18 OCT 2017 Mise à jour 18.10.2017 à 08:00 (AFP)
Le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, recommande de renforcer la mission de paix Minusca en Centrafrique de 900 Casques bleus en raison d'un nouveau "cycle de violences", dans un rapport transmis mardi aux membres du Conseil de sécurité.
"Il est tragique que la détérioration de la situation sécuritaire au cours des derniers mois, notamment dans le sud-est, mette le pays à nouveau dans un cycle de violences en dépit des efforts multiples pour éviter une aggravation du conflit", souligne le secrétaire général dans ce document.
"La situation humanitaire dans le pays est une grave préoccupation", ajoute Antonio Guterres qui doit se rendre prochainement en Centrafrique, sa première visite à une opération de paix de l'ONU depuis sa prise de fonctions en janvier. Le mandat de la Minusca arrive à échéance en novembre.
Face à cette situation, "je recommande une augmentation de 900 personnels militaires" à la Minusca, qui compte aujourd'hui un peu plus de 10.000 Casques bleus, indique dans ce rapport le patron de l'ONU. Ce renforcement doit inclure "deux compagnies d'infanterie (300 hommes, pour améliorer la présence militaire de deux bataillons dans l'est et le centre" de la Centrafrique. A cela devrait s'ajouter "un bataillon (600 hommes) dans le centre et l'est", précise-t-il.
Selon lui, ces renforts "ne permettront pas de manière réaliste à la Minusca de protéger tous les civils à travers le pays". Mais "ils donneront à la Force une plus grande flexibilité pour être déployée rapidement en cas de menace contre les civils dans des zones géographiques prioritaires", explique-t-il, en évoquant notamment le centre et le sud-est du pays.
La Centrafrique connaît depuis plusieurs mois une recrudescence d'affrontements entre groupes armés qui se disputent le contrôle des ressources naturelles et des zones d'influence, tout en prétendant assurer la défense de certaines populations et communautés locales.
L'intervention de la France (2013-2016) et celle de la Minusca ont certes permis un retour au calme, mais, depuis le départ de la force française Sangaris il y a presque un an, les violences ont progressivement repris dans les provinces qui restent majoritairement contrôlées par les groupes armés.
© 2017 AFP
Le voyage périlleux du chef de l’ONU à Bangui
https://mondafrique.com Par Aza Boukhris 17 octobre 2017
Alors que le Secrétaire général de l’Onu Antonio Guterres doit se rendre en Centrafrique du 24 au 27 octobre prochain, l’instabilité qui règne dans le pays et les déboires de la Minusca risquent de rendre la visite mouvementée.
Le Secrétaire général de l’Onu, Antonio Gutteres, est attendu à Bangui du 24 au 27 octobre prochain. Il s’agira de sa première visite depuis sa prise de fonction en janvier 2017. Dans ses précédentes fonctions à la tête du Haut Commissariat aux Réfugiés de l’Onu, Antonio Gutteres avait effectué plusieurs missions en Centrafrique, notamment en janvier 2014 avec le ministre français de la défense de l’époque, Jean-Yves Le Drian.
Cette visite de travail vient après les propos de Stephen O’Brien, Secrétaire général adjoint aux affaires humanitaires, qui faisaient état d’une situation pré-génocidaire. Cette déclaration avait suscité la polémique, close après la récente mission d’Adama Dieng, envoyé spécial du Secrétaire général.
Concert de casseroles
Le séjour d’Antonio Gutteres pourrait ne pas être de tout repos. Devant l’échec de plus en plus retentissant de la Minusca, les massacres continus des populations civiles, les retards dans la mise en route de la Cour Pénale Spéciale promise par le président Faustin-Archange Touadéra et les refus de de lever l’embargo sur les armes, les Centrafricains manifestent de plus en plus de défiance par rapport à l’action des Nations Unies.
L’accueil des Centrafricains à Antonio Gutteres pourrait être à la hauteur des multiples accusations contre la Minusca. Plusieurs représentants de la société civile ont annoncé trois jours de deuil démonstratifs mais pacifiques entre le 24 et le 27 octobre avec, à la nuit tombée, des concerts de casseroles.
D’ores et déjà, le clan présidentiel cherche des motifs pour faire cesser cette contestation. Les habituelles accusations resurgissent avec leurs menaces. Pêle-mêle, on s’indigne des tentatives de coup d’Etat, de déstabilisation du processus de paix, de la main de l’étranger pour préparer une répression musclée et des arrestations de leaders de l’opposition.
Tant que l’ONU et la France continueront de s’arc-bouter sur le principe de la souveraineté de l’Etat pour justifier leur soutien aveugle à la présidence Touadera, la situation du peuple centrafricain ne pourra s’améliorer.