NOUVEAU GOUVERNEMENT EN CENTRAFRIQUE: DÉMISSION D'UN MINISTRE
05 MARS 2019 À 12H38 PAR AFP
Le ministre de la Fonction publique en Centrafrique, Bertin Béa, secrétaire général du parti de l'ancien président François Bozizé, le Kwa Na Kwa (KNK), a annoncé mardi à l'AFP avoir démissionné du gouvernement nommé dimanche.
"A la lumière de la publication de la composition dudit gouvernement", Bertin Béa a démissionné lundi, a-t-il déclaré, confirmant à l'AFP l'authenticité d'un communiqué circulant sur les réseaux sociaux. Dans ce texte, le secrétaire général du parti de l'ancien président en exil estime que les "consultations menées en amont n'ont pas été prises en compte et ne permettent pas une participation efficiente de notre parti à l'action de ce nouvel exécutif".
Ce nouveau gouvernement, nommé dimanche et supposé "inclusif" selon les termes de l'accord de paix signé début février entre Bangui et les 14 groupes armés, a mis à mal l'accord de Khartoum. Cinq des quatorze signataires ont désavoué la nouvelle équipe gouvernementale depuis son annonce, dont trois estimant qu'il rendait l'accord de paix caduc.
Ces cinq groupes appellent Bangui à "revoir sa copie", selon la formule du Mouvement des libérateurs centrafricains pour la justice (MLCJ), petit groupe implanté dans le nord. Lundi soir, le Premier ministre, Firmin Ngrebada, a pour sa part estimé que ce gouvernement "obéit aux arrangements" conclus entre les autorités et les groupes armés lors des négociations à Khartoum qui ont précédé la signature de l'accord le 6 février.
Le nouveau gouvernement est "le début du processus que nous avons retenu ensemble" entre autorités et groupes armés, a tempéré M. Ngrebada, soulignant que Bangui allait "par la suite (...) élargir la base de la participation de tous à la gestion des affaires du pays".Il "faut éviter tous les actes qui pourraient nous ramener en arrière" a mis en garde le Premier ministre, ancien directeur de cabinet du président Faustin Archange Touadéra, nommé fin février.
Cet accord de paix, soutenu par tous les partenaires de Bangui et préparé depuis 2017 par l'Union africaine, est le huitième signé depuis le début de la crise en 2013.Aucun des précédents accords n'a abouti à un retour de la stabilité, pas plus que la présence de la Minusca, déployée en 2014 et forte de 11.000 Casques bleus.
Riche en ressources naturelles, la Centrafrique est déchirée par la guerre depuis 2013. Près d'un quart de ses habitants ont dû fuir de chez eux et les combats sont quotidiens dans les provinces contrôlées à 80% par les groupes armés.
RCA: les démissions s’enchaînent au sein du nouveau gouvernement
Par RFI Publié le 05-03-2019 Modifié le 05-03-2019 à 16:21
En Centrafrique, le nouveau gouvernement nommé dimanche est loin de faire l’unanimité. Ce cabinet ministériel était pourtant voulu par les accords de paix de Khartoum signés à Bangui le 6 février dernier, qui prévoyaient en effet la formation d’un nouveau gouvernement inclusif. Mais, depuis deux jours, les démissions s'enchaînent.
Ce mardi 5 mars au matin, c’était au tour de Bertin Béa, leader du mouvement politique KNK d’annoncer sa démission du nouveau gouvernement. Une décision prise en concertation avec le bureau politique du parti et avec l’accord de l’ancien président François Bozizé.
Du côté des groupes armés, c’est la Seleka-Rénové qui annonce son retrait de l’accord de Khartoum.
Beaucoup de mouvements donc depuis dimanche, surtout du côté des groupes armés qui dénoncent le manque de changement au sein du gouvernement et le non-respect de l’inclusivité promise dans l’accord, car un noyau dur d’une vingtaine de ministres proches du président Touadéra, en charge des ministères régaliens, est resté en place. Une petite dizaine de représentants des groupes armés a fait cependant son entrée.
C’est un mouvement de frustration qui se fait ressentir. Les groupes armés attendaient davantage de postes, et avec des portefeuilles plus importants. Mais dans l’accord de Khartoum ne figurent aucune mention de quota ni de précision sur le partage des ministères. C’est donc un bras de fer politique qui s’est engagé.
Appel à la retenue
Le Premier ministre centrafricain a fait une déclaration ce lundi. Il a affirmé que la nomination du gouvernement n’était que le début du processus. Des représentants des groupes armés se verront donner l’opportunité de rentrer dans les services de la présidence, de la primature ou encore dans les organes de suivi de l’application de l’accord. Selon les autorités, l’inclusivité ne consiste pas seulement à l’entrée dans le gouvernement, mais dans toutes les couches des organes décisionnels.
Sur le terrain, le FDPC aurait coupé la route nationale 1 en réaction à sa non-participation au gouvernement. Une journée ville morte a été décrétée hier dans la ville de Ndele. Globalement, la situation reste toutefois calme dans le pays. D’ailleurs, l’ensemble des acteurs, groupes armés comme gouvernement, appellent à la retenue et à la non reprise des combats.
RCA: le processus de paix remis en cause par certains groupes armés
http://www.afriquemedia.tv 05 Mar 2019
En Centrafrique, moins de 24 heures après la proclamation du gouvernement élargi par le nouveau Premier ministre l’unité de façade se fissure. Des groupes armés sont montés au créneau et dénoncent un gouvernement qui ne tient pas compte de l'accord de paix signé à Bangui le 6 février dernier.
Les communiqués tombent les uns après les autres depuis ce dimanche soir. C'est d'abord le FPRC de Noureddine Adam, l'un des principaux groupes armés de Centrafrique qui a ouvert le bal, en annonçant son retrait d'un gouvernement qui n'est pas inclusif selon ce groupe. Son conseiller politique et porte-parole, Abakar Sabone, vient de lancer au président Faustin-Archange Touadéra un ultimatum de trois jours pour qu'il mette en place un gouvernement conforme à l'accord de paix. Et il s'adresse aux garants de l'accord de paix de Khartoum, notamment à l'Union africaine, le principal artisan de ce texte, en leur demandant de mener « les actions idoines de conciliation et d'arbitrage ».
Le FDPC de Abdoulaye Miskine qui n'est pas lui représenté au gouvernement a suivi. Il a annoncé son retrait « pur et simple du processus de paix » en cours dans son pays. Le MLCJ de Ali Abdaraman, qui parle d'un gouvernement « exclusif et discriminatoire », appelle le président et son Premier ministre à revoir leur copie. Enfin, le MPC de Mahamat al-Khatim dit considérer désormais que l'accord de paix négocié à Khartoum est « caduc ».
De son côté, le Premier ministre a fait une déclaration lundi après-midi appelant « à éviter tous les actes qui pourraient nous ramener en arrière ». « Le gouvernement n’est que le début du processus », a-t-il ajouté. « Il n’était pas possible de faire rentrer dans le gouvernement cinq personnes par groupe armé […] Cela aurait donné un gouvernement pléthorique », complète Ange-Maxime Kazagui, le porte-parole du gouvernement. Des postes devraient leur être attribués prochainement à la présidence, à la Primature, dans les institutions de la République ainsi que dans les organes de suivi de l’application de l’accord.