Lu pour vous
LA CROIX Malo Tresca (envoyée spéciale à Ngoukomba, République centrafricaine),
le 23/08/2022 à 10:20
Non reconnue par le Vatican, l’« apparition », en 2008, d’une croix dans le ciel au cours du pèlerinage annuel de l’Immaculée Conception a encouragé les fidèles à fréquenter le sanctuaire marial de Ngoukomba (Centre Afrique)
Dans ce pays d’une pauvreté endémique devenu un terreau très fertile à l’expansion des nouvelles Églises évangéliques et des mouvances issues du renouveau charismatique, rares sont ceux qui affichent aujourd’hui ouvertement leur scepticisme : l’ « apparition » – non officiellement reconnue par Rome – d’une grande croix blanche dans le ciel, au-dessus du sanctuaire de Ngoukomba, le 8 décembre 2008, en marge du traditionnel pèlerinage annuel de l’Immaculée Conception, est « un signe de Dieu ».
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L’archevêque de Bangui de l’époque, Mgr Paulin Pomodimo – poussé à la démission par le Vatican en 2009, après six ans d’exercice, pour une affaire de mœurs – célébrait alors la messe de clôture de l’événement en plein air. Soudain, un grand silence tombe sur l’assemblée. « J’y étais. La croix de Marie est sortie dans le ciel. Au début, certains se sont dit qu’elle s’était peut-être formée avec les traces d’un avion, ou par un nuage. Mais non ! Elle est restée une dizaine de minutes, puis s’est évanouie », raconte Anicet, responsable scout catholique de 52 ans.
« Des gens se sont mis à crier “Merci mon Dieu !” Il y avait beaucoup d’émotion, d’autres se sont mis à pleurer », poursuit-il. L’évêque interrompt alors la célébration, sans hésitation. « Vous avez vu vous-même le miracle qui s’est produit », lance-t-il à la foule. « Tout le monde s’est mis à chanter en sango (la langue véhiculaire du pays, NDLR) une chanson qui disait : “La croix est sortie dans le ciel à Ngoukomba” », poursuit Luther Ouadda, secrétaire général de l’Association des scouts catholiques centrafricains (Ascca) en fredonnant l’air. « Cet événement a été un grand déclic pour encourager les gens à aller là-bas », soutient le cardinal Dieudonné Nzapalainga, archevêque de Bangui. Depuis, le présumé « miracle » n’a cessé de faire parler de lui, et près de 30 000 pèlerins affluent désormais chaque année dans la petite localité.
L’être suprême dans la pensée africaine, ou l’origine de Dieu
MONDO BLOG
Vos ancêtres n’étaient pas des gens simplistes. Quand ils sont venus à l’existence, ils ont cherché à savoir:
– quel est le but de cette vie sur terre ?
– qui nous a mis là et quel est son dessein ? Et qu’allons-nous devenir après ?
Alors, ils se sont mis à chercher partout. Ils ont fouillé dans le ciel, sous la terre, dans les océans pour chercher qui a créé tout ça. Après avoir fouillé partout, ils n’ont rien trouvé. Ils n’ont rien vu à ce qui ressemble à Dieu.
Alors, ils se sont dit que ça ne vient pas de nulle part. Donc, ils ont commencé à observer la nature. Et c’est par l’observation de la nature, des phénomènes naturels, des comportements des animaux (par exemple en voyant ce qu’un animal mange lorsqu’il tombe malade), de la venue et de l’allée des saisons, ils ont élaboré des connaissances très rationnelles, des connaissances élaborées à partir de l’observation de la nature, des animaux.
Et c’est à partir de ces connaissances-là qu’ils ont bâti ce que j’appellerai un corpus de la connaissance du réel.
De la connaissance du réel à l’absolution
De la connaissance du réel, nos ancêtres ont basé leur spiritualité sur l’absolution. L’absolution c’est ce qu’on constate. On ne croit pas comme ça mais on s’en tient à ce qu’on a vécu, de l’expérience vécue, des observations faites dans la nature d’où on tire des conclusions rationnelles.
Le contraire de l’absolution c’est l’abstraction. L’abstraction c’est quand quelqu’un de son bon vouloir décide que les choses doivent être comme ça, comme son entendement. Et il présente les choses selon sa vision à lui qui peut ne pas correspondre à la réalité.
Or, nos ancêtres ont bannit l’abstraction et il se sont basés sur l’absolution, donc la connaissance du réel.
Et en cherchant à pousser cette connaissance du réel, ils sont arrivés à une frontière qu’ils ne pouvaient pas franchir. Et à cette frontière, tout ce qui était insaisissable par eux et inconnaissable par eux, ils ont appelé ça Dieu. Voilà ce qu’est Dieu dans la spiritualité négro-africaine. Dieu, c’est l’inconnu, tout ce que l’être humain ne peut pas savoir, ne peut pas connaître.
Parce que dans la réalité, les scientifiques d’aujourd’hui sont d’accord, nous êtres humains, notre cerveau est trop restreint pour percevoir la réalité. Nos ancêtres savaient qu’il y avait d’autres réalités qu’on ne pouvait pas voir. C’est le monde invisible.
La physique d’aujourd’hui a prouvé que nos ancêtres avaient raison. Il y a le monde invisible. Demandez à n’importe quel physicien sérieux, il vous dira que même la lumière que l’on voit est une partie restreinte de tout le spectre électromagnétique. Et pour les sons que nous entendons, l’oreille humaine n’entend qu’une portion de 20 Hz à 20 kHz. Et tout le reste, ça passe inaperçu. Mais les animaux, les oiseaux et autres créatures perçoivent plus.
Donc, nous avons une vision trop restreinte de la réalité, l’être humain ne peut pas connaître toute la réalité. Et là où sa perception, sa connaissance, son expérience s’est arrêté, nous avons appelé ça Dieu.
Dieu, c’est donc cette force invisible, cette vibration, cette énergie pure et originelle qui est à la source de toute la création.
Mais, comme nos ancêtres ne l’ont jamais vu, ne l’ont jamais rencontré, ne l’ont jamais entendu, ils ne se sont pas permis d’écrire des livres pour dire que c’est la parole de Dieu. Et ce qu’ils ont expérimenté a été consigné.
L’Africain est monothéiste par essence
Parfois, sachant bien qu’il y a le monde invisible et pour exprimer certaines réalités, ils ont prêté leur voix à Dieu. Donc, c’était pour eux une explication de la notion de Dieu aux profanes. Et donc, eux ils savent que Dieu existe. Nous savons que Dieu existe, oui, nous en sommes conscients et nous savons que Dieu est unique aussi.
Parce que ceux qui nous embrouillent souvent, et ceux qui nous traitent de « sorciers », disent que nous sommes des « polythéistes ». Mais, la notion de « polythéisme » est une aberration grossière parce que c’est l’Homme africain qui a découvert la notion de Dieu. Et le monothéisme, dire que Dieu est unique, le créateur est unique, cette notion est également née en Afrique.
Donc, qui d’autre peut venir nous expliquer Dieu ? C’est ainsi que nos ancêtres ont dit « Dieu existe », mais nous ne pouvons pas le connaître, nous ne pouvons pas le saisir dans sa totalité. Mais, nous voyons seulement ses effets.
Tout comme l’électricité existe aujourd’hui, mais aucun de nous n’a vu l’électricité. Mais nous nous servons tous de l’électricité à travers la lumière. On voit la lumière, c’est l’effet de l’électricité.
On voit les plaques chauffantes pour la cuisson de nos aliments, c’est l’effet de l’électricité.
Nous voyons les moteurs tourner, c’est l’effet de l’électricité.
Mais, aucun de nous n’a vu l’électricité. Donc, le domaine électrique est l’illustration parfaite de la notion de Dieu.
Alors, c’était à une époque très très lointaine. Comme personne n’était là, à la création du monde, alors tous les peuples se sont donnés des explications de la notion de Dieu, comment le monde a été créé, etc.
Donc, ces explications-là ont donné naissance à des mythes, à des légendes, et chaque peuple a ses mythes et légendes. Nous, nous avons en Afrique essentiellement le mythe d’Osiris et il y a d’autres peuples qui ont le mythe d’Orphée, le mythe d’Ormuz, et le mythe d’Œdipe, pour les peuples asiatiques, les Blancs et les Jaunes.
Donc, chaque peuple s’est donné son explication de l’origine du monde. Mais, quand on regarde objectivement, c’est la pensée africaine qui a résisté le mieux à la science. C’est la plus puissante philosophie, la pensée africaine, et elle n’a jamais été démentie par la science.
Les fondements africains de l’animisme
Depuis des millénaires, nos ancêtres ont dit que chaque créature a une âme: les êtres humains, les animaux, les végétaux, et même les pierres ont une âme, une sorte de vibration en eux. Donc, c’est cette vibration-là que nous avons qualifié d’ « âme ».
Et l’Africain est tellement sensible à cette notion d’âme.( que certains nous sommes appelés « animistes ») parce qu’il y a l’âme dans tout. Et l’âme, nous sommes tellement sensible à ça, que l’Africain authentique n’ose même pas verser de l’eau chaude par terre au risque de tuer une fourmi ou de blesser une âme quelconque invisible. Voilà comment nous avons perçu la création.
Nos ancêtres, après des millénaires d’observations, se sont dit qu’il y a un créateur. Mais ce créateur-là, il n’est pas perceptible. Nous voyons seulement ses manifestations. De même, nous ne voyons pas l’électricité mais nous voyons la lumière. Nous ne voyons pas l’électricité mais nous voyons le moteur tourner.
De la même façon, nos ancêtres ont observé des manifestations de Dieu, autrement dit des facettes de Dieu ou les attributs de Dieu. Ces attributs peuvent être: le soleil, la lune, la procréation, l’amour, la mort, etc. Tout ça sont des attributs de Dieu.
Donc, l’Africain a dit, « puisque je ne connais pas Dieu, mais je vois ses manifestations », c’est la même chose quand je dis « puisque je ne vois pas l’électricité, mais je vois la lumière ». Je sais que ça existe. Alors, pour mes besoins d’éclairage, j’utilise la lumière. L’Africain a dit la même chose: « puisque je ne connais pas Dieu, on ne peut pas s’adresser à quelque chose qu’on ne connait pas ».
Donc, il s’est adressé à la manifestation visible, à la manifestation perceptible de Dieu qu’il connaît. Donc, il s’est adressé à cette manifestation perceptible, visible, connaissable de lui.
Comme Dieu a plusieurs manifestations, chaque attribut de Dieu, chaque facette de Dieu a donné naissance à un culte en Afrique. D’où la multitude de cultes que nous avons. Cela ne signifie pas que Dieu est pluriel. Non ! Dieu est un et unique mais il a des manifestations plurielles. Donc, que personne ne vienne nous dire désormais que nous sommes des « polythéistes ». Non !
Quand la science confirme plus tard ce que nos ancêtres ont découvert plus tôt
La science a découvert qu’il y a plusieurs planètes et univers. Et tout ça doit aller en pilotage automatique. Puisque tout cela doit aller en pilotage automatique, le grand patron ne peut pas se mêler de la gestion de toutes les petites choses, sinon ça sera ingérable.
Quand on regarde au niveau d’un simple pays, le président d’un pays est un grand patron. Le grand patron n’encombre pas son bureau avec des tas de dossiers. Si un citoyen américain voulait avoir un passeport et qu’il devrait s’adresser au président, les États-Unis ont 300 millions d’habitants. Imaginez comment son bureau allait être encombré.
Et pour éviter cela, le président a délégué des tâches: il a créé un département pour chercher le passeport; ceux qui ont besoin de permis de conduire, il a créé un département pour aller chercher un permis de conduire; ceux qui ont besoin d’autre chose, il y a le service spécifique dédié à ça.
Donc, le grand patron se charge seulement de contrôler la cohérence de l’ensemble. Mais, il ne se mêle pas des affaires individuelles. Si vous avez mal rempli votre formulaire de demande de passeport, le service des passeports va la rejeter. Mais est-ce pour cela que le président doit intervenir ? Non, il n’interviendra pas parce qu’il a déjà chargé les services pour ça.
Et voilà pourquoi souvent dans certaines de mes interventions, je dis que: « Dieu s’en fout ! »
Donc, c’est un peu caricaturé mais c’est pour vous dire que Dieu ne se mêle pas des détails, des affaires humaines, des relations entre ses créatures.
Il a créé des lois, ce sont des lois physiques qui n’ont jamais été démenties. Et chaque fois qu’on respecte ces lois, on respecte la volonté de Dieu. Et ces lois sont immuables depuis l’origine jusqu’à aujourd’hui.
Notre notion de Dieu est antagonique de ceux qui nous ont présenté Dieu comme quelque chose qui a été créée ex-nihilo.
Il y a un lien fonctionnel très fort entre Dieu et les phénomènes physiques que nous observons. L’intérêt de la pensée négro-africaine a été d’avoir découvert en premier cette vibration qui existe depuis l’origine, la vibration originelle qui existe et qui est dans tout.
Tout vibre !
La terre, depuis le magma intérieur, la terre est en vibration. Moi, je suis en vibration, l’arbre est en vibration, le chien est en vibration, le caillou est en vibration. Donc voilà, nous sommes tous dans cette vibration, cette résonance harmonisée par la nature, par l’univers, par Dieu. »