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http://www.france24.com/ 30/10/2016
Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, a atterri dimanche soir en Centrafrique pour mettre fin à l'opération Sangaris, qui avait permis de mettre fin aux tueries en décembre 2013. Des groupes armés poursuivent pourtant leurs exactions.
Le ministre français de la Défense, Jean-Yves Le Drian, est arrivé en Centrafrique dimanche 30 octobre dans la soirée à Bangui pour acter la fin de l'opération Sangaris qui aura mis fin aux tueries de masse en Centrafrique, sans parvenir à neutraliser les bandes armées qui terrorisent la population. L'annonce du repli des soldats français avait été faite le 30 mars dernier.
"La France ne laisse pas tomber la Centrafrique", a insisté le ministre des Affaires étrangères, Jean-Marc Ayrault. Mais malgré la présence de plus de 10 000 Casques bleus de la Minusca, la mission des Nations Unies en Centrafrique, nombre de Centrafricains ne cachent pas leur inquiétude quant au départ des soldats français, arrivés dans l'urgence en décembre 2013.
Recrudescence de la violence
Ces dernières semaines, les Centrafricains voient en effet les groupes armés reprendre leurs exactions à grande échelle à l'intérieur du pays. Selon la Minusca, elles ont fait au moins plusieurs dizaines de morts et contraint des villageois à se cacher dans la brousse.
Jeudi 27 et vendredi 28, au moins 25 personnes, dont six gendarmes, ont ainsi été tuées lors d'affrontements à Bambari (centre) et ses environs, selon la mission onusienne.
La Centrafrique peine à se relever du chaos de la guerre civile provoquée en 2013 par le renversement de l'ex-président François Bozizé par des rebelles séléka qui avait entraîné une contre-offensive des milices anti-balaka.
Selon Paris, environ 350 militaires français, équipés de drones d'observation, resteront présents, dont une centaine au sein de la force de l'ONU.
Avec AFP
RCA : fin de l'opération Sangaris
Cette opération a essayé de mettre fin aux tueries de masse dans le pays.
Elle n'a pas réussi à neutraliser les bandes armées qui sévissent encore dans certaines localités.
Le ministre français des affaires étrangères s'est voulu rassurant en déclarant que la France ne laissait pas tomber la Centrafrique.
Jean-Marc Ayrault a justifié ses propos en évoquant la présence de plus de 10.000 Casques bleus de la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (Minusca).
Parmi ces Casques bleus, il y a une centaine de militaires français.
Les Centrafricains ne cachent toutefois pas leur inquiétude au sujet du départ des soldats français, arrivés dans l'urgence en décembre 2013.
Jeudi et vendredi, au moins 25 personnes, dont six gendarmes, ont été tuées lors d'affrontements dans le centre du pays.
Fin de l'opération Sangaris en Centrafrique : une réalité sur le terrain nettement moins apaisée que le bilan officiel
http://www.atlantico.fr/ 30 Octobre 2016
Le ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian doit annoncer ce dimanche 30 octobre la fin de l'opération Sangaris. Alors que l'intervention militaire visait à stabiliser la situation en Centrafrique, l'heure est désormais au bilan.
Atlantico : Jean-Yves Le Drian, actuellement en Centrafrique, doit prononcer ce dimanche 30 octobre l'arrêt de l'opération Sangaris. Après plusieurs années d'opérations, quel est le bilan militaire qu'il est possible de réaliser ?
Jean-Vincent Brisset : Il faut se souvenir que la résolution 2127 du Conseil de sécurité des Nations unies, votée à l’unanimité le 5 décembre 2013, autorisait avant tout "le déploiement de la Mission internationale de soutien à la Centrafrique sous conduite africaine (MISCA) pour une période de 12 mois".
Ce déploiement devait être appuyé par des forces françaises autorisées "à prendre temporairement toutes mesures nécessaires". Peu de temps avant l’adoption de cette résolution, différents moyens militaires français avaient été mis en place en Centrafrique et dans les pays voisins. Dès le lendemain du vote, environ 1 000 militaires français sont venus renforcer les 240 membres du détachement permanent installé depuis 2002 pour protéger les ressortissants français et entraîner les troupes locales. Très vite, le Président Hollande annonce que cet effectif sera porté à 1 600 hommes et que l’opération durera "aussi longtemps que nécessaire". Le but affiché est de désarmer les belligérants et de permettre le retour à une situation de stabilité concrétisée par de vraies élections.
Les forces françaises, qui ne seront jamais seulement des "forces d’appui", ont été les seules à agir dès les premiers jours. Les actions de sécurisation commencent immédiatement, marquées par des combats limités. Le volume de la MISCA atteint 4 500 hommes en janvier 2014. Les effectifs français montent à 2 000 hommes et les opérations de désarmement commencent en février, en même temps que la quasi-totalité des musulmans sont évacués de Bangui. Les combats et les massacres continuent, pendant que les forces françaises se concentrent sur l’extension de la zone de responsabilité des militaires de l’Union Africaine à l’ensemble du pays. A partir de juin 2015, l’effectif français est ramené à 900 hommes alors que la MINUSCA, qui a remplacé la MISCA en septembre 2014, compte désormais - au moins en théorie - plus de 10 000 hommes. Le 30 mars 2016, le nouveau Président, Faustin Archange Touadéra, est investi en présence du ministre français de la Défense. La fin de l’opération Sangaris, dont l’effectif est déjà réduit à 350 hommes, est annoncée pour avant la fin 2016.
Les forces françaises, dont 15 000 hommes sont passés sur le terrain, ont eu 3 morts et 120 blessés, mais un nombre très élevé de leurs membres (12%, contre 8% en Afghanistan), spectateurs de violences extrêmes, sont victimes de stress post traumatiques. La MINUSCA a eu une vingtaine de tués. A partir de la fin de 2014, les violences ont largement diminué, mais se sont encore poursuivies en 2015. Le conflit aurait fait entre 3 000 et 6 000 morts et un million de déplacés.
Dans quelle mesure cette opération a-t-elle illustré l'absence de coopération militaire ? Lesquels de nos alliés ont décidé de nous épauler ?
Avant même le lancement "officiel" de l’opération Sangaris, la France a sollicité l’aide de ses alliés, en particulier sur le plan de la logistique aérienne, stratégique ou intra théâtre, domaines particulièrement sensibles alors que la flotte nationale est en forte sous-capacité. Dans les premiers jours, la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ont fourni quelques rotations d’avions de transport stratégiques C17, l’Allemagne annonçant la mise à disposition d’un avion de transport médicalisé. La Lituanie, la Pologne, l’Espagne et la Belgique ont assuré un certain nombre de missions de transport tactique.
Les interventions de troupes au sol alliées se sont limitées à une sécurisation de l’aéroport et de certains quartiers de Bangui, dans le cadre de l’opération européenne EUFOR RCA, qui a concerné 700 hommes au maximum (dont 250 Français, des Espagnols, Finlandais, Italiens, Géorgiens et Polonais), avec un centre de commandement basé (pourquoi ?) en Grèce. L’Europe a aussi lancé, pour 2016, de petites coopérations visant à la formation de militaires centrafricains et à l’aide à la bonne gouvernance.
Comment justifier aujourd'hui l'opération Sangaris ? Alors que son coût est estimé à 200 millions d'euros par Jean-Yves Le Drian, visait-elle à défendre divers intérêt français ? Dans quelle situation laisse-t-elle le pays ?
L’opération Sangaris a globalement atteint les premiers objectifs fixés par le président de la République, qui étaient de désarmer les belligérants et de faire cesser les massacres. Elle a aussi aidé à la difficile montée en puissance d’une force africaine capable, mieux que les précédentes, d’assumer presque seule une opération de maintien de la paix. Par contre, malgré les discours optimistes, le futur est très loin d’être garanti. La situation politique actuelle n’est guère porteuse d’avenir. Le pays reste coupé en deux, avec un pouvoir central très faible.
La fin de l’opération ne se concrétise pas non plus par le départ des derniers militaires français, puisque 350 d’entre eux resteront sur place comme force d’appui de la MINUSCA, donc sans changement ni dans les effectifs ni dans la mission avec ce qui existe depuis plusieurs mois. Et, depuis quelques jours, les exactions semblent reprendre. De nouveaux affrontements entre bandes armées ont fait des dizaines de morts.
Sangaris a permis de défendre le premier des intérêts de la France, qui est de sauvegarder la vie de ses ressortissants. Par contre, les accusations de viols et autres exactions qui auraient été commis par des militaires français laisseront des traces. Le chiffre de 200 millions d’euros, annoncé par le Ministre, est celui du surcoût par rapport à ce qui aurait été dépensé si l’opération n’avait pas eu lieu. Il ne tient pas compte des surconsommations de potentiel des matériels engagés, ni de l’usure des personnels.
Jean-Vincent Brisset
Le Général de brigade aérienne Jean-Vincent Brisset est directeur de recherche à l’IRIS. Diplômé de l'Ecole supérieure de Guerre aérienne, il a écrit plusieurs ouvrages sur la Chine, et participe à la rubrique défense dans L’Année stratégique.
Il est l'auteur de Manuel de l'outil militaire, aux éditions Armand Colin (avril 2012)
COMMUNIQUÉ DE PRESSE
30 octobre 2016 – Le Vice-Secrétaire général des Nations Unies, Jan Eliasson, est attendu mardi à Bangui pour une visite officielle de 48 heures au cours de laquelle il devra réitérer l’engagement de l’organisation onusienne et de la communauté internationale en République centrafricaine.
Jan Eliasson sera reçu en audience mercredi par le Président Faustin Archange Touadéra, avant de s’adresser aux députés à l’Assemblée Nationale. Le Vice-Secrétaire général se réunira aussi avec des représentants de la société civile et la plateforme religieuse. La visite sera notamment marquée par la participation du Vice-Secrétaire général à une réunion de travail sur le DDR ainsi qu’une visite au camp des déplacés à Mpoko, Bangui. La visite de Jan Eliasson s’achève jeudi après-midi par une conférence de presse.
Le séjour de Jan Eliasson à Bangui a lieu deux semaines avant la conférence des donateurs à Bruxelles, dont il sera l’un des principaux animateurs. Le 21 octobre dernier à New York, ce responsable de l’ONU avait appelé la communauté internationale à soutenir le nouveau « Plan national de relèvement » en République centrafricaine.
Lors d’une séance d’information, Jan Eliasson a rappelé que la République centrafricaine venait de « sortir d’une des pires crises de son histoire grâce au soutien et à l’assistance de la sous-région, de l’Union africaine, de l’ONU et d’autres partenaires internationaux » et qu’il peut « désormais se concentrer sur la stabilisation, la réconciliation et la reconstruction, tout en s’attachant à remédier aux causes profondes du conflit. »
Le Vice-Secrétaire général a ajouté que « la tâche qu’il reste à accomplir est titanesque » et que pour que la République centrafricaine y parvienne, « il faut que la communauté internationale continue de lui apporter systématiquement son soutien. »
United Nations Multidimensional Integrated Stabilization Mission in the Central African Republic
Vladimir Monteiro
Spokesperson/Porte-parole
MINUSCA - Avenue Barthélemy Boganda BP 3338 Bangui, Central African Republic
Cellphone: + 236 75980772 / 72259932 Extension : (173) 5545/5506 | E-mail:monteiro6@un.org
http://afrique.le360.ma/ 29/10/2016 à 17h42 Publié le 29/10/2016 à 14h55 Par Mar Bassine
Au moins 25 personnes, dont six gendarmes, ont été tuées jeudi et vendredi lors d'affrontements entre bandes armées dans le centre de la Centrafrique, où de telles violences se multiplient ces dernières semaines, avant la fin, lundi, de l'opération militaire française Sangaris.
"Selon les informations reçues, six gendarmes et quatre civils auraient perdu la vie vendredi matin, lors d’une embuscade sur l’axe Bambari-Grimari. La veille, des affrontements entre éléments anti-balaka et ex-séléka avaient causé 15 morts et un certain nombre de blessés à Mbriki et Belima, dans les environs de Bambari" (250 km au nord-est de Bangui), a indiqué la force de l'ONU (Minusca) dans un communiqué.
La Minusca, qui compte plus de 10.000 soldats et policiers, "condamne par ailleurs une attaque armée menée vendredi après-midi par des anti-balaka contre huit de ses fonctionnaires, alors qu’ils se dirigeaient vers l’aérodrome de Bambari. Un enfant de sept ans a été blessé et est actuellement soigné par les Casques bleus mauritaniens".
Relevant la récente "montée de la tension dans certaines régions du pays, provoquée par des affrontements entre éléments armés des ex-séléka et anti-balaka", la force de l'ONU "appelle les groupes armés à mettre fin au cycle d’attaques et représailles".
Campagne de dénigrement
La Centrafrique peine à se relever du chaos de la guerre civile provoquée en 2013 par le renversement de l'ex-président François Bozizé par des rebelles séléka ("coalition" en sango) majoritairement musulmans, qui avait entraîné une contre-offensive des milices anti-balaka majoritairement chrétiennes.
L'intervention de la force française Sangaris et le déploiement de la Minusca ont mis fin aux massacres mais n'ont pas réussi à stabiliser la situation sécuritaire dans ce pays classé parmi les plus pauvres au monde.
Des attaques de groupes armés - factions d'ex-séléka, groupes d'anti-balaka, éléments "incontrôlés",... - dans plusieurs localités de province ont ainsi fait plusieurs dizaines de morts ces dernières semaines.
Le 24 octobre, quatre civils ont été tués et 14 personnes blessées lors de violences dans la capitale Bangui où un collectif de la société civile centrafricaine avait appelé à une journée "ville morte" pour demander le retrait de la Minusca, accusée de "passivité" face aux groupes armés.
La force de l'ONU rejette avec vigueur ces accusations, les qualifiant de "campagne de dénigrement", orchestrée par les "ennemis de la paix".
Fin de l'opération Sangaris
Le gouvernement centrafricain - qui ne dispose toujours pas de forces de sécurité capables de tenir tête aux groupes armés - soutient la Minusca, tout comme la France, l'ancienne puissance coloniale qui avait lancé Sangaris en décembre 2013 en invoquant un risque de "génocide".
Paris "met en garde tous ceux qui chercheraient à faire obstacle à la réconciliation des Centrafricains et souligne que les auteurs des violences devront rendre compte de leurs actes", a souligné mardi le ministère français des Affaires étrangères.
"La France dénonce les provocations et attaques contre la Minusca et lui réaffirme son entier soutien", selon la même source.
A ce stade, le gouvernement français considère que Sangaris a achevé sa mission et que la suite relève désormais de l'ONU. Le ministre de la Défense, Jean-Yves Le Drian, est d'ailleurs attendu dimanche à Bangui pour diriger lundi la cérémonie marquant la fin officielle de l'opération.
"Sangaris était une opération difficile, risquée, qui a été menée à bien. Il était légitime que le relais étant pris par la Minusca, l'opération s'arrête", a souligné jeudi le chef de la diplomatie française, Jean-Marc Ayrault, ajoutant: "nous ne laissons pas tomber la Centrafrique".
Selon Paris, environ 350 militaires français, équipés de drones d'observation, resteront présents en République centrafricaine (RCA), dont une centaine au sein de la force de l'ONU, notamment au niveau de l'état-major.
BRUITS DE BOTTES
Du nord au sud, de l’est à l’ouest du pays, des bruits de bottes alarmants se font entendre : les ex-Sélékas n’ont pas désarmé. Depuis son élection à la magistrature suprême, Faustin-Archange Touadera est confronté à une terrible épreuve, car la nation centrafricaine affronte l’une des pires crises de son histoire.
De partout montent les périls initiés par les ex-Sélékas, qui ébranlent l’existence même de la République Centrafricaine. Tout se passe comme si des forces destructrices avaient juré la pulvérisation du pays des Bantous. Malgré les appels incessants au dialogue du président démocratiquement élu, malgré l’exaspération des Centrafricains qui n’en peuvent plus des violences récurrentes, les ex-Sélékas continuent de préparer l’affrontement qui leur permettra de s’emparer du pouvoir. Leur dernier communiqué de presse ne laisse aucun doute sur leurs funestes intentions. De leur côté, les Antibalakas font tout pour être prêts à défendre les chrétiens. Autant dire que l’espoir d’un dialogue de paix (SIRIRI) devient de plus en plus ténu.
En face de ces ennemis de la réconciliation nationale, un président, un gouvernement et un pays sans moyens de défense, ayant délégué leur protection à des forces étrangères – lesquelles, chargées par les Nations- Unies de ramener la paix (SIRIRI), non seulement n’ont pas accompli leur mission, mais encore, au lieu d’être la solution du chaos centrafricain, sont devenues un problème.
Sans oublier que la force Sangaris a réduit drastiquement le nombre de ses soldats. C’est d’ailleurs depuis l’annonce de cette réduction que les ex-Sélékas ont repris du poil de la bête, en contestant la légitimité du président Faustin-Archange Touadera. La France dit vouloir maintenir en République Centrafricaine une unité d’intervention rapide. Est-ce qu’elle sera suffisante pour défendre la population et l’intégrité du territoire face aux menaces des bandes armées ? Quand Jean-Yves Le Drian, ministre français de la Défense, proclame : « la mission Sangaris est une réussite... » C’est sans doute une plaisanterie – ou alors, on prend les Centrafricains pour des imbéciles.
Non, monsieur le Ministre, Sangaris n’a pas terminé sa mission ! Quand Jan Eliasson, vice-secrétaire général de l’ONU, affirme : « maintenant que le pays est sorti d’une des pires crises de son histoire… » de qui se moque-t-on ? C’est insupportable !
Des épisodes sanglants ont jalonné l’histoire de la République Centrafricaine. Mais, aujourd’hui, le pays est sous le coup de la pire des menaces : celle de sa partition. De sa disparition en tant que nation.
PRESENCE INDISPENSABLE DE LA FRANCE
Il ne faut pas se raconter d’histoires : seule, la force Sangaris peut aider les Centrafricains à arrêter les ex-Sélékas dans leur action de déstabilisation et de partition.
Ce postulat posé, rien ne doit empêcher les autorités centrafricaines de demander justices pour les violences sexuelles dont se sont rendus coupables certains individus. Il s’agit de crimes. Mais s’il faut stigmatiser les comportements déviants de quelques soldats égarés, il n’est pas question de jeter l’opprobre sur une armée française méritante.
Cela étant, on ne peut s’empêcher de penser que, si la France avait répondu prestement aux appels au secours de François Bozizé, les ex-Sélékas et leurs mercenaires n’auraient pas pu entamer la déstabilisation de la République Centrafricaine et massacrer les populations comme ils l(ont fait.
Les Centrafricains ont, certes, des critiques à adresser à l’ancien pays colonisateur. Mais ceux qui considèrent cette intervention comme « néocoloniale » doivent regarder la cruelle réalité en face : de quelles forces armées disposent-ils pour empêcher les envahisseurs de menacer l’intégrité de leur pays ?
Aujourd’hui, le Centrafrique est en danger de mort. La priorité des priorités, l’urgence des urgences, c’est d’arrêter le chaos, l’atomisation du territoire et la disparition de la République Centrafricaine.
NECESSITE ABSOLUE D’UNE ARMÉE NATIONALE
Sans une armée nationale digne de ce nom, le Centrafrique est une proie - une proie facile et trop tentante pour tous les aventuriers et les mercenaires du monde. C’est pourquoi la diminution de Sangaris, décidée unilatéralement par la France, s’apparente à un abandon de populations en danger de mort. L’envoi de drones, s’il s’avère utile contre les poches de résistance des rebelles, ne pourra jamais remplacer des soldats sur le terrain.
Sans la levée de l’embargo sur les armes, imposé par l’ONU en 2013 et reconduit depuis, sans une armée nationale solide, il est à craindre que les maux de la République Centrafricaine ne deviennent pérennes.
DES « MOSSOUL » EN CENTRAFRIQUE ?
Pourquoi cette comparaison, parce que les Sélékas agissent en Centrafrique au nom de leur religion : l’Islam. Comme Daech en Irak, ils veulent la partition de la République Centrafricaine afin de créer des califats. Inacceptable pour les Centrafricains qui ne laisseront pas faire. Ils prendront les armes pour défendre leur Patrie.
Si les autorités du pays et les forces internationales ne changent pas leur fusil d’épaule, il est possible que ce qui se passe actuellement en Irak se passe aussi en Centrafrique.
Pour l’éviter, il faut arrêter de se montrer complaisant à l’égard des rebelles de la Séléka et des autres bandes armées Il faut les stopper dans leur œuvre de destruction. Il faut en finir avec les discours de compassion. Il faut agir. Rechercher le dialogue, mais être résolument ferme.
Car les Centrafricains en ont assez d’enterrer leurs morts. Ils en ont assez d’être des réfugiés dans leur propre pays. Ils en ont assez de devenir des errants à l’étranger, assez des promesses de protection de la Minusca restées sans lendemain.
La confiance qu’a exprimée le peuple centrafricain en votant massivement pour Touadera risque fort de chanceler. Michel Djotodia le chef rebelle n’a-t-il pas récemment asséné : « Ou Touadera s’en va, ou nous partageons le pays… » ?
KAGA-BANDORO ET LA HAUTE-KOTO : PRÉMICES DE LA PARTITION ?
Beaucoup de Centrafricains craignent la partition de leur pays. Les derniers massacres de Kaga-Bandoro, de Koui, de Bambari et de Damara perpétrés par les ex-Sélékas, confirment que ces derniers ne veulent pas la paix. Ils veulent le pouvoir.
Leur comportement belliqueux est intolérable : malgré les mandats d’arrêt de l’ONU, ils se pavanent dans Bangui en toute impunité, fomentent des désordres dans tout le pays, occupent des régions minières, se livrent au trafic des pierres précieuses qui leur permet de s’équiper en armes et continuent à narguer les autorités ainsi que la population.
Les périls sont immenses. Ajoutons à ces tristes nouvelles l’occupation de l’est du pays par des rebelles ougandais, que les forces spéciales américaines ont beaucoup de mal à réduire.
LES POLITICIENS CENTRAFRICAINS PORTES DISPARUS ?
A de très rares exceptions près, on ne les entend plus. Alors que la maison Centrafrique brûle, pourquoi ne sont-ils pas là pour tenter de sauver les meubles ? Où est passé leur patriotisme ? Ils étaient pourtant nombreux à postuler à la magistrature suprême et aux législatives ! Les politiciens et les ministres ne devraient-ils pas être aujourd’hui sur le terrain, dans les provinces occupées, pour défendre le pays et montrer aux occupants étrangers que leur nation n’est pas à vendre ? Que la République Centrafricaine doit rester Démocratique, Une, Laïque et Indivisible ?
Barthélémy Boganda disait : « tous ensemble… » Ce « tous ensemble » doit être plus que jamais d’actualité. Les ambitions personnelles et les enrichissements illicites n’ont pas lieu d’être. Chacun doit œuvrer pour sauver le pays.
Car la situation est chaotique et gravissime. L’Union Africaine, l’ONU et les forces internationales, de par leurs comportements ambigus, sont en grande partie responsables de la dérive de la République Centrafricaine.
Il est urgent que tous les acteurs impliqués dans le conflit centrafricain réagissent autrement et avec fermeté face aux périls.
ALLA ZIA NI A TI APE. ALLA GBOU NI NGANGOU
(Ne laissez pas tomber. Tenez bon)
(30 octobre 2016)
A. DE KITIKI
Au moins 25 morts dans des affrontements en Centrafrique
BANGUI 29 octobre 2016 (Reuters) - Des affrontements entre groupes armés ces derniers jours en République centrafricaine ont fait 25 morts, dont six gendarmes pris dans une embuscade, annonce samedi la Mission de l'Onu dans le pays (Minusca).
"Six gendarmes et quatre civils auraient perdu la vie vendredi matin, lors d'une embuscade sur l'axe Bambari-Grimari (ndlr, deux villes situées au nord-est de la capitale, Bangui). La veille, des affrontements entre éléments anti-Balaka et ex-Séléka avaient causé 15 morts et un certain nombre de blessés à Mbriki et Belima, dans les environs de Bambari", écrit la mission onusienne dans un communiqué.
La République centrafricaine a sombré dans le chaos en mars 2013 lorsque les rebelles musulmans de la Séléka ont pris le pouvoir. Leurs exactions ont entraîné des représailles des milices chrétiennes "anti-Balaka".
La spirale des exactions et des représailles a déplacé un cinquième de la population tandis que l'armée française et les casques bleus de l'Onu intervenaient pour tenter de stopper les effusions de sang.
Des élections ont permis de rétablir un ordre constitutionnel mais le pays connaît encore des accès de violences alors que l'opération française Sangaris, déclenchée en décembre 2013, prend officiellement fin ce lundi.
Dans son communiqué, la Minusca "appelle les groupes armés à mettre fin au cycle d'attaques et représailles et à répondre à l'appel au dialogue préconisé par le chef de l'Etat", Faustin-Archange Touadéra, élu en février dernier.
(Matthew Mpoke Bigg; Henri-Pierre André pour le service français)
CONFERENCE SUR : « LE F.CFA : UN OBSTACLE AU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL DES PAYS AFRICAINS MEMBRES ? »
Par clément BELIBANGA, ancien doyen de faculté de droit et des sciences économiques , ancien ministre, Université de Bangui.
22 Octobre 2016
Clement.belibanga@hotmail.fr téléphone : (236) 75 45 27 67
INTRODUCTION
Le débat sur la zone franc a été relancé ces deux dernières années par :
La déclaration de Carlos Lopes, économiste capverdien, ancien Secrétaire Exécutif de la Commission Economique des Nations-Unies pour l’Afrique (CEA) pour qui « le F.CFA est un mécanisme désuet » etc
I-APERCU DE L’EVOLUTION DE LA ZONE FRANC
A)- TRANSFORMATIONS DE LA ZONE FRANC
B)-LES CARACTERISTIQUES ESSENTIELLES DE LA ZONE FRANC
Présence des Français dans les CA.
II- ANALYSE CRITIQUE DES MECANISMES DE LA ZONE FRANC
A) -Le système de fixité:
Avantages: Réduction des incertitudes aux variations de taux de change; relative stabilité des prix (mais inflation importée); avantage pour les entreprises françaises et africaines.
Critiques: - Ce système de change fixe les prix mais n’équilibre pas le système économique;
- Expose les pays membres aux chocs extérieurs sans possibilité d’ utiliser la politique d’ajustement du taux de change;
- Détérioration des termes de l’échange;
- Pendant plusieurs années les exportateurs africains membres ont été victimes de la politique déflationniste de la Banque Centrale Européenne(BCE) tout en favorisant les importateurs vers la zone euro ( français)
PROPOSITION N°1
Opter pour un système fixe et ajustable
Le F.CFA varie entre des intervalles au plancher et au plafond.
La valeur sera définie à partir des paniers de monnaie des principaux pays qui commercent avec les pays africains de la zone.
B)- Le compte d’opérations
. Les réserves extérieures « garantissent » la couverture extérieure du F.CFA. Or, depuis ce compte a été négatif une seule fois en 1998. BEAC (1987 et 1993); BCEAO (1983). La garantie n’a pratiquement pas joué.
. Compte d’opérations Décembre 2013
(en milliards de F.CFA)
Taux de couverture Taux statutaire
BCEAO 4 950,4 90,4% 20%
BEAC 8 123,203 97,9% 20 %
. C’est la France qui les place sur le marché et depuis juillet 2012 aux taux de 1,5% pour la quotité obligatoire de dépôt et 0,75 % pour la quotité au-delà et verse les intérêts aux pays africains.
.Les membres africains de la zone sont privés de leurs réverses qu’ils peuvent placer à des taux rémunérateurs.
PROPOSITION N°2
III – LE F.CFA: UN OBSTACLE AU DEVELOPPEMENT DES PAYS AFRICAINS MEMBRES?
A)- Analyse de la politique de financement de l’économie.
1)- Politique de crédit
Prédominance de crédit à court terme
Années CT MT LT Total
2015 4691,1(62,1%) 2667,5(35,7%) 183(2,4) 7542
Source : BEAC
Le développement nécessite des crédits à LT. Or le système ne finance que les campagnes agricoles de rente en direction du métropole et des biens importés du métropole.
2)- Crédits à l’économie en % du PIB
Afrique du Sud 150
USA 200
France 95
Zone franc 23
Source :Mondafrique, 2015
3)- Avoirs extérieurs, dépôts et Crédits à l’économie
Années Crédits Dépôts Avoirs extérieurs
2004 1.650,3 2.353 1.535,5
2012 5.113,7 8.623,4 8.870.5
Source : BEAC
4)- Politique de taux d’intérêt débiteurs (2009)
UEMOA CEMAC
Particuliers Entreprises Particuliers Entreprises
CT 10,4 7,7 18,5 8,3
MT 13,5 11,3 14,5 9,3
LT 11,8 9,1 7 9,9
Source BCEAO (NB: Il faut ajouter d’autres frais)
5)- Avances aux Trésors nationaux
20 % des recettes budgétaires
PREMIERE AFFIRMATION
LES CARACTERISTIQUES DE LA ZONE FRANC ET SA POLITIQUE DE FINANCEMENT NE PARAISSENT PAS FAVORISER LES ECONOMIES DES PAYS AFRICAINS MEMBRES.
CEPENDANT LA POLITIQUE MONETAIRE NE PEUT CONSTITUER EN ELLE SEULE UN OBSTACLE AU DEVELOPPEMENT ECONOMIQUE ET SOCIAL.
C’EST L’ABSENCE DES REFORMES STRUCTURELLES QUI CONSTITUE LE VRAI HANDICAP AU DEVELOPPEMENT.
Première conclusion
B)- LE FCFA EST-IL SUREVALUE ?
C’est la question de la compétitivité des pays membres qui est posée. On va analyser les éléments explicatifs de la dépréciation d’une monnaie:
1)- Evolution du TCER, indice 2000 =100
Le taux de change effectif réel mesure les variations de l’indice des prix à la consommation par rapport aux partenaires commerciaux. (PPA)
2004/08 2009 2012 2014
Afrique subs 109,5 113,6 123,2 125,1
Zone franc 115,5 122,7 114,5 113,5
CEMAC 117,1 127,2 120,2 127,6
Source : FMI
L’évolution des TCER n’est pas très défavorables.
2)- Evolution du solde extérieur courant (%PIB)
2004/08 2009 2011 2013 2015
Afrique 2,1 -2,8 -0,7 -2,4 -5,5
Subsahar
Zone Franc 0,2 -5,3 -0,2 -4 -6,8
Source : FMI
La crise financière internationale et la baisse des prix du pétrole et des produits de base peuvent expliquer l’évolution défavorable du solde courant.
3)- Evolution de la balance commerciale, marchandises ( en % du PIB)
2004/08 2009 2012 2015
Afrique Subs 6,4 2,4 3,8 -2,1
Zone Franc 13,9 7,9 13,3 4,8
CEMAC 28,9 17 27,2 13,4
Source : FMI
La situation favorable de la BC marchandise est imputable à la situation des pays pétroliers des pays de la CEMAC.
C)- Conditions essentielles de la réussite de la dévaluation à terme
D)- EFFETS ATTENDUS D’UNE DEVALUATION
1)- Effets positifs principaux de la dévaluation à Court terme:
2) Effets négatifs principaux de la dévaluation:
DEUXIEME AFFIRMATION
Le F. CFA a subi des contrecoups de la politique déflationniste de la BCE jusqu’à une période récente.
Les déséquilibres courants sont liés à la détérioration des termes de l’échange et à la baisse des produits de base.
L’ excédent de la balance commerciale marchandise est due aux pays pétroliers des pays de la zone CEMAC. Ces pays qui connaissent ces dernières années des problèmes budgétaires liés à une gestion inefficace des recettes pétrolières et la baisse du prix du pétrole.
La dévaluation n’est pas opportune.
Les pays africains au sud du Sahara appartiennent toujours à l’ancienne DIT basée sur l’exportation des produits de base ce qui bloque leur développement.
QUE FAIRE ? MODIFIER LES STRUCTURES ECONOMIQUES
L’utilisation de la politique de taux de change comme instrument de compétitivité est importante (dévaluations compétitives).
La réforme du compte d’opérations, du système de change fixe, de politique de financement en faveur de la croissance économique est nécessaire, mais pas suffisante pour le développement économique et social.
QUELLES REFORMES STRUCTURELLES ?
Depuis les PAS, la plupart des pays africains membres de la zone se cantonnent dans les politiques du court terme. Or, le développement est un processus de long terme qui nécessite des transformations structurelles visant:
QUELLES REFORMES STRUCTURELLES ? (suite)
3. L’ augmentation de la valeur ajoutée des exportations et l’ élargissement de la capacité d’importations et donc d’investissement [ADDA,1992];
4. La modification de la spécialisation internationale à long terme en intégrant la nouvelle division internationale du travail basée sur la diversification et la transformation industrielle;
5. L’instauration de la bonne gouvernance, la démocratie, la justice sociale;
6. La sauvegarde de l’environnement et le genre.
CONCLUSION GENERALE
Orientation bibliographique
La Centrafrique a connu une spirale de violence avec un relent génocidaire chronique. Dépassé par le cours des événements, le gouvernement de l'époque a fait appel à la communauté internationale. La France a négocié et obtenu des résolutions du conseil de sécurité de l'ONU. Les forces "Sangaris" diligentées par la France furent accueillies et applaudies en libérateurs. Les résolutions 2127, 2134 et 2149 du conseil de sécurité de l'ONU se sont succédés mais avec le meurtre de deux soldats français, l'opération salvatrice a changé de stratégies et de méthodes et depuis ce jour commença le chemin de croix des centrafricains. Des élections présidentielles et législatives ont été organisées dans des conditions sécuritaires précaires mais appréciées de tous.
Le pays a connu un retour à l'ordre constitutionnel avec l'installation des institutions républicaines mais pourquoi depuis plus de six mois les centrafricains ne cessent d'enterrer des morts ? Lors de son investiture, le President de la rupture avait prêté serment sur la constitution et s'est engagé pour garantir la sécurité des centrafricains mais que s'est-il passé entre temp ? Pourquoi délivre t-il un permis à la Minusca pour tuer le peuple qui l'a élu ? Peut-on lui opposer la violation du serment et par voie de conséquence la violation des dispositions constitutionnelles ? Le President de la République et son gouvernement multiplient en vain des voyages diplomatiques et prétendent mener des actions en faveur de la paix mais des meurtres, assassinats, prise d'otages, des actes de violence sur de paisibles citoyens galopent à grande échelle. Comment expliquer ce désastre ? La politique et la méthode des nouvelles autorités sont désuètes ? Le choix des collaborateurs et l'approche stratégique ne sont pas rationnels ? Nous estimons qu'après sept mois de gouvernance, les nouvelles autorités doivent faire un aveu d'échec et de changer de cap. Le pouvoir confié par le peuple est une drogue qui monte très vite à la tête alors que ce dernier ne vous demande seulement de l'exercer dans son intérêt.
A force de s'entêter dans cette voie en cul-de-sac, on finit d'accuser l'autre comme source de son malheur. Les nouvelles autorités ont d'abord commencer à mettre en cause la Minusca, puis les partis politiques et in fine la société civile. Le pouvoir centrafricain a délivré lui-même un permis de tuer son peuple en s'abstenant de créer les conditions nécessaires pour sécuriser la population et relancer l'économie. Le manque d'initiatives des autorités a assez duré. Le laxisme chronique et l'attentisme de nos autorités ont poussé la société civile désespérée de prendre ses responsabilités.
Ainsi, pourquoi envisager des poursuites contre le coordinateur de la société civile alors que les vrais fossoyeurs de la république sont en liberté ? Le parquet général parle toujours d'ouverture d'enquête, à ce jour combien d'enquêtes ouvertes ont été élucidées ? Quelles ont été les sanctions prononcées ? La récréation a seulement trop duré et quand le peuple veut prendre ses responsabilités, on parle à tort de manipulations, de tentative de coup d'Etat, d atteinte à la sûreté intérieure de l'Etat...que comprenez-vous dans ce scénario où l'Etat évoque sa propre turpitude : le pouvoir accuse la société civile d'être manipulé par les hommes politiques alors que ces derniers sont reçus à la présidence pour chercher collectivement les issues de sortie de crise ? Qui se moque de qui ? Hypocrisie ou insultes politiques ?
Un gouvernement qui autorise une force étrangère de tirer sur son peuple n'est pas digne et légitime. Quand la barbarie de la Minusca avec la complicité tacite du pouvoir central atteint son paroxysme, la population abandonnée à elle même doit réagir et toutes les stratégies de défense deviennent une obligation et un droit. Dans la situation actuelle de la Centrafrique, la présence de la Minusca est essentielle et vitale en dépit de sa passivité. La société civile a commis l'erreur de demander le départ de la Minusca, chose impossible. Par contre, elle peut récuser un contingent ou demander à la Minusca d'ajuster sa politique aux termes des résolutions du conseil de sécurité de l'ONU.
Selon les termes des résolutions, la Minusca est une force d'accompagnement et d'appui, il appartient à l'Etat de prendre des initiatives, de créer des conditions de paix et cette force ne fait que les appuyer. Visiblement, le pouvoir peine à rétablir la paix à travers le territoire. Des crimes et massacres perdurent. A ce rythme, le President de la république demande qu'on lui laisse encore du temps, mais à la fin de la mandature, le dénombrement de la population centrafricaine affichera un chiffre inférieur à la dérivée d'une fonction constante. S'agissant de la réussite de l'opération "ville morte" lancée par la société civile, que reste y-il de la désillusion du gouvernement qui avait appelé au boycott ?
Dans des sociétés civilisées et évoluées, le gouvernement devrait rendre sa démission au Président de la République. Le gouvernement devrait se poser la question de savoir pourquoi le peuple a adhéré massivement aux causes de la société civile ? Le gouvernement doit tirer les leçons de ces événements et prendre ses responsabilités. Enfin, le parlement a brisé son mutisme et s'est réveillé de son long sommeil. Par la voix de son President, le parlement condamne et convoque à nouveau les ministres en charge de la sécurité. Cette énième convocation servira à quoi ? Pourquoi ne pas envisager une motion de censure contre le gouvernement ? Mais attention, ne le dites à personne. Si on vous demande, ne dites pas que c'est moi.
Paris le 29 octobre 2016.
Bernard SELEMBY DOUDOU
Juriste, Administrateur des Elections
Par Vincent Duhem
L'opération militaire française en Centrafrique, Sangaris, prend fin officiellement ce dimanche, avec le déplacement à Bangui du ministre de la Défense Jean-Yves le Drian. Dans la capitale centrafricaine, ils sont nombreux à craindre les conséquences de ce départ.
Un repli longtemps différé
Définitivement officialisé avec le déplacement du ministre français de la Défense, Jean-Yves le Drian, les 30 et 31 octobre, le départ des soldats de l’opération Sangaris, déclenchée en décembre 2013 après des massacres de civils à Bangui, était prévu depuis de longs mois. Il a été plusieurs fois différé à cause de l’évolution de la situation sur le terrain et les reports successifs des élections présidentielle et législatives. Entre 300 et 350 hommes, équipés de drones d’observation, demeureront dans la capitale centrafricaine. Cet effectif comprend les troupes affectées à la Minusca et à la mission EUTM-RCA.
La France conservera « une capacité d’intervention militaire sur court préavis », précise-t-on à la Présidence. « Ce contingent pourra être mobilisé à la demande du gouvernement centrafricain, en cas de menace sérieuse contre la paix ou les institutions du pays ».
Une situation sécuritaire instable
L’amélioration de la situation sécuritaire après l’élection du Président Faustin-Archange Touadéra aura duré quelques mois. C’est d’abord à Bangui que la violence s’est exprimée après l’assassinat le 4 octobre 2016 du commandant Marcel Mombéka, ancien garde du corps de Catherine Samba-Panza. Une semaine plus tard, Kaga Bandoro sombre dans le chaos. Les premiers échauffourées surviennent après le démantèlement de deux barrages – un appartenant aux anti-balaka, l’autre à l’ex-Séléka -. Des maisons sont brûlées, des manifestations contre la Minusca organisées.
Le 11 octobre, des membres du MPC (une faction de l’ex-Séléka dirigée par le général Mahamat AlKhatim) tente de dérober le générateur d’une radio locale dans un camp de réfugiés. Ils rencontrent une forte résistance et l’un deux meurt après avoir reçu un coup de hache en pleine tête. Le lendemain, la ville est mise à sac. Il y a des accrochages avec la Minusca, des braquages, des ONG visées et au moins 37 morts. La ville est désormais coupée en deux. Trois jours plus tard, treize personnes sont tuées dont un enfant, et une dizaine d’autres blessées, dans l’attaque d’un camp de réfugiés dans la localité de Ngakobo proche de la ville de Bambari.
Enfin, une journée ville morte était organisée lundi 24 octobre à Bangui, à l’appel du groupe de travail de la société civile, pour demander le départ de la mission de l’ONU en Centrafrique (Minusca) a dégénéré. Au moins quatre personnes ont été tuées.
La Minusca critiquée
Seule force d’interposition après la fin de l’opération Sangaris, la mission de l’ONU et ses 12 000 hommes, est sous le feu des critiques. La population et le gouvernement leur reprochent leur attentisme, les groupes armés leur parti pris. Le comportement de certains contingents inquiètent jusqu’au siège de l’ONU, à New York.
Lors des manifestations qui ont accompagnées la journée ville morte du 24 octobre à Bangui, la Minusca a été accusées par la société civile d’avoir tiré sur la foule. Des accusations démenties par l’ONU. De fait, les patrouilles de l’ONU ont bien été prises pour cibles – caillassages et tirs – alors qu’elles tentaient d’enlever les barricades, avant de répliquer à balles réelles. Cinq Casques bleus ont d’ailleurs été blessés.
Pour certains observateurs, les difficultés de la Minusca sont utilisées dans le but de déstabiliser le pays. Si l’appel à la journée ville morte se voulait pacifique, il semble que certaines personnalités politico-militaires aient profité de la situation. « Des jeunes armés placés en retrait derrière les barricades ont provoqué la Minusca pour la forcer à riposter », explique une source sécuritaire française qui pointe du doigt le rôle de leaders anti-balaka.
« Il y a aussi beaucoup d’instrumentalisation », nuance-t-elle. « La Minusca sera toujours visée par des critiques, car il faut un bouc émissaires. C’est une opération de maintien de la paix qui n’est pas là pour faire la guerre et réconcilier les communautés. Ça, c’est le rôle des autorités. »
Un régime fragilisé
L’état de grâce qui a suivi l’élection de Touadéra est désormais terminé. Beaucoup à Bangui, comme au sein de la communauté internationale, doutent de sa capacité à restaurer une paix durable. « Il n’y arrive pas. Il semble à bout de force », estime un fin connaisseur du pays. Une autre source proche des cercles du pouvoir évoque « un amateurisme écœurant ». Plus que le chef de l’État lui-même, c’est le travail de certains membres du gouvernement et de son cabinet qui est pointé du doigt. « Ils ne sont pas au niveau ! », juge un habitué des arcanes du pouvoir à Bangui. Seront-ils à-même de mener un processus DDR (désarmement, démobilisation, réinsertion) de plus en plus menacé ?