Centrafrique : Un inquiétant regain de violence à Bangui fait plusieurs morts
http://sahel-intelligence.com BY SAMUEL BENSHIMON ON 2 MAI 2018
La capitale centrafricaine a été le théâtre mardi de violents affrontements entre les forces de sécurité intérieure et des membres du groupe armé « Force » près du quartier musulman du PK5, qui ont fait au moins 16 morts et une centaine de blessés.
Les intenses échanges de tirs entre les forces de sécurité et les rebelles armés ont eu lieu à l’heure de la messe du dimanche près de l’Eglise Notre-Dame de Fatima, à Bangui. Les éléments de la milice armée dénommée « Force » auraient ouvert le feu sur les civils chrétiens suite à l’arrestation par les autorités d’un des leurs.
De leur côté, de nombreux chrétiens de la ville se sont rassemblés et ont attaqué une mosquée, qui a été incendiée par les manifestants. Dans le mouvement de colère, deux civils musulmans sont morts lynchés par la foule.
L’ONU, l’Union Africaine et plusieurs capitales ont vivement condamné ces attaques contre l’église de Fatima et la mosquée de Lakounga, qui ne font qu’alimenter les ressentiments communautaire en Centrafrique. De son côté, la Minusca a fait état d’agressions contre deux membres de la mission onusienne.
La Centrafrique en proie à une guerre civile qui perdure depuis le renversement du régime du président François Bozizé en 2013, ne voit pas le bout du tunnel.
Malgré une intense médiation de la communauté internationale, des groupes rebelles armés contrôlent encore une bonne partie du territoire. La Minusca, qui souffre d’un manque d’effectifs et de moyens, devrait bientôt envoyer quelque 450 nouveaux Casques bleus sur le terrain.
Prêtre assassiné, musulmans lynchés : en Centrafrique, de violents heurts font 16 morts
https://francais.rt.com 2 mai 2018, 10:50
Bangui a été le théâtre ce 1er mai d'affrontements violents qui ont causé la mort de 16 personnes. En réaction à des échauffourées avec la police, un groupe d'autodéfense a attaqué une église. Une foule en colère a ensuite lynché deux musulmans.
La capitale centrafricaine a été touchée par une flambée de violences ce 1er mai. Au moins 16 personnes ont perdu la vie lors de plusieurs affrontements. Un premier incident a impliqué le groupe d'autodéfense centrafricain «Nimery Matar Djamous», connu sous le nom de «Force». Un des membres de ce groupe armé, l'un des principaux du PK5, quartier musulman et poumon économique de la capitale, aurait été blessé par des forces de sécurité intérieures. En représailles, «Force» aurait ensuite pris d'assaut l'église Notre-Dame de Fatima dans laquelle étaient rassemblés des centaines de fidèles catholiques pour une messe en hommage à saint Joseph, patron des travailleurs. Ils y ont fait plusieurs victimes, dont le prêtre, alors présent dans l'église. En début d'après-midi, en réaction à ces morts, différents groupes de personnes en colère se sont alors rassemblés en différents points de la capitale.
Deux personnes suspectées d'être des musulmans ont ensuite été brûlées vives à Lakouanga, selon une source médicale. Une mosquée a été incendiée par des manifestants dans ce même quartier, où la Mission des Nations unies en Centrafrique (Minusca) a affirmé avoir dépêché une patrouille. Les forces de sécurité ont alors dispersé la foule.
Selon un bilan provisoire, au moins 16 personnes – dont un policier, un prêtre et un enfant – ont été tuées, et 96 autres blessées au cours d'échanges de tirs dans les environs du quartier musulman du PK5, selon des sources médicales concordantes.
La crainte d'un retour des violences entre communautés religieuses
«Des échanges de tirs intenses ont été enregistrés en fin de matinée à Fatima, dans le 3e arrondissement de Bangui, entre les forces de sécurité intérieure et des éléments armés du groupe criminel du dénommé "Force". Ces derniers auraient ouvert le feu après l'arrestation d’un des leurs par les forces de sécurité intérieure», a précisé la Minusca dans un communiqué.
«[Ces] actes dignes de la plus grande lâcheté ont conduit à la mort de plusieurs civils, dont celle de l'abbé Albert Tougoumalé-Baba», a quant à elle déploré l'Organisation des Nations Unies. Le cardinal Nzapalainga, chef de l'Eglise catholique dans le pays, doit s'exprimer ce 2 mai à Bangui, dès son retour d'Europe. Dans un communiqué, les membres du G5 (Nations unies, Union africaine, Communauté économique des Etats de l'Afrique centrale, Union européenne, France et Etats-Unis) ont eux condamné «sans réserve» les attaques contre l'église de Fatima et la mosquée de Lakouanga.
Bangui, relativement épargnée par les violences depuis plus d'un an alors que des groupes armés sévissent dans le pays, connaît un regain de violences depuis environ un mois. Début avril, les forces de sécurité centrafricaines et la Minusca avaient lancé une opération militaire visant à déloger les groupes armés du PK5, s'attaquant notamment aux milices du «général Force» afin de ramener la paix dans ce quartier. Au moins deux personnes avaient été tuées dans des affrontements et au moins 56 autres, dont des Casques bleus, avaient été blessés.
En Centrafrique, l'un des pays les plus pauvres du monde, l'Etat ne contrôle qu'une maigre partie du territoire national, tandis que les groupes armés s'affrontent dans les provinces pour le contrôle des ressources, notamment les diamants, l'or et le bétail. En 2013, un conflit inter-confessionnel a éclaté dans le pays. Il a notamment opposé les milices de la Seleka, à majorité musulmane et fidèle au président Michel Djotodia, à des groupes d'auto-défense chrétiens et animistes, les anti-balaka, fidèles à l'ancien président François Bozizé. En décembre de la même année, la France, dans le cadre de l'opération Sangaris, a envoyé sur place plus de 1 000 soldats. Le 23 juillet 2014, un accord de cessation des hostilités a été signé entre les belligérants. Depuis, de nombreux affrontements ont lieu en Centrafrique entre différentes factions armées.
La capitale centrafricaine plongée dans un nouveau cycle de violences
Le Monde.fr avec AFP Le 02.05.2018 à 09h44
Des affrontements entre un groupe armé et les forces de sécurité ont fait au moins seize morts dans les environs du quartier musulman PK5, à Bangui.
Au moins seize personnes ont été tuées à Bangui, mardi 1er mai, lors d’affrontements entre un groupe armé et les forces de sécurité, plongeant la capitale centrafricaine dans un nouveau cycle de violences.
« Des échanges de tirs intenses ont été enregistrés en fin de matinée à Fatima, dans le troisième arrondissement de Bangui, entre les forces de sécurité intérieure et des éléments armés du groupe criminel du dénommé “Force”. Ces derniers auraient ouvert le feu après l’arrestation d’un des leurs par les forces de sécurité intérieure », a annoncé la Minusca, la mission des Nations unies en Centrafrique, dans un communiqué.
Les affrontements ont commencé vers 11 h 30 (10 h 30 GMT) et se sont terminés en fin d’après-midi, selon des journalistes de l’AFP sur place. Selon un bilan provisoire, au moins seize personnes – dont un policier, un prêtre et un enfant – ont été tuées et 96 autres blessées au cours d’échanges de tirs dans les environs du quartier musulman PK5, selon des sources médicales concordantes.
Une mosquée incendiée
L’arrestation d’un membre du groupe de « Force » a provoqué l’attaque de l’église de Fatima, dans le sixième arrondissement de Bangui, au cours d’un office religieux, a indiqué l’ONU dans un communiqué. Ces « actes dignes de la plus grande lâcheté ont conduit à la mort de plusieurs civils, dont celle de l’abbé Albert Tougoumalé-Baba », a-t-elle déploré.
En début d’après-midi, des groupes en colère après la mort du prêtre se sont rassemblés en différents points de la capitale, notamment devant l’hôpital communautaire du quartier Lakouanga et au quartier PK0. Deux personnes suspectées d’être des musulmans ont été lynchées à Lakounga, selon une source médicale. Une mosquée a été incendiée par des manifestants dans ce même quartier, où la Minusca a affirmé avoir dépêché une patrouille.
Dans un communiqué, les membres du G5 (Nations unies, Union africaine, Communauté économique des Etats de l’Afrique centrale, Union européenne, France et Etats-Unis) ont condamné « sans réserve » les attaques contre l’église de Fatima et la mosquée de Lakouanga.
Selon la Minusca, des « actes hostiles » ont été perpétrés par des individus « ciblant injustement le personnel et les véhicules des Nations unies ». Deux membres de la Minusca ont été agressés au quartier PK0, selon des sources onusiennes.
Tentatives de médiation
Bangui, relativement épargnée par les violences depuis plus d’un an alors que des groupes armés sévissent dans le pays, connaît un regain de violences depuis environ un mois.
Début avril, les forces de sécurité centrafricaines et la Minusca avaient lancé une opération militaire visant à déloger les groupes armés du PK5, s’attaquant notamment aux milices du « général » Force afin de « ramener la paix » dans ce quartier. Au moins deux personnes avaient été tuées dans des affrontements et au moins 56 autres, dont des casques bleus, avaient été blessées. Le 10 avril, au moins 27 personnes et un casque bleu avaient été tués dans des combats au PK5 entre une patrouille mixte casques bleus rwandais/forces armées centrafricaines et les milices du quartier.
En Centrafrique, l’un des pays les plus pauvres du monde, l’Etat ne contrôle qu’une maigre partie du territoire national, tandis que les groupes armés s’affrontent dans les provinces pour le contrôle des ressources, notamment les diamants, l’or et le bétail. Des tentatives de médiation sont en cours, notamment à travers l’Union africaine, qui promeut une feuille de route pour la paix. C’est dans ce cadre qu’un groupe de facilitateurs a rencontré ces dernières semaines la quinzaine de groupes armés qui sèment la violence dans le pays.