French.china.org.cn | Mis à jour le 28-10-2017
Avant de laisser le secrétaire général de l'ONU, Antonio Guterres, dérouler son message à la tribune du parlement, en plus de l'intervention du président de cette institution centrafricaine Abdou Karim Meckassoua, trois autres députés ont interpellé l'hôte de la République centrafricaine (RCA) vendredi.
"Vous êtes venu, vous avez visité, vous avez écouté, vous allez probablement écouter ce qui ne figure pas dans les rapports qui vous parviennent à New York", a déclaré M. Meckassoua à M. Guterres.
"L'Etat est en lambeau, il n'y a pas d'ordre public, les puissants font la loi et les crimes les plus abominables, les populations ne sont pas à l'abri des tueries de masse, des pillages, des viols et des vols, de l'incendie des villages malgré le retour à l'ordre constitutionnel", a-t-il poursuivi.
Les violences ont fini par engendrer la défiance vis-à-vis de l'Etat et même des autorités pour déboucher sur la colère des populations, a constaté M. Meckassoua qui s'est interrogé : "Comment comprendre que les forces de l'ONU sont sur le terrain et que les populations continuent d'être massacrées et violentées ? "
La députée de la ville centrafricaine de Markounda (nord-ouest), Emilie-Béatrice Epaye, a posé le problème des familles meurtries, qui sont sans vivres et ne sachant pas ce qui adviendra le lendemain.
Le député de la ville centrafricaine de Damara (75 kilomètres à l'ouest de Bangui), Mamadou Nali, en sa qualité de médecin, a démontré l'état piteux des centres de santé abandonnés par le personnel soignant, pillés par les groupes armés et exposant les patients même à la mort à cause des infections bénignes.
Il s'est appesanti sur les taux élevés de mortalité maternelle et infantile, la prévalence élevé du sida et le recours des malades à la pharmacopée traditionnelle.
L'insécurité aidant, il a fait mention du retrait des humanitaires de certaines localités, exposant les populations des régions qui sont sous le contrôle des rebelles à des situations humanitaires dramatiques.
Enfin, le député de la ville centrafricaine de Bocaranga I (nord-ouest), Anicet-Georges Dologuélé a mis le doigt sur la moralité du personnel de la mission onusienne MINUSCA, dont certains auraient pactisé avec les leaders des groupes armés sur des bases culturelles, religieuses, ou des intérêts économiques obscurs, allusion faite à l'exploitation frauduleuse des ressources minières.
Il a demandé que les forces onusiennes se servent de la même robustesse comme dans les villes centrafricaines de Bambari (centre) et de Bocaranga pour déloger les groupes armés et imposer la paix, puisque le maintien de la paix ne donne pas le résultat escompté en RCA.
Pendant que M. Guterres était en train d'échanger avec les parlementaires, la ville centrafricaine Batangafo (nord) a fait l'objet d'une attaque par des groupes armés assimilés aux ex-séléka partis des villes centrafricaines de Kabo (nord) et Kaga-Bandoro (centre-nord) à bord de 8 véhicules et 26 motos, selon des témoins. Ces assaillants ont incendié sur leur passage des cases. La ville même de Batangafo a été mise à sac. La MINUSCA s'est abstenue de se prononcer sur cette attaque.
La journée du vendredi a marqué le dernier jour du séjour de quatre jours de M. Guterres en terre centrafricaine.
Source: Agence de presse Xinhua
La Minusca n’a aucun agenda caché (Guterres)
APA Bangui (Centrafrique) octobre 27, 2017 à 13:29 La Mission multidimensionnelle intégrée des Nations Unies pour la stabilisation en République centrafricaine (MINUSCA) est ‘’impartiale et n’a aucun agenda caché en Centrafrique’’, a affirmé ce vendredi à Bangui, le Secrétaire général des Nations Unies, Antonio Guterres.
Guterres qui achève ce vendredi une visite de quatre jours en Centrafrique, a souligné, s’adressant aux députés centrafricains, que seule, la MINUSCA ne peut apporter la paix dans le pays.
Il a estimé à cet effet que les forces armées centrafricaines doivent disposer des armes afin de protéger la population car dans aucun pays du monde, la paix ne peut exister par les forces étrangères seules.
Il a rassuré les autorités de la RCA qu’il fera tout ce qui est de son pouvoir comme premier responsable des Nations Unies à faciliter l’opérationalisation des forces armées centrafricaines afin qu’elles soient aux côtés des casques bleus pour ramener la paix dans le pays
Guterres a promis aussi de sanctionner ‘’vigoureusement’’ les mauvais comportements du personnel onusien qui impactent négativement sur leurs missions dans le pays.
Le Secrétaire général des Nations Unies a exhorté la communauté internationale à honorer ses engagements financiers vis-à-vis de la RCA et à lui rester solidaire.
Guterres a, dans ses réponses aux parlementaires, loué la générosité des Centrafricains et leur capacité de résilience pour vite dépasser la crise sécuritaire qui secoue leur pays.
Il a justifié sa visite en Centrafrique par le souci d’éviter que la crise qui sévit dans le pays ne puisse être reléguée au second plan par la communauté internationale au profit de la crise nucléaire de la Corée du Nord ou encore celle du Moyen orient.
Il a expliqué son souci de voir la capacité opérationnelle des casques bleus être renforcée par l’arrivée de nouvelles forces. Il faut améliorer la performance du personnel pour mener à bien sa mission a-t-il dit.
Antonio Guterres a également dénoncé les manipulations politiques qui ont des conséquences terribles pour la cohésion sociale en Centrafrique plus particulièrement entre les communautés musulmane et chrétienne.
Il a appelé les leaders centrafricains a dénoncé ces manipulations qui créent la méfiance entre Centrafricains et avec la mission onusienne en RCA.
Les parlementaires dans leurs interventions ont dénoncé inefficacité des casques bleus qui n’arrivent pas à protéger les civils contre les exactions des forces rebelles.
Certains députés ont pointé du doigt des collusions qui existeraient entre certains groupes armés et les forces onusiennes dont le but est d’exploiter les ressources du pays pour s’enrichir illicitement.
Les abus sexuels des casques bleus, l’inaction de certains contingents de la MINUSCA et leur affairisme, l’inopérationalisation des forces armées centrafricaines ont été donc décriés par les députés centrafricains.
Après l’hémicycle, Guterres s’est rendu au quartier musulman de Bangui au Km5 dans le 3ème arrondissement.
Il animera une conférence de presse à l’aéroport international de Bangui Mpoko peu avant de quitter la Centrafrique ce vendredi soir.
Violences en Centrafrique les députés attendent des "actes" de la Minusca
27/10/2017 à 17:03
Les députés centrafricains ont profité de la venue du Secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres en Centrafrique pour demander que la mission de maintien de la paix des Nations unies (Minusca) se mobilise davantage contre les bandes armées qui ravagent le pays.
"Beaucoup de paroles mais on attend que cela (les annonces de M. Guterres sur la Minusca) se traduise en actes", a lancé le président de l'Assemblée nationale Abdoul Karim Meckassoua au patron de l'ONU au cours d'une rencontre à l'Assemblée nationale.
M. Guterres, qui achève ce vendredi une visite de quatre jours, a plaidé à plusieurs reprises pour un renforcement des capacités en hommes et en moyens opérationnels de la Minusca, dont le mandat arrive à expiration le 15 novembre 2017.
La force onusienne est accusée par ses détracteurs de "passivité", parfois même de "collusion" avec les groupes armés, mais aussi d'agressions sexuelles.
En juin, un bataillon de plus de 600 soldats du Congo-Brazzaville avait été renvoyé après des accusations d'agressions sexuelles et divers trafics. En 2016, 120 Casques bleus du même pays avaient déjà été renvoyés pour des motifs similaires.
"Pourquoi ne pas répliquer les opérations de Bambari et Bocaranga", a lancé l'ancien Premier ministre Anicet-Georges Dologuélé.
A Bambari (centre) en février 2017 et à Bocaranga, (nord-ouest) en octobre 2017, les interventions de la Minusca ont fait fuir les groupes armés qui étaient en ville.
"Notre Etat est en lambeaux, son périmètre dépasse à peine la ville de Bangui. Il n' y a pas d'ordre public", a ajouté le président de l'Assemblée nationale M. Meckassoua.
M. Guterres a renouvelé son soutien à la Minusca, rappelant que depuis janvier 2017, 12 Casques bleus ont perdu la vie.
A terme, la mission de l'ONU devra être remplacée par les Forces armées centrafricaines (FACA), a-t-il rappelé.
"Vous pouvez compter sur moi pour plaider afin que les FACA puissent disposer des armes et équipements dont elles ont besoin", a-t-il déclaré sous les applaudissements de l'Assemblée.
L'armée centrafricaine, quasi-inexistante, est en lente phase de reconstruction, et le pays, ravagé par les groupes armés, est soumis à un embargo sur l'achat d'armes.
Le patron de l'ONU s'est aussi engagé à garantir une "tolérance zéro en matière d'abus sexuel" de la part des Casques bleus.
Auparavant, M. Guterres avait rencontré les habitants du quartier musulman du PK5 à Bangui. Aux abords du lieu de la réunion, quelques dizaines de manifestants scandaient "non à la Minusca".
La Centrafrique est en proie depuis 2013 à des violences intercommunautaires, après le renversement la même année de l'ex-président François Bozizé par les milices de la Séléka prétendant défendre la minorité musulmane, ce qui avait entraîné une contre-offensive des milices anti-balaka.
Aujourd'hui, des groupes armés s'affrontent en Centrafrique pour le contrôle des ressources naturelles (diamants, or, bétail...) dans ce pays de 4,5 millions d'habitants, le plus pauvre au monde.
RCA: interpellé par les députés centrafricains, António Guterres répond
Par RFI Publié le 27-10-2017 Modifié le 27-10-2017 à 23:31
Le secrétaire général de l'ONU achève ce vendredi 27 octobre au soir sa visite de quatre jours en RCA. António Guterres est allé ce matin à la rencontre des habitants du PK5. Auparavant, il s’est adressé à l’Assemblée nationale où il a été interpellé par les députés. Et ces derniers n’ont pas mâché leurs mots.
Le président de l’Assemblée a fait part du trouble permanent qui saisit les Centrafricains. « Comment expliquer que 12 000 hommes de la force des Nations unies soient sur le terrain et qu’en même temps les populations civiles continuent d’être massacrées ? Quel est le mandat de cette force ? Ne peut-on pas faire mieux et plus ? » a demandé Karim Meckassoua. « Comment se fait-il que les FACA [les forces armées centrafricaines] ne soient pas réarmées et déployées dans nos provinces ? » a-t-il ajouté.
Après un plaidoyer de deux députés, le chef de l’opposition Anicet-Georges Dologuélé, prend la parole à son tour : « Nous avons tous relevé que certains responsables de la Minusca entretenaient avec des chefs de guerre des sympathies liées, soit à la culture, soit à la religion, soit à des intérêts économiques obscurs ». Tonnerre d’applaudissements dans l’hémicycle.
« Ces forces sont au service du peuple centrafricain »
António Guterres, parlementaire pendant plus de vingt ans, monte à la tribune. Il défend l’impartialité de la Minusca, le sacrifice de ses soldats et concède la nécessité d’amélioration du mandat.
Puis, il réplique : « Je vous garantis que ces forces sont au service du peuple centrafricain et n’ont aucun autre agenda. Je connais la politique et quelquefois c’est très facile de faire de la manipulation d’une réalité et la manipulation politique peut avoir des conséquences terribles ». Il ajoute « vous pouvez compter sur moi pour plaider pour que les FACA puissent disposer d’armes et d’équipements. Vous avez le droit d’être les maîtres de votre destin ». Les députés applaudissent à tout rompre, conquis par leur hôte du jour.
António Guterres se rend au PK5
Après l'Assemblée nationale, le secrétaire général de l'ONU s'est rendu au PK5, quartier de Bangui à prédominance musulmane.
Guterres au PK5 – reportage
27-10-2017 - Par Pierre Pinto