siège de la CEMAC à Bangui
CEMAC : La BAD octroie 436 milliards de F CFA pour le développement de la communauté
Le président de la Banque africaine de développement (BAD), Donald Kaberuka, a annoncé le 24 juin à Yaoundé
l’octroi d’un appui financier de 436 milliard de FCFA pour le développement des pays membres de la Communauté économique et monétaire d'Afrique Centrale (CEMAC). Ces fonds serviront notamment à
la réalisation d'infrastructures routières pour faciliter l'intégration sous régionale entre les pays membres et créer un pôle d'investissement attractif.
Réunis à Yaoundé depuis le 24 juin dernier pour les assises du 9e sommet de la Communauté économique et monétaire d'Afrique centrale (CEMAC), les chefs d'Etat des pays membres de cette communauté
ont reçus un important appui financier de la Banque africaine de développement (BAD) pour pousser l’intégration et le développement de la sous région.
Le président de la BAD, Donald Kaberuka, a annoncé à l'ouverture des travaux de Yaoundé que sa banque mettra à la disposition de la CEMAC une enveloppe d’un milliard de dollars US, soit 436
milliards de F CFA, destinée aux projets vitaux de développement de la zone.
L’appui financier de la BAD servira notamment au développement des infrastructures routières transfrontalières, à l’amélioration de la santé des populations, à la recherche agricole, à l’érection
d’infrastructures énergétiques, mais aussi à la promotion de la bonne gouvernance. Ces chantiers sont autant d’axes vitaux du développement de la sous région pour en faire un pôle
d'investissement attractif pour les entrepreneurs étrangers.
Le président de la BAD a exhorté les pays bénéficiaires de cette aide à tout mettre en œuvre pour le maintien de la paix et de la sécurité dans la sous région afin de garantir les conditions
socio politiques propices au développement, l’amélioration du climat des affaires et une meilleure redistribution des fruits de la croissance.
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(Le Messager 26/06/2008)
Par SHANDA TONME
Par SHANDA TONME
Abondamment citée en exemple dans les années 1970, la Communauté économique des Etats
d’Afrique de l’Est qui regroupait le Kenya, la Tanzanie et l’Ouganda, est morte froidement et précipitée dans l’oubli par le tumulte des instabilités internes de ses membres.
Il avait en effet suffi d’une succession de coups d’Etat pour désorganiser toute la sous-région et compromettre ce qui apparaissait déjà comme une excellente rampe de lancement pour un
développement intégré et concerté à long terme. Au sommet de sa réussite, cette organisation avait mis en place un réseau d’échanges efficace entre ses pays membres et disposait même d’une
compagnie aérienne dont les performances étaient très appréciées. East african Airlines était en effet un des rares transporteurs crédibles du continent.
Il est sans doute honnête de mentionner également le Groupe andin, une autre expérience digne d’intérêt en son temps, qui regroupait quelques pays d’Amérique latine, et qui passa aussi de vie à
trépas, suite à des chamboulements politico idéologiques internes de ses membres. Dans le cas d’espèce, la désintégration fut la conséquence automatique du coup d’Etat pro américain soutenu par
la CIA qui se traduisit par l’élimination physique du président socialiste Salvador Allende et la prise du pouvoir par une junte militaire conduite par Augusto Pinochet. Il faut dire que les
Etats Unis en ce début des années 1970, menait une croisade outrancière contre toutes les expériences du genre considérées comme dangereuses pour les intérêts américains. Les sociétés
multinationales y faisaient la loi, et tenaient les vastes gisements de cuivre au Chili.
Le rappel de ces expériences qui ont mal tourné en dépit du formidable espoir qu’elles suscitèrent en leur temps, n’est pas anodin si nous nous penchons sur la situation de la sous région
d’Afrique Centrale. Trop de bruits a été fait et continue d’être fait autour de toutes sortes de structures initiées explicitement ou implicitement en Afrique Centrale. Or dans le même temps,
l’observateur averti ne peut qu’être déçu devant le peu de réalisations effectives en termes de projets. Tout se passe comme si les Etats membres se sont de tout temps mis d’accord sur une espèce
d’inaction, se contentant du strict minimum pour continuer de mériter une certaine attention internationale, ou simplement pour servir de cache sexe face aux homologues d’Afrique de l’Ouest.
D’un sommet à un autre, les Chefs d’Etat d’Afrique Centrale, à la différence de ceux d’Afrique de l’Ouest, ont plus souvent affiché et renforcé l’impression de division et d’incohérence, que de
cohésion et d’unité autour des objectifs précis, et des stratégies opérationnelles. Il convient d’ailleurs de mentionner, toute exagération mise à part, que le jugement globalement négatif porté
sur les institutions d’intégrations de la Sous région, ont conduit les universitaires et autres chercheurs, à ne pas trop leur consacrer des travaux de premier plan.
Certes, il serait injuste de ne pas relever pour s’en féliciter, le relatif succès des institutions spécifiquement monétaires et l’excellente collaboration entre les banques centrales. Mais
l’honnêteté voudrait aussi, qu’il soit précisé ici, que le fait que les mécanismes de gestion, de régulation et de contrôle monétaire s’en sortent bien, n’est pas du tout un fait du hasard. C’est
la France, directement, qui assure réellement le contrôle et la gestion des mécanismes monétaires et des institutions y relatives. La raison n’a pas besoin de mystère pour être étayée, dans la
mesure où c’est la conséquence logique de la main mise de l’ancien colonisateur sur les Etats membres dans tous les sens.
Le Francs CFA étant une création et un outil de paternalisme éternel de Paris, celle-ci ne peut pas prendre le risque de laisser dans la cacophonie, cette monnaie dont elle est l’unique garante
en amont et en aval. Tout désordre tangible du Franc CFA aurait des répercussions immédiates sur le trésor français.
En fait, la tradition observée jusqu’ici, veut que le principe de l’intégration soit d’abord le résultat de la détermination des colonies ou des néo colonies, selon la libre appréciation de
chacun, à demeurer soudées autour du maître, du père, du donneur d’ordre, du protecteur, et du véritable patron de leur destin collectif. A ce propos, c’est à Paris et non à Yaoundé, Libreville,
Brazzaville ou Bangui, que les grands dossiers de la sous région vont trouver régulièrement des solutions. Les Chefs d’Etat ici ont montré et démontré à suffire, qu’ils n’ont pas à proprement
parler des relations de travail permanentes. A l’inverse ils sont forts à cultiver de petites animosités tenaces. Les échanges d’experts ne sont ni choses courantes, ni pratiques établies dans
les textes. La circulation des personnes relève encore de la magie, et il est sans doute plus aisé pour un Camerounais d’obtenir un visa d’entrer en Allemagne et en Belgique, que d’obtenir un
visa pour la Guinée Equatoriale.
Au chapitre de la circulation des marchandises, le gouvernement tchadien avait un instant réorienté une partie substantielle de ses activités d’importation et d’exportation vers les portes des
pays voisins hors CEMAC. Il faut dire que l’on dénombrée plus de trois cent postes de contrôles tracassières entre le port de Douala et la ville de Ndjamena distante d’environ 1300 km. La
corruption qui ravage le Cameroun n’est pas seule en cause, c’est le sommet de l’Etat qui n’a rien fait pour expliquer et éduquer ses citoyens et ses fonctionnaires sur les implications concrètes
des politiques sous régionales.
Qu’est ce qui peut expliquer un tel désenchantement et une perspective aussi négative?
Nous avons montré déjà tantôt, que les expériences de l’Afrique de l’Est et du Groupe Andin, ont connu des problèmes dès lors que des révolutions négatives et réactionnaires, ont modifié les
institutions politiques internes des Etats. Les mêmes causes produisent, dans une certaine mesure, les mêmes conséquences en Afrique Centrale. A la différence de l’Afrique de l’Ouest par exemple,
l’Afrique Centrale n’a connu que très peu de changements politiques réels depuis 1960. Si ailleurs, les régimes installés et soutenus à bout de bras par l’ancien colonisateur, ont subit des
secousses voire quelques changements vers des orientations plus nationalistes, ici l’on a assisté à de simples replâtrages de mauvais goût sans incidence notable sur la nature fondamentale des
régimes.
Par ailleurs, le Cameroun qui de façon naturelle, aurait du assumer le leadership de la sous région pour servir de locomotive tant en ce qui concerne sa structuration organique qu’en ce qui
concerne la projection de son influence dans le concert diplomatique continental, a abandonné cette mission depuis le départ volontaire du pouvoir de son premier président en 1982. Son successeur
Paul Biya est complètement éloigné de la scène diplomatique et bat tous les records d’absence aux sommets importants. La conséquence majeure de cette défaillance de la principale puissance sous
régionale se vérifie maintenant dans l’espèce d’embrouille qui caractérise les quelques tentatives de construction institutionnelle forte. L’on note surtout l’absence de régularité dans les
réunions des organes, le non respect des calendriers, la distorsion dans la présentation des projets, l’incohérence généralisée, le vide normatif chronique.
L’Afrique Centrale n’a pas de véritable chef, et une famille sans chef, est une famille amputée, sans direction et sans foi, qui ne peut ni impressionner personne, in influencer quelconque
dossier ou instance, et encore moins se prévaloir de morale et d’éthique. Dans ce contexte, il faut se méfier d’analyser l’élection de l’ancien Ministre gabonais Jean Ping à la Présidence de la
Commission de l’Union Africaine, comme une victoire de la région. L’événement est à mettre à l’actif solitaire du Gabon, et particulièrement de son bouillant mais précieux Président, lequel en
dépit de mille adjectifs contre ses méthodes et sa personne, a accumulé une capacité manœuvrière incontestable sur le plan diplomatique.
En tout état de cause, le chemin est long et tortueux, si tant est que les dirigeants de cette sous région veulent croire en quelque chose pour des institutions communes effectives, viables et
valables. L’optique d’une effectivité, ne laisse malheureusement aucune chance de survie aux régimes en place, presque tous illégitimes et dictatoriaux. Il n’y a pas pire utopie qu’une volonté de
construction institutionnelle sans démocratisation des espaces d’expression citoyennes nationales. En cela, l’intégration en Afrique Centrale dans la configuration géopolitique actuelle ne
saurait être crédible, tant les défaillances sont chroniques./.
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Afrique Centrale: Cemac - Obiang Nguema quitte les travaux
Le Quotidien Mutations (Yaoundé) 26 Juin 2008 Léger Ntiga
Officiellement, il est reparti assister son épouse malade. D'autres sources évoquent un blocage.
C'est un échange entre des éléments de la Direction de la sécurité présidentielle (Dsp), l'unité spéciale chargée de la sécurité du
chef de l'Etat camerounais qui a attiré l'attention des médias, sur le départ précipité de Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, le président de Guinée Equatoriale.
"Le président équatoguinéen est sorti de l'hôtel Hilton vers 9h ainsi
que l'a annoncé le reporter de la Crtv au Hilton. Mais, c'était pour se rendre à l'aéroport de Nsimalen. Il retourne à Malabo pour cause de maladie de son épouse", croit savoir le cadre de la Dsp
qui s'adresse ainsi à son collègue. Toujours est-il qu'à la clôture des travaux de la neuvième conférence des chefs d'Etat de la Communauté économique et monétaire des Etats de l'Afrique centrale
(Cemac) hier, aucune annonce officielle n'a été faite à ce propos.
Pas plus qu'aucune allusion spécifique à la délégation équatoguinéenne n'a été faite. Or sur le départ de la capitale camerounaise du
président Obiang Nguema, des indiscrétions venues des experts de la Cemac évoquent un malentendu. Approchés, des membres de l'ambassade de Guinée équatoriale et de la délégation du président
Obiang indiquent "une nécessité impérieuse doublée d'une urgence".
Dans les coulisses du huis clos ayant suivi la cérémonie d'ouverture du sommet de Yaoundé mardi 24 juin dernier, il se
rapporte que les échanges ne sont pas allés à leur terme. Certains participants auraient invoqué une motion d'ordre en rapport avec la conduite des travaux.
Une situation qui aurait sorti le président Denis Sassou Nguesso de sa réserve. Le chef de l'Etat congolais a alors exigé de ses "amis
et frères" un examen approfondi des questions. Son propos, aura permis de débloquer la situation dès lors qu'il aurait fermement souhaité que des décisions concrètes sortent des assises de
Yaoundé.
Loin des discours et des réunions dans lesquels la Cemac est engluée, le président congolais aurait demandé, à propos de Air Cemac
qu'on mette de côté la préoccupation d'argent liée aux cinq milliards préalables à son démarrage. Denis Sassou Nguesso aurait demandé la preuve que les outils sont réunis pour l'amorce effective
de ce projet. Toute la soirée de mardi, des tractations au cours du banquet offet par Paul Biya, n'ont rien apporté.
Résolutions
La séance de clôture de la neuvième conférence des chefs d'Etat de la Cemac a débuté hier, 24 juin 2008 avec un retard de plus de
quatre heures de temps. Preuve selon des sources que l'ordre du jour de la veille n'a pas été vidé. Pour autant, de grandes décisions ont été prises à Yaoundé. Elles vont de la décoration de
certains acteurs et cadres de la Cemac, aux résolutions sur le futur de la Communauté.
A ce sujet, différents postes vacants ou créés ont été pourvus. C'est dans ce cadre que le Camerounais Mbapou Edzenguele a été nommé
directeur général de la Banque des Etats de l'Afrique centrale (Beac) pour le Cameroun. Sur la même lancée, Abbas Mahamat Touni remplace son compatriote Gata Ngoulou au poste de Secrétaire
général de l'institut monétaire sous régional.
Sur le plan de la mise en place des institutions de la Cemac, à côté de la mise en route du traité révisé et la convention sur la
réforme monétaire, annoncés par le président du comité de pilotage des réforme, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo, le sommet a demandé aux pays membres de désigner leurs représentants dans les
instances de son siège à Bangui. Dans le même ordre d'idées, une feuille de route consensuelle devrait être élaborée sur la libre circulation des hommes et des bien, qui, faut-il le rappeler, n'a
rien à voir avec le déplacement des populations dans la sous région. De même, le 1er janvier 2010 est arrêté comme date d'entrée en vigueur du passeport Cemac.
Les chefs d'Etat de la Cemac appellent de leurs voeux, le renforcement des capacités des forces de sécurité des pays membres de la
Cemac dans l'optique d'assurer une plus grande sécurité à leurs Etats et faire face à l'insécurité qui menace de déstabilisation, la sous région. Répondant à une doléance revenue plusieurs fois
dans les allocutions prononcées à l'ouverture des travaux mardi dernier, le sommet appelle à la consolidation des acquis relatifs à la création de Air Cemac. Un comité ad hoc est créé à cet
effet. L'autorité en charge de la sécurité est ainsi transférée de la Cemac pour la Ceac. Tout comme la Commission reçoit le mandat de prendre attache avec toutes les compagnies d'envergure au
profit de la compagnie communautaire en gestation en dépit du retrait de la course de Sn Brussels.
En attendant le premier trimestre de 2009, date arrêtée pour l'avènement du siège du parlement de la Cemac, le sommet a dit sa
satisfaction aux processus démocratiques dans les différents pays où des élections se sont récemment déroulées. Dans ce chapitre, les chefs d'Etat d'Afrique centrale se proposent d'octroyer une
assistance au Tchad, pour apporter leur soutien au "régime démocratique" du président tchadien en proie aux assauts des rébellions qui tentent de "déstabiliser" le pays.
Au rang des financements à allouer, résolution est prise pour que la Beac prélève chaque année 20% de ses bénéfices en
faveur des projets communautaires. Cependant que les Etats prendraient 10% de leur budget pour la relance de l'agriculture.