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10 février 2019 7 10 /02 /février /2019 17:52
Sommet de l'UA: «L'Afrique avance, elle bouge», dit Smaïl Chergui
Sommet de l'UA: «L'Afrique avance, elle bouge», dit Smaïl Chergui

 

Lu pour vous

 

09.02.2019,

 

L’Union africaine n’est pas l’organisation impuissante que dénoncent ses détracteurs. C’est le message du commissaire Paix et sécurité de l’UA, Smaïl Chergui, qui vient de mener avec succès dix jours de négociation pour la paix en Centrafrique. Le diplomate algérien passe même à l’offensive : il épingle l’ONU dans le dossier libyen. A la veille du 32e sommet de l’UA, Smaïl Chergui est au micro de Christophe.

Quel est le bilan que vous faites de l’accord de Khartoum, signé ce 6 février à Bangui, entre le président centrafricain Faustin-Archange Touadéra et les représentants de 14 groupes armés, et négocié depuis le 24 janvier à Khartoum, la capitale soudanaise, sous l’égide de l’Union africaine ?

Smaïl Chergui: C’est une très grande avancée. Cela nous a permis évidemment de réunir pour la première fois les 14 groupes armés avec le gouvernement. C’était cela l’objectif de cet exercice. Cet effort, je l’ai mené avec le soutien de Jean-Pierre Lacroix [Secrétaire général adjoint aux opérations de paix des Nations unies] et la région. C’était effectivement de faire en sorte que cet accord soit différent. Et surtout, on a mis en place un processus de suivi robuste.

Alors il y a eu un point de blocage pendant plusieurs jours autour de la question de l’amnistie des groupes armés. Quelle est la solution ?

De fait, il n’y a pas eu de blocage sur cette question. En fait, on avait beaucoup de questions qui étaient difficiles, mais on tenait absolument à ce que cette fois-ci, on ait une totale clarté par rapport à leur traitement. Il y a la question de l’inclusivité, il y a la question de la gestion des ressources naturelles et la distribution équitable de ces revenus sur toutes les régions. Il y a la question évidemment aussi de l’ouverture du gouvernement, davantage d’ouverture parce qu’il est déjà ouvert actuellement.

C’est-à-dire que des groupes armés soient représentés au gouvernement…

Mais il y a actuellement déjà 7 personnes qui sont dans l’actuel gouvernement. Mais on a vu ensemble comment encore élargir cette inclusivité. On a évidemment traité de la question de la justice dans le sens où l’on a d’abord, dès le début, précisé que, pour nous, il était intolérable d’accepter toute idée d’impunité. Mais nous avons mis [en place] un processus qui va permettre comme dans de nombreux autres pays, vous avez certainement vous-même suivi l’accord d’Arusha [pour la paix et la réconciliation au Burundi signé en 2 000], vous avez suivi ce qui s’est passé en Irlande du Nord… Donc on a essayé de mettre en place, de manière créative, un processus qui va permettre des enquêtes, qui va permettre la qualification de ce qui a été trouvé, puis à ce moment-là, faire un rapport à la Commission vérité-justice-réconciliation qui évidemment traitera tous ces dossiers. Le plus important, c’est que dans les prochains jours, le président de la République prendra un décret qui créera une commission inclusive. C’est là le premier geste qui permettra à ce processus de commencer. Donc nous avons bon espoir pour remettre sur rails ce pays.

Concrètement, après le travail de cette Commission vérité-justice-réconciliation, la justice passera. Il y aura des procès ?

Evidemment, tout relève de cette Commission. Je viens d’indiquer qu’ils feront les enquêtes qui vont qualifier et faire passer ces dossiers. Donc aux institutions du pays d’agir après.

La double négociation - l’Union africaine d’un côté, le Soudan et la Russie de l’autre -, c’est terminé ?

Terminé. J’étais le seul médiateur avec le soutien des Nations unies. C’était très clair là-dessus. Les autres nous ont soutenus, nous en sommes reconnaissants. Mais c’est justement cette manière de procéder qui nous a permis de réussir.

On dit beaucoup que l’Union africaine est impuissante face aux crises en Afrique. Que répondez-vous ?

Je pense que devant vous, il y a énormément d’exemples. Hier, c’était Madagascar et notre collègue, Ramtane Lamamra  [Haut représentant de l'Union africaine pour la présidentielle à Madagascar] a pu aussi réussir à permettre l’organisation d’élections libres, démocratiques qui ont permis même la réconciliation entre tous les anciens chefs d’Etat. Je peux multiplier les exemples. Le dernier, celui qu’on vient juste de conclure en Centrafrique. Evidemment, il y a le très grand geste qui a été fait ici dans la Corne de l’Afrique, par le Premier ministre éthiopien [Abiy Ahmed].

Avec l’Erythrée…

Avec l’Erythrée et cela a créé une dynamique dans toute la région. Donc il me semble qu’on ne peut plus accepter qu’on essaie de clouer ou de visser l’Afrique par rapport à cette image. L’Afrique avance, elle bouge. Il y a beaucoup aussi quelquefois d’interférences qui ne permettent pas d’agir parce que, si nous prenons la question de la Libye. La Libye, c’est un fléau aujourd’hui pour la paix et la sécurité dans le continent. Mais c’est parce que, malheureusement, nous n’avons pas le même niveau de coopération avec le représentant des Nations unies que dans d’autres. Par exemple, là monsieur Parfait, ailleurs…

Parfait Onanga-Anyanga, c’est le secrétaire général de l’ONU pour la Centrafrique…

Oui. Nous avons une excellente coopération avec tous les envoyés spéciaux des Nations unies. C’est cela qui nous permet de faire avancer les dossiers. Et c’est le seul dossier sur lequel nous n’avons pas une coopération franche avec le représentant des Nations unies.

Avec Ghassan Salamé, le représentant spécial de l'ONU en Libye…

Oui.

Donc le courant ne passe pas encore assez bien entre Ghassan Salamé et vous ?

Non, ce n’est pas qu’il ne passe pas. On a d’excellentes relations personnelles. Mais je veux dire qu’il faut qu’on se mette au travail ensemble. On voit comme on l’a fait Jean-Pierre et moi-même…

Jean-Pierre Lacroix…

Jean-Pierre Lacroix et moi-même, nous avons conduit ce processus à bon port…

En Centrafrique…

En Centrafrique. Et pourquoi on ne le ferait pas ensemble sur le dossier libyen ? On est à même de le faire.


RFI / MCP, via mediacongo.net

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10 février 2019 7 10 /02 /février /2019 17:48
Centrafrique : gouvernement et rebelles signent un accord de paix

 

Lu pour vous

 

https://www.lemonde.fr  Par Christophe Châtelot 9 février à 11h50

 

Le texte, négocié sous l’égide de l’UA, prévoit notamment la levée des barrages synonymes de racket, et une commission Vérité et Réconciliation

 

Fin du suspense et des rumeurs alarmistes. Le contenu de l’« accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine (RCA) », signé mercredi 6 février à Bangui par le gouvernement et quatorze groupes armés, qui devait rester confidentiel jusqu’au sommet de l’Union africaine (UA) des 10 et 11 février à Addis-Abeba, commence à circuler.

Destiné à ramener la stabilité et panser les plaies dans ce pays meurtri par les guerres civiles et les coups d’Etat, le texte, fruit de la patiente médiation de l’UA, se veut consensuel. D’où un savant dosage de dispositions – institutionnelle, politique, économique, judiciaire et sécuritaire – qui permettent au gouvernement et aux groupes armés de ne pas se renier et imaginer repartir sur de nouvelles bases. A condition, bien évidemment, que chacun joue le jeu, ce qui n’est pas le pari le moins risqué.

Par sept fois depuis 2012, tout ce qui a été signé – du simple cessez-le-feu jusqu’à d’ambitieux plans de paix globale – n’a jamais tenu plus de quelques mois. Pourquoi celui-ci échapperait-il à cette malédiction ? « Contrairement aux autres, cet accord a été préparé de manière beaucoup plus minutieuse, dans le sens où les experts de l’UA ont pris le temps de rencontrer à plusieurs reprises les groupes armés de manière que, arrivés à Khartoum, nous puissions être en phase », explique le porte-parole gouvernement, Ange-Maxime Kazagui.

Le résultat de ces préliminaires – qui incluaient des cours d’initiation à la négociation destinés aux chefs de groupes armés – a dépassé les attentes. « En croisant les doigts, une signature en mars nous semble raisonnable », nous confiait un diplomate au début des négociations de Khartoum, le 24 janvier.

Sur le papier, des solutions ont été trouvées aux points les plus sensibles. L’amnistie exigée par les combattants aux mains sales ? La mise en place d’une commission vérité, justice, réparation et réconciliation est la garantie, au regard d’expériences similaires, qu’ils ne seront pas inquiétés demain. Même si la Cour pénale internationale travaille sur plusieurs dossiers et que, à Bangui, le tribunal hybride chargé de juger les seconds couteaux se met en place. « Depuis des années, l’impunité a entretenu le cycle infernal de la violence. L’essentiel est de ne pas avoir franchi la ligne rouge de l’amnistie », se félicite Florent Geel, responsable Afrique à la Fédération internationale des ligues des droits de l’homme.

Le prix à payer est lourd

Concernant la reconversion des anciens chefs de guerre et de leurs hommes, qui s’engagent à la « cessation immédiate, complète et irrévocable des hostilités [et] à la dissolution intégrale des groupes armés », plusieurs pistes sont explorées. Elles conduisent, par exemple, à la réintégration de ceux qui furent autrefois dans la fonction publique, ou bien l’entrée en politique, dans l’armée ou dans la vie civile par le biais de programmes socio-économiques divers. Autant de dispositions qui figuraient dans les programmes de désarmement, de démobilisation et de réintégration précédents et qui ont tous échoué.

Car si l’accord offre une porte de sortie, le prix à payer est lourd. Il sonne en effet le glas des plus juteuses activités des seigneurs de guerre. Les signataires se sont en effet engagés à « renoncer à l’exploitation illicite des ressources naturelles et au trafic illégal des armes et munitions ». Ils promettent également « de ne pas obstruer la libre circulation des personnes et des biens ». Autrement dit, la fin des barrages sur les routes et du racket afférent.

Pour Jeffrey Hawkins, ancien ambassadeur américain à Bangui et chercheur à l’IFRI, il s’agit là d’un point susceptible de faire échouer l’accord. « Ils contrôlent des trafics lucratifs – diamants, or, bétail – et, dans un avenir proche, ni l’Etat ni l’opération de maintien de la paix des Nations unies ne seront capables de mettre fin à leurs déprédations à l’intérieur d’un grand pays incontrôlé et instable. Vont-ils vraiment échanger le contrôle des mines et les barrages sur les axes de transhumance contre une amnistie et quelques postes à Bangui ? » Un observateur français en vient à se demander si « ces chefs de milice ont bien lu ce qu’ils signaient, à moins qu’ils n’aient décidé de ne pas le respecter. Or, l’application de l’accord repose sur leur bonne volonté. »

 

Christophe Châtelot

 

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8 février 2019 5 08 /02 /février /2019 18:50
Centrafrique : ce que contient l'accord de paix

Lu pour vous

 

ANALYSE

 

Centrafrique : ce que contient l'accord de paix

 

Par Maria Malagardis — 

 

Signé mardi à Khartoum au Soudan, l'accord de paix entre le gouvernement centrafricain et 14 groupes armés permettra-t-il de mettre un terme aux violences récurrentes qui déstabilisent le pays depuis six ans ? Accueilli avec méfiance par les Centrafricains, il évite de justesse la mention d'une amnistie pour les responsables d'exactions. Reste à savoir si et comment, ils seront jugés.

 

 Centrafrique : ce que contient l'accord de paix

«La folie, c’est de faire la même chose, en s’attendant à un résultat différent», soupirait dès jeudi un responsable un peu cynique, en commentant l’accord sur la paix en Centrafrique qu’il avait pourtant lui-même signé mardi, à Khartoum au Soudan. Discréditer un texte qu'on a soi-même paraphé n'est pas forcément un signe encourageant. Mais il est vrai que les Centrafricains sont devenus par nature méfiants, habitués aux négociations de paix, à peine conclues et aussitôt trahies. Non pas depuis cinq ans seulement, mais au cours de la dernière décennie, tant les crises se sont succédé avec une constance tragique dans ce vaste pays enclavé d’Afrique centrale.

La dernière crise, celle qui démarre en 2013, a cependant été la plus grave, la plus sanglante, marquée par des affrontements interconfessionnels totalement inédits dans ce pays partagé entre une majorité de chrétiens et une minorité de musulmans. Alors, ce huitième accord de paix, une fois de plus triomphalement annoncé comme «historique» dans une période récente contient-il réellement «la même chose» ? Pour le savoir, il a fallu attendre ce vendredi. Car bien que signé plus tôt dans la capitale soudanaise entre le gouvernement centrafricain et quatorze groupes armés qui tiennent encore 80% du territoire national, son contenu est resté secret pendant trois jours. Un embargo assez inhabituel, officiellement justifié par la nécessité de recueillir trois signatures supplémentaires, avant d’en divulguer les clauses. C’est donc désormais chose faite.

Premier constat : l’amnistie, revendication principale des groupes armés qui avaient accepté de se rendre à Khartoum, ne figure pas dans l’accord. La bataille fut pourtant rude lors des premières discussions entamées le 24 janvier. «On ne peut que se féliciter de l’absence de toute mention de l’amnistie dans cet accord alors qu’elle figurait dans celui signé en 2008 et n’avait pas empêché ceux qui en bénéficiaient de reprendre les armes quatre ans plus tard», a commenté dés vendredi la Fédération internationale des droits de l’homme (FIDH).

Embargo sur les armes

Sous couvert d’anonymat, notre responsable centrafricain se montre lui, plus pessimiste : «On joue sur les mots. Car en réalité rien dans cet accord ne garantit des poursuites contre ces chefs de groupes armés qui se sont rendus coupables d’exactions et pourront demain faire partie du gouvernement d’union nationale, également prévu par le document de Khartoum.» Certes, mais pouvait-il en être autrement? Le président Faustin Archange Touadéra ne contrôle en réalité que la capitale et une fraction du sud-ouest du pays. Et malgré la présence sur place d’une force onusienne, la Minusca, l’embargo sur les armes limite les possibilités d’action de l’armée nationale, en pleine restructuration.

Interrogé par RFI, Jeffrey Hawkins, ancien ambassadeur américain en Centrafrique, a parfaitement résumé le dilemme: «Comment d’une part convaincre les groupes armés de faire la paix, et d’autre part de rendre la justice aux Centrafricains et garder la légitimité de l’Etat? C’est très difficile. Je pense que le rapport de force favorise malheureusement toujours les groupes armés». En publiant un communiqué au lendemain de la signature de l’accord pour rappeler en substance que «la justice internationale continuera à faire son travail», le gouvernement a par ailleurs mis des limites au risque d’impunité, également proscrit en toutes lettres dans l’accord de Khartoum. Ces trois derniers mois, deux leaders des milices chrétiennes ont déjà été envoyés à la Cour Pénale Internationale (CPI).

«Lire entre les lignes»

Pour le reste, la justice, se retrouve confiée à différentes instances de suivi, mettant également à contribution les chefferies traditionnelles, alors qu’une Commission réconciliation et vérité devrait voir le jour prochainement. Justice, sécurité : les deux principales revendications des Centrafricains, épuisés par six ans de violences, quasiment ininterrompues, surtout en province, seront en réalité assurées par toute une série de «comités» qui associent étroitement forces régulières, onusiennes, et groupes armés.

Reste que cet accord accouché au forceps sous l’égide de l’ONU et de l’Union Africaine, impose aussi «la cessation immédiate des hostilités», le désarmement tout aussi immédiat des combattants, et la levée des barrières et des contrôles instaurés par les groupes armés. Comme souvent, c’est effectivement à la lumière de l’évolution du rapport de forces, comme le souligne l'ex ambassadeur américain, et des marchandages dans les coulisses, que cet accord prouvera sa viabilité, ou non.

Dans l’immédiat, il n’y a pas eu d’explosion de joie à Bangui. Et les Centrafricains tentaient surtout vendredi de «lire entre les lignes» ce que le destin leur réserve. En septembre 2013, dans la ville dévastée de Sibut, à 180 km au nord de Bangui, un fonctionnaire justifiait déjà par une jolie formule le peu de crédit que ses compatriotes accordaient aux négociations officielles : «C’est aussi à cause de la peur. Or la peur, c’est comme la maladie: ça vient vite et ça part lentement».

 

Maria Malagardis

 

 

 

L'accord de Khartoum va-t-il mettre fin à la crise centrafricaine?

 

https://www.dw.com

 

Le gouvernement centrafricain et les quatorze groupes rebelles qui occupent une grande partie du territoire national ont paraphé le mardi 5 février dernier le 8ème accord de paix à Khartoum au Soudan. Il a été signé par les protagonistes, le 6 février à Bangui, la capitale en présence des représentants de la communauté internationale

 

L’accord de paix entre Bangui et les groupes armés contrôlant 80% du territoire de la Centrafrique a pour objectif de mettre rapidement fin aux violences qui ravagent ce pays depuis 2013.

Au titre de la justice et réconciliation nationale, les parties, tout en rejetant toute idée d'impunité et en reconnaissant le principe de la présomption d'innocence, reconnaissent les conséquences douloureuses et les stigmates des crimes graves sur l'ensemble des citoyens et des communautés en République centrafricaine.

  Les parties s'engagent, dès la signature du présent accord, à mettre en place des unités spéciales mixtes pour une période transitoire initiale de vingt-quatre mois, et placées sous la supervision de l'Etat-major des Forces de défense, et pourront solliciter l'appui technique de la Minusca (force de l'ONU en Centrafrique, ndlr).

 - Les parties conviennent du strict respect de la Constitution, des lois et règlements en vigueur en République centrafricaine.

 - Les parties conviennent de bannir toute velléité d'accession ou de conservation du pouvoir par la force (...).

  - Les parties conviennent également que l'organisation d'élections libres, transparentes et crédibles est la seule voie consacrée pour assurer l'alternance politique et à contribuer à la consolidation de la démocratie en République centrafricaine.

 - Le président de la République, chef de l'Etat, s'engage à mettre en place immédiatement après la signature du présent accord un gouvernement inclusif.

 L’accord de paix de Khartoum va-t-il permettre de mettre un terme à la crise qui secoue la RCA depuis plusieurs années ? Nous allons débattre autour de cette problématique avec nos invités sous l’Arbre à Palabres :

-Roland Marchalspécialiste de la Centrafrique et chercheur au CNRS, Centre national de la recherche scientifique.

-Antoinette Montaigne, Ancienne ministre de la Réconciliation.

-Gervais Lakosso, coordinateur du Groupe de contact de la société civile centrafricaine.

Stéphane Mboula Wamok, enseignant chercheur à l’Université de Lilles. Spécialisé dans la philosophie morale et politique, spécialité Ethique économique.

Pour écouter l’intégralité du magazine, cliquez sur la photo ci-dessus.

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8 février 2019 5 08 /02 /février /2019 18:27
Génocide au Rwanda: révélations sur les mensonges de la France

 

Lu pour vous

 

6 février 2019 Par Fabrice Arfi Mediapart et Benoît Collombat (Radio France)

 

De l'attentat contre le président rwandais Habyarimana aux ventes d'armes illégales en faveur du régime génocidaire, Mediapart et Radio France révèlent des documents inédits, dont une note de la DGSE, sur le génocide contre les Tutsis du Rwanda, qui a fait près d'un million de morts en 1994.

   

Bientôt vingt-cinq ans après le dernier génocide du XXe siècle, celui des Tutsis du Rwanda, qui a fait près d'un million de mort en cent jours, en 1994, il demeure toujours des informations enfouies, inconnues du public.

Une enquête conjointe de Mediapart et Radio France révèle, mercredi 6 février, plusieurs documents inédits sur deux moments clés de la tragédie rwandaise, comme deux bornes dans l'horreur : d'un côté, l'attentat du 6 avril 1994 contre le président du Rwanda, Juvénal Habyarimana, considéré comme l'étincelle qui déclenchera les premiers massacres ; de l'autre, la poursuite des ventes d'armes au profit du régime génocidaire en dépit d'un embargo international.

Dans les deux cas, la France, accusée depuis un quart de siècle de compromissions multiples avec le pouvoir extrémiste hutu avant, pendant et après le génocide, se retrouve en première ligne.

Une fois de plus.

I. La note oubliée de la DGSE

 

Il est 20 h 21, ce 6 avril 1994, quand le pilote du Falcon 50 qui transporte le président rwandais Juvénal Habyarimana et son homologue du Burundi annonce à la tour de contrôle de l'aéroport de Kigali l'entame de sa phase d'atterrissage. Le chef de l'État rwandais revient de Tanzanie où il a conclu, la mort dans l'âme, un accord politique avec les rebelles tutsis du Front patriotique rwandais (FPR) contre l'avis de la frange la plus radicale des Hutus, soutiens du président.

Il est 20 h 25 quand un signal de détresse est déclenché, mais il est trop tard. Deux missiles viennent de déchirer la nuit rwandaise. L'un fait mouche et abat l'avion, dont aucun des neuf passagers ne survivra. Dans les minutes qui suivent, les massacres de masse contre les Tutsis débutent. Le génocide préparé de longue date par les Hutus extrémistes peut commencer, méthodiquement.

 

Depuis maintenant vingt-cinq ans, deux thèses s'affrontent dans le débat public et les tribunaux sur la responsabilité de l'attentat, perçu comme l'acte déclencheur des tueries. L'une évoque la responsabilité du FPR, tandis que l'autre avance celle des extrémistes hutus.

La France, alors dirigée par le président socialiste François Mitterrand et un gouvernement de cohabitation emmené par le premier ministre de droite Édouard Balladur, a toujours privilégié la première.

Dès le 7 avril, le conseiller de François Mitterrand, Bruno Delaye, écrit dans une note élyséenne « signalée » : « L'attentat est attribué au Front patriotique rwandais. » Le mme jour, le général Christian Quesnot, chef d'état-major particulier du président français, présente dans une note « très signalée » la responsabilité du FPR comme « hypothèse vraisemblable ».

Quelques jours plus tard, le 25 avril, l'ambassadeur de France à Kigali, Jean-Michel Marlaud, souligne que l'attentat est « probablement l'oeuvre du FPR », considérant  comme « d'une très grande fragilité » la thèse d'une responsabilité des extrémistes hutus. « La responsabilité du FPR, sans tre prouvée, est beaucoup plus vraisemblable », observe-t-il encore.

Le 29 avril, le général Quesnot affirme cette fois : « On a dit les Hutus ont abattu l'avion. Mais c'est faux. Ce sont des mercenaires, recrutés par le FPR ou issus de lui, qui ont abattu l'avion. » La lecture des événements que fait alors le haut-gradé consiste à voir derrière l'acte imputé aux Tutsis du FPR le pire des cynismes : provoquer les massacres de sa propre ethnie en abattant l'avion du président Habyarimana, dans l'espoir de prendre le pouvoir à la faveur d'une guerre civile dont il sortirait vainqueur. Au prix du sang des siens.

« La Garde présidentielle, dont le chef avait été tué avec le président et qui n'est pas composée d'enfants de choeur, s'est mise à massacrer : on avait tué leur président. C'était exactement ce que voulait le FPR car le président Habyarimana constituait le seul véritable obstacle à sa prise de pouvoir », analyse ainsi le général Quesnot. Ce dernier n'hésite pas à parler des Tutsis comme des « Khmers noirs » sous l'influence des Anglo-Saxons qui, à travers eux, auraient voulu réduire la puissance de la France dans la région des Grands Lacs.

 

Le temps a passé et la nature du soupçon n'a pas changé chez les soutiens de François Mitterrand. Ainsi Hubert Védrine, secrétaire général de la présidence de la République à l'époque des faits, déclarait-il en février 2017, dans l'hebdomadaire Le 1, au sujet de l'attentat du 6 avril 1994 : « En 1995, on n'en savait rien. Avec les années, ma conviction s'est renforcée que c'est probablement Kagamé [du FPR et actuel président du Rwanda - ndlr]. »

 

Les services de l'État ne savaient-ils vraiment « rien » ? Mediapart et la cellule investigation de Radio France ont mis la main sur une note de la Direction générale de la sécurité extérieure (DGSE), jamais dévoilée à ce jour, qui présentait pourtant, dès le 22 septembre 1994, comme « hypothèse la plus plausible » la responsabilité d'extrémistes hutus dans l'attentat.

Soit exactement la thèse inverse de celle défendue bec et ongles au même moment à l'Élysée, dont l'aveuglement politique va entraîner la France dans une série de compromissions multiples vis-à-vis du régime génocidaire.

Cette note « confidentiel défense » a été déclassifiée par le ministre de la défense le 17 septembre 2015, dans le cadre d'une enquête des juges d'instruction parisiens Marc Trévidic et Nathalie Poux.

Ce document du renseignement français désigne deux extrémistes du régime, les colonels Théoneste Bagosora, ancien directeur du cabinet du ministre de la défense, et Laurent Serubuga, ancien chef d'état-major des Forces armées rwandaises (FAR), comme « les principaux commanditaires de l'attentat du 6 avril 1994 ».

Les agents français reviennent sur le parcours du colonel Bagosora, considéré comme l'un des « cerveaux » du génocide des Tutsis (condamné à la prison à vie puis à 35 ans de détention, en appel, par le Tribunal pénal international) et de l'ancien chef d'état-major des armées, Laurent Serubuga, autre acteur clé du génocide, qui s'est installé en France dans les années 1990.

« Tous deux natifs de Karago, à l'instar du défunt président Habyarimana, [Théoneste Bagosora et Laurent Serubuga] se sont longtemps considérés comme les héritiers légitimes du régime, écrit ainsi la DGSE. Leur mise à la retraite, prononcée en 1992 par le président Habyarimana, alors qu'ils espéraient obtenir le grade de général, avec les privilèges afférents, a été à l'origine d'un lourd ressentiment et d'un rapprochement remarqué auprès de Mme Agathe Habyarimana, veuve du président et considérée souvent comme l'un des principaux cerveaux de la tendance radicale du régime. »

« Cette opération [l'attentat contre l'avion du président Habyarimana] aurait été préméditée de longue date par les extrémistes hutus, poursuit le renseignement français. L'assassinat de ministres de l'opposition modérée et de Tutsis, moins d'une demi-heure après l'explosion du Falcon présidentiel, confirmerait le haut degré de préparation de cette opération. »

 

Pour le militaire français Guillaume Ancel, qui se bat pour la reconnaissance d'une responsabilité de la France dans le génocide des Tutsis du Rwanda, cette note inédite de la DGSE est capitale. « Cette note, dit-il, est la preuve du déni français dans cette histoire. Grâce à la DGSE, on sait tout depuis le début et pourtant le sommet politique de l'État construit des faits alternatifs. » Il poursuit : « On sait que des massacres sont en préparation, et on soutient les futurs génocidaires ; ils commettent des atrocités et on les soutient ; et après le génocide, on continue de les soutenir. La France est complice. »

Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que la DGSE alerte ainsi le sommet de l'État. Dès le 13 février 1993, les agents du renseignement français évoquent, dans une note, un « vaste programme de purification ethnique dirigé contre les Tutsis, dont les concepteurs seraient des proches du chef de l'État ».

Le 8 avril 1994, deux jours après l'attentat contre l'avion du président Habyarimana, le renseignement extérieur écrit que « les événements actuels sont à replacer dans un contexte d'affrontement entre Hutus du Nord et Hutus du Sud », avec « la possibilité d'un complot politique organisé et soigneusement préparé, comme le montre l'exécution de l'attentat, relativement complexe sur le plan technique ».

Le 11 avril 1994, la DGSE estime que les missiles qui ont abattu l'avion présidentiel provenaient « de la bordure du camp militaire de Kanombe », contrôlé par la garde présidentielle. Les espions français écartent donc, a priori, la responsabilité du FPR dans l'attentat.

 

Les expertises menées par les juges Trévidic et Poux ont confirmé, en 2012, que la « zone de tir la plus probable » d'où sont partis les missiles se situait sur le « site de Kanombe », quartier général de la garde présidentielle. L'enquête sur l'attentat contre l'avion du président Habyarimana s'est conclue par un non-lieu, en décembre 2018, faisant s'écrouler l'accusation contre neuf membres du FPR mis en examen.

La teneur de ces notes du renseignement français est d'ailleurs confirmée par celles des espions belges. Ainsi, dès le 7 avril 1994, le Service général du renseignement belge (SGRS) estime que « les auteurs du tir sur l'avion ne seraient pas nécessairement le FPR qui est sur sa colline, mais pourraient bien tre des militaires qui ne veulent pas la paix ».

Le 12 avril, le renseignement belge écrit qu'« au Rwanda, chacun pense que c'est le colonel Bagosora qui est responsable de l'attentat contre l'avion présidentiel ». Ce que confirme, le 15 avril, un informateur du service belge pour qui « ce serait le colonel Bagosora qui se trouve derrière l'attentat contre l'avion présidentiel ».

Une piste des extrémistes hutus appuyée, à l'époque, par l'ancien directeur de la Banque centrale du Rwanda, Jean Birara. Le 26 mai 1994, ce dernier détaille aux enquêteurs militaires belges comment les extrémistes hutus regroupés autour du colonel Bagosora ont fomenté, selon lui, un « complot » contre le président Habyarimana qui « semblait décidé, cette fois-ci, à appliquer les accords d'Arusha », c'est-à-dire les négociations politiques aboutissant au partage du pouvoir avec le FPR.

Selon Jean Birara, c'est le colonel Bagosora « qui a pris la décision d'abattre l'avion du président » Habyarimana, en accord avec sa belle-famille.

L'analyse est la mme du côté des États-Unis, qui soutiennent alors Paul Kagamé. Ainsi, selon une note déclassifiée datée du 7 avril 1994 du Bureau of Intelligence and Research (l'agence de renseignement du département d'État américain) que nous avons pu consulter, une source (dont l'identité n'a pas été rendue publique) « indique à l'ambassadeur David Rawson que des militaires extrémistes hutus (qui pourraient appartenir à la garde présidentielle) sont responsables de l'attentat contre l'avion qui transportait le président rwandais Habyarimana [...] ».

 

Dans un mémorandum déclassifié, adressé le 8 avril 1994 au secrétaire américain à la défense, on peut lire, à nouveau, cette phrase : « Les extrémistes hutus ont probablement abattu l'avion du président. » Et derrière ces extrémistes se trouve l'ombre d'un homme : Théoneste Bagosora.

Contacté, l'avocat d'Agathe Habyarimana, soupçonnée d'après la note de septembre 1994 de la DGSE d'être intimement liée au complot qui aboutira à l'assassinat de son propre mari, bat en brèche les accusations. Me Philippe Meilhac parle d'une note dont « le contenu est anachronique », précisant que d'autres documents issus du même service de renseignement se montrent plus nuancés sur la responsabilité de l'attentat du 6 avril.

Me Meilhac, qui défend la thèse d'une responsabilité du FPR, rappelle également que sa cliente était partie civile - c'est-à-dire victime - dans l'enquête sur l'assassinat de son mari et qu'elle n'a jamais été mise en examen dans une procédure sur son éventuelle responsabilité politique dans le génocide.

Également sollicité au sujet de la note de la DGSE que révèlent Mediapart et Radio France, Hubert Védrine explique que « c'est bien possible ». « Il y avait des tas de notes, d'origines diverses envisageant les deux hypothèses [...]. Les deux interprétations, extrémistes tutsis ou hutus, sont de toute façon honorables pour la France puisque les gens qui ont agi l'ont fait pour interrompre le compromis de la France avec les accords d'Arusha [signé par le président Habyarimana - ndlr] », assure l'ancien secrétaire général de l'Élysée, considéré par de nombreux historiens et journalistes spécialistes de la question rwandaise comme l'un des responsables de la compromission française dans cette tragédie.

 

II. La BNP et les armes pour les génocidaires

 

Le colonel Théoneste Bagosora, en février 1997, trois ans après le génocide au Rwanda. © Reuters

On retrouve également le colonel Bagosora, parfois surnommé « le Himmler du Rwanda », dans le cadre de l'enquête ouverte, en septembre 2017, contre la banque BNP Paribas pour « complicité de génocide et complicité de crimes contre l'humanité », à la suite d'une plainte déposée par les associations Sherpa, Ibuka et le Collectif des parties civiles pour le Rwanda.

 

L'instruction est dirigée par les juges français Alexandre Baillon et Stéphanie Tacheau.

La banque est soupçonnée d'avoir contribué au financement d'un achat illégal d'armes à destination du Rwanda, en juin 1994, deux mois après le déclenchement du génocide. Et cela malgré un embargo sur les armes voté par les Nations unies, un mois plus tôt. 80 tonnes d'armes auraient ainsi été livrées depuis les Seychelles jusqu'à Goma, au Zaïre, à proximité de la frontière rwandaise.

Le 10 novembre 2005, devant le Tribunal pénal international, Théoneste Bagosora a reconnu la réalité de ces livraisons d'armes, effectuées depuis les Seychelles par deux rotations d'avion.

Le juge Baillon a tenté, en vain, d'entendre l'ancien « cerveau » du génocide, actuellement détenu au Mali. Les autorités maliennes lui font cette réponse, le 14 février 2018 : « Théoneste Bagosora a indiqué qu'il ne souhaitait pas évoquer ce dossier avec nous, ni être entendu par le magistrat français, et qu'il ne répondrait pas à ses questions. »

Mais les flux financiers, eux, ont parlé. Pour l'aider à acheter des armes en plein embargo, le colonel Bagosora s'est adjoint les services d'un intermédiaire sud-africain : Petrus Willem Ehlers.

Cet ancien secrétaire particulier du premier ministre d'Afrique du Sud, puis président de 1984 à 1989 durant l'apartheid, a joué un rôle clé dans cette livraison d'armes illégale, grâce à un compte bancaire suisse ouvert le 14 octobre 1993.

Les commissions rogatoires lancées par les juges français auprès des autorités suisses qui avaient enquêté sur le sujet dans les années 1990 établissent de manière formelle que Petrus Willem Ehlers a bien utilisé son compte, baptisé CHEATA, à l'Union bancaire privée (UBP) à Lugano, en Suisse, afin de recevoir l'argent correspondant à ces achats d'armes.

Comme le montre la documentation fournie par l'UBP, le 14 juin 1994, le compte de l'intermédiaire sud-africain est crédité de 592 784 dollars, provenant de la Banque nationale du Rwanda (BNR).

Deux jours plus tard, le 16 juin 1994, le même compte est crédité de 734 099 dollars. De l'argent ensuite transféré sur un compte de la Banque centrale des Seychelles, auprès de la Federal Reserve Bank of New York, les 15 et 17 juin 1994. Des relevés bancaires fournis aux autorités suisses par l'UBP de Lugano démontrent également que la Banque nationale de Paris (BNP) a bien validé ces deux paiements, sur lesquels enquête aujourd'hui la justice française. 

Contactée, la BNP n'a pas souhaité réagir.

Dans un courrier adressé à son responsable juridique, le 8 octobre 1996, le gestionnaire du compte du courtier en armement Petrus Willem Ehlers écrit : « Nous avons pu constater qu'il s'agissait d'une transaction commerciale "à l'africaine". [Le compte] CHEATA a opéré comme intermédiaire dans une vente de baraques préfabriquées entre l'Afrique du Sud et le Zaïre d'un côté, et l'achat de poissons frais entre les Seychelles et le Zaïre. »

En réalité, il ne s'agit nullement de « poissons frais », mais d'armes. Ainsi, lorsque le responsable de la fiduciaire qui gère le compte de Petrus Willem Ehlers est interrogé par la police cantonale suisse, le 4 décembre 1996, il dit tout ignorer de la véritable contrepartie de ces flux financiers.

« En 1994, lors de mes relations d'affaires avec M. Ehlers, je n'ai jamais eu le moindre soupçon qu'il pouvait s'agir en fait d'un trafic d'armes. Les fournitures de poissons pouvaient éventuellement masquer ce commerce d'armes », explique l'intéressé, un certain Adriano S.

Afin de mieux éclairer le contexte dans lequel s'est effectué cet achat d'armes, et d'évaluer la connaissance de BNP sur les risques d'une telle transaction financière à l'époque, les magistrats français ont également entendu Jacques Simal.

Cet ancien responsable de la Banque Bruxelles Lambert (BBL) a été détaché à la Banque commerciale du Rwanda (BCR) jusqu'en avril 1994, avant de rentrer en Belgique pour diriger « la cellule de crise » de la banque avec le Rwanda. 

Son témoignage est décisif. Jacques Simal raconte comment les extrémistes hutus ont cherché par tous les moyens à mettre la main sur de l'argent frais, après le déclenchement du génocide, notamment par le biais du gouverneur de la Banque nationale du Rwanda. La même banque utilisée en juin 1994 pour acheter 80 tonnes d'armes, livrées depuis les Seychelles.

 

« Le gouverneur [de la Banque nationale du Rwanda] était une personne très impliquée politiquement avec le pouvoir, je pense à la tendance Hutu Power [les extrémistes hutus - ndlr], ce sont des choses que l'on m'a dites à l'époque », explique Jacques Simal au juge Alexandre Baillon, qui s'est déplacé en Belgique, le 6 février 2018.

 

« Il est à l'origine de tentatives de prélèvements de fonds à la BCR [Banque commerciale du Rwanda - ndlr] au profit de la banque nationale. Il avait exigé que tous les fonds des banques privées soient rapatriés à la BNR puisqu'en fait, concrètement, le gouvernement intérimaire [soutien des génocidaires - ndlr] estimait que la BNR était son bras financier. La BNR considérait que les devises détenues par les banques privées lui appartenaient. Pour ma part, je me suis opposé à ces tentatives de prélèvements, à partir du moment où j'agissais à Bruxelles. »

L'embargo sur les armes décidé par les Nations unies, en mai 1994, ne fait que renforcer l'attitude de fermeté de la banque belge. « Dès l'instant où il y a eu cet embargo, il y a eu une réunion au niveau du MAE [ministère des affaires étrangères - ndlr] belge pour les aviser des conditions d'application de cet embargo, témoigne encore Jacques Simal. Quand le secrétaire général est rentré de réunion, il nous a communiqué les directives pour qu'aucun transfert de fonds suspects à la demande du Rwanda ne soit exécuté. »

Interrogé par la cellule investigation de Radio France et par Mediapart sur ces livraisons d'armes, le 28 janvier 2019, l'ancien chef d'état-major des armées (d'avril 1991 à septembre 1995), l'amiral Jacques Lanxade, affirme n'en avoir « jamais » eu connaissance.

« C'est un sujet qui n'est jamais venu en discussion au conseil restreint [de défense, à l'Élysée], affirme Jacques Lanxade. Pour une raison simple : les livraisons d'armes étaient interdites par l'embargo décrété par les Nations unies. Pour le chef d'état-major français, que j'étais, il ne s'est rien passé, en tout cas, pas sous mon autorité. Les livraisons d'armes peuvent passer par différents canaux. Les livraisons d'armes, reconnues par la France, l'ont été par le canal du ministère de la coopération, à l'époque, qui n'était pas sous l'autorité du ministre de la défense, ni du chef d'état-major des armées. »

À la question de savoir comment l'armée française, qui contrôlait l'aéroport de Goma, a pu laisser passer 80 tonnes d'armes en juin 1994, en plein embargo des Nations unies, l'amiral Lanxade répond : « Nous ne contrôlions qu'une partie de ce terrain d'aviation, pour nos propres besoins, qui étaient des besoins militaires. Nous n'avons pas "chassé" les Zaïrois sur ce terrain. Libre à eux de faire ce qu'ils voulaient, dans le cadre des autorisations qu'ils avaient. De toute façon, il n'y avait pas un flux d'armes qui transitait par l'aéroport de Goma. »

Cela signifierait donc que 80 tonnes d'armes débarquent à Goma, en juin 1994, et que l'armée française ne le voit pas ? « Ça ne me paraît pas impossible. Il n'y a aucune preuve là-dessus, il y a peut-être des armes qui sont passées, je n'en sais rien. Je ne peux pas vous répondre là-dessus. Mais je peux vous dire que les forces armées françaises n'ont rien à voir avec ça. »

 

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8 février 2019 5 08 /02 /février /2019 18:23
L'accord de Khartoum va-t-il mettre fin à la crise centrafricaine?
L'accord de Khartoum va-t-il mettre fin à la crise centrafricaine?

Lu pour vous 

 

https://www.dw.com

 

Le gouvernement centrafricain et les quatorze groupes rebelles qui occupent une grande partie du territoire national ont paraphé le mardi 5 février dernier le 8ème accord de paix à Khartoum au Soudan. Il a été signé par les protagonistes, le 6 février à Bangui, la capitale en présence des représentants de la communauté internationale

L’accord de paix entre Bangui et les groupes armés contrôlant 80% du territoire de la Centrafrique a pour objectif de mettre rapidement fin aux violences qui ravagent ce pays depuis 2013.

Au titre de la justice et réconciliation nationale, les parties, tout en rejetant toute idée d'impunité et en reconnaissant le principe de la présomption d'innocence, reconnaissent les conséquences douloureuses et les stigmates des crimes graves sur l'ensemble des citoyens et des communautés en République centrafricaine.

  Les parties s'engagent, dès la signature du présent accord, à mettre en place des unités spéciales mixtes pour une période transitoire initiale de vingt-quatre mois, et placées sous la supervision de l'Etat-major des Forces de défense, et pourront solliciter l'appui technique de la Minusca (force de l'ONU en Centrafrique, ndlr).

 - Les parties conviennent du strict respect de la Constitution, des lois et règlements en vigueur en République centrafricaine.

 - Les parties conviennent de bannir toute velléité d'accession ou de conservation du pouvoir par la force (...).

  - Les parties conviennent également que l'organisation d'élections libres, transparentes et crédibles est la seule voie consacrée pour assurer l'alternance politique et à contribuer à la consolidation de la démocratie en République centrafricaine.

 - Le président de la République, chef de l'Etat, s'engage à mettre en place immédiatement après la signature du présent accord un gouvernement inclusif.

 L’accord de paix de Khartoum va-t-il permettre de mettre un terme à la crise qui secoue la RCA depuis plusieurs années ? Nous allons débattre autour de cette problématique avec nos invités sous l’Arbre à Palabres :

-Roland Marchalspécialiste de la Centrafrique et chercheur au CNRS, Centre national de la recherche scientifique.

-Antoinette Montaigne, Ancienne ministre de la Réconciliation.

-Gervais Lakosso, coordinateur du Groupe de contact de la société civile centrafricaine.

Stéphane Mboula Wamok, enseignant chercheur à l’Université de Lille. Spécialisé dans la philosophie morale et politique, spécialité Ethique économique.

 

Pour écouter l’intégralité du magazine, cliquez sur la photo ci-dessus.

 

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8 février 2019 5 08 /02 /février /2019 17:48
Tchad : la France vole au secours d’Idriss Déby en bombardant des rebelles
Tchad : la France vole au secours d’Idriss Déby en bombardant des rebelles

Lu pour vous

 

https://www.lemonde.fr  Par Christophe Châtelot et Nathalie Guibert  Publié hier à 06h28, mis à jour hier à 11h08

 

Les avions de chasse français auraient conduit une « vingtaine de frappes » et détruit autant de véhicules, au risque de faire apparaître Paris comme le protecteur d’un régime prédateur et corrompu.

La France sauve-t-elle une fois encore le soldat Déby ? A plusieurs reprises depuis dimanche 3 février, Paris a en effet lancé ses Mirage 2000, basés à N’Djamena, pour bombarder une colonne rebelle de l’Union des forces de la résistance (UFR) venue du sud de la Libye, et que l’armée tchadienne ne semblait pas en mesure de pouvoir stopper.

Au regard de la menace – « seulement » une cinquantaine de pick-up, même lourdement armés – se pose ainsi la question de la solidité du régime du chef de l’Etat, qui a su neutraliser des attaques autrement plus dangereuses depuis son arrivée au pouvoir il y a vingt-huit ans.

Ainsi, en 2006 puis en 2008, Idriss Déby Itno résista à de folles épopées lancées contre lui depuis le Soudan voisin. Certes, la France apporta un appui décisif. Mais pas en puissance de feu. L’assistance se mesura en termes logistiques, de renseignement et d’organisation tactique auprès des forces loyalistes pour défendre N’Djamena et sauver le régime. Ces jours-ci, l’implication de Paris se fait beaucoup plus voyante, létale et totalement assumée.

Un communiqué de l’état-major français des armées, diffusé mercredi 6 février, reconnaît ainsi que « du 3 au 6 février 2019, des Mirage 2000 des forces armées françaises sont intervenus [dans le] nord-est du Tchad, en coordination avec l’armée tchadienne, de façon à contrer l’incursion d’une colonne armée en territoire tchadien ».

Lire aussi  L’armée française bombarde une colonne de rebelles pour éviter la déstabilisation du Tchad

Discordance

Au total, les avions de chasse français auraient conduit une « vingtaine de frappes », selon une source militaire, et détruit une vingtaine de véhicules qui peuvent convoyer, chacun, jusqu’à dix combattants. Le premier ministre, Edouard Philippe, a utilisé l’article 35 de la Constitution, ce même jour, pour informer les présidents de l’Assemblée nationale et du Sénat de l’opération : « Le gouvernement français a décidé de faire intervenir nos forces armées au Tchad (…) en réponse à la demande d’assistance [du] président de la République du Tchad, Idriss Déby Itno ».

Cette dernière initiative n’est pas anodine. Elle vise à lever l’ambiguïté sur la légalité de l’intervention française. Officiellement, les deux pays sont liés par « un accord de coopération militaire technique » qui remonte à 1976 et ne permet pas aux militaires français d’intervenir directement. Sauf si on le leur demande… En d’autres lieux, c’est ce que fit le président du Mali, en janvier 2013, pour permettre le lancement de l’opération militaire française « Serval » contre les groupes djihadistes, qui contrôlaient alors la moitié du pays.

Au Tchad, les Mirage 2000 utilisés ces derniers jours sont engagés dans le cadre de l’opération « Barkhane ». Son quartier général est basé à N’Djamena, mais son objectif est la lutte contre les groupes terroristes armés et djihadistes au Sahel. Et non les rebelles tchadiens de l’UFR. Cette discordance, loin de les embarrasser, semble arranger les autorités locales.

« Depuis que le président [Déby] a proposé [en 2018] l’amnistie aux rebelles qui déposent les armes, nous considérons qu’il n’y a plus de rebelles au Tchad, mais seulement des hors-la-loi, des mercenaires et des terroristes », nous explique ainsi Oumar Yaya Hissein, porte-parole du gouvernement. « La sécurité du Tchad et celle du Sahel s’inscrivent dans le même cadre sous-régional, donc l’intervention de “Barkhane” est justifiée », ajoute-t-il.

Sauf que dans ce pays de guerriers, le bruit des kalachnikovs a davantage rythmé la vie politique que celui des campagnes électorales. Les groupes armés font en quelque sorte partie du paysage. Et les reconversions d’anciens chefs de guerre dans le monde politique sont légion. Idriss Déby, lui-même, a conquis le pouvoir par les armes en 1990, à la tête d’une rébellion partie du Darfour soudanais, frontalier du Tchad.

L’opposition tchadienne ne s’y trompe pas. Tout en précisant que « la guerre n’a jamais résolu les problèmes de [son] pays », l’Union nationale pour le développement et le renouveau (UNDR) a ainsi jugé « inadmissible (…) cet amalgame fait par le gouvernement [qui] veut assimiler toute opposition au terrorisme ».

Par ricochet, la France apparaît ainsi aux yeux de nombreux Tchadiens comme la protectrice d’un régime prédateur et corrompu, alors que la population se débat dans la misère, sans espoir de voir émerger un semblant de démocratie.

« L’incompréhension, le mécontentement contre la France est général », affirme Gali Ngothé Gatta, député et chef de l’Union des forces démocratiques-Parti républicain (UFD-PR). « Paris ne voit pas ce que nous vivons : les écoles en grève, les fonctionnaires non payés depuis des mois, la santé au creux de la vague… Les groupes politico-militaires deviennent, pour certains, des sauveurs », ajoute-t-il. Dans le même ordre d’idée, l’UNDR s’« étonne » de voir la France « défendre coûte que coûte un régime que tout le monde rejette, [et] intervenir dans un conflit tchado-tchadien ».

Lire aussi  Au Tchad, un accord pour mettre fin à la grève des fonctionnaires

Retournement d’alliance

Leur condamnation de « l’ingérence française » se nourrit sans doute de la frustration de voir s’éloigner la chute d’un président qu’ils pensaient suffisamment affaibli par la grogne sociale et la réactivation de rébellions pour espérer le voir tomber prochainement.

« Avec la crise pétrolière et à cause de la mauvaise gouvernance, l’argent manque. Le pouvoir s’est recentré sur la famille proche du président. Les revenus des officiers ont été divisés par quatre. Le groupe des profiteurs s’est réduit, produisant autant de mécontents, y compris dans le clan et les sous-clans Zaghawa [l’ethnie d’Idriss Déby] », explique un homme politique tchadien. Le phénomène n’est pas nouveau. A titre d’exemple, les rebelles de l’UFR sont dirigés par Timan Erdimi, un neveu du président.

Lire aussi  Au Tchad, une austérité à durée indéterminée

C’est sur ce jeu de retournement d’alliance, de désertions et de trahisons que comptait d’ailleurs l’UFR pour conquérir N’Djamena. « Depuis notre rentrée au Tchad, il y a quinze jours, nous avons parcouru 500 kilomètres depuis la frontière libyenne sans problème. L’armée nous ouvrait les barrières. Elle est avec nous et ne veut pas nous combattre », nous affirme un des principaux dirigeants du mouvement, contraint à l’anonymat par respect de l’accord de paix signés en 2010 par le Tchad et le Soudan, qui se livraient jusqu’alors une guerre dévastatrice par groupes rebelles interposés.

« Cette colonne n’est que l’avant-garde d’un soulèvement de l’intérieur du pays, jusque dans l’entourage du dictateur », veut croire Doki Warou Mahamat, un conseiller politique de Timan Erdimi, joint à Paris. Nombre d’observateurs soulignent également que les forces tchadiennes sont engagées sur trop de fronts, extérieurs et intérieurs, pour remplir leur fonction sécuritaire.

Menace prise au sérieux

Mais combien de fois n’a-t-on prédit sa chute ? Idriss Déby a survécu à tant de « rézous » ennemis, ces raids lancés par les rebelles chevauchant leurs 4 x 4 comme ils le faisaient sur leurs chameaux de combat ; on l’a si souvent décrit au seuil de la mort, rongé par la maladie, qu’il convient de se demander pourquoi cette dernière aventure lui serait fatale.

Il l’avait d’ailleurs vu venir. Depuis la mort, en 2011, de son « voisin », Mouammar Kadhafi, suivi de l’effondrement de la Libye, Idriss Déby n’a eu de cesse d’attirer l’attention des pays occidentaux sur les risques que cela représentait pour la stabilité de la région. La guerre au Mali, dès 2012, puis ses débordements récents au Niger et au Burkina Faso lui ont donné raison. Il savait aussi pertinemment que certains des groupes rebelles originaires de son pays se refaisaient une santé dans le chaos et les trafics prévalant dans le Sud libyen, tel l’UFR.

Les voilà donc de retour. Jusqu’où pourront-ils aller ? Car ce mouvement armé reconnaît que les frappes aériennes françaises ont causé des « dégâts matériels et humains importants ». Jurer « qu’ils continueront d’avancer même sous le feu français » n’est peut-être que bravade. Mais la vigueur de l’intervention montre que la menace a été prise au sérieux.

Il faut qu’elle le soit pour que le chef suprême des armées françaises, Emmanuel Macron, renie ce qu’il élevait comme un précepte et le signe de la rupture de sa politique africaine par rapport à ses prédécesseurs : la non-ingérence militaire dans les affaires politiques intérieures d’un pays africain.

Le communiqué de mercredi du ministère des armées français justifie ce renoncement : « Le raid de cette colonne armée dans la profondeur du territoire tchadien était de nature à déstabiliser ce pays. Les forces armées tchadiennes sont un partenaire essentiel de la France dans la lutte contre le terrorisme, tant au Mali qu’au sein de la force conjointe du G5 Sahel qu’au travers de son engagement contre Boko Haram [présente au Cameroun, Niger et Nigeria]. » Idriss Déby peut être rassuré ; les démocrates tchadiens, beaucoup moins.

Lire aussi  Benyamin Nétanyahou au Tchad : les enjeux d’une visite inédite

Christophe Châtelot et Nathalie Guibert

 

 

Le jeu trouble de Paris

 

 http://lepays.bf 

 

La poudre a encore parlé dans la partie orientale du Tchad. En effet, l’aviation française y a mené des raids contre des rebelles de l’Union des forces de la résistance (UFR). L’information a été confirmée par le ministère français de la Défense qui précise que « la colonne (de rebelles) avait été repérée depuis au moins 48 heures et que l’armée tchadienne avait déjà procédé à des frappes pour tenter de les stopper ». Selon toujours l’état-major français qui, jusqu’au moment où nous tracions ces lignes, n’avait pas avancé de bilan, quatre bombes, au total, ont été larguées. Voilà qui relance de plus belle le débat sur l’intervention militaire française au Tchad en particulier et en Afrique en général. Car, l’opposition tchadienne n’est pas allée avec le dos de la cuillère pour déplorer un « tournant dangereux » et dénoncer une immixtion dans les « affaires internes » du Tchad. Certes, s’il est vrai que personne ne peut encourager un changement de régime par la force des armes comme le souhaite l’UFR, il faut cependant regretter le rôle trouble que joue la France au pays de Idriss Déby. Surtout quand on sait que pas plus tard qu’en 2006, les forces françaises avaient encore effectué des tirs de semonce contre les mêmes rebelles qui faisaient route vers N’Djamena. Tout se passe, en effet, comme si la France était en train de jouer les gendarmes des régimes vomis par les peuples du continent africain ; en témoigne son intervention armée en 1964, au Gabon, qui avait permis de sauver le régime de Léon Mba. La suite, on la connaît. On avait assisté à des arrestations tous azimuts sur fond de règlements de comptes. Mutatis mutandis, on assiste à une situation quasi-similaire au Tchad où la France ne cache pas son soutien indéfectible au dictateur Déby. A preuve, on se rappelle que Paris, face à la grogne sociale qui ne retombait pas au Tchad, a dû voler au secours du maître de N’Djamena en lui octroyant un prêt de 100 millions d’euros environ pour lui permettre de payer la solde des fonctionnaires civils. C’était en début décembre 2018.

 

Quand on sème la dictature et la mal gouvernance, on ne peut que récolter l’humiliation

 

Rappelons aussi que lors de sa visite au Tchad dans le même mois, le président Emmanuel Macron avait réitéré le soutien de son pays aux forces anti-extrémistes africaines dont celles du Tchad qui ont suffisamment fait parler d’elles au Niger et dans le septentrion malien. Le drame, c’est que sous le couvert de la lutte contre le terrorisme et ce avec la complicité de la France, le dictateur tchadien tente de réduire à quia une rébellion née de sa mal gouvernance politique et économique. C’est le cas, par exemple, de l’UFR que l’on présente comme un regroupement terroriste alors même qu’il s’agit d’un mouvement rebelle qui, en 2009, avait accepté de déposer les armes à la suite d’un accord trouvé avec le Soudan ; lequel accord devrait permettre l’ouverture de pourparlers à Doha entre N’Djamena et ledit groupe armé.

Mais, une décennie après, rien n’y fit. Pourquoi ? Seul le président Déby peut répondre à cette question. Mais qu’il se le tienne pour dit : quand on sème la dictature et la mal gouvernance, on ne peut que récolter l’humiliation. Cela peut prendre le temps qu’il faut, mais le jour viendra.

 

B.O

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8 février 2019 5 08 /02 /février /2019 17:17
Le jeu du Kremlin en RCA: que cache la façade?

Lu pour vous 

 

Par Sergey Sukhankin 23 janvier 2019 15:58

 

Publication: Eurasia Daily Monitor Volume: 16 Numéro: 7

 

(Source: The Defence Post)

 

La ministre de la Défense nationale de la République centrafricaine (RCA), Marie-Noëlle Koyara, a déclaré le 10 janvier qu'une base militaire russe pourrait bientôt être créée dans le pays (Business-gazeta.ru, 10 janvier 2019). Si tel était le cas, cette étape inaugurerait une phase qualitativement nouvelle de la politique de la Russie "de virer vers l'Afrique", avec une guerre en crise, une rupture économique et une instabilité politique.

La RCA deviendrait la nouvelle base géopolitique de la Russie et un point d'entrée sur le continent plus large. La Russie a commencé à manifester un intérêt considérable pour la RCA dès octobre 2017, lorsque le ministre russe des Affaires étrangères, Sergueï Lavrov, s'est entretenu à Sotchi avec le président du pays, Faustin-Archange Touadéra.

Et tout au long de 2018, Moscou a pris ses premières mesures concrètes pour consolider l'alliance naissante. Premièrement, il a augmenté son soutien militaire à la RCA avec une importante cargaison d'armes (RBC, 14 décembre 2018) et l'envoi de plusieurs instructeurs militaires (voir EDM, 30 avril 2018; 4 septembre 2018). Deuxièmement, la Russie a intensifié ses relations diplomatiques bilatérales et sa coopération militaire avec l'État africain.

En mai, le président Touadéra a participé au Forum économique international de Saint-Pétersbourg en tant qu'invité spécial de Vladimir Poutine (Kremlin.ru, 23 mai 2018), qui a été perçu à Paris comme un défi à l'influence française traditionnelle sur cette partie de l'Afrique ( France 24, 8 août 2018). Par la suite, en août, lors du forum technico-militaire international Armée-2018 (tenu à Kubinka), le ministre de la Défense, Sergei Shoigu, a signé un accord avec son homologue centrafricain sur le renforcement de la formation des forces centrafricaines par la Russie (RIA Novosti, 21 août , 2018).

L'aspect le plus controversé de la relation bilatérale est la question des soi-disant "instructeurs militaires" de la Russie, qui jouent un rôle de plus en plus important dans l'architecture de sécurité nationale de la RCA. Selon des sources russes, Moscou aurait officiellement envoyé 175 personnes en RCA et y aurait envoyé "plusieurs centaines de mercenaires ayant combattu dans le Donbass et en Syrie" (Novaïa Gazeta, 2 août 2018).

En effet, des photographies prises du président Touadéra le 15 août 2018, capturaient des images d'employés de Sewa Security Services - de facto une entreprise militaire privée russe (PMC) - et seraient, selon les rumeurs, une "branche" du plus célèbre groupe Wagner. Sewa Security Services serait étroitement liée à Lobaye Invest, une entreprise dirigée par Yevgeny Khodotov, qui aurait à son tour dirigé la sécurité du financier du groupe Wagner, Yevgeny Prigozhyn (Thebell.io, 15 août 2018).

Le membre du comité de la défense de la Douma (chambre basse du Parlement russe), Viacheslav Tetekin, a fait valoir qu'une base militaire russe en RCA pourrait devenir un précédent important et que d'autres pays africains pourraient faire de même. Il a déclaré ouvertement que la Russie était prête à démanteler la domination française dans cette partie de l'Afrique. "La France est membre d'un bloc adverse (...) nous n'avons aucune obligation envers Paris ... nous n'avons donc pas besoin de tenir compte de l'opinion française." Tetekin a ajouté que "les Chinois, qui travaillent aussi activement dans la région, ne représentent aucun danger pour la Russie" (Vpk-news.ru, 16 janvier 2019).

Leonid Nersiyan, commentateur politique du média ultra-conservateur russe Regnum, a déclaré que, malgré "la coopération militaire active" et "le groupe Wagner actif depuis longtemps en RCA ... la création d'une base militaire à part entière sera une étape extrêmement sérieuse nécessitant une analyse approfondie des risques et des opportunités. " Il a également noté qu '"en dehors d'une confrontation sérieuse avec la France ... les intérêts russes pourraient entrer en conflit avec les Chinois" (Regnum, 10 janvier 2019).

Il est fréquemment allégué que la Russie ne se préoccupe que de la RCA en raison des vastes ressources naturelles de ce pays, notamment des diamants, de l'or et de l'uranium (Inosmi.ru, 23 octobre 2018). Cependant, l'étendue réelle des gisements d'or et de diamants locaux n'est pas claire, ce qui soulève des doutes sur le potentiel économique réel. Plus vraisemblablement, la participation de la Russie à la RCA constitue une façade pour des actions d'une portée et d'une portée beaucoup plus grandes.

Compte tenu de son emplacement géostratégique (le "cœur" géographique du continent) et de l'intensification des activités menées par le Kremlin le long du périmètre Libye-Soudan du Sud-République démocratique du Congo-Ethiopie-Somalie-Yémen, le contrôle de la RCA est un élément indispensable d'étendre l'influence de la Russie dans toute l'Afrique de l'Est. En effet, un examen approfondi des débats intellectuels russes sur le continent révèle un intérêt croissant pour la Tanzanie, le Burundi, le Botswana et même l'Angola, où la Russie est déjà impliquée dans l'extraction de diamants et a pour ambition d'accroître sa part dans le développement des hydrocarbures (Valdaiclub.com 5 mars 2018).

Compte tenu de sa relative faiblesse économique, le rayonnement stratégique de la Russie dans la région repose sur deux piliers interdépendants: "l'exportation de sécurité" (eksport bezopasnosti) et l'asymétrie. Pris ensemble, ils représentent une synthèse des expériences de la Russie en Syrie et en Libye. Et cette approche a été clairement démontrée en RCA.

Le premier élément concerne le fait que la Russie continue de mettre l'accent sur la participation aux affaires locales "sur invitation du régime politique légitime" (YouTube, 19 décembre 2018). Dans le même temps, la Russie mêle diplomatie et menaces de force: tendre la main aux deux parties au conflit (factions chrétienne et musulmane), tout en faisant allusion à son potentiel militaire en prenant pour exemple l'opération menée en Syrie (Tsargrad.tv, 10 octobre 2018).

Ce dernier élément repose sur une combinaison de:


- "Affrontement de l'information": depuis plusieurs mois, la Russie a lancé une vaste campagne d'information anti-française qui dénigre et ridiculise les efforts français, mais "loue les initiatives de Moscou en matière de sécurité ainsi que la coopération" florissante "entre les deux pays. " Le prestige russe a augmenté de façon exponentielle, alors que les responsables français "ne sont plus invités à aucune des cérémonies officielles organisées à Bangui - un phénomène sans précédent depuis l'indépendance de la RCA", selon la presse russe (Inosmi.ru, 13 décembre 2018). .

Dans le même temps, la partie russe a eu recours à l'assassinat des trois journalistes d'investigation en République centrafricaine de l'été dernier (voir EDM, 2 octobre 2018): juste après le tragique incident, des journalistes de l'Agence fédérale de presse (étroitement liée) Internet Research Agency de Prighozin et qui aurait coopéré avec le groupe Wagner en Syrie) a effectué un voyage en RCA et présenté le pays comme une zone interdite aux observateurs occidentaux (Tsargrad.tv, 29 octobre 2018).

- Exploitation d'erreurs occidentales: la Russie oppose farouchement à l'opération massive Sangaris de la France et à une allocation inefficace de l'aide économique (la France fournirait 130 000 000 euros par an à la RCA - un tiers du PIB local) et à une date supposée décisive à Moscou et des actions concrètes (au moins à la surface). Le "retour de la Russie en Afrique" gagne clairement du terrain, et la RCA est un terrain d'essai de premier plan pour sa stratégie plus large.

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Centrafrique-Presse.com
8 février 2019 5 08 /02 /février /2019 17:03
Accord de paix en Centrafrique : « tout commence maintenant »

 

Lu pour vous

 

http://fr.africanews.com  Carole KOUASSI avec Agences 07/02 - 07:13

 

La République centrafricaine a obtenu un accord de paix entre les factions rebelles et le gouvernement, devant sortir le pays de près de sept années d’une guerre fratricide qui a déjà fait des centaines de morts. En dépit des espoirs suscités par cet accord, de nombreuses questions restent en suspens.

Ce mercredi 6 février pourrait se révéler être un jour historique pour la République centrafricaine. Dans la capitale Bangui, quatorze groupes rebelles et le gouvernement ont participé à la signature d’un accord de paix, conclu quelques jours auparavant à Khartoum, la capitale soudanaise. S’il s’agit en effet du huitième depuis le début de la guerre en Centrafrique, en 2013, cet accord est bien le premier auquel participent toutes les parties prenantes au conflit. Il est perçu dès lors comme la panacée qui pourrait définitivement mettre un terme aux violences qui ont fait des milliers de morts et des millions de personnes déplacées.

“Ce jour est pour nous un moment historique qui consacre l’aboutissement de presque trois années d’efforts”, s’est réjoui le chef de l’Etat Faustin Archange Touadéra, soulignant avoir “tendu la main à nos frères et nos sœurs des groupes armés”. Pour Herbert Gontran Djono Ahaba, porte-parole des groupes rebelles à Khartoum, cependant, « la période la plus difficile commence maintenant ». En effet, pour ce chef rebelle comme pour l’Union africaine, le plus dur reste l’application effective de l’accord dont les grandes lignes restent pour l’heure inconnues. Le gouvernement avait promis les révéler ce mercredi, à l’occasion de la cérémonie de signature de l’accord, mais le mystère demeure.

La peur de l’impunité

L’une des grandes inconnues reste toutefois l’amnistie des auteurs d’abus. Les groupes armés qui contrôlent actuellement environ 80 % de la République centrafricaine en avaient fait une condition pour cesser les hostilités. Mais Bangui s’y était opposé. Cette éventualité fait déjà réagir dans la capitale. Bruno Hyacinthe Gbiegba, militant des droits de l’homme et observateur aux pourparlers de paix, s’est dit particulièrement préoccupé par la lutte contre l’impunité. « Tout le monde est responsable des actions qu’il a entreprises », a-t-il laissé entendre, estimant que justice doit être rendue.

Une remarque à laquelle adhère Yannick Nalimo, journaliste et blogueur. Pourtant, outre l’amnistie, les groupes armés exigeaient aussi la dissolution du gouvernement et la formation d’un gouvernement de sortie de crise, avec un Premier ministre issu de leurs rangs. Ils réclamaient également la mise en place de patrouilles mixtes avec les Forces armées centrafricaines (Faca) pour sécuriser un territoire qu’ils contrôlent à 80 %. « Nous sommes choqués de voir nos autorités jubiler aux côtés de nos bourreaux », a déclaré le blogueur à l’Associated Press. « Cela ne met personne à l’aise. Les gens ne veulent pas que ces gens, qui ont démoli le pays et nous ont mis à nu, reviennent et gèrent les affaires de l‘État », a-t-il ajouté.

Les groupes armés qui s’affrontent en Centrafrique sont issus de l’ex-rébellion hétéroclite de la Séléka à majorité musulmane qui a renversé le président François Bozizé en 2013, et des milices d’auto-défense qui s’y opposaient, les antibalaka. Au cours des derniers mois, deux dirigeants anti-Balaka ont été conduits devant la CPI, mais aucun des combattants de la Séléka n’a encore été pris pour cible par le procureur général de la Cour, Fatou Bensouda.

Alors que la question du désarmement des milices n’a pas été conclue, les craintes d’un retour aux violences inquiètent les esprits. Mais l’Union africaine s’est dit vivement déterminée à assurer le suivi de l’accord par chacune des parties.

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Centrafrique-Presse.com
8 février 2019 5 08 /02 /février /2019 16:54
Centrafrique: accord de paix pour accélérer la justice et sécuriser le territoire

 

 

http://www.slateafrique.com  08/02/2019 à 13:32

 

Accélérer la réconciliation et la justice en Centrafrique tout en sécurisant son territoire occupé à 80% par des groupes armés, qui y mèneront des patrouilles avec l'armée régulière, ce sont les principaux objectifs d'un accord de paix dont l'AFP a obtenu copie vendredi.

Cet accord de paix signé mercredi à Bangui, le 8eme depuis le début de la crise en 2013, prévoit la mise en place sous 90 jours d'une Commission vérité, justice, réparation et réconciliation (CVJRR).

En attendant, une "Commission inclusive" composée des parties en conflit, est "immédiatement" créée avec la lourde tâche de "qualifier et de proposer toute action susceptible d'être prise en matière de justice".

Cette commission soumettra ses conclusions à la CVJRR dès sa entrée en fonction et sera elle-même alors dissoute.

La principale inconnue sur le contenu de l'accord était celle de l'amnistie exigée par les chefs des groupes armés, mais toujours refusée par Bangui.

L'amnistie n'est pas mentionnée dans le texte qui stipule néanmoins que le président Faustin-Archange Touadéra garde un "droit discrétionnaire de grâce" qui pourra être utilisé pour "soutenir la dynamique de réconciliation".

De même, la "réintégration" des dirigeants de groupes armés - pour la plupart sous mandats d'arrêt ou cités dans des rapports d'ONG pour violations des droits de l'homme - sera étudiée au "cas par cas" par une Commission mixte.

Les groupes armés sont issus de l'ex-rébellion hétéroclite de la Séléka à majorité musulmane qui a renversé le président François Bozizé en 2013, et des milices d'auto-défense qui s'y opposaient, les antibalaka.

Les ex-présidents, dont François Bozizé et Michel Djotodia, chef de la Séléka, bénéficieront d'une loi garantissant leur statut d'anciens chefs de l'Etat.

- Gouvernement inclusif -

MM. Bozizé et Djotodia vivent tous deux en exil et sont poursuivis dans leur pays pour leurs liens présumés avec des rebelles armés.

Comme lors de chacun des sept accords précédents, les 14 groupes armés signataires se sont engagés à "renoncer au recours aux armes" et à un cessez-le-feu immédiat.

Eux dont la plupart demandaient le départ de M. Touadéra, doivent désormais "respecter la légitimité des institutions démocratiques" de Centrafrique.

Des patrouilles mixtes entre l'armée et les groupes armées seront mises en place pour une "période initiale" de deux ans en vue de ramener la sécurité sur l'ensemble du territoire.

Un gouvernement inclusif sera en outre nommé "immédiatement après signature de l'accord".

Les groupes armés ont longtemps réclamé qu'un Premier ministre issu de leurs rangs soit nommé, comme symbole d'un partage équitable du pouvoir, ce qui ne figure pas dans l'accord de Khartoum.

Plusieurs hommes forts des groupes armés sont déjà soit ministres, soit conseillers à la présidence.

Ces groupes, qui ont placé 80% du territoire sous leur coupe, s'engagent à "mettre immédiatement et irrévocablement fin à toute obstruction au redéploiement des autorités" en province.

Un point important, car les principaux groupes armés ont à plusieurs reprises menacé de s'en prendre aux préfets et autorités locales redéployés en région.

- Loi de décentralisation -

Les groupes armés estiment que Bangui a "abandonné" une partie du pays, un argument notamment mis en avant par l'ex-coalition de la Séléka pour justifier le coup d'Etat de 2013.

Aucune élection municipale n'a eu lieu en Centrafrique depuis l'abolition du régime du parti unique, au début des années 1990.

Comme réponse, l'accord de Khartoum indique que le gouvernement s'engage à "faire adopter, sans délai, une nouvelle loi sur la décentralisation".

Les questions d'un possible fédéralisme ou d'une décentralisation des pouvoirs sont au coeur des débats depuis plus de vingt ans en Centrafrique, sans qu'un accord n'ait été trouvé jusqu'à lors.

Finalement, "un transfert des compétences et des ressources requises au niveau préfectoral et local" va être mis en place, selon l'accord.

Le texte indique que des "processus appropriés de recrutement" des fonctionnaires seront mis en place pour représenter "toutes les composantes de la nation".

Ancienne colonie française classée parmi les pays les plus pauvres au monde, la Centrafrique, pays de 4,5 millions d'habitants, est cependant riche en diamants, or et uranium. Les groupes armés s'y affrontent pour le contrôle de ces richesses.

Ils s'opposent régulièrement aux quelque 12.000 soldats et policiers de la Mission de l'ONU en Centrafrique (Minusca) qui tentent en vain d'empêcher les violences.

 

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8 février 2019 5 08 /02 /février /2019 16:34

 

 

BANGUI, 7 février 2019 (RJDH)—L’accord de paix signé le 6 février 2019 présente plusieurs points forts, selon des informations RJDH, même si son contenu n’est pas encore officiellement connu. Mais le discours du Chef de l’Etat s’est révélé être une balise aux grandes lignes que contiennent cet accord. Décryptage du RJDH qui part des revendications des groupes armés et du discours réponse du président Centrafricain.

 

Le premier résultat attendu de cet Accord est la cessation de toutes les violences et de toutes les exactions sur les populations civiles. Au vu des revendications des groupes armés, le discours du président Centrafricain répond déjà à plusieurs points de leurs préoccupations.

 

Sur le plan de la justice, les groupes armés n’ont pas exclu la lutte contre l’impunité, un point qui a trouvé sa réponse dans le discours du Chef de l’Etat.  A en croire le Président Touadéra, on retient que sans attendre, il sera mis en place une commission inclusive qui sera le dispositif approprié pour offrir aux compatriotes les instruments d’une justice qui promeut la vérité, la réhabilitation des victimes et la réconciliation nationale. Ses conclusions alimenteront le travail de la Commission  Vérité, Justice, Réparation et Réconciliation qui sera opérationnelle avant la fin du premier semestre 2019. Ceci est l’une des exigences des groupes armés qui souhaitaient l’accélération de cette commission.

 

Pour le Président Touadéra, son gouvernement va interagir avec les associations des victimes ainsi qu’avec tous les partenaires afin de mettre sur pied de manière concertée un système de réparations consensuel.

 

La majorité des groupes armés étaient réticents au processus du DDR avant ce dialogue. Après discussions, il est convenu que tous ces groupes vont y participer. Selon le chef de l’Etat, « le Gouvernement travaillera d’arrache–pied avec les autres parties à l’Accord pour que soient mises réellement en œuvre toutes les dispositions concernant la cessation des violences et l’effectivité du Programme National de DDRR dont nous allons revisiter les organes de gestion et de mise en œuvre », a-t-il souligné pour répondre aux préoccupations de ces groupes qui réclamaient aussi l’inclusivité des organes dans la gestion de ce dossier.

 

S’agissant de la question de la gestion de transhumance source des conflits entre les agriculteurs et les éleveurs et qui débouchent parfois  sur des affrontements armés, question soulevée par les groupes armés à la table des discussions, elle a aussi trouvé une réponse. Des informations RJDH indiquent qu’une brigade mixte serait mise sur pied après les opérations du DDR pour sécuriser les pistes de transhumance.

 

«Cette heureuse cérémonie m’offre l’heureuse opportunité de me réjouir du fait que, pour la première fois, l’Accord de paix donne une solution à la situation d’insécurité liée aux mouvements de bétail du fait de la transhumance qui générait de plus en plus des violences dont sont victimes les populations civiles. Avec les partenaires et les pays voisins, cette question sera dorénavant prise en charge de manière appropriée », a déclaré le chef de l’Etat Centrafricain.

 

L’accélération du plan de relèvement et de la consolidation de la paix dans les zones occupées par les groupes armés, le développement des zones dites « abandonnées », aussi relevé dans les revendications des groupes armés trouveront aussi des réponses dans cet accord. Le gouvernement prévoit alors l’organisation de 4 foras pour le développement régional à Birao, Bangassou, Bouar et Mbaïki dans un bref délai.

 

Sur le plan politique, il est convenu de redynamiser le cadre de fonctionnement des partis politiques afin qu’ils soient aussi des vecteurs de promotion des droits de l’homme et de la culture de la paix. «C’est dans ce sens que nous lancerons le travail de réflexion sur la manière d’offrir aux dignitaires une place décente dans la société centrafricaine, notamment, en mettant en place le statut qu’il sied de conférer aux anciens Chefs d’Etat », a confié le président pour répondre aux revendications des groupes armés.

 

Dans le projet des revendications des groupes armés, il était aussi question de la mise en œuvre effective de la politique de la décentralisation et du développement local. C’est ainsi que le président Touadéra n’a pas manqué de souligner ce programme. « … de manière concrète, il sera mis en avant, notamment, la conduite diligente du processus d’adoption du code sur les collectivités locales dont la mise en œuvre va nous permettre d’élargir la base de participation aux affaires publiques de toutes les parties prenantes à l’Accord, en assurant que la décentralisation participe davantage à affermir le rêve d’une nation plurielle, d’un pays uni et d’un peuple solidaire partageant une communauté de destin. », répond le président Touadera.

En ce qui concerne toujours la question politique, le chef de l’Etat souhaite, ensemble avec les parties-prenantes, poser les bases solides d’une nouvelle gouvernance inclusive à tous les niveaux. « Et pour ce faire, nous allons nous investir pour garantir des niveaux élevés de capacités, de compétences et d’intégrité des acteurs », déclare le chef de l’Etat Centrafricain.

 

Les groupes armés avaient aussi posé des revendications allant dans le sens d’une vaste réflexion sur la citoyenneté et les principes de laïcité portés par la Constitution. «Cette discussion sur les sujets de la citoyenneté, de la laïcité et de la protection des minorités constitue une opportunité pour que les acteurs de tous les horizons s’accordent sur les actions et autres mesures à mettre en œuvre pour améliorer le cadre légal et réglementaire en s’assurant que les lois régissant le fonctionnement des institutions en République », soutient le président Touadera.

 

Cet accord dont le processus a été plus long et inclusif présente les caractéristiques d’un accord de paix qui soit juste et équilibré, un accord qui réhabilite les victimes et répare les cœurs, un accord qui soit une véritable Charte de réconciliation en Centrafrique.

 

Fridolin Ngoulou

Centrafrique : Les points forts de l’accord de paix et de la réconciliation nationale
Centrafrique : Les points forts de l’accord de paix et de la réconciliation nationale
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