Lu pour vous
https://lesfrancais.press/un-intermede-centrafricain-rencontre-avec-lambassadeur-charles-malinas/ par BORIS FAURE 12 JANVIER 2023 À 15H00
La Centrafrique
La France est le seul pays de l’Union européenne à avoir une ambassade à Bangui (où l’UE dispose aussi d’une délégation). Forte de sa relation ancienne et dense avec la RCA, elle continue de soutenir et d’accompagner la population centrafricaine dans le cadre d’un développement durable du pays. Plus de 700 Français, dont 455 binationaux, sont installés sur place.
Au sein de l’Union européenne, la France a été à l’origine, en juillet 2014, avec l’Allemagne, les Pays-Bas et la Commission européenne, de la création du premier fonds européen multi-bailleurs pour l’urgence et le développement, le fonds « Bêkou », qui a rapidement permis l’adoption et la mise en œuvre de projets dans les secteurs de la santé, de la sécurité alimentaire, des infrastructures urbaines et de la relance économique et sociale. Il est aujourd’hui alimenté à hauteur de plus de 250 millions EUR. Cependant, l’armée française a été invitée à quitter le territoire.
Charles Malinas
Charles Malinas est l’ambassadeur qui plonge dans cette Afrique centrale mosaïque, sans a priori, sans leçons à donner, toujours à l’écoute mais également ferme et déterminé à la tête d’une équipe soudée et engagée, en totale confiance avec le commandement de Sangaris et Paris. Ancien élève de l’ENA, Charles Malinas a effectué sa carrière au Quai d’Orsay où il a notamment occupé plusieurs postes dans différents cabinets ministériels. Il a également été ambassadeur à Prague.
Un Ambassadeur au cœur du tumulte centrafricain : un récit diplomatique de haut vol.
C’est un livre qui comptera dans les annales des récits diplomatiques. Parce que l’on parle d’un moment fort de la politique africaine de la France, à savoir l’intervention militaire en Centrafrique de 2013 suivie d’une action politique intense pour soutenir un processus de paix au départ très incertain.
Ce livre doit tout à son auteur, Charles Malinas, qui tient la plume avec brio pour raconter ses deux années tumultueuses sur le terrain dans une « mission commando » qui le voit œuvrer aux côtés des militaires de la force Sangaris et animer une petite équipe de diplomates et coopérants au service de la paix et de la démocratie.
Avec ces hommes et femmes embarqués comme lui dans ce pays au cœur de l’Afrique, l’Ambassadeur Malinas imposera son atypisme lié à son franc-parler et sa personnalité forte dans un monde diplomatique où on préfère parfois les profils plus pasteurisés. Il va partout parler à tout le monde et noue des contacts qui seront durables avec les partenaires centrafricains qu’ils soient politiques, religieux, économiques ou associatifs. La force d’entraînement de l’Ambassadeur Malinas ce sont ses convictions, celles du dialogue, du respect de l’autre.
Son professionnalisme c’est de savoir travailler avec tous les acteurs politiques centrafricains sans exclusive, sans parti pris, et avec un regard à hauteur d’homme qui témoigne du profond humanisme de cet homme attachant qui nous offre un livre remarquable, enlevé et instructif.
Une mission à haut risque alors qu’un génocide se prépare.
Boris Faure : Charles Malinas, vous êtes nommé en novembre 2013 Ambassadeur de France en Centrafrique au moment où se déploient les 1500 militaires de l’opération Sangaris. La force française, sur mandat du conseil de sécurité des Nations Unies, se voit confier une mission périlleuse : faire cesser la guerre civile en cours alors que des risques de génocide existent.
Les défis qui vous attendent sont à haut risque : vous devrez faire le lien avec les militaires alors que la situation sur le terrain est inflammable entre milices chrétiennes et musulmanes.
Vous allez devoir mener une action politique subtile avec les partenaires internationaux tout en développant un lien de confiance fragile avec le président Michel Djotodia et son entourage.
Ces derniers ont pris le pouvoir par la force en mars 2013, précipitant la chute du président Bozizé. La capitale, Bangui, est depuis paralysée et la population vit dans la peur. Vous avez jusque là un profil de diplomate europhile, spécialiste de la relation franco-germanique, un homme de Cabinet habitué à conseiller les ministres. Quand Alexandre Ziegler, directeur de cabinet de Laurent Fabius, vous propose ce poste, quelles sont vos premières pensées ?
Une mission à haut risque alors qu’un génocide se prépare.
Boris Faure : Charles Malinas, vous êtes nommé en novembre 2013 Ambassadeur de France en Centrafrique au moment où se déploient les 1500 militaires de l’opération Sangaris. La force française, sur mandat du conseil de sécurité des Nations Unies, se voit confier une mission périlleuse : faire cesser la guerre civile en cours alors que des risques de génocide existent.
Les défis qui vous attendent sont à haut risque : vous devrez faire le lien avec les militaires alors que la situation sur le terrain est inflammable entre milices chrétiennes et musulmanes.
Vous allez devoir mener une action politique subtile avec les partenaires internationaux tout en développant un lien de confiance fragile avec le président Michel Djotodia et son entourage.
Ces derniers ont pris le pouvoir par la force en mars 2013, précipitant la chute du président Bozizé. La capitale, Bangui, est depuis paralysée et la population vit dans la peur. Vous avez jusque là un profil de diplomate europhile, spécialiste de la relation franco-germanique, un homme de Cabinet habitué à conseiller les ministres. Quand Alexandre Ziegler, directeur de cabinet de Laurent Fabius, vous propose ce poste, quelles sont vos premières pensées ?
Une mission d’exception confiée à un Ambassadeur adepte de l’action
Charles Malinas : Ma première pensée, ou plus exactement ma première réaction, c’est la surprise. J’avais refusé un très beau poste en Afrique et voilà que l’on m’en propose un autre, beaucoup moins « prestigieux ». D’abord je ne comprends pas. Mais lorsque Alexandre Ziegler me parle de l’envoi de la force, cela change tout. Il s’agit d’une mission d’exception, exception compte tenu de l’enjeu politique ou diplomatique, mais exception également parce qu’il s’agissait d’affirmer le rôle de la politique au sens de la diplomatie face à un dispositif militaire très important qui allait comporter de nombreux officiers, et par conséquent une force de réflexion tout à fait considérable, en comparaison avec une ambassade où nous serons beaucoup moins nombreux.
Si on me nomme là-bas c’est parce que l’ambassade doit exister et rester maîtresse de l’action politique de la France, en harmonie avec la force militaire, pas contre elle, mais pas en-dessous d’elle. Ce qui implique un peu de caractère, comme je l’écris dans mon livre, et grâce à cela la capacité de s’entendre avec un général – ce seront successivement trois généraux puis trois colonels – afin d’ avoir au total une mission unique, politico-militaire.
Dans ces conditions, il était évident pour moi que j’allais accepter : j’aime le risque, l’engagement, les situations inhabituelles, loin de la routine diplomatique.
Et l’entente avec les généraux puis les colonels sera totale, au profit de la mission ; à titre plus personnel il en restera de belles amitiés.
Concilier des positions très opposées, un rôle de dialogue avec tous les Centrafricains.
Boris Faure : Dans le livre se dessine le portrait d’un homme d’action. Vous vous donnez une méthode « aller partout, parler à tout le monde ». Il y a d’ailleurs en creux une critique contre l’Ambassadeur précédent, enfermé dans son Ambassade et coupé du terrain. Il y a des moments où la prise de risque physique se fait sentir. Quand vous prenez la parole au coeur du quartier musulman de Bangui, le Km5, face à une population animée par des sentiments antifrançais.
Dans tout le livre on sentira d’ailleurs que la présence de la France, ex nation coloniale, est regardée, épiée, parfois instrumentalisée, entre ceux qui voudraient s’attirer les bonnes grâces de l’Ambassadeur et ceux qui utilisent la France comme bouc-émissaire et paravent aux prédations des édiles locaux. Mais vous avez le mérite de rester neutre et de garder un lien constant avec Paris à qui vous rendez compte en permanence. Comment êtes-vous devenu cet homme d’action à la fois humain, touché par l’horreur des massacres ou par la mort d’une jeune photographe française, mais qui reste courageux et ferme sur ses principes ?
Celui qui est surnommé le « gouverneur de Bangui » mise sur la parole et la création de confiance.
Charles Malinas : Je crois que j’ai toujours été un homme d’action. Donc si j’aime la réflexion et l’analyse, la réflexion et l’analyse pour elles-mêmes ne m’intéressent pas. C’est leur traduction dans les faits qui me paraît importante.
Est-ce que j’ai été courageux ? Je n’en sais rien. Le courage, c’est je crois le fait de dominer sa peur ; à titre personnel je n’ai jamais vraiment eu peur tant j’étais protégé et tant je me sentais en confiance dans un pays qui avait accueilli la force française comme une force libératrice, une force de paix.
Il y a eu évidemment des moments tendus, et même très tendus, mais c’est normal. De même, j’ai été amené à entrer en contact avec des gens qui avaient des responsabilités très lourdes dans le désastre qu’avait vécu le pays, mais ça faisait partie de la mission.
Ce que je retiens au total, c’est que les Centrafricains, c’est-à-dire les autorités mais également toutes les personnes avec qui j’ai été amené à travailler, dans les partis, dans les associations, dans les groupements de toute nature de la société civile, m’ont accepté et de ce fait m’ont fait confiance. Il y a eu certes une ou deux exceptions de dirigeants, soit de groupes armés, soit politiques, qui ont refusé de travailler avec moi, mais c’était vraiment l’exception. Au moment de mon départ j’ai été reçu pour des rencontres d’adieu par des personnes avec qui j’avais été amené à travailler, mais aussi à m’affronter, parfois de manière très dure, mais qui reconnaissaient que l’action de la France que j’avais dirigée en étroite relation avec la force Sangaris avait été conduite dans un esprit de contribution, dans l’idée d’aider le pays et de ne pas se substituer à ses autorités.
La France aura aidé les autorités de la transition à faire leurs propres choix
Charles Malinas : Cela peut paraître surprenant car on m’a parfois attribué des sobriquets comme « le gouverneur de Bangui », « Malinas premier empereur », « le proconsul », mais la réalité était que nous avons aidé les autorités centrafricaines de la transition à réaliser leurs choix, leur politique dans un contexte extrêmement difficile. Et les partenaires de la France ont agi, je crois, dans le même esprit, qu’il s’agisse des Nations unies, de l’Union africaine, de la CEEAC, de la Banque Mondiale, du FMI, ou des partenaires bilatéraux comme en particulier les États-Unis, le Cameroun ou le Congo.
A l’heure des bilans : la conciliation entre les communautés comme acte fort
Boris Faure : Il nous faut faire le bilan de votre action politique et diplomatique : le calme va peu à peu revenir à travers le processus de désarmement dit DDR et RRS et la préparation des élections. Vous pratiquez le dialogue interreligieux et vous appuyez sur des réunions de conciliation pour organiser la médiation entre les communautés qui jusque là se déchiraient. Les élections en février 2016 permettent l’élection d’un nouveau président et se déroulent de façon satisfaisante contre toute attente. Quel élément de votre bilan vous procure le plus de fierté ?
Charles Malinas : Ce qui me rend le plus fier, c’est sans doute ce pour quoi j’ai pris le plus de risques politiques, c’est-à-dire les actions de conciliation entre les communautés. Avant les événements de 2013, les communautés religieuses ne s’opposent pas en Centrafrique, elles cohabitent sans difficulté y compris au sein du gouvernement. C’est le lien entre la Séléka et les commerçants musulmans, lien opportuniste, qui va fausser les données et entraîner ces affrontements intercommunautaires.
L’initiative que nous avons prise sur la demande de responsables musulmans et chrétiens pouvait paraître étrange. En tout cas très inhabituelle s’agissant d’une ambassade qui n’était pas là pour intervenir dans une affaire totalement interne au pays. Pour autant, cette intervention m’a paru nécessaire car les tensions étaient telles qu’elles empêchaient le retour d’une paix possible et la tenue des élections. Elle faisait donc bien partie de la mission. Et le gouvernement centrafricain de transition n’était à ce moment là absolument pas en mesure, bien qu’il ait rassemblé des musulmans et des chrétiens, d’engager une telle démarche. Et d’ailleurs, les dirigeants qui sont venus me trouver pour que je le fasse ne l’ont pas demandé à l’autorité politique. L’ambassade s’est donc engagée dans cette voie, en accord avec la Force et bien évidemment avec l’accord de Paris. Et je ne remercierai jamais assez Alexandre Ziegler et Guillaume Lacroix de m’avoir appuyé à un moment où ils auraient pu considérer que l’engagement allait trop loin.
Une satisfaction personnelle et pour la France : avoir aidé à surmonter les divisions.
C’est donc une satisfaction personnelle, je ne vais pas m’en cacher puisque j’ai joué un rôle actif dans cette affaire, mais une satisfaction pour la France d’avoir aidé les Centrafricains à trouver le chemin d’un accord leur permettant de surmonter leurs propres divisions, sans pour autant jamais entrer dans le contenu de l’accord passé entre les communautés : ainsi que je l’explique dans le livre, les réunions que j’ai organisées à la résidence après avoir tenu les meetings dans les quartiers, je me suis contenté de les arbitrer sur la forme. En rien sur le fond. Et c’est pour cela d’ailleurs que cela a fonctionné : les points d’accord ont été élaborés par les Centrafricains eux-mêmes. Et je suis persuadé que le succès du Forum de Bangui qui a suivi a bénéficié des résultats concrets de cette initiative. Lors du Forum, même si les partenaires internationaux étaient présents, ce sont les Centrafricains eux-mêmes qui ont défini les points sur lesquels il se mettaient d’accord, et comment il poursuivaient la tâche.
En finir avec la Françafrique.
C’est d’ailleurs je crois la clé de tout cela. En finir avec la Françafrique au sens de l’interventionnisme, agir en appui, en soutien, mais ne pas intervenir sur les choix au fond. Et rester modeste.
De ce point de vue, après le retrait de Sangaris, c’est un sentiment d’abandon qui a saisi les Centrafricains, sentiment que je comprends totalement – je me suis battu contre cette décision de retirer la Force même s’il fallait la réduire, la force de paix des Nations unies n’était absolument pas en mesure de tenir le terrain, et elle l’a malheureusement montré.
Aujourd’hui un sentiment d’abandon et l’arrivée de la Russie en Centrafrique.
Charles Malinas : Ce sentiment d’abandon et l’arrivée de la Russie à qui nous avons ouvert la voie entraîne un rejet relatif de la France. Je dis relatif car il ne concerne pas tous les Centrafricains, mais un nombre important. Pour combattre ce sentiment, il faudrait continuer d’agir dans ce pays de manière responsable, au contraire de ce qui a été fait : en coupant les aides budgétaires, en adoptant une attitude de pays offensé, vexé, en refusant comme je le vois encore aujourd’hui dans la presse, d’accorder un visa à des personnalités centrafricaines de premier plan, on ferme le dialogue alors que, loin de là, il faut l’entretenir par tous les canaux dont nous disposons, et ils sont nombreux, et ne pas lâcher nos amis centrafricains qui sont attachés à notre lien séculaire et qui considèrent que la France a un rôle à jouer dans le redressement du pays, indépendamment de la présence de telle ou telle force étrangère. Je ne dis pas que c’est facile à faire, je dis qu’il faut être dans cet état d’esprit.
Des amitiés nouées qui survivent au départ de l’Ambassadeur du pays.
Boris Faure : On sent que vous avez développé de solides amitiés parmi les personnalités centrafricaines côtoyées sur le terrain. L’athée revendiqué est devenu l’ami du cardinal Dieudonné Nzapalaianga que vous décrivez comme un saint tant il oeuvre pour s’interposer et prêcher le pardon même quand des chrétiens se font massacrer. En Afrique avez-vous trouvé, sinon la foi, au moins un supplément de spiritualité intérieure face à la mort et l’horreur grâce à l’exemplarité et l’amitié de certaines grandes âmes qui vous ont inspiré ?
Charles Malinas : J’ai noué des amitiés fortes en Centrafrique. Des amitiés qui perdurent aujourd’hui. Au point que je peux dire que la Centrafrique reste mon second pays.
Quant à la spiritualité, je ne suis pas certain de pouvoir répondre à cette question…
J’ai en tout cas beaucoup d’admiration pour toutes les personnes qui ont pris des risques considérables pour ramener la paix, pour redresser le pays. Des risques personnels, sur leur vie.
Une affaire injuste, le reproche du laxisme supposé sur l’attribution de visas.
Boris Faure : Il est difficile de ne pas évoquer l’affaire des visas, qui semble assez saugrenue aujourd’hui mais qui vous a conduit à être sanctionné pour un supposé laxisme dans l’attribution de ces titres de séjour aux Centrafricains. En tant que lecteur on ressent une grande injustice à découvrir que vous avez été débarqué de votre poste d’Ambassadeur à Prague, qui vous avez été proposé après la réussite de votre mission en Afrique. Vivez-vous cet épisode comme une blessure ?
Charles Malinas : J’ai évoqué à la fin du livre la sanction qui a été prononcée contre moi pour avoir « conduit une politique laxiste des visas ». Comme je l’écris, j’avais autre chose à faire qu’à m’occuper des visas et je ressens comme profondément injuste la façon dont j’ai été traité. Mais la page est tournée, et ce que les Centrafricains vivent aujourd’hui est autrement plus grave que ce qui m’est arrivé.
J’ai été rappelé de Prague le 13 décembre 2016, sans pouvoir faire mes adieux à qui que ce soit, j’ai eu quelques heures pour quitter le pays. Ensuite j’ai vécu cinq années extrêmement difficiles.
Aujourd’hui, la page est heureusement tournée.
Le Quai aujourd’hui et la réforme du statut de diplomate.
Boris Faure : Quel conseil pourriez-vous donner aux impétrants qui souhaitent embrasser la carrière diplomatique et qui s’intéressent à l’Afrique où la France est parfois malmenée ?
Charles Malinas : Je suis préoccupé par la manière dont la politique étrangère est envisagée depuis quelques années. La dernière évolution avec la suppression du corps diplomatique me renforce dans cette inquiétude.
Je suis un diplomate plutôt atypique, pour autant je ne pense pas que tous les diplomates doivent être atypiques.
La force du Quai d’Orsay, c’était sa réflexion, sa capacité d’analyse, et parfois (pas assez souvent à mon goût) la traduction dans l’action. Depuis quelques mandats présidentiels, la cellule diplomatique de l’Élysée a tendance à se substituer à cet appareil diplomatique, en l’utilisant à l’occasion mais pas forcément.
D’autres ministères, d’autres organismes développent une capacité de réflexion sur la politique étrangère, souvent de qualité. Cette dispersion dans l’appareil d’État ne me paraît pas être une bonne chose.
Le Quai a perdu en qualité de réflexion
Charles Malinas : Le Quai d’Orsay a perdu en qualité de réflexion, il néglige également l’indispensable interaction entre les postes et le Département –dans le cas de ma mission en RCA, le fait que j’aie eu au téléphone pratiquement tous les jours un entretien avec le Quai a été un élément essentiel dans la réussite car les décisions ont été prises en prenant en compte à la fois les impératifs globaux et les circonstances de terrain.
Développer une diplomatie efficace, c’est donc avoir, à mon avis, une réflexion d’ensemble au service d’une vision du monde, et une mise en œuvre concertée entre Paris et le terrain – ce que les moyens actuels de communication permettent sans aucune difficulté.
Vision du monde : en avons nous une aujourd’hui ? Réflexion : même question. Interaction : même question également.
Ainsi, comment donner un conseil aux impétrants alors que je ne sais pas si, aujourd’hui, je choisirais encore le Quai à la sortie de l’ENA ?
Boris Faure
Boris Faure est l'ex 1er Secrétaire de la fédération des expatriés du Parti socialiste, mais c'est surtout un expert de la culture française à l'étranger. Il travaille depuis 20 ans dans le réseau des Instituts Français, et a été secrétaire général de celui de l'île Maurice, avant de travailler auprès des Instituts de Pologne et d'Ukraine. Il a été la plume d'une ministre de la Francophonie. Aujourd'hui, il collabore avec Sud Radio et Lesfrancais.press, tout en étant auteur et représentant syndical dans le réseau des Lycées français à l'étranger.