(Libre antenne 02/06/2008)
L’arrestation rocambolesque du sénateur Jean-Pierre Bemba à Bruxelles ce samedi 24 mai
2008 nous parait aussi bizarre qu’étrange vu l’urgence invoquée par le Procureur de la CPI, dans un contexte des relations exécrables qui prévalent entre la Belgique et son ancienne colonie la
RDC. Cette arrestation est consécutive au mandat d’arrêt que le Procureur de la CPI a demandé et obtenu à l’encontre du sénateur Bemba le jour où le gouvernement congolais a pris la décision
unilatérale de rappeler son Ambassadeur, ainsi que de fermer son Consulat à Anvers. Les propos jugés néocolonialistes ténus par le Ministre fédéral belge des Affaires étrangères Karel De Gucht en
seraient, de prime à bord, l’élément déclencheur. En outre, l’inculpation de la Banque Centrale Congolaise par le Juge d’instruction belge Michel Claes dans une affaire de blanchiment des 80
millions des dollars américains, a fini par mettre de l’huile sur le feu. Par réaction, Joseph Kabila, fort du soutien de la Chine, menace de fermer les Consulats belges de Lubumbashi et du Kivu.
On ne badine pas avec les enjeux économiques ! Aux dernières nouvelles et, sous la pression des Wallons, le gouvernement fédéral belge s’est enfin décidé à faire des courbettes afin de calmer la
rage puérile du Raïs congolais. Ce grand remue-ménage nous rappel l’époque de Mobutu. Nous allons tout de même tenter d’apporter notre petit éclairage sur cette grosse affaire politico
–judiciaire, CPI contre JP Bemba, qui sent la manipulation.
L’arrestation du sénateur Bemba était-elle urgente ?
La lecture des documents pdf sous scellés du 23 mai 2008, redus publiques le 24 mai 2008 sur le site officiel de la CPI juste après l’arrestation du sénateur Bemba, montre que le Procureur Luis
Moreno Campo a demandé aux Juges de la CPI d’accéder à sa demande vu l’urgence de la situation car le sénateur Bemba s’apprêtait à quitter précipitamment la Belgique ce dimanche 25 mai 2008 pour
une destination inconnue afin de se soustraire définitivement à la justice internationale eu regard aux lourdes charges qui pèsent contre lui : crimes de guerre, crimes contre l’humanité, viols,
pillages et tortures commis par ses troupes en République Centre Africaine, la RCA.
Nous sommes très étonnés de lire l’argumentaire du procureur Luis Moreno d’autant plus que le sénateur Bemba séjourne
depuis le 09 mai 2008 à Bruxelles. Il a été reçu au parlement fédéral belge par les Membres du groupe CD&V parti politique de Monsieur Yves Leterme le Premier Ministre du gouvernement fédéral
belge ; il a eu plusieurs contacts de haut niveau avec d’autres autorités européennes. Pour votre gouverne, le sénateur Bemba devait, à sa demande, rencontrer durant cette semaine plusieurs
Ministres fédéraux belges toutes tendances confondues, ainsi que certains Membres influents du milieu d’affaires belges. Avec un pareil agenda politique bien rempli, les raisons invoquées par le
Procureur Luis Moreno nous paraissent très peu crédibles.
Toutefois, les occidentaux ainsi que les congolais qui ont rencontré le sénateur Bemba pendant son séjour à Bruxelles
assurent que ce dernier continuait à demander des garanties pour sa sécurité avant de retourner à Kinshasa, raison principale de sa visite en Belgique. Ainsi, son éventuel retour en RDC était
loin d’être confirmé.
Rumeur d’un retour imminent du sénateur Bemba à Kinshasa
!
Depuis le début de la semaine passée, une certaine presse a annoncé le retour imminent du sénateur Bemba à Kinshasa pour
ce mercredi 28 mai 2008, afin d'y briguer le poste tant convoité de porte-parole de l’opposition institutionnelle. Nous avions pris soin de vérifier l’origine de cette rumeur persistante et, à
notre grande surprise, aucun officiel du MLC le parti politique du sénateur Bemba n’était au courant de l’imminence de son retour au pays ! Seule une certaine presse proche du pouvoir de Kinshasa
a fait mention de cette fausse information qui fut, du reste, très largement relayée sur internet.
Nous pouvons raisonnablement penser que cette rumeur insidieusement distillée dans l’opinion fait partie d’un vaste plan orchestré par
les officines du pouvoir Kabiliste avec certainement des relais dans le monde politique et la presse francophone belge. Comme par hasard, Madame Collette Braeckman du journal Le Soir en fait
mention dans sa publication de ce lundi 26 mai 2008. Ceux qui ont encore des doutes sur le militantisme ou l’activisme, et surtout la complicité de cette dame avec le pouvoir sanguinaire de
Kinshasa, nous leur prions de lire son article via ce lien : http://www.lesoir.be/actualite/monde/face-a-kabila-une-cesure-2008-05-26-600883.shtml
Que penser des révélations de Collette Braeckman du journal francophone belge Le Soir ?
Le régime dictatorial de Kinshasa nous a habitué à des vrais faux coups d’Etat manqués. L’affaire du Ministre fantôme
Ilunga Ngoyi, l’assassinat et le dénie de filiation d’Aimée Kabila la fille biologique de Laurent Désiré Kabila sont encore frais dans nos mémoires. L’affaire des faux mercenaires fut un montage
ridicule imaginé par les officines du régime afin de disqualifier le Professeur Dr. Oscar Kashala, candidat sérieux à l’élection présidentielle. Nous constatons que depuis le parachutage de «
l’Espoir du Congo » Joseph Kabila à la Présidence de la RDC en 2001, la liste de ces genres des montages ridicules est très longue. Etant donné que les scénaristes sont les mêmes, nous nous
attendions à d’autres prestations sordides de ce type.
Dans le journal de ce lundi 26 mai 2008, l’envoyée « très » spéciale du journal francophone belge Le Soir, la très
controversée conseillère en communication de Joseph Kabila, Madame Collette Braeckman, certifie que le sénateur Bemba est arrêté en prévision de sa fuite imminente vers la Libye soit vers
l’Ouganda pour se mettre à l’abris de la CPI après l’échec de sa tentative de coup d’Etat qui a échoué ! Depuis la province de Kisangani d’où elle écrit ses balivernes, cette dame atteste, la
main sur le cœur, que des hommes en armes munis des cartes de la ville étaient appréhendés après avoir traversé le fleuve en provenance de Brazzaville. Elle n’hésite pas à sous-entendre qu’un
Ministre belge aurait voulu prévenir le sénateur Bemba de l’imminence de son arrestation afin qu’il prenne la fuite !
Face à ces graves affirmations, le Parquet belge devrait logiquement ouvrir une enquête afin d’éclairer la population
sur les agissements de ce mystérieux Ministre fédéral ou régional belge présumé complice du sénateur Bemba. Nous espérons que Madame Collette Braeckman mesure les risques qu’elle prend en se
compromettant de la sorte. Cette fois, elle a cherché à servir de caution morale pour légitimer cette machination diabolique orchestrée par le régime de Kinshasa contre JP Bemba. C’est tout
simplement scandaleux. Cette dame fait la honte de sa profession.
Qui a transmis toutes ces fausses
informations à la CPI ?
Nous ne pouvons passer sous silence la main mise des grandes puissances occidentales sur le fonctionnement des Cours et
Tribunaux Internationaux. Pour illustration, nous citons les déboires de la Juge Carla Delponté avant son éjection définitive du Tribunal Pénal International pour le Rwanda, le TPIR. En effet,
malgré les avis négatifs des Britanniques et des Américains, cette Juge voulait obstinément ouvrir le gros dossier des massacres des masses perpétrés par les troupes de l’intouchable général
sanguinaire Paul Kagamé de 1992 à 1998 dans toute la région des grands lacs. Par conséquent, la justice internationale ou justice des pauvres et des vaincue est très loin d’être indépendante.
Nous vous recommandons vivement le livre du journaliste d’investigation Charles Onana intitulé « Les secrets de la justice internationale » paru aux Editions Duboiris Paris
2005.
Une source proche de la Présidence congolaise nous a informé que la décision de rappeler l’Ambassadeur de la RDC à Bruxelles ainsi que la fermeture du Consulat de la RDC à Anvers ne constitue
qu’une diversion. Cet écran de fumée a bien fonctionné car c’est belle et bien les services de l’Ambassadeur congolais à Bruxelles qui auraient transmis au bureau du Procureur Luis Moréno Campo à
la CPI le rapport de la dite arrestation des mercenaires à la solde du sénateur Bemba, ainsi que celui de son prétendu projet de fuir la Belgique pour se mettre à l’abri de la CPI. Toujours selon
la même source, le but ultime de toute cette agitation entre Bruxelles et Kinshasa serait d’atténuer l’impacte de l’arrestation du sénateur Bemba dans l’opinion nationale congolaise. Info ou
intox, à chacun d’en juger.
Que doit-on retenir du fond du dossier
à charge du sénateur Bemba ?
Pour mémoire, nous devons brièvement rappeler les faits qui sont reprochés au sénateur Bemba. En effet, suite à une
tentative de coup d’Etat organisé par le rebelle François Bozizé Yangouvonda en 2002 contre le Président démocratiquement élu de la République Centre Africaine Monsieur Ange -Félix Patassé, ce
dernier fera appel aux troupes du MLC de JP Bemba. A l’époque, le MLC fut un mouvement politico-militaire qui administrait près de la moitié du territoire congolais. Par ailleurs, Conformément à
l’article 6 de l’accord de cessez-le-feu de Lusaka signé le 10 juillet 1999 par les trois belligérants du conflit armé qui faisait rage en RDC, les mouvements politico-militaires dont le MLC,
ainsi que le RCD-goma d’Azarias Ruberwa, avaient obtenu la légitimité d’administrer les territoires qu’ils occupaient au même titre que le gouvernement de Kinshasa du Président autoproclamé
Laurent Désiré Kabila.
Il faut aussi retenir que la haute hiérarchie militaire du MLC a toujours affirmé que ses troupes envoyées légalement à Bangui en RCA étaient totalement sous les ordres opérationnels des généraux
de l’armée régulière de la RCA suivant les accords d’assistance militaire conclus entre les deux parties.
Dans ce cas de figure, à qui incomberaient les éventuelles bavures (viols, pillages, massacres des populations civiles…) présumées à charge des soldats du MLC ? Nous laissons les spécialistes en
droit international le soin de dénouer cet énorme nœud gordien. Il va de soit qu’une condamnation de JP Bemba, à l’issu de son procès, fera jurisprudence en droit international. De ce fait, les
gouvernements qui voudront dans l’avenir apporter une assistance militaire à un pays ami dont la souveraineté serait menacée par des troupes rebelles devront suivre avec intérêt cette affaire
!
En outre, après la victoire militaire du rebelle François Bozizé sur le Président élu Age-Félix Patassé le 15 mars 2003,
l’occasion était rêvée pour les officines de Kinshasa d’élaborer un scénario imparable pour évincer définitivement l’un des quatre Vice-président de la transition Jean-Pierre Bemba, candidat
annoncé à l’élection présidentielle. Nous étions tous témoins des vas et vient incessants des autorités congolaises à Bangui. Joseph Kabila, Samba Kaputo, Shé Okitundu, Antoine Gonda et bien
d’autres. Certains analystes congolais ont à l’époque évoqué une somme d’argent considérable que Joseph Kabila aurait fait parvenir à son ami de circonstance François Bozizé afin qu’il accepte de
participer activement à la manipulation visant Jean Pierre Bemba.
Jamais deux sans trois
!
Les scénarios des crimes imputés aux troupes commises à la garde du sénateur Bemba à Kinshasa ressemblent à s’y
méprendre à ceux que les centrafricains ont introduits à la CPI. En effet, suite aux évènements du 22 au 24 mars 2007 à Kinshasa qui ont vu la garde présidentielle de Joseph Kabila prendre
d’assaut à l’arme lourde la résidence de JP Bemba pour la quatrième fois, plusieurs plaintes de complaisance furent introduite au Parquet de Kinshasa à charge du sénateur Bemba par certains
Kinois corrompus par les proches du régime.
Malheureusement pour le Raïs congolais, les rapports des ONG’s et ceux de la Monuc prouvent bien la responsabilité de sa garde dans le massacre de près de 2000 civils pendant et surtout après
cette guerre en pleine ville province de près de 10 millions d’habitants.
Que conclure provisoirement de cette affaire qui sent la manipulation politico–judiciaire ?
A ce stade, nous pouvons retenir qu’il y a bien plusieurs indices concordantes qui démontrent que Joseph Kabila est à la base de cet acharnement obsessionnel politico -judiciaire contre le
sénateur Jean-Pierre Bemba, après avoir tenter plusieurs fois de l’éliminer physiquement. Le Raïs congolais s’est spécialisé dans les montages politico –judiciaires contre ses adversaires
politiques. Ainsi, le Dr. Etienne Tshisekedi, Me. Marie-Thérèse Nlandu, le Pasteur Fernando Kutino, Me. Théodore Ngoyi, Me. Mukadi Bonyi, le Prof. Dr. Oscar Kashala et bien d’autres Congolais en
savent quelque chose !
Le dossier judiciaire à charge de Jean-Pierre Bemba à la CPI est de prime à bord rempli des faux témoignages achetés à coup de dollars américains. Nous espérons que le Procureur Luis Moreno Campo
va enfin comprendre qu’il instruit probablement le dossier du plus gros montage politico -judiciaire du siècle qui vise un homme en l’occurrence le sénateur Bemba. Mais, si ce dernier est
réellement impliqué de près ou de loin dans un vrai massacre des masses et que sa responsabilité personnelle est réellement démontrée, il devra alors répondre de ses actes, car nul ne peut être
au dessus de la loi. Nous espérons toutefois que la présomption d’innocence sera respectée et que les hauts magistrats en charge de ce dossier feront preuve d’impartialité afin que la justice
soit réellement rendue.
Il est indéniable que Jean Pierre Bemba dérange bien du monde. Il constitue un danger pour Joseph Kabila et ses parrains
dans leur entreprise funeste de démembrement du territoire congolais, ainsi que du pillage à grande échelle des matières premières de la RDC. Malheureusement son élimination définitive de la
scène politique congolaise tant redoutée par une frange importante de la population congolaise commence à prendre forme, si on ne s’y prend pas garde.
Dans l’hypothèse où la CPI jouerait le jeu des parrains de « l’Espoir du Congo » et, condamne de manière complaisante le
sénateur Bemba, le peuple congolais devra prendre toutes ses responsabilités constitutionnelles face à l’injustice. Par conséquent, le renversement du pouvoir en place à Kinshasa par une
Révolution populaire devra être envisagé afin que le nouveau gouvernement réclame le retour de son fils au bercail. En attendant, tous les Membres de l’opposition institutionnelle doivent quitter
les institutions par solidarité avec le sénateur Bemba.
En fin, nous constatons avec tristesse que tous les pays de la région des grands lacs sont actuellement dirigés par des
criminels multi- récidivistes et, bénéficient du soutien inconditionnel de certaines puissances occidentales. Vu l’impunité ambiante et la barbarie des régimes au pouvoir dans cette région de
l’Afrique noire, nous pouvons conclure que tous ceux qui avaient privilégié une paix relative (dictée par leurs propres intérêts économiques égoïstes), au détriment d’une vraie justice
réparatrice, se rendent bien compte de leur cuisant échec. Nous sommes d’avis que la justice fera son travail sans complaisance afin que toutes les victimes obtiennent
réparation.
Dans tous les cas, ceux qui continuent à croire que tous les Congolais de notre génération sont des naïfs à la mémoire
courte, nous trouveront encore et toujours sur leur chemin. On ne tue pas la vérité.
Benjamin Stanis Kalombo
Président de l’APRODEC asbl
Tél : 0032.484.925.836
E-mail : kalombobs@yahoo.fr