Centrafrique : Le premier ministre Mathieu Sarandji diabolise les magistrats
PAR JEAN FERNAND KOENA LE 20 MARS 2018
BANGUI, le 20 Mars 2018(RJDH)—La colère du premier ministre Mathieu Simplice Sarandji s’est très vite invitée dans le débat et à charge contre l’appareil judiciaire et ceux qui l’animent à la clôture de la retraite interinstitutionnelle de haut niveau sur les institutions, co-organisée par le gouvernement et la francophonie le 19 mars à Bangui.
Si dans sa synthèse, l’un des témoins, Pr Boubacar Kanté, a mis l’accent sur la volonté et les images qu’affiche aujourd’hui la République Centrafricaine engagée dans la reconstruction de ce pays, la surprise n’est pas loin et viendra sans doute de Mathieu Simplice Sarandji qui sans langue de bois s’en est pris ouvertement à des personnalités sans les citer mais aussi et surtout aux magistrats qu’il rend responsables du mauvais classement économique du pays.
Premier acte, Simplice Mathieu Sarandji critique ceux qui ont des carnets d’adresses et oppose une fin de non-recevoir à l’idée de la transition évoquée par le Pr Boubacar Kanté en ces termes. «Nombre de nos leaders pensent que c’est en ayant des relations soutenues ou c’est en ayant des accointances avec telle ou telle personnalité à l’extérieur qu’ils pourront gérer ce pays. Le peuple, on n’en a cure, voilà le problème. On jauge sa capacité d’homme d’Etat à l’aune des relations que nous avons avec les personnalités à l’extérieur, quand bien même je respecte cette personnalité, malheureusement le peuple n’est pas notre priorité» a-t-il accusé.
Poursuivant dans la même logique, le premier ministre en parlant de «contenant et de contenu» n’a pas épargné les magistrats qu’il cite comme la cause du mauvais classement économique selon Doing Business. «Le contenant n’est rien si le contenu n’existe pas, il est tout à fait normal que ceux qui animent la vie de ces institutions puissent s’afficher par un leadership conséquent, par un courage conséquent et aussi par une probité morale conséquente. Oh je ne voudrais pas que mes propos soient considérés comme un outrage à qui vous savez ! » s’exclame-t-il, avant de dire que cette retraite permet de dire la vérité et la vérité entre nous.
«Interrogeons la mémoire collective centrafricaine pour savoir ce que pense notre peuple des hommes de droit dans notre pays. La perception n’est pas bonne ; nous devons nous dire la vérité. Lorsque le peuple n’a plus foi en la justice, on ne peut plus parler de l’Etat de droit. Dans l’imaginaire collectif, lorsqu’on commence par fustiger sa propre justice à tort ou à raison, je ne me prononce pas, je ne juge pas car je ne suis pas juge, il y a problème ! » a-t-il ajouté.
Au terme de son réquisitoire, Simplice Mathieu Sarandji règle ses comptes avec les magistrats en ces termes : «le contenant c’est la machine judiciaire, le contenu, ce sont les hommes et les femmes qui travaillent dans ce contenant qu’on appelle les magistrats ; on ne pourra relever le défi que si et seulement si les contenants de ce contenu se comportent avec probité et efficacité dans l’intérêt de la population. Je sais, en ma qualité de premier ministre, lorsqu’on me dit que le classement de Doing Busisness, de la Banque Mondiale, la République Centrafricaine est comptée parmi les derniers à cause de l’environnement juridique, je dis qu’il y a problème».
Cette position à la tribune de la retraite de l’OIF ne passe pas inaperçue selon quelques magistrats présents dans la salle comme disait l’un d’entre eux sous couvert de l’anonymat «c’est indécent, s’il a de problème avec les magistrats, l’idéal aurait voulu qu’il les convoque et les sermonne dans une chambre close. Mais le faire de cette manière c’est gravissime » s’est insurgé ce magistrat.
«Depuis sa nomination, le locataire de la primature n’a pas engagé des réformes pour corriger les failles ; mieux il se contente de critiquer comme si dans ce pays la logique de dénonciation et de confusion est érigée en mode de gouvernance», a réagi un participant ému de la déclaration du premier ministre.
Le premier ministre critique les magistrats alors que le gouvernement table sur ces derniers pour juger les auteurs co-auteurs de la crise.
Afrique : Kigali accueille le Sommet sur la Zone de Libre-Echange Continentale
PAR FLEURY AGOU LE 20 MARS 2018
BANGUI, 20 mars 2018 (RJDH)–Kigali, la capitale du Rwanda accueillera demain, 21 mars le Sommet de l’Union Africaine sur la Zone de Libre-Echange Continentale. Plus de 27 Chefs d’Etat et des Chefs de gouvernement sont attendus à Kigali pour ratifier le traité instituant la Zone de Libre-Echange continentale (ZLEC).
Pour favoriser le commerce intra-africain, les Africains ont rendez-vous avec l’histoire à Kigali pour créer la plus grande union douanière au monde par la création de la Zone de Libre-Echange Continentale (ZLEC). Un espace où les Hommes et les marchandises circuleront librement.
En discussion depuis des années, le Chef d’Etat rwandais et Président en exercice de l’Union Africaine, Paul Kagame, a rappelé à ses homologues dans la lettre d’invitation que «la Zone de Libre-Echange Continentale constitue un pacte historique dont la concrétisation représente une avancée majeure pour l’intégration et l’unité africaines».
Sur les enjeux de cet espace, les experts ont souligné que la création de la Zone de Libre-Echange Continentale permettra aux entreprises d’accéder à un marché d’un milliard de consommateurs qui importent hors du continent la plupart de leurs produits de consommation.
Selon les prévisions de la commission économique des Nations-Unies pour l’Afrique, cet espace sera une aubaine au commerce africain. «La création de la ZLEC permettrait une augmentation de 52 % du commerce intra-africain d’ici à 2022 – soit 28 milliards d’euros de richesses supplémentaires – et réduire d’autant sa dépendance à l’extérieur. Mais cette perspective reste encore lointaine», a-t-elle relevé.
Dans la mise en place de la Zone de Libre-Echange Continentale, Kigali constitue l’une des étapes, ont indiqué les experts. Le processus continuera dans les négociations. «Abaisser les barrières douanières, libéraliser les services, ouvrir son marché à la concurrence suppose que l’on tienne compte des disparités qui existent entre pays. Voilà pourquoi de nombreux débats restent à mener pour instaurer des mécanismes d’exception ou de compensation afin d’éviter de déstabiliser les économies les moins avancées», a indiqué Victor Harison, le Commissaire aux affaires économiques de l’UA.
Désistement du Nigeria à la signature de la Zone de Libre-Echange Continentale:
A quelques jours du lancement de la Zone de Libre-Echange Continentale, l’initiative commence à se fissurer par l’absence au Sommet de Kigali du Président du Nigeria, Muhammadu Buhari. Poids lourd économique d’Afrique et grand marché de consommation, Muhammadu Buhari ne fera pas le déplacement de Kigali pour ratifier l’Accord sur le lancement de la Zone de Libre-Echange Continentale.
Dans un communiqué, la Présidence nigériane a déclaré que «M. le président ne voyagera plus vers Kigali pour cet événement parce que certains actionnaires nigérians ont fait savoir qu’ils n’ont pas été consultés » et « ils ont quelques réticences quant aux conditions de ce traité». Le texte a précisé que «la décision de M. le Président veut permettre de donner plus de temps aux consultations ».
Face à la récession au Nigeria, le pays a opté pour une économie ultra-protectionniste et a interdit l’importation de beaucoup de produits afin de booster la production locale.
Centrafrique : Le groupe de travail de la société civile dénonce l’insécurité dans les provinces
PAR ESTELLE-CARINE MAZOUMOKO LE 20 MARS 2018
BANGUI, le 20 mars 2018 (RJDH)–La situation sécuritaire dans certaines villes de la RCA demeure préoccupante. C’est le sujet qui, au palais de Sport de Bangui, a été hier au cœur d’une conférence de presse donnée par le groupe de travail de la société civile (GTSC) qui dénonce l’inaction des forces onusiennes à maintenir la sécurité.
La Réaction du groupe de travail de la Société Civile sur la crise en Centrafrique intervient dans un contexte que la ville de Bangassou, Rafai dans le Mbomou, Mobaye dans la Basse-Kotto et les villages proches de Paoua dans l’Ouham-Pendé font face à des menaces et attaques armées, compliquant ainsi la situation de la population civile.
Paul Crescent Beninga, porte-parole par intérim de ladite plateforme dénonce l’insécurité dans les villes de Bangassou et de Paoua. «Les populations de ces zones souffrent à cause des violences perpétrées par ces groupes armés. Les femmes et les enfants vivent dans la psychose, nous demandons à la Minusca et au gouvernement de prendre leurs responsabilités», a-t-il lancé.
Pour lui, «le groupe de travail de la société civile condamne avec dernière rigueur ces actes barbares sur les paisibles populations».
Cette interpellation intervient au moment où certaines villes de l’Est subissent des menaces d’attaques des groupes armés plongeant les populations civiles dans la psychose et mettant d’autres sur la route de l’exil.
Centrafrique : L’Unicef et l’Alliance Gavi appuient le ministère de la santé avec des matériels
PAR MARLY PALA LE 20 MARS 2018
BANGUI, le 20 mars 2018(RJDH)—L’Unicef a remis ce jour du matériel roulant et informatique au Ministère de la Santé et de la Population dans l’enceinte dudit ministère. Ce matériel constitué de six véhicules land Cruiser, de cent motos Honda, de cent bicyclettes, de onze ordinateurs, de onze imprimantes et de deux photocopieurs et des accessoires a été acquis grâce aux fonds de l’Alliance Gavi qui œuvre en faveur de la vaccination dans le monde.
Ce don de matériel vient au moment où la RCA fait face à des défis sanitaires énormes notamment des difficultés budgétaires conséquences logiques de la crise qui gangrène le pays depuis 2012.
Spéciose Hakizimana, représentante adjointe de l’Unicef en Centrafrique affirme que «ces matériels permettront audit ministère de redynamiser la supervision des activités au niveau des Districts sanitaires, de renforcer la mise en œuvre des stratégies avancées dans ces districts et d’améliorer la gestion de l’information sanitaire».
Un dispositif sera mis en place pour la gestion de ces matériels a souligné Docteur Pierre Somsé, Ministre de la Santé et de la Population. «Jusqu’à lors, le système de gestion des équipements est encore défaillant, sinon il n’en existe pas. Une équipe sera mise en place pour inspecter régulièrement ces matériels afin de maintenir ces équipements en bon état», a-t-il ajouté.
Le financement de ces matériels destinés à la Direction des Etudes et Planification (DEP), à la Direction de la Santé Communautaire(DSC), à la Direction de la Surveillance Epidémiologie et de la Vaccination(DSEIV) et aux Régions Sanitaires 1,2 et 3, s’élève à 5,55 millions de dollars.