. La dispersion de ses centres d’intérêt et la multiplicité de ses ancrages institutionnels à travers le temps a empêché de fait toute forme de mobilisation disciplinaire ou idéologique.
Tout au long de sa carrière, il a consacré plusieurs ouvrages à méditer sur ses terrains africains (Afrique ambiguë, 1957), sur le cheminement de sa vie et de son expérience professionnelle, avec un retour marqué sur ses terroirs d’origine et ses années de « formation » à Paris, dans la Résistance ou au Musée de l’homme (Conjugaisons en 1997, Le Carnaval des apparences en 2012). Il faut ajouter, pour compléter ce tableau, Histoire d’autres (1977), où il dresse les portraits de ses relations professionnelles et sociales. Influencé par Michel Leiris, il avait d’ailleurs publié dès 1947 une « autobiographie arrangée », selon ses propres termes, intitulée Tous comptes faits. Bien plus tard, en 2007, il résumera sa vie de chercheur par ces mots : « Tout parcours scientifique comporte des moments autobiographiques. »
Georges Balandier, fils de cheminot, est né le 21 décembre 1920 dans un petit village de la Haute-Saône, Aillevillers-et-Lyaumont, non loin de Luxeuil-les-Bains, entre la Lorraine et les Vosges. Il fait ses études primaires dans la banlieue parisienne, puis ses études secondaires à Paris, avant de fréquenter la Sorbonne pour y obtenir une licence de lettres et un diplôme de l’Institut d’ethnologie. Il a visité, comme bien d’autres enfants et adolescents, l’Exposition coloniale internationale de 1931, ce qui, joint aux souvenirs de certains parents éloignés, lui instille un début d’inquiétudes exotiques.
A la fin des années 1930, iI découvre les mobilisations sociales. Plus tard, en 1943, il est réfractaire au service du travail obligatoire. Il rejoint alors un maquis en formation dans sa région familiale, où il passe les années 1943-1944. De retour à Paris, il retrouve le Musée de l’homme et son département d’Afrique noire.
Révolutionne les études africaines
En juin 1946, il part pour Dakar, recruté par l’Office de la recherche scientifique coloniale (ancêtre de l’Office de la recherche scientifique et technique outre-mer, Orstom, devenu aujourd’hui l’Institut de recherche pour le développement, IRD) et est mis à la disposition de l’Institut français d’Afrique noire, fondé et dirigé par Théodore Monod. Il est accompagné de son ami d’enfance, Paul Mercier, qui poursuivra parallèlement une carrière de sociologue et d’ethnologue africaniste, jusqu’à son décès, en 1976.
Il consacre les cinq années suivantes à ses séjours africains (Guinée, Gabon, Congo), d’où il rapportera deux ouvrages qui vont révolutionner les études africaines autant en ethnologie qu’en sociologie, Sociologie actuelle de l’Afrique noire et Sociologie des Brazzavilles noires, un doctorat d’Etat soutenu en 1954. Il s’est marié en 1948 à son retour de Guinée et aura deux filles.
En 1951, il publie dans les Cahiers internationaux de sociologie, le texte qui fonde sa problématique d’ensemble : « La situation coloniale : approche théorique ». Il se propose d’examiner les sociétés africaines au travers de leurs réactions, réinterprétations et innovations (qu’il dénomme « les reprises d’initiative »). Du coup, les nouvelles Eglises, les mobilisations politiques comme les migrations ou les peuplements urbains mobilisent son attention. C’est d’ailleurs cette façon de voir le monde, et les sciences sociales qui l’expliquent, qui va le rapprocher du sociologue et anthropologue Roger Bastide. Paradoxalement, ces travaux sur l’Afrique équatoriale s’insèrent dans le cadre d’une recherche ethnologique appliquée demandée par le gouverneur général de l’AEF de l’époque, Bernard Cornut-Gentille, qui deviendra d’ailleurs un ami, au point que ce dernier le prendra comme conseiller en 1958-1959 lorsqu’il sera le ministre de la France d’outre-mer du général de Gaulle !
Au début des années 1950, Georges Balandier va progressivement intégrer le monde universitaire. Certes, il est recruté au CNRS en 1952, mais devient, dès 1954, directeur d’études à la VIe section de l’Ecole pratique des hautes études, où il crée le Centre d’études africaines en 1957, à l’instigation de Fernand Braudel. Sur cette lancée, il est élu professeur de sociologie africaine à la Sorbonne en 1962 (qui devient l’université Paris-V-René-Descartes en 1971, avant de succéder à Georges Gurvitch (l’un de ses inspirateurs conceptuels) à la chaire de sociologie générale en 1966 (Georges Gurvitch. Sa vie, son œuvre, 1972). Il abandonne toutes ces fonctions en 1985, à l’exception de ses directions éditoriales.
Georges Balandier est également devenu, dès la première moitié des années 1950, le sociologue français de l’analyse du sous-développement. Il offre un premier cours d’Anthropologie appliquée aux pays sous-développés en 1952 à la Fondation nationale des sciences politiques et publie de nombreux ouvrages d’expertise sur cette même question. Celui qui confirme sa réputation paraît en 1956 sous le titreLe « Tiers-monde ». Sous-développement et développement. Cet ouvrage, mis en route à l’Institut national d’études démographiques (INED) par Alfred Sauvy, inventeur dès 1952 de cette fameuse expression, est finalement achevé et mis en forme par Georges Balandier, Alfred Sauvy ayant accepté sa suggestion d’inclure cette formule dans le titre.
C’est à cette même époque que Georges Balandier définit sa problématique disciplinaire qui refuse la distinction, et l’opposition, entre l’anthropologie et la sociologie. Un recueil d’articles rassemblés en 1971 sous le titre Sens et puissance donne une idée de sa démarche sociologique, alors qu’Anthropo-logiques (1974) constitue de fait un manuel de l’autre discipline.
Pourtant, le fil rouge qui relit toutes les œuvres et toutes les problématiques du chercheur et, au fil du temps, du penseur social, c’est le politique et par conséquent l’anthropologie du politique. Il publie une synthèse de ce domaine en 1967, Anthropologie politique, qui sera traduit dans plus d’une vingtaine de langues. Il étend ensuite ce champ bien au-delà de la modernité politique des nouveaux Etats du tiers-monde, et se met à appliquer cette discipline aux formes nouvelles de la politique-spectacle puis médiatique française et occidentale (Le pouvoir sur scène, en 1980, complété en 1992 et 2006). Il en vient d’ailleurs à ausculter l’élection présidentielle de 2007 dans Fenêtres sur un Nouvel Age (2006-2007), en 2008, puis les images de la fonction présidentielle (Recherche du politique perdu, en 2015).
Pourtant, c’est la mondialisation et sa déconstruction anthropologique couplée à un fort sentiment de démobilisation politique, morale, citoyenne (voire disciplinaire) qui le poussent à décrire le monde tel qu’il est au-delà de la déploration ou de la dénonciation, cheminement qui le conduit du Désordre (1988) au Dédale : pour en finir avec le XXe siècle (1994), puis au Grand Système (2001), enfin au Grand Dérangement (2005).
Il finira par évoquer la jeunesse et les « printemps arabes » (après avoir témoigné très sévèrement, bien auparavant, sur le sens des événements de Mai 68, qu’il avait vécus en direct), mais le cœur n’y est peut-être plus. Alors, pour bien saisir sa traversée du ou plutôt des siècles, le mieux est de se reporter à Civilisés, dit-on (2003), un recueil de textes variés qui retracent tout son parcours analytique et intellectuel.
Georges Balandier a été le partisan d’une science sociale véritablement interdisciplinaire, attaché à décrypter un monde global, qu’il soit colonial, occidental ou mondial, plus porté sur le moment de défrichage que sur celui de l’enquête empirique systématique. Soucieux de la portée « politique » de ses analyses, il a pleinement incarné l’imagination sociologique à l’œuvre dans les sciences sociales françaises des années 1950-2000.
Georges Balandier en 6 dates
21 décembre 1920 Naissance à Aillevillers-et-Lyaumont (Haute-Saône)
1946 Institut français d’Afrique noire
1956 Travaille avec Alfred Sauvy sur l’ouvrage Le « Tiers-monde ». Sous-développement et développement
1967 Anthropologie politique (PUF)
1971 Sens et puissance : les dynamiques sociales (PUF)
5 octobre 2016 Mort à Paris
Par Jean Copans, anthropologue et sociologue, ancien professeur des universités (Amiens et Paris-Descartes)
Georges Balandier : un regard aigu et novateur sur les sociétés africaines
Par Jean-Pierre Dozon (Directeur de recherche émérite à l’Institut de recherche pour le développement, directeur d’études à l’EHESS)
LE MONDE •
L’œuvre et la personnalité de Georges Balandier auront profondément et durablement marqué les études africaines en France et bien au-delà. Avec elles, dans les années 1950, alors que l’immense empire d’Afrique que s’était taillé la IIIe République faisait désormais partie de l’Union française et que les colonies avaient été rebaptisées territoires d’outre-mer, on assista à un véritable changement de paradigme dans ce qui avait été jusque-là la manière d’appréhender les mondes dits indigènes.
L’africanisme de l’époque coloniale, pour ce qui était sa part la meilleure, avait certes reconnu en eux de véritables civilisations, des visions du monde et des productions matérielles (notamment esthétiques) tout à fait remarquables, à l’instar de l’ethnologue Marcel Griaule et de sa passion pour les Dogons. Mais il ne sut guère disposer ces mondes à l’intérieur de la situation créée par la colonisation, en saisir aussi bien les capacités de résilience que les reprises d’initiative ; autrement dit, les multiples dynamiques qui faisaient que, sous l’effet des entreprises missionnaires, des religions nouvelles, portées par des figures prophétiques, étaient apparues ici et là. Consécutivement aux mises en valeur coloniales, des citadins, des ouvriers ou encore des intellectuels luttaient pour obtenir des droits et contestaient l’imperium français et son système de domination.
Changement de paradigme
On doit précisément à Georges Balandier d’avoir porté avec acuité le regard sur ces mouvements et innovations qui affectaient les sociétés africaines et de l’avoir porté très tôt, comme en témoigne son active participation au groupe et à la revue Présence africaine dès 1947, où, aux côtés de leur fondateur, l’écrivain sénégalais Alioune Diop, il se retrouva en compagnie de Sartre, Camus, Leiris et de bien d’autres. Pour lui, comme pour eux tous, il s’agissait de faire valoir, dans le sillage de la Libération, les diverses présences de l’Afrique au monde, culturelles, esthétiques, mais aussi et surtout politiques.
Pour tout dire, et tel fut le changement de paradigme, on lui doit d’avoir privilégié le socius aux dépens de l’ethnos, en l’occurrence de tout ce qui avait fait que l’africanisme qui l’avait précédé s’était par trop satisfait d’identifier le continent colonisé à une mosaïque d’ethnies, alors qu’il était loisible, et cela de longue date, d’y repérer des processus historiques et une pluralité d’appartenances. Sociologie actuelle de l’Afrique noire (1955), Sociologie des Brazzavilles noires (1955), puis Afrique ambiguë (1957), furent ainsi les trois grands ouvrages qui, tout en anticipant les indépendances, continuèrent longtemps après leur première édition à inspirer la recherche sur les rapports complexes entre traditions et modernités africaines.
Mais l’influence de Georges Balandier se manifesta aussi à travers ses formidables enseignements et par sa volonté de faire des études africaines un pôle d’attraction dans le champ des sciences sociales, notamment en créant d’abord le Centre d’études africaines à la VIe section de l’Ecole pratique des hautes études, puis, avec le sociologue Paul Mercier et le géographe Gilles Sautter, le Laboratoire de sociologie et de géographie africaines au sein de ce qui allait devenir bientôt l’EHESS. C’est par les séminaires qu’il y animait et par les cours qu’il dispensait par ailleurs à la Sorbonne ainsi qu’à l’ENS, qu’il fut, durant les années 1960-1970, la référence primordiale de toute une génération de jeunes chercheurs qui va, à son tour, fortement marquer les études africaines et transmettre ce qu’elle avait appris de Balandier.
Affranchi de tout dogmatisme
Gérard Althabe, Jean-Loup Amselle, Marc Augé, Jean Bazin, Pierre Bonnafé, Jean Copans, Claude Meillassoux,François Pouillon, Emmanuel Terray, Claudine Vidal et pas mal d’autres au CNRS, à l’Orstom (aujourd’hui l’Institut de recherche pour le développement), à l’EHESS, à Paris-V et dans les toutes récentes universités d’Afrique francophone, réalisèrent leur thèse de doctorat sous sa direction et donnèrent un nouveau souffle à ces études en les dégageant de tout exotisme et en faisant de l’Afrique postcoloniale un lieu majeur d’analyses critiques en sciences sociales. Et si, dans cette perspective, certains d’entre eux optèrent pour une anthropologie délibérément marxiste, inspirée par les relectures de Marx par Althusser et ses émules, ils n’en furent pas moins également et fidèlement des élèves de Balandier.
Esprit farouchement affranchi de tout dogmatisme, Georges Balandier répétait qu’il n’avait jamais voulu faire école. C’est sans doute pour cette raison que son influence intellectuelle a traversé plusieurs générations de chercheurs et qu’elle n’est pas près de s’éteindre.
Jean-Pierre Dozon (Directeur de recherche émérite à l’Institut de recherche pour le développement, directeur d’études à l’EHESS)
« De tous les grands sociologues de notre temps, Georges Balandier est certainement le plus secret et le plus difficile à cerner », écrivait Jean Ziegler à propos de l’ethnologue, mort à l’âge de 95 ans. Militant des luttes africaines et père de l’expression « tiers-monde » avec Alfred Sauvy (lire « “C’était quoi, le tiers-monde ?” »), il fut un témoin engagé de la décolonisation sur le continent, au sujet duquel il consacra trois articles dans nos colonnes au milieu des années 1960.
Un livre d’amour et de découverte
Georges Balandier des autres
par Jean Ziegler
http://www.monde-diplomatique.fr/
«Inimitable et redoutable, c’est une autobiographie impitoyablement sincère où l’événement devient l’élément d’une vérité portée au-delà de l’aventure personnelle. » Ainsi parle Georges Balandier de l’autobiographie de Leiris : l’Age d’homme. La même définition s’applique, mot pour mot, à sa propre autobiographie, que Balandier publie aujourd’hui Histoire d’autres (1). Livre puissant, fascinant, cette autobiographie, étrangement, ne dit presque rien de son auteur. Elle parle de sociétés, de continents, elle dit des choses essentielles. Ce livre irradie toute l’œuvre sociologique de son auteur, sans pourtant « expliquer ». Le titre me rappelle l’univers de Jorge Amado, que Balandier décrit avec tendresse. Qu’il s’agisse d’Antonio Balbuino (de Bahia de tous les saints), de Gabriela ou du Capitaine des sables, à chaque fois le héros efface volontairement les traces de son existence pour nous faire comprendre cette chose essentielle : l’homme, dans sa vérité, n’existe que dans les autres.
Histoire d’autres n’est donc pas l’exploration poétique, psychologique ou sociologique de l’intériorité du sujet. Il n’est pas question ici de jardin secret, de névrose intime ou de désirs refoulés. L’autobiographie de Balandier est l’anthropobiographie des autres, de quelques autres (paysages, sociétés, hommes et femmes) qui ont fait Balandier et que Balandier a contribué à faire. Parole de liberté, d’amour et de découverte, ce livre retrace les étapes, géographique, d’abord, intellectuelle ensuite de l’itinéraire de l’auteur. Il y a la France de la libération, les Etats-Unis de la crise du Vietnam, le Brésil après la mort de Roger Bastide et l’Afrique enfin, l’Afrique de la splendeur, des défaites et des patientes espérances. Il y a la jeunesse de Balandier, marquée par la guerre, la Résistance, le surréalisme, les premiers écrits poétiques, sa première autobiographie à vingt-cinq ans, la rupture, le départ pour l’Afrique en 1946, la longue amitié avec Gurvitch et la découverte de la sociologie, puissant instrument de la compréhension du monde et moyen d’agir sur lui. Fréquentation brève du pouvoir politique (chargé de mission à l’époque de Mendès France). Mais lutte, constante, jamais trahie de l’intellectuel français aux côtés des militants africains, lutte pour la décolonisation d’abord, pour la dignité, la liberté des sociétés menacées par la misère et la domination ensuite.
Ce que j’ai essayé de découvrir dans cette Histoires d’autres, c’est la source cachée, jamais dite, de la vie et de l’œuvre de Balandier. Je veux comprendre d’où lui viennent cette force tranquille, cette paix, cette compassion de l’autre.
De tous les grands sociologues de notre temps, Georges Balandier est probablement le plus secret et le plus difficile à cerner. Pour ses amis proches, Balandier reste, au fond, un mystère, une énigme. Première contradiction : extraverti, gai, s’exprimant avec une aisance que beaucoup lui envient, Balandier vit en solitaire de longues périodes de sa vie. Que ce soit dans son appartement du square Carpeaux ou dans sa maison de Normandie, il travaille dans le silence, avec une obstination monacale. Ses ouvrages n’ont rien du torrentiel et parfois génial désordre des écrits de certains de ses amis. Ses livres portent, imperceptiblement, la marque de la patience, des soins minutieux qu’il apporte à leur rédaction. Travail du silence, de la solitude, lente maturation des thèmes ; puis transcription du savoir mûri dans une langue où chaque mot est à sa place, où chaque phrase a son rythme propre. En général, l’auteur disparait derrière le texte. Le sociologue de la participation, du partage, et, pourquoi ne pas le dire, de la compassion, ne dit «je» que pour désigner la généralité.
Il y a, dans l’œuvre de Balandier et dans son existence, une deuxième contradiction qui me frappe. A première vue, Balandier est l’homme des institutions. Très jeune, à trente-cinq ans, il est professeur à la Sorbonne, directeur d’études à l’Ecole pratique des hautes études, professeur à Sciences Po, il dirige l’ORSTOM (organisme qui finance la recherche française en Afrique noire) ; il est aussi président de l’Association internationale des sociologues de langue française, directeur des Cahiers internationaux de sociologie, directeur de deux collections prestigieuses de sociologie aux Presses universitaires de France.
De prime abord, il apparaît donc comme le savant qui, consciemment, a choisi la conquête du pouvoir institutionnel pour l’utiliser au profit d’un projet scientifique (la sociologie générative), à celui de ses étudiants, ses chercheurs, ses collaborateurs. Mais je découvre ensuite un Balandier tout autre. Il marche à travers les institutions comme il marche à travers sa propre vie, comme le nomade qu’il est. Constamment disponible, sans cesse aux aguets, il se tient prêt à déceler la moindre fissure dans chaque édifice social (2). La personnalité de Georges Balandier, sa façon de vivre, d’exercer son pouvoir, d’écrire, bref, d’infléchir l’histoire qui se fait, déconcertent ses amis. Cocteau disait à Claudel : «Vous êtes un poisson des eaux profondes». Cela convient aussi à Balandier. Explorateur des courants profonds, il plonge dans l’histoire des sociétés, industrielles ou africaines, et refait surface en ayant vu, au fond des choses, une « évidence » qui se trouve être, comme par nécessité, en avance sur la vision de la plupart de ses contemporains.
Sociologie actuelle de l’Afrique noire (1955) annonçait le bouleversement de la décolonisation ; il rendait la parole à des sociétés qui aujourd’hui s’expriment haut et fort mais qui, depuis des siècles étaient réduites au silence le plus méprisé. Afrique ambiguë, un des premiers titres de la collection de Jean Malaurie, Terre humaine, est paru en 1957. La mise en question de l’ethnologie, de ses liens avec le projet impérialiste de domination des peuples périphériques, est aujourd’hui chose courante ; il y a vingt ans, c’était un acte de pionnier. Sens et puissance, Anthropologie politique, Anthropologiques, sont, à mon avis, les grands textes fondateurs de la sociologie générative à venir (3). Balandier y énonce la théorie des contre-pouvoirs dont l’établissement est indispensable pour que naisse la société autogérée de demain. Il y dit magnifiquement ce que seront, pour une démocratie décentralisée, autogérée, conduite par une gauche unie, les exigences fondamentales de sa survie :
«Le problème décisif est celui de la participation du plus grand nombre des acteurs sociaux aux définitions – toujours à reprendre – de la société. Le reconnaître, c’est marquer la nécessité de leur présence en ces lieux de la société où se font les choix qui déterminent, et où s’engendrent les éléments de sa signification,» Il faut donc«instaurer le contrôle mutuel de la puissance et de la création de sens» (Sens et puissance, P.U.F., 1971, p. 299).
Comme Jean Duvignaud, comme Jean Daniel, Balandier, à un certain moment de sa vie, a rompu, consciemment, avec la littérature, c’est-à-dire avec l’activité qui consiste à transcrire sur le mode Imaginaire les problèmes théoriques et pratiques que la vie lui révèle. Balandier, conseillé d’abord par Gurvitch, dont, dans un premier temps, il recueille l’héritage, est devenu un des trois ou quatre sociologues les plus importants de son époque. Il a modifié jusqu’aux racines de notre perception des sociétés extra-européennes, segmentaires ou d’Etat, de tradition orale dont les systèmes symboliques sont non conceptuels. Il a modifié surtout notre perception de notre propre société européenne. Jean Daniel déclarait à Guy de Boschère (4) : «La littérature est finalement pour moi la seule chose qui compte.»Jean Duvignaud, en pleine production sociologique, arrêtait tout pour écrire ce roman splendide qu’est l’Empire du milieu.
Contrairement à Jean Daniel (le Refuge et la source), à Duvignaud (l’Empire du milieu), Balandier n’est jamais revenu sur sa rupture de 1946. Mais il suffit de lire les pages centrales d’Afrique ambiguë, le chapitre de conclusion de Sens et puissance ou, bien sûr, l’autobiographie qui parait aujourd’hui, pour comprendre que la perception infra-conceptuelle, le savoir métasocial, la fulgurante intuition de l’écrivain, sont constamment présents au cœur même de sa raison analytique. Cette double nature de Balandier nous fournit une des explications les plus sûres de ce don de prémonition, de cette conscience «préétablie» (Horkheimer) qui donnent à son enseignement, à son œuvre, cette richesse exceptionnelle, et à sa voix son universelle portée.
(1) Georges Balandier, Histoire d’autres, Editions Stock, 1977, 39 F.
Jean Ziegler
Vice-président du comité consultatif du Conseil des droits de l’homme de l’Organisation des Nations unies. Auteur deDestruction massive. Géopolitique de la faim, Seuil, Paris, 2011.
Bangui le 05 octobre 2016 - La Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République Centrafricaine (MINUSCA) appelle à la solidarité des Centrafricains envers les autorités nationales alors que se prépare la réunion des partenaires du pays, prévue à Bruxelles le 17 novembre prochain. L’appel a été lancé mercredi par le porte-parole de la MINUSCA, Vladimir Monteiro, au cours de la conférence de presse hebdomadaire de la mission à Bangui.
« Le Gouvernement est à pied d’œuvre pour préparer avec les partenaires, la réunion de Bruxelles qui constitue un moment fondamental en vue du relèvement et la consolidation de la paix de la République centrafricaine. Aujourd’hui plus que jamais, les Centrafricains doivent montrer leur solidarité avec le Gouvernement », a dit Monteiro, ajoutant que l’heure est aux préparatifs et non aux violences.
Interrogé sur les incidents de mardi au PK5, à Bangui, le porte-parole a déclaré que « la MINUSCA est intervenue immédiatement et a pris toutes les dispositions pour éviter une escalade ». Monteiro a aussi rappelé que « ces violences ainsi que celles qui ont récemment touché Kouango, Ndomété, Kaga Bandoro et Koui montrent que la stabilité reste fragile, le vivre ensemble, un énorme défi tandis que les « ennemis de la paix n’ont pas renoncé à leur projet de saper les efforts des autorités nationales ».
Tout en réaffirmant le soutien de la Mission aux autorités centrafricaines, le porte-parole a annoncé que le comité d’information et de coordination entre la MINUSCA et les forces de sécurité intérieure et de défense centrafricaines est effectif depuis ce mardi 4 octobre 2016. « Cet outil extrêmement important souhaité par le Président de la République permettra une meilleure maîtrise et une meilleure gestion du risque sécuritaire dans le pays », a-t-il indiqué.
Pour sa part, le porte-parole de Force, lieutenant-colonel Ibrahim Al Moustapha, a énuméré une série d’actions entreprises par les soldats de la paix pour faire face aux tensions. « Au secteur Centre, la force de la MINUSCA a intensifié les patrouilles pour parer à toute eventualité. A Kaga-Bandoro les actions de démantellement des barricades illégales se poursuit activement », a dit l’officier, en ajoutant que des mesures similaires sont également prises dans les secteurs Ouest et Est. « La semaine écoulée 1113 opérations de Protection Civile ont été réalisées dans le cadre de l’exécution du nouveau mandat de la MINUSCA », a-t-il ajouté.
De son côté, le porte-parole de la composante police, lieutenant Salifou Konseiga, a souligné que la Police de la MINUSCA et les Forces de Sécurité Intérieure Centrafricaines (FSI) continuent leur collaboration dans le cadre de la protection des populations civiles, aidées en cela par la Force de la Mission et les forces internationales. « Les sections colocation et les équipes mobiles de Bangui, avec les FSI, effectuent des patrouilles conjointes de visibilité dans les huit arrondissements, à Bimbo et dans la commune rurale de Bégoua », a-t-il souligné. La Police de la MINUSCA a également poursuivi ses actions de renforcement de capacités de la Police et de la Gendarmerie nationales qui ont bénéficié environ 70 agents au cours de la semaine écoulée.
BANGUI, 05 octobre 2016—Le groupe d’un certain Abdoul Danda est accusé d’être derrière le meurtre du commandant Marcel Mombéka. Cette accusation est formulée dans un communiqué de presse publié par la Coordination des Organisations Musulmanes de Centrafrique (COMUC).
Selon la COMUC, le commandant a été abattu par les éléments de Abdoul Danda qu’elle qualifie de tristement célèbre au km5 où il opère. Plusieurs notables du km5 ont fait les mêmes accusations contre cet Abdoul Danda « nous savons que Abdoul Danda est à la tête d’un important groupe militaire au km5. Son groupe est à l’origine de nombreuses exactions contre la population civile dans cet arrondissement. Nous avons des informations sur l’implication de ses éléments dans le meurtre de cet officier de l’armée. C’est l’un de ses éléments, nommé Bachir qui a tiré sur ce digne fils du pays » a confié une autorité de km5 qui a requis l’anonymat.
De sources concordantes, les éléments des Forces Armées Centrafricaine (FACA), habitant au km5 ont tenté d’arrêter les membres du groupe de Abdoul Danda sauf que l’opération n’a pas abouti « nous avons pris l’initiative de mettre la main sur les membres du groupe de Abdou Danda qui étaient venus jusqu’au niveau du commissariat du 3ème arrondissement. Nous les avons repoussés jusqu’au niveau de leur base. Mais nous avons été stoppés par la Minusca qui s’est interposée » a expliqué un élément de FACA de km5 qui a déploré quatre blessés dans leur rang lors de l’opération d’arrestation des éléments de Abdoul Danda.
Difficile pour le RJDH d’entrer en contact avec le nommé Abdoul Danda mis en cause dans le meurtre du commandant de l’armée, acte qui a occasionné des violences dans plusieurs quartiers de Bangui, violences qui ont fait selon la Minusca cinq morts.
Centrafrique : Calme précaire au Km5 après les violences de la veille
BANGUI, 05 octobre (RJDH)—Un calme précaire est observé depuis ce matin au km5 après les violences d’hier occasionnées par l’assassinat du commandant Marcel Mombeka. Malgré ce calme, les activités restent paralysées, selon le constat du RJDH.
Les tirs sporadiques entendus depuis hier, ont cessé selon des habitants de km5 joint ce matin par le RJDH.
Ali Moussa parle de calme précaire qui ne permet pas encore la reprise des activités commerciales, « le secteur est calme depuis ce matin. Nous n’avons pas entendu des crépitements d’armes comme cela était le cas hier. Malgré ce calme précaire, les activités commerciales n’ont pas repris » a-t-il décrit.
Des barrières illégales, selon un autre habitant, ont été érigées à certains endroits ce qui fait peur à la population qui craint le pire« la situation est calme mais la peur est visible parce que certains hommes armés ont érigé des barrières à la sortie et à l’entrée de km5. C’est ce qui nous fait peur » a-t-il expliqué.
Le porte-parole de la Minusca, Vladimir Montéiro, lors d’une conférence de presse a indiqué que la force onusienne a pris les mesures nécessaires pour faire face à toute éventualité « des mesure sont prises depuis hier. Nous avons maintenu la pression. Nous faisons tout pour qu’il n’ait pas escalade de violence » a-t-il confié.
Le km5 dans le 3ème arrondissement de Bangui, est sous tension depuis le mardi 04 octobre après l’assassinat d’un commandant de l’armée nationale. Le bilan des violences de la veille, selon la Minusca est de cinq morts et cinq blessés. MSF a confié avoir reçu 10 blessés à l’hôpital général
Centrafrique : La Minusca compte arrêter les ex-Séléka visés par des mandats d’arrêt en cas d’AG à Bria
BANGUI, 5 octobre 2016(RJDH)—La Minusca a annoncé avoir pris les dispositions pour procéder à l’arrestation des leaders de l’ex-Séléka sous mandat d’arrêt. L’annonce a été faite ce mercredi 5 octobre lors de la conférence de la mission par le porte-parole des forces de la Minusca, le lieutenant-colonel Ibrahim Al Moustapha.
Selon le porte-parole militaire de la Minusca, les forces onusiennes ont renforcé leurs dispositifs à Bria où est attendu une Assemblée Générale de l’ex-Séléka. Pour lui, l’objectif est d’arriver à mettre la main sur ceux des leaders de l’ex-Séléka visés par des mandats d’arrêt « la force redouble de vigilance pour l’Assemblée Générale de Bria et renforce des Check-points afin d’assurer le respect de la zone sans arme et arrêter les leaders de l’ex-Séléka qui font l’objet de mandat d’arrêt » a fait savoir le lieutenant colonel.
L’annonce de la Minusca intervient au moment où des regroupements des ex-Séléka sont signalés à Bria où ils projettent de tenir une Assemblée Générale pour mettre en place un commandement unique.
Devant les députés de la Nation, lors de l’interpellation du gouvernement en juillet dernier, le ministre de la justice faisait état de l’existence d’une centaine de mandats d’arrêt délivrés par la justice centrafricaine contre des leaders de groupes armés.
Kinshasa AFP / 04 octobre 2016 22h23- Le gouvernement congolais a accusé mardi le chef de la diplomatie française Jean Marc Ayrault d'encourager les extrémistes dans ses déclarations demandant au président congolais Joseph Kabila de respecter la Constitution de la République démocratique du Congo et de ne pas se représenter à la présidentielle.
Après avoir allumé le brasier en encourageant les extrémistes, il évacuera ses compatriotes et laissera les Congolais se débrouiller, a déclaré à l'AFP Lambert Mende, porte-parole du gouvernement, en réaction aux propos du ministre français des Affaires étrangères sur la crise politique en RDC sur la chaîne TV5 Monde.
La sollicitude du ministre Ayrault pour la RDC devient suspecte, a ajouté M. Mende, parce qu'elle rappelle les interférences qui ont créé le chaos en Libye.
Aujourd'hui, la RDC a plus besoin de consensus que de ces invectives inutiles, a-t-il poursuivi, indiquant qu'à ce jour, la France n'a pas apporté un seul franc pour les élections en RDC.
Dans la journée, l'ambassadeur de France en RDC a été convoqué au ministère des Affaires étrangères congolaises où il s'est entretenu avec le vice-ministre Antoine Muyamba en charge des Congolais de l'étranger, selon la télévision d'État, pour lui faire part de la préoccupation du gouvernement congolais suite aux déclarations répétées du chef de la diplomatie française Jean-Marc Ayrault sur la situation en RDC.
Il a accusé à l'occasion la France de faire le relai d'une partie de la classe politique.
Le mandat de M. Kabila, au pouvoir depuis 2001, arrive à son terme le 20 décembre. La Constitution lui interdit de se représenter, mais le chef de l'État ne donne aucun signe de vouloir quitter son poste alors que le scrutin présidentiel apparaît désormais impossible à organiser dans les temps.
La RDC a connu les 19 et 20 septembre une explosion de violences - qui ont fait au moins 53 morts, dont quatre policiers, selon l'ONU - liées au report de la présidentielle qui devait se tenir cette année.
La commission électorale de la RDC (Céni) projette d'organiser la présidentielle fin 2018 arguant des contraintes logistiques pour justifier ce report.
La majorité, une frange minoritaire de l'opposition et une fraction de la société civile qui prennent part aux travaux du dialogue national en vue d'élections apaisées en RDC négocient depuis samedi un accord politique en vue de fixer par consensus la date de la présidentielle.
Le Rassemblement des forces politiques et sociales autour de l'opposant historique Étienne Tshisekedi, qui boude le dialogue national, tenait son conclave mardi à Kinshasa en vue de proposer une feuille de route de sortie de crise née de la réélection contestée de M. Kabila en 2011 dans un scrutin entaché d'irrégularités.
BANGUI, République centrafricaine 4 octobre 2016 | 15:06 — Le commandant des forces armées de République centrafricaine a été tué par balle et son fils adolescent a été blessé lors d’une attaque survenue près d’un commissariat de police de Bangui, la capitale, a annoncé un membre de la famille, mardi.
Marcel Mombéka a été abattu dans son véhicule mardi dans le quartier musulman PK5 de Bangui, a déclaré sa soeur, Kevine. Son fils âgé de 14 ans a aussi été blessé, a-t-elle ajouté.
Le ministre centrafricain de la Sécurité publique, Jean-Serge Bokassa, a dénoncé des «actes visant à déstabiliser la nation», affirmant qu’ils ne resteraient pas impunis. La mission des Nations unies en Centrafrique a également condamné l’assassinat, en ajoutant qu’elle contribuerait à l’enquête.
Également mardi, trois hommes peuls qui faisaient paître leur bétail à Bangui ont été tués, de même qu’un jeune homme musulman qui avait quitté le quartier PK5 pour trouver sa femme, a indiqué le responsable d’une entreprise de bétail, Patrick Ningata Ndjita. On ne sait pas si ces meurtres sont survenus après celui du commandant Mombéka.
Un officier et trois éleveurs peuls tués à Bangui en Centrafrique
Un officier de l'armée centrafricaine a été tué mardi matin dans le quartier musulman PK5 de Bangui, et trois éleveurs peuls ont été tués en représailles, selon le ministre de la Sécurité Jean-Serge Bokassa.
"Marcel Mombeka a été tué du côté du PK5 dans des zones sous contrôle de groupes d'autodéfense" du quartier, a déclaré à l'AFP le ministre qui parle d'une situation "extrêmement tendue".
Ces groupes d'autodéfense sont liés à des éléments "radicaux appartenant à la communauté musulmane", d'après le ministre.
Le commandant a été mortellement touché par balle alors que son véhicule stationnait non loin du marché, en compagnie de son fils de 14 ans qui a été légèrement blessé mais dont les jours ne sont pas en danger, selon les témoignages recueillis par un correspondant de l'AFP.
Les auteurs de cet acte ne sont pas identifiés.
Trois éleveurs peuls (musulmans) ont été tués plus tard "en représailles" alors qu'ils faisaient paître leur troupeau devant l'abattoir de Bangui dans le 6ème arrondissement, d'après le ministre.
"Les forces de sécurité ont protégé une vingtaine d'éleveurs qui ont été acheminés vers la gendarmerie pour leur protection", a ajouté M. Bokassa.
La Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca, environ 12.000 hommes) "dénonce ces actes inadmissibles qui menacent la paix et la stabilité encore fragiles, obtenues à la suite d'efforts considérables de la part des autorités centrafricaines et des forces internationales".
La prise du pouvoir par les rebelles Séléka (coalition en sango) à dominante musulmane en 2013, après le renversement de l'ex-président François Bozizé, a précipité la Centrafrique dans le chaos. Une contre-offensive de milices anti-Balaka, majoritairement chrétiennes, a entrainé de nouvelles exactions contre la communauté musulmane.
Le conflit a fait des milliers de morts et des centaines de milliers de déplacés, d'après les Nations unies.
L'intervention de l'opération française Sangaris, puis de la Minusca a ensuite stabilisé la situation et permis l'élection dans un calme relatif du président Faustin-Archange Touadéra en début d'année 2016.
Dans une étude publiée ce 2 octobre – la toute première de sa nouvelle collection annuelle intitulée « Pauvreté et prospérité partagée » –, la Banque mondiale met en avant la lutte contre les inégalités comme le rempart pour faire reculer la pauvreté dans la monde.
S’appuyant sur des données recueillies notamment auprès de pays cités comme modèles (le Brésil, le Mali ou encore la Tanzanie), les chercheurs de l’institution ont identifiées six stratégies (ci-dessous) à l’ « efficacité avérées » pour aboutir à cette fin. Ces dernières ont pour effet « la hausse des revenus des pauvres ainsi qu’une amélioration de leurs accès aux services essentiels et de leurs perspectives de développement à long terme, sans entraver pour autant la croissance ».
« – Développement de la petite enfance et nutrition : il s’agit d’aider les enfants au cours des 1 000 premiers jours de leur vie, puisque des carences nutritionnelles et un sous-développement cognitif pendant cette période peuvent provoquer des retards d’apprentissage et une moins bonne réussite scolaire plus tard.
– Couverture médicale universelle : une couverture médicale pour permettre à ceux qui en sont exclus d’accéder en temps voulu à des soins abordables, réduire les inégalités et améliorer les capacités d’apprentissage, de travail et d’épanouissement des individus.
– Accès universel à une éducation de qualité : il s’agit de s’assurer que chaque l’enfant bénéficie dorénavant, partout, d’une éducation de qualité. L’éducation pour tous doit mettre l’accent sur les apprentissages, les connaissances et l’acquisition de compétences comme sur la qualité de l’enseignement.
– Transferts monétaires aux familles démunies : ces programmes fournissent aux ménages pauvres un revenu de base qui permet aux enfants d’être scolarisés durablement et aux mères d’accéder à une prise en charge médicale essentielle. Ils peuvent également les aider à acheter des semences, des engrais ou du bétail et à surmonter des chocs dévastateurs, comme les sécheresses, les inondations, les pandémies, les crises économiques… Il a été établi que ces programmes réduisent fortement la pauvreté et ouvrent des perspectives, pour les parents comme pour les enfants.
– Infrastructures rurales, en particulier les routes et l’électrification : quand elles existent, les routes dans les zones rurales réduisent les frais de transport, relient les agriculteurs aux marchés qui peuvent y écouler leurs produits, facilitent les déplacements des travailleurs et améliorent l’accès aux écoles et aux dispensaires. (…). Grâce à l’électricité, les petites entreprises familiales gagnent en viabilité et productivité, deux facteurs critiques dans les communautés rurales pauvres.
– Fiscalité progressive : des impôts équitables et progressifs permettent de financer les politiques et les programmes publics requis pour équilibrer la donne et transférer des ressources aux plus pauvres, sachant que des régimes fiscaux peuvent être conçus pour réduire les inégalités tout en limitant au maximum les coûts d’efficacité ».
Ces mesures qui sont pour la plupart « à la portée financière et technique des différents pays (…) ont systématiquement obtenu des résultats positifs », a commenté Jim Yong Kim, le président du Groupe de la Banque mondiale.
D’après le rapport, pratiquement 800 millions d’individus vivaient avec moins de 1,90 dollar par jour en 2013, soit environ 100 millions de personnes de moins qu’en 2012, du fait des progrès réalisés essentiellement en Asie. Et désormais, la moitié des individus extrêmement pauvres vivent en Afrique subsaharienne contre un tiers en Asie du Sud.
Dans une interview accordée à TV5 Monde lundi dans la soirée, le ministre des Affaires étrangères et du développement international français, Jean-Marc Ayrault, est revenu sur la situation en République démocratique du Congo. Il reproche au président Joseph Kabila de "ne pas respecter la Constitution pour garder le pouvoir" et de créer les conditions d'une guerre civile.
Jean-Marc Ayrault a été pour le moins loquace au sujet de la situation actuelle en RDC. Lors d’une interview à TV5 Monde lundi 3 octobre, le ministre des Affaires étrangères français a dénoncé « le temps de la gouvernance où l’on s’installe au pouvoir, et on en part jamais ». « Cela doit s’achever », a-t-il martelé.
La gouvernance de Kabila fustigée
Derrière ces mots, un nom : celui de Jospeh Kabila. « Je dénonce ce président qui n’a qu’un but : ne pas respecter la Constitution pour garder le pouvoir », poursuit-il. Mais Jean-Marc Ayrault le sait : émettre une critique à l’égard d’un président africain peut se retourner contre lui. Il a donc d’emblée paré d’éventuelles accusations :
« Ce n’est pas de l’ingérence », soutient-il, eu égard aux propos de Joseph Kabila qui avait signifié récemment à la France que « la RDC n’est pas un département d’outre-mer français ». « Il s’agit seulement du respect du droit et des principes », embraie le ministre.
Menace de sanctions
Jean-Marc Ayrault se montre par ailleurs inquiet de la tension sécuritaire et sociale qui règne en RDC. « Il faut absolument que la Constitution soit respectée, qu’une date soit fixée pour les élections et que le dialogue national ait vraiment lieu. Il y a un vrai risque de guerre civile ». Enfin, en accord avec les États-Unis, il brandit la menace de sanctions si la situation venait à dégénérer. « S’il faut passer par les sanctions, on les mettra en oeuvre, mais j’appelle surtout à la raison. Si les dirigeants veulent le bien de leur peuple, il faut respecter la Constitution ».
Bangui, 4 octobre 2016 – La Mission Multidimensionnelle Intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République Centrafricaine (MINUSCA) condamne fermement les violences qui ont frappé le quartier de PK5, à Bangui, mardi matin. Ces actes irresponsables qui ont fait des victimes, font suite à un meurtre suivi d’une tentative de revanche.
La MINUSCA dénonce ces actes inadmissibles qui menacent la paix et la stabilité encore fragiles, obtenues à la suite d’efforts considérables de la part des autorités centrafricaines et des forces internationales. La Mission appelle au calme et à la responsabilité des uns et des autres pour mettre fin à ce type d’incidents et ainsi éviter de nouvelles violences.
La MINUSCA met en garde contre toute manipulation par les ennemis de la paix et va apporter son aide aux enquêtes des forces de sécurité intérieure sur les incidents à PK5.
BANGUI, 04 octobre 2016—Le commandant de l’armée, Marcel Mombéka a été tué ce matin au km5 par des hommes armés non identifiés. Son fils a été blessé au bras lors de l’attaque, selon des sources hospitalières.
Le commandant a été tué alors qu’il faisait des courses au km5 avec sa femme, son fils et sa petite sœur. Selon un témoin contacté par le RJDH, le commandant a reçu des balles à la gorge « il était descendu du véhicule pour faire des achats. Celui qui lui a tiré dessus, l’a salué avant de commettre son forfait » a expliqué cette source.
De sources concordantes, Marcel Mombéka n’est pas mort sur le champ « c’est en le transférant à l’hôpital qu’il est mort » a confié un autre témoin.
Du coté des parents du défunt, on ne souhaite pas pour le moment se prononcer sur cet incident. Un des fils du défunt interrogé par le RJDH a confié avoir eu, depuis deux jours l’information sur une éventuelle attaque contre son père. Ce dernier dit avoir passé le message sauf que son père n’a pas voulu se laisser faire. Difficile de savoir qui est derrière cette attaque tant plusieurs groupes armés sont concentrés au km5.
Un monde fou a pris d’assaut la morgue de l’hôpital communautaire où l’émotion était vive. Plusieurs membres du gouvernement sont passés pour s’imprégner de la situation. Mais aucun n’a fait de déclaration. Au moment où nous mettons sous presse, le ministre de la sécurité publique s’apprête à faire une déclaration par rapport à la situation.
Au km5, la tension est réelle depuis que la mort de ce commandant est confirmée. La panique a été générale dans cette partie de Bangui où sont concentrées les activités commerciales. Marcel Mombéka a été garde du corps de l’ancienne présidente Catherine Samba-Panza.
Centrafrique : Le ministre de la sécurité appelle au rassemblement face aux fauteurs de trouble
BANGUI, 4 Octobre 2016(RJDH)—Jean Serge Bokassa, ministre de la Sécurité a appelé au rassemblement face aux actions de ceux qu’il qualifie de fauteurs de trouble. La déclaration a été faite quelques heures après l’annonce de l’assassinat ce mardi 4 octobre 2016 au km5 de Marcel Mombéka, commandant de l’armée nationale.
Sans donner des précisions sur les actions que compte organiser le gouvernement face au regain de violences, Jean Serges Bokassa a appelé les Centrafricains à faire un bloc « le gouvernement appelle les Centrafricains à l’unité et à la solidarité autour de ses actions pour faire face aux fauteurs de troubles. Le plus bel exemple que nous pouvons donner est celui de l’unité et de la solidarité » affirme le ministre qui met en garde les auteurs des violences « ceux qui utilisent la violence doivent comprendre que leurs actes ne resteront pas impunis. Le gouvernement mettra tout en œuvre pour que justice soit faite » prévient le membre du gouvernement.
Pour Jean Serge Bokassa, les actes de violences sont dirigés contre la paix « les faits de ces derniers jours témoignent à suffisance, la volonté de certains, la volonté criminelle, meurtrière d’enfreindre le processus de paix engagée par le chef de l’Etat. Céder à ces provocations en donnant libre court à des actes de vengeance personnelle ne saurait arranger la situation. Ne vous livrez pas dans la vengeance aveugle, il faut laisser la place aux forces de sécurité intérieur de faire leur travail», affirme t-il.
L’appel à l’unité du ministre de la sécurité publique fait suite à l’assassinat d’un commandant de l’armée nationale, acte qui a fait monter la tension dans la capitale centrafricaine.
Marcel Mombéka, officier des Faca est tué par des hommes armés du km5, trois mois après la prise en otage de six policiers par un groupe armé opérationnel dans ce secteur.
Centrafrique : MSF suspend pour quatre jours ses activités au km5
BANGUI, 4 octobre 2016 (RJDH)—Médecins Sans Frontières a annoncé dans un communiqué la suspension de ses activités au km5 pour quatre jours. Cette réaction fait suite à l’agression le 29 septembre dernier d’un patient lors de son transfert à l’hôpital par le véhicule de l’ONG.
Cette suspension entre en vigueur ce mardi, jusqu’au vendredi prochain, selon le document de MSF dont le RJDH a eu copie. Il s’agit d’une réaction à l’agression le jeudi 29 septembre d’un malade que l’organisation médicale transférait à l’hôpital pour des soins « alors que l’ambulance transportait le blessé, un groupe d’hommes armés l’ont bloquée, menacé le staff et tiré deux fois sur le patient qu’ils avaient sorti de l’ambulance sous la menace des armes » résume MSF dans son document.
Pour cette organisation médicale, l’activité des groupes armés au km5 « ne permet pas de garantir la sécurité des activités d’assistance aux patients »peut-on lire dans le communiqué.
Cette suspension d’activités concerne, d’après MSF « les services de maternité de Gbaya Dombia, l’appui aux soins pédiatriques au centre de santé de Mamadou Mbaiki ainsi que ses cliniques mobiles dans les différents sites de PK5 » spécifie le document.
MSF invite les patients à s’orienter durant la période de suspension vers les centres les plus proches « les mamans qui ont besoin de soins sont invitées à se rendre à la maternité MSF des Castors, et les patients nécessitant des soins d’urgence au centre Henri Durant à Pk 5 ou aux hôpitaux de la ville » annonce MSF.
La suspension des activités de MSF au km5 commence au moment où la localité est sous tension après l’assassinat d’un commandant de l’armée, assassinat attribué à des hommes armés présents dans le secteur.