Centrafrique : Deux partis politiques du pays appellent le gouvernement au dialogue sur la crise
PAR JEAN FERNAND KOENA LE 7 MAI 2018
BANGUI, le 7 Mai 2018(RJDH)—Suite aux attaques contre la paroisse Notre Dame de Fatima et son rebondissement et le regain de violence à l’intérieur du pays, deux formations politiques du pays engagent le gouvernement à dialoguer. Propos exprimés dans le communiqué de presse respectif du RDC et de l’URD.
L’appel au dialogue des partis politiques s’inscrit dans un contexte où la sécurité a atteint un pic comme en 2014, marquant l’histoire sombre de ce pays. L’appel au dialogue est lancé alors que le panel des experts de l’Union Africaine compile les revendications des groupes armés en vue d’un dialogue avec le gouvernement.
La monté en puissance de la violence à Bangui et à l’intérieur du pays continue de faire réagir la classe politique. Le Rassemblement Démocratique Centrafricain (RDC) a condamné ces violences et invite le gouvernement à un dialogue franc avec les groupes armés et leurs auteurs intellectuels. Le porte-parole du RDC joint au téléphone sur cette question se montre solidaire de la démarche des élus appelant à la démission du premier ministre Mathieu Simplice Sarandji. « Nous ne pouvons pas nous dissocier des questions portées par les élus de la population. Il ne s’agit pas d’un individu mais de question qui relève de l’intérêt supérieur de la nation. Donc si les députés demandent la démission du premier ministre nous ne pouvons pas nous en mettre en retrait » a indiqué Pascal Koyamené porte-parole du RDC.
Patrick Thierry Akoloza, président du parti de l’Union pour la Renaissance Démocratique (URD) a quant à lui appeler à un véritable union sacrée autour des institutions et à la main tendue du régime de Bangui. « La sécurité aujourd’hui ne peut qu’être l’apanage du gouvernement seul. Nous avons observé un temps de répit depuis l’avènement du président Touadera. Mais nous pensons que le gouvernement doit tendre la main et mettre du contenu dans la philosophie de l’union sacrée » a-t-il dit.
La pression politique monte de plus en plus après les violences armées à Bangui et à l’intérieur du pays au point que certains élus de la majorité comme de l’opposition exigent de Touadera la démission de son premier ministre Mathieu Simplice Sarandji.
Centrafrique : La Croix Rouge Centrafricaine appelle à l’ouverture du couloir humanitaire dans le 3e arrondissement de Bangui
PAR JUDICAEL YONGO LE 7 MAI 2018
BANGUI, le 07 mai 2018(RJDH) —-La Croix Rouge Centrafricaine(CRCA) appelle à l’ouverture du couloir humanitaire dans le 3ème arrondissement de Bangui. Appel lancé ce lundi 7 mai 2018 par le Pasteur Antoine Mbao-Bogo président de la CRCA suite aux violences perpétrées dans cette partie de la capitale.
Les violences perpétrées par des groupes armés dans le 3ème arrondissement de Bangui ont eu des répercussions sur l’assistance humanitaire dans cette partie de la capitale. Plusieurs humanitaires dont la Croix Rouge Centrafricaine sont bloquées dans leurs activités d’assistance aux personnes vulnérables. Le Président de la CRCA, Pasteur Antoine Mbao-Bogo déplore le non-respect des principes humanitaires en cette période.
« La Croix Rouge est à la disposition de toutes les personnes. Et je demande à tous ceux qui sont dans les combats de respecter le passage du personnel de la Croix Rouge et de ne pas faire la violence sur les acteurs humanitaires qui ne sont là que pour alléger la souffrance de ceux qui sont blessés » a-t-il lancé.
Le blocus du couloir humanitaire a contraint à la délocalisation de certains services administratifs de la CRCA. Ces services seront repris selon le Pasteur lorsque la situation sécuritaire va s’améliorer, « vous savez, la Croix Rouge est impartiale et neutre. Son siège est installé au Km5 dans le 3ème arrondissement de Bangui. Il nous est difficile de faire fonctionner le personnel administratif, c’est ainsi que nous avons délocalisé momentanément les services administratifs mais les services de santé continuent de fonctionner au niveau du siège pour des soins médicaux », a précisé Pasteur Antoine Mbao-Bogo.
L’appel du président de la CRCA intervient dans un contexte où les violences se poursuivent dans le 3e arrondissement après l’attaque le 1 er mai de la Paroisse Notre d’Ame de Fatima.
Centrafrique: 2 morts et 10 blessés dans des échanges de tirs dimanche
Au moins deux personnes ont été tuées et dix blessées dans des échanges de tirs dimanche à Bangui dans le quartier musulman du PK5 et d'autres situés à proximité, a appris lundi l'AFP de source hospitalière.
Plusieurs maisons d'habitation ont également été incendiées au PK5 et dans les quartiers proches de Yakité, Castors et Sara, que de nombreux habitants ont préféré fuir.
Des tirs nourris à l'arme automatique, d'origine encore inconnue, ont été échangés pendant plusieurs heures dimanche soir, selon les habitants de ces quartiers. Le calme était revenu lundi, selon des journalistes de l'AFP.
La veille, des tirs avaient déjà été entendus, opposant les forces de sécurité centrafricaines à des hommes armés venus du PK5 dans le quartier proche des Castors.
En dépit de cette tension, environ 3.000 personnes ont assisté lundi dans le centre de Bangui aux obsèques des victimes tuées mardi dans l'attaque d'une église de la capitale, l'église de Fatima, parmi lesquelles un prêtre, l'abbé Albert Tougoumalé-Baba.
Le président Faustin-Archange Touadéra et son Premier ministre Simplice Sarandji, ont assisté à la cérémonie.
La tension est vive à Bangui depuis la journée de mardi marquée par des violences qui ont fait 24 morts et plus de 170 blessés.
L'élément déclencheur de ces violences avait été l'interpellation par des forces de sécurité centrafricaines de "Moussa Empereur", un élément d'une milice du PK5.
L'église de Fatima avait dans la foulée été attaquée par des hommes armés venus du quartier musulman, causant la mort de plusieurs civils et de l'l'abbé Albert Tougoumalé-Baba.
L'attaque de cette église a déclenché une vague de colère à Bangui, et fait resurgir le spectre des violences communautaires à grande échelle dans le pays, rappelant les années 2013-2014.
Des violences avaient éclaté après la descente sur Bangui de la rébellion de la Séléka, composée en majorité de musulmans, qui avait renversé le président François Bozizé.
Des milices "antibalakas", essentiellement chrétiennes et animistes, s'étaient ensuite constituées pour combattre la Séléka qui menait une politique de terreur dans la capitale centrafricaine.
Une intervention internationale, onusienne et française (Sangaris) dans Bangui et en province avait ensuite considérablement réduit le niveau des violences. Lesquelles ont peu à peu repris depuis le départ des soldats français, en octobre 2016.