BANGUI - 12 octobre 2016
Honorable Président de l’Assemblé Nationale ;
Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;
Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement ;
Mesdames et Messieurs les Chefs de Missions diplomatiques et Consulaires ;
Monsieur le Représentant du Secrétaire Général des Nations Unies, Chef de la MINUSCA ;
Monsieur le Représentant Spécial de l’Union Africaine ;
Honorables Mesdames et Messieurs les Députés de la Nation ;
Mesdames et Messieurs les Représentants des Organisations Internationales ;
Mesdames et Messieurs les Membres du Comité Consultatif et de Suivi du Programme DDRR ;
Messieurs les Responsables des Groupes Armés ;
Chers Participants ;
Mesdames et Messieurs ;
C’est un bien grand plaisir pour moi que d’avoir à procéder au lancement officiel du Programme pour la Paix, la Réconciliation Nationale et le Dialogue entre les différents acteurs du DDR.
En effet, depuis mon accession à la Magistrature Suprême de l’Etat, je n’ai cessé de rappeler à mes Compatriotes que le DDRR, la RSS, la Réconciliation Nationale et le Dialogue sont les seules voies de sortie de crise et de relèvement de notre pays.
Comme vous le savez, la grave crise qui a frappé notre pays la République Centrafricaine appelle à des solutions multidimensionnelles parmi lesquelles, la recherche de la sécurité et de la Paix.
Pour résoudre ces problèmes et répondre aux attentes diverses de nos populations, il nous faut un cadre de coordination et de concertation clair, efficace et transparent.
C’est dans cette perspective que dès mon investiture, j’ai reçu les responsables des groupes politico-militaires afin de les exhorter à adhérer volontairement à ma vision du DDRR que je qualifie de « DDRR de dernière chance ».
Pourquoi de dernière chance ? Parce que notre pays a trop souffert de conflits armés et face à cela, il nous faut prendre en compte les causes endogènes et exogènes de ces multiples confits dans la formulation d’un nouveau programme de DDRR.
C’est dans cet élan que j’ai créé une nouvelle structure qui est désormais rattachée à la Présidence afin de veiller personnellement à son bon fonctionnement, car les expériences des différents programmes DDRR et de la RSS passées n’ont pas donné les résultats escomptés.
Ma vision est donc fondée sur une approche inclusive, c’est pourquoi la mise en place du Comité Consultatif et de Suivi du DDRR et la mise en œuvre de l’Accord sur les principes Désarmement, Démobilisation, Réintégration et Rapatriement signés le 10 mai 2015 lors du Forum National de Bangui sont les priorités du nouveau DDRR.
Cet Accord inspiré du Pacte Républicain, reflète la volonté au niveau national et international de la sécurité humaine ; il offre un cadre juridique et une confiance dans le processus de paix.
Axé sur des objectifs plus stratégiques que les DDR passés, le programme de DDRR de « dernière chance » que j’ai proposé exige la formulation d’approches nouvelles et novatrices car il diffère par ses orientations, à savoir : appuyer le processus de consolidation de la paix à plus long terme, contribuer à la restauration de l’autorité de l’Etat et permettre la relance économique, réduire la pauvreté dans toutes les couches de la population.
Cette stratégie est sensible aux dynamiques locales et peut combiner diverses activités telles que les programmes classiques de collectes d’armes (désarmement), la réinsertion inscrite dans le cadre de la démobilisation avant le processus de réintégration, la formation professionnelle et les programmes spécialement destinés aux jeunes ainsi qu’aux populations vulnérables.
L’accent est également mis sur les aspects économiques de la réintégration comme solutions de remplacement à la violence.
Mesdames, Messieurs ;
Le processus de DDRR national est donc un vaste chantier qui nécessite beaucoup d’investissements humains et financiers. Sa réussite fait appel à la contribution de tous les acteurs dans un esprit de confiance réciproque.
C’est dans cette vision holistique que j’ai créé, à côté de la Coordination Nationale DDRR/RSS/RN, le Comité Consultatif et de Suivi du PNDDRR, un organe qui comprend les représentants des Pouvoirs Publics, des Groupes Armés, de la Société Civile, avec l’appui de la Communauté Internationale qui nous accompagne depuis le début de cette crise.
Mes vœux les plus ardents sont de voir ce Comité jouer pleinement son rôle pour faciliter la mise en œuvre du Programme National qui sera présenté aux bailleurs et potentiels donateurs lors de la rencontre de Bruxelles au mois de Novembre 2016.
Au niveau international, j’ai eu plusieurs rencontres ces derniers mois pour parler de ce programme qui, à mon avis, permettra de renforcer la réconciliation, de relancer l’économie et la croissance.
Je puis vous assurer que beaucoup de pays, beaucoup d’organisations internationales et non-gouvernementales sont disposés à nous aider, car notre expérience post conflit basée sur la démocratie, le respect des Droits de l’Homme, la promotion de la Justice, recréera la confiance entre tous.
C’est pourquoi, nous devons faire preuve d’appropriation nationale de recherche de solutions durables à nos problèmes par nous-mêmes.
Certes, le chemin de la paix est semé d’embuches, mais si nous avons la volonté, l’engagement de faire la paix dans nos cœurs, de prendre conscience d’un changement de comportement, d’adhérer au pardon et à la réconciliation, nous parviendrons à remettre ce pays debout. Nous serons ainsi fiers d’avoir apporté notre pierre à la reconstruction de ce vaste, riche et beau pays pour lequel Barthélemy BOGANDA s’est sacrifié.
L’occasion est propice pour vous dire que le consensus politique qui est déjà acquis avec la mobilisation de l’Assemblée Nationale, du Gouvernement, de la population toute entière doit se poursuivre et se renforcer davantage avec la contribution des partis politiques et d’autres acteurs du développement.
Distingués invités ;
Mesdames et Messieurs,
M’adressant particulièrement à nos frères des groupes politico-militaires qui m’ont fait part de leurs préoccupations dans les discours de leurs représentants, je voudrais compter sur leurs adhésions franches à ce programme DDRR et leurs contributions individuelles et collectives aux différents travaux du Comité Consultatif et de Suivi qui ont démarré ce jour.
Aujourd’hui, plus que jamais, le consensus de tous doit être l’objectif à atteindre pour créer plus de confiance entre nous et auprès de nos partenaires.
C’est pourquoi, s’agissant de nos compatriotes des Groupes Armés qui n’ont pas encore adhéré formellement au Programme National DDRR, nous leur lançons un vibrant appel, car c’est ensemble que nous allons résoudre nos différents problèmes et reconstruire la République Centrafricaine.
Chers Compatriotes ;
Il ne sert à rien, après les élections saluées par l’ensemble de la communauté internationale, de vouloir perpétuer la violence aveugle en défiant l’autorité légalement établie et les institutions issues des élections.
Il ne sert à rien de marcher contre la paix. Le peuple centrafricain a clairement exprimé sa soif de la paix lors des dernières consultations électorales.
Pour ma part, j’ai toujours affirmé, que si Dieu m’a donné pour responsabilité de conduire la destinée de notre pays, mon premier devoir, dans le cadre de cette responsabilité, est d’épuiser tous les moyens possibles pour épargner à mes Compatriotes les maux d’une autre crise tragique comme celle que nous venons de connaître et qui n’honore pas notre pays.
Je vous invite tous à œuvrer pour la paix. Ceux qui travaillent pour la paix auront la prime de la paix.
En saisissant cette occasion, je renouvelle mes plus sincères remerciements à la communauté internationale pour les efforts réalisés, pour son soutien indéfectible et pour son concours tout au long de ce processus.
Je voudrais aussi demander à nos partenaires de continuer à appuyer la République Centrafricaine dans sa quête de la paix et de relèvement économique.
Je ne saurais terminer mon propos sans remercier tous ceux qui, de près ou de loin, ont contribué à la réussite de cette rencontre.
A tous les participants, je souhaite plein succès pour les travaux actuels et futurs du Comité Consultatif et de Suivi auxquels ils auront à participer.
Vive le retour à la Paix.
Vive la solidarité entre tous les fils et filles de Centrafrique ;
Vive le soutien de la Communauté Internationale ;
Vive l’engagement de tous les Centrafricains pour un Centrafrique Nouveau.
Que Dieu bénisse la République Centrafricaine !
Je vous remercie.
DÉCLARATION-EX MOUVEMENT ANTI-BALAKA A LA RÉUNION DU DDRR
Excellence, Monsieur le Président de la République, Chef de l'Etat ;
Très Honorable, Monsieur le Président de l'Assemblée Nationale ;
Excellence, Monsieur le Premier Ministre, Chef du Gouvernement ;
Excellence, Mesdames et Messieurs les Ministres, Membres du Gouvernement ;
Excellence, Monsieur le Représentant des Nations Unies, Commandant en Chef de la MINUSCA ;
Excellence, Messieurs les Chefs de Missions Diplomatiques en Centrafrique ;
Distingués invités,
Aux lendemains de l'élection présidentielle et des législatives de 2015-2016 ayant permis le retour à la légalité constitutionnelle, la République centrafricaine peine toujours à trouver les solutions idoines de sortie de crise et pour le retour d'une paix durable, malgré les efforts multiformes de la Communauté Internationale à son chevet.
La table ronde de Bruxelles annoncée en novembre prochain s'inscrit en toute logique comme une bouée de sauvetage qui pourra résoudre les épineux problèmes centrafricains parmi lesquels le gros dossier du programme de désarmement-Démobilisation-Réintégration-Rapatriement (DDRR).
Le vœu ardent de tous est que cette question du DDRR qui sera évoquée et soutenue par le gouvernement puisse emporter l'adhésion des donateurs, mais ce vœu pieux devrait s'accompagner des mesures concrètes.
Oui, nous nous adhérons entièrement et totalement au processus de DDRR, car c'est le facteur primordial aussi bien pour la consolidation de la paix après un conflit que pour le développement d'un pays à plus long terme.
Étant entendu que l'objet de ce processus est de contribuer à la sécurité et à la stabilité dans un contexte post conflit de sorte que la reconstruction et le développement puissent être amorcés, il est urgent de tout mettre en œuvre pour ne pas échouer.
Nous sommes tous conscients de l'enjeu du programme de DDRR qui fera des ex-combattants des participants actifs au processus de paix et de cohésion nationale. C'est pourquoi, rien ne doit se faire ni dans la précipitation, ni avec un esprit roublard, car il faut aussi avoir à l'esprit, les échecs du passé dans ce genre de processus...Quelles leçons devrions nous tirer des précédents programmes?
Oui, en participant aux forums de Brazzaville puis de Bangui et en signant l'accord de cessation des hostilités ainsi que les accords sur le DDRR, l'ex-mouvement Anti Balaka s'est résolument inscrit dans la voie de la paix, la stabilité et la libre circulation des biens et des personnes. Cela illustre bien que les groupes armés ne ferment pas la porte aux espoirs de paix, de stabilité, de justice et de cohésion nationale.
Nul n'ignore que la République centrafricaine, notre pays a été envahie et agressée par des mercenaires assassins qui se livraient à des exactions contre les populations civiles en toute impunité.
La cruauté des mercenaires et celle de ceux qui les ont fait venir pour massacrer les centrafricains et piller les ressources nationales étaient inqualifiables. Ils avaient pris en otage la population éprise de paix, de justice et de développement.
Et quand un pays fait face à de tels actes, ses vaillants enfants se doivent de l'honorer et le défendre au prix de leur vie. D'où, le soulèvement populaire ayant donné naissance à l'ex-mouvement Anti Balaka qui se voulait un mouvement de résistance pour combattre et chasser les mercenaires. C'est cette conviction patriotique qui a animé tous les ex combattants.
La République centrafricaine, à un moment critique de son histoire, avait besoin des patriotes à la trame du général de Gaulle qui incarna la pierre angulaire de la conviction, la volonté et la résistance sans laquelle la France aurait été humiliée dans la défaite et la soumission.
C'est aujourd’hui, dans la même conviction patriotique que nous allons continuer à soutenir le processus de DDRR.
Pour moi, nous n'avons qu'un seul pays et une seule Nation. Nous n'avons qu'une seule patrie, c'est la République centrafricaine. Toutes les 16 préfectures font partie intégrante de la superficie nationale qui est de 623 000 km2.
La Centrafrique combattante d'hier devrait être rejointe par toutes les filles et fils de Centrafrique pour une seule direction, celle du "Combat de la Paix et de la cohésion sociale"! Cette exhortation ne doit souffrir d'aucune faille si l'on veut que les actions en faveurs du développement soient couronnées de succès.
Les groupes armés doivent être impliqués au plus haut niveau de toutes les structures chargées de la gestion du programme de DDRR.
J'exhorte aussi à cet effet, Monsieur le Président de la République, Chef de l'Etat à faire preuve d'un leadership courageux, audacieux, et persévérant, auréolé de beaucoup de stratégies à l'image du Président Colombien dont les efforts pour parvenir à un accord historique de paix avec la guérilla marxiste des FARC après plus de 50 ans de guerre civile, ont été reconnus, salués et couronnés par l'attribution du célèbre Prix Nobel.
Notre grande attente à l'endroit du Gouvernement est de mettre en œuvre un processus de DDRR transparent et inclusif qui fasse une place aux groupes armés, d'une part, et qui s'oblige à trouver des solutions à long terme pour s'occuper des ex-combattants qui seront désarmés puis démobilisés en assurant durablement leur intégration socioéconomique.
Aussi, la question de l'immigration ne doit pas être traitée avec fébrilité, froideur et passivité. Les étrangers qui souhaitent s'installer durablement sur le territoire national de note pays, doivent être en règle vis-à-vis de la législation centrafricaine en matière de l'entrée et du séjour des étrangers en République centrafricaine, connaître et respecter les valeurs qui fondent le pacte républicain, faute de quoi, ils doivent être invités à quitter le pays.
Je demande instamment aux forces de maintien de la paix déployées en République centrafricaine dans le cadre du mandat des Nations Unies, d'appliquer strictement les différentes résolutions votées par le Conseil de Sécurité visant la protection des populations civiles et la stabilisation du pays.
Quant à la Communauté internationale dont nous saluons les actes déjà posés, nous sollicitons d'elle des contributions financières conséquentes pour répondre aux besoins du programme de DDRR et de la réforme du secteur de défense et de sécurité.
Cette même attente s'adresse aux chancelleries dans le but d'apporter des appuis sincères et positifs pour faciliter ce processus DDRR.
En somme, j'invite très solennellement toutes les parties engagées dans le processus de DDRR à jouer la carte de la sincérité, la franchise, la transparence, l'inclusion, et à faire table rase des flagorneries, la roublardise et l'opacité pour s'attaquer aux réels problèmes et y apporter des solutions nécessaires; la survie de la RCA en tant qu'Etat en dépend et ce ne serait que très honorable pour la solidarité Nationale et Internationale.
Je vous remercie.