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Tchad : le président explique pourquoi il a refusé un "partage de pouvoir" avec Succes Masra
Alwihda Info | Par Info Alwihda - 24 Octobre 2022
"Afin de prémunir le Tchad des fléaux du passé, j’ai maintenu le dialogue, les consultations permanentes avec les acteurs politiques et les leaders de la société civile", affirme Mahamat Idriss Deby. Il confirme plusieurs rencontres avec Succes Masra :
"J’ai reçu huit (08) fois depuis le début de la transition le Président du Parti les Transformateurs à sa demande".
Succes Masra a proposé au président de la transition un ticket électoral. Mahamat Idriss Deby dit avoir rejeté cette proposition :
"Avant le Dialogue, le Président des Transformateurs m’a proposé pour les élections prochaines un ticket électoral c’est à dire un Président et un Vice-Président élus sur une même liste. Il renoncerait ainsi à la question de la non-éligibilité du PCMT. J’ai rejeté ses propositions car toutes les lois et règles devant régir les futures élections devraient être discutées au Dialogue National".
Le président de la transition affirme que Succes Masra a demandé un partage de pouvoir avec 30% des postes en faveur de son parti :
"Au cours de ces rencontres, un partage de 30% en faveur des transformateurs dans les postes politiques, administratifs et des sociétés publiques et parapubliques nous a été demandé. Cette proposition a été naturellement rejetée car elle devrait être le résultat des élections. C’est une proposition de partage de pouvoir avec les transformateurs qui exclut tous les autres acteurs politiques du pays".
Mahamat Idriss Deby dit avoir insisté jusqu'à la dernière minute pour convaincre Succes Masra de participer au dialogue :
"À l’approche du Dialogue, j’ai demandé au Président des Transformateurs d’y prendre part. C’est dans ce Dialogue National que le consensus sera élaboré sur les institutions futures, les organes et les responsabilités politiques à y assumer. Le Président des Transformateurs a refusé catégoriquement de participer au dialogue".
Le président de la transition Mahamat Idriss Deby est revenu ce 24 octobre sur les manifestations meurtrières survenues quatre jours plus tôt au Tchad. Il a pointé la responsabilité de Succes Masra, leader du parti Les Transformateurs.
Tchad : ce qu’il s’est réellement passé le 20 octobre, selon Mahamat Idriss Deby
Publié le 25.10.2022 à 11h18 par APA
Une cinquantaine de personnes sont décédées au cours de manifestations contre la prolongation de la transition au Tchad.A l’appel d’une partie de l’opposition, des manifestations ont eu lieu à N’Djamena jeudi 20 octobre contre la prolongation de la transition dirigée par le général Mahamat Idriss Déby. Mais ces évènements ont viré au drame. Une cinquantaine de personnes sont décédées dans des heurts entre protestataires et forces de sécurité, faisant réagir pour la première fois, le président de la transition dans une adresse à la nation lundi 24 octobre. Dans cette déclaration, il estime que « ce ne sont pas de simples manifestations qui ont été maitrisées mais une vraie insurrection minutieusement planifiée pour créer le chaos dans le pays ».
Selon le chef de l’Etat tchadien, ce qui s’est passé le 20 octobre résulte de son refus de céder au chantage du Parti Les Transformateurs et de Wakit Tama. Mahamat Idriss Déby Itno affirme avoir reçu le leader des Transformateurs à huit reprises depuis le début de la transition. « Il m’a proposé pour les élections prochaines un ticket électoral, c’est-à-dire un président et un vice-président sur une même liste. Il renoncerait ainsi à la question de la non-éligibilité du PCMT (Président du Conseil militaire de transition). J’ai rejeté ses propositions car toutes les lois et règles devant régir les futures élections devraient être discutées au Dialogue national », explique le président tchadien.
Selon Deby fils, « au cours de ces rencontres, un partage de 30% en faveur des Transformateurs dans les postes politiques, administratifs et des sociétés publiques et parabublique nous a été demandé ».
Le chef de l’Etat du Tchad a ajouté que le président des Transformateurs « a demandé à être nommé Premier ministre de Transition et partager à hauteur de 30% les responsabilités dans la gestion de la transition post-dialogue ». « Si j’avais accédé à cette demande, il n’y aurait ni manifestations ni toutes ces violences », assure le président de la transition tchadienne qui accuse les partis politiques d’avoir recruté des « groupes terroristes, paramilitaires pour opérer des assassinats de masse ». Il ne ménage pas « les groupes politico-militaires non signataires des accords de Doha » qui, selon lui, « ont entretenu des relations directes avec les responsables de ces actes violents ».
L’homme fort de N’Djamena assume les « mesures conservatoires », notamment « le couvre-feu et la suspension des partis politiques impliqués », prises par le gouvernement à la suite de ces évènements tragiques et décrète un deuil national de 7 jours à compter du mardi 25 octobre.
Après la mort du maréchal Idriss Deby Itno en avril 2021 alors qu’il dirigeait une contre-offensive de l’armée tchadienne contre les rebelles du Front pour l’Alternance et la Concorde au Tchad (Fact), le général Mahamat Idriss Deby Itno a été porté à la tête d’un Conseil militaire de transition (CMT) pour une transition de dix-huit qui vient d’être prolongée de deux ans par le Dialogue national inclusif et souverain (DNIS). Le jeune général de 37 ans a aussi la possibilité de se présenter aux prochaines élections.
Lu pour vous
Des écoles transformées en camp de détention et de torture au Tchad
dw.com
Certains établissements scolaires auraient été transformés en lieu de détention pour les nombreux manifestants arrêtés par la police jeudi 20 octobre 2022.
Au Tchad, quatre jours après les violentes manifestations ayant causé la mort d'une soixantaine de personnes, les écoles sont toujours fermées. Certains établissements scolaires seraient transformés en lieux de détention et de torture pour les nombreux manifestants arrêtés par les forces de l'ordre. Certains témoignages évoquent des exécutions et des corps transportés.
Les élèves renvoyés chez eux
Nous sommes au quartier Habbena, près de l'école officielle située à quelques encablures du siège du parti Les Transformateurs de l'opposant Succès Masra, un des initiateurs de la manifestation du 20 octobre dernier.
La cour de cet établissement ressemble à un camp militaire où sont garés plusieurs véhicules de l'armée. Les élèves qui se rendaient dans cet établissement scolaire ce lundi [24.10.22] ont été contraints de faire demi-tour. Ils ont même été menacés, raconte Evelyne, élève de cet établissement qui déclare à la DW :
‘'Ce matin, je me suis habillée pour venir à l'école et arrivée là, j'ai vu beaucoup de militaires dans notre école. Ils étaient tout prêts de me taper, donc j'ai été obligée de retourner à la maison. Il parait qu'ils ont gardé là les manifestants arrêtés''.
Les cris de ceux qu'on torture
Une situation insupportable pour les parents d'élèves et les riverains de cette école. André Djero habite non loin de cet établissement.
‘'Il y a beaucoup de jeunes manifestants arrêtés dans cette école que vous voyez, affirme André Djero. Depuis le 20 octobre, les militaires ne font que torturer ces jeunes. Les enfants pleurent la nuit, on les entend, mais on ne peut rien faire. Chaque jour il y a des corps qui sortent de cette école. C'est grave!'.
L'école, un lieu sacré
Blaise Ngartoide, le secrétaire national du syndicat des enseignants du Tchad, rappelle que "l'école c'est un lieu sacré, c'est un lieu d'étude". Il ne comprend donc pas que, "quelle que soit la situation que le pays connait, l'école ne peut pas être un centre d'accueil des militaires en armes... L'école ne peut pas servir de prison." C'est pourquoi son syndicat demande au ministre de la Sécurité "de demander aux militaires de se retirer de ces différents établissements scolaires pour permettre à ce que l'école puisse reprendre. Ce n'est pas bien".
Nous avons tenté d'avoir l'avis du ministre de l'Education nationale sur le sujet mais n'avons pas réussi à obtenir de réponses à nos questions.