Centrafrique : 11 groupes armés exigent la démission du Premier ministre
Par Le Figaro avec AFP Publié le 19/03/2019 à 17:10
Onze des quatorze groupes armés signataires de l'accord de paix centrafricain ont exigé la démission du premier ministre Firmin Ngrebada et souhaitent «discuter directement avec le Président de la république», selon un communiqué reçu mardi par l'AFP.
«Firmin Ngrebada n'est plus crédible, il ne fait donc plus office d'interlocuteur pour la suite du processus et doit être remplacé aux fonctions de Premier ministre», précise le communiqué signé lundi par onze des quatorze groupes armés présents à Addis Abeba où se tient une réunion de suivi de l'accord de paix sous l'égide de l'Union africaine (UA).
Respect de l'accord de paix en Centrafrique: l'UA a écouté tous les signataires
http://www.aps.dz Mardi, 19 Mars 2019 18:12
ADDIS ABEBA - L'Union africaine (UA) a affirmé mardi avoir consulté tous les signataires de l'accord de paix centrafricain à Addis Abeba, où se déroule depuis lundi une réunion de suivi de l'accord, mis à mal après l'annonce début mars du nouveau gouvernement, a déclaré l'organisation.
"Après les consultations initiales avec tous les signataires de l'accord de paix (...), j'ai de nouveau rencontré le Premier ministre pour échanger les points de vues sur les moyens d'accélérer la mise en oeuvre de l'accord de paix", a écrit mardi sur Twitter, Smaïl Chergui, commissaire à la Paix et à la sécurité de l'UA et principal médiateur de cette réunion.
Cette réunion de suivi a été convoquée par l'UA le 6 mars, après l'annonce du nouveau gouvernement centrafricain issu de l'accord, jugé insuffisamment "inclusif" par la majorité des groupes armés présents à Khartoum (première réunion).
La plupart d'entre eux ont alors appelé à un remaniement ministériel, affirmant toutefois ne pas se désolidariser du texte signé le 6 février et censé ramener la stabilité dans ce pays en guerre depuis 2013.
A la table de réunion, les quatorze groupes armés ont répondu présent ainsi que le gouvernement centrafricain, représenté par le Premier ministre, Firmin Ngrebada.
"Nous y allons sans a priori, dans la sérénité", a déclaré mardi aux médias, Ange Maxime Kazagui, porte-parole du gouvernement.
"Je crois qu'il est dans l'intérêt de tout le monde de faire des compromis nécessaires pour que nous puissions arriver à un gouvernement qui soit (...) fonctionnel", avait déclaré, avant l'ouverture de la réunion lundi, M. Chergui sur les ondes d'une radio internationale.
"L'inclusivité ne concerne pas que le gouvernement. Il y a d'autres institutions de l'Etat tant au niveau national que local, et ailleurs. Donc à mon avis, on arrivera à une solution", avait-il ajouté.
Cet accord de paix, soutenu par tous les partenaires de Bangui et préparé depuis 2017 par l'Union africaine, est le huitième signé depuis le début de la crise.
Aucun des précédents accords n'a abouti à un retour de la stabilité, pas plus que la présence de la Mission de paix des Nations Unies (Minusca), déployée en 2014 et forte de 11000 Casques bleus.
Il est à noter que l'Organisation des Nations unies (ONU), à travers sa mission de paix en Centrafrique, la Minusca, a salué mercredi dernier dans un communiqué rendu public la tenue de la réunion de consultations des parties signataires de l'Accord politique pour la paix et la réconciliation en République centrafricaine, en encourageant les parties à faire preuve du même esprit de dialogue et de consensus qui a prévalu lors des pourparlers à Khartoum.
Le porte-parole de la Minusca, Vladimir Monteiro, a réitéré dans le même communiqué l'engagement de l'ONU, notamment à travers la Minusca, à travailler avec toutes les parties concernées pour la mise en œuvre de l'accord de paix.
Centrafrique: l’UA tente de relancer l’accord de paix signé en février à Khartoum
http://www.aps.dz Mardi, 19 Mars 2019 12:43
ADDIS-ABEBA - Les représentants des 14 groupes armés centrafricains qui ont signé en février dernier un accord de paix à Khartoum, tiennent depuis lundi une réunion au siège de l'Union africaine, à Addis-Abeba, pour tenter de relancer cet accord et faire revenir les signataires à la table de discussions.
Le commissaire à la Paix et à la Sécurité de l'Union africaine (UA), Smaïl Chergui, qui a reçu les 14 acteurs centrafricains, voit dans ses rencontres un "point d'étape", destiné à mettre réellement en œuvre l'accord de paix du 5 février.
Le 5 février dernier, un accord de paix a été signé à Khartoum au Soudan entre les factions centrafricaines. C'est le huitième depuis 2013 et l'éclatement du conflit en République centrafricaine
Fin février, un nouveau Premier ministre a été nommé avec un gouvernement, mais il ne satisfait pas toutes les parties.
Après cette nomination, certains groupes armés ont claqué la porte, dans la capitale éthiopienne, et l’objectif de cette rencontre à Addis-Abeba est de les faire revenir à la table de discussions.
Selon des médias, le principal enjeu est de régler le désaccord qui oppose certains groupes armés au pouvoir centrafricain concernant la nouvelle équipe gouvernementale.
Pour rappel, cinq des 14 groupes armés signataires de l'accord de Khartoum ont désavoué le nouveau gouvernement pas assez inclusif selon eux.
D'après une source très proche du dossier, certains responsables de ces groupes insistent pour être nommés à des postes de ministres.
Le problème, explique cette même source, c'est leur statut juridique, certains d'entre eux sont poursuivis par la Cour pénale internationale ou par des tribunaux centrafricains.
Règlement inclusif et construction de l'unité nationale
Le commissaire à la Paix et à la sécurité de l'UA et médiateur du dialogue centrafricain, Smaïl Chergui, a affirmé qu'il existe encore d'autres solutions pour construire l'unité nationale sur fond d'appels aux concertations inclusives et la contribution de toutes la parties au fonctionnement des institutions de l’Etat tant au niveau national que local.
M. Chergui a indiqué qu’il est dans "l’intérêt de tout le monde de faire des compromis nécessaires pour que nous puissions arriver à un gouvernement qui soit aussi fonctionnel et qu’on puisse réellement démarrer maintenant les autres questions qui sont incluses dans l’accord".
Dans ce contexte, des projets de textes sur la décentralisation sont soumis à l'Assemblée nationale, qui les examinera dans les prochains jours.
"Donc on voit bien qu’il y a une très bonne disponibilité de part et d’autre pour faire avancer les choses", a indiqué M. Chergui, alors que les observateurs avertissent qu'il n'est absolument pas question de revenir sur les termes de l'accord conclu début février. C'est d'ailleurs une des raisons pour lesquelles le siège de l'Union africaine à Addis-Abeba a été choisi pour tenir cette réunion.
Toutefois, plusieurs sources indiquent que le véritable travail, entre tous les interlocuteurs, devrait débuter ce mardi. Il s'agira très probablement de revoir la composition du gouvernement, de trouver un terrain d'entente afin que tous les mouvements armés s'en satisfassent.
L'ensemble des 14 milices est représenté à Addis-Abeba confirme l'UA, de quoi faire espérer que le huitième accord de paix signé en 5 ans, soit le bon. Un accord soutenu par l'ONU et la Communauté des Etats de l'Afrique centrale.
Centrafrique, la difficile conciliation d’Addis-Abeba
https://mondafrique.com By Aza Boukhris 19 mars 2019
L’Union Africaine est au chevet de l’Accord de Paix et de Réconciliation de Khartoum, signé à Bangui le 6 février 2019 entre le pouvoir centrafricain et les groupes armés et qui est aujourd’hui en panne.
Les parties contractantes de l’accord de Khartoum ne lisent pas le document de la même façon et contestent la version qui n’est pas la leur. A partir du 18 mars 2019, l’Union africaine pourra-telle arrondir les angles et sauver l’Accord ? Déjà bien chiffonné, ce document pourrait bien être jeté dans la corbeille à papiers, comme les sept précédents accords.
L’Accord de Khartoum maltraité
La nomination du Gouvernement de Firmin Ngrebada est loin de satisfaire les quatorze groupes armés signataires de l’accord ainsi que les nombreux partis politiques qui comptent, hors évidemment le mouvement « Coeurs Unis » du président Touadera et de son fidèle allié Martin Ziguele avec son parti le MLPC, créé par feu Ange-Félix Patasse. De nombreux représentants de la société civile se sont aussi élevés contre cette nouvelle mascarade du président Touadera et de son fidèle conseiller spécial, « le Chegue » Gouandjika.
En reprenant, à leur poste et selon le même ordre protocolaire, les vingt-et-uns ministres du précédent gouvernement, celui de Mathieu SimpliceSarandji, les groupes armés estiment avoir été dupés. Leurs représentants au gouvernement auraient été marginalisés à des postes non régaliens. Seuls cinq groupes armés y étaient représentés pour six postes ministériels. D’ores et déjà le FPRC de Nourredine Adam, l’UPC de Ali Darassa, le MPC de Al-Katim se sont retirés du gouvernement. D’autres ont renoncé à l’accord de Khartoum et à sa conciliation, comme le FDPC d’Abdoulaye Miskine, le protégé du président congolais, Denis Sassou-Nguesso.
Des partis politiques ont aussi quitté le gouvernement, et non des moindres, comme le KNK de l’ancien président Bozize, furieux contre le président Touadera, son ancien Premier ministre et l’URCA d’Anicet-Georges Dologuele, le challenger du second tour de l’élection présidentielle de 2016.
La réaction des groupes armés ne s’est donc naturellement pas fait attendre. Des combats sont, à nouveau, signalés et un blocus du corridor vital Bangui-frontière camerounaise menace d’asphyxier Bangui. La plupart des régions de l’arrière-pays vivent déjà en quasi autarcie et dans le dénuement.
« Addis-Abeba » pourra-t-il sauver « Khartoum »
En application de l’article 34 de l’Accord de Khartoum, certaines Parties se retrouvent donc à Addis-Abeba au siège de l’Union africaine. Il est peu probable que le Premier ministre et le Président Touadera acceptent de modifier en leur défaveur la composition du Gouvernement avec des postes régaliens offerts à des rebelles repentis.
En l’absence de toute politique de justice transitionnelle, en dehors de quelques colloques et discours de circonstances, on peut se demander si les Centrafricains s’accommoderaient aussi facilement d’une telle institutionnalisation de l’impunité.
De leur côté, les mouvements rebelles sont-ils vraiment prêts pour lâcher la proie pour l’ombre ? Un poste de ministre de l’Élevage vaut-il l’abandon de la taxation des transhumances et le vol des zébus ? Un poste irréel de modernisation de l’Administration voire même de la décentralisation viendrait-il satisfaire les comzones qui n’ont de comptes à rendre à personne ? Des postes de conseillers placardisés à la présidence, à la primature, des préfets, des directeurs sans moyens financiers et des responsables d’institutions cosmétiques seront-ils la dernière proposition de Bangui ?
Sahle-Word Zewde pourrait être de bons conseils
Les membres des délégations présentes à Addis-Abeba et les conciliateurs de l’Union africaine auraient peut-être intérêt à prendre conseil auprès de la présidence éthiopienne. Sahle-Work Zewde est Présidente de la République démocratique et fédérale d’Éthiopie depuis octobre 2018. Cette éminente personnalité était auparavant la Représentante du Secrétaire général de l’Onu auprès de l’Union africaine, après avoir été la Directrice de l’Office des Nations unies à Nairobi en 2011. Cette diplomate hors pair, d’une intégrité qui force le respect n’a-t’elle pas été une remarquable Représentante spéciale du Secrétaire général de l’ONU à Bangui de juin 2009 à mars 2011 ?
Cheffe du Bureau Intégré des Nations Unies pour la Centrafrique (BINUCA), le prédécesseur de la MINUSCA, madame Sahle-Work Zewde connaît toute la problématique de la crise centrafricaine et évidemment tout le personnel politique centrafricain et notamment le président Touadera et son Premier ministre. Durant son séjour centrafricain, elle a aussi pu rencontrer les chefs rebelles signataires de l’Accord de Khartoum. Il serait dommage de se passer de ses conseils aux uns et aux autres.
Mais n’est-il pas déjà trop tard ?
A Addis-Abeba, la réunion sur la paix en RCA fait des mécontents
https://www.dw.com 19.03.2019
Certains acteurs centrafricains dont le KNK n'ont pas été invités à la réunion de suivi de l'accord de paix de Khartoum ouverte ce lundi à Addis-Abeba. L'Union africaine rencontre le gouvernement et des groupes armés.
Christian Guenebem : "Déjà à Khartoum le parti n'avait qu'un statut d'observateur. Aujourd'hui, nous ne sommes pas conviés"
Rien n'avait encore filtré ce lundi (18.03.) de la première journée des discussions à Addis Abeba pour sauver l'accord de paix de Khartoum. L'accord avait été signé le 6 février entre le gouvernement et les groupes armés qui occupent une large partie du territoire.
La formation d'un nouveau gouvernement, où les groupes armés mais aussi des partis politiques se sentent sous représentés, a jeté le doute sur l'application de l'accord piloté par l'Union africaine. C'est donc cette organisation qui a décidé de rassembler des représentants du gouvernement et ceux des groupes armés. Le hic, c'est que les partis politiques à l'instar du Kwa Na Kwa de l'ex-président François Bozizé ne sont pas invités à Addis-Abeba.
Le KNK et d'autres formations politiques ont pourtant publié une déclaration commune manifestant leur volonté de prendre part à ces discussions de trois jours. Selon Christian Guenebem, porte-parole du parti, ce n'est pas par faute d'être disponible que le parti est absent à Addis-Abeba.
L'homme politique regrette que le Kwa Na Kwa se soit juste vu accorder à Khartoum, "un statut d'observateur" qui lui enlève le droit de prendre la parole dans le processus. "Aujourd'hui, nous ne sommes pas conviés", déplore-t-il.
Réunion de tous les espoirs
"Nous pensons qu'une réunion comme celle d'Addis Abeba et qui est une réunion d'évaluation de la mise en oeuvre, devrait pouvoir permettre à ce que les corrections nécessaires soient apportées afin que le nouvel Exécutif puisse s'atteler rapidement aux tâches urgentes qui sont les siennes", souhaite Christian Guenebem.
La République centrafricaine sera bientôt dotée d'ici à 2021 d'un centre pour le dialogue interreligieux. Trois leaders religieux centrafricains représentants les musulmans, les évangélistes et les catholiques étaient invités à Berlin la semaine dernière et ils en ont profité pour plaider en faveur de la construction de ce centre à Bangui, soutenue par l'ONG allemande House Of One.
Un concours d'architecture aura lieu en 2020 pour retenir un plan de construction de l'édifice.