RCA: hommage aux casques bleus marocains tués à Bangassou
Par RFI Publié le 28-07-2017 Modifié le 28-07-2017 à 15:04
Au quartier général de la Minusca, la force de l'ONU déployée en Centrafrique, c’était jour d’hommage ce vendredi 28 juillet. Une cérémonie à Bangui en mémoire des trois casques bleus marocains tués à Bangassou, dans le sud-est du pays, dimanche et mardi. De nouvelles victimes qui portent à neuf le nombre de soldats de la paix tombés cette année en RCA.
L'imam du contingent marocain prie pour les trois casques bleus tombés cette semaine. Devant tous les officiels, c'était encore une cérémonie digne et solennelle qui s'est tenue dans l'enceinte de la Minusca. Depuis le début de l'année, les Marocains sont ceux qui ont essuyé les plus lourdes pertes. Le contingent couvrant l'est du pays, où les combats font toujours rage, particulièrement à Bangassou, totalement hors de contrôle depuis que des milices d’autodéfense ont pris la ville au mois de mai.
Parfait Onanga-Anyanga, le patron de la Minusca, a condamné avec des mots très choisis les actes commis par ces groupes d'autodéfense, qui s'en prennent à l'ONU et à la population musulmane de Bangassou : « Ailleurs, cela s'appelle extrémisme, leur mode d'action repose sur la terreur. A Bangassou, nous l'avons hélas rencontré avec effroi. Une violence ignoble et inhumaine s'est abattue sur nous ».
Depuis ces derniers événements, des renforts doivent venir prêter main-forte dans la ville. D'abord le contingent gabonais, qui est arrivé hier, et les forces spéciales bangladaises, censées intervenir avant la fin du week-end. En raison de ces combats, de nombreuses ONG ont dû cesser leurs activités alors que plus de 14 000 personnes restent déplacées à Bangassou, de nombreux habitants sont même partis se réfugier au Congo voisin.
L’ONU extrêmement préoccupée par le regain de violence en Centrafrique
Par RFI Publié le 29-07-2017 Modifié le 29-07-2017 à 00:05
Avec notre correspondante à New York, Marie Bourreau
Le regain de violence en Centrafrique et la mort de trois casques bleus depuis dimanche 23 juillet préoccupent au plus haut point les autorités onusiennes. Après le Secrétaire général Antonio Guterres, qui dans un communiqué mercredi dernier s’inquiétait d’un possible déraillement du processus de stabilisation du pays, c’est au tour de Jean-Pierre Lacroix, le chef des opérations de maintien de la paix, d’en appeler aux autorités politiques centrafricaines. Il a annoncé se rendre ce week-end en Centrafrique pour soutenir les efforts de la Minusca.
Les violences répétées contre les civils et les casques bleus risquent de marquer un point de basculement qu’il faut éviter à tout prix, écrit Jean-Pierre Lacroix dans un communiqué qui fait suite à son audition vendredi et à huis clos par le Conseil de sécurité.
Les diplomates ne cachent plus leur crainte de voir la Centrafrique retomber dans les violences ethniques qui ont ensanglanté le pays en 2013.
Le chef des opérations de maintien de la paix a donc annoncé un redéploiement rapide de casques bleus à Bangassou où deux militaires marocains ont trouvé la mort dimanche dernier. Ils ont été pris à partie par des groupes d’auto-défense alors qu’ils sécurisaient un point d’accès à l’eau pour 2 000 civils déplacés par les combats.
L’ONU souligne aussi son inquiétude pour la ville de Zemio, à 290 kms à l’est de Bangassou, où les clashes entre communauté musulmane et éléments anti-Balaka se multiplient ainsi que pour la ville de Bria au Nord. Le départ des troupes ougandaises et américaines dans l’Est a conduit à un vide sécuritaire et à l’émergence de ces groupes d’auto-défense, note aussi Jean-Pierre Lacroix.
La solution reste néanmoins politique, souligne-t-il dans un appel aux autorités de Bangui, menaçant de sanctions ceux qui feraient dérailler le processus de paix.
RCA : L'évêque de Bangassou très inquiet pour les musulmans
http://fr.radiovaticana.va
(RV) 28/07/2017 18:50 Entretien - «Bangassou est une bombe à retardement prête à exploser à tout moment» : c’est en ces termes que l’évêque de Bangassou, Mgr Juan José Aguirre Muños, évoque la situation dans cette ville du sud-est de la République centrafricaine. Deux mois après des violences meurtrières, la population vit de nouveau dans la terreur. Quelques 2 000 musulmans sont toujours retranchés dans le petit séminaire de l’évêché de Bangassou, «sous la protection de l’Église» et des casques bleus marocains, affirme-t-il. Autour d’eux, des miliciens anti-balaka prêts à les tuer.
Ils veulent «les asphyxier» en les empêchant de s’approvisionner en eau, en nourriture et en bois de chauffage. «Si une femme sort du périmètre du site, on lui coupe les oreilles, si un homme sort on l’égorge» relate Mgr Juan José Aguirre Muños qui indique avoir rencontré, ce jeudi 27 juillet 2017 à Bangui, la capitale, certains ministres pour leur demander de l’aide.
«J’ai demandé que le gouvernement soit présent, que le site soit délocalisé, qu’il y ait un envoi de forces capables de sécuriser la ville et de chasser les anti-balakas violents». «Depuis deux mois, il y a eu beaucoup de larmes à Bangassou, poursuit-il, il faut arrêter cela. Cette situation ne peut plus durer».
Le 26 juillet dernier, le secrétaire général des Nations unies, Antonio Guterres, s’était dit «extrêmement inquiet au sujet des combats dans le sud-est de la République centrafricaine». Il s’exprimait après la mort de trois casques bleus marocains depuis dimanche 23 juillet. Les forces onusiennes ont été prises dans une embuscade tendue par des anti-Balaka, selon la Mission des Nations unies en Centrafrique.
«Si on la laisse perdurer, la situation actuelle risque de saper les résultats durement acquis pour parvenir à une paix durable», a-t-il indiqué dans un communiqué, appelant toutes les parties à «cesser la violence» et à «prendre des actions pour éviter une plus grande détérioration de la fragile situation en matière de sécurité».
Au total, neuf casques bleus ont été tués cette année. Plus d'un million de personnes ont été déplacées dans le pays et la survie de plus de 2,3 millions d'habitants - la moitié de la population - dépend de l'aide humanitaire, selon l'ONU qui a déployé 12.350 soldats et policiers pour protéger les civils et soutenir le gouvernement du président Faustin-Archange Touadéra, élu l'an dernier.
(HD avec AFP)