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20 août 2022 6 20 /08 /août /2022 19:08
AFRIQUE : Al-Qaïda et l'État islamique ont le vent en poupe en Afrique

 

Lu pour vous

 

asafrance.fr

Alors que le monde se souvenait du chaos et de la tragédie qui ont entouré les États-Unis et le retrait allié d'Afghanistan il y a un an, une sortie plus calme a eu lieu lundi. Les dernières troupes françaises ont quitté le Mali pour le Niger voisin, clôturant officiellement une mission de près de dix ans dans la nation tentaculaire d'Afrique de l'Ouest de 21 millions d'habitants. Leur présence au Mali avait commencé en 2013 dans le cadre d'un effort ambitieux mené par Paris pour combattre une menace militante islamiste qui se propageait dans la vaste région entre désert et savane connue sous le nom de Sahel.

Le départ français du Mali avait été télégraphié des mois à l'avance au milieu d'une rupture des relations entre le gouvernement du président français Emmanuel Macron et une junte malienne qui a pris le pouvoir en août 2020 et a mené "un coup d'État dans un coup d'État" - comme Macron lui-même l'a dit. — contre des responsables civils neuf mois plus tard. Ces renversements faisaient partie de ce que le secrétaire général de l'ONU, António Guterres, a déploré comme étant "une épidémie de coups d'État" dans la région, y compris au Burkina Faso et en Guinée voisins.

Au Mali – un peu comme ce qui s'est passé une fois que les États-Unis ont annoncé leur retrait en Afghanistan – les attaques d'insurgés islamistes ont augmenté ces dernières semaines alors que les Français ont achevé leur sortie. "La situation est pire qu'en 2013", a déclaré Alpha Alhadi Koina, un analyste géopolitique basé à Bamako, au New York Times. "Le cancer s'est propagé à travers le Mali."

L'ampleur du carnage montre comment la zone centrale de la violence liée aux islamistes s'est éloignée du Moyen-Orient et de l'Asie du Sud. "Au Mali, près de 2 700 personnes ont été tuées dans le conflit au cours des six premiers mois de cette année, soit près de 40 % de plus que sur l'ensemble de 2021", a détaillé l'Economist la semaine dernière. « Le mois dernier, des djihadistes ont attaqué un poste de contrôle militaire à 60 km de Bamako, la capitale ; une semaine plus tard, ils ont frappé le principal camp militaire du pays à sa porte. Au Niger, les morts dans les conflits ont légèrement diminué mais dépasseront probablement 1 000 en 2022. Au Burkina Faso, au cours du premier semestre, environ 2 100 personnes ont été tuées.

Une branche de l'État islamique a supplanté le groupe islamiste fondamentaliste Boko Haram dans le nord du Nigeria. Plus loin, des militants affiliés à l'État islamique mènent des attaques dans une partie de l'Afrique centrale et orientale, du nord du Mozambique à l'Ouganda en passant par la République démocratique du Congo. En Somalie, al-Shabab, une faction insurgée liée à l'origine à al-Qaïda qui est sans doute plus capable que son organisation mère très diminuée, reste une force puissante - et une menace d'une telle menace qu'elle a incité le président Biden à redéployer les forces américaines pour le pays plus tôt cette année.

La semaine dernière, Martin Ewi, un analyste basé en Afrique du Sud, a informé le Conseil de sécurité de l'ONU de l'ampleur de la menace, soulignant comment l'État islamique était déjà actif dans plus de 20 pays africains, et a averti que le continent pourrait représenter " l'avenir du califat.

Le premier « califat » supposé de l'État islamique a pris racine en Irak et en Syrie au milieu du chaos de la guerre civile de cette dernière. Mais une coalition de forces occidentales et locales a finalement écrasé ses forces, repris les villes qu'elle contrôlait autrefois et contraint ses combattants survivants à la captivité ou à se cacher. M. Ewi a déclaré aux dignitaires de l'ONU réunis qu'"aucune coalition similaire n'a été montée pour vaincre [l'État islamique] en Afrique... ce qui signifie que le continent devait supporter les conséquences de ceux qui fuient la Syrie et trouvent refuge sur le continent".

La sortie de la France du Mali, cependant, souligne à la fois à quel point la situation sécuritaire actuelle est difficile et à quel point elle peut être difficile à résoudre. Après avoir été initialement bien accueillie lorsque de vastes étendues du Mali étaient sous le contrôle des militants islamistes, la présence de la France est devenue impopulaire au fil du temps, avec des incidents comme une frappe aérienne française l'année dernière dans le centre du Mali qui a tué 19 civils et aggravé les attitudes contre l'ancien dirigeant colonial.

"Les forces françaises ont éliminé un nombre important de combattants et de dirigeants djihadistes, opérant dans des circonstances incroyablement difficiles et à haut risque", m'a dit Andrew Lebovich, chargé de mission au Conseil européen des relations étrangères et expert du Sahel. "Dans le même temps, les Français n'ont finalement pas été en mesure de gérer les tensions avec les gouvernements maliens successifs."

La junte actuelle au Mali semble chercher à remplacer l'aide de la France en enrôlant des mercenaires de la célèbre société russe Wagner Group - accusations que le gouvernement malien dément. Des forces liées à cette organisation, ainsi que des troupes maliennes, auraient procédé à des exécutions extrajudiciaires massives dans une ville du centre du Mali en mars. L'environnement politique au Mali avec la junte est si troublant qu'il a contraint l'Allemagne à suspendre son rôle relativement plus restreint dans le soutien d'une mission de l'ONU dans le pays.

"La perturbation d'une grande partie de la coopération en matière de sécurité avec les forces françaises et partenaires a presque certainement contribué à la détérioration de la situation sécuritaire, tandis que l'arrivée des forces de Wagner a contribué à un certain nombre de violations importantes des droits de l'homme, tout en faisant peu pour améliorer visiblement la sécurité. dans les zones où ils opèrent le plus fréquemment », a déclaré A. Lebovich.

Ces dernières années, a-t-il ajouté, "les composantes les plus actives" d'al-Qaïda et de l'État islamique "se sont trouvées en Afrique, en particulier dans le Sahel et le bassin du lac Tchad", et restent profondément difficiles à déloger.

"Même là où certaines interventions régionales ont été modérément plus réussies, ces groupes continuent de fonctionner et non seulement conservent une forte présence, mais dans certains cas étendent leurs opérations dans des espaces assez vastes", a déclaré A. Lebovich.

 

Ishaan Tharoor est chroniqueur au bureau des affaires étrangères du Washington Post, où il est l'auteur du bulletin et de la chronique Today's WorldView. Il était auparavant rédacteur en chef et correspondant du magazine Time, basé d'abord à Hong Kong puis à New York.

 

 Ishaan THAROOR chroniqueur du Washington Post 16 août 2022 Defense News 

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20 août 2022 6 20 /08 /août /2022 19:06
Sénégal : Ousmane Sonko compte bien poursuivre son ascension

Lu pour vous

 

Entre polémiques et rupture, 

https://information.tv5monde.com/ 20 AOÛ 2022 Mise à jour 20.08.2022 à 15:28 par  Séraphine Charpentier

 

À 49 ans, sorti renforcé des législatives, Ousmane Sonko est un poids lourd de la politique au Sénégal. Ce ténor de l'opposition n’en est pas moins polémique, accusé de viols répétés sur une jeune femme ce qu'il nie. Il est surtout l’élu de coeur d’une partie de la classe moyenne et de la jeunesse du pays. Il accuse Macky Sall et la France de l’empêcher de se présenter à l’élection présidentielle. Il s’est déclaré candidat le 18 août dernier, avant tout le monde. Portrait. 

Il est loin, le temps où Ousmane Sonko officiait en tant qu’inspecteur principal des impôts. Le poste était certes prestigieux, mais depuis, l’opposant s’est un peu plus affranchi des chiffres, pour rejoindre le monde verbeux des figures politiques. Le passage ne s’est peut-être pas fait tout en douceur, mais l’ascension elle, est fulgurante, en tout cas autant qu’elle puisse l’être à l’échelle de la politique. 

Une ascension éclair 

En 2014, il crée son propre parti, « Pastef les patriotes ». En 2016, il est radié de la fonction publique, selon des informations du journal Le Monde, pour avoir accusé le frère de Macky Sall de fraude fiscale. Il devient célèbre. Trois ans plus tard, le voilà élu député. En janvier, il est élu maire de Zinguinchor, principale ville de Casamance. La suite est connue de tous, au delà-même des frontières sénégalaises. En 2019, il brigue la présidence et arrive troisième. Jusque-là un opposant parmi d’autres, il est aujourd’hui le seul à pouvoir faire face à Macky Sall, les autres opposants ayant pour la plupart rejoint la coalition présidentielle. 

Aux législatives du 31 juillet dernier, Sonko fait vaciller la majorité présidentielle grâce à l’alliance de sa coalition « Yewwi Askan Wi » (« Libérer le peuple » en wolof) avec celle de « Wallu Sénégal » (« Sauver le Sénégal »), menée par l'ex-président Abdoulaye Wade. L’alliance obtient 80 sièges face aux 82 sièges du parti présidentiel. Le chiffre est historique. Le camp présidentiel conserve la majorité absolue d'une courte tête grâce au ralliement d'un député élu. 

"La coalition au pouvoir est à bout de souffle. La cherté des denrées, le renchérissement du prix de l'eau, les pratiques autoritaires autour des manifestations suivies de morts, expliquent ce vote-sanction contre le président", souligne à l'AFP l'analyste politique Maurice Soudieck Dione. 

Souverainisme et panafricanisme 

Ousmane Sonko est un défenseur du panafricanisme et encourage les solidarités avec d’autres pays d’Afrique. Il a notamment affiché un soutien appuyé au colonel Assimi Goïta, à la tête des autorités de transition du Mali, s’étant emparées du pouvoir suite à deux coups d’État en 2020 et 2021. Il dit "encourager le président Assimi Goïta parce qu'il n'a pas perdu la face ».

Sous sa direction, le Mali s'est détourné de la France et de ses anciens alliés et s’est tourné vers la Russie.

Ousmane Sonko tient d’ailleurs un discours souverainiste. Il défend l’indépendance du Sénégal et dénonce l’ingérence de la France dans les affaires du pays. L’ancienne puissance coloniale et les multinationales auraient selon lui une emprise économique et politique sur Dakar. Le responsable politique accuse également le président en exercice, Macky Sall, de travailler de concert avec la France pour l’empêcher de se présenter à l’élection présidentielle de 2024. 

Selon lui, M. Sall serait à l'origine des dossiers « de terrorisme, de rébellion, de viol imaginaire fabriqués avec le soutien de la France ». 

Ousmane Sonko s’adresse aussi à la population avec un discours social, dénonçant les élites du pays et la corruption. Ses détracteurs l’accusent de populisme. Ses nombreux partisans voient plutôt en lui un homme intègre, religieux, honnête.  


Une ombre au tableau 

Il est certes le champion de l’opposition, d’une partie d’une jeunesse issue de la classe moyenne et de petits fonctionnaires s’estimant mis à l’écart de la croissance économique. Pourtant, Ousmane Sonko traine avec lui des casseroles. Entre juin 2020 et février 2021, il est accusé d’avoir violé à plusieurs reprises une masseuse. Adji Sarr a aujourd’hui 22 ans. Depuis février 2021, elle vit comme une prisonnière dans la maison de sa tante, protégée en permanence par trois policiers. 

Elle est encouragée à porter plainte par ses collègues, dit-elle dans une interview avec le journal Le Monde, le 2 février 2021, après avoir témoigné de plusieurs viols perpétrés par Ousmane Sonko au sein du salon de massage dans lequel elle travaille alors, dans un quartier résidentiel de Dakar. Elle accuse publiquement le chef de file politique. L’immunité parlementaire de Sonko est levée. Soutenu par ses partisans et d’autres responsables politiques qui parlent de « complot », il se rend à sa convocation au tribunal le 3 mars 2021. Sur le chemin, il est arrêté pour « troubles à l’ordre public » par le pouvoir en place.

Sonko, celui qui draine les foules

Le pays s’enflamme. Des milliers de jeunes en colère sortent dans les rues. Leur icône sous les barreaux, ils se mettent à jeter des pierres, s’attaquent aux supermarchés, les pillent. Face aux forces de l’ordre armées de gaz lacrymogènes et de jets d’eau, treize personnes meurent, près de 600 personnes blessées, selon les chiffres de la Croix Rouge. Les émeutes ne prennent fin qu’au 8 mars, jour de la libération d’Ousmane Sonko. 

Depuis, l’enquête piétine. Le camp d’Ousmane Sonko accuse le régime de vouloir éliminer le principal opposant à Macky Sall, dont on ignore encore les vélléités de se présenter une troisième fois à l'éléction présidentielle ce que lui interdit la Constitution en l'état.  

En juin 2022, de nouvelles manifestations éclatent dans le pays, entre jeunes en colère et policiers. Le parti d’opposition d’Ousmane Sonko est empêché de manifester. Il entendait protester contre l'invalidation par le Conseil constitutionnel de la liste de YAW, sur laquelle Sonko concourait pour être réélu à l’Assemblée nationale.
Cela n’aura pas empêché le carton plein de l’opposition aux législatives, pour qui le scrutin ne serait qu’une répétition de la présidentielle de 2024. 

Séraphine Charpentier

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20 août 2022 6 20 /08 /août /2022 19:03
Burkina Faso : en attendant la fin du pouvoir militaire, les civils dans les starting-blocks

 

 

Lu pour vous

 

Le Point

REPORTAGE. Alors que le pays est confronté à de nombreux défis sécuritaires, acteurs politiques et société civile mettent le cap vers la fin de la transition.

De notre correspondant à Ouagadougou, Bernard Kaboré

Encore deux ans : c'est ce temps qui sépare le pouvoir militaire de la transition du Burkina Faso d'un retour à une vie constitutionnelle normale (juillet 2024, NDLR), selon en tout cas l'agenda convenu entre les autorités issues du coup d'État du 24 janvier et la Communauté économique des États de l'Afrique de l'Ouest, Cédéao, au terme de plusieurs mois de négociations. Un timing jugé long aux yeux de certains observateurs, assez court pour d'autres, tous apprécient ce délai compte tenu de la situation sécuritaire du pays plus que jamais dégradée avec près de la moitié du territoire sous contrôle des groupes armés terroristes, des milliers de morts civils et militaires et près de deux millions de personnes déplacées internes selon les chiffres officiels.

Mais que la durée de la transition soit étendue ou non, rien ne semble empêcher le jeu des positionnements dans l'arène politique des civils, marqué par une reprise de plus belle de la transhumance politique et la naissance d'organisations de la société civile appelées, comme d'autres dans le passé, à se muer en partis le moment venu. Or, le chef de l'État, le lieutenant-colonel Paul-Henri Sandaogo Damiba, avait début février, lors d'une prise de contact avec la classe politique, réclamé une trêve du « militantisme politique débordant durant cette période de la transition », tout en adressant le même appel aux organisations de la société civile et les appelant plutôt à « l'accompagnement patriotique ». 

La transhumance politique en marche

Au sein de l'ex-parti au pouvoir, le Mouvement du peuple pour le progrès (MPP), le bal des démissions a été ouvert dès le premier trimestre qui a suivi le renversement de son leader, Roch Marc Christian Kaboré. Parmi les premiers à quitter le navire figurent des membres fondateurs de l'ex-parti présidentiel. Comme Abdoulaye Mossé, qui a officialisé sa démission fin mars pour annoncer plus tard, en début avril, la création du Parti panafricain pour le salut (PPS), un parti se réclamant « progressiste », lancé en grande pompe à Ouagadougou, avec le soutien d'autres démissionnaires du MPP, dont Ousmane Nacro, ministre de l'Eau sous l'ère Kaboré.

Puis, des démissions au sein du parti se sont poursuivies, de même que la création de nouvelles structures politiques, notamment le mouvement Burkinabés unis pour la transformation sociale (BUTS), un regroupement de partis et d'organisations de la société civile, avec à sa tête l'ancien ministre de l'Économie, Rosine Coulibaly, et le Front progressiste, une autre organisation dite « apolitique » composée de proches de l'ex-président Kaboré. Pour de nombreux observateurs, ce qui apparaît aux yeux des profanes comme des dissensions au sein du parti est plutôt une stratégie politique qui consiste à démultiplier les forces et les réunir en temps opportun.

Du côté de l'ancienne opposition, dont le leader est le CDP, parti de l'ancien président Blaise Compaoré, l'heure est à la recherche d'une cohésion interne avant de pouvoir se mettre dans les starting-blocks. Car depuis la tenue d'un controversé congrès de désignation d'un président du CDP en décembre 2021, l'unité du parti a pris un coup. En effet, le leadership de celui qui a été reconduit à la présidence, Eddie Komboïgo, est contesté par un bloc de dissidents se réclamant de « l'aile historique » du parti qui demandent la tenue à nouveau du congrès aux conclusions contestées. Par conférences de presse et déclarations interposées, les deux camps ne manquent pas l'occasion de se lancer des piques.

La société civile pas en marge du jeu politique 

Quid des organisations de la société civile ? Elles ne sont pas en reste. Les unes, comme le Front national pour la libération (FNL), un regroupement d'organisations, affichent clairement leur soutien au pouvoir militaire. Mais à côté, il y a celles qui lui sont hostiles en disant tout haut ce que pensent tout bas nombre d'acteurs politiques. En substance, « le pouvoir doit revenir aux civils le plus vite possible ». En cause, « l'incapacité des militaires à rétablir la sécurité » suivant la promesse faite lors de leur prise du pouvoir de restaurer le pays dans ses limites territoriales et de soulager les souffrances des populations. Fin juillet, la Mobilisation des Intelligences pour le Faso (MIFa), un collectif d'universitaires et de militants de la société civile, lançait, dans une déclaration, un appel à ce propos : « L'Armée doit abandonner les lambris du pouvoir politique et investir résolument et en rangs serrés le théâtre des opérations. Sa réorganisation complète en vue d'une plus grande efficacité et efficience incombe dorénavant à un véritable pouvoir civil crédible légitimement investi et chargé de définir l'ensemble des nouvelles orientations conduisant à la victoire. »

 

À travers d'autres lignes, le collectif a nommément visé le président Damiba, l'invitant à « démissionner ». Cet appel ne surprend pas Arouna Louré, député à l'Assemblée législative de transition (ALT) et leader du mouvement les Révoltés, une organisation de la société civile qui a participé aux contestations d'avant la chute de Roch Kaboré. « Si de plus en plus de voix brisent le silence pour demander publiquement une nouvelle forme de transition [civile ou inclusive ou encore légitime], c'est que la question mérite d'être débattue », soutient Arouna Louré. Et d'ajouter : « Je doute fort que, pour ceux qui sont sincères dans leur démarche, cela soit de gaieté de cœur. Mais c'est une manière d'interpeller les autorités actuelles à plus d'efforts dans la gestion du pouvoir. Ceux qui posent le débat ont peut-être l'impression d'une impasse politique. »

Les civils sont-ils prêts à diriger ?

Par ce dynamisme de part et d'autre, les objectifs affichés ou non des politiques et des organisations de la société civile se déclinent en grande partie dans la perspective de la fin du pouvoir militaire de la transition. Se pose alors cette question : les civils sont-ils prêts à diriger ? Pour l'analyse politique Siaka Coulibaly, les prétentions des civils ne peuvent être appréciées que sur la base de programmes précis. « Les partis politiques n'ont pas encore présenté des projets sur la restauration de la sécurité qui se complique de plus en plus. Il faudrait attendre que leurs programmes soient publiés pour estimer leurs capacités à ramener la sécurité. Ce sujet sera probablement celui qui va servir à apprécier les prétentions des acteurs politiques à gérer convenablement le pouvoir », analyse le politologue.

Sur la posture à adopter par les civils en rapport avec le contexte national, les points de vue sont loin de converger. « S'il est vrai que la posture de la société civile dépend de la gestion même du pouvoir d'État par les autorités politico-militaires actuelles, cela n'empêche en rien qu'elle devrait s'organiser de manière responsable afin de défendre vaille que vaille les intérêts du peuple, en jouant dignement et de manière intègre son rôle », estime Alouna Louré. Cependant, « la société civile burkinabée est politisée », constate le député qui en veut pour preuve « la création d'organisations dites de la société civile par des hommes politiques et la naissance de coalitions incestueuses entre la société civile et des partis politiques ».

Député, lui aussi, et président exécutif de l'Institut Safer Africa (INSA), une Organisation panafricaine d'action humaine et développement durable, Drissa Sanogo est plus sévère envers ceux qui réclament un changement de l'ordre politique actuel. « Le débat politique pour l'heure n'est que suicidaire, car la situation sécuritaire actuelle est critique. L'ultime urgence pour le Burkina demeure le recouvrement de l'intégralité territoriale et le retour des personnes déplacées internes (PDI) dans leurs localités d'origine avant qu'on ne parle d'élections gage de retour de la démocratie. Le retour d'un civil au pouvoir est possible à la seule condition que la situation sécuritaire évolue positivement », estime Drissa Sanogo.

Pour le politologue Siaka Coulibaly, « le scénario le plus probable est celui des élections à la fin de la transition qui installent des organes élus ». Vu sous cet angle, « les acteurs partisans doivent se concentrer sur leurs propositions de programme qui permettraient de faire mieux que les militaires », analyse Siaka Coulibaly, qui fait remarquer que « les critiques des militaires ne disent pas non plus comment ils pourront faire mieux qu'eux ». Or, « les Burkinabés veulent sortir de la situation actuelle, quel que soit celui qui pourra résoudre leurs problèmes », ajoute-t-il.

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Centrafrique-Presse.com
20 août 2022 6 20 /08 /août /2022 18:52
Nigeria: le président veut en finir avec le vol de pétrole brut

 

 

tv5monde.com

Le président nigérian Muhammadu Buhari a annoncé vendredi renforcer la sécurité au large de son pays pour mettre un terme au vol généralisé de pétrole brut, une semaine après l'arrestation d'un superpétrolier au large de la Guinée équatoriale.

Premier producteur de brut d'Afrique, le Nigeria perd chaque jour des centaines de milliers de barils volés au large ou siphonnés sur les pipelines pour être ensuite revendus au marché noir.

"Nous ne permettrons pas à quelques criminels d'avoir un accès illimité à l'approvisionnement en pétrole brut de la nation", a affirmé M. Buhari.

"J'ai donc ordonné à nos agences de sécurité de mettre rapidement un terme aux activités de ces vandales dans le delta du Niger", dans le sud-est, a-t-il assuré dans un communiqué.

Le président Buhari a évoqué une coopération "renforcée et resserrée" avec les pays voisins, au large desquels les navires cherchent à se "cacher" après avoir volé du brut au Nigeria.

Le 8 août, au large de Port Harcourt (sud-est), capitale pétrolière du Nigeria, un superpétrolier d'une capacité de trois millions de barils soupçonné de participer à du trafic illégal a pris la fuite après avoir refusé d'obtempérer, a déclaré mercredi la marine nigériane.

Le "MT HEROIC IDUN" a ensuite lancé une "fausse alerte" d'acte de piraterie à bord pour "justifier" sa fuite, avant d'être arrêté le 12 août au large de la Guinée équatoriale, a-t-elle poursuivi.

Mardi, le procureur général de Guinée-équatoriale, Anatalio Nzang Nguema, a confirmé l'arrestation du navire et de son équipage pour "navigation dans les eaux marines de Guinée équatoriale sans autorisation et sans drapeau pour identifier le pays du bateau".

Interrogé sur la télévision d'état équato-guinéenne, la TVGE, M. Nguema a indiqué que l'équipage était composé de 25 membres, dont 16 Indiens, sept Sri Lankais, un Polonais et un Philippin.

 

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Centrafrique-Presse.com
20 août 2022 6 20 /08 /août /2022 18:45
Nouvelles nationales sur RNL
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Centrafrique : l’Assemblée nationale, favorable à la rédaction d’une nouvelle constitution

https://www.radiondekeluka.org/ vendredi 19 août 2022 13:17

Quelques jours après la tenue d’une marche populaire pour soutenir la rédaction d’une nouvelle constitution, les démarches se précisent. L’Assemblée nationale a favorablement répondu à la demande du gouvernement de mettre en place une constituante. C’est-à-dire, un ensemble de forces vives de la Nation devant rédiger une nouvelle loi fondamentale. Cette réponse a officiellement été présentée au conseil des ministres le 15 août dernier.

La volonté du gouvernement centrafricain de se doter d’une nouvelle constitution prend de plus en plus forme. Selon les dernières conclusions du conseil des ministres, l’Assemblée nationale s’est favorablement prononcée, le 9 août 2022, sur la mise en place d’une constituante chargée de rédiger une nouvelle loi fondamentale. Cette nouvelle étape dans les débats autour de la constitution intervient quelques jours après l’avis favorable du président de la République Faustin-Archange Touadéra qui, dans son adresse à la Nation le 12 août dernier, a affirmé avoir pris acte de la demande du « peuple souverain », réclamant une nouvelle constitution.

Une constituante pour proposer un nouveau texte

Du côté de l’exécutif, cette constituante inclusive sera composée des forces vives de la Nation et prendra en compte les aspirations des Centrafricains, exprimées lors de différentes manifestations à Bangui ainsi qu’à l’intérieur du pays. Par ailleurs, le gouvernement autorise le ministre chargé du Secrétariat général du gouvernement à proposer dans un bref délai, un texte devant mettre en place cette constituante.

L’annonce de la mise en place de cette entité pour la rédaction d’une nouvelle constitution intervient dans un climat tendu entre le pouvoir et l’opposition. Cette dernière y voit une volonté d’accorder un mandat illimité au président Faustin-Archange Touadéra.

 

 

Centrafrique : mise en place d’un comité chargé de la correction des anomalies sur le fichier de paie de l’Etat

https://www.radiondekeluka.org/ samedi 20 août 2022 11:39

Après le lancement du contrôle physique des fonctionnaires et agents de l’Etat, le gouvernement met en place un comité pour corriger les anomalies constatées. Créé par un arrêté interministériel en date du 17 août 2022 et placé sous la tutelle des ministères de la Fonction publique, des Finances et de la Défense nationale, ce comité a pour tâche la mise à jour du fichier de paie des fonctionnaires et agents de l’Etat.

La présidence de cette entité dénommée « Comité chargé de la correction des anomalies relevées suite au contrôle de la chaîne de la paie », est assurée par l’inspecteur des finances, Augustin Feïgouto. Sa vice-présidente est la directrice générale de la gouvernance numérique du ministère de la Fonction publique. Par ailleurs, le directeur de la sécurité des systèmes et des bases de données du ministère de la Fonction publique est nommé rapporteur général. Quant au directeur de la solde et des rémunérations des Forces armées centrafricaines, il assure le rôle de rapporteur général adjoint. Le directeur général de l’Office national de l’informatique (ONI) et le directeur général du Commissariat des armées font également partie de ce comité composé de 14 membres.

Produire des rapports et recommandations

La mission principale de ce comité est d’analyser et corriger les anomalies relevées suite à l’opération de contrôle lancée depuis quelques mois par le ministère de la Fonction publique. L’autre objectif vise à valider le fichier définitif de la paie des fonctionnaires et agents de l’Etat avant de le transmettre à l’Agence comptable centrale du Trésor public. Enfin, ce comité produira un rapport avec des recommandations.

Dans cet arrêté interministériel, un rapport du ministère de la Fonction publique fait état des doublons et des différences de salaires entre les mois de mai et juin 2022 pour un montant de plus de 670 millions de francs CFA. Ainsi, le gouvernement espère, au terme de ce contrôle physique, faire plus de 1.200.000 francs CFA par mois.

La mise en place de ce comité chargé de la correction des anomalies du fichier de paie intervient dans un contexte où l’Assemblée nationale a ouvert, ce 19 août 2022, sa 1èresession extraordinaire afin de revoir à la baisse le budget de l’Etat pour l’exercice 2022.

 

Centrafrique : "les acteurs humanitaires continuerons à bénéficier de notre soutien", affirme Valentine Rugwabiza

https://www.radiondekeluka.org/ samedi 20 août 2022 11:53

La situation humanitaire en République centrafricaine préoccupe aussi la Minusca. Lors de la conférence de presse hebdomadaire de la mission onusienne ce 17 août à Bangui, la représentante spéciale du Secrétaire général des Nations-Unies, Valentine Rugwabiza, a tiré la sonnette d’alarme.

Alors que plus de la moitié de la population centrafricaine dépend encore de l’aide humanitaire, le budget alloué pour soutenir les vulnérables cette année, n’atteint que 65% du montant prévu. Raison pour laquelle, l’Organisation des Nations-Unies appelle à davantage de mobilisation.

« Ce montant n’est pas suffisant »

"Je voudrais, ici, attirer l’attention sur la situation humanitaire dans laquelle se trouve la République centrafricaine. Aujourd’hui, une grande partie de la population continue de dépendre de l’aide humanitaire de manière significative. Dans ce contexte difficile, la RCA n’a pas été oubliée parce qu’en ce net moment, 65% du budget recherché a été mobilisé. Toutefois, ce montant n’est pas encore suffisant" a déclaré Valentine Rugwabiza, représentant du Secrétaire général de l’Onu.

Entre janvier et juillet 2022, le bureau de la coordination des affaires humanitaires (OCHA) a enregistré 96 incidents affectant des travailleurs humanitaires. Parmi ces incidents, on compte un tué et au moins 18 blessés. Ainsi, la mission onusienne se félicite de son soutien à l’ensemble des acteurs.

« Ils vont continuer à bénéficier de notre soutien »

"Au plan interne, à travers la sécurisation de l’accès à l’aide humanitaire, les acteurs vont continuer à bénéficier de notre soutien. Soutien en terme d’escorte de sécurité ainsi qu’en logistique. Même durant cette période difficile de la crise du carburant, nous avons dû partager avec les acteurs humanitaires afin qu’ils maintiennent les opérations de fourniture d’aide" a conclu Valentine Rugwabiza.

La Journée mondiale des humanitaires, célébrée le 19 août de chaque année, permet de rendre hommage aux travailleurs humanitaires à travers le monde. En République centrafricaine, il reste beaucoup à faire afin de permettre aux humanitaires d’accomplir leur mission dans des conditions acceptables.

 

 

Centrafrique : des bénéficiaires saluent l’appui salutaire des ONG humanitaires

https://www.radiondekeluka.org/ samedi 20 août 2022 12:01

Le monde célèbre ce jour, 19 août, la journée mondiale de l’aide humanitaire. En République centrafricaine, la situation humanitaire reste préoccupante. Le dernier rapport de OCHA, publié ce 16 août, confirme que les acteurs humanitaires ont pu, à mi-parcours, fournir une assistance vitale à 1,2 millions de personnes soit 60% de la population cible du Plan de réponse humanitaire 2022.

Les événements militaro-politiques de 2013 ont contraint beaucoup de personnes à vivre dans les camps de fortune. Avec le retour progressif de la paix en 2016, plusieurs ONG ont facilité le retour des déplacés à leurs domiciles. Ces anciens déplacés, sont reconnaissants vis-à-vis de l’aide à eux apportée par certaines ONG.

Des maisons construites par les ONG

"Pendant la crise, notre maison a été brûlée. Nous avons trouvé refuge sur le site des déplacés de l’aéroport Bangui Mpoko. L’ONG Acted nous donnait 25.000 francs CFA par mois pendant 6 mois. Les ONG, Première Urgence et Acted, nous ont construit une maison d’une chambre et salon chacune" a reconnu Bernadette Zana, une habitante du quartier Gbaya-Dombia.

En République centrafricaine, plusieurs milliers de personnes dépendent encore de l’aide humanitaire pour subsister. Les catastrophes naturelles empirent parfois la situation. Les sinistrés, victimes des récentes inondations à Bangui et dans certaines villes centrafricaines, bénéficient encore de l’aide des humanitaires.

Un appui financier salutaire

"Ma maison s’est écroulée après les récentes inondations. L’ONG World Vision a volé à notre secours en nous donnant 32.000 francs CFA par mois comme appui continu sur une période de 5 mois" a témoigné Bernadette, une bénéficiaire.

Beaucoup de déplacés et sinistrés dans le 3ème arrondissement de Bangui ont été assistés par des ONG. Après les moments difficiles qu’ils ont vécus pendant la crise, les aides de quelques ONG leur ont permis de se stabiliser.

Des tickets d’approvisionnement octroyés par les ONG

"Nous avions reçu l’aide des ONG comme OIM, Acted et World Vision. Elles nous avaient donné des tickets à échanger contre des produits alimentaires. Parfois, elles nous employaient comme ouvriers pour curer les caniveaux. Cela nous a permis de payer nos loyers et de faire le commerce" a confié Amina, une bénéficiaire dans le 3e arrondissement.

Face à la situation humanitaire inquiétante, la coordination des affaires humanitaires en RCA (OCHA), planifie d’assister environ 2 millions de personnes cette année.

 

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20 août 2022 6 20 /08 /août /2022 17:55
Ouverture du dialogue national au Tchad

 

N'Djamena (AFP). Ouverture du dialogue national au Tchad, un moment décisif selon le chef de la junte

Le 20 aout 2022 à 16h00

"Un moment décisif pour l'histoire de notre pays": après plusieurs reports, Mahamat Idriss Déby Itno, le chef de la junte au pouvoir au Tchad, a donné samedi le coup d'envoi du dialogue national inclusif, qui reste toutefois boycotté par certains groupes armés et de la société civile. Le dialogue national inclusif entre l'opposition civile et armée et la junte au pouvoir au Tchad depuis avril 2021 a pour objectif de tourner de "tourner la page" de la transition et permettre d'organiser des "élections libres et démocratiques".

Ce dialogue doit "tracer les voies d'un nouveau départ" vers un "Tchad prospère" débarassé des "périodes troubles", a déclaré lors de la cérémonie d'ouverture Mahamat Idriss Déby, arrivé au pouvoir en avril 2021 à la tête d'un Conseil militaire de transition (CMT) après la mort de son père Idriss Déby, qui a dirigé le pays d'une main de fer pendant 30 ans. Au début de la transition, il avait promis d'organiser un dialogue avec l'opposition pour permettre le retour du pouvoir aux civils, dans un délai de 18 mois, renouvelable une fois.

"C'est une immense responsabilité historique, pour laquelle, nous n'avons que deux choix: l'assumer ou la trahir", a-t-il dit samedi. Le chef de la junte, général cinq étoiles vêtu d'un treillis militaire, a prononcé un discours d'une trentaine de minutes au Palais du 15 Janvier, dans la capitale N'Djamena quadrillée par un important dispositif sécuritaire, a constaté un journaliste de l'AFP.

Quelque 1.400 délégués, membres de syndicats, de partis politiques et du CMT, se réuniront pendant 21 jours, pour discuter de la réforme des institutions et d'une nouvelle Constitution, qui sera ensuite soumise à référendum. Les questions de la paix et des libertés fondamentales seront également évoquées. "Il est grand temps de stopper la spirale de la violence" dans ce pays qui a connu depuis son indépendance en 1960 de nombreux coups d'Etat, a déclaré le président de la Commission de l'Union africaine (UA), le Tchadien Moussa Faki Mahamat, présent à la cérémonie. "Il est temps d'enterrer la hâche de guerre", a-t-il poursuivi. –

 "Rebâtir le Tchad" –

Ce DNI, qui devait initialement se tenir en février avant d'être plusieurs fois repoussé, s'ouvre moins de deux semaines après la signature, à Doha, d'un accord entre la junte tchadienne et une quarantaine de groupes rebelles. Ce pré-dialogue avec certains groupes armés qui avaient combattu le régime d'Idriss Déby pendant des années prévoit notamment un "cessez-le-feu". L'accord signé le 8 août permet aux rebelles de participer au dialogue. "Nous avons signé cet accord pour rebâtir le Tchad", a affirmé à l'AFP Timan Erdimi, chef de l'Union des forces de la résistance (UFR), revenu jeudi à N'Djamena après plusieurs années d'exil pour participer au dialogue tout comme Mahamat Nouri, chef de l'Union des forces pour la démocratie et le développement (UFDD).

"Ce dialogue doit nous permettre de mettre définitivement le recours aux armes derrière nous", a affirmé Abderamane Koulamallah, porte-parole du gouvernement. Selon un décret signé mercredi par le chef de la junte, Mahamat Idriss Déby, ce DNI aura un caractère "souverain" et ses décisions seront "exécutoires". - "Biaisé" - Or le Front pour l'alternance et la concorde au Tchad (FACT), l'un des principaux groupes rebelles à l'origine de l'offensive qui a coûté la vie à Idriss Déby, n'a pas signé l'accord de Doha et ne participera pas au dialogue, le considérant "biaisé d'avance". Wakit Tamma, une coalition de partis d'opposition et de membres de la société civile, a également refusé d'y participer, accusant la junte de perpétuer des "violations des droits humains" et de préparer une candidature à la présidentielle du général Déby. "Les portes du dialogue demeurent ouvertes", a affirmé en conclusion de son discours Mahamat Idriss Déby.

Les Tchadiens interrogés par l'AFP semblaient eux-mêmes divisés sur l'issue du dialogue voulu par les nouvelles autorités. "L'ouverture de ce dialogue national mène directement vers l'impasse parce que les différentes sensibilités politiques et de la société civile ne participent pas à ce processus", a déploré à l'AFP Abdelaziz, un étudiant de 32 ans. "Le dialogue national peut contribuer à ramener définitivement la paix au Tchad qui a tant souffert des affres de la guerre", espérait de son côté Mimi, 37 ans, caissière dans un hôpital.

 

Le "général-président" tchadien Mahamat Déby dans les pas de son père

Mise à jour le 20 août 2022 à 05:00 par AFP © 2022 AFP tv5monde.com

Mahamat Idriss Déby Itno, le regard fuyant, paraît bien timoré quand l'armée annonce le 20 avril 2021 à la télévision la mort de son père Idriss Déby Itno, maître absolu du Tchad depuis 30 ans, tué au front contre des rebelles.

Le jeune général arbore déjà quatre étoiles à 37 ans mais son nouveau costume semble alors bien grand pour cet homme issu d'une école d'officiers tchadienne et n'ayant jamais approché la politique de près ou de loin: dans la même vidéo, il est proclamé, par les militaires fidèles à son père, chef d'une junte de 15 généraux et Président de la République jusqu'à des "élections libres et démocratiques".

Seize mois plus tard, il campe un chef de l'État assuré, copiant les attitudes martiales de son géniteur, au pays ou en côtoyant de nombreux présidents à l'étranger, car rapidement adoubé par une communauté internationale tout aussi prompte à vilipender et sanctionner ailleurs en Afrique les militaires putschistes.

Une communauté internationale à laquelle il donne des gages, s'engageant à limiter à 18 mois la période de transition et à organiser un dialogue national inclusif (DNI) pour rendre le pouvoir aux civils. Après plusieurs reports, le DNI s'ouvre samedi au palais du 15-Janvier, au cœur de la capitale N'Djamena.

Tout comme son père au début de son règne et dans un pays constamment en proie à des rebellions, Mahamat Déby ne se départ jamais de son treillis les premiers mois, et du béret rouge des commandos d'élite de la garde présidentielle qu'il commandait sous Idriss Déby.

Ni de ses lunettes noires qui lui donnent un air menaçant. Certains le décrivent comme taciturne et secret, d'autres disent qu'il s'efforce d'asseoir une autorité déjà contestée, dans la rue comme chez certains compagnons influents de son père.

- "Continuité" -

Puis il troque progressivement la tenue militaire pour le boubou et la coiffe traditionnelle qu'affectionnait Idriss Déby. Ou bien le costume bien taillé, fines lunettes dorées sur le nez. Là encore, comme son père.

Surnommé "Kaka" - "grand-mère" en arabe tchadien - en référence à la mère d'Idriss Déby qui l'a élevé, il est réputé s'être illustré au combat notamment en 2009, dans l'est, contre la rébellion.

Tout comme son père là encore, ancien rebelle qui s'est emparé du pouvoir en 1990 - à 38 ans - et n'a jamais cessé de se dépeindre en "guerrier" menant ses soldats au front.

Mahamat Déby a rapidement "consolidé son pouvoir en s'entourant des caciques de l'ancien régime", assure Thierry Vircoulon, spécialiste de l'Afrique centrale à l'Institut français des relations internationales (IFRI), pour qui "il y a une vraie continuité entre le père et le fils, le système Déby est toujours en place".

En 1993, Idriss Déby, arrivé trois ans plus tôt au pouvoir par les armes, lançait une conférence nationale souveraine pour mettre en place les institutions de l'État après une période de transition. Tout comme "Kaka" avec le dialogue national. "Mahamat a la même volonté que son père d'afficher un semblant de dialogue avec les oppositions", affirme Kelma Manatouma, chercheur tchadien en sciences politiques, poursuivant que, par le passé, cela n'avait pas "débouché sur les résultats escomptés".

Mahamat brandit aussi, depuis peu, un bâton de commandement similaire à celui dont Idriss se séparait rarement. Au-delà de l'habit et des accessoires, la ressemblance s'arrête là: le père faisait bien son mètre 80, le fils est de taille bien plus modeste.

Experts et officiers étrangers ironisaient volontiers sur ce jeunot à quatre étoiles. Il s'en est épinglé une cinquième le 21 décembre 2021, devenant général de corps d'armée, le plus haut grade possible.

- Même clan -

Pour asseoir son pouvoir, Idriss Déby s'appuyait sur son ethnie, ultra-minoritaire, les Zaghawas, à qui il a confié les postes clés de l'armée. Mahamat, bien qu'à moitié gorane par sa mère, ethnie souvent rivale voire ennemie, s'appuie sur le même clan.

"Ce sont toujours les mêmes qui sont au pouvoir, autour des Zaghawas", souligne Roland Marchal, du Centre de recherches internationales (Ceri) de Sciences Po Paris.

Certains observateurs notent cependant des différences dans l'exercice du pouvoir.

Contrairement à Idriss Déby, qui interdisait toute manifestation, Mahamat Déby "laisse un petit espace pour que les oppositions puissent s'exprimer", admet M. Marchal. Le nouvel homme fort du Tchad a également organisé un "pré-dialogue" au Qatar avec des groupes rebelles, que son père avait combattus pendant des années.

L'homme fort du Tchad a également tendu la main à des chefs rebelles - dont son propre cousin, Timan Erdimi, également membre de l'ethnie Zaghawa - qui avaient essayé à plusieurs reprises de renverser son défunt géniteur, leur permettant de participer au dialogue national.

"Il est moins impulsif que le père, plus posé, il écoute plus qu'il ne parle", assure anonymement un proche conseiller.

Il a également dû donner des gages à la communauté internationale à qui il a promis il y a un an de rendre, sous 18 mois, le pouvoir aux civils, et de ne pas se présenter aux futures élections.

Mais le chef de la junte a porté en juin 2021 un premier coup de canif à ses promesses, en envisageant une prolongation de 18 mois de la transition et en remettant son "destin" à "Dieu" sur une éventuelle candidature à la présidentielle.

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19 août 2022 5 19 /08 /août /2022 17:28
Sahel : "Le Mali se pose en héros de la défense de la souveraineté des Etats africains"

Lu pour vous

 

https://information.tv5monde.com/ Mise à jour 19.08.2022 à 18:03

Jusqu'où ira la détérioration des relations entre Paris et Bamako ? Saisissant le Conseil de sécurité de l'ONU, les autorités maliennes accusent la France de violations de son espace aérien mais aussi de collaborer avec les djihadistes. En conséquence, Bamako "se réserve le droit de faire usage de la légitime défense". Des accusations démenties par la France. Quelles conséquences d'une telle rupture sur le plan national, régional et international ? Entretien avec Niagalé Bagayoko, présidente de African Security Sector Network Institute.

Dans une lettre adressée par le chef de la diplomatie malienne, Abdoulaye Diop, à la présidence en exercice chinoise du Conseil de sécurité de l'ONU, le Mali "invite" le Conseil à oeuvrer pour que la France "cesse immédiatement ses actes d'agression" et réclame une réunion d'urgence.

Le Mali "se réserve le droit de faire usage de la légitime défense" si les agissements français persistent, conformément à la Charte des Nations unies, affirme le ministre.

Entretien avec Niagalé Bagayoko, docteure en sciences politiques et présidente de African Security Sector Network Institute.

TV5MONDE : Bamako accuse la France de collaborer avec des terroristes en collectant des infos et en livrant des armes : quel est votre analyse sur cette accusation qui a été démenti par l’ambassade de France au Mali sur son compte Twitter ?

Niagalé Bagayoko, docteure en sciences politiques et présidente de African Security Sector Network Institute : Ces accusations ne sont pas très précises sur tous les points abordés dans la lettre du Ministre des Affaires étrangères. Il faut distinguer deux types d’éléments, d’une part les mises en cause des activités aériennes menées par la France répertoriées de façon précise et qui selon Bamako correspondent à des violations des règles établies par les autorités en matière d’autorisation de survol du territoire malien. Cette liste reprend certains éléments déjà rendus publics par Bamako notamment au moment de la déclaration d’une d’exclusion aérienne dans le centre du pays. Par exemple, il est question du survol par un avion français qui avait coupé son transpondeur. Il y a aussi les éléments sur la mobilisation par l’armée française d’un drone pour surveiller la base de Gossi. Cela a donné lieu à une passe d’armes à propos du charnier découvert après le départ de l’armée française et qui a été considéré comme créé par les partenaires russes des Maliens pour mettre en cause l’armée française. Ces éléments là ne sont pas nouveau.

Ce qui est nouveau, c’est cette accusation selon laquelle la France aurait utilisé ses moyens afin de transmettre des renseignements mais aussi des armes à des groupes djihadistes et particulièrement à l’Etat islamique au Grand Sahara (EIGS). Cela fait suite au communiqué publié par les Fama (Forces armées maliennes) au lendemain de l’attaque de Tessit par ce groupe EIGS qui a causé la mort de 42 militaires maliens. Le communiqué mentionne que les terroristes avaient bénéficié du soutien d’une force extérieure. Mais dans la lettre du MAE il n’y a aucun élément qui vient étayer cette accusation contrairement aux autres éléments cités qui en effet correspondent de manière avérée à la façon dont la France a pu considérer de manière un trop légère aux yeux des autorités maliennes du respect de la souveraineté du pays tout au long de son intervention militaire. On avait vu des protestations de Bamako qui avaient empêché la venue du président Macron lui-même.

TV5MONDE : Les accusations de violations de l’espace aérien sont-elles fondées ? Par exemple, les drones français avaient-ils le droit de survoler Gossi ? Qu’est que cela présage à l’avenir entre Bamako et Paris sur le plan aérien ?

Niagalé Bagayoko : Il faut rappeler que ces incursions aériennes françaises s’inscrivent selon l’interprétation de la France dans des cadres juridiques précis qui sont les 3 fameux documents sur lesquels s’appuyait le déploiement français au Mali : d’une part le SOFA - Statute of forces agreement (Accord sur le statut des forces) - de 2013 sur lequel est fondé la légitimité de l’opération Serval, ensuite étendu à l’opération Barkhane. L’accord militaire conclu en 2014 qui encadrait la présence en matière d’assistance militaire et technique, troisièmement le SOFA de 2020 relatif à la mise en place des éléments de la force européenne Takuba. Or les Maliens ont dénoncé ces textes au mois d’avril, mais Paris considérait qu’il y avait des délais de mise en œuvre de dénonciation de cet accord et qu’ils pouvaient poursuivre leurs activités sur le territoire alors que les Maliens considéraient que cela avait un effet immédiat.

(Re)lire : Accords de défense France-Mali : de quoi parle-t-on ? 

Concernant le survol relatif à cette violation de la zone d’exclusion temporaire décidée en début d’année sur le centre du Mali, là il y a eu très certainement une violation caractérisée. Concernant le survol de Gossi, selon les Français, la zone d’exclusion n’était pas en vigueur au moment où ils ont installé leur drone et les Maliens l’ont étendu juste après, ce que contestent les autorités maliennes.

Si la France exerce un droit de poursuite sur le territoire malien, elle pourrait se heurter à des ripostes du côté de l’armée malienne qui lui refuse toute incursion

Niagalé Bagayoko, présidente de l'Africain Security Network Institute

TV5MONDE : Le Mali se réserve le droit de faire usage de la légitime défense face aux actions de la France, s’agit-il d’une grave escalade dans les relations entre Bamako et Paris ?

Niagalé Bagayoko : Il y a depuis août 2021 une détérioration continue des relations militaires et diplomatiques entre la France et le Mali, et cela va crescendo. Après la découverte du charnier de Gossi qui a été un moment paroxystique dans les tensions marquées par exemple par l’expulsion de l’ambassadeur de France ou la dénonciation des accords dont on a parlé, il y avait une tendance côté malien à faire valoir ses droits à recourir à la force armée. On s’était demandé si dans le cadre du départ organisé planifié de la force Barkhane et de la force Takuba, il était possible que l’on assiste à des incidents ponctuels entre les forces armées françaises et celle du Mali. Cela ne s’est pas produit.

(Re)voir : Charnier de Gossi au Mali : l'armée française accuse les "mercenaires" russes de manipulations

Autre élément, les Maliens ont refusé catégoriquement lors du renouvellement du mandat de la Minusma une protection aérienne qui aurait été fournie par l’armée française. Le redéploiement de la force Barkhane en cours vers le Niger notamment et plus largement les pays côtiers va poser des questions. La zone des trois frontières, notamment l’espace autour de la région de Menaka, va être extrêmement sensible car les groupes armés combattus à la fois par les Etats sahéliens et l’armée française ne se limitent absolument pas à un territoire et traversent les frontières. Si la France exerce un droit de poursuite sur le territoire malien, elle pourrait se heurter à des ripostes du côté de l’armée malienne qui lui refuse toute incursion. Donc les relations très dégradées entre la France et le Mali pèseront forcément sur les conditions du redéploiement au Niger. L’efficacité de la présence française et des forces internationales déployées pourrait être handicapée par les refus des autorités maliennes de voir l’armée française pénétrer sur son territoire.

TV5MONDE : Selon vous, pourquoi le Mali porte cette accusation d’agression contre la souveraineté et l’intégrité territoriale devant le Conseil de sécurité de l'ONU maintenant ?

Niagalé Bagayoko : D’abord parce qu’on est au lendemain du départ des forces françaises. C’est aussi une façon de signifier que face à la volonté française répétée et déterminée de rester engagée au Sahel, le Mali, qui a conscience que l’épicentre de la crise se situe sur son territoire, adresse une sorte d’avertissement en disant que la gestion de la crise définie de manière transnationale doit se faire sans son concours.
Le Mali considère que la lutte qu’il mène sera menée qu’à travers les forces maliennes ou des partenaires qu’il aura choisis. C’est une façon de faire valoir dès maintenant la position maliennee quant à la réarticulation de ce dispositif français et européen et international à l’échelle du Sahel.

L’armée française ayant quitté le territoire malien aujourd’hui, je vois mal comment des mouvements anti-français pourraient prendre de l’ampleur.

D’autre part, le Mali s’est engagé dans une rhétorique patriote et panafricaine qui fait des émules sur le continent. Aujourd’hui, le Mali se pose en héros de la défense de la souveraineté des Etats africains face à des acteurs perçus comme faisant la promotion d’une logique néocoloniale ou trop interventionniste à ses yeux.

Dernier élément, le Mali se pose en modèle d’inspiration pour d’autres pays africains mais il s’adresse aussi à son opinion publique nationale. L’image de la France s’est considérablement dégradée tout au long de la présence de l’armée française depuis 2013, et ce discours trouve un écho très favorable dans certaines franges de l’opinion publique particulièrement bamakoise très mobilisée sur les questions de la fierté nationale malienne.

TV5MONDE : Quel est l'impact de ce discours sur le plan intérieur ? Faut-il s’attendre à des manifestations ou des pressions sur des intérêts français ?

Niagalé Bagayoko : Il y a déjà des manifestations, un appel avait été lancé pour le 14 août pour exiger le départ dans les deux jours de l’armée française. Alors que des erreurs de communication avaient été commises par la France de mon point de vue, il me semble que ce retrait extrêmement discret a été anticipé car on l’attendait pour la fin du mois d’août. Il a pris tout le monde de court, y compris ceux qui entendaient mobiliser les foules pour protester contre la présence française.

L’armée française ayant quitté le territoire malien aujourd’hui, je vois mal comment des mouvements anti-français pourraient prendre de l’ampleur. Même si les journalistes et médias français sont pris à partie, il n’y pas de sentiment anti-français mais plutôt un rejet viscéral de la politique étrangère et de sécurité française. Les cibles sont les acteurs institutionnels, qu’il s’agisse de l’appareil diplomatique, de l’appareil militaire, de l’appareil médiatique avec l’interdiction de RFI et France 24. Je ne pense pas que les Français à titre individuel soient menacés au Mali aujourd’hui. Quant aux entreprises, leur présence est très limitée. Est-ce que les intérêts des compagnies françaises sont suffisants pour mobiliser les foules, je n’en suis absolument pas convaincue.

A l’inverse, j’ai toujours été très étonnée par la justification de l’intervention française par l’argument selon lequel il fallait défendre les intérêts français au Mali et au Sahel ? Ils me semblent très limités par rapport à ce qu’ils sont dans d’autres zones d’Afrique comme dans le Golfe de Guinée par exemple.

Mali : les derniers contingents de la force Barkhane quittent le Mali

TV5MONDE : Après la fin de présence militaire et diplomatique française, les autres forces étrangères sont-elles les prochaines dans la ligne de mire de Bamako ?

Niagalé Bagayoko : Les forces étrangères africaines ont été réduites considérablement lorsque le Mali a décidé de se retirer du G5 Sahel et de sa force conjointe. Les opérations du G5 sur le territoire malien ont pris fin également. Autres acteurs internationaux, il reste une présence plus symbolique que conséquente des missions de l’UE, EUTM et EUCAP Sahel, tout ce qui concerne la coopération opérationnelle a été suspendu en raison de la mise en cause par les Européens de la présence de la société russe Wagner.

Les forces africaines qui restent sur le territoire malien sont essentiellement déployées dans le cadre de la Minusma. Les relations avec cette mission onusienne vont être certainement au cœur des tensions au cours des mois à venir. Avant le renouvellement du mandat le 30 juin dernier, on avait assisté par les autorités maliennes à la mise en place de nombreuses entraves à la liberté de circulation des forces onusiennes qu'il s’agisse des forces au sol ou des mouvements aériens soumises des demandes d’autorisations de plus en plus strictes.

(Re)lire : Mali : reprise des rotations des contingents de la mission de l'ONU

Mais on avait aussi des protestations et des obstacles érigés pour empêcher de se déployer les missions d’investigation sur les questions de droits de l’homme. Tous les enjeux qui ont entouré la renégociation du mandat ont porté sur ces point là et le Mali a clairement fait valoir qu’il refuserait d’appliquer un certain nombre de dispositions notamment celles relatives aux enquêtes.

le Mali vise au contraire à élargir les partenariats avec des acteurs qui s’inscrivent en faux contre la vision occidentale de l’ordre international.

Ensuite, il y a cette décision de suspendre toute rotation de vols et de relève dans le cadre de la Minusma à partir du mois de juillet ce qui a donné lieu à cette fameuse affaire des 49 militaires ivoiriens arrêtés en raison de l’absence de statut légal justifiant leur présence. On s’aperçoit que les autorités maliennes sont tout à fait fondées dans cette accusation parce que les Nations unies ont été forcées de reconnaitre que les règles onusiennes prévues pour le déploiement des NSE - National support elements - qui ne sont pas des forces onusiennes propres mais apportent un soutien logistique, une protection aux froces déployées, n’avaient pas été respectées.

(Re)lire : Mali: l'inculpation des 49 militaires ivoiriens confirmée par la justice malienne

C’est là qu’on s’aperçoit de la force des arguments mis en avant par le Mali, car les acteurs internationaux comme la France ou les Nations unies ne respectent pas systématiquement les cadres légaux ou les règles qu’ils sont censés appliquer. La difficulté est que les autorités maliennes utilisent aussi ces manquements avérés au service d’une vision politique qui tend à rejeter toute présence étrangère occidentale et qui peut faire craindre un isolement croissant du pays face aux partenaires traditionnels.

TV5MONDE : Peut-on parler d’isolement de Bamako sur la scène internationale ?

Niagalé Bagayoko : On ne peut pas parler d’isolement. On est dans une stratégie de changement historique d’alliance. Lorsqu’on s’adresse au Conseil de sécurité, est-ce que les Etats occidentaux sont aujourd’hui puissants au sein de ce Conseil ? On le voit à la faveur de la guerre en Ukraine, les Nations unies redeviennent une sphère d’opposition entre des visons radicalement différentes et antagonistes de l’ordre international. Des Etats comme la Russie et la Chine réactivent la rhétorique anti impérialiste qu’ils avaient déployée tout au long de la guerre froide. Ils sont d’autant plus à l’aise dans cette thématique qu’ils ’inscrivent dans une continuité historique très claire. Le Mali fait sans doute aujourd’hui le choix d’un nouveau camp qui se révèle extrêmement hostile aux pays occidentaux, à la France, aux Etats-Unis et aussi aux valeurs libérales démocratiques promues dans le cadre des organisations internationales, au premier rang desquels les Nations unies.

(Re)voir : Sahel : une guerre de l'information sans merci entre la France et la Russie

Il y a un isolement clair vis-à-vis des partenaires traditionnels mais le Mali vise au contraire à élargir les partenariats avec des acteurs qui s’inscrivent en faux contre la vision occidentale de l’ordre international.

TV5MONDE : Est-ce à dire que dans la région , d’autres pays pourraient suivre ou ont commencé à le faire ?

Niagalé Bagayoko : Il faut distinguer les positions des Etats d’une part, et d’autre part les opinions publiques. On voit que bien que la présence des acteurs bilatéraux ou multilatéraux censés incarner un ordre libéral démocratique, qu’il s’agisse des pays occidentaux, ou des Nations unies ou de l’UE voire des organisations africaines sous-régionales ou de l’UA, trouvent un écho très favorables dans certaines franges des opinions publiques en Afrique de l’Ouest en général et sans doute au-delà aussi. Est-ce que les autorités des ces pays vont s’inscrire dans le mouvement de ces opinions publiques. Cela dépend ? La multiplication des coups d’Etat sur le continent n’est pas une bonne nouvelle pour le type de modèle qu’ont cherché à promouvoir les partenaires occidentaux depuis trois décennies. Il est difficile aujourd’hui de savoir exactement la position des autorités burkinabé, en revanche le positionnement de la Guinée laisse penser qu’il pourrait s’inscrive dans le droit fil des positions adoptées aujourd’hui par le Mali.

Il me semble crucial aujourd’hui à la fois côté français, européen et onusien d’arriver à repenser et redéfinir une présence au Sahel

Il y a le cas de pays qui se sont posés comme médiateur entre les différents partenaires, le cas du Togo est très intéressant. C’est un Etat autoritaire qui est proche néanmoins des partenaires occidentaux tout en ayant des relations privilégiés avec les autorités maliennes et d’autres acteurs de la sous-région. Il est évident que même des Etats comme le Niger qui s’affirme de manière claire et résolue comme des partenaires privilégiés des acteurs occidentaux, il y a une volonté d’élargissement des relations bilatérales, et le Niger discute aussi et passe des contrats, y compris de ventes d’armes, avec la Russie et la Turquie qui ne sont absolument pas des Etats proches de la France et des autres Etats occidentaux. Il me semble crucial aujourd’hui à la fois côté français, européen et onusien d’arriver à repenser et redéfinir une présence au Sahel et au-delà sur le continent dans le cadre de ces partenariats qui sont en train de s’élargir et se renouveler. On peut citer Israël également parmi les autres acteurs et dont on ne sait pas dans quel camp il est exactement.
Ce sont ces tendances qui vont s’affirmer au cours des prochaines années : des partenaires très diversifiés choisis par les Etats africains eux-mêmes. Il appartiendra de s’adapter pour tout acteur international désireux de s’engager sur le continent.

Philippe Randrianarimanana

 

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19 août 2022 5 19 /08 /août /2022 16:38
Denis Christel Sassou Nguesso soupçonné de blanchiment d'argent en France

 

Denis Christel Sassou Nguesso soupçonné de blanchiment d'argent en France, selon Mediapart

https://www.rfi.fr/   19/08/2022 - 02:44

C'est un nouveau rebondissement dans l’affaire dite « des biens mal acquis ». Selon Mediapart, le fils du président du Congo-Brazzaville est soupçonné par la justice française d’avoir blanchi 19 millions d’euros en France. Le site d’information français dit avoir eu accès à une ordonnance de saisie immobilière, datée du 20 juin, qui détaille des années d’enquête sur le train de vie de Denis Christel Sassou Nguesso en France. 

Selon Mediapart, la justice française est passée à l’attaque fin juin et a saisi un hôtel particulier, dans la banlieue huppée de Paris, suspecté d’appartenir à Denis Christel Sassou Nguesso.

Selon le site d’information, qui s’appuie sur une ordonnance pénale, la justice française estime avoir réuni suffisamment d’éléments démontrant que le fils du président congolais est bien le propriétaire de cet hôtel particulier à Neuilly.

Hôtel qui aujourd’hui est occupé par Denis Christel Sassou Nguesso et sa famille selon le rapport d’enquête cité par nos confrères.

L’enquête de la justice française porterait également sur deux autres biens : deux appartements dans le 16e arrondissement de Paris.

Selon l'ordonnance, les fonds en cause sont sans commune mesure avec les revenus officiels déclarés par Denis Christel Sassou Nguesso, rapporte Médiapart, qui ajoute que la piste avancée par les enquêteurs est celle du pétrole, sur lequel le pouvoir exécutif a la haute main.

Contacté par nos confrères, l’avocat du fils du président congolais affirme que contrairement aux conclusions judiciaires, Denis Christel Sassou Nguesso n’est pas le propriétaire des biens immobiliers visés. Et que les faits dénoncés par l’enquête de la justice ne sont en réalité pas établis.

Les biens mal acquis sont des biens mobiliers et immobiliers acquis en France par des dirigeants d'État africains avec des financements jugés douteux, et qui font l’objet d’une enquête de la justice française.

 

 

L’AFFAIRE « BIENS MAL ACQUIS » ENQUÊTE

Le fils du président du Congo est soupçonné d’avoir blanchi 19 millions d’euros en France

18 août 2022 à 11h05

La justice anticorruption a saisi au début de l’été, à Neuilly-sur-Seine, un hôtel particulier suspecté d’appartenir à Denis Christel Sassou Nguesso, ministre et fils du président autocrate du Congo-Brazzaville. Pour justifier cet acte, les juges ont rédigé une ordonnance pénale, dont Mediapart a pris connaissance, qui détaille des années d’enquête sur un vertigineux train de vie.

À Neuilly-sur-Seine (Hauts-de-Seine), il y a près de la mairie un bien bel hôtel particulier aux volets vert bouteille et aux poignées dorées qui abrite une famille et un soupçon. La famille est celle de Denis Christel Sassou Nguesso, le fils du président autocrate du Congo-Brazzaville et l’un des chefs d’État les plus influents du continent africain. Juste après sa réélection, Emmanuel Macron a d’ailleurs transmis par voie diplomatique à son homologue congolais, qui cumule trente-huit années de pouvoir sans partage, un message de « remerciements, d’amitié et d’encouragement à consolider la relation » entre le Congo et la France.

Fabrice Arfi

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Centrafrique-Presse.com
19 août 2022 5 19 /08 /août /2022 16:26
Centrafrique : des quartiers du 7e et du 2e arr. de Bangui plongés dans l’obscurité

 

 

https://www.radiondekeluka.org/ vendredi 19 août 2022 13:45

Plusieurs quartiers dans les 7e et 2e arrondissements de la ville de Bangui sont privés d’électricité. Une panne de transformateur datant de plus de trois mois serait à l’origine de cette rupture. D’après les habitants de ces localités, cette situation impacte négativement leur quotidien.

Dans le 7ème arrondissement de Bangui, les quartiers Kassaï, Poukandja et Nguito 5, sont dans le noir depuis plus de 3 mois. L’unique transformateur de l’ENERCA qui alimente tous ces quartiers depuis les années 90, est en panne. La nuit, les maisons sont éclairées à l’aide des lampes à pétrole ou des batteries. Les habitants de ces quartiers sont très inquiets. 

« Même la caserne militaire manque d’électricité »

"Nous sommes tout prêt d’un camp militaire. Même la caserne militaire manque d’électricité et nous sommes entourés de hautes herbes. En cas de danger, comment pourrions-nous alerter nos autorités ? Il faut nous rétablir l’électricité" s’est indigné Gilbert, un habitant du quartier Poukandja.

Dans le 2ème arrondissement de Bangui, les quartiers Kingoma, Bruxelles et une partie du quartier Langbashi, subissent aussi le même sort. C’est depuis deux mois que les populations sont privées d’électricité. Les activités ménagères sont durement touchées au grand dam de celles qui exercent de petits commerces.

"Nous éprouvons des difficultés pour écraser le manioc. La vente de l’eau fraîche est aussi interrompue parce que nos congélateurs ne fonctionnent plus. Nous avons aussi peur de nous promener la nuit de peur de nous faire dépouiller de nos biens par les braqueurs" a regretté Vanessa Kodibelet, une mère de famille au quartier Kingoma.

Coup dur pour les activités commerciales

Au quartier Bruxelles, ce manque d’électricité joue négativement sur le quotidien de tous ceux qui dépendent directement de l’électricité pour mener leurs activités génératrices de revenus. Ils affirment que la rupture de l’électricité porte un coup dur à leurs activités commerciales.

"Rien ne marche dans ma poissonnerie. Les poissons de mer que je vends sont en état de putréfaction avancée et les clients n’en veulent plus" s’est plaint Georges Tumo, gérant de la poissonnerie « Divine ».

Dans la matinée du mardi 16 août, une partie de la population du 2e arrondissement a pacifiquement manifesté pour réclamer le rétablissement de l’électricité. Les autorités locales en appellent à une solution rapide pour éviter le pire.

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Centrafrique-Presse.com
19 août 2022 5 19 /08 /août /2022 16:23
Humanitaire, un métier à risque en Centrafrique
Humanitaire, un métier à risque en Centrafrique

 

Lu pour vous

 

dw.com

A l'occasion de la Journée mondiale de l'aide humanitaire, nous revenons sur les risques que prennent les employés des ONG notamment en Centrafrique.

En Centrafrique, les violences armées prennent une proportion inquiétante. Ceci dans un contexte où les groupes armés changent de stratégie en prenant en otage des travailleurs humanitaires. C'est le cas notamment à Bambouti dans l'extrême est du pays où 11 humanitaires de l'ONG Invisible Children ont été récemment enlevés par les hommes de l'UPC avant d'être libérés. Le rapt semble donc être une nouvelle stratégie des mouvements armés pour se financer.

Les humanitaires pris pour cible

Les rebelles excellent dans des actes subversifs contre les civils, mais aussi contre les ONG qui viennent en aide aux populations. A Bambouti, des humanitaires ont été enlevés et dévalisés avant d'être libérés. Des actes attribués aux hommes de l'UPC qui exigent des rançons selon Ernest Mizedio député de Obol.

"Les agents de l'ONG Invisible Children et d'une autre ONG qui partaient pour une mission à Bambouti ont été pris en otage. Les ravisseurs ont revendiqué deux millions, ils ont revendiqué que Invisible Children leur verse 2 millions pour qu'ils puissent libérer ces otages-là. Je voudrais préciser ici que lors des passages de ces éléments de l'UPC, qu'est-ce qu'ils font ? Ils font des rapts, des braquages, ils prennent les biens des paysans, ils prennent cabris, argent, vélo, moto bref tout ce qu'ils trouvent sur leur passage" explique le député. 

Une stratégie pour s'enrichir

L'inquiétude est partagée à tous les niveaux. Les humanitaires kidnappés sont libérés sans qu'on sache les conditions de leur libération. Contacté, la coordination des actions humanitaires (OCHA) se dit préoccupée mais refuse de commenter cette actualité, craignant ainsi de mettre en danger la vie des humanitaires encore présents dans la région contrôlée entre autres par l'UPC et la LRA.

Selon Paul Crescent Beninga, enseignant chercheur et acteur de la société civile, la prise d'otage avec rançon est une nouvelle stratégie des groupes armés en vue de s'enrichir et pour financer leurs campagnes militaires.

"Les prises d'otage constitue un moyen et un mécanisme de survie. Les groupes armés savent que les ONG disposent des moyens permettant de payer les rançons, à partir de ce moment, ils orientent ces prises d'otage vers les organisations non gouvernementales. Mais au-delà de ces prises d'otage, il faut noter qu'il y a une recrudescence des attaques dans l'arrière-pays et j'ai l'impression que l'ambition de ces groupes armés n'est pas de s'emparer du pouvoir à Bangui mais de distraire le pouvoir dans l'arrière-pays. Et il peut y arriver qu'on soit surpris par des attaques dans la capitale, tout est possible dans ce cas de figure" précise t-il.

Les rebelles changent de tactique dans un contexte où l'ONU et les pays de la sous-région s'activent pour une solution négociée entre les parties à travers la feuille de route de Luanda.

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