Lu pour vous
Europe 1
"Je veux dire simplement la jeunesse africaine : expliquez-moi le problème et ne vous laissez pas embarquer parce que votre avenir, ça n'est pas l'anti-France", a déclaré Emmanuel Macron, interrogé sur "le désamour de la France" dans certains pays africains, au deuxième jour de sa visite en Algérie.
Le président français, Emmanuel Macron, a appelé vendredi à Alger les jeunes Algériens et Africains à "ne pas se laisser embarquer" par "l'immense manipulation" de "réseaux" téléguidés "en sous-main" par des puissances étrangères qui présentent la France comme "l'ennemie" de leurs pays. "Je veux dire simplement la jeunesse africaine : expliquez-moi le problème et ne vous laissez pas embarquer parce que votre avenir, ça n'est pas l'anti-France", a déclaré Emmanuel Macron, interrogé par la presse sur "le désamour de la France" dans certains pays africains, au deuxième jour de sa visite en Algérie.
"Oui, la France est critiquée. Elle est critiquée pour le passé, (...) parce qu'on a laissé trop longtemps des malentendus s'installer, et aussi parce qu'il y a une immense manipulation", a-t-il ajouté. "Soyons clairs : beaucoup d'activistes de l'islam politique ont un ennemi : la France ; beaucoup des réseaux qui sont poussés en sous-main, qui par la Turquie, qui par la Russie, qui par la Chine, ont un ennemi : la France", a-t-il poursuivi, en dénonçant l'"agenda d'influence, néo-colonial et impérialiste" de ces pays. "Il y a un ennemi, c'est la France. Ça met tout le monde d'accord, c'est trop facile", selon lui. "Cela a peut-être été le combat de vos grands-parents, de vos parents, mais, partout en Afrique, on vous raconte des cracks, des carabistouilles".
"Du temps pour rétablir la confiance"
"Avançons", a-t-il ajouté, en reconnaissant que cela prenait "du temps pour rétablir la confiance". "Mais je le fais avec patience, engagement et affection pour le continent africain et pour l'Algérie". Emmanuel Macron avait tenu un discours similaire lors d'une visite fin juillet dans trois pays africains parmi lesquels le Cameroun où il avait vivement dénoncé la "présence hybride" de la Russie en Afrique, qui "passe par la désinformation et des milices", et qui "est une préoccupation d'abord pour le continent africain".
À Alger, il a plaidé pour "renforcer le partenariat avec l'Algérie" dans la lutte contre la menace terroriste au Sahel. Il s'agit notamment d'"éviter que des mercenaires puissent fleurir dans la région, en particulier ceux de Wagner", a-t-il ajouté, en faisant référence au groupe privé russe actif au Mali, d'où est récemment partie l'armée française.
Paris cherche l’appui d’Alger sur le Sahel
Le Monde
La visite en Algérie d’Emmanuel Macron a donné lieu à une réunion inédite au plus haut sommet des responsables militaires et du renseignement des deux pays. Le président français a notamment mis en cause « l’impérialisme russe » dans la région.
C’est ce qu’Emmanuel Macron appelle le « grand dossier sahélien ». Vendredi 26 août, en fin d’après-midi, le chef d’Etat français s’est presque félicité d’être arrivé en retard pour la traditionnelle allocution présidentielle devant les membres de la communauté française réunis à la résidence de l’ambassade de France à Alger. La raison : « Des discussions dans un cadre inédit depuis 1962 », qu’il a eues, un peu plus tôt dans la journée, avec les plus hautes autorités algériennes, le président, Abdelmadjid Tebboune, et les chefs de l’armée. Une première, longtemps espérée par Paris.
« Nous nous sommes retrouvés avec nos ministres des armées, chefs d’état-major des armées et grands directeurs [du renseignement] avec une volonté d’avancer sur les questions existentielles, stratégiques et sécuritaires qui étaient comme un angle mort jusqu’alors dans notre relation. » Comprendre la situation régionale – avant tout au Sahel – et, surtout, l’irruption de ce que le chef de l’Etat français appelle l’« impérialisme russe » dans la région.
« L’Algérie a un rôle tout à fait clé au Sahel, géographiquement et politiquement », rappelait-il déjà en quittant le cimetière européen de Saint-Eugène, qu’il avait arpenté dans la matinée, tout en défendant le bilan de la France du Mali, d’où l’armée française a achevé son retrait, cet été. « Notre volonté est de renforcer le partenariat avec l’Algérie, de pouvoir œuvrer ensemble, à la fois sur le plan politique et diplomatique, a-t-il poursuivi, mais aussi pour passer les bons messages et éviter que des mercenaires puissent fleurir dans la région, en particulier le Groupe Wagner. »
« Faire preuve de pédagogie »
Ce groupe, faux nez de l’interventionnisme militaire du président russe, Vladimir Poutine, est accusé par Paris de servir ses « intérêts économiques » propres et de « sécuriser la junte » au pouvoir à Bamako. Alger, proche des autorités maliennes et historiquement lié à la Russie, assure, de son côté, vouloir privilégier une solution politique et revendique une neutralité, en façade du moins, fidèle à son principe de non-intervention dans les affaires intérieures d’un pays tiers.
Ankara rejette les critiques "inacceptables" de Macron sur son influence en Afrique
BFMTV
Le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères Tanju Bilgic a dénoncé des commentaires "extrêmement malvenus" d'Emmanuel Macron, qui a accusé la veille en Algérie des "réseaux" manipulés par Ankara, Moscou et Pékin de répandre une propagande antifrançaise en Afrique.
La Turquie a dénoncé ce samedi les commentaires "inacceptables" et "malvenus" du président français Emmanuel Macron qui a accusé la veille en Algérie des "réseaux" manipulés par Ankara, Moscou et Pékin de répandre une propagande antifrançaise en Afrique.
En visite dans l'ancienne colonie française, Emmanuel Macron a appelé vendredi les jeunes Algériens et Africains à "ne pas se laisser embarquer" par "l'immense manipulation" de "réseaux" téléguidés "en sous-main" par des puissances étrangères qui présentent la France comme "l'ennemie". Il a nommé la Turquie, la Russie et la Chine, leur attribuant un "agenda d'influence, néo-colonial et impérialiste".
Le porte-parole du ministère turc des Affaires étrangères Tanju Bilgic a dénoncé des commentaires "extrêmement malvenus", dans un communiqué.
"Il est inacceptable que le président français Macron, qui a des difficultés à faire face à son passé colonial en Afrique, particulièrement en Algérie, tente de s'affranchir de ce passé colonial en accusant d'autres pays, dont notre pays", a-t-il ajouté. "Nous espérons que la France atteigne aussi tôt que possible la maturité nécessaire pour faire face à son passé colonial sans accuser d'autres pays", a-t-il poursuivi.
Tourner la page de tensions
La visite de trois jours du président français en Algérie visait à tourner la page de tensions dans les relations entre les deux pays ces derniers mois.
La question mémorielle autour de la colonisation française (1830-1962) et la sanglante guerre de libération avait provoqué une grave brouille entre les deux pays à l'automne dernier, après des propos d'Emmanuel Macron sur lesquels il a fait amende honorable.
Cette visite survient en outre au moment où les pays européens s'efforcent de trouver une alternative aux livraisons d'hydrocarbures russes, notamment en renforçant leur approvisionnement auprès de l'Algérie, gros producteur de gaz, laquelle compte en retour voir confirmé son rôle de puissance régionale.